Ginkgo Gakuen
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Le lycée sous le signe de l'arbre aux 1000 écus
 
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 Beware of the dog [Eiji/Kanta]

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AuteurMessage
Kantaro Fugiwara
Président des élèves
Délégué de la 3-A

Kantaro Fugiwara


Personnage
Âge : 18 ans
Chambre / Appart : 102

A savoir
:

Beware of the dog [Eiji/Kanta] Empty
MessageSujet: Beware of the dog [Eiji/Kanta]   Beware of the dog [Eiji/Kanta] EmptyDim 6 Fév - 9:43

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Kantaro quitta la chambre de bonne heure en prenant soin de ne pas réveiller Hugh. Il y avait encore de la marge avant que le réveil ne sonne, autant le laisser dormir un peu. Et puis, après l'enchaînement d'évènements de la veille, il avait envie et besoin d'être seul, muré dans son silence et sa froideur, son rempart pour affronter le monde. Une douche et un strapping plus tard, et il quittait l'établissement pour se rendre à l'arrêt de bus du lycée d'une démarche boitillante. Il souffrait moins que la veille, c'était déjà ça.

Le soleil radieux contrastait furieusement avec l'orage de la veille, comme si le temps cherchait à s'harmoniser avec la situation. Hier les disputes, aujourd'hui les réconciliations ? Kantaro porta sa main en visière pour regarder le ciel d'un bleu limpide. Si même les éléments s'y mettaient ... Il esquissa un léger sourire. C'était sans doute ce qu'il devait faire, prendre sur lui, accepter que son geste soit pardonné, et recommencer sur de nouvelles bases ...

Portefeuille en poche et sac à dos sur l'épaule, le jeune homme grimpa dans le bus en direction du centre ville. Il avait deux courses à y faire avant d'aller chercher son colocataire. Kantaro commença par le portable, inventant un prétexte pour le changement de numéro, puis fit quelques achats au combini pour le petit déjeuner. La nourriture de l'hôpital était loin d'être satisfaisante, autant sur le plan gustatif que quantitatif, et surtout pour un adolescent sportif comme Eiji. Il lui fallait quelque chose que plus consistant que trois biscottes beurrées et un thé.

Kantaro se rendit ensuite à l'hôpital, prenant à nouveau le bus pour éviter trop d'effort à sa cheville, malgré le peu de distance qui l'en séparait à présent. Sur place, on ne lui donna pas l'autorisation de voir Eiji, pour ne pas déranger les autres malades, et il dût confier le sac à dos avec les affaires du kendoka à une infirmière. N'ayant d'autre choix que d'attendre, il s'installa sur une des chaises de la zone d'attente, le sac de provisions à côté de lui, et ferma les yeux en essayant de ne pas trop repenser à la soirée.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Eiji ne pouvait pas dire qu'il avait passé une bonne nuit. Disons que sa définition d'une bonne nuit de repos ne retenait pas le fait d'être réveillé toutes les deux heures par une infirmière qui vous braquait une petite lampe dans les yeux, attendait à ce que vous serriez ses mains et bougiez avant de se rendormir sagement. Et s'il n'y avait eu que ça ... c'était sans compter le fait d'être dans un lit inconfortable aux draps rêches, environnés des odeurs peu alléchantes du désinfectant et de la maladie, et sans oublier les bruits et les râles venant des autres lits, qu'une vague pudeur dissimulait par un rideau fin à sa vue.

L'adolescent avait fini par rester assis dans son lit, à observer d'abord les mouvements des lumières par la fenêtre, puis le lever du soleil au petit matin, qui s'était associé avec le retour lancinant de ses maux de tête. Pour la première fois, il avait été heureux de l'apparition de l'infirmière avec son éternel petit sourire dans son uniforme rose pale. Toujours souriante, malgré le fait que ses deux dernières apparitions n'avaient pas été saluées avec beaucoup d'aménité par l'adolescent. Elle devait avoir une dizaine d'année de plus que lui, tout au plus, et des petites fossettes naissaient au creux de ses joues quand elle souriait.

" Tout va bien Kimihiro-Kun ? "
" Je recommence à avoir mal à la tête. "

L'infirmière hocha la tête comme si ce fait ne la surprenait pas. D'après ce qu'il avait pu voir, c'était effectivement le cas. Avait-elle souvent des jeunes gens du lycée qui venaient pour un traumatisme crânien dans ses lits ? Toujours est-il qu'elle lui tendit deux cachets jusque là dissimulés dans sa main, avant de lui faire subir le même examen que pendant toute la nuit. Il ne trouva même pas la force de regimber. Au contraire, il put presque faire la séquence avant qu'elle ne lui demande, prenant ensuite les antalgiques avec avidité.

" Parfait, prêt pour la sortie ! Un de tes amis a apporté tes affaires. Tu as de la chance d'avoir des copains pareils, je n'en connais pas beaucoup qui se seraient levés si tôt pour te permettre de sortir de l'hôpital autrement qu'en hakama ! Elles sont posées près de la salle d'eau. Passe me voir dans le poste de soins ensuite. "

Elle resta à ses côtés, vigilante, jusqu'à ce qu'elle fût sure que, oui, il pouvait marcher seul, et que, non, il n'avait pas la tête qui tourne. La douche fut expédiée le plus vite possible, la salle d'eau de l'hôpital lui inspirant plus d'angoisse que de plaisir, même à l'idée de l'eau chaude. Une fois habillé, Eiji passa sa main pour enlever une partie de la buée du miroir et ainsi découvrir son visage. Pour tout dire, il n'était pas très engageant. Un bleu massif sur sa tempe rappelait ceux qu'il avait infligés à Hugh ou à Anzu avant ça. Pour compléter le tableau, des cernes dues à la mauvaise nuit achevaient de lui donner l'apparence de quelqu'un qui avait trop bu ou s'était battu, ou quelque chose du genre.
Il se passa la main dans les cheveux nerveusement. Encore heureux qu'il porte ses propres vêtements ... Son esprit en revint à Kantaro. Il lui avait effectivement apporté ses affaires. Par culpabilité ? Le jeune homme avait semblé dévasté par ce geste qui n'avait pas si troublé Eiji pourtant. Quand on apprenait à se battre, on apprenait que la première chose dont on avait besoin, c'était un adversaire. Et que fatalement, à un moment ou un autre, on risquait de se prendre un coup.
Croyance qui n'était apparemment pas partagée par tout le monde ...

C'est la tête ailleurs qu'il se rendit au bureau de l'infirmière où celle-ci lui tendit deux feuilles avec un sourire et un regard critique sur sa personne. Il se demanda s'il arriverait à passer le contrôle quand elle reprit la parole.

" Là c'est l'ordonnance, pour des médicaments à prendre en cas de maux de tête. L'autre papier, c'est un rendez-vous la semaine prochaine, pour vérifier si tout va bien pour ta caboche et si tu n'as pas eu de fuites de cerveau. N'hésite pas à rappeler ou à passer si vraiment tu te sens mal, Ok ? "

Le jeune homme attrapa les deux papiers, jetant un vague coup d'oeil sur les imprimés avant de regarder la jeune femme qui semblait attendre son accord ou des questions.

" Des fuites de cerveau, du genre si j'arrive pas à retenir mes cours ? " osa plaisanter le jeune homme avec un demi-sourire.

" Non, ça c'est juste de la flemmardise. Allez file, et je ne veux pas te revoir avant la semaine prochaine. Ton ami t'attend dehors. Cette fichue administration de ton lycée n'a pas été foutue d'envoyer quelqu'un te raccompagner. "

Eiji sortit, laissant derrière lui les grommellements de l'infirmière sur la nullité de l'administration, hospitalière comme de l'éducation, et se dirigea vers le couloir. Fugiwara était effectivement là, assis sur un siège, ce qui laissa le jeune homme sans voix, presque gêné. Il ne pensait pas qu'il serait resté ... Il avait sûrement des cours, non ? Le sportif passa une nouvelle fois sa main dans ses cheveux avant de s'approcher de lui, ne sachant pas trop par quoi commencer. Les discussions civiles entre eux n'étaient pas une habitude ...

" Euh ... bonjour. Et merci de m'avoir apporté mes affaires. "

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Appuyé au dossier de la chaise, la tête en arrière calée contre le mur, Kantaro rêvassait les yeux mi-clos. Il avait rapidement pu constater que garder les yeux fermés n'était pas la meilleure chose à faire pour ne pas repenser aux événements de la veille. Pourtant, les souvenirs de la dispute et de l'hôpital étaient passés à toute vitesse pour s'arrêter sur ceux qui avaient suivi leur retour au lycée. Malgré la douleur engendrée, parler à Hugh l'avait étrangement allégé, bien plus que toutes ses séances psy qu'il avait enchaînées. Mais surtout, il y avait cet après, ce moment fugace où leurs lèvres s'étaient effleurées, entraînant chez lui une succession de pensées et de sentiments troublants. Il ignorait si le désir de Hugh avait été une simple réaction à la situation ou plus ... mais avoir été l'objet de ce désir avait une saveur étrange ... Et il ne pouvait empêcher un sourire rêveur de naître sur son visage quand il y repensait.

Kantaro effleurait ses lèvres du bout des doigts pour la énième fois, lorsque des pas se rapprochèrent nettement de lui. Il tourna la tête à tout hasard, juste au moment où Kimihiro prenait la parole. Le jeune homme resta un moment interdit à la vision que lui offrait son aîné. Le bleu était maintenant nettement visible - tout autant que le sien, d'après ce qu'il avait vu dans le miroir des douches - et les poches sous ses yeux laissaient deviner une nuit courte et peu agréable. Kantaro se ressaisit et se leva, passant une main gênée derrière sa nuque.

" Bonjour ... "

Bon ... et il était censé dire quoi après ça ? Ils se connaissaient depuis une bonne dizaine de jours mais, au final, c'était comme s'il avait à faire à un inconnu. Kantaro avait catalogué son colocataire sans autre forme de procès, à la vue du bleu de Hugh, et n'avait jamais cherché à rouvrir le dialogue ou à l'observer pour savoir ce qu'il était réellement. Il devait en être de même pour Eiji. D'ailleurs, ses paroles et son attitude laissaient entendre qu'il était surpris de son geste et de sa présence. Il lui avait pourtant dit la veille. Non ? Sans doute l'impression qu'il lui avait laissée cette dernière semaine en était-elle la cause.

Kantaro esquissa un sourire timide en soulevant le sac de provisions.

" Petit dej' ? Les amuse-gueules de l'hôpital ont dû t'ouvrir l'appétit plus qu'autre chose non ? "

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Qui de lui ou de Kantaro était le plus mal à l'aise face à la présence de l'autre, c'était encore à définir. Son cadet portait lui aussi un beau bleu sous l'oeil, mais son sourire gêné avait remplacé la mine renfrognée avec laquelle Eiji le connaissait habituellement. La situation se bloqua un instant, curieux et embêtante. Pour quelqu'un qui n'avait jamais eu tellement de mal face à ses camarades, Eiji se retrouvait singulièrement confus. Le jeune homme mit son comportement sur le fait qu'il sortait d'une nuit peu engageante à l'hôpital. Une première pour lui. La proposition de nourriture sonna comme une proposition de trêve aux oreilles d'Eiji. Une proposition d'ailleurs très engageante. Vu ce qu'il avait mangé la veille au soir, le jeune homme s'était abstenu de prendre autre chose que son thé sur le plateau du petit déjeuner, pensant déjeuner une fois au lycée. Les trucs destinés aux bouches édentées, non merci ... Mais avoir entraperçu une barre de céréales lui rappelait qu'en fait, oui, il avait faim. Vraiment. Le sourire d'Eiji se fit plus franc, laissant de côté la gêne qu'il pouvait ressentir. Il verrait plus tard sur quel pied danser face à Fugiwara.

" Oh oui, merci ... J'avais pas idée de ce qu'ils pouvaient appeler nourriture avant de voir le plateau. "

Le jeune homme se servit avec entrain d'une des barres, savourant les céréales chocolatées avec un plaisir d'affamé. Il n'avait même pas eu conscience d'avoir si faim que ça, mais son corps semblait maintenant vouloir lui rappeler qu'il sortait juste d'une séance intensive de kendo avant la mésaventure qui l'avait envoyé à l'hôpital. La série d'examen, un repas tardif de la délicieuse cuisine hospitalière, et enfin le petit déjeuner inexistant ... il était habitué à un peu mieux traiter son corps.

Mâchonnant la barre, Eiji récupéra son sac avec ses affaires - d'un bon poids, vue la présence de son hakama - et y déposa ses deux ordonnances avec un regard songeur. Il faudrait qu'il passe dans une pharmacie, en rentrant de l'hôpital. Ou plus tard peut-être, en solitaire. Était-ce de la gène, une peur d'être mis en position de faiblesse, ou l'envie de ne pas rappeler son forfait à son colocataire qui le faisait agir ainsi ? Sûrement un peu des trois. Le sportif n'avait guère l'habitude de se retrouver dans la position du blessé, et la sensation était curieuse.
Lorsqu'il se releva, le sac chargé sur l'épaule et une deuxième barre entamée à la main, Eiji se sentait enfin fin prêt à affronter le monde. Enfin surtout à fuir l'hôpital.

Ce fut en silence que les deux jeunes gens prirent l'ascenseur puis traversèrent le hall central pour se retrouver enfin à l'air libre. Comme depuis qu'il était là, le temps était au beau fixe, marque d'un printemps bien avancé. La lumière éblouit un instant ses yeux habitués aux pales néons de l'hôpital avant qu'il ne se réhabitue, et enfin, respire. Le jeune homme ne s'était pas rendu compte à quel point l'ambiance morose de cet endroit lui avait pesé sur les épaules avant d'en sortir. Il ne croyait pas vraiment aux auras, aux karmas ou autres énergies paranormales, mais être dans cet endroit de mort et de maladie lui avait pesé tout autant que son traumatisme crânien.

Eiji s'arrêta juste devant l'entrée, essayant de repérer où pouvait se trouver l'arrêt de bus le plus proche de l'hôpital. Il n'avait pas été en état de voir le décor la veille au soir, et ce n'était pas un endroit qu'il avait déjà pris le temps de visiter. Son regard se posa sur celui qui l'escortait. Le jeune homme passa sa langue sur ses lèvres, hésitant un instant avant de parler. Il y avait pourtant tant à dire ...

" Merci. C'est sympa d'être venu mais ... c'était pas la peine tu sais. Enfin je veux dire, fallait pas te sentir coupable. "

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Il y eut un moment de flottement, à peine quelques secondes, durant lequel Kantaro se demanda si sa tentative pour briser la glace n'avait pas été trop indirecte pour être perçue. Mais le regard un peu plus brillant et le sourire plus franc de son aîné, lui prouvèrent le contraire. Il eut un sourire amusé au commentaire sur la nourriture servie en milieu hospitalier. Kantaro n'y était pas retourné depuis longtemps mais s'en souvenait très bien, et pas pour sa qualité gustative ... Le jeune homme présenta le sac de provisions ouvert à Eiji, afin qu'il puisse y prendre ce qu'il voulait. Ce n'était pas le choix qui manquait. N'ayant aucune idée des goûts de son aîné, il avait pris un peu de tout, sans oublier que son propre petit déjeuner était déjà vieux de quatre heures et qu'il commençait à avoir un peu faim lui aussi. Bataillait donc dans le sac une gamme assez large de barres de céréales nature, aux fruits ou chocolatée, des pains au lait, quelques fruits et des briquettes de boissons lactées parfumées. Ils auraient de quoi grignoter dans la chambre pendant quelques jours.

" Ca surprend la première fois et, crois-moi, on s'y fait jamais. Ca doit être pour qu'on ait envie de partir le plus vite possible et libérer les lits. "

Formidable, il avait réussi à aligner deux phrases de suite sur un ton léger ! Aucun doute, le stress et la tension qu'il avait accumulés cette dernière semaine s'étaient bel et bien envolés. Quant à savoir ce qui en était réellement la cause ... là, le problème était plus délicat. Mais quelle importance. Il se sentait bien mieux et surtout capable d'entretenir des relations civilisées avec les gens. Alors inutile de se remettre la tête à l'envers pour essayer de comprendre, il l'avait déjà suffisamment fait la veille.

Après avoir englouti une première barre comme un affamé - qu'il était certainement -, Eiji cala le sac à dos sur son épaule, se donnant l'allure d'un sportif sortant des vestiaires après une séance d'entraînement. Image amusante quand on savant qu'il y avait effectivement une tenue de sport dans le sac en question. Le hakama devait être bien plus lourd que les vêtements qu'il avait apportés, mais Kantaro s'abstint de proposer son aide. Il était à peu près certain que Kimihiro n'apprécierait guère d'être traité comme un convalescent, et il n'avait pas l'air si diminué que ça de toute façon.

Les deux garçons sortirent silencieusement de l'hôpital et s'immobilisèrent devant l'entrée, prenant une bonne dose d'air frais et de lumière vivifiante. Il était tout juste 9h et il faisait déjà chaud. Le mois de juin serait certainement torride. C'était par ce genre de temps qu'il était appréciable d'habiter en bord de mer, où la brise venue du Pacifique rendait la chaleur plus supportable.

La voix d'Eiji, ou plutôt ses paroles, ramenèrent le brun à des pensées moins agréables. Il ferma les yeux un instant, profitant de la douceur de la légère brise matinale aux effluves d'iode, avant de pencher la tête d'un air pensif.

" Le fait que je me sente responsable n'est pas la raison de ma présence ici. Même si moi, je n'excuse pas mon propre geste ... Toi, tu as accepté mes excuses sans condition hier soir. Tu aurais pu d'ailleurs. Ca aurait été légitime et tout à fait recevable ... "

Un soupir filtra entre ses lèvres tandis qu'il fourrait ses deux mains dans ses poches, le sac de commissions suspendu à son poignet.

" J'ai beaucoup ... discuté avec Hugh, après qu'on soit rentré ... Je peux difficilement changer ce que je pense de la violence gratuite, mais ... je devrais être capable de mettre un peu de souplesse dans mon jugement. "

Kantaro leva le regard vers Eiji. Maintenant qu'il était lancé, autant aller jusqu'au bout.

" Je t'ai jugé sans ménagement, sans chercher plus loin. C'était assez immature, j'en conviens ... et c'est cette erreur que je suis venu tenter de réparer. "

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Si Eiji nota le fait que Kantaro avait déjà dû se rendre à l'hôpital, il ne posa aucune question à ce sujet. Parce qu'il n'était pas assez proche du garçon pour se permettre ce genre de curiosité gratuite, et parce qu'il avait une croyance fondamentale que le fait de respecter la vie privée des gens était quelque chose d'important. Si quelqu'un voulait dire quelque chose, il le dirait non ? Sans la contrainte de se faire harceler de question ...
Le jeune homme n'aurait jamais cru que puisse s'établir un silence aussi tranquille entre eux deux. Ou une conversation civile, tout simplement. Mais c'était en bonne voie, vu la manière dont le jeune homme répondit à son commentaire. Il n'avait pas été sûr de la manière dont serait accueilli son commentaire. Son cadet aurait très bien pu le prendre comme le témoignage qu'il n'avait pas eu envie de le voir, ce qui n'était pas le cas. Mais quand on voulait prendre mal quelque chose ... Eiji était bien placé pour savoir que la mauvaise foi ne tuait pas.

Eiji passa sa main dans ses cheveux, un peu gêné devant l'explication de Kantaro. Le garçon s'ouvrait un peu plus qu'il n'avait escompté, et Eiji se retrouvait avec l'étrange besoin de se justifier, de prouver que non, il n'était pas qu'une brute - ce sentiment qui lui collait à la peau pour ces dernières semaines. Le regard des deux garçons resta ancré quelques instants, alors qu'il s'observait comme deux animaux de races différentes, qui essayaient de se trouver des points communs et de définir si l'autre est une menace ou non. Le kendoka finit par reprendre la parole d'une voix songeuse.

" Je ne suis pas adepte de la violence gratuite. Face à Hugh ... oui, j'ai dépassé les bornes et perdu mon sang froid, et je ne reviendrais pas dessus. Mais autrement ... on ne se bat pas sans un adversaire. Tu estimes peut-être que blesser par la parole est moins grave que le faire physiquement, mais ça revient au même. La volonté de blesser, ou de se défendre, est la même. C'est toujours le même esprit ... "

Eiji haussa légèrement les épaules, avant de détourner son visage, le laissant profiter des rayons chauds du soleil. Il n'arrivait pas à s'exprimer correctement. Il n'était pas un intello comme Kantaro. Et ces concepts de droiture qu'il adorait au kendo et dont il était fier, il avait du mal à les exprimer correctement dès qu'il s'agissait dans parler par rapport au monde réel. Il avait déjà eu une altercation de ce genre avec un mec de son ancien lycée, qui s'était moqué du club de kendo en les traitant de petits vieux qui s'inspiraient de préceptes démodés et totalement décalés par rapport au monde réel. Il ne s'en était pas moqué bien longtemps, non sans avoir réussi à vexer certains des garçons. Si, il était persuadé que ce qu'il chérissait dans le kendo était parfaitement vrai pour une vie d'adulte honnête. C'était juste dur à exprimer et faire comprendre.

" On va voir ce que ça donne cette fois. Et si tu penses toujours que je suis une brute, au moins ce sera réellement fondé. "

Un sourire ironique était revenu sur le visage du jeune homme, qui en profita pour piquer une briquette dans le sac de Fugiwara. Pêche. Le jeune homme draina le contenant en quelques gorgées avant de l'écraser et de le mettre dans la poubelle la plus proche d'un panier parfaitement bien réussi. Il avait eu basket dans la précédente cession de sport en cours.

" Désolé ... j'arrive pas à me repérer. C'est par où ? "

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La réponse d'Eiji ne se fit pas attendre bien longtemps. Son point de vue était défendable sans doute, et méritait réflexion. Kantaro avait toujours estimé que, contrairement au physique, tout le monde était à égalité avec les mots. Attaquer verbalement était différent de frapper puisque la personne en face pouvait répliquer avec les mêmes armes. Non ? Et puis, avec les mots, on pouvait également faire la paix, ce qui était inconcevable avec les poings. Quelle que soit la manière dont il essayait de tourner ça, il n'arrivait pas à voir en quoi les attaques verbales revenaient au même que les attaques physiques. Peut-être devrait-il y songer plus tard, l'esprit moins encombré de pensées parasites qu'il ne l'était pour l'instant. Oui, il ferait ça. Ne serait-ce que pour essayer de comprendre le point de vu d'Eiji.

Kantaro eu un sourire amusé à la remarque ironique. La veille, il ne l'aurait pas cru lorsqu'il affirmait ne pas être un adepte de la violence gratuite. Aujourd'hui ... Aujourd'hui, il avait lui aussi frappé quelqu'un d'innocent malgré ses convictions. Alors ... Oui, il voulait bien faire l'effort de croire que ça n'avait été qu'un acte isolé et non coutumier. Faire une trêve, découvrir Eiji autrement, il pouvait essayer ... et il était venu dans ce but ...

" Joli tir. "

Le jeune homme alla chercher un petit pain au lait au fond de son sac. La question le surpris légèrement, alors qu'il défaisait l'emballage plastique de sa prise. Par où ... quoi ? La sortie, le bus, le lycée, le centre ville ... ? Kantaro esquissa une petite moue avant de se souvenir des ordonnances entraperçues un peu plus tôt. Il pointa du doigt une direction.

" Il y a une pharmacie par là, pas très loin. L'arrêt de bus est presque en face. Ah ... J'ai pris ton portefeuille. Tiens. "

Tout en commençant à avancer, Kantaro sortit le portefeuille d'Eiji de sa poche et lui tendit.

" J'ai pas voulu le mettre dans le sac. Au cas où ils te l'auraient pas donné tout de suite. "

Il n'y avait pas bien long de chemin à parcourir, la pharmacie ayant choisi judicieusement son emplacement pour s'attirer une bonne clientèle. L'arrêt de bus desservant l'hôpital était quasiment en face de l'officine. Quoi de mieux pour un commerce comme celui-ci. Le trajet se fit en silence, mais n'avait rien de pesant. Kantaro préféra attendre dehors pendant que son aîné y entrait. Il ne voulait pas le mettre mal à l'aise par sa présence. Il n'avait rien à faire dans ce lieu de toute façon.

Adossé contre le mur, Kantaro s'était replongé dans ses pensées lorsque des petits couinements plaintifs attirèrent son attention. Ils semblaient provenir de l'impasse sur le côté de la pharmacie. Passant la tête à l'angle du mur, il ne vit d'abord que des cartons destinés au ramassage des ordures. Dubitatif, il fit quelques pas dans l'impasse. Les plaintes venaient bien du tas de cartons et ressemblaient à des jappements étouffés. Un des cartons remua légèrement et Kantaro mit un genou au sol pour ouvrir l'objet et se retrouver devant un paquet de chiffons sales et déchirés. Après en avoir soulevé quelques-uns, il se retrouva nez à nez avec une petite boule de poils tremblante et terrorisée qui avait toutes les caractéristiques d'un chiot.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Pour la discrétion par rapport à l'ordonnance, raté ... Enfin il supposait qu'il était plus intelligent d'y aller maintenant et d'avoir les médicaments à portée, surtout s'il recommençait à avoir les mêmes maux de tête qu'au réveil. Il accepta son portefeuille avec un remerciement et glissa l'objet dans la poche arrière de son jean, avant de se diriger avec Fugiwara dans la direction susmentionnée. Il marchait plus lentement que d'habitude, eu égard à la cheville encore abîmée du tennisman. Eiji ne lui avait jamais demandé si ça allait mieux - il aurait fallu qu'ils se parlent pour se faire - mais le jeune homme semblait encore en souffrir.

L'officine escomptée était là comme indiquée, une croix verte indiquant aux alentours ce qui se tramait en ces lieux. Eiji jeta un coup d'oeil à son compagnon de voyage, mais celui-ci choisit d'attendre poliment à l'extérieur sans qu'un seul mot ne soit échangé entre les garçons. Pour récupérer la boîte de médicament, il dut subir une longue explication du pharmacien, un petit homme en blouse blanche qui passait son temps à remonter ses lunettes sur son nez, dans un geste qui n'était pas sans rappeler celui de son colocataire. Après avoir promis que non, il n'en prendrait pas plus de quatre par jour, qu'il ne conduirait pas après en avoir pris un - il n'avait pas le permis de toute façon - et payé la somme indiquée, le jeune homme fut libre de partir. Retrouvé le ciel bleu fut comme une seconde libération.

Fugiwara n'était plus là quand il sortit. Le jeune homme en avait-il eu assez d'attendre ? Impossible, il n'avait pas vu passer de bus durant les quelques minutes qu'il avait passé dans la pharmacie. Eiji fit quelques pas sans comprendre, jusqu'à entendre du bruit venant de la ruelle attenante. Curieux, le brun les suivit, pénétrant dans une ruelle peu engageante. Non par une crasse répugnante, mais parce qu'elle était étroite et sombre, et que l'amoncellement de cartons et de poubelles lui donnait un aspect sordide, dénotant du reste de la ville, calme et propret. Un vieil écriteau "Attention au chien" pouvait encore se déchiffrer, juste au dessus de là où était accroupi Kantaro, le regard vissé sur les poubelles.

" Un souci ? "

Le sportif avança à son tour, jetant un regard sur ce qui avait attiré l'attention de l'autre garçon.
Perdu au milieu d'un carton, un chiot était roulé en boule, aussi sale et piteux que misérable. Avec précaution, essayant de ne pas cogner son sac à dos aux murs ou aux cartons dégoûtants, Eiji s'agenouilla auprès de Fugiwara, le regard vissé sur la petite créature. Une bien pauvre excuse de chiot, couverte de vermine, dont le pelage mité et plein de vermine ne laissait pas bien deviner la couleur. Tellement pitoyable qu'Eiji n'arrivait pas à y rester insensible.

" Qu'est-ce que tu fais là, toi ? "

Le jeune homme tendit la main et attrapa le chiot par en dessous, l'amenant contre sa poitrine avec douceur. La petite créature tenta un instant de lui attraper le poignet, et il put sentir des petits crocs pointus dans sa peau, avant qu'il ne s'attache à le lécher, comme le suppliant de ne pas lui faire de mal. De près, il était encore plus pitoyable. Il pouvait sentir les os sous la fourrure épaisse et abîmée, un petit corps tremblant où battait un coeur affolé. Du regard, il chercha une identification, un collier ... rien. Eiji le colla un peu plus contre son t-shirt, se fichant de le salir. Du tissu, ça pouvait toujours se laver. L'animal couina un peu, avant de finir par se lover contre lui, docile quant au sort qui lui était réservé. Les oreilles abattues de cette créature effrayée donnèrent envie à Eiji d'écraser contre un mur celui qui avait laissé cette petite chose là.

" On peut pas le laisser là ... On pourrait l'amener à un véto, non ? "

La question était rhétorique. Il n'allait quand même pas laisser le chiot dans un carton ... Si personne n'y faisait attention, demain matin, il finissait dans une benne à ordures. Avec les conséquences que ça impliquait.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Penché au-dessus du carton, Kantaro fulminait. Son opinion sur l'humanité était déjà fort médiocre, mais ce genre de chose était typiquement ce qui la faisait descendre un peu plus à chaque fois. L'homme était sans doute le seul être capable de cruauté gratuite à ce point. Etait-ce si difficile de faire stériliser ses animaux si on ne voulait pas s'encombrer des petits ? Si ce n'était pas possible, il y avait l'adoption. Et, même s'il n'approuvait pas le principe, il y avait des méthodes moins cruelles pour se tuer un animal. Ce petit là avait été affamé et mal traité - vu l'état pitoyable dans lequel il était -, pour être finalement enfermé dans un carton dont il ne pouvait s'échapper tout seul et jeté aux ordures comme un vulgaire déchet. Là, tout de suite, Kantaro aurait voulu avoir le monstre qui avait fait ça sous la main, pour lui enfoncer la tête dans le carton jusqu'à ce qu'il étouffe au milieu des torchons.

Lorsqu'il tendit la main, la pâle imitation de chiot s'aplatit encore plus au fond du carton si cela était possible. Le jeune homme retira aussitôt sa main, sans geste brusque. Les animaux sentaient les sentiments des gens. Et la pauvre créature qu'il avait sous les yeux ne devait pas être en mesure de comprendre que la colère de Kantaro n'était pas à son encontre, toute terrorisée qu'elle était.

La voix qui s'éleva dans son dos le fit sursauter. Kimihiro ... Il l'avait un peu oublié sur le coup. Comment il allait faire du coup ? Le laisser rentrer seul et s'occuper du chiot ... Même si ce n'était pas très aimable, il n'avait aucune envie d'abandonner cette petite chose ici. Hors de question de faire partie des monstres.
Il allait faire part de ses intentions à son aîné lorsqu'il l'aperçut s'accroupir à ses côtés, prononçant quelques paroles qui lui firent franchement tourner la tête vers lui, avant de s'emparer en douceur du chiot et de le caler dans ses bras. Kantaro resta perplexe face aux gestes pleins de douceur et de patience dont faisait preuve le kendoka. Il sourit franchement à l'évocation du vétérinaire : visiblement ils avaient pensé de même.

" Le pharmacien devrait pouvoir nous dire où en trouver un. Je vais lui demander. "

Kantaro quitta le lieu du crime en prenant garde de ne pas faire de mouvement trop brusque qui aurait pu effrayer encore plus la petite victime. Lorsqu'il ressortit, à peine deux minutes plus tard, l'épouse du pharmacien sur les talons, Eiji l'attendait devant l'entrée, le petit rescapé dans les bras. La femme l'observa un moment, se lamentant pour le malheureux, avant de retourner à l'intérieur et de revenir avec un sachet de viande hachée tout droit sortie de son frigo. Kantaro s'inclina poliment pour la remercier et la femme disparut dans l'officine.

" J'ai cru qu'elle allait nous faire une syncope quand elle m'a entendu parler d'un chiot abandonné dans la ruelle. Sinon, on a de la chance, il y a une clinique vétérinaire dans la rue à droite au prochain carrefour. A croire qu'ils ont fait un tir groupé. "

Kantaro ouvrit le sachet et jeta un œil à la viande. Parfaitement fraîche. A n'en pas douter, elle avait été achetée le matin même. Tout en marchant, le jeune homme présenta une petite quantité de viande hachée au chiot qui eut un mouvement de recul en voyant sa main approcher. Puis son museau se mit à frémir, humant l'odeur certainement alléchante pour lui - même si, vu son état, n'importe quoi lui aurait sûrement paru être un festin. Tremblant toujours, les oreilles rabattues en arrières, il avança timidement la gueule à plusieurs reprises sans oser se saisir de la nourriture. Mais l'appel du ventre fut finalement plus fort que la peur et il finit par y céder. Kantaro renouvela l'opération deux ou trois fois, avant de refermer soigneusement le sachet et le déposer dans son sac.

" Désolé bonhomme, mais il faut pas trop manger tant que le véto t'a pas examiné. "

Son regard glissa sur son aîné, l'air soucieux.

" Kimihiro-san ... Je pense pas qu'ils le garderont ... Tu as une idée pour la suite ? "

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Efficace, Fugiwara se rendit directement dans la pharmacie pour demander son chemin - Eiji devait avouer qu'il aurait sûrement un peu erré dans les rues principales avant de repérer la croix bleue caractéristique sans prendre le temps de demander avant - avant d'en ressortir, information en main et nourriture pour le chiot en bonus. Le jeune homme devait avouer qu'il y avait quelque chose de douloureux à voir cette petite créature craindre autant la main de l'homme. C'était un peu comme voir les élèves de première année baisser la tête et changer de chemin quand ils croisaient les plus vieux. Quel intérêt pouvait-on avoir à faire du mal à quelque chose qui ne se défendait pas ? Pire encore, il était sûr que cette petite chose ne devait pas avoir cherché la bagarre ...
Entre ses mains, il était particulièrement léger, une peluche à peine, qui arrivait petit à petit à se détendre dans ces bras chauds qui ne semblaient pas vouloir lui faire mal.

En suivant Kantaro, le jeune homme examinait leur trouvaille. Son pelage semblait entre le sable doré et le fauve, ses oreilles étaient pointues et sa queue - du moins le bout pelé qu'il en restait - avait du être bien touffue et recourbée. La question du tennisman le ramena à un tout autre niveau que celle de la contemplation de l'animal.
Eiji laissa passer un moment sans rien dire, les lèvres serrées en une fine ligne étroite. Amener l'animal chez le véto ne servirait à rien si c'était pour l'abandonner dans la rue quelques heures plus tard ... tout juste un sursis pour un condamné. Il ne savait pas donné d'âge à un chiot, mais la seule idée qui lui venait à l'esprit était : trop jeune.

La clinique vétérinaire n'était pas sans rappeler l'hôpital, mais en plus petit. Blanc, fleurant bon le désinfectant, sans une seule trace de poils ou de pattes d'animal. Le jeune homme n'était pas sûr si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Le chiot dans ses bras releva le museau, sa truffe frémissante alors qu'il humait l'air avec intérêt. Un doux gémissement s'échappa de sa gorge, et son porteur le caressant doucement, essayant de le rassurer comme il pouvait. Lui non plus n'aimait pas trop l'endroit ... Pendant qu'ils attendaient qu'une assistante aille voir le vétérinaire pour lui demander s'il pouvait les recevoir maintenant, Eiji fit enfin part à son compagnon de route de ses pensées.

" On pourrait voir avec le véto pour placer des petites annonces pour qui voudrait le récupérer, ou s'il existe des associations. En attendant, on pourrait peut-être le garder à l'internat. Je sais que le règlement n'interdit pas les animaux domestiques ... "

Mais pour ça, Eiji avait bien conscience de ne pas être le seul à y être dans cette chambre, vu qu'encore hier ils se sautaient quasiment tous à la gorge et qu'il avait fini à l'hôpital à cause de ça. Alors ramener un chiot errant ... Fugiwara n'était peut-être pas du genre à accepter de voir mourir un animal dans les poubelles, mais de là à en avoir un dans sa chambre ... Il se rappelait l'avoir entendu se plaindre des animaux de son ancien colocataire. Mauvais point. Eiji baissa son regard sur le chiot au moment où celui-ci levait un regard humide sur lui.

" Du moins si ça ne dérange personne. "

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Les deux garçons arrivèrent à la clinique vétérinaire sans que l'aîné n'ait répondu. La question semblait l'avoir plongé dans ses pensées et Kantaro préférait le laisser réfléchir sérieusement à la question. Après quelques paroles échangées avec l'assistante, ils s'installèrent dans la salle d'attente où le jeune homme jeta un œil à l'horloge accrochée au mur. Il ne serait jamais de retour pour son cours de 10h. Tant pis. C'était un cours optionnel, il s'arrangerait avec le prof pour rattraper ça. Même si ça ne lui plaisait pas trop, il avait pour une fois d'autres priorités en tête que ses études.

Kimihiro répondit enfin, s'attirant un nouveau regard surpris de son cadet. Non pas que Kantaro soit contre l'idée de garder le chiot, au contraire, mais bien parce qu'il ne s'était pas attendu à ce qu'Eiji le veuille. Il l'observa un moment, se demandant si son aîné avait pris en compte toutes les contraintes que cela impliquait ou s'il agissait sur un coup de tête. La deuxième option lui semblait la plus évidente, mais impliquait également qu'elle était peut-être passagère. Il s'abstint d'en faire la remarque sur le coup.

" D'après ce que j'ai entendu des discussions de Hoshina-san, ça ne devrait pas la déranger. Pour Hugh, je ne sais pas trop. Il faudra lui demander directement. "

Kantaro ne pensa même pas à répondre pour lui tellement il lui semblait évident qu'il était d'accord. Oui, il avait râlé après les animaux de son ex-colocataire. Mais ils étaient trois, dont un chat et un chien ... La situation était loin d'être identique. Non, le réel souci était plutôt de savoir comment payer les frais que le petit réfugié engendrerait.

L'arrivée du vétérinaire coupa court à ses pensées et il suivit le mouvement dans la salle d'examen. Après une rapide explication de la situation, l'homme examina tout en douceur le chiot tremblant qui refusait à présent de quitter les bras d'Eiji. Il put finalement faire un bilan et leur expliquer la suite. Le chiot - un Shiba Inu d'après lui - était très jeune, tout juste sevré, et souffrait de malnutrition. Il avait vraisemblablement reçu quelques coups mais rien qui ne nuise à sa santé. Et avec du réconfort et de la patience, il finirait par oublier sa peur.
Pour la suite ... Il fallait le débarrasser de la vermine et le laver, puis le faire vacciner et tatouer. Pour ça, il devait lui constituer un carnet de santé et donc, l'identifier.

Avant de leur laisser répondre, le vétérinaire leur exposa rapidement la situation. La saison estivale impliquait une vague massive d'abandons. Il fallait oublier les associations et organismes officiels : ils étaient débordés. Il n'y avait beaucoup de solution pour le chiot et il leur exposa toutes avec un détachement à faire froid dans le dos.
La seule qui était acceptable aux yeux de Kantaro était la dernière : qu'ils le prennent et se débrouillent ensuite, soit pour le faire adopter - l'adoption était toujours plus facile entre particuliers qu'avec les organismes d'après le véto -, soit pour le garder avec eux. Il regarda son aîné un instant. Ils arrivaient aux premiers obstacles et se demandait s'il n'allait pas changer d'avis.

" J'ai de quoi avancer les premiers frais. On verra après pour le reste ? "

Peut être cette information aiderait Kimihiro dans sa décision. Elle prouvait en tout cas que lui était décidé.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
" Ok ... "

Le jeune homme passa les vingt minutes suivantes en silence, à regarder le vétérinaire, un homme d'un certain âge, manipuler le chiot, lui palper le ventre, en gros, le regarder sous tous les angles, dans un concert de soupirs et gémissements canins. Quand l'homme annonça son verdict, Eiji respira. Parce que c'était juste de la négligence, un chiot abandonné, comme il y en avait tant d'autres. Juste ? Le mot était faible, et triste. Mais s'il ne pouvait pas les sauver tous, celui là, au moins, était à sa portée.

Quand l'homme en blouse leur clarifia la situation - à savoir qu'il y avait peu de chances qu'ils arrivent à placer l'animal - Eiji avait déjà pris sa décision. Il n'allait pas le sauver maintenant juste pour lui donner un délai et le faire piquer après ... L'internat était de courte durée, et ensuite ? Et bien ensuite, il se servirait de ce qu'il avait toujours répugné à faire, à savoir de se servir du fait que sa mère aurait tout fait pour le voir heureux. Quelques années plus tôt, elle lui avait déjà proposé un chiot, peu de temps après le divorce d'ailleurs. Il avait refusé, préférant s'abîmer dans le sport en général et le kendo en particulier. A ce moment là, il y avait eu trop de colère en lui pour qu'il accepte un petit être vivant dans son univers. Il aurait eu peur qu'il en pâtisse.

Kantaro parla - ah oui, le nerf de la guerre bien sûr. Eiji compta mentalement ce qu'il pouvait avoir de côté avant de répondre, le chiot à nouveau dans ses bras. Plus qu'assez en fait. Un des rares avantages à passer son temps à faire du sport, c'est qu'il ne dépensait pas tant que ça en sorties, soirées et autres avec des amis. Ses parents avaient toujours été généreux avec l'argent, surtout son père, manière comme une autre de se faire pardonner avait-il vite déduit. Raison de plus pour toucher le moins possible à cet argent. Il supposait que pour une fois, il pouvait faire une entorse à ses propres croyances pour quelque chose qui lui tenait à coeur.

" On partage. "

Il haussa les épaules avec un demi-sourire d'excuse, ressentant étrangement le besoin de se justifier sur un sujet qu'il n'avait pas l'habitude d'évoquer - qu'il n'avait d'ailleurs jamais évoqué avec personne depuis qu'il était arrivé à l'internat. C'était pour ça qu'il était là, non ?

" Ça a ses avantages d'être fils unique de parents divorcés. "

Ils discutèrent encore quelques minutes avec le vétérinaire, convenant de ramener le chiot d'ici une dizaine de jours, une fois vermifugé, déparasité, et en meilleure forme. Là, seulement, ils pourraient envisager de le vacciner et de le faire tatouer. Eiji acheta au passage les croquettes, le shampoing et les autres doses de vermifuges nécessaires, tout en espérant que l'américain ne s'opposerait pas trop à la présence de la petite créature. Au pire, qu'il accepte au moins jusqu'à la prochaine séance véto, histoire de laisser quelques jours aux deux garçons pour trouver une solution temporaire ou définitive autre que la chambre de l'internat.

Ce fut un bien étrange trio qui sortit de la clinique une heure plus tard : deux garçons au visage amoché, le plus grand portant dans ses bras un chiot shiba inu complètement mité, au poignet un sac à l'effigie de la clinique vétérinaire où se trouvait en outre un petit carnet bleu qui justifiait de l'existence de l'animal dans ses bras. Une vie animale tenait vraiment à peu de chose ...

Eiji baissa son regard sur l'animal qui avait fini par s'endormir paisiblement, épuisé d'avoir trop piaillé chez le vétérinaire et d'avoir ensuite été consolé - et gavé - avec force petits morceaux de viande hachée.

" Alors Shizuka, tu en penses quoi toi ? "

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La réponse d'Eiji amena un vrai sourire sur les lèvres du jeune homme. Etait-ce parce qu'il était plus disposé à son égard depuis sa discussion avec Hugh, ou parce que Kimihiro agissait réellement de manière différente à d'habitude ? Quoi qu'il en soit, il ne cessait de le surprendre depuis qu'ils étaient sortis de l'hôpital.

" Ca marche. "

La phrase qui suivit le laissa un instant songeur. Il ne s'était jamais posé de question sur la famille de son aîné. Autant il est savait un peu sur celle de Hugh, autant celle d'Eiji restait une donnée inconnue. Ils ne s'étaient jamais parlés non plus, ce qui expliquait sans doute cette absence d'information. Le kendoka n'en savait pas plus sur la sienne après tout.

" On dirait bien qu'on a ça en commun ... "

Il avait énoncé ça sur un ton neutre, aussi distant que possible, bien loin de l'émotion avec laquelle il avait parlé la veille. Il se maîtrisait à nouveau. Les choses reprenaient leur cours normal.

Ayant toujours considéré cet argent comme sale, Kantaro refusait catégoriquement de toucher ne serait-ce qu'un yen de la pension que lui versait mensuellement sa "mère". Ryo gagnait suffisamment bien sa vie pour subvenir aux besoins de son fils unique, qui n'était pas particulièrement exigeant. Après sept ans de pension - et encore quatre à venir -, le jeune homme se retrouvait avec un compte bien approvisionné dont il ne faisait rien. Utiliser cet argent pour sauver un chiot maltraité ressemblait presque à un pied de nez ...

Une heure plus tard et les bras chargés, les deux garçons se retrouvaient à nouveau dans la rue. Le chiot, fraîchement nommé Shizuka, dormait profondément dans les bras d'Eiji, inconscient que le carnet bleu qu'ils venaient de remplir et le tatouage qu'il aurait dans quelques jours, lui donnaient pleinement le droit d'exister. Droit que lui avaient refusé ceux qui l'avaient jeté au milieu des cartons ...

" Je sais pas ce que lui en pense, mais moi je dis : douche ! "

Impossible de le laisser entrer dans la chambre dans cet état. Sans compter qu'il fallait le déclarer à l'administration du lycée, et donc le rendre un minimum présentable. Les points d'eau près des terrains de sports seraient l'endroit idéal pour une toilette complète où ils auraient sûrement droit à leur part d'éclaboussures eux aussi.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le retour au lycée se passa sans anicroche. Si le chauffeur du bus jeta bien un regard de travers à la petite boule de poils dans les bras d'Eiji, le fait qu'elle soit justement dans ses bras, sans velléités d'aller ailleurs le convainquit qu'il n'était pas nécessaire de leur barrer l'accès, si bien que les adolescents purent rentrer rapidement, sans incidents. Le chiot resta endormi quasi tout du long, relevant parfois le museau pour renifler autour de lui ou pour se repositionner un peu mieux. Maintenant qu'il n'était plus affamé, il semblait un peu moins craintif.

Le lycée était calme quand ils arrivèrent, la majorité des élèves étant en cours, et les deux jeunes gens firent un détour par les terrains de sport, plus précisément les points d'eau à portée, sur une suggestion de Fugiwara - Eiji avait pensé laver le chiot dans les douches de l'internat, mais effectivement, vu son état de saleté, et le beau temps ensoleillé, les lavabos extérieurs seraient bien plus adaptés pour lui.
Après un rapide conciliabule, le 4ème année partit chercher de quoi essuyer le chiot et de quoi se changer après tandis qu'Eiji, au t-shirt déjà bien maculé de saletés diverses et variées après avoir porté le chiot, commençait la douche bien méritée de l'animal, tout en se promettant une bonne douche pour lui après.

Ce ne fut guère une partie de plaisir, et Eiji faillit renoncer plusieurs fois, la première quand le chiot commença à couiner d'une manière horrible quand l'eau commença à imbiber son poil épais, la deuxième quand il vit tomber avec le produit nombre de petits habitants indésirables de Shizuka. Il avait beau savoir qu'il était plein de puces et autres saletés mais les voir grouiller dans l'eau de cette manière ... Il dut tourner la tête et respirer un grand coup pour faire passer la vague de nausée, avant de reprendre son ouvrage, plus décidé que jamais à rendre le chiot aussi propre que lui.

Une petite heure plus tard, c'était un chiot relativement propre dont la tête émergeait d'une serviette usagée qui fit son entrée dans les mystères de la chambre 6, déposé au sol sans aucune pompe pour le laisser découvrir l'endroit. Il s'attela à la tache avec autant de curiosité et de méfiance qu'un explorateur pénétrant dans une jungle amazonienne hostile, finissant par aller se cacher sous le premier lit venu, à savoir celui de Hugh.
Les deux garçons finirent par le laisser là, l'un allant à l'administration, l'autre ressentant le besoin immédiat de se doucher à son tour.
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Beware of the dog [Eiji/Kanta]

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