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Le lycée sous le signe de l'arbre aux 1000 écus
 
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 Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta]

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AuteurMessage
Kantaro Fugiwara
Président des élèves
Délégué de la 3-A

Kantaro Fugiwara


Personnage
Âge : 18 ans
Chambre / Appart : 102

A savoir
:

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MessageSujet: Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta]   Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta] EmptyDim 6 Fév - 10:18

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le bus avait déposé les trois jeunes gens juste à l'entrée de l'immense centre commercial le plus proche du lycée. Plutôt que la grande animalerie, les trois adolescents avaient choisi le centre commercial qui regrouperait à la fois magasins de sports et de vêtements, librairie pour racheter les magazines de Hugh et les petites boutiques animalières qui vendaient des accessoires et des jouets pour chiot. Ils n'avaient aucun intérêt à aller dans l'immense magasin dont une grande partie de la surface servait pour l'exposition de chiots et chatons à vendre. Un seul suffisait amplement, et surtout, ils risquaient moins de croiser les jeunes filles du lycée en train de s'extasier devant les frimousses adorables des petites bêtes derrière des vitres. S'ils risquaient de croiser d'autres élèves du lycée dans le centre commercial, la taille même de l'endroit, et le nombre de visiteurs, rendait les probabilités beaucoup plus faibles. Pas qu'il soit associable, mais ... il préférait être tranquille par moment.

Après une rapide discussion, ils avaient décidé de laisser Shizuka dans la chambre après une rapide ballade sanitaire pour le petit animal. Trop jeune, pas encore dressé, le risque était trop grand qu'il fasse des bêtises - ou qu'il soit terrorisé par la foule qu'ils ne manqueraient pas de croiser dans les magasins. Non, mieux valait le laisser dans la chambre après s'être assuré que plus rien n'était à sa portée, à part les baskets d'Eiji - paix à leur âme - et les balles déjà éventrées de Kantaro. Le regard désespéré de Shizuka n'avait fait céder aucun des garçons, au grand amusement de Hugh. La crainte de l'américain envers le chiot, matinée d'un certain dégoût, était réelle, sans que le kendoka n'arrive à comprendre. Comment pouvait-on avoir peur d'un animal si petit et si mignon ? Eiji n'était pas un fan de kawaï comme toutes les minettes, mais même lui ne pouvait réfuter que Shizuka était adorable et loin d'être un fauve dangereux. Sauf pour les chaussures.

L'air trop froid du centre commercial bien climatisé accueillit Eiji comme un baiser glacé après l'air chaud et lourd du moins de juin qui régnait à l'extérieur. Le simple t-shirt qu'il portait lui sembla une bien mince barrière contre l'air filtré par les machines, du moins quelques minutes durant lesquelles son organisme fit l'effort de s'adapter, prenant enfin plaisir à la température plus douce de l'intérieur.
Pragmatique, l'adolescent s'éloigna un instant de ses congénères pour jeter un coup d'oeil au panneau d'affichage où le plan indiquait les différentes boutiques et les différents étages. Vu la taille de l'endroit, il préférait autant éviter de faire des allers-retours d'une extrémité à l'autre pour chercher les boutiques. Il ne détestait pas faire les magasins, ni marcher, mais n'associait pas les deux comme un plaisir. S'il voulait faire des kilomètres, autant le faire en extérieur.

" L'animalerie est la plus proche de l'entrée, pour le reste c'est comme vous le sentez ... "

Il ne se sentait pas mal à l'aise... enfin si, un peu au final. Il y a moins d'une semaine, la sortie en groupe tous les trois avait été un court séjour à l'hôpital. Se retrouver maintenant à faire des courses était entre l'ironie et la suite logique. Un reste de malaise restait entre eux, qui se dissipait progressivement, mais qui le laissait enclin à marcher sur des œufs à chaque commentaire ou étape.

Quelques groupes de jeunes gens en uniforme signalaient la présence de lycéens venant d'autres lycées, comme autant de petits clans bien distincts qui ne se mêlaient pas aux autres, bien au contraire, chacun toisant l'autre comme un ennemi potentiel ou un être inférieur. Eiji savait que certains lycées privés avaient tendance à se considérer comme l'élite et leurs élèves portaient l'uniforme comme un étendard de leur excellence. Dans ce genre de cas, le sportif appréciait le fait de ne pas avoir d'uniforme, ce qui lui conférait une sorte de neutralité.

Eiji interrogea ses deux condisciples du regard, les bras croisés derrière la nuque, grande perche qui dépassait ses deux colocataires de plusieurs bons centimètres.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Kantaro avait accueillit l'acceptation de Hugh avec une satisfaction qui avait étiré ses lèvres dans un sourire ravi ... et avait passé les minutes suivantes à se demander pourquoi il s'enthousiasmait autant pour quelque chose d'aussi commun. Il était déjà sorti une ou deux fois avec des camarades de classe, sans grande conviction, histoire de passer le temps et de se montrer un peu sociable, mais il n'avait jamais eu l'envie de renouveler l'expérience. Pourtant, cette fois, c'était bien lui qui avait proposé, d'abord à Eiji, puis à Hugh, et cela n'avait rien à voir avec de la courtoisie ou une quelconque volonté de sociabilité. Depuis les évènements qui avaient aboutis à l'arrivée de Shizuka dans leur chambre, le jeune homme découvrait Eiji et commençait à vraiment l'apprécier. Quant à Hugh, il le voyait de plus en plus comme un ami - ne partageaient-ils pas tous deux le secret de l'autre. C'était très certainement pour cette raison qu'il était si content de cette sortie, une sortie entre amis, pour la première fois de sa vie. Kantaro avait fini par écarter le problème en acceptant cette explication plus ou moins bancale.

L'humeur au beau fixe, le brun d'ordinaire peu bavard se plia sans rechigner à la discussion durant le trajet jusqu'au centre commercial. C'était une sensation agréable et il espérait qu'elle durerait jusqu'à leur retour au lycée. Après un petit temps d'acclimatation à l'air conditionné et une lecture rapide du plan, les trois garçons prirent la direction de l'animalerie la plus proche. C'était à la fois logique de commencer par là, vu la localisation de la boutique, et la fois plus aimable pour Hugh qui devait voir ce passage comme une corvée plus qu'autre chose.

La petite boutique n'avait rien de ces grandes animaleries bruyantes où se mêlaient les cris des différents animaux enfermés dans leurs cages ou dans des box vitrés. Ici, seule la mélodie diffusée par les petites enceintes derrière le comptoir se faisait entendre, douce et harmonieuse, incitant à prendre son temps. Chose que Kantaro ne voulait pas faire, eut égard au blond. Il proposa donc à Eiji de suivre les conseils du vendeur pour savoir ce qui serait le mieux adapté à un chiot de l'âge de Shizuka.
Une vingtaine de minutes plus tard, ils ressortaient avec un sac de jouets sur lesquels le petit démon pourrait allègrement se faire les dents. Kantaro se tourna vers hugh avec un sourire d'excuse.

" J'espère que ça ne t'as pas paru trop long. "

Le jeune homme consulta rapidement sa petite liste en se remémorant le plan.

" On risque de passer pas mal de temps dans les boutiques de sport et de fringues alors, si ça vous dérange pas, on pourrait commencer par une librairie. J'ai quelques bouquins à y acheter. "

Et surtout un certain magazine ...

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Les mains dans les poches, Hugh avait suivi ses compagnons d’une petite démarche tranquille, regardant autour de lui avec intérêt. Dans le centre ville, leur trio attirait moins l’attention que parfois à l’école : une grande perche sportive et bien faite de sa personne, un intello au joli profil et à la mine coincée, et un blond habillée à l’avant dernière mode, leur trio dénotait et était parfois à la limite de la parodie. Une sortie entre amis, le terme lui-même sonnait bizarrement à ses oreilles, et il n’aurait put déterminer si cela était dû au mot « sortie », « ami », ou aux deux combinés. La seule chose dont il était sûr, c’est qu’il n’y était pas habitué, ni préparé, et qu’il était difficile de trouver contenance. Pas d’éléments extérieurs pour rebondir, pas de raison qui les maintenaient ensemble, pas de murs qui les bloquaient dans une même pièce et forçait la conversation …

Quoiqu’en y pensant, les liens qui forçaient les gens à se rapprocher pouvaient prendre diverses formes. C’est ce que se disait le blond tandis qu’il observait en silence le kendoka et le tennisman discuter avec intérêt du meilleur choix entre la laisse bleue à motifs d’os et la laisse violette à motifs de pattes d’animaux. Leur chien était un lien entre eux deux, une sorte de secret partagé, qui les avait en quelque sorte rapproché et bloqué l’un avec l’autre aussi sûrement que l’avait fait jusque lors les murs de leur chambre. Au final, ce sentiment qu’il éprouvait envers Shizuka était peut-être simplement de la jalousie, de ne plus avoir le monopole de Kantaro ...

Kantaro ... Ses sentiments à son égard étaient ambigus. Il n’aurait pas cru réussir à percer ainsi ses défenses. Ni à en savoir autant sur lui, découvrir de tels secrets ... Et aurait encore moins cru découvrir un jour à son réveil des portraits de sa personne endormie, esquissés avec soin. Seul dans la chambre, il avait sentit les larmes monter à ses yeux et couler le long de ses joues, brûlantes, ainsi qu’entre les doigts qu’il avait portés à ses lèvres comme pour dissimuler à un spectateur invisible le pitoyable spectacle qu’il offrait. Parce qu’un jour, Brian aussi l’avait dessiné, de cette même manière ? Parce que l’étrange sentiment qu’il avait ressenti alors, et sur lequel il n’avait pas pu mettre de nom, n’avait pu se matérialiser que sous cette forme ? Il ne se connaissait pas si pleurnichard. Alors que son regard se perdait sur la nuque un peu saillante du brun devant lui, Hugh se passa furtivement les doigts sur les lèvres, se souvenant d’un contact aussi brûlant qu’éphémère. Cette soirée là s’était montrée particulière en de nombreux points ...

Détournant le regard vers le bassin intérieur grouillant de carpes Koi, il se morigénait intérieurement. Il n’était pas dans un manga, ou dans un film. Les histoires n’étaient pas belles et cruelles comme elles l’étaient dans les fictions. Dans la réalité, elles se contentaient de se montrer parfois odieusement cruelles. Mais nourrir de tels sentiments, même naissants, à l’égard d’un colocataire qui ne s’intéressait certainement pas à lui en ces termes ... Obtenir son amitié n’était pas déjà beaucoup ? Voir même peut-être trop. Il n’était pas sûr d’être capable d’assumer une telle chose. Déjà, le poids de son secret se révélait lourd à porter. Heureusement, Hugh était doué pour dissimuler la gêne. C’était même une discipline dont il aurait facilement pu se placer bon premier.

Souriant tranquillement, regardant avec un intérêt non simulé les différents animaux en cages, il suivit les deux jeunes gens, passant avec eux à la caisse. L’excuse de Kantaro lui fit hausser un sourcil, tandis qu’il penchait la tête avec un petit air paisible.

« Hum ? Non, ne t’inquiète pas pour ça. »

Attendre, une autre de ses spécialités. L’ennui revêtait une forme particulière pour lui. Et, au vu de la vitesse avec laquelle ils avaient traversé le magasin, il ne pouvait pas dire qu’il avait eut le temps de s’ennuyer. Ça avait même été plutôt intéressant, de voir tous ces animaux. Il afficha un air surpris face aux paroles de Kantaro, qui semblait avoir déjà un plan bien précis de leur ballade en tête. Les boutiques de sport, eut égard à Eiji, pourquoi pas, mais celles de vêtements ?

« ... De fringues ? Ça par contre, c’est clair que c’est pas trop mon truc. Mais la librairie, ça m’intéresse ! »

En témoignaient ses vêtements choisis par maman, totalement dépourvus de la moindre personnalisation ou de la moindre trace qui eut laissé supposer que le jeune homme eut choisit ses vêtements lui-même. S’il eut fallu mettre un mot sur le look de Hugh, s’aurait été bien simple : ringard. Avec un soupçon de cliché américain qui lui allait merveilleusement bien au teint. Faits qui lui passaient bien au-dessus de la tête, surtout quand il avait possibilité d’aller fouiner dans une librairie. C’était autre chose que d’acheter en ligne, que de pouvoir fureter ainsi partout, et tomber par hasard sur tant de choses !

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Avant le rayon pour chiot, Eiji n'aurait jamais cru qu'il pourrait discuter si facilement avec Fugiwara. Mais Shizuka se montrait l'excuse imparable, et adorable, une base sur laquelle établir une communication aisée et sans histoire. Une dizaine de minutes suffit pour sortir avec un sac bien plein, un porte monnaie allégé et des myriades de conseils pour l'éducation de la petite bête, avec demande de la part des vendeuses qu'il repasse avec des photos de Shizuka. Si une bonne partie de leur babillage avait été intérêt pour le chiot, Eiji ne doutait pas qu'il venait aussi de l'attrait pour trois jeunes gens qui avaient l'heureuse idée d'avoir adopter une petite boule de poils. Si le sportif avait été un peu plus porté sur la chose, il aurait pu se servir de cette arme merveilleuse qu'était un petit chiot adorable pour séduire. Heureusement pour Shizuka, ce n'était pas le cas, et le chiot avait plus à craindre des joggings effrénés que des promenades pour se faire voir.

Le regard du brun se posa sur l'américain alors qu'ils sortaient de la boutique : le blond était étrangement silencieux, presque contemplatif par moment, un comportement dont il n'avait pas l'habitude avec ce colocataire habituellement bruyant et dévergondé. Son regard revenait fréquemment au troisième des garçons, avant de se perdre à nouveau, en retrait, posant le doigt sur quelque chose qui mettait mal à l'aise Eiji. Parfaite raison pour que le jeune homme ignore ces regards. De toute façon, cela regardait Hugh, peut-être Kantaro, mais certainement pas lui. L'ignorance était sûrement la meilleure des réactions dans ce genre de cas, ne pas voir ce qui était potentiellement gênant. De toute façon, il se faisait sûrement des idées. Exubérant comme l'était l'américain, il n'aurait pas été du genre à se renfermer dans son coin ...
Eiji étira ses bras, jetant un coup d'oeil à la galerie marchande qui s'étirait autour et sous eux, pendant que les autres garçons discutaient de l'endroit où aller ensuite. De toute façon, ils feraient sûrement tout, alors commencer d'un côté ou de l'autre ...

Le dernier commentaire de Hugh le fit légèrement sourire, et considérer d'un peu plus près la tenue du blond, attentif d'une façon dont il ne l'avait jamais été - jusqu'à présent, il ne s'entendait pas assez bien avec Hugh pour être vraiment attentif aux détails qui faisaient la silhouette du garçon. C'est bien simple, il n'aurait guère été capable de le décrire autrement que blond, pas très grand ni très gros. Au niveau vestimentaire ... au premier coup d'oeil, c'était le style américain un peu tapageur qui ne plaisait guère à Eiji. En y faisant plus attention ... c'était un peu démodé, un peu trop grand, le genre de fringue dont quelqu'un se serait affublé en prenant ce qui lui passait sous la main histoire de dissimuler son corps.

" Je dois dire que ... effectivement, ça se voit que tu ne passes pas beaucoup de temps dans les magasins de fringues. Tant qu'on est là, tu ne veux pas essayer de trouver quelque chose un peu ... plus à ta taille ? "

Il avait failli dire un peu mieux, mais c'était retenu au dernier moment, remplaçant l'adjectif par autre chose, guère mieux il était vrai. S'ils s'entendaient un peu mieux, il n'était pas forcément le mieux placé pour donner des conseils vestimentaires au jeune homme par le seul effet qu'il était son colocataire. Il avait l'habitude de faire les boutiques - ou de s'y faire traîner par une nana et ensuite de se prendre au jeu. C'était au final plus confortable et agréable de trouver pile poil le jean à la bonne taille et coupe que de prendre le premier venu qui serrait aux cuisses ... "L'avantage" d'être sportif : la plupart des modèles classiques n'étaient pas adaptés à sa musculature.

Eiji offrit à Hugh un petit sourire d'excuse, désarmant de sincérité. Il finissait par en revenir à ce comportement sociable et facile à vivre qu'il avait en général eu dans son ancien lycée et qu'il avait plus de mal à avoir depuis son arrivée à Hamura, où un rien suffisait à le mettre de mauvaise humeur, ce qui le surprenait lui-même quand il arrivait à se rendre compte de son comportement. Se venger sur les autres de ce qui n'allait pas pour lui n'était certainement pas la meilleure des choses à faire.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La musique J-pop, diffusée par les haut-parleurs postés à des endroits stratégiques pour une propagation optimale du son - il aurait été fortement déplorable que quelqu'un ne puisse entendre les publicités judicieusement intercalées entre chaque chanson -, rythmait les pas des adeptes du shopping, protégés de la chaleur étouffante de cet après midi de juin par les climatiseurs du centre commercial. En face d'une des animaleries de la galerie, les trois jeunes gens débattaient tranquillement de leur prochain choix de boutique. Difficile de croire qu'il s'agissait des mêmes protagonistes qu'une semaine plus tôt à l'hôpital ... et pourtant ...

Kantaro posa un regard scrutateur sur la tenue de Hugh suite à l'échange au sujet des vêtements. Il n'y avait jamais fait vraiment attention ou, plus exactement, avait toujours considéré la tenue vestimentaire du blond comme partie intégrante de sa personnalité, et peut-être un peu comme une volonté de revendiquer sa part américaine. Ce côté négligé lui correspondait bien d'une certaine façon. Pourtant, pour l'avoir vu sous les douches, le brun savait que Hugh avait un corps qui n'avait pas besoin d'être dissimulé par des vêtements amples ... au contraire ... Le jeune homme pencha légèrement la tête, un petit sourire sur les lèvres.

" C'est vrai que quelque chose de plus ajusté t'irait bien ... Mais avant toute chose, puisqu'on est d'accord : librairie. "

Afin d'éviter de multiplier les boutiques, le trio écarta les petites librairies spécialisées et jeta son dévolu sur une plus grande, offrant le plus de diversité possible, même si le choix pour chaque rayon s'en trouvait forcément moins conséquent. Comme il l'avait escompté, ils se séparèrent, chacun allant fouiner dans ses rayons de prédilection, permettant ainsi à Kantaro de prendre le magazine qu'il devait remplacer à l'abri du regard d'Eiji. Le sujet semblait être un de ceux qui mettait le kendoka mal à l'aise, alors autant ne pas brouiller la paix qui régnait à présent entre eux pour une broutille de ce genre.
Après avoir fureté pour lui-même, choisit plusieurs livres et quelques revues, et s'être enthousiasmé de découvrir qu'un de ses auteurs de prédilection venait de sortir un nouveau roman, c'est bon dernier qu'il passa en caisse sous les yeux ronds d'une des vendeuses, alors que les deux autres étaient déjà ressortis. Kantaro les rejoignit, un grand sac lourd à la main et le regard pétillant. Rien de tel que de passer en librairie pour le mettre d'excellente humeur.

" Désolé. Je me suis un peu laissé aller. La prochaine fois, arrêtez-moi avant que je dévalise leurs rayons. "

Un sourire amusé vint ponctuer sa réplique et il leur emboîta le pas pour la boutique suivante, un magasin d'équipements sportifs pour lequel ils durent changer d'étage. Si Eiji devait se racheter des baskets, ce qui impliquait un certain temps entre le choix et l'essayage, Kantaro n'avait besoin que de nouvelles balles de tennis. Il s'empressa d'en prendre deux boites et de payer, pour ensuite entraîner Hugh à l'extérieur, sur un banc en face de la boutique, laissant le kendoka à ses essayages. Un sourire désolé sur les lèvres, il lui tendit l'exemplaire tout neuf du magazine massacré quelques heures plus tôt.

" Heu ... Tiens. C'est pour toi. Shizuka n'a pas fait ses dents que sur mes balles et les baskets d'Eiji. Désolé. "

C'était gênant d'être responsable, même indirectement, du massacre du bien d'autrui. Surtout que ça s'était déjà produit. Kantaro passa sa main derrière sa nuque avant de reprendre.

" Ils vendaient des boites en plastiques pliables pour ranger les livres. J'en ai pris une, comme ça tu pourras laisser tes revues sous le lit sans qu'il y ait de risques avec Shizuka. Ca me semble une bonne alternative. Qu'est-ce que t'en pense ? "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Eiji le toisa de haut en bas à sa réflexion, avant de se permettre un commentaire qui attira une grimace ennuyée à Hugh. Plusieurs choses expliquaient la tenue de Hugh. Le fait qu’il ne soit jamais trop sortit, et ait toujours laissé l’achat de ce genre de choses à sa mère, qui se faisait sans essayage. Le fait qu’il n’ait jamais aimé son corps et n’avait donc aucune envie de le mettre en valeur de quelque manière que ce soit. Le fait que tout cela lui passait bien au-dessus de la tête, en somme. Ses seuls choix en matière de vêtements se limitaient aux vestes et tee-shirt d’otaku aux effigies de ses séries préférées, qu’il prenait en XL malgré sa minceur. Du moment que c’était propre et confortable ... Le jeune homme retint une remarque qui aurait visé à souligner que passer du temps dans les boutiques de vêtements semblait être plus l’apanage d’Eiji, faisant lui aussi preuve d’un peu de self contrôle. Si les choses allaient mieux entre eux deux, c’était parce qu’ils y mettaient tous les deux du leur. Amusant, de constater les efforts nécessaires pour réussir à cohabiter harmonieusement. Hugh n’était pas adepte des conflits, ni agressif, et pourtant bien souvent, avec Eiji, la tension montait, inexorablement ... Mais avec des efforts des deux cotés, la situation s’améliorait.

Le sourire d’Eiji avait quelque peu déstabilisé Hugh, qui n’avait pu que répondre de la même manière, en plus gêné peut-être. Kantaro vint appuyer les dires du brun, faisant naître une mine déconfite sur les traits de l’américain. Si même Kantaro s’y mettait ... Bah, cette idée allait forcement leur sortir de la tête, ou ils s’occuperaient en priorité de leurs fesses. Au pire, il achèterait une chemise blanche trop ajustée et étriquée pour leur faire plaisir et la rangerait dans un coin. La mention de librairie le ragaillardit, et il enchaîna le pas pour aller fouiner dans ses rayons favoris. La librairie faisant également papeterie, il en profita pour racheter quelques fournitures qui allaient lui manquer, et surtout regarder les nouveautés. Les séries qu’il suivait avec assiduité, il était à jour, mais les autres ... Par-dessus les étalages, il put voir Kantaro passer d’un rayon à l’autre avec un air presque réjouît. Un véritable poisson dans l’eau. Il fallut même l’attendre à la sortie, fait qui attira de la part du tennisman une petite excuse lorsqu’il les rejoignit, avec un sac bien rempli.

« Pour une fois que c’est toi qui est en retard ... Au contraire, c’est bien plus drôle de te laisser faire ! »

Fut le commentaire un peu railleur du blond. Le passage suivant, à la boutique de sport, fut rapide pour eux, Hugh jetant un regard moyennement intéressé aux divers équipements et vêtements proposés en ce lieu. Le sport ... Voilà bien quelque chose pour lequel il ne se sentait pas concerné. Il pensait rester avec Eiji le temps qu’il choisisse ses baskets, mais Kantaro sembla en décider autrement, l’emmenant à sa suite à l’extérieur, sur un banc non loin de la boutique. Avec un drôle de sourire, il lui tendit un magazine emballé. Un cadeau ? Hugh sentit divers sentiments lui traverser l’esprit alors qu’il analysait l’objet devant lui. Il fut un instant gêné et estomaqué du choix du cadeau - ce genre de magazine, oui il en lisait, mais pourquoi ... - avant d’être encore plus gêné en réalisant que celui-là, il l’avait déjà, il l’avait acheté la veille, et finalement de comprendre véritablement la situation au commentaire de Kantaro. Ah. Donc cette sale bête avait encore trouvé utile de bouffer ses magazines ? Il sentit une bouffée de colère le traverser, qui retomba presque aussitôt. Pourquoi s’énerver ? Kantaro avait pris les devants, il aurait même pu substituer le magazine et lui-même ne se serait rendu compte de rien, et au contraire de cela, il se montrait honnête avec lui ...

Hugh tendit la main, récupérant le magazine. Un peu gêné, Kantaro énonça encore quelques paroles, mentionnant son initiative qui lui attira un air surpris de la part du blond. Il cherchait vraiment à ce que les choses se passent bien, en prenant soin de chacun. Hugh détourna le regard, gêné, cherchant ses mots.

« ... Merci, c’est vraiment gentil de ta part de l’avoir racheté ... Mais, la prochaine fois, dit-le moi et je me débrouillerais ... Enfin, ce n’était pas la peine, je n’ai pas envie que tu passes pour un pervers à cause de moi. »

Kantaro était parfois désarmant de simplicité, tant il semblait également totalement dépourvu de préjugés, prêt à accepter n’importe quelle tendance chez les autres. Rien ne laissait croire qu’il fut lui même de ce bord là. En fait, Kantaro semblait comme en dehors des histoires de cœur et, il faut le dire, de fesses. Jamais il ne l’avait vu regarder les filles, que ce soit sur papier ou en vrai. A ce niveau là, Eiji était plus cohérent, même si Hugh le soupçonnait de s’être plus forcé qu’autre chose à regarder ce magazine porno qui, comme par hasard, avait dépassé de son lit à un endroit où seul lui pouvait le voir.

Assumer ses goûts et ses choix était une chose, les imposer aux autres en était une autre. Et un garçon qui achetait ce genre de lecture était tout sauf honnête. Forcement pervers ou de ce bord là, et donc par la même ... pervers. Ce mot là, il l’avait entendu à son égard dans le même centre commercial, quelques temps auparavant. Jusqu’à quel point cela se révélait-il vrai ? Dans tous les cas, il n’avait pas envie que Kantaro s’attire des regards ou des remarques par sa faute, même indirectement.

Habituellement, il n’était pas gêné face à ses lectures. Alors, pourquoi entre lui et Kantaro, cela prenait soudainement un aspect beaucoup plus gênant ?

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Voir les deux autres garçons frétiller dans la librairie comme des poissons dans leur bocal ne donna pas vraiment envie à Eiji. Le jeune homme comprenait l'intérêt et l'attrait qu'on pouvait avoir pour la littérature, les mangas, ou tout autre forme de narration, mais son plaisir à lui, c'était le sport. Se défouler était la meilleure manière qu'il avait trouvée pour ses poussées d'adrénaline, se perdre dans son monde ou tout simplement ses plaisirs solitaires. La lecture à côté, semblait bien fade. Eiji traîna quelques minutes dans les rayons, jetant un coup d'oeil sur les quelques publications sur les arts martiaux, avant d'aller attendre dehors pendant que Kantaro et Hugh fouinait chacun de leur côté, apparemment bien habitués à ce genre de boutiques même si dans des rayons différents.
Le jeune homme prit son mal en patience sans broncher, observant la foule autour de lui pour passer le temps, s'attirant un ou deux regards sans grand intérêt en échange, jusqu'à ce que d'abord Hugh, puis Fugiwara le rejoigne, le second lourdement chargé et l'air aussi content de lui que Shizuka le nez plongé dans sa basket. Ah, les intellos et leurs lubies ... Hugh l'accueillit plutôt gentiment - familièrement même ? - alors qu'ils repartaient en une direction plus intéressante pour le kendoka : le magasin de sport.

Abandonnant à son tour les deux garçons, Eiji prit le parti de prendre le temps de choisir sa paire de baskets : quand on enchaînait les kilomètres à petites foulées, mieux valait quelque chose d'adapté ... et il se doutait que ses deux autres colocataires n'auraient pas de difficultés à discuter ensemble pendant qu'il trouvait les chaussures de ses rêves, discutant un peu avec le vendeur pour avoir son avis. Le prix était à mesure des exigences de l'adolescent, mais comme les accessoires de sport étaient la principale dépense de sa vie estudiantine ... De toute façon, après le prix de chaque accessoire de son armure de kendo, plus rien ne pourrait le faire sourciller.
Eiji eut un temps de latence quand il prit son sac pour sortir du magasin. Combien de temps y avait-il passé ? Dix minutes ? Quinze, grand maximum. Hugh et Kantaro étaient dehors, il pouvait les apercevoir derrière la baie vitrée, plongés dans une grande discussion, leurs deux têtes penchées sur un même objet. Ce n'était pas parce qu'ils semblaient bien tous les deux et qu'il se donnait l'impression de rompre le sort qu'il hésitait à sortir, mais bien parce que jusqu'à présent, ils avaient été bien tous les trois, dans une étrange sortie en groupe. Eiji était quelqu'un de relativement social - ou l'avait été jusqu'à son départ sur un coup de tête à Hamura. Ici, il avait eu plus de mal à retrouver ses repères et ses habitudes. C'était la première sortie en groupe, tranquille, qu'il faisait jusque là, et une vie de reclus ne lui plaisait pas forcément. Maintenant que la raison officielle et logique d'être tous au centre commercial était tombée, resteraient-ils ?

Honnêtement, c'était stupide comme réflexion, voir même mièvre. Le jeune homme eut un sourire moqueur envers lui-même et franchit les portes automatiques qui s'ouvrirent sur son passage. Le sac sur son épaule avait le poids réconfortant de ses baskets dedans, le poids des bonnes vieilles habitudes qu'il ne perdrait jamais. A quoi bon se prendre la tête avec des réflexions de fille alors qu'il était tellement plus simple de prendre les devant ? Il n'avait jamais été timide ou renfermé, et cela risquait autant de lui arriver que de devenir un moine zen.

" Ça va, vous vous êtes assez reposé les pieds ? Prêts pour la suite ? "

Avait-il interrompu une conversation entre les deux garçons ? Vu le coin de magazine qu'il voyait à peine dépasser d'un sac tenu par Hugh, il ne voulait absolument pas savoir. Que ce soit des conseils de lecture de l'américain pour Kantaro, un énième soucis avec Shizuka qui semblait adorer déchiqueter tous les magazines du blond, ou une autre réponse encore plus ambiguë et compromettante, pitié, que personne ne lui en parle. Il préférait éviter de se mettre en rogne pendant une journée qui lui semblait agréable de prime abord.

" A ton tour de passer du temps dans un magasin, Hugh. "

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh semblait tellement bien assumer ses préférences, d'ordinaire, que sa gêne surprit Kantaro. Il l'observa en silence, écoutant sa réponse, quelque peu surpris qu'il s'inquiète de ce que l'on pouvait penser de lui. Voilà bien quelque chose dont il se moquait éperdument. Si les libraires étaient gênés de voir des gens acheter ce genre de publications, ils n'avaient qu'à pas les vendre, ou changer de métier. C'était comme ces pharmaciens qui regardaient d'un mauvais œil ceux qui achetaient des boites de préservatifs. Ridicule, hypocrite même ...

" Il ne devrait pas y avoir de prochaine fois avec la boite. Mais si ça venait à se reproduire, je ferais exactement la même chose. On t'impose Shizuka, c'est normal de réparer ses bêtises. Et ce qu'on peut penser de moi ... honnêtement, je m'en moque. La plupart du temps, ceux qui portent un jugement transfèrent leurs propres défauts sur les autres. C'est de l'hypocrisie, rien de plus. "

Kantaro tourna son regard vers la vitrine du magasin de sport pour voir où Eiji en était. La grande silhouette était en mouvement vers la caisse. Tiens ... il aurait pensé que le jeune homme mettrait plus de temps. Un vague sentiment de déception le nargua un court instant, avant qu'il ne le chasse avec agacement, sans chercher à savoir pourquoi il était apparu. Etrange ces émotions qui naissaient depuis quelques temps sans qu'il en trouve l'origine. Etrange également son réflexe de les écarter avant d'approfondir le sujet ...

Hugh glissa le magazine dans son propre sac et Kantaro laissa son regard dériver dessus, repensant à ce qu'avait dit le blond et au contenu de la publication. Non ... il n'y avait rien de pervers à lire ça. Tout le monde le faisait au moins une fois dans sa vie, si ce n'était plus. C'était juste ... humain ... Hugh était un jeune homme normalement constitué, qui préférait les garçons aux filles, ni plus ni moins.

" Je ne me considère pas comme pervers d'avoir acheté ce magazine. Et je ne te considère pas non plus comme pervers sous prétexte que tu le lis. "

Les yeux plongés dans ceux de son interlocuteur, Kantaro esquissa un petit sourire tranquille. Amusant, ça aussi ... Il ne se souvenait pas avoir autant sourit que depuis qu'il connaissait Hugh. Sans doute un des effets secondaires de l'amitié, notion avec laquelle il avait encore du mal à se familiariser.

" En plus, de ce que j'en ai aperçu en nettoyant les dégâts dans la chambre, certains auteurs ont un style intéressant. "

Niveau dessin en tout cas. Pour le scénario, ça restait à voir. Il n'avait pas lu et aurait eu du mal, même s'il avait cherché à le faire, vu l'état pitoyable du magazine après le passage de la mini-tornade sur pattes. Mais le scénario était-il un critère dans ce style de manga ? Pas sûr ...

Le jeune homme interrompit le cours de ses pensées lorsque Eiji sortit de la boutique. Il valait mieux éviter ce genre de sujet en sa présence. La plaisanterie du sportif l'amusa, malgré son peu de réaction, et il se remit debout sur ses jambes en guise de réponse. Son attention se reporta à nouveau sur Hugh dont Eiji s'emblait s'inquiéter. C'est vrai que jusqu'à présent, il s'était contenté de les suivre sans donner son avis sur leur destination - même s'il avait visiblement pris presque autant de plaisir que lui à la librairie. Pourtant, cette fois encore, le blond se contenta de les laisser choisir. Kantaro esquissa une petite moue pensive. Ils avaient fait le principal, alors ...

" On n'a qu'à flâner un peu. Si on passe devant une boutique intéressante, on s'y arrêtera. "

C'était un bon compromis, et il espérait que Hugh n'hésiterait pas à les faire s'arrêter. Les deux autres semblant approuver la proposition, ils commencèrent à déambuler dans le centre commercial, discutant de choses et d'autres tout en jetant des coups d'oeils aux magasins. L'ambiance était détendue, agréable. Un terrain propice à l'évolution de la relation amicale naissante entre eux. Une situation totalement inédite pour Kantaro mais, il devait l'avouer, qui ne lui déplaisait pas.

Les trois adolescents se remettaient tout juste d'un fou rire déclanché par les objets insolites de la vitrine d'un bric-à-brac, et les suppositions hasardeuses lancées quant à leur utilité, que Kantaro se figea devant une boutique de vêtements. La tête légèrement penchée, une main sous son menton, il observait avec attention le haut porté par un des mannequins, qui avait la particularité d'être ajusté, tout en gardant un côté décontracté qui allait si bien à Hugh. Après un rapide coup d'œil au reste de la vitrine, il semblait bien que le reste était de la même trempe. Une boutique faite pour le blond.

" Ca, ça t'irai bien, Hugh. "

Sans vraiment laisser le choix au jeune homme, il l'entraîna dans le magasin, soutenu par un Eiji qui semblait particulièrement motivé.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La galerie marchande recelait bien des surprises en son sein. La boutique de cosplay furry - du moins c'était ceux en vitrine - leur valut une longue discussion plus ou moins sérieuse, de même que la réplique grandeur nature d'un kiwi devant un magasin de jeux vidéo pour vanter la sortie d'un nouveau jeu - non, en fait, la réplique leur valut surtout une bonne crise de fou rire. Ambiance détendue et tranquille au rendez-vous, comme quoi la violence pouvait efficacement résoudre bon nombre de situations désespérées de prime abord.

Les yeux posés sur les vitrines sans vraiment les voir, le jeune homme songea qu'il pourrait peut-être profiter de la sortie pour se racheter un portable. Il ne lui avait pas vraiment manqué jusque là, mais une petite tête brune aux longs cheveux lui avait rappelé qu'il serait sûrement pratique pour lui d'être joignable autrement que par ses mails - qu'il vérifiait quand il y pensait - et ce, même si leurs chambres se trouvaient au même étage de l'internat. Il se rappelait avoir vu sur le plan un magasin de télécommunication ... Ils finiraient bien par passer devant à un moment ou un autre. Penser à la petite sportive mit un large sourire sur le visage d'Eiji : il avait hâte de revoir sa petite adversaire de kendo, et pas seulement au dojo.

Le sportif sortit de sa rêverie quand il manqua de cogner le dos de Hugh qui s'était arrêté pour regarder ce que lui désignait Fugiwara. Le regard d'Eiji passa du visage de l'américain - résolument peu enthousiasmé - à la vitrine. Effectivement, le jeune homme devait avouer que les modèles présentés, mélange de streetswear et de casual, étaient plutôt sympa, et en tout cas beaucoup plus dynamiques que les tee-shirt informes dont Hugh passait son temps à s'affubler. Malheureusement, vu la réaction de Hugh ...
Quelle mouche piqua le plus grand des trois adolescents ? Avec un léger sourire, Eiji posa la main sur l'épaule de Hugh et le poussa devant lui, l'invitant à entrer dans la boutique. Il aimait assez faire les magasins de fringue pour avoir assez d'enthousiasme pour deux ...

" On va voir ? "

Hugh entra docilement avec eux. Oui, docilement, sans réel volonté propre mais sans non plus chercher à partir en courant loin de l'infamie - ce qui était déjà beaucoup plus que bien des hommes auraient pu revendiquer - laissant tout loisir à Eiji de faire un rapide tour du magasin. S'habiller, choisir ses affaires, était un moyen comme un autre de s'identifier, de se créer une identité. Il avait bien conscience que l'apparence ne faisait pas tout, mais c'était un détail dans un ensemble. Et plus que tout, c'était fun. De son rapide tour dont il revint, les bras chargés d'affaires qu'il tendit au blondinet.

" Essaie ça. Un jean un peu plus à ta taille que ce que tu portes ... J'ai un doute sur le modèle, mais je pense que du droit t'irait bien vu ta morpho de crevette. Pour les hauts, c'est plus moulant, mais c'est fluide, ça rend bien en général. A oui, c'est à ta taille, ça risque de te changer de tes tee-shirts habituels. "

Et oui, Eiji s'amusait bien à essayer de faire rentrer Hugh dans des affaires plus à sa taille, et surtout un peu plus jolies que les frusques américaines dont il ne se séparait pas et qui lui donnait l'air d'être sortie d'une série américaine de dix ans d'âge. Le côté parodique White and Nerdy était marrant cinq minutes, mais perdait de son attrait ensuite ...
Et ça n'avait rien à voir avec le fait d'essayer de le faire ressembler à un japonais plutôt qu'un américain, juste de le faire ressembler à un ado de son temps et de son âge.

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh posa un regard un peu étonné sur Kantaro. Il commençait à le connaître et, ce qui était particulier, chez ce jeune homme, c’est qu’il ne faisait pas qu’énoncer des théories basées sur le bon sens : il y croyait également, déjà désinhibé de certaines gênes qui entravaient les moindres mouvements de la plupart des gens. Raison pour laquelle son comportement était la plupart du temps si logique, et le rendait apparemment peu gêné par les préférences du blond. Hugh lui offrit un sourire tranquille qui monta jusqu'à ses yeux, autre chose que le sourire automatique qu’il savait faire, en réponse à ses propos et à son sourire.

« You are nice. »

Ce n’était pas la première fois qu’il le lui disait, non ? La voix du blond s’était un peu cassée pour prononcer ces paroles à voix basse, comme un secret qui n’en était pas vraiment un. Hugh haussa les sourcils à la dernière phrase, apparemment prêt à parler sur le sujet de bon cœur, lorsque Eiji revint parmi eux, un peu railleur. Hugh avait glissé le magazine juste à temps pour qu’il n’en devine pas le contenu, du moins l’espérait-il. Il se remit debout avec un hochement de tête, levant les mains avec un fugace air gêné sur le visage.

« On a déjà vu ce que je voulais voir, allez-y, je vous suis. »

Choisir ? C’était bien la dernière chose qu’il ait voulu faire, ou à laquelle il soit habitué. Il préférait de loin suivre, sans se mouiller à choisir quelque chose. Il enchaîna le pas aux autres jeunes hommes dans le déambulage de la galerie marchande. Son regard se ternit lorsqu’il passa sur une machine à imprimer les photos, alors qu’il songeait à sa dernière mésaventure. Il lui semblait avoir déjà recroisé le jeune homme, au sein même de l’école, et il l’évitait depuis. Mais il ne semblait pas avoir accordé de velléité d’indépendance à cette photo, du moins, pas jusque lors.

Le jeune homme mis cette idée de coté, riant avec les autres lorsque l’occasion s’en présentait, reprenant son habituel rôle de bout en train sans gêne. Ce n’était pas si difficile, au final. Le blond se tendit néanmoins lorsque Kantaro s’arrêta devant une boutique de vêtements, l’observant avec attention avant d’entrer dans le magasin, soutenu par Eiji qui le poussa à moitié dans la boutique. Le blond ne chercha pas à résister, sachant l’affaire inutile, et n’étant d’ailleurs pas sûr de le vouloir.

Avec une dextérité qui dénotait une certaine habitude, Eiji se saisit de quelques vêtements qu’il lui tendit, expliquant ses choix en quelques mots. Hugh se saisit des affaires en réprimant un soupir. Oui, il connaissait ce genre de vêtements. Il en dessinait à ses personnages. Mais en porter lui même ? L’idée était totalement saugrenue. Ca ne collait pas, ce n’était pas lui, voilà tout.

« Vous êtes pires que des filles tous les deux. »

Sourit-il d’un air contrit, avant de se diriger vers la cabine d’essayage, tirant avec soin le rideau. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’il regarda de plus près lesdits vêtements. Ôtant son tee-shirt d’une main, il enfila le haut proposé par Eiji. Urgh. On voyait sa taille. On voyait sa posture. Et le col, plus échancré, laissait plus paraître sa cicatrice. Hugh roula un peu des épaules, regardant dans le miroir derrière lui. Ca ne couvrait même pas les fesses. Qui a dit que les gays étaient tous des fashions victimes ? Il aimait les garçons, pas la mode ! Et si ce genre de vêtement convenait sans aucun doute à un sportif comme Eiji - dont il avait d’ailleurs maté les fesses une fois en sport - il en allait autrement pour lui. Lui, il était plutôt maigre, du genre crevette, comme l’avait si bien dit le kendoka.

Tant qu’à y être, il essaya également le pantalon, qui allait à merveille avec le haut, et lui donnait l’impression de ne pas être habillé, ou plutôt, de ne pas être caché par ses vêtements comme il l’était d’habitude. Et en plus, il devait se tenir droit, maintenant. C'était le genre de vêtements qui faisaient que l'on était regardé, exactement ce qu'il préférait éviter. Il sortit de la cabine, une main posée nerveusement dans le cou pour cacher sa cicatrice, le regard en biais et les joues un peu rougies.

« Erm. Je suis ridicule. Ça me gêne les gars. »

Premier acte d’opposition de sa part, aussi faiblard soit-il.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
A peine avaient-ils franchi les portes automatiques de la boutique, qu'Eiji se lança dans un tour rapide du magasin, prenant quelques vêtements au passage, avant de revenir vers eux. Kantaro se retint tant bien que mal de rire : le sportif était décidément l'archétype du métrosexuel. Il n'était cependant pas certain d'être bien accueilli s'il en faisait la remarque à voix haute et préféra s'abstenir. Hugh, en revanche, était resté à côté de lui, la mine peu enthousiaste, voir pas du tout, et cela ne s'arrangea pas à la vue des vêtements choisis par Eiji. Un sourire hilare accueillit la remarque lâchée à mi-chemin entre plaisanterie et sérieux.

" Toi, t'as jamais vu de filles dans une boutique de fringues. Je t'assure que c'est pire. "

Malgré ce qu'il venait de dire, il se devait d'avouer qu'Eiji était pas mal dans le genre. Hugh avait à peine tiré le rideau de la cabine, qu'il repartait déjà en quête, pour lui-même cette fois, vu les tailles. Kantaro jeta un coup d'œil circulaire sans bouger de là où il était. Il n'avait besoin de rien et ce n'était de toute façon pas son style de vêtements. Son regard finit tout de même par se poser sur le haut qu'il avait repéré en vitrine et il alla en prendre deux ou trois modèles différents. Kimihiro était bien gentil, mais de ce qu'il avait vu, il avait choisi en fonction de ses propres goûts sans prendre en compte certaines particularités du blond. Le jeune homme retourna près des cabines, attendant que Hugh ait fini les premiers essayages.

Le rideau s'ouvrit finalement et Hugh se présenta, rougissant et dans une posture qui figurait son malaise. Kantaro resta un moment figé, son regard détaillant son colocataire blond, incapable de faire quoique ce soit d'autre. Certes, c'était le style d'Eiji, pas celui de l'américain. Mais il était vraiment ... vraiment ... mignon ? Le jeune homme eut une soudaine montée de chaleur lorsqu'il réalisa ce qu'il venait de penser, et il fallut le son des pas du kendoka se rapprochant dans son dos pour qu'il se ressaisisse.
Prenant une grande inspiration le plus discrètement possible, il se débarrassa de sa mine ... - heu ... quelle tête faisait-il au juste ? -, pour se fendre d'un sourire de circonstance.

" T'es pas ridicule. Mais c'est vrai que ça te correspond pas tout à fait. Tiens, essaye avec un de ces hauts là en gardant le même jean. "

D'un geste il lui tendit ce qu'il avait choisi juste avant. Indéniablement plus longs, puisqu'ils devaient arriver à peu près à mi-fesses, pas aussi moulants mais pas non plus trop grands, et surtout avec un col suffisamment haut pour dissimuler ce que Hugh tenait à cacher. Plusieurs atouts qui, il l'espérait, conviendraient au jeune homme.
Tandis que le nouvel essayage était en cours, Kantaro se tourna vers Eiji, jetant un coup d'œil pour voir s'il ramenait encore des vêtements, et pour qui cette fois.

" Les changements trop brusques, c'est pas bon non plus ... T'as trouvé ton bonheur ? "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Kantaro demeura silencieux, le confortant dans sa gêne ainsi que dans son idée. Certainement cherchait-il un truc positif à lui dire ? Le regard fuyant, Hugh ne releva la tête que lorsque les pas d’Eiji se firent entendre. Avec un drôle de sourire - c’est ça, il se foutait totalement de sa gueule - il lui tendit d’autres hauts, desquels Hugh se saisit avant de rentrer dans l’antre protectrice de la cabine d’essayage comme un bernard-l’hermite rentrant dans sa coquille. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur qu’il prit le temps de regarder le haut proposé par Kantaro. Indéniablement plus couvrant, mais également plus ... fashion victime ?

En réprimant un soupir, Hugh se débarrassa de l’autre tee-shirt pour essayer le vêtement proposé par Kantaro. C’était une sorte de veste à col raide, avec une coupe très droite. Élégant, peut-être même un peu trop. Surtout lorsqu’il superposa son visage à ce corps dans le miroir de la cabine d’essayage. Le blond eut une moue un peu gênée, s’imaginant un instant sortir, déclarer que ces vêtements là étaient très beaux mais parfaitement inadapté à son comportement, et qu’il aurait beau les mettre, il ne serait pas une autre personne et qu’il n’était pas fait pour mettre ce genre de chose, autant laisser tomber.

Mais ce n’aurait pas été son comportement habituel. Il était beaucoup plus facile de se débarrasser d’une situation ennuyeuse en accédant aux requêtes des gens plutôt qu’en freinant des quatre fers. Dans une autre situation, il aurait détourné l’attention sur Eiji ou Kantaro et leurs propres achats, mais il doutait y parvenir cette fois-ci.

Il sortit de la cabine, se présentant de nouveau face à ses camarades. Pas de cicatrice à dissimuler, mais des bras dont il ne savait que faire. Heureusement, il pouvait s’occuper les mains à la ceinture du vêtement.

« Encore un autre style, c’est bien, vous vous complétez ... J’en prends un de chaque et ça le fera, merci. »

Prendre sur soi. C’était quelque chose dont il avait bien l’habitude. Et puis, au final, c’était quelque part plus facile de prendre sur soi et de faire plaisir aux autres que de se battre pour obtenir quelque chose pour soi. Et rien ne l’obligerait par la suite à porter lesdits vêtements. Même si, effectivement, l’autre haut choisit par Kantaro n’était pas si terrible : plus ajusté, mais encore un peu ample. Celui qu’il dépréciait le moins au final. Il était encore accroché dans la cabine, prêt à être essayé.

« Tu ne voudrais pas en prendre un comme ça pour toi, Kantaro ? Tu sembles taillé pour ça. »

Ah mince, c’était sortit tout seul. C’était presque une manie, en fait, de rediriger l’attention vers les autres quand elle était focalisée sur lui.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Malgré sa tentative pour s'intéresser à ce que ramenait Eiji, Kantaro n'arrivait pas à se sortir de ses pensées. L'image de Hugh debout devant la cabine d'essayage, dans une posture à la fois maladroite et adorable, y prédominait largement. Adorable ... le mot était vraiment approprié et c'était bien ce qui le tracassait. Il venait d'utiliser les termes "mignon" et "adorable" pour qualifier Hugh. Même si ce n'était que des pensées - ou peut-être justement parce que c'était des pensées -, cela restait affreusement embarrassant. Le magazine déchiqueté auquel il avait jeté un rapide coup d'œil en était-il la cause ? Ses pensées avaient pris un tour étrange depuis ...

Le bruit des anneaux du rideau frottant sur la barre annonça la fin du nouvel essayage. Kantaro se sortit de ses réflexions avec l'étrange sentiment d'être ailleurs. Est-ce qu'Eiji avait parlé pendant ce temps ? Il aurait été bien en mal de répondre et espérait que non, sinon il avait du lui sembler terriblement impoli.

Hésitant un instant le temps de reprendre une attitude plus contrôlée, il finit par tourner son regard vers Hugh et esquissa un fin sourire. Contrairement à la précédente, cette tenue ne lui allait pas du tout. Beaucoup trop stricte. Il allait lui en faire la remarque lorsque le blond ouvrit la bouche dans une phrase à la limite de la résignation, faisant disparaître le sourire qu'il affichait jusque là.

" Te force pas non plus ... Ca sert à rien d'acheter quelque chose que tu mettras jamais ... "

Kantaro resta un moment dubitatif à la tentative de détournement de l'américain. Il avait déjà suffisamment l'air strict et fermé sans qu'il en rajoute par sa tenue vestimentaire. Non ? Et puis, il ne portait que des chemises. D'un autre côté, si cela pouvait aider Hugh à se sentir plus à l'aise ... Il y avait sans doute un côté amusant à faire des essayages à plusieurs ...

" Ok, on va voir ça. Ca peut être amusant de changer des chemises. "

Le jeune homme alla rapidement chercher un modèle à sa taille et entra dans la cabine adjacente à celle de Hugh, non sans avoir poussé le blond dans la sienne pour qu'il poursuive les essayages. A l'abri des regards, il se figea alors qu'il défaisait les boutons de sa chemise. Son regard se perdit un moment sur son reflet dans le miroir et ses bras retombèrent le long de son corps.

" ... qu'est-ce qui m'arrive ... "

Il n'avait pas parlé fort, mais réalisa soudain que la séparation entre les cabines était bien mince ... beaucoup trop ...

Se reprenant, Kantaro acheva de se changer puis tira le rideau. Comme il l'avait pensé, il avait l'air encore plus strict que d'habitude. Et encore ... il était dans une de ses journées les meilleures ...

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Si les vêtements allaient effectivement parfaitement à Hugh, le jeune homme semblait moyennement convaincu de cet état de fait, tirant sur les coutures du tissu comme s'il pouvait les agrandir et leur donner la même dimension que les affaires qu'il portait habituellement. L'image donnée était plutôt amusante, et pour quelqu'un qui n'avait habituellement pas sa langue dans sa poche, l'américain était devenu carrément timoré. Kantaro s'occupa à son tour de Hugh pendant qu'Eiji faisait un nouveau tour. Son cadet avait visé quelque chose de plus couvrant, mais aussi plus stylé et affirmé. Pourquoi pas.

De son point de vue un peu extérieur, Eiji pouvait contempler un ballet de regards et de malaises entre les deux autres garçons, pas seulement liés aux essayages. L'adolescent retint un gros soupir, préférant se focaliser sur autre chose. Sur ce que disait Kantaro à Hugh par exemple, dans le genre psychologie de couloir. Le jeune homme haussa les épaules en jetant le coup d'oeil à la silhouette du blond, complètement différente dans ce genre de tenue.

" Je crois que Hugh est assez grand pour dire non s'il n'a pas envie ... "

Eiji, en tant que sportif - non kendoka - croyant dur comme fer en la confiance en soi, le dépassement et toute sorte de valeur assez classique, avait du mal à comprendre l'intérêt de voler à la défense de quelqu'un pour le rassurer dans ses angoisses. Surtout dans ce cas. Il avait eu l'occasion d'apprendre - à leur dépend tous les deux - que Hugh était capable de foncer dans le tas pour énoncer des vérités plus ou moins bonnes à dire. Le blond n'était pas quelqu'un qui se laissait écraser, du moins en parole, ou qui se taisait, loin de là. Alors pourquoi se tairait-il maintenant ? Pourquoi se laisserait-il faire si vraiment ça le gênait ? Qu'il ne prenne pas l'initiative parce qu'il n'avait pas d'intérêt pour changer d'affaires, soit. Mais qu'il se laisse faire alors s'il en était complètement outragé ... il ne pouvait pas y croire. Quelque part, il croyait parfaitement que Hugh était assez fort pour faire valoir son point de vu sans avoir besoin d'être cajolé et rassuré.

" Les deux te vont bien. Mais tu risques d'avoir un peu chaud avec un col, non ? "

L'été commençait à peine, et déjà les températures grimpaient en flèche, ne laissant que le petit matin et la fin d'après-midi comme moments de fraîcheur agréable. Pour sa part, il abandonnait tout ce qui était montant jusqu'à septembre. Les séances de kendo en tenue et armure complète étaient déjà assez dures comme ça.

Laissant Hugh réfléchir, Eiji imita Kantaro et entra dans la cabine avec le débardeur qu'il avait choisi. Il se figea un instant en entendant les mots chuchotés à côté, avant de reprendre le cours normal de son existence - rien de tout cela ne le concernait tant que personne ne venait lui en parler directement. Qu'il soit un témoin auditif non prévu ne changeait rien à l'affaire - bien au contraire : il n'était pas assez curieux pour vouloir être mêlé aux secrets des gens.
Le jeune homme prit le temps de sortir deux minutes pour vérifier l'ajustement dans le miroir : comme prévu, le débardeur échancré était parfaitement taillé pour les épaules musclées du sportif. Idéal pour aller courir par ce temps. Sans le voir, il était même sûr que son tatouage était parfaitement visible pour une fois au lieu d'être dissimulé sous le tissu.

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh n’avait aucunement conscience des pensées de son colocataire à son égard, bien qu’il ait senti plus d’une fois le jeune homme un peu perturbé ou gêné, sans qu’il n’arrive à définir pourquoi. S’imaginer au centre de ce trouble était bien une idée qui avait traversé l’esprit du jeune homme, mais qui avait été bien vite réprimé, étiqueté comme fantasme fabulateur et non pas comme potentielle réalité. Il ne se voyait pas attirer qui que ce soit. Brian avait été l’exception de parcours, celui qui s’était rapproché de lui parce que la situation les avait comme confiné ensemble, mais après ça ...

Hugh réprima une excuse lorsque l’expression de Kantaro se ternit, comme s’il avait déçu, avant qu’Eiji ne vienne rajouter son grain de sel par une petite remarque qui fit baisser la tête au blond, comme pris en faute. En même temps, un refus propre et net de sa part aurait certainement diminuée la bonne ambiance qui s’était instaurée. Il avait pensé pouvoir dévier l’attention vers quelqu’un d’autre plus rapidement que ça. Il pencha la tête vers Eiji avec une petite moue à la réflexion.

« Je reste beaucoup à l’intérieur, donc ça ne me dérange pas j’avoue ... »

Ou la différence entre le sédentaire geek pour qui été rimait avec climatisation glacée et le sportif qui préférait passer par la cour plutôt que par les couloirs pour changer de salle de classe.

Le jeune homme eut un petit sourire soulagé lorsque Kantaro accepta de se prêter au jeu, prenant un autre modèle à sa taille avant de le pousser de nouveau dans sa cabine pour qu’il essaye un autre haut. Eiji aussi, apparemment, essayait un vêtement. Hugh se débarrassa du vêtement trop strict à son goût, se figeant lorsque les mots de Kantaro traversèrent la fine cloison de séparation. Le ton bas lui avait d’abord fait penser à un mot glissé à travers la cloison mais il s’agissait apparemment plutôt d’une réflexion à voix haute. Dont il ne parvenait pas à définir la raison. Il hésita à héler le brun pour lui demander si tout allait bien, avant de hausser les épaules, rangeant cette information dans un coin de son esprit pour la ressortir plus tard.

Il sortit presque en même temps que Kantaro et Eiji, cette fois-ci vêtu d’un tee-shirt noir ajusté à sa taille dont le bas coulait en pli souple au niveau de sa taille, accompagné de manches blanches plus longues en dessous. Un équivalent de ses vêtements habituels, mais nettement plus ajusté, ce qui lui laissait une drôle d’impression, encore une fois. Il se sentait toujours un peu déguisé, mais il s’y retrouvait déjà plus.

Il leva le regard, tout d’abord vers Kantaro. Le haut ajusté et strict renforçait son aspect un peu sévère, lui donnant une classe certaine aux yeux de Hugh ainsi qu’une bonne dose de sex appeal.

« Han, t’es super beau comme ça Kantaro ! »

Le cri venait du cœur, l’américain semblant retrouver sa spontanéité maintenant qu’il n’était plus le seul au centre de ce jeu. Il se tourna vers Eiji, haussant les sourcils face à la silhouette qu’il affichait. Le brun avait toujours soigneusement évité de le croiser aux douches, aussi n’avait-il encore jamais pu vraiment voir autrement que furtivement, entre deux changements de tee-shirt, la musculature du jeune homme. Qui était bien présente et renforçait encore son image de sportif sain, couplée à celle de beau jeune homme métrosexuel dont la boucle d’oreille brillait par intermittence sous les spots lumineux de la boutique.

« La classe, tu portes ça bien ! Et je peux enfin voir ton tatouage ! »

Tatouage dont il n’avait aperçut jusque lors que des bribes. Il s’approcha d’Eiji pour regarder son épaule avec plus d’attention, lorsque son regard fut attiré par sa propre image dans les grands miroirs en pieds. Leurs propres images en faits. Hugh pouffa de rire, passant ses bras autour des épaules de ses colocataires.

« On a vraiment une dégaine de boys band ! »

Ou de trio de manga yaoi, au choix. Mais ça, c’était une pensée qu’il se dispenserait d’énoncer à voix haute ... Le sportif musclé au poil brillant, l’austère à lunette à col mao ou le petit blond nerdy, faites votre choix ! Chose que semblaient affairées à faire des vendeuses qui, plus loin, regardaient le trio avec intérêt tout en faisant mine de ranger des vêtements.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Kantaro jeta un coup d'œil à Eiji lorsque ce dernier sortit de sa cabine et esquissa un demi sourire amusé. Décidément, ils avaient tous deux opté pour des tenues en adéquation avec leur caractère. Le côté sportif d'Eiji ressortait pleinement avec ce débardeur, tandis que lui avait l'air encore plus sérieux et fermé. Etait-ce une bonne chose en ce qui le concernait ? Il en doutait tout de même un peu. Oui, ça lui allait bien, mais n'était-ce pas un peu "trop" pour le coup ...

La voix enthousiaste de Hugh le fit sursauter et tourner vivement la tête vers lui, écarlate suite à son commentaire. Kantaro n'avait pas l'habitude de compliments de ce genre, spontané et sans arrières pensées. Et cela le touchait d'autant plus, qu'il avait été prononcé par quelqu'un qui avait une certaine importance pour lui. D'un geste nerveux, il appuya sur la monture de ses lunettes pour les remonter sur son nez.

" Heu ... merci ... "

L'attention du blond se détourna cependant rapidement de lui pour s'extasier sur Eiji cette fois. Kantaro ne put retenir un sentiment agacé en se demandant si le sportif était le genre de mec qui plaisait à Hugh. En y repensant, lors de leur première rencontre, il faisait des croquis de sportifs, et son manga traitait de sport ... et, en fait, il l'avait abordé en pensant qu'il était tennisman ... C'était totalement plausible. Mais pourquoi est-ce que ça l'énervait tant ?
Lorsque Hugh commença à se rapprocher d'Eiji, son agacement monta d'un cran, le mettant face à une évidence qu'il s'étonna de ne pas avoir vue plus tôt : il était jaloux. Lui ... jaloux ... Ok ... Là il avait un sérieux problème, et il avait intérêt à se pencher rapidement dessus pour savoir pourquoi, s'il voulait que leurs relations continuent sous de bons auspices.

Kantaro n'eut guère le temps de poursuivre ses élucubrations, qu'un bras vint se poser sur ses épaules, le rapprochant de son possesseur qui n'était autre que l'objet de ses pensées précédentes. Les propos de Hugh et son rire le poussèrent à tourner son regard vers le miroir et leur reflet. C'était vrai qu'ils avaient une sacré touche tous les trois. Kantaro réalisa qu'il n'avait pas encore regardé le résultat du dernier essayage du blond et il devait avouer que ce qu'il voyait dans le miroir était plus que bien ... et qu'il avait bien envie de le voir plus longtemps ainsi ...

S'écartant de la prise de Hugh, il observa ses deux colocataires. Si ses sentiments étaient toujours perturbés, il valait mieux qu'il n'en montre rien tant qu'il n'avait pas trouvé pourquoi. C'est donc avec un petit sourire en coin qu'il prit la parole.

" Ok, Hugh ! Va falloir assumer de m'avoir comparé à un membre de boys band. Donc ... on va terminer cette journée dans ces tenues. "

Kantaro était à peu près certain que ça
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Kantaro Fugiwara
Président des élèves
Délégué de la 3-A

Kantaro Fugiwara


Personnage
Âge : 18 ans
Chambre / Appart : 102

A savoir
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Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta] Empty
MessageSujet: Re: Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta]   Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta] EmptyDim 6 Fév - 10:37

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Eiji supporta sans broncher le regard de Hugh sur son tatouage. Le dessin était là pour ça, après tout, pour appeler les regards et intriguer même si cela n'avait pas été le but premier du jeune homme. Pour quelle raison s'était-il fait tatoué réellement ? Pour l'esthétique, parce qu'il pouvait le faire ... tout un tas de raisons plus ou moins valables. Sentir le regard de Hugh dessus éveilla en lui un mélange de gêne et de plaisir coupable : n'était-ce pas la raison première pour laquelle il lui avait tapé dessus, lors de leur première rencontre ?
Heureusement, le regard du jeune homme se détourna rapidement, pour se muer en un commentaire qui manqua de faire éclater Eiji de rire. Un boy's band ? Il jeta à son tour un regard dans le miroir - au moins c'était toujours mieux que ces groupes d'idoles, mais pas de beaucoup. Le jeune homme ricana, et recommença de plus belle quand Fugiwara suggéra de rester ainsi pour le reste de la journée. La tenue ne changeant guère de ce qu'il mettait pour faire du sport, il n'était certainement pas le plus dérangé !
Après un temps de latence, le blond déclara forfait, se résignant apparemment à changer de tenue selon le bon vouloir de ses colocataires, et au plus grand amusement d'Eiji, tout juste mâtiné d'étonnement. Si même lui ne freinait pas des quatre fers ...

" Je ne pensais pas que tu adorais le style boy's band au point d'y passer la journée Kantaro ! "

Se moquant les uns des autres, les trois garçons passèrent en caisse, pour le plus grand plaisir des vendeuses qui prirent un malin plaisir à chercher les étiquettes des différentes vêtements encore en place sur les garçons, en particulier pour Hugh, rhabillé de pied en cape. Du point de vue du sportif, la jeune femme passa bien plus de temps que nécessaire à chercher les antivols fixés sur les jambes, mais l'américain se prêta aussi docilement au jeu qu'il s'était laissé faire pour le changement de tenue. Eiji ne pouvait certainement pas lui reprocher un certain manque de patience !

Eiji cligna des yeux en ressortant du magasin, un nouveau sac avec ses précédentes affaires en main. Combien de temps étaient-ils restés dedans ? Assez longtemps apparemment - rien qui ne batte ses records, mais suffisamment longtemps pour que cela vaille la peine d'être noté. Trois lycéens qui prenaient le temps de faire les boutiques sans demoiselle pour les y traîner valaient certainement un second coup d'oeil.

Le regard du garçon fut attiré par une devanture un peu plus loin. Abandonnant ses deux colocataires en train de discuter, Eiji s'en rapprocha. C'était une boutique autour de laquelle planait une lourde odeur d'encens, dont la vitrine regorgeait de tentures indiennes, de vêtements tissés mains en matières naturelles et d'objets à l'utilisation plus ou moins incertaine. Mais ce qui avait attiré le regard du jeune homme, c'était le panneau en liège recouvert de petites boucles d'oreilles en argent diverses et variées. Le genre de boutique un peu bizarre, qui ne faisait pas vraiment sérieuse, mais qui recélait des petits trésors inconnus. Ou tout simplement des attrapes touristes. Dans le cas d'Eiji, il venait de repérer la seule chose qui l'intéressait.

" Je reviens tout de suite ! "

Il n'appréciait pas outre mesure ce genre de boutique. Trop bric-à-brac, l'odeur de l'encens lui agressant les sens, et le sentiment de lourdeur et d'indolence qui s'en échappait presque contraire à sa manière de mener sa vie. Le sportif ressortit au bout de quelques instants, son achat rondement mené maintenant niché au creux d'un petit sac en papier. Une nouvelle boucle d'oreille, un tomoe rappelant l'amulette qu'il avait acheté au temple avec Konata quelques temps plus tôt.

" Désolé de vous avoir fait attendre. "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
C’est avec un certain soulagement que Hugh quitta la boutique, vêtu de vêtements qui n’avaient rien à voir avec ceux qu’il portait lorsqu’il y était entré. Le passage à la caisse fut des plus épiques, les vendeuses semblant bien s’amuser de leur petit manège. Elles passèrent plus de temps sur lui, était-ce parce qu’elle le trouvaient ridicule ? Lui en tous cas, c’était comme ça qu’il se sentait. A peine eut-il mis les pieds dehors qu’il eut l’impression que les regards s’étaient focalisés sur lui. Prosaïquement, il savait pertinemment qu’il n’en était rien et qu’il se faisait des films. Mais ces filles qui gloussaient en les regardant passer ... Elles devaient se moquer de lui, non ? Peut-être parce qu’il était fagoté d’une manière qui, il le savait, ne lui convenait pas. Trop prétentieuse. Ou parce qu’il avait piètre mine à côté de ses compères ? Etrangement, la potentialité de cette option le rassurait.

Son regard s’attarda sur la silhouette de Kantaro, puis sur celle d’Eiji. Puis de nouveau sur Kantaro, peut-être un peu trop. De véritables personnages. Mentalement, Hugh prenait note de leurs allures et de leurs postures. Kantaro et Eiji étaient deux véritables mannequins disponibles 24h/24, ou presque. Raison pour laquelle, entre autre chose, il les avait pris pour modèles dans son manga. Et chaque jour qui passait lui donnait d’autres images à se mettre sous la dent. Hugh se mit à rêvasser, imaginant quelques scènes pour son histoire, avant qu’Eiji ne s’arrête devant une étrange boutique devant laquelle il ne l’aurait jamais imaginé s’arrêter. Hugh lui jeta un regard interrogateur, avant de laisser le sportif faire à sa guise, se retrouvant un instant seul avec Kantaro.

« Je me sens mal à l’aise ici en pleine vue, j’aimerais bien que nous allions manger un morceau pour nous poser. »

Déclara t’il d’une petite voix tranquille à son égard, sur un ton de semi confidence. Hugh détourna le regard, le souvenir d'une soirée assez intime lui revenant inopinément en mémoire. Kantaro était séduisant. En fait, il était tout à fait le genre de type que l'on pouvait fantasmer, et ses airs froids derrière lesquels se révélait une personne douce et gentille le rendaient d'autant plus attirant aux yeux du blond. Ce que la situation pouvait être gênante ... Surtout dans ces vêtements. Il ne savait pas comment se tenir et gardait les bras croisés sur la poitrine, comme pour se dissimuler derrière eux.

Eiji revint assez vite, sans n’avoir visiblement rien acheté. Peut-être voulait-il juste voir quelque chose ? Cela ne ressemblait pas au comportement habituel du jeune homme. Curieux, le regard de Hugh longea le bras nu avant de s’arrêter sur la main et le petit sachet en papier. Un bijoux quelconque ? Pour lui ou à offrir ?

Sa curiosité attisée, Hugh se promit de savoir de quoi il en retournait plus tard. Mais pour le moment ...

« J’ai les crocs ! On va au Macdo ? Ca fait longtemps que je n’y suis pas allé ! »

Sans attendre l’assentiment de ses camarades, il instaura le mouvement vers le fast-food du même nom le plus proche, jetant un œil aux menus proposés, essayant de retrouver ses repères, avant de se décider.

Quelques instants plus tard, c’était un Hugh totalement dépité qui se tenait assis devant son « Maxi best of Giant » qui n’avait de Giant que le nom, les proportions japonaises du menu confrontées à celles des habituels menus américains le rendant d’autant plus minuscule.

« Mais ... On dirait une portion enfant ! Non, minipouce ! »

Il n’était pas un si gros mangeur, mais pour une fois, il était réellement ce qu’il semblait être, à savoir, un américain capable d’enfourner en toute aisance un énormissime plateau débordant de frites. Et non pas la mini portion qu’il avait actuellement devant lui.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Bien qu'à l'origine de l'idée, Kantaro supporta bien mal le passage en caisse. La séance à laquelle se livrèrent les vendeuses était loin d'être pour l'enchanter, surtout en vu du plaisir qu'elles semblaient y trouver. Le pire fut sans doute le moment où l'une d'elles se mit en tête de venir retirer l'étiquette accrochée au col Mao. Après un premier mouvement de recul instinctif dont il s'excusa vaguement, il dut serrer les dents pour ne pas bouger lorsque la jeune femme glissa sa main entre le col et son cou, pour attraper l'attache en plastique qui retenait l'étiquette. Une épreuve qu'il aurait tout bonnement esquivée en temps normal, en annonçant froidement qu'il était parfaitement capable de le faire tout seul, merci bien. Mais Hugh et Eiji se prêtaient docilement au jeu et il se voyait mal casser la bonne ambiance par une de ses habituelles remarques désagréables, voir méprisantes ou cinglantes.

Ce fut donc avec un soulagement certain qu'il se retrouva dans l'allée de la galerie marchande, accueillant la sortie du magasin comme une libération. Ils n'avaient fait que quelques mètres quand Eiji sembla pris d'un grand intérêt pour une boutique, les abandonnant sur place sans explication. Kantaro pencha légèrement la tête en observant la boutique en question, cherchant ce que le sportif avait bien pu y voir de si attrayant. Un léger sourire effleura ses lèvres lorsqu'il aperçut le présentoir couvert de boucles d'oreilles. Il complétait donc sa collection ...

Le brun se détourna de la boutique où avait disparu Eiji, pour s'intéresser à Hugh qui semblait bien mal à l'aise au milieu de l'allée. Le jeune homme l'avoua d'ailleurs en cherchant un prétexte pour se dissimuler quelque part. Etait-ce par sadisme qu'il l'avait poussé à rester habillé ainsi ? Ou pour l'inciter à prendre un peu plus confiance en lui ? Ou bien ... ou bien simplement pour le voir au moins une fois comme ça ... Son esprit bloqua un instant sur cette possibilité avant de se reprendre. Qu'est-ce qui venait encore de lui passer par la tête ?

" Cette tenue te met plus en valeur que celles que tu portes d'habitude. C'est normal qu'on te regarde plus du coup. Ca te va bien ... "

La dernière phrase avait été ajoutée un ton en dessous du reste, comme un aveu. Il ne lui avait pas encore fait de commentaire dessus d'ailleurs. C'était le bon moment là. Non ? Kimihiro eut la bonne idée de revenir au moment où il commençait à se demander si ce n'était pas de la mauvaise foi. Retour qui privait également Hugh d'un droit de réponse ...

Le jeune homme suivit le mouvement vers le fast-food sans grande conviction, plus perdu dans ses pensées qu'autre chose, la présence et la discussion de ses deux colocataires, l'empêchant tout de même de pousser trop loin ses réflexions. Le choix du menu fut rapide et ils se retrouvèrent bien vite à table, Kantaro essayant de ne pas rire face à la mine déconfite de Hugh devant son plateau.

" Ce sont les américains qui ont des portions bien trop grandes. C'est pas fait pour être un vrai repas. Plus un encas. "

Il avait dit ça sur le ton de la plaisanterie ou, du moins, essayé, et n'était absolument pas certain du résultat vu ses piètres performances habituelles. Là, il espérait juste que Hugh ne le prenne pas mal.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Sans conviction, Eiji suivit Hugh qui avait déniché le McDonald de la galerie. Il n'avait rien contre le fast-food ... enfin si : il n'y avait rien à manger dans leurs menus si ce n'était trois frites anémiques et un burger maladif. Même pas de quoi rassasier Shizuka. Et vu la tête de Hugh, l'américain n'avait apparemment pas compris qu'il en serait de même devant lui aussi. Attablé devant son petit hamburger, il semblait proche du désespoir. La voix posée de Kantaro, expliquant que ce genre de menu n'était qu'un encas, sembla le rendre encore plus malheureux. Un jour, il prendrait le temps de dire à Fugiwara que son ton pédant et assuré pouvait être vraiment gonflant. Un jour peut-être, s'ils s'entendaient vraiment bien, sur des bases autres que la survie commune d'un chiot. En attendant, Eiji était juste assez malin pour se douter que son commentaire serait mal pris.

L'adolescent regarda le gobelet de milk-shake au thé vert qu'il avait pris en solidarité avec Hugh, pour ne pas être assis à le regarder manger à la même table. La mixture d'un vert très pâle ne lui inspirait plus vraiment confiance. Il n'avait rien contre la junk-food, mais il aurait cité deux/trois trucs trempés dans de l'huile qui lui aurait fait plus envie que ce qu'il avait sous le nez. Il se demandait si c'était vraiment mieux ou pire aux USA. Inspiré Hugh. Eiji posa la main sur l'épaule de Hugh, gentiment, avant de déclarer d'une voix solennelle.

" Bienvenue au Japon Hugh. "

Sourire aux coins des lèvres, Eiji se demandait si Hugh regrettait d'être au Japon. Pour tous ces petits détails qui lui pourrissaient la vie, la difficulté qu'il avait parfois à suivre les cours - il l'avait remarqué à plusieurs reprises -, les repas qui l'écœuraient - dur de ne pas remarquer qu'il prenait son petit déjeuner en barres chocolatées, voir la moitié de ses repas -, et tout simplement cette incessante politesse japonaise. Tous ces petits détails de la vie que Hugh semblait comprendre et connaître mais qui l'agaçait. Il avait un franc parler qu'il n'entendait pas taire et qui gênait bien souvent. Pour tout ceci, bien plus que ses cheveux blonds, il restait un gaijin.
Eiji agita la paille quelques instants dans son milk-shake et osa goûter. Une espèce de goût neutre avec une pointe de thé vert dans une texture granuleuse. Bof bof.

Le sportif fut sur le point de lancer l'idée de faire un vrai restaurant après ça, histoire de manger après s'être ouvert l'appétit, avant de se rendre compte que, si Hugh était arrivé au fast-food, c'est parce qu'il n'avait pas forcément envie de manger de la nourriture japonaise comme tous les jours au lycée. Le kendoka observa quelques instants le métis, avant de finalement poser la question qui lui tournait dans la tête - apparemment, Hugh avait un mauvais effet sur lui concernant cette manie à être odieusement curieux de la vie des autres.

" Tu ne regrettes pas d'avoir quitter les USA ? "

S'expatrier ... Il n'aurait pas été capable de quitter le Japon ainsi. Sauf que lui n'avait que cette culture à son actif, et n'avait pas été élevé dans les deux. Pour Hugh, connaître et vivre dans les deux devait être presque aussi logique que parler les deux langues.

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Quelque part, Hugh avait été bien soulagé du retour d’Eiji après les propos de Kantaro. Il ne parvenait pas à démêler s’il se fichait de lui ou pas en tenant ce genre de propos. Dans tous les cas, c’était extrêmement gênant. Il ne savait pas pourquoi, mais les choses avaient toujours tendance à déraper de manière étrangement intime avec le jeune homme. Hugh vida sa dosette de ketchup à coté de ses frites, les y trempant sans trop de conviction. A peine de quoi caller la dent creuse. Il posa ses lèvres sur la paille, aspirant une bonne gorgée de coca tandis que Kantaro se fendait de son commentaire explicatif. Hugh eut un sourire torve tout en gardant sa paille entre ses lèvres, incertain de la manière dont il devait prendre ce commentaire. Il aspira de nouveau dans un bruit de bulle, avant de redresser la tête.

« Aux states, c’est fait pour être un repas ! »

Il ne cherchait pas spécialement à contredire ou à avoir raison. La situation semblait l’amuser au final, même s’il était tout de même déçu de l’apparence de son menu. Il posa sa main sur son poing replié face au commentaire narquois d’Eiji. La main du brun posée sur son épaule, il ferma les yeux, aspirant son coca avec un air stoïque face à la situation. La question lui fit rouvrir les yeux d’un air surpris, avant qu’il ne relève la tête, la paille sortie du gobelet toujours coincée entre ses lèvres, alors qu’il s’amusait à la faire tourner comme il l’eut fait d’un cure dent.

Venant d’Eiji, la question était relativement surprenante. Il n’était pas trop du genre à fouiner dans la vie des autres. S’il demandait, c’est qu’il s’intéressait réellement. Hugh était flatté de cette marque d’intérêt. Il était surprenant et agréable de constater, jour à jour, qu’Eiji était en vérité un gentil garçon. Les choses avaient justes mal commencés.

« Non, je suis content de vous avoir rencontré. »

Répondit le blond en toute simplicité, adressant un franc sourire à ses colocataires. Sans laisser le temps à un silence gêné de s’installer, il renchérît immédiatement, l’air rieur :

« Vous êtes de super modèles pour mon manga sur le sport ! C’est très pratique ! »

Il rit, récupérant sa paille entre deux doigts, avant de la mâchonner d’un air distrait. Eux ou d’autres, est-ce que cela aurait fait une différence ? Hugh était principalement heureux d’avoir des personnes à fréquenter. Mais avec le temps qui passait, leurs particularités et leur unicité pesaient dans la balance, pour l’un comme pour l’autre. C’était un peu étrange, voir dérangeant, en fait ... Son regard coula sur les personnes faisant la queue avec un certain calme, tandis que derrière les comptoirs, les serveuses s’agitaient tout autant que des serveuses américaines.

« Le plus gros changement ... ce n’est peut-être pas la culture. J’étais toujours tout seul avant. »

Se rendant compte qu’il devait être un peu trop mélo voir ennuyeux pour ses compagnons, il se redressa, affichant un grand sourire.

« Ah, sorry, je suis relou. »

Il contempla son hamburger, avant de se décider à croquer dedans, l’amputant de moitié. Pauvre pays.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
A voir la réaction de ses deux colocataires, Kantaro pouvait aisément conclure qu'il s'était une fois de plus lamentablement planté dans sa tentative d'humour, et ce n'était même pas passé comme une phrase à prendre au second degré ... Peut-être devrait-il tout simplement laisser tomber. Parler légèrement, plaisanter, ne pas réfléchir, se lâcher en somme ... les bases de la camaraderie ... Ca semblait si facile en les regardant. Mais tout ça n'était visiblement pas dans ses capacités. Trop sérieux et rigide, sans doute.
Froid et distant aussi ... ou surtout ... Ce rempart qu'il avait dressé entre lui et les autres, s'il était censé le protéger à la base, s'avérait également le priver d'ouvertures. S'il n'en avait ressenti aucun inconvénient jusqu'à présent, en compagnie de Hugh et Eiji il avait envie d'être plus ... "normal" ... Mais le mur s'avérait aussi difficile à franchir d'un côté que de l'autre.

La tête penchée au-dessus du cornet de frites qu'il avait pris histoire de grignoter, Kantaro n'était guère attentif à ce qui se passait autour de la table. Au final, il devait être quelqu'un d'assez ennuyeux. Pas le genre de type avec qui on avait envie de passer du temps. Peut-être devrait-il rentrer et les laisser s'amuser et discuter. Ils seraient certainement plus à l'aise sans lui. Quitte à paraître grossier, ce serait mieux ...

Mordant sans grande conviction dans une frite, le jeune homme reporta son attention sur ses colocataires, bien décidé à attendre la fin de la discussion pour leur annoncer qu'il rentrait. Hugh venait de tourner le visage vers les files d'attentes, lui laissant le temps de reprendre le fil de la conversation qu'il avait enregistrée dans un coin de son cerveau, en arrière plan. Eiji s'était enquis du ressenti de l'américain sur sa venue au Japon. Ce à quoi le blond s'appliquait à répondre avec franchise, comme toujours. C'était sans aucun doute sa plus grande qualité, une des choses qu'il appréciait le plus chez lui.

Les paroles de Hugh mirent un moment à prendre un sens dans son esprit encore embrumé par ses propres pensées. Son bras retomba lentement, la moitié de frite entre ses doigts allant rejoindre le reste du paquet quasiment intact. Qu'est-ce qui lui avait pris de penser à partir alors que Hugh parlait de ne plus être seul ? Ce changement devait être difficile et lui était là à ruminer sur ses faibles capacités sociales. S'il y avait quelqu'un de "relou" ici, c'était bien lui.

" Pas du tout ... "

Kantaro s'interrompit, sentant qu'il allait le regretter en poursuivant plus loin. Avec un demi-sourire, il regarda le blond mordre dans ce qu'il devait considérer comme un hamburger miniature. Toute idée de les laisser venait de s'envoler. Tous les deux avaient l'air de passer un bon moment. Même s'il n'était pas la compagnie la plus agréable qui soit, son départ jetterait un froid, et ce serait pire que s'il restait. Et n'avait-il pas forcé la main à Hugh pour qu'il se change un peu plus tôt. Lui-même pouvait bien faire un effort.

" Je vais faire un tour aux toilettes. Vous décidez du programme pour la suite pendant ce temps ? "

Kantaro se leva sans attendre la réponse et prit la direction des sanitaires du fast-food. Il resta un moment à observer son reflet dans le miroir, avant d'ouvrir le robinet d'eau glacée et de s'en asperger le visage.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Eiji esquissa une grimace au grincement qui marqua la sortie de la paille de sa gangue de plastique, esquivant au passage quelques gouttes de soda que parsemait maintenant Hugh sans s'en apercevoir. Les manières si naturelles du blond faisaient parfois - souvent ? - rappeler celle d'un gamin de 5 ans aux manières pas tout à fait bien finies. Certes, de la part de quelqu'un qui considérait un menu Mc Do comme un vrai repas, il fallait bien s'attendre à tout, et de toute façon, Eiji finissait par s'attendre à ce genre de comportement avec Hugh.

La réponse surprit l'adolescent, qui resta un long moment à observer l'américain. Il devait avouer qu'il ne s'était pas attendu à ce genre de commentaire, pas quand leur première rencontre s'était achevée par une série de bleus pour l'américain, et que leur relation à tous trois avait changé de tournure après une virée à l'hôpital. Leur relation était originale, à tout le moins, et mouvementée. L'adolescent ne pouvait pas le renier. Ca changeait de la bonne camaraderie issue du fait d'être confinés ensemble dans une salle de classe pendant 8 heures. Sa deuxième justification donnait un autre éclairage sur Hugh - au final, sa manière de faire des commentaires trop directs ne devait pas venir que de ses origines américaines, mais bien un peu aussi de l'habitude d'être seul. Être arrivé à Hamura devait avoir changer bien des choses pour lui ... Eiji esquissa un sourire en retour.

" Je le savais. T'es maso. Et est-ce qu'on pourra un jour s'admirer sous ta plume ou est-ce que ça va rester un dossier ultra privé ultra confidentiel ? "

De la même manière que Hugh avait été gêné, Eiji restait un garçon, pas tellement prompt à parler de ses émotions ou à faire des déclarations d'amitié. Au final, parler des dessins de Hugh était en gros l'équivalent d'un "oui, j'ai compris, et suis d'accord" sans devoir l'exprimer franchement. Fichu fierté masculine et discrétion à outrance.
Le jeune homme ne l'aurait probablement jamais exprimé, et surtout pas aussi franchement, mais la compagnie des deux autres étaient intéressantes, loin des amitiés forgées en salle de classe ou dans le dojo entre passionnés de sport. C'était encore des catégories bien différentes, surtout la dernière. Les liens forgés sur des passions communes étaient à la fois intenses et plus distantes : sorti du kendo, ils n'avaient souvent plus tellement d'intérêts communs. Eiji avait souvent jugé cela bien suffisant, vu le temps qu'il pouvait passer dans ses entraînements.

A ses côtés, Kantaro, silencieux depuis quelques minutes, se leva d'un coup. Eiji observa sa fuite en silence, se demandant ce qu'il se passait dans la tête de l'intello fermé. Bien des choses qu'il ne pensait pas vouloir savoir en fait ... Son sourire s'agrandit légèrement et son attention en revint à Hugh.

"Tu crois que ta déclaration a tellement perturbé Kantaro qu'il a besoin d'aller se repoudrer aux toilettes ? "

Plaisanter doucement, ne surtout pas s'approcher de trop près, voir sérieusement d'un certain sujet qui le mettait mal à l'aise, il pouvait le faire. Surtout quand ça ne le concernait pas lui-même mais les autres autour de lui. De toute façon, rire d'un sujet était sûrement le meilleur moyen de ne pas l'aborder.
Il reposa son milk-shake, cessant de jouer avec - même si cela ne s'apparentait même pas à jouer avec de la nourriture.

" On pourrait peut-être aller manger après ça ... je veux dire, vraiment manger ? Un curry, ou des ramens ... après avoir satisfait ton côté américain, on pourrait penser à ton côté nippon, non ? "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh tourna légèrement la tête à la légère dénégation de Kantaro, mais celui-ci ne semblait pas décidé à parler plus, et lui même croqua avec une passion mitigée dans son petit hamburger. Eiji reprit la parole, un petit sourire moqueur au coin des lèvres.

« Je crois qu’il vaut mieux pour toi que tu ne les vois pas, ces dessins … »

Répondit-il sur le même ton, un peu narquois. Le pire était que c’était là l’extrême vérité. Si Eiji tombait sur les dessins des personnages qu’il avait créés à partir d’eux, il y avait de fortes chances pour qu’il en ressorte extrêmement contrit. Hugh tendit la main vers les frites de Kantaro, et voyant qu’il ne réagissait pas, se servit. Le jeune homme se leva alors assez rapidement, les plantant là pour un instant. Hugh plissa les yeux en le regardant partir, songeur. Il commençait à suffisamment connaître le jeune homme pour deviner que cette manière de s’éclipser n’était qu’une manière comme une autre d’aller se retrouver seul avec lui-même un instant, pour faire le point. Il avait l’air de fonctionner comme ça.

Il en revint à Eiji, qui plaisantait sur le départ de Kantaro. Répondre franchement ou pas ? Pourquoi pas : nouvel essais :

« Ne confond pas tout Eiji, tout le monde n’est pas aussi calé que toi au niveau des soins du visage. »

Le blond n’avait jamais osé se fendre d’un commentaire gentiment moqueur face à la trousse de toilette d’Eiji que n’aurait pas renié une fille, mais son regard avait souvent parlé de lui même. Il finit de gober son maigre casse dalle, sentant encore la faim gronder au fond de son estomac. Mais quel intérêt de venir là ... Pragmatique, Eiji proposait un restaurant, plus adapté certainement. Hugh hocha la tête, un peu contrit.

« A moins de dévorer cinq menus, ce n’est pas ici qu’on peut trouver son compte, c’est clair ... Choisi, n'importe quoi m'ira. »

Il jeta un œil vers la porte des toilettes, dont Kantaro n’était pas encore revenu.

« Tu crois que j’ai dit quelque chose qui l’a vexé ? »

Malgré ses certitudes et les évidences, il ne pouvait pas empêcher un certain doute de s’immiscer en lui. Plus particulièrement quand ce genre de doutes concernait une personne envers qui il éprouvait une certaine attirance. Et qui était là, prêt à l’écouter et à jouer les attentifs confidents ? Bingo Eiji !

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Eiji regarda un petit moment Hugh par en dessous, comme pour évaluer la façon dont il devait prendre les choses. L'américain aurait-il déjà observé Eiji, il aurait pu constater que ce regard, entre pensif et sérieux, ressemblait de près à celui qu'il pouvait arborer quand il regardait un duel en kendo et anticipait le combat avec l'un des adversaires. L'esprit du jeune homme accéda enfin à une conclusion qui se solda par un bref mouvement de tête associé à un soupir.

" Toi ... "

Il voulait dire bien des choses ce seul pronom, tout à la fois agacé et amusé. Seule la bonne ambiance établie dans le groupe depuis le début d'après-midi avait fini par convaincre l'esprit du jeune homme qu'il fallait mieux prendre Hugh comme il se comportait, et ne pas relever chaque perche qu'il envoyait en travers de son chemin. Si même son poing en travers de son minois n'avait pas suffit à faire s'arrêter les remarques, il fallait mieux s'en arrêter là.
Enfin cette manière de penser était apparemment valable pour Eiji seul, pas pour Hugh, qui atteignait le fond et continuait de creuser. Creuserait-il sa tombe de la même manière, aussi volontaire et têtue ?

" Comme ça au moins je n'ai pas à pleurer que je n'ai plus de shampoing parce que maman a oublié de m'en envoyer un flacon. "

Rappel d'un désastreux matin, où un Hugh emmitouflé dans sa serviette, à moitié trempé, était venu quémander à ses compagnons de chambrée du shampoing. Après explications, il s'était avéré que le jeune homme ne s'occupait effectivement pas du tout de ce genre de petits détails qu'étaient les produits de toilettes, mais que sa mère lui en envoyait ... qui venaient apparemment des USA. Si lui ne faisait pas attention aux détails, sa mère le faisait pour lui apparemment ...
Au moins Eiji avait le plaisir de choisir ses produits, parfaitement adaptés, histoire de ne pas ressembler à un ours des cavernes. Et puis tant qu'à se doucher une à deux fois par jour selon ses entraînements, autant prendre des produits dont l'odeur lui plaisait et qui ne lui desséchaient pas la peau, et il n'avait aucune envie de s'en justifier auprès du blondinet !

Eiji jeta à son tour un oeil vers les toilettes où avait disparu Kantaro, beaucoup moins ému par l'absence de l'autre garçon que ne l'était Hugh. Tiens, il s'inquiétait vraiment de l'effet que ses remarques pouvaient avoir au final ? Ah ces américains à réfléchir seulement après avoir ouvert la bouche ... Mais dans ce cas là, il n'avait pas vraiment l'impression que les choses venaient de Hugh. Enfin pas seulement. En repassant dans sa tête ce qui s'était passé dans l'après-midi, ce qu'il connaissait déjà de Fugiwara ... Le sportif se mordilla les lèvres. Il n'était pas psychologue. Il n'était même pas si bon que ça avec les autres, pour les rassurer ou autre. Certes, il était facilement sociable, mais pas vraiment celui qu'on prenait comme confident, un peu trop direct pour avoir les mots rassurants que tout le monde semblait attendre.

" Je pense plutôt qu'il est comme toi. Qu'il n'a pas tellement l'habitude de passer du temps avec les autres. "

De son point de vue, une personne qui passait autant de temps dans les livres que Kantaro était forcément de ce type, un peu solitaire et vite dérangée par les autres. C'était bien sa veine : il était tombé dans une chambre d'associables.

" Pour le resto, on n'a qu'à prendre le premier qui passe et qui a l'air sympa. "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh se contenta d’un sourire entendu et de quelques frites de Kantaro enfournées à la mention de l’anecdote, peu gêné par la situation. Il était heureux de voir qu’Eiji daignait répondre sur le même ton à ses allusions, et non plus à les prendre au pied de la lettre. Certes, il faudrait tout de même éviter de trop pousser, mais Hugh avait du mal avec les concessions et tout ce qui se rapprochait de prêt ou de loin d’une forme de retenue, exception faite de sa manière d’occuper l’espace : le jeune homme était la plupart du temps discret, peu enclin à se faire remarquer, et ces vêtements qu’il avait momentanément oublié commençaient à le gêner.

Hugh eut un bref instant de flottement. Il avait prévu de se tacher accidentellement, pour avoir ainsi prétexte à revenir à ses vêtements habituels, mais une sorte de remord l’étreignait à présent, ainsi que l’absence du hamburger destiné à cela. Hugh finit de dévorer le cornet abandonné de Kantaro. Tant pis, il n’avait pas eu l’air de l’apprécier. Il tourna à moitié la tête vers son interlocuteur à sa déduction.

« A se demander ce que tu fiches avec nous. »

Sourit-il, amusé. En public, il parvenait sans difficulté à se glisser dans un rôle de boute-en-train. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Il était en vérité quelqu’un de paisible et solitaire, un peu décalé sur de nombreux aspects, semblable à Kantaro pour ce coté là, même si en lieu et place de livres, c’était plus des mangas et des comics qu’il dévorait. L’emploi du « nous » le troubla un instant, tant il était venu naturellement. Pourtant, il s’associait rarement à quelqu’un. Mais il était vrai que leurs points communs ne manquaient pas.

Hugh finit son coca dans un glougloutement peu élégant, tirant sur les dernières gouttes de son breuvage, et s’essuya les doigts sur la minuscule serviette de papier. Même les serviettes étaient réduites ici !

« Eiji, quand tu n’es pas avec nous, tu traînes avec qui en fait ? »

Demanda t’il alors, curieux, son cerveau ayant suivit un cheminement très logique, dont il n’offrait que la conclusion à Eiji. Mais heureusement, il n’était pas parti trop loin dans ses réflexions, et le brun parviendrait sans mal à joindre les deux bouts, du moins l’espérait-il.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Eiji sourit à la question. Ni ironique, ni moqueur, le sourire plein de soleil de gentil garçon qui avait tendance à faire tourner la tête des filles. Oui, il n'était pas renfermé ou peu sociable comme ses deux condisciples. Mais trois personnes hyper renfermées entre elles vous imaginez ? Ça aurait été sûrement invivable et vite fini, chacun rentrant vite fait dans son terrier après une rapide séquence de socialisation un peu trop dure à supporter. Si le jeune homme pouvait comprendre ce que c'était de ne pas supporter quelqu'un, ne pas supporter les autres en général, être timide au point de fuir et d'éviter les contacts ... c'était une idée un peu plus étrange.

" Je suis là pour vous montrer un exemple de normalité. "

Si l'on pouvait trouver normal un adolescent qui faisait souvent trois ou quatre heures de sport par jour, si ce n'est plus, qui faisait la guerre à ses parents, et frappait tous ceux qui tentaient de le contrarier sur un ou deux sujets sensibles. Normal dans l'ensemble, en gros. En tous cas un peu plus que les deux autres garçons avec qui il partageait une chambre, de son point de vue. Il était sûr qu'il n'aurait eu d'affinités avec aucun des deux si le destin n'avait voulu les placer ensemble. Encore que Hugh, dans sa classe, pourquoi pas. Mais Fugiwara, à l'allure austère et au comportement froid ... certainement pas.

Le glougloutement disgracieux de Hugh lui rappela une autre personne adepte de junk-food, capable de l'engloutir tout aussi vite malgré une taille plus que menue, et surtout avec autant d'élégance d'une hyène déchiquetant un cadavre. Quelle étrange comparaison pour une jeune fille aussi mignonne que Konata. Ma foi, elle n'était pas là.
Bizarrement, la question de Hugh tomba au moment où ses pensées voguaient vers la jeune fille. Étrange croisement au milieu du Mc Donald de réflexions pourtant bien différentes.

" Essentiellement avec quelques uns qui font du sport avec moi. Akiyama-chan en particulier. "

En lieu et place de sport, entendre Kendo. Il courrait quasiment toujours seul - sauf la malheureuse fois avec Kantaro - préférant gérer son rythme comme il le souhaitait. Et parce qu'il n'y avait pas grand monde pour courir à ses heures et à son rythme. Les kendokas pour s'entraîner avec lui étaient déjà un peu plus nombreux, même si leur nombre restait une misère. Mais le souci ne se posait plus depuis qu'il s'entraînait avec Konata. Un sourire plus songeur, et plus tendre apparut sur les lèvres du jeune homme alors qu'il songeait à sa petite compagne d'entraînement et à son caractère explosif. Il avait hâte de la revoir.

De la porte du fond, une silhouette au visage austère émergea enfin, Eiji tourna la tête vers lui, lui adressant un sourire amusé. Son regard glissa sur Hugh.

" Recoiffé au moins. " chuchota-t-il au blond tandis que l'autre garçon revenait jusqu'à eux.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
S'il y avait quelque chose que Kantaro n'aimait pas, c'était de ne pas réussir à comprendre. Et là, ce qu'il ne comprenait pas, c'était lui-même et le tour étrange que prenaient ses pensées. C'était probablement ce qu'il y avait de plus agaçant, et ce n'était franchement pas le jour pour ça ... Devoir s'enfuir - il n'y avait pas d'autre mot - dans les toilettes pour pouvoir remettre de l'ordre dans ses pensées était vexant, et certainement peu agréable du point de vue de ses compagnons de sortie.

Le jeune homme s'aspergea le visage d'eau fraîche pour mettre fin à la longue série de questions qui s'accumulaient dans sa tête. Quelque soit le coté par lequel il regardait, tout revenait toujours à Hugh. C'était la première fois qu'il était aussi proche de quelqu'un, la seule personne sur laquelle il osait poser le nom d'ami ... Et il avait vraiment du mal à gérer ... Il passait un temps fou à chercher où étaient les limites, ce qui était normal ou non ... Kantaro avait le perpétuel sentiment d'être en terrain inconnu, dans le noir, à tâtonner pour essayer de retrouver son chemin. C'était à la fois inquiétant et grisant. Dans ces conditions, il était peut-être normal que le blond occupe tellement ses pensées ... peut-être ...
Kantaro soupira, observant à nouveau son reflet dans le miroir. Ca n'avançait à rien d'y réfléchir maintenant. Il n'avait pas le temps et n'était pas dans les bonnes conditions. Cette nuit ... La nuit était toujours un moment plus adéquat pour réfléchir.

Après un dernier passage sous l'eau froide, Kantaro s'essuya le visage et passa les doigts dans ses cheveux, histoire d'être plus présentable et de se redonner un semblant de contenance. Ceci fait, il prit une profonde inspiration et rejoignit ses colocataires, leur accordant un sourire aussi détendu que possible en leur demandant la suite du programme. Un restaurant traditionnel, rien de mieux pour que chacun trouve son bonheur. Il suffirait de lire la carte avant d'entrer pour être sûr de contenter tout le monde.

Une heure plus tard, les trois garçons pénétraient dans un karaoké. Eiji avait lancé l'idée vers la fin du repas, et devant l'enthousiasme de Hugh, Kantaro s'était contenté d'acquiescer, gardant son peu de motivation pour lui. Peut-être qu'en compagnie de personnes qu'il appréciait, le passage au karaoké ne serait pas une épreuve de patience comme ça avait été le cas les rares fois où des camarades de classe avaient réussi à l'y traîner.

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Etait-ce seulement une impression ? Kantaro lui semblait plus renfermé, plus taciturne depuis leur passage au macdonald. Certes, le jeune homme n’était pas réputé pour être des plus expansifs, mais tout de même : Hugh avait un sentiment diffus à son égard, comme si celui-ci se forçait à faire bonne mine alors que quelque chose le gênait. Avait-il dit ou fait quelque chose de mal ? Hugh avait bien vite repoussé ces interrogations au fond de son esprit. Il était plus habitué à faire bonne mine qu’à se morfondre. Pour ça, il verrait plus tard.

Ils avaient quitté le service de junk-food pour un restaurant de ramen, plus au goût des deux autres, et plus consistant. Et, Hugh devait l’avouer, plus proche de ses goûts également. De toute façon, il s’était mentalement privé de junk-food pour le restant de son séjour ici, ça n’en valait pas la peine ! Son séjour ici ... Un court instant, ses pensées avaient dérivées vers sa mère. Il ne savait pas où il passerait son été. Mais ça aussi, c’était quelque chose qu’il avait préféré pousser de coté, pour y réfléchir plus en avant plus tard. Et en cet instant, il avait quelque chose de plus important sur lequel se concentrer, comme ses nouilles trop chaudes ou lancer quelques piques à propos de Shizuka dont Eiji et Kantaro s’étaient mis à parler pour un bref instant, s’inquiétant que l’animal soit sage et ne s’ennuie pas trop en leur absence.

Leurs nouilles avalées et le ventre plein, Eiji avait proposé avec naturel d’aller finir la soirée dans un karaoké. Le blond en avait eu les yeux qui pétillaient. Il n’avait que rarement eut l’occasion d’y aller, les fois précédentes ayant toujours été avec ses cousins, et plus rarement depuis qu’ils allaient moins en ville. Il en gardait un bon souvenir, et appréciait également l’intimité que ces lieux offraient. La soirée avait eu beau s’écouler, rien n’y faisait, ces vêtements le gênaient et lui donnaient l’impression que tous les regards étaient portés sur lui. Ce qui était déjà assez souvent le cas à cause de ses cheveux blonds, mais là ... Il avait l’impression de n’avoir aucun endroit ou se cacher, et les statures fines et élancées de ses compagnons ne formaient pas de rempart suffisamment forts pour le cacher au regard des autres.

Le karaoké avait été choisi et la salle louée en vitesse, et ils s’étaient retrouvés bien vite dans une pièce petite mais propre, comportant des banquettes relativement confortables, des cahiers pour choisir les chansons, et un écran sur lequel les clips s’affichaient. Bien vite, la musique retentit dans la pièce.

––––––––––––––––––––––––––––

Le jeune homme se rassit après une remarquable performance sur « Pegasus Fantasy » chantée avec passion. Si son accent américain transperçait parfois quand il parlait en japonais, sur ce genre de chanson, on n’aurait pu deviner qu’il n’était qu’à moitié japonais : l’otaku l’emportait avec brio sur le gaijin, et même si ce n’était pas le coté le plus brillant du japonais en lui, il en était d’une certaine manière réconforté, se sentant plus à sa place. Et puis, il les aimait aussi les karaokés japonais pour ça : on osait plus, on était plus à l’aise - mais n’était-ce pas souvent grâce aux distributeurs de boissons alcoolisées laissées à portée ? Il n’en avait pas bu énormément pourtant, juste un peu de cette boisson sucrée et fruitée - et on pouvait sans gêne chanter tout et n’importe quoi, et surtout n’importe quoi. Même si lui même n’aurait jamais défini cette chanson comme « n’importe quoi » mais plutôt comme un hymne !

La gorge rendue sèche par le chant, Hugh but sans trop y penser une nouvelle gorgée de sa canette qu’il s’étonna de trouver vide, prenant alors celle de Kantaro dont il but une lampée.

« Tu m’en veux pas ? »

Sourit-il en guise d’excuse au jeune homme assis sur le canapé, avant de feuilleter de nouveau le cahier qu’il peinait à lâcher, il fallait l’avouer.

« Ho ! Cutey Honey ! Chante la avec moi Eiji ! »

Sans lui laisser le temps d’acquiescer ou de refuser, Hugh avait lancé la chanson, se relevant pour se laisser tomber à coté d’Eiji et lui passer un bras autour de l’épaule, commençant à chanter avec enthousiasme tandis que Cutey Honey commençait à se dandiner sur l’écran.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Vautré sans grâce aucune sur la banquette du salon de karaoké, Eiji regardait Hugh s'égosiller, sourire narquois aux lèvres : la voix du jeune homme semblait inversement proportionnelle à son enthousiasme et à sa connaissance des paroles des chansons d'otaku qu'il imposait avec le sourire. Quand il avait proposé le karaoké, Eiji s'était attendu à une réponse mitigée. Ca avait été le cas de la part de Kantaro, qui avait presque semblé scandalisé à l'idée de devoir chanter, mais pas de Hugh : le métis avait été plus enthousiaste que jamais, égrenant déjà la liste de chansons qu'il allait mettre. Au final, Eiji le laissait choisir la playlist avec bonne humeur : japonais digne de ce nom, il connaissait quand même ses classiques.

Eiji applaudit quand s'estompèrent les dernières notes du vieux générique clamé avec passion par Hugh, accueillant avec une franche camaraderie le petit blond qui se laissa tomber à côté de lui, micros à la main. Les premières mesures de la musique suivantes se firent entendre alors que Hugh lui donnait le micro. Eiji manqua d'éclater de rire, mais se tortilla pour échapper à l'emprise du petit blond et ainsi se lever, tendant - jetant presque son micro à Kantaro, silencieux à côté d'eux. Le brun semblait avoir un peu de mal à se laisser aller au jeu. Pas la peine de s'inquiéter pourtant : ils étaient tous les trois aussi ridicules les uns que les autres.

" Naaaaannn je vais plutôt aller nous chercher quelque chose à boire au bar, par contre Kantaro va se faire un plaisir de t'accompagner ! "

Avec un sourire étincelant de paillettes qui lui aurait valu des regards jaloux de dessinatrices shojoïstes, Eiji échappa au danger imminent, hilare, pour revenir quelques minutes plus tard dans la cohue des Onegaii lancés par l'américain avec ferveur. Difficile de garder son sérieux dans ces conditions. Le jeune homme poussa la porte du pied, portant avec délicatesse un plateau contenant trois verres et plusieurs bouteilles. S'ils continuaient à s'égosiller, ils allaient avoir besoin de beaucoup boire. Kirin, saké et thé glacé se côtoyaient sur le plateau, le garçon ayant préféré voir large selon les préférences de chacun. Vu la première bière descendue par Hugh, celui-ci ne carburait pas qu'au coca.

Le jeune homme se servit un demi-verre de saké. L'alcool doux perdait un peu de son intérêt sans le service adapté et tout le rituel autour mais pour le moment, Eiji était plus intéressé par la boisson en elle-même, et la soirée tout autour, que par une quelconque tradition.
Sur un moment d'inattention de Hugh, concentré à essayer de faire monter sa voix aussi haut que celle de la chanteuse - et échouant assez lamentablement - Eiji parvint à attraper la télécommande et à la brandir avec un air de vainqueur.

" Aléatoire pour la prochaine ! "

Quand les premières notes de Otome no Inori retentirent, le kendoka hésita entre pleurer et fuir, avant de choisir la seule et unique possibilité : chanter avec Hugh.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La musique résonnait dans le petit salon du karaoké occupé par les trois garçons. L'enthousiasme de Hugh ne s'était pas tari, et semblait même aller crescendo au fur et à mesure que défilaient les chansons et les voix tirant vers le haut. Eiji, quant à lui, semblait tout à fait à son aise, riant et applaudissant les performances du blond, et chantant également avec un plaisir non dissimulé.

Assis sur le canapé, Kantaro observait ses deux colocataires. Malgré le peu d'enthousiasme qu'il avait pour le karaoké, il devait avouer qu'il ne s'ennuyait pas. Les rares fois où il y était allé, contraint et forcé, il avait passé les soirées dans son coin, à réviser mentalement ses cours ou à repenser à ses dernières lectures. En bref, il s'était patiemment occupé en attendant que la mascarade se termine. Mais cette fois, les choses étaient différentes et il passait en fait un moment agréable à les écouter chanter - plus ou moins juste mais avec enthousiasme - sur les musiques d'otaku sélectionnées par Hugh.

Le jeune homme esquissa un sourire lorsque Hugh se saisit de sa canette. L'alcool n'était pas vraiment son truc et il s'était arrêté à la deuxième gorgée sans intention de la finir. Il se voyait mal lui refuser. Et puis ... voir le blond porter la canette à ses lèvres lui rappela un bref instant leur première rencontre ... et une histoire de baiser indirect.

" Vas-y. Tu peux même la finir si tu veux. "

Les premières notes de la nouvelle chanson résonnaient déjà et Eiji s'esquiva en lui balançant le micro dans les mains, avant de disparaître du petit salon. Kantaro observa l'objet un instant, comme incertain de ce qu'il devait en faire, ce qui n'était pas loin d'être le cas d'ailleurs. S'il y avait bien une chose que ses camarades de classe n'avaient jamais réussi à faire, c'était bien de le faire chanter. Se laisser traîner au karaoké était une chose, participer en était une autre. Ce n'était pas une question de honte ou de chanter juste - à vrai dire, il ignorait totalement s'il chantait faux ou pas -, c'était plus un problème de blocage. Il avait cessé d'essayer le jour où il avait voulu faire entendre, à la maison, la dernière chanson apprise à l'école maternelle ...

Hugh avait déjà commencé à chanter, totalement dans son trip et visiblement peu soucieux de savoir qui chantait - ou non - avec lui. Ca semblait si simple et si naturel pour lui ... Prenant une profonde inspiration, Kantaro porta le micro à ses lèvres. D'abord hésitant, il finit par se lancer. Au final, il ne chantait pas faux, mais le résultat était peu concluant : trop rigide, sa voix était totalement absente d'émotion. Il ne put retenir une petite moue dépitée en regardant Hugh lorsque le silence revint.

" Désolé ... "

Pourquoi est-ce qu'il s'excusait au fait ?

Le retour d'Eiji fut salvateur et il lui rendit le micro avec soulagement. Hugh était déjà reparti dans un solo d'un nouveau titre, inlassable. Ses tentatives pour monter dans les mêmes aigus que la chanteuse valurent un petit sourire amusé sur les lèvres de Kantaro, tandis qu'il sirotait le thé glacé beaucoup plus à son goût que la kirin.

La prise de contrôle de la télécommande par le sportif s'avéra des plus comiques, en vue du résultat peu concluant obtenu. Entre les premières notes de la chanson dans Slayers et la tête d'Eiji, Kantaro eut toutes les peines du monde à ne pas éclater de rire. Exercice qui s'avéra totalement vain au fil de la mélodie et des deux voix masculines qui tentaient de s'accorder à la chanson. Le fou rire fut inévitable, et plus il essayait de se reprendre et pire c'était.

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh était à l’aise. C’était tellement plus facile de reprendre ce rôle de bon vivant au pelage brillant d’américain bruyant que de chercher quel comportement adopter selon la situation, et de se demander s’il était trop sincère ou pas assez. Et puis le karaoké, il trouvait ça vraiment marrant, et ne faisait pas semblant de s’amuser.

Eiji s’esquiva lors de l’arrivée de Cutey Honey passant le relais à Kantaro. Le regard de Hugh se coula un instant vers lui, avant de l’esquiver aussi sec. C’était un peu trop gênant de croiser son regard, en cet instant, alors qu’ils étaient seuls dans la pièce et que Hugh se sentait partiellement désinhibé, laissant ses idées voguer un peu trop à leur aise. La chanson commença, et Hugh se lança avec passion dans ce chant, bientôt rejoint par la voix timide et rigide de Kantaro qui énonçait les « onegaiii » avec une application toute scolaire qui faisait à chaque fois monter d’un cran l’hilarité de Hugh, sa voix tremblant et montant désespérément dans les aigus. Eiji revint alors, se saisissant de la télécommande pour passer la liste en aléatoire.

Hugh se tourna vers Kantaro, comme percutant à retardement ses paroles.

« Pourquoi désolé ? Je n’ai jamais entendu Cutey Honey chanté de cette manière, on aurait dit une maîtresse, SM, c’était génial, ah ah ! »

Le blond se frotta les yeux d’un revers de main vif, les joues rougies par la chaleur et l’alcool. Il tourna la tête vers l’écran aux premières mesures, reconnaissant immédiatement Otome No Inori, dont, en bon otaku, il sut mimer les premiers gestes sans cesser de chanter, se positionnant dos à dos avec Eiji. Il rata quelques mesures, le temps de boire une longue gorgée d’alcool, et s’arrêta avant la fin de la chanson, le souffle court et le regard un peu brumeux, tandis que la tête lui tournait et que son cœur battait un peu trop fort à son goût dans sa poitrine.

Il s’affala sans grâce sur la banquette, cachant son visage de son bras replié tandis que son tee-shirt remontait à moitié sur son ventre. Encore une chose dont il n’avait pas l’habitude, habituellement, avec des frusques quatre fois trop larges, on peu s’affaler sans soucis. Mais à la vérité, il n’y pensait pas trop en cet instant.

« Puf, puf, ah ... I can’t ... »

Son rire était un peu faiblard, entrecoupé d'halètements, mais bien présent. De son visage, seules ses lèvres étaient visibles, souriantes et apparemment amusées de la situation, alors que l’inquiétude sourdait au fond de sa tête. Mais bon : rester calme, reprendre son souffle, et attendre que ça arrête de tourner. Et surtout, ne rien en montrer aux autres. Il n’avait pas envie d’inquiéter Kantaro ou de pourrir la soirée par un fichu malaise. Le temps d’une chanson, et il serait forcement sur pied.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le rire de Kantaro avait donné un côté encore plus surréaliste à la chanson massacrée par les deux adolescents. Sur le coup, Eiji était tout à fait d'accord pour dire qu'en rire était la meilleure des solutions. Lui-même ricana comme un tordu quand s'estompa la fin de la chanson, entre fierté déplacée et honte générale d'être arrivé à la fin de la chanson. A côté de lui, sur la banquette, Hugh s'était complètement vautré, dépenaillé, cherchant à retrouver son souffle. Eiji lui jeta un coup d'œil avant de lui tendre son propre verre. Un peu d'alcool l'aiderait à reprendre son souffle, non ?
Il était lui-même un peu grisé. Pas ivre, certainement pas, juste un peu grisé, par les rires, par l'alcool ingurgité alors qu'il n'en buvait jamais ... juste assez pour être amusé plus que gêné à la vue du nombril de Hugh qui se dandinait devant lui. A propos de ça, il fallait peut-être faire quelque chose d'ailleurs.
Eiji attrapa le t-shirt et le redescendit fermement, un peu comme il aurait rhabillé un des gamins du kendo qui n'aurait pas su mettre son kimono correctement. Le côté sempai pouvait frapper quand on ne s'y attendait pas.

« Fais gaffe, tu vas choper un rhume du nombril et tu ne pourras plus chanter. »

Eiji chercha son verre, avant de se rappeler qu'il venait de le donner à Hugh. Tant pis : prenant un autre verre vide, il le remplit avant d'en vider la moitié d'un trait, histoire de se redonner contenance. Derrière eux, le karaoké en mode aléatoire avait lancé les premières mesures de Stray, et la mélodie tranquille donnait une atmosphère tout de suite plus sereine à la pièce. Dommage qu'elle ne soit pas passée juste avant : il l'aurait chantée plus facilement qu'une chanson sur les jeunes filles en fleur. Le résultat aurait été moins amusant, par contre.

Le kendoka eut un regard pour ses colocataires : Kantaro assit sagement, la main sur la bouche pour essayer de calmer un fou rire inextinguible, les yeux brillants, et l'air bien plus vivant qu'il n'avait jamais semblé. Hugh, essoufflé et abandonné sans grâce aucune sur la banquette, les joues un peu trop rouges et les yeux brillants. Quant à lui, avec son débardeur moulant et son verre à la main, il ne savait pas quelle tête il faisait, mais il ne doutait pas qu'il devait être parfaitement assorti au reste du lot.
Ça faisait du bien d'être avec des gens sans se prendre la tête. Juste ... s'amuser, discuter, sans même chercher à débattre sur des points de vue intelligent ou à refaire le monde, faire les gamins et en être fier. C'était une des choses qu'il avait perdue en fuyant jusqu'à Hamura, des amis avec qui faire le con sans se prendre la tête.

L'adolescent fouilla soudain dans la poche arrière dans son jean, à la recherche de petits achats effectués quelques jours plus tôt mais qu'il n'avait jamais eu l'occasion de leur donner : il extirpa de sa poche deux amulettes achetées au temple en même temps qu'il en avait offert une à Konata. Il lança la première à Kantaro, quant à la seconde, elle atterrit mollement sur la poitrine de l'américain, celui-ci n'ayant pas fait un geste pour l'attraper.

« Ça vient du temple d'Ikuta-Jinja ... »

Le jeune homme était un peu embarrassé. Les prendre lui avait paru une bonne idée sur le moment. Mais les offrir ... c'est pour ça qu'elles étaient restées dans sa poche tout ce temps. L'atmosphère détendue du karaoké l'avait convaincu de les ressortir. Il finit de vider son verre pour se redonner contenance, buvant sûrement un peu plus qu'il n'aurait été raisonnable de le faire.
Au moins, si l'un ou les deux se foutait de lui, il pourrait en rire avec eux plutôt que prendre la mouche.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Sous l'emprise d'un fou rire incontrôlable, Kantaro entendait à peine la musique qui défilait. Il n'y avait que lorsqu'il réussissait à se calmer un peu que la mélodie lui parvenait et, avec elle, les voix de ses colocataires qui le faisaient repartir de plus belle. La vue, brouillée par les larmes perlant au coin de ses yeux, lui renvoyait une image légèrement déformée des deux garçons et de la chorégraphie de Hugh, renforçant son hilarité.
En arrière plan, dans un coin de sa tête, le jeune homme était terriblement gêné de son comportement. C'était impoli vis-à-vis de ses deux amis et cela ne lui ressemblait pas. Il n'était même pas certain de savoir pourquoi il riait autant. Il supposait qu'une fois le mécanisme lancé, il était difficile de l'arrêter.

La musique prit fin. La sélection aléatoire, enchaînant sur quelque chose de plus calme, le laissa enfin respirer et reprendre le contrôle progressivement, malgré les quelques soubresauts qui l'agitaient encore. Quelle image venait-il de donner de lui ? Certainement pas celle qu'il renvoyait d'ordinaire. Rire n'était pas quelque chose qu'il faisait facilement, alors un fou rire ... Il pouvait les compter sur les doigts d'une seule main ...
Malgré la perte de contrôle, la sensation n'était pas si désagréable, au contraire ... Kantaro se sentait plus léger, comme libéré. Fallait-il qu'il soit à l'aise avec ces deux là pour se lâcher à ce point !

Ecrasant les larmes de rire qui menaçaient de glisser sur ses joues, Kantaro risqua un regard vers ses camarades. Eiji, les yeux brillants et les joues un peu roses - sans doute sous l'effet combiné du saké et du chant - semblait bien s'amuser lui aussi. Etrange la tournure qu'avait pris leur relation. Au final, il l'aimait bien. C'était sans doute la personne avec qui il partageait le plus de choses, ... après Hugh, bien sûr ...

Hugh, qui s'était mollement laissé tomber sur la banquette, cherchant son souffle et le bras replié sur le visage comme pour se dissimuler. Kantaro retint de justesse un geste vers le blond et refoula son inquiétude. Depuis l'incident du cours d'arts plastiques, ses recherches avaient abouti et ce qu'il savait à présent était plus que rassurant. La vie de Hugh n'était pas en danger. Il ne risquait rien. Rien de plus que quelques malaises lorsqu'il forçait trop, et un souffle un peu court. Cela ne l'empêchait pas d'être inquiet, mais plus de la même façon.

Le regard de Kantaro coula du visage au torse du blond, puis s'arrêta sur son ventre légèrement dénudé. Le souffle court le faisait se gonfler sous son nombril, à un rythme un peu trop rapide, mais qui ne tarderait pas à revenir à la normale s'il prenait quelques minutes pour respirer. Il fallait juste que Hugh pense à faire des pauses de temps en temps.

Le nombril et la peau pale disparurent de son champ de vision lorsque Eiji jugea qu'il était opportun de rhabiller Hugh. Kantaro retint une petite moue déçue ... ainsi que l'idée que sa déception n'était pas très normale. Il esquissa un sourire amusé pour dissimuler le tout derrière la bonne humeur qui l'avait gagné un peu plus tôt. Rester léger ...

" Ce serait dommage d'être coupé dans un tel élan artistique ! "

Kantaro attrapa son verre pour occuper ses mains. Le thé glacé ralentissait délicieusement les pensées qui se bousculaient un peu trop dans sa tête. C'était sans doute pour ça qu'il aimait tant ce breuvage. Chaud ou froid, les vertus apaisantes du thé étaient bien là, lui apportant toujours un réconfort et un calme bienfaiteurs. Une constante rassurante ...

Le mouvement d'Eiji, se soulevant à moitié pour fouiller dans la poche arrière de son jean, attira un regard curieux de la part de Kantaro. C'est ainsi qu'il put avoir le réflexe de réceptionner ce que le sportif lui lançait. Ses yeux fixèrent un moment l'amulette qui reposait à présent au creux de sa main : une amulette shinto, vœu de réussite dans les études et le travail. Une expression d'incrédulité s'était progressivement peinte sur son visage. C'était vraiment pour lui ? Son regard glissa sur celle qui reposait sur le torse du blond. Elle était différente, donc ... Eiji les avait réellement choisies en fonction d'eux ...

" Merci ... "

Qu'est-ce qu'il était censé dire ? C'était la première fois qu'il recevait une marque d'attention venant de quelqu'un d'extérieur à sa famille ... et de la part d'Eiji en plus ... Décidément, il le surprenait de plus en plus.

" C'est ... C'est sympa ... d'avoir pensé à nous. Merci ... "

La situation était terriblement embarrassante. Kantaro était gêné et content à la fois, ne sachant plus comment agir. Le Karaoké sembla vouloir venir à son secours en passant à la chanson suivante : Kouya Ruten, la version longue de l'opening de Bakumatsu, un des rares animés dont il pouvait se qualifier de fan et qu'il connaissait par coeur. Mu par une impulsion subite, Kantaro se saisit du micro abandonné par Hugh et se mit à chanter en fixant l'écran. Une façon plutôt maladroite de dissimuler son malaise et qui ne lui ressemblait vraiment pas. Mais cette journée n'était-elle pas une succession d'évènements qui le poussaient à agir de façon étrange ?

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
L’esprit un peu plus léger qu’à l’accoutumé, prêt à accepter n’importe quelle idée même la plus saugrenue, Hugh ne réalisa pas vraiment à quel point le rire de Kantaro était une chose nouvelle à leurs oreilles. Le bras rabattu sur son visage, les yeux fermés, il n’avait pas l’impression que le canapé soit la chose la plus stable qui soit. Il releva légèrement le bras lorsqu’il sentit la main d’Eiji tirer sur son tee-shirt pour le rhabiller quelque peu. Son regard resta un instant fixé sur le brun. Le marcel laissait parfaitement voir son tatouage, surtout dans cette position. Il le trouvait cool, mine de rien, ce tatouage ... Il ne savait pas ce qu’Eiji en pensait, mais lui même trouvait que cela lui conférait, en plus de sa stature de sportif, un certain charisme. C’était autre chose que les cicatrices disgracieuses dont la vie nous faisait cadeau.

Cette idée lui fit tourner le regard vers Kantaro. Kantaro et ses nouveaux vêtements de jeune premier sage et sérieux, qui dénotaient quelque peu d’avec son expression. Hugh l’observa un court instant en silence, à travers ses doigts, avant de sentir quelque chose tomber sur sa poitrine, puis de voir Kantaro récupérer une petite amulette. Il leva la main pour toucher la sienne.

« La santé ? »

C
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Kantaro Fugiwara
Président des élèves
Délégué de la 3-A

Kantaro Fugiwara


Personnage
Âge : 18 ans
Chambre / Appart : 102

A savoir
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Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta] Empty
MessageSujet: Re: Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta]   Mission : shopping ! [Hugh/Eiji/Kanta] EmptyDim 6 Fév - 10:49

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Non, Eiji n'avait pas fait dans le plus original quant au choix des amulettes. Il avait juste essayé de trouver quelque chose d'adapté à ses colocataires, ce qui n'avait pas été des plus évidents. Les simples amulettes bonne fortune, les plus génériques, avaient été un peu trop impersonnelles à son goût. Peut-être aurait-il du s'en contenter ? Vivre avec deux autres personnes de manière imposée ne permet pas forcément de faire leur connaissance de manière extrêmement approfondie. Du moins pas quand on a un grand respect de la vie privée et non une curiosité sans borne comme un certain américain, qui confondait intérêt et curiosité. Du coup Eiji s'était retrouvé un peu bête devant l'étendu des amulettes, et avait visé au plus simple après en avoir choisi une pour Konata et pour lui-même.
Les réactions des deux autres garçons furent différentes : du remerciement gêné de Kantaro qui se dépêcha de se lancer dans une autre chanson, au sourire amusé de Hugh qui s'empressa de s'affaler sur lui. L'américain n'était pas bien lourd, et Eiji accepta ce poids sur son dos en se contentant de lever les yeux au ciel. Il l'avait cherché aussi, en lui offrant l'amulette ... Le kendoka avait fini par comprendre que l'américain pouvait se montrer très tactile, sans malice. C'était juste que son espace vital semblait être plus étroit que celui de tout japonais qui se respecte.

C'était plus facile à comprendre au karaoké, tous vautrés sur des banquettes en chantant plus ou moins mal. Kantaro restait toujours maître de lui, assis le dos bien droit, et chantant avec application en suivant les paroles à l'écran de la même manière qu'il aurait suivi et appris une leçon. Scolaire et japonais, et peu prompt à laisser glisser cette barrière, même quand Hugh venait s'accrocher à lui comme du lierre à un arbre. Bien au contraire, la présence de l'américain dans son périmètre semblait prompt à faire dérailler sa voix et lui faire avaler convulsivement sa salive. Il était assez amusant de voir que le regard de l'autre japonais se détachait rarement de l'américain, qu'il soit proche ou non de lui, comme hypnotisé par les manières du blond. Intéressé ou révulsé ? La première réponse s'agitait dans son esprit d'un fanion auquel Eiji ne voulait pas penser.
Hugh chantait n'importe quel générique - il semblait en connaître la majorité d'ailleurs - sans se soucier de chanter mal, se lançant parfois dans quelques gestes d'une chorégraphie plus ou moins imitée. Et entre deux chansons, il finissait les verres, s'avachissait sur les banquettes ou sur ses camarades comme Shizuka quand il essayait d'avoir des câlins : repoussé d'un côté il revenait de l'autre. L'esquiver était presque devenu un jeu pour Eiji, se glissant rapidement un peu plus loin au moment où le blond s'agrippait à lui. Il avait du le retenir une fois ou deux pour éviter qu'il ne finisse au sol ou qu'il n'aille embrasser la table basse au milieu de la pièce.
Pour qu'il réagisse de cette manière, le brun réalisait que l'alcool avait du faire son office ... un peu trop bien même. Il n'arrivait pas à en être désolé. Il était juste un peu plus sociable et prompt au rire que d'habitude, non, rien de bien méchant ...

Hugh avait fini par s'affaler contre Kantaro, les yeux fermés et l'air béat.
En jetant un oeil sur la table, Eiji réalisa que les différentes bouteilles avaient sombré corps et âme, vidées de leur contenu par trois gorges assoiffées à force de trop chanter. Un sourire amusé effleura les lèvres du sportif : ils faisaient un beau tableau ... enfin surtout l'intello au milieu, celui dont la présence était au final la plus surprenante.

« Flawless victory. »

Ben oui ... trois bouteilles perdantes. Bon sans accroc, vu l'état de Hugh, ce n'était pas si sûr. Le jeune homme se passa la main dans les cheveux, essayant de retrouver des idées claires, avant de s'adresser à l'autre japonais encore en lice, cherchant un instant avant de trouver les mots adaptés. Il avait du boire un peu plus que ce que ses capacités lui permettaient. Ce petit plus qui lui donnait l'impression que rien n'avait vraiment d'importance et que tout était à portée de main.

« On devrait peut-être y aller avant que Mister Brown ne s'endorme, non ? Je ramène le plateau, je te laisse l'aider à retrouver ses pieds. »

Sa voix était rauque d'avoir trop chanté, lui donnant une tonalité encore plus masculine que celle qui était sienne de base. Amusant.
Avec une grande concentration, sûrement un peu plus que nécessaire pour la tache susmentionnée, Eiji remit bouteilles et verres sur le plateau pour les ramener là où il les avait achetées, essayant de montrer bonne figure. Il avait à peine menti quant à son âge pour prendre de l'alcool - le vendeur avait été persuadé qu'il était majeur vu sa stature - autant ne pas avoir de soucis à la sortie du karaoké.
L'air frais de dehors lui ferait le plus grand bien.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Rapidement rejoint par Hugh dans son interprétation, Kantaro put se débarrasser du malaise survenu suite au cadeau d'Eiji. C'était plus facile quand on avait de quoi détourner son attention. Si la situation restait étrange et inhabituelle, le jeune homme réussissait finalement à s'en accommoder, à grand renfort de musiques, de rires et de thé glacé. Il se surprit même à plusieurs reprises avec le micro en main, certes moins souvent que ses camarades, mais bien plus qu'il ne l'avait jamais fait.

Au fil des mélodies, et de la diminution du liquide alcoolisé restant dans sa bouteille, Hugh devenait de plus en plus tactile, se collant tour à tour à Eiji ou à lui, totalement désinhibé. Lorsque c'était vers le kendoka qu'il se tournait, Kantaro ne pouvait retenir une pointe d'agacement, et lorsque c'était vers lui ... Il préférait ne pas compter le nombre de fois où son cœur avait raté un battement, où il avait avalé son thé de travers et où il avait perdu le fil d'une chanson. S'il n'avait pas s'agit de Hugh, il aurait mis ses réactions sur le coup de son rejet des contacts physiques et aurait mis fin depuis longtemps au manège. Mais voilà, c'était Hugh ...

Lorsque le blond s'affala totalement sur son dos, Kantaro retint son souffle un instant. Il tourna la tête pour jeter un coup d'œil au jeune homme somnolant contre lui. Ca, ça sentait la fin de soirée ... Comme pour venir confirmer ses pensées, Eiji lâcha un cri de victoire, entraînant un dernier rire de sa part. "Flawless" ... c'était vite dit vu l'état de ses deux camarades ... Visiblement, il était le seul à être resté sobre. Enfin, l'autre japonais était juste un peu éméché, rien de bien méchant. Un sourire amusé se dessina sur son visage tandis qu'Eiji remettait, avec concentration, les preuves de leur forfait sur le plateau. Il ne lui répondit qu'au moment où il s'apprêtait à franchir la porte de la petite salle.

" On se rejoint dehors alors. "

Kantaro regarda le sportif sortir d'un pas appliqué, attentif à son plateau et à son objectif - qui était certainement d'arriver à le ramener jusqu'au comptoir sans incident -, avant d'en revenir à celui qui semblait décidé à dormir là. Il l'observa en silence un moment, n'osant pas bouger de peur qu'il ne reprenne ses esprits. Hugh semblait bien dans cette position, et il n'avait pas vraiment envie de le déranger. Pour tout dire, il n'avait pas envie de bouger, pas envie de retrouver Eiji dehors, pas envie de rentrer ... Il voulait juste rester comme ça, suspendu dans le temps et l'espace, sans se préoccuper du reste.
Un sourire étrange étira ses lèvres tandis qu'il bougeait légèrement pour sortir Hugh de sa torpeur. Il posa une main sur l'épaule accessible et y exerça une légère pression, tout en parlant d'une voix inhabituellement douce.

" Hugh ... On rentre ... "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le silence était assourdissant. Les bruits des bouteilles avaient certes percé ce silence d’éclats fugaces, mais avaient bientôt disparu du champ d’audition du blond. Eiji était partit ? Kantaro ... Il était contre lui non ? Hugh ouvrit à moitié les yeux, son regard embrumé tombant sur l’étoffe sombre formant le costume de son colocataire. Une légère pression le fit revenir plus distinctement à la réalité, ainsi qu’une voix étrangement douce qu’il reconnu pour être celle de Kantaro. Hugh remua légèrement les épaules, peu décidé à bouger. Il le faudrait bien pourtant, il n’allait pas passer la nuit ici. Il avait pourtant déjà entendu, de la part de ses cousins, ce genre d’histoire : des nuits passées dans les karaokés ou les cafés manga où la connexion Internet tournait sec toute la nuit. Mais ce n’était pas quelque chose qu’il ait déjà eu l’opportunité de faire.

Le blond s’accrocha au bras de Kantaro, levant le visage vers lui. Il n’avait été qu’en de rares occasions imbibé comme cela d’alcool, et c’était vrai ... que les choses étaient beaucoup plus simples.
Il leva la main sans entrave ni gêne, caressant le contour de sa joue avant de s’arrêter sur les lèvres, les effleurant d’un doigt. Son expression était mitigée, à la fois songeuse et désireuse. Il humecta ses lèvres avec lenteur, le regard brillant, avant de déposer fugacement un rapide baiser à l’angle de la mâchoire du brun, rapide compromis fait avec quelque chose qu’il n’était pas sûr d’assumer présentement, et ce même décontracté comme il l’était maintenant.

Le blond se releva rapidement, tanguant un instant. Eiji les attendait dehors non ?

« Allez, il va se demander ce qu’on fait ! »

Hugh se retourna précipitamment, retrouvant presque par miracle la direction de la sortie, laissant derrière lui les sacs de shopping qu’il avait effectué. La silhouette d’Eiji était là, reconnaissable entre mille, et il s’accrocha à son bras avec un rire bruyant.

« It’s so cold !! »

Couina t’il avec désespoir.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
L'air frais était une caresse sur sa peau fiévreuse de tout ce temps passé à l'intérieur à s'agiter. Eiji inspira lentement, essayant d'éclaircir ses idées. C'était sans compter l'arrivée infernale de Hugh, repérable au bruit comme au fait qu'il s'accrocha à son bras comme si c'était la dernière bouée qui l'empêchait de se noyer. Maintenant qu'ils étaient dehors, et un peu plus au calme, Eiji avait la nette impression que c'était réellement le cas. L'américain était souvent bien plus expansif que Kantaro ou lui, mais à ce point ... Il était aussi collant et agité que Shizuka, passant du japonais à l'anglais sans y prendre garde. Avait-il bu tant que ça ? Pas tellement plus que lui dans ses souvenirs. Certes, il y avait bien 10 cm et 15 kg de différence entre eux, mais est-ce que ça suffisait pour justifier un tel résultat ?

Le sportif tapota plus ou moins gentiment l'épaule du blondinet, essayant au passage de le décoller de son bras. Rentrer au lycée avec une sangsue incorporée qui essayait de lui voler sa chaleur ne lui semblait pas le meilleur des plans. Il n'avait pas beaucoup de succès, avec d'un côté un bras chargé par son sac de course, et l'autre par l'américain qui était au final plus fort qu'il n'y paraissait pour s'accrocher aux gens. Le cerveau du kendoka tourna à vide quelques instants, cherchant la bonne parade pour se décrocher. Attraper Hugh à bout de bras ? L'envoyer bouler d'une prise bien placée ? Partir en courant à un rythme qu'il serait bien incapable de suivre ? Au final, la solution choisie fut la moins violente, et c'est avec une voix quasi plaintive, totalement inconnue chez lui, qu'il adressa la parole à Hugh.

« Hugh, s'il te plait ... »

Eiji avait été un instant tenté de parler anglais, mais ses capacités dans la langue n'étaient pas faramineuses de base. Quand en plus son cerveau n'était pas au meilleur de ses capacités ... Il préférait ne pas essayer avant de baragouiner le contraire de ce qu'il voulait dire et entendre le rire de l'américain résonner dans ses oreilles. Rire qui n'avait déjà pas besoin d'être déclenché vu la manière incessante avec laquelle il continuait de glousser, alors qu'Eiji tentait d'enlever un à un les doigts de l'américain de son bras alors que celui-ci se raccrochait avec joie et bonne humeur, comme un enfant de 4 ans qui a trouvé un nouveau jeu très amusant.

« Et arrête de te marrer ! »

Phrase qui n'eut pour effet que de redoubler l'hilarité de l'américain, au grand désespoir du jeune homme. Il se tourna vers le troisième arrivant qui venait les rejoindre à l'extérieur, le visage dissimulé dans l'obscurité ambiante, le seul d'entre eux à avoir gardé une certaine contenance. Heureusement pour eux, les gens aux alentours ne se retournaient même pas pour les regarder. Un groupe sortant d'un karaoké, bruyant et légèrement éméché, n'était pas vraiment étonnant à cette heure et dans ce quartier. Eiji leva le bras pour montrer son biceps sur lequel s'était greffé l'américain. Mouvement que suivit sans hésiter l'américain, même si pour le faire il dut s'affaler un peu plus sur lui en levant les bras.

« Fait quelque chose ! Il ne veut plus me lâcher ! »

Eiji était perturbé entre trouver la situation très amusante, très agaçante ou totalement désespérante. Son cerveau n'arrivait juste pas à se décider et préférait le laisser flotter entre deux eaux, dans une situation où la seule issue possible semblait de rentrer à Hamura en tractant derrière lui son boulet ricanant. C'était sûrement sa punition pour avoir un peu trop bu. S'il pouvait seulement faire partager le poids de sa croix avec Kantaro qui semblait parfaitement innocent de la situation, tout serait bien plus simple et supportable.

Cathan O'Leary [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le Japon en été avait quelque chose de merveilleusement reposant. Probablement parce que tout était bien plus silencieux qu'à Los Angeles. Aux USA, il n'y avait jamais vraiment de silence, pas en habitant une grande ville. Le bruit des sirènes, des alarmes, des voitures qui passaient à vive allure dans les grandes avenues ... La Cité des Anges étaient en permanence en mouvement, comme n'importe quelle grande ville américaine. Animal plus ou moins nocturne, Cathan avait depuis longtemps appris que la nuit n'était pas le meilleur moment pour dormir.
Au Japon, l'état d'esprit était différent. Certes, Hamura était une grande ville, et ses lumières ne s'éteignaient pas complètement au crépuscule. Mais le calme ... En général, les japonais étaient déjà plus silencieux que les américains, mais c'était encore plus frappant maintenant.
Il avait franchi les grilles du lycée pour une petite ballade nocturne. La température était agréable, et le parc du lycée marqué par la présence des criquets qui chantaient l'été. Il avait aperçu çà et là quelques étudiants qui s'étaient échappés de leur dortoir pour folâtrer un peu, mais qui était-il pour aller les punir en cette fin d'année scolaire ?

Ses pas l'avaient conduit vers la ville, vers le quartier le plus proche du lycée. Même si le quartier était vivant, il restait plus tranquille que tout ce qu'il avait connu aux USA. Cathan s'alluma une clope, pensif. Le calme avait tendance à lui porter sur les nerfs, à le plonger dans l'expectative. Il attendait la tempête, toujours, et restait à fleur de peau plutôt qu'essayer de se détendre. Ce n'était pas une catastrophe, mais lui demandait un certain travail sur lui pour éviter que cela ne le devienne. Il serait un peu gênant de frapper un de ses colocataires parce que celui-ci l'avait surpris sur la terrasse par contre. C'était amusant ... Il avait eu des réflexes affinés, job oblige, mais jamais autant sur la défensive que depuis qu'il était au Japon. Foutu calme. Il n'était pas fait pour un américain comme lui.

Il y avait un peu plus de monde dans la rue dans laquelle il bifurqua. Il reconnaissait le centre commercial où il avait déjà fait un tour. La rue était flanquée de restaurants, de bars et de karaokés qui devaient plaire aux adolescents, en vue de la population qui se promenait dans les rues. Même si la plupart n'étaient pas en uniformes, beaucoup ne devaient pas être assez vieux pour dépasser l'âge du lycée. Damned, c'est qu'il était en train de vieillir, à avoir dépassé allégrement la trentaine.
Enfin, l'avantage des jeunes et de ce quartier, c'est que ses cheveux ne semblaient même pas sortir du lot : il avait croisé au moins deux filles teintes de la même couleur, et plusieurs autres dont l'obscurité lui avait interdit de déterminer la couleur, loin d'être naturelle.
Certes un peu moins bruyante, mais pas si différent que les USA au final.

C'est une voix un peu nasillarde qui attira son attention. Pas pour son ton et son rythme saccadé caractéristique de quelqu'un de ivre, mais pour la langue, résolument américaine. Oui, il parlait parfaitement japonais, mais plongé dans ses pensées de cette manière hermétique, il ne comprenait pas forcément tout ce qui se disait dans ce brouhaha ambiant. C'était la raison pour laquelle les quelques mots lancés en anglais l'avaient surpris et le firent changer de direction, s'approchant d'une devanture de karaoké où le néon bleu affligeait trois adolescents de couleurs criardes. C'était le petit blond scotché à un grand jeune homme musclé qui baragouinait en anglais. Aucun des trois visages ne lui étaient inconnus, d'autant plus celui du petit blond américain fan des Mets. Il avait pourtant changé de tenue vestimentaire, abandonnant son t-shirt de supporter au profit d'une tenue un peu plus à la mode pour un gamin de son âge au Japon.

« Well, well, what do we have here ? »

Telle fut la question amusée qui vint perturber le trio. Ce n'était pas très sympa de venir enquiquiner ses élèves dans leur petite soirée, mais aux dernières nouvelles, c'était ça être prof : le plaisir d'enquiquiner les autres en toute impunité.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Après la musique, les rires, les tintements des verres, les conversations animées ... le silence qui avait pris place dans la petite salle était assourdissant. Le temps semblait s'y être arrêté, condamnant un jeune homme brun à rester statufié à jamais. Ses yeux écarquillés fixaient un point dans le vide, son souffle semblait être resté en suspend derrière ses lèvres entrouvertes et son cœur n'animait plus sa poitrine. L'expression de son visage était ... indéfinissable ... Son visage ... Ah mais ... c'était lui ... ?

Kantaro battit rapidement des paupières tout en prenant une inspiration bruyante et profonde, comme s'il remontait à la surface de l'eau après une plongée en apnée. A quel moment avait-il bugué exactement ? Il y avait eu le regard de Hugh plongeant dans le sien ... la main de Hugh caressant sa joue ... les doigts de Hugh effleurant ses lèvres ... les lèvres de Hugh se posant sur son visage ... Hugh, Hugh, et encore Hugh ... Le seul être qui occupait ses pensées en cet instant ... Hugh, qui s'était octroyé le monopole de son cœur ...

" ... c'est ... pas vrai ... "

Depuis quand ... ? Et comment ? Comment est-ce que ça avait pu lui arriver ? A lui ? Lui qui était si hermétique aux sentiments ... Lui qui n'avait jamais eu aucune réaction aux avances de qui que ce soit ... Lui, Kantaro Fugiwara, était en train de tomber amoureux ... Non, il n'était pas "en train", il l'était déjà ...
L'idée était tellement improbable qu'elle ne lui avait jamais effleuré l'esprit jusque là. Mais à la lumière de cette révélation, tout prenait enfin un sens. Toutes ces choses qui le travaillaient ces dernières semaines devenaient soudain si logiques ...

Kantaro leva machinalement la main pour effleurer du bout des doigts l'endroit où s'étaient posées les lèvres de Hugh un instant plus tôt. Et maintenant, il faisait quoi ? Pour Hugh ce n'était certainement qu'un geste inconsidéré, fait sous l'emprise de l'alcool, et dont il ne se souviendrait probablement pas le lendemain. La preuve, il était parti aussitôt après, le plus naturellement du monde. Pour autant, devait-il faire comme si rien ne s'était produit ? S'il voulait rester amis, c'était peut être le mieux à faire, ou peut être pas ... Qu'est-ce qu'il en savait ? Si l'amitié était une chose avec laquelle il avait encore du mal, que dire de l'amour ? Tant qu'il ne savait pas, mieux valait qu'il ne dise rien. Oui ... il ne devait pas imposer ses sentiments à Hugh ...

Dans un soupir oscillant entre lassitude et résignation, Kantaro se leva enfin, jetant un regard circulaire à la pièce comme s'il se demandait où il pouvait bien être. Ce n'était pas si loin d'être le cas d'ailleurs ... Il attrapa les sacs qui traînaient et sortit rejoindre les autres dehors.
La scène qui l'y attendait le figea sur place. Le visage fermé il regarda en silence un Hugh hilare, suspendu au bras d'Eiji. Il avait vraiment trop bu. Ce n'était donc que ça : juste l'alcool ... Bon sang, ce que cette confirmation pouvait faire mal !

La voix d'Eiji s'éleva soudain, l'interpellant pour avoir de l'aide et l'obligeant à se reprendre. Après une brève hésitation le temps de se composer un visage plus adéquate, il franchit le courte distance qui le séparait des deux autres. Agir normalement, poursuivre la soirée de la même humeur ... ou au moins faire semblant. Kantaro leva sa main libre pour la poser sur la chevelure blonde.

" Calm down, Hugh. "

Kantaro avait naturellement parlé en anglais, se disant que le jeune homme y serait plus réceptif qu'au japonais dans les conditions actuelles. Il rouvrait la bouche pour poursuivre lorsqu'une voix au fort accent américain, et parlant également en anglais, s'éleva non loin d'eux.
Le brun tourna la tête pour faire face à l'importun venu les déranger et écarquilla les yeux de stupeur en reconnaissant leur professeur de mathématiques.

" O'Leary ... sensei ... "

Quelles étaient les probabilités pour qu'ils tombent sur un prof du lycée dans ce quartier et à cette heure ? Minces, très minces, même. Les kamis semblaient vouloir leur jouer un bien mauvais tour pour cette fin de soirée. Kantaro ignorait l'heure qu'il pouvait être, mais il était à peu près certain qu'ils avaient largement dépassé le couvre-feu. Quant à l'état de ses colocataires ...
D'un pas sur le côté, Kantaro se positionna entre ses deux amis et l'enseignant, comme s'il cherchait à les dissimuler ou à les protéger. Aussi sympathique que pouvait être le prof de maths au premier abord, il n'avait aucune idée de son attitude face à des élèves pris en flagrant délit d'infraction au règlement. L'idée de trouver une excuse lui traversa rapidement l'esprit avant qu'il ne l'écarte. Kantaro avait passé suffisamment de temps avec l'homme pour se douter que cela relèverait plus de l'affront qu'autre chose. Et, contrairement aux autres profs, celui-ci avait gagné son respect.

" On rentrait. "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Confusément, Hugh avait parfaitement conscience que ce ne serait pas tous les jours qu’Eiji se laisserait agripper de la sorte, raison supplémentaire pour ne pas le lâcher et profiter au maximum de son état d’esprit actuel. Et puis, c’était drôlement marrant de le voir réagir ainsi, sans oser l’envoyer bouler de manière trop agressive comme il aurait pu le faire en d’autres circonstances. Sa peau était chaude sous les doigts froids du blond, et il pouvait sentir son odeur à travers les brumes de son esprit noyé dans l’alcool et le laisser aller.

Franchement, quelle idée de fantasmer sur le mec qui représentait tout ce que l’on détestait.

Surtout quand on sentait poindre, au fond de son esprit, des sentiments d’un genre tout à fait différent pour une autre personne qui venait de les rejoindre. Des sentiments qui étaient pires, à leur manière, en fait. Parce qu’il en était hors de question. Un fossé séparait rêve, fantasme, et réalité et projets.

La main de Kantaro se posa sur sa tête, et Hugh lâcha Eiji pour agripper Kantaro par la taille. Il se sentait à la fois fatigué, envieux de rentrer, et en même temps prêt à continuer ainsi toute la nuit. Les soucis qui lui tordaient habituellement l’esprit en tâche de fond étaient comme évanouis, et il lui semblait si simple de juste s’amuser et rire, sans réfléchir à la portée de ses actes ou de ses paroles.

Une voix américaine déjà connue tira le blond de ses vagues pensées, et il leva la tête pour entrapercevoir une tignasse rousse, bien vite dissimulée par la haute stature de Kantaro qui s’interposa entre eux. Surpris, Hugh avait lâché sa prise, se retrouvant un court instant sans tuteur. Il s’appuya sur l’épaule de Kantaro, nonchalant, pour analyser la présence face à eux. Ah oui, c’était bien O’leary. Hugh leva la main en un salut occidental.

« Hey teach ! Vous êtes en balade seul ? J’aurai cru que z’auriez forcément été accompagné d’une copine, vous me décevez presque là ... »

Il ricana, le bras appuyé sur l’épaule de Kantaro, y cachant un instant son visage. L’américain utilisé avait été mâché, brouillé, inaudible pour un non natif de ce pays ? Ses colocataires devaient croire qu’ils utilisaient un jargon codé. Il releva la tête, le regard brillant et malicieux.

Jusqu’à quel point peut-on mettre les choses sur le dos de l’alcool pour se laisser aller, désinhibé ? Il y avait là une certaine similitude avec un jeu de dominos dont on eut contrôlé la cascade : on avait le choix entre laisser la première poussée faire son œuvre, ou le contrôle. Quelque part au fond de lui, Hugh se regardait vivre, conscient de se laisser aller d’odieuse façon. Pour une rare fois. Pour une fois au final totalement assumée. Il verrait les conséquences de ses actes plus tard. Laisser choir au sol les barrières sans cesse maintenues en place avait quelque chose de jouissif.

Cathan O'Leary [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Des trois, le châtain était celui qui semblait le plus sobre. Kantaro Fugiwara. Difficile de se tromper sur son identité, l'élève de 4ème année était venu lui quémander des cours de rattrapage pour combler la brèche due à son changement de lycée en cours d'année. Faute de mieux et curieux de voir ce que donnait un élève de ce genre - entendre intello gravé au fer rouge sur son front - en cours, Cathan avait accepté. Pour tout dire, les cours particuliers étaient beaucoup plus marrants que les cours généraux. Si le niveau de maths était loin d'être intéressant, au moins n'avait-il pas à faire à un groupe de protozoaire en attente d'évolution. Il y avait au moins deux cellules de connectée dans cette petite tête et qui pouvaient faire des maths. Curieux donc, de retrouver ce genre de garçon studieux dehors, avec des élèves d'une autre année qui n'avaient pas passé la soirée à boire uniquement du thé glacé.
Impossible de rater le nom du petit blond américain avec qui il avait discuté dans les couloirs autour d'un café. Le gentil blondinet était proprement torché, et dansait la samba autour de ses béquilles d'acolytes, n'hésitant pas à lui adresser la parole d'un ton autrement plus familier que celui qu'il avait eu dans les couloirs, l'américain ne rendant guère plus tolérable le manque de respect. Enfin ne l'aurait pas été pour un japonais. Pour sa part, Cathan se contenta de se fendre d'un large sourire ironique.
Le troisième du groupe était un grand 5ème année qui n'avait pas marqué Cathan dans son cours. Peu motivé - comme la plupart des élèves -, pas très doué - il ne pouvait pas retenir ça contre lui non plus -, mais dont la carrure le faisait ressortir par rapport aux autres japonais. Il était bien le seul à sembler ne pas devoir se briser au premier courant d'air. A cet instant de la soirée, il regardait son professeur d'un air concentré, ne semblant pas sûr de ce qu'il devait faire, avoir l'air horrifié ou fuir. Il sembla résoudre le dilemme en laissant ses camarades gérer la situation. Ce qui était tout aussi bien : le petit blond semblait parti pour faire assez de catastrophes pour trois.

Le regard de Cathan s'arrêta sur le blond. Vu comme il se raccrochait à ses copains, il se demandait si le gamin serait capable de rentrer au lycée par ses propres moyens sans tomber dans un fossé et se casser le cou par la même occasion.

« Et donner à mes sagouins d'élèves l'occasion de gâcher ma soirée ? Certainement pas ... et je prédis pour toi un sacré mal de tête demain. Tu t'es enfilé combien de verres boy ? »

Comme Hugh, il avait enchaîné en américain - en pur américain, et pas cet anglais un peu plus soigné qu'il prenait pour être compris par des étrangers - il n'était pas sûr que Hugh comprenne autre chose vu l'état de son cerveau.
Son sourire ironique se dirigea aussi vers le plus sage des trois garçons qui venait d'expliquer qu'ils rentraient. Ben voyons. Ok, il voyait mal l'ado lui expliquer sérieusement qu'ils allaient finir la soirée en boîte alors que l'heure à laquelle ils auraient dû être rentrés était passée depuis un moment ... Vrai ou pas, c'était la seule réponse correcte qu'il pouvait lui dire et qui ne soit pas gênante.
Intérieurement, il était mort de rire. Lui, engueuler des élèves dehors après le couvre-feu, et éméchés ? C'était l'hôpital qui se foutait de la charité ... il avait fait largement pire en tant qu'étudiant, et ne parlerait même pas de sa vie d'adulte. Être prof revenait vraiment à être hypocrite au plus haut point ... Faites ce que je dis, et pas ce que je fais. Aller, c'est pour le bien des gamins.

« J'espère bien. Vu l'état de tes petits copains, il serait dommage de rajouter une catastrophe à la liste d'entorse au règlement du lycée ... »

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Appuyé sur l’épaule de Kantaro, Hugh ne parvenait pas à cacher derrière sa main le large sourire ironique qui étirait ses traits. L’américain sonnait agréablement et familièrement à ses oreilles, même si la personne avec qui il parlait le plus alors, à savoir sa mère, n’eut jamais usé d’un verbiage aussi peu léché. Brian par contre, si. A la pensée de son ancien petit ami, une expression fugace passa sur les traits de Hugh, avant qu’il ne reprenne bien vite son air joyeux d’américain éméché et trop bruyant pour cette terre japonaise. Quoique, à avoir déjà vu l’air de quelques salary-men ... Il n’était certainement pas le pire.

« C’est pas comme si c’était super fréquent de croiser des élèves tard le soir dans la ville ... Et puis, vous pouvez toujours nous éviter. »

Il lâcha l’épaule du brun, cherchant à se redresser pour avancer d’un pas hésitant vers le professeur. C'était fou comme la présence d'O'Leary avait quelque chose de rassurant. Parce qu'il était adulte ?

« ... J’ai pas compté, vous comptez vous ? Et puis de toute façon ... »

La démarche mal assurée du blond ne l’aida pas à esquiver le bord du trottoir, contre lequel il butta, basculant de tout son poids en avant.

Cathan O'Leary [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Sans bouger d'un pouce, Cathan étendit le bras et attrapa l'adolescent par la taille, évitant qu'il n'aille se fracasser le nez sur le bitume. Intéressant de voir que ses réflexes pouvaient lui servir autrement que pour éviter un coup, même si sauver des élèves sous influence n'était pas la chose la plus glorieuse qu'il ait pu faire. Loin de s'en émouvoir, l'adolescent s'affala un peu plus contre lui, apparemment ravi d'avoir trouvé un nouveau pilier pour le soutenir. Il était presque sûr d'avoir entendu une espèce de gloussement à demi étouffé. Cathan manqua de lever les yeux au ciel pour demander ce qu'il avait pu faire à Dieu pour qu'on lui envoie des élèves pareils. Le soucis étant que la liste de ses offenses et péchés étant nombreuses, mieux valait s'abstenir d'une telle question.

L'américain attrapa la nuque de son élève pour le forcer à se tenir plus droit, le tenant avec fermeté. Il devait s'auto discipliner pour que sa façon de le tenir reste douce et ne se rapproche pas, de près ou de loin, de la manière peu délicate d'interpeller quelqu'un. Il n'avait pas besoin de faire appel à de vieux réflexes totalement non nécessaires face à un gamin qui n'avait rien d'une petite frappe.

« Vous évitez et vous laissez vous casser la tête contre le sol, bien sûr. Désolé, mais on n'a droit à aucune perte dans une classe, même en dehors des heures de cours. Dommage, ça faciliterait les choses de pouvoir faire un ou deux exemples. »

Le professeur chercha le regard des autres garçons, mais le plus grand semblait oublieux de la scène et quant au seul qui paraissait encore un peu responsable, il avait détourné les yeux, gêné semble-t-il par le déroulement de la scène. Par quoi précisément Cathan n'en était pas sûr, et pouvait seulement le deviner. Peut-être était-il tout simplement en train d'imaginer son dossier scolaire taché par une ignoble tache rouge sous forme d'un mot cinglant par rapport à un comportement irresponsable ? Ou en train d'essayer de ne pas se faire éclabousser de la honte du blondinet et par le comportement des américains en général ? A la lumière des néons, il n'était pas évident de deviner ce qui traversait l'esprit de cet adolescent déjà habituellement renfermé.
Un léger soupir s'échappant de ses lèvres alors que ses doigts le démangeaient d'allumer une clope, le roux fit passer son regard sur les trois garçons.

« Ok, j'ai compris, je vous raccompagne si je ne veux pas avoir au moins une mort sur la conscience. Et toi, je ne veux plus entendre ta voix, tu as suffisamment creusé ta tombe comme ça. »

La dernière phrase avait été adressée en américain, spécifiquement à Hugh qui semblait avoir beaucoup de mal à rester en place. Comme un vélo, il semblait manquer de tomber s'il n'était pas en mouvement. Comme quelqu'un qui faisait mal du vélo d'ailleurs, risquant de tomber aussi quand il était en mouvement.

Il adressa un regard qui n'admettait aucune réplique aux deux japonais. Il voulait bien se montrer gentil, mais même sa patience pouvait avoir des limites. Et bizarrement, avec un ado américain attaché à ses basques en train de ricaner comme si c'était la meilleure des plaisanteries, il avait le sentiment qu'il pourrait très vite avoir envie de le ramener au bercail à coups de pompes dans le derrière.

« En avant vous deux. »

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
A peine Hugh s'était-il détaché de lui lorsqu'il avait bougé, qu'il se réinstallait déjà, sur son épaule cette fois. L'américain se doutait-il à quel point son contact le rendait fébrile ? Sûrement pas. Il était bien trop intéressé par la présence nouvelle en face d'eux.

Kantaro eut un moment de flottement lorsque le blond prit la parole. Etait-il soul au point de ne pouvoir aligner deux mots corrects dans sa propre langue ? Mais non, ce n'était pas ça puisque le prof de maths répliqua de la même manière, dans la même ... "langue" ? Un anglais atroce dont il ne comprenait qu'un mot sur deux mais qui semblait tout à fait intelligible pour les deux américains. Une légère frustration le titilla en réalisant qu'il ne pourrait jamais communiquer totalement de cette façon avec Hugh.

O'Leary s'adressa alors à lui, répondant à sa déclaration sur le ton de celui qui ne le croyait qu'à moitié en lui signalant l'état de ses camarades. Comme s'il avait besoin qu'on le lui rappelle alors que Hugh s'appuyait de tout son poids sur son épaule et qu'Eiji devait avoir la même mine que lorsqu'il avait ramené les bouteilles : trop concentré pour être honnête. Kantaro eut un léger soupir résigné. Dans l'état actuel des choses, il pouvait difficilement faire quoi que ce soit.

" Oui ... "

Il n'eut guère la possibilité d'aller plus loin, Hugh lui coupant la parole, ravi d'avoir trouvé à qui parler dans sa "langue" et ayant visiblement la ferme intention de poursuivre sa discussion. Il finit par se détacher de lui pour avancer vers le prof, se prenant les pieds sur le rebord du trottoir et atterrissant dans les bras de son compatriote.
Kantaro détourna rapidement le regard. Il n'avait aucune envie de voir Hugh se vautrer sur quelqu'un d'autre. Peut-être que lorsqu'il se serait fait à l'idée, ça ne le dérangerait plus mais, pour l'instant, il se sentait juste tristement et pathétiquement jaloux.

Lorsque O'Leary annonça qu'il les raccompagnait, il n'eut aucune réaction autre que de se mettre en route, jetant un rapide coup d'œil à Eiji pour voir s'il suivait. Le retour fut désagréablement calme, simplement entrecoupé par les gloussements de Hugh. Kantaro ruminait ses pensées en silence et Eiji semblait vouloir se faire oublier.
Au pied des escaliers menant à l'étage des chambres, Cathan les abandonna, visiblement soulagé de se débarrasser d'eux. Kantaro agrippa Hugh par la taille pour le soutenir sur les derniers mètres, et ne le lâcha que pour le déposer dans son lit. Eiji grimpa dans le sien sans ajouter un mot. Morne retour après une journée pourtant agréable. Ils en riraient probablement demain, mais là ...

Pendant un long moment, Kantaro resta assis à regarder Hugh dormir comme un bienheureux, puis il attrapa en silence ses affaires de toilette et fila dans les sanitaires. Il avait envie d'une douche ... d'une très longue douche ...

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
A partir du moment où il avait repéré le professeur de maths, Eiji avait fait profil bas. Suffisamment sous influence pour ne pas avoir son comportement normal, mais pas non plus si alcoolisé qu'il perde toute retenue comme Hugh, l'adolescent prenait grand soin de ne rien laisser paraître, fronçant les sourcils et fixant le mur droit devant lui. Sans se rendre compte à un seul moment que son comportement trop sage et figé était en lui-même totalement révélateur. Qu'importe : le regard du prof de math restait figé sur le plus blond des trois adolescents, le plus à même de faire une connerie.

Eiji ne comprenait pas que Kantaro ou O'Leary puissent être surpris du comportement de l'américain. Il était quasi égal à lui-même ! Bon, encore un peu plus extraverti que d'habitude, avec cette impérieuse façon de se frotter à n'importe qui, mais au final, il n'était pas tellement différent de d'habitude. Bon, ok, le prof de math était peut-être un peu hors limite en tant normal, mais ils étaient hors du lycée, en pleine nuit ... c'était normal d'oublier un peu le règlement, ils étaient jeunes !
Bien loin d'élaborer ce genre de pensées à voix haute, Eiji se contenta de suivre docilement le petit convoie que formait le prof de math agrippé à Hugh - ou bien était-ce l'inverse ? - un Kantaro fidèle à lui-même : une ombre sage et silencieuse, et lui. L'adolescent restant fermement du côté de Kantaro et loin du regard inquisiteur du professeur, histoire que celui-ci ne se rappelle pas au dernier moment qu'il avait un peu « oublié » de faire ses exercices pour les derniers cours de l'année. Étrange de voir comme des petits détails qui peuvent sembler anodin à un moment ou un autre peuvent revenir vous mordre le derrière quand vous y faites le moins attention.

Le trajet s'était fait en silence, à part quelques commentaires de Hugh qu'il avait cessé de chercher à comprendre. Non : qu'il n'avait jamais essayé de comprendre à partir du moment où le blond avait commencé à s'exprimer dans cette langue barbare. Si en temps normal il avait déjà du mal à comprendre l'anglais, alors une version abâtardie quand il avait bu ... Même pas en rêve qu'il se tentait à la version.

Le lycée se profila à l'horizon plus vite qu'il ne l'imaginait - à moins que ses pensées ne se soient court-circuitées à un moment ou un autre ? - et c'est presque avec une moue déçue qu'il s'engagea dans les escaliers qui menaient à la chambre. Repasser de la douceur de l'extérieur à l'intérieur surchauffé lui donnait envie de retourner aussi sec dehors. Il se hissa sur son lit pour y déposer ses affaires, avant de redescendre câliner un Shizuka qui ne demandait que ça, désespéré d'avoir été abandonné aussi longtemps. Quand il releva la tête, Hugh dormait comme un bienheureux sur son lit et Kantaro avait disparu à l'endroit où disparaissent les garçons sages, la nuit.
Eiji grattouilla distraitement la tête du chiot alors que celui-ci donnait des petits coups de truffe dans la main amie. Le sol était confortable, la vision par la fenêtre apaisante ... un peu trop même. Il avait l'impression d'avoir gardé un peu trop d'énergie en lui de cette soirée de rire et de détente.

« Hé ! Hugh tu dors ? »

Shizuka ajouta sa voix à la question, jappant doucement jusqu'à ce qu'Eiji lui ferme le museau de la main. Le shiba-inu gémit, outré d'un tel comportement, avant de soupirer quand son maître le caressa pour le calmer.
Le jeune homme se redressa d'un coup, chiot dans les bras, histoire d'observer de plus près si Hugh était oui ou non mort au combat.

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le retour avait été étrange, les lumières et les sons défilant sans que le jeune homme ne parvienne à mettre de nom ou d'idée dessus. Un peu plus calme, il s'était peu à peu dégrisé, même s'il baragouinait encore de temps à autres quelques mots en américain, ne cherchant pas à faire l'effort de parler en japonais. Peu après être entrés dans l'école, la poigne ferme du prof de maths s'était vue remplacée par celle, plus douce et plus proche, de Kantaro, qui l'avait guidé sans mot dire. Hugh avait eut l'impression de fermer les yeux juste un court instant après avoir posé la tête sur l'oreiller, et pourtant, lorsqu'il les rouvrit, le calme régnait dans la pièce. Il leva légèrement la tête, la reposant immédiatement au vu des vertiges qui l'assaillirent alors. Kantaro n'était pas là, comme d'habitude la nuit.

" He Hugh, tu dors ? "

Fronçant les sourcils, Hugh tourna à moitié la tête vers le plafond, son regard rencontrant alors celui d'Eiji. Son chien dans les bras, il semblait motivé à aller courir l'un de ces marathons dont il l'avait l'habitude, et sur le point de proposer à Hugh de faire de même.

" Not really ... "

Prenant un air concentré, le blond chercha apparemment à restituer le moment présent. Il resta allongé, se tournant sur le coté pour rester face à Eiji, se reculant un peu pour remettre un peu plus de place entre eux deux.

" ... Il est tard. Tu n'as pas envie de dormir ? "

Pour sa part, maintenant que l'excitation était retombée, il se sentait littéralement épuisé. Il était peut-être allé un peu trop loin ce soir. Certainement même. Dans sa tête revinrent pêle-mêle son court tête à tête avec Kantaro, le geste auquel il s'était laissé allé, puis son comportement envers le professeur. Il eut un petit bruit de gorge, avant de passer sa main froide sur son visage. Tiens, il s'était allongé tout habillé. Et quels vêtements. Ils étaient étriqués. Ah, c'est vrai, c'étaient les fraîches acquisitions de cet après-midi de shopping. Ils devaient être bien sales maintenant. Bonne excuse pour les oublier dès le lendemain à laver et ensuite au fond de son placard.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le temps s'étirant sur un moment qui sembla une éternité à Eiji. Le petit blond silencieux ne lui disait rien qui vaille ... Il s'apprêtait à poser sa main sur l'épaule du blond et à le secouer pour vérifier qu'il était toujours là quand celui-ci se retourna vers lui, offrant à son regard un visage concentré. Eiji recula d'un coup, surpris par le mouvement, et finit assis sur ses talons sur la moquette de la chambre, Shizuka toujours fermement dans ses bras. Le chiot ne trouvait d'ailleurs plus la situation tout à fait à son goût, et tentait de se dégager furtivement des bras solides qui l'emprisonnaient.
Hugh s'était aussi reculé, rendant son mouvement un peu plus ridicule encore, et le jeune homme sentit ses lèvres frémirent d'un rire contenu. Il libéra le chiot, qui loin de s'éloigner de son tourmenteur, se contenta de tourner autour de lui avec attention, les oreilles fièrement dressées et le museau frémissant.

Le jeune homme laissa échapper un soupir à la réponse de Hugh. Il aurait dû se douter qu'il n'aurait pas envie de bouger ... Hugh semblait content de ne jamais bouger de son lit ou de son bureau s'il pouvait s'en abstenir. Il n'avait pas mal aux fesses à toujours rester sur sa chaise comme ça ?
C'est d'une voix presque boudeuse, totalement différente de celle qui était la sienne habituellement qu'il répondit, bien loin de ressentir toute la honte dont il aurait dû être capable devant un tel comportement.

« Pas envie ... je vais plutôt aller courir ... j'ai besoin de me défouler. Tu veux pas venir ? Faut éliminer ce qu'on a bu ! »

La suggestion était de toute bon sens : après un bon effort et une bonne suée, il était sûr qu'il n'y aurait plus aucune trace d'alcool dans son sang. Et il se sentait débordant d'énergie, près à courir une quinzaine de kilomètres et à enchaîner dans la mer si besoin.
Eiji se releva d'un coup, faisant sursauter le chiot qui avait commencé à explorer ses genoux d'une patte curieuse. Il lança un regard accusateur à son perchoir abandonné avant de le contourner et de poser ses deux pattes sur le lit de Hugh, se décidant à observer lui aussi ce qui semblait tant intéresser son maître. Il étendit son cou comme une oie, reniflant délicatement le visage de l'américain.

« Ou alors tu tiens plus debout si t'as personne pour te servir de canne humaine ? »

Dans son état normal, Eiji ne se serait pas abaisser à ce genre de remarque un peu moqueuse, voir franchement désagréable. Un peu éméché, il dépassait juste les limites de politesse qu'il se fixait habituellement, oscillant entre le grand dadet et le grand con.
Pas vraiment méchant ... mais ne se rendant pas forcément compte de la portée de ses propos.

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La manière dont il s'était chacun reculé avait un petit quelque chose de ridicule, mais également de terriblement révélateur sur la manière dont ils se comportaient vis à vis de l'autre. Du moins, était-ce ainsi que Hugh le percevait. Il lui semblait qu'Eiji était prêt à se laisser approcher, mais pas forcement de trop prêt, et surtout, par le bord qui lui convenait, repoussant toute approche inconvenante. Mais n'était-ce pas tout le monde qui agissait ainsi ?

Eiji sembla déçu de sa réponse. Impression confirmée par ses mots qui rejoignirent les pensées de Hugh. Dire qu'il avait imaginé Eiji souhaitant aller courir sans vraiment trop y croire au demeurant ... Ça le dépassait complètement que l'on puisse apprécier bouger de la sorte. Pour quoi faire ? Il préférait de loin des activités plus intellectuelles comme le dessin ou la lecture, même si pour beaucoup, lire des mangas et des comics ne nécessitait aucune réflexion. La plupart du temps, les gens qui disaient ça ne savaient pas de quoi ils parlaient, et leurs propres lectures avaient des profondeurs bien loin d'arriver tout juste à la cheville de certaines idées et réflexions colportées dans les mangas préférés de Hugh.

Eiji se releva soudainement, faisant repartir au sol l'animal qui sa rapprocha de Hugh, dont la mine un peu renfrogné, même si peu visible dans la semi obscurité, laissait bien comprendre son avis sur la question. Hugh recula la tête, peu enclin à se laisser toucher par l'animal.

La remarque lui fit froncer les sourcils, une vague de vexation amère fleurissant à l'arrière de son esprit, ainsi qu'une sorte d'acquiescement amère. Pourquoi s'énerver ? C'était la vérité. Il ne tenait plus debout à cause de l'alcool et de la journée riche en activité physique. Et même sans ça, il ne serait jamais allé courir avec Eiji. Quelle idée ! Il n'était pas dispensé de sport pour rien. De nouveau, il sentit cette jalousie acide gargouiller au fond de son ventre. Eiji le sportif, Eiji dans son corps sain et vigoureux, pour qui il coulait de source de se défouler et de bouger. Comment pouvait-il imaginer ce que lui vivait et ressentait ? Hugh eut un soupir inaudible, fermant les yeux un instant.

" Non Eiji, je ne peux pas aller courir. "

Expliqua t'il gentiment comme il l'eut expliqué à un enfant qui agissait sans comprendre certaines choses qui l'entouraient. Son ton ne comportait aucune animosité, juste une sorte de lassitude.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Je ne peux pas aller courir.
La réponse était honnête, mais tout bonnement irréaliste. Inconcevable. Tout le monde pouvait courir. C'était la première chose qu'on apprenait quand on était enfant, à courir. Avant même de savoir marcher, on essayait, un peu trop vite, de mettre un pied devant l'autre. C'était la première chose, la plus instinctive, qu'on pouvait faire. Alors ne pas pouvoir courir ? Impossible. Autant ne pas pouvoir respirer.
Le sportif resta un instant silencieux, à essayer de comprendre cette réponse qui pour lui n'en était pas une alors que s'égrainait autour d'eux les minutes. Shizuka finit par se lasser de l'inertie de son maître, et par la force de son arrière-train, finit de se hisser sur le lit de Hugh, se promenant dessus comme un conquérant sur son nouveau domaine, indifférent au fait que le blond recule sous son assaut.

« Pourquoi ? Tu as bien deux jambes ? »

Comment résumer en quelques mots toute une pensée bien trop intense et complexe pour qu'il arrive à l'exprimer. Il aurait déjà eu du mal à ne pas s'embrouiller en parlant de sa passion du sport en temps normal, alors maintenant ... il ne préférait carrément pas s'y tenter. Il y avait des raccourcis amplement suffisant pour convoyer son message.
Devant lui se tenait une petite crevette d'américain qui tentait de devenir aussi mou que le drap de son lit, sans vraie raison apparente. Ah si, il était malade rappela un neurone égaré dans le cerveau d'Eiji, un peu plus vigoureux que les autres. Assez malade pour ne pas vouloir faire de sport, mais pas suffisamment pour l'empêcher de vivre comme les autres.

Le jeune homme se rassit au bord du lit, son regard brun fixé avec intensité sur Hugh. Parce qu'il était intéressé par la réponse aussi, mais peut-être par la crainte que s'il le lâchait du regard, il ne serait pas capable de le retrouver, avec toutes les pensées un peu parasites qui passaient dans son esprit, mues par les vapeurs traîtresses d'un peu trop de sake.
Shizuka marqua son approbation en commençant à gratter dans l'oreiller de Hugh pour s'y faire un nid, ou pour chasser la bestiole qu'il croyait voir là.

Le silence s'éternisait, comme le vieux souvenir du silence qui avait été celui de la chambre au tout début de leur colocation, quand trop de méfiance, de rancœur et d'agacement avait entaché leurs relations. Ces sentiments là avaient fini par disparaître pour laisser la place à d'autres, plus propres et plus avouables. Mais ils ne devaient pas avoir disparu complètement, et avaient laissé derrière quelques nouveaux-nés qui n'attendaient qu'un peu d'engrais pour se développer. Cet engrais était le même que ce qui les avait fait un peu se rapprocher : leurs différences, toutes ces différences qui faisaient d'eux des quasi opposés sur la plupart des échelles et des petits détails qui comptaient.
Sans l'inhibition habituelle, sans le vernis de la politesse, Eiji se retrouvait à observer ces différences et à poser le doigt dessus avec la même fascination qu'on tripote une plaie ouverte pour voir jusqu'à quel point elle est profonde et si elle va saigner.

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
En temps normal, Hugh eut réagit plus vigoureusement à l'intrusion de l'animal, qui était sensément interdit de venir sur son lit. Mais qui avait le droit sur celui de Kantaro. Honnêtement, comment faire comprendre la différence à l'animal ? Et Hugh n'allait pas imposer à Kantaro de refuser à son chien l'accès de son lit ... Ce n'était pas de gaieté de cœur, mais pour ça, il laissait couler, se contentant de virer gentiment l'animal lorsqu'il se montrait ainsi invasif.

Sauf que là, il y avait Eiji devant lui. Assez proche, voir même un peu trop, ainsi accoudé au bord du lit. Qui le fixait de son regard brillant, lui empêchant de détourner la tête, l'ayant emprisonné avec quelques mots.
Il y a plusieurs manières de communiquer. Parfois, par une étrange alchimie, les mots atteignent directement leur but, et sont ce qu'ils semblent être. En toutes franchises, nues, les paroles sont soudainement plus crues et parfois même plus sensées. Hugh n'était pas prêt à adopter ce registre de parole, et certainement pas avec Eiji. Non, avec personne. Étaler ce qu'il avait au fond de son cœur et expliquer ce qu'il en était ... Était inconcevable. Hugh savait ce que l'on récoltait en retour de ce genre d'accès trop honnêtes. Jamais rien de bon. De toutes manières, Eiji ne comprendrait pas.

L'expression du blond un court instant douloureuse, redevint tranquille et joviale, proche de l'expression qu'il arborait le plus souvent. Le sourire paisible et amusé de quelqu'un qui ne se prenait pas la tête.

" Tu l'as dit toi-même à l'instant, je ne peux pas tenir debout sans canne humaine ... "

Déclara t'il, accentuant son sourire sur les derniers mots. Faire croire à Eiji qu'il avait mal interprété ses paroles, n'était-ce pas bien plus simple, et également des plus crédible ? La tête lui tournait un peu, et il n'était pas facile de se concentrer. Et cet abruti de chien s'était allongé avec un soupir dans son oreiller, juste derrière lui, le mettant mal à l'aise. Tant de petits détails ennuyeux, mais pour lesquels il ne trouvait pas la force de remédier.

" Je n'ai pas tant bu que ça, mais je ne suis pas habitué. "

Ajouta t'il en guise de justification, remettant la conversation sur les rails d'un échange plus tranquille et jovial. S'offrir à des moqueries innocentes sur sa manière de tenir l'alcool était un terrain bien moins dangereux que de parler de son manque d'envie à aller courir.

Eiji Kimihiro [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Explication foireuse ... mais qui marchait. Dans son état normal, Eiji n'aurait pas accepté une telle réponse. Sauf que dans son état normal, il ne se serait jamais montré aussi inquisiteur envers quelque chose qui mettait autant Hugh mal à l'aise. Un long soupir s'échappa des lèvres de l'adolescent qui tourna le dos au blond, s'appuyant dos au lit avant de poser sa tête sur le matelas, s'offrant une vue directe et magnifique sur le dessous de son propre lit. Incroyablement fascinant.
Les motifs de la couette sur les cotés, les lattes du sommier, le tissu du dessous du matelas ... et il n'avais jamais remarqué tout cela jusque là ?

« C'est pas drôle. »

Eiji tourna la tête un peu plus quand Hugh expliqua qu'il n'avait pas l'habitude de boire. Ah ? Il s'en contre fichait, pour tout dire. Il n'avait pas cette habitude non plus. C'était tombé sous le sens, et avait été fun pendant la soirée, ni plus ni moins. Ce n'était pas une fin en soi. A quoi bon. Si c'était pour finir par raser les murs pour ne pas se faire remarquer, ce n'était pas si amusant que ça. Surtout si personne n'était tenté pour aller courir un marathon avec lui et lui permettre de se défouler.
Le jeune homme se passa la main sur le visage, mimant le geste qu'avait eu Hugh quelques instants plus tôt. Ses yeux étaient presque douloureux derrière ses paupières, lui rappelant qu'il ne se sentait pas, non n'était pas dans son état normal.

« Promis, quand t'auras pas besoin de canne, je t'emmènerai courir avec moi. Sans boire, c'est pas la peine. »

Il aurait été bien en peine de justifier sa promesse ou même de lui montrer un intérêt. Dans son état, c'était simplement le Eiji gentil garçon qui ressortait, celui qui voulait bien partager avec les autres quelque chose qu'il adorait sans comprendre à quel point cela pouvait être agaçant pour les autres. Un garçon simple, tout juste monomaniaque en quelque sorte.

Avec un grognement sourd à cause de l'effort, Eiji reprit une station debout, et appuya son front sur le barreau frais de son lit double. Les lits superposés étaient une merveille de fabrication, offrant un point d'appui à sa haute stature. Le jeune homme baissa les yeux et dédia un sourire adorable à Hugh, comme s'il n'avait pas été 5 minutes plus tôt en train de le titiller pour aller courir. Finalement, maintenant qu'il ne bougeait plus, il avait bien une petite envie de dormir.

« Merci, c'était une super aprem. »

La main de Eiji se rapprocha dangereusement de la tête de Hugh, jusqu'à ébouriffer la tignasse blonde déjà mal coiffée en temps ordinaire, réveillant au passage un Shizuka qui secoua sa petite queue avec vigueur pour rappeler sa présence, s'attirant l'attention de son maître.

« Ok, ok tu peux venir. »

Le jeune homme se pencha pour récolter son chiot avant de péniblement monter sur son lit, s'y effondrant avec l'animal sans chercher à faire plus d'effort. Quelques minutes plus tard, son haut s'envola vers le sol, comme mû d'une volonté propre. Seul effort que daigna faire le jeune homme pour s'installer plus confortablement.
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