Temori avait menée une journée très éprouvante, car, la veille au soir, elle s’était couchée très tard pour finir le livre qu’elle avait commencée, elle n’aime pas laisser les choses qu’elle commence, en plan comme ça, même si cela lui joue des tours. Mais elle devait assumer son grand manque de sommeil, alors elle se rendit en cours sans se plaindre et ensuite se dirigea vers le dojo, pour pratiquer son sport préféré, le kendo. La fatigue ne l’arrêtera pas si c’est pour cette motivation là.
Chaque pas la rapprochait un peu plus du dojo, elle suivait le cours d’eau, avec son parapluie sous la main, car c’était un endroit magnifique avec un paysage tout autant splendide, malgrès cette horribe temps pluvieux qu'il y avait. Temori arriva alors, devant le dojo, elle entendit comme un dispute : « C’est à notre tour d’avoir le dojo ! », « Non ! Le dojo est fait en priorité pour le kendo et le kyudo ! » .
Temori sut des lors, qu’il s’agissait d’une énième dispute entre le club de karaté et celui de kendo. Elle connaissait les règles, elle, c’était réservé pour leurs deux clubs et ensuite, seulement quand il n’y a personne, le club d’arts martiaux aurait le droit de venir s’entrainer, sinon, c’est direction dehors. Mais Temori avait remarquée qu’il pleuvait des cordes, alors peut être que pour cas exceptionnels, ils pourraient… Elle venait d’apercevoir Akihito Ishiin, un garçon de 3e année et ne sachant pourquoi, elle le détestait au plus haut point. Enfin si, elle savait, c’était le jour de son arrivée, il lui avait dit (surement dû à sa petite taille) : « Tu t’es trompée, ici c’est le lycée, pas la primaire. », depuis lors, elle n’arrivait pas à encadrer cet affreux personnage… Alors, elle intervint dans la dispute :

« - Il est hors de question que vous veniez ici, DEHORS !!! »

Elle avait voulu intervenir justement, mais son instinct égoïste et rancunier l’avez trahi. Temori ne le connaissait pas vraiment, mais elle en savait assez d’une certaine manière, elle n’appréciait pas du tout les personnes de son genre. Mais peut-être qu’avec un peu de recule... Non, même avec plusieurs kilomètres de recule, elle le détesterait toujours.

« -C’est dans le règlement, vous devez aller dehors pour vous entrainer, cette endroit nous est réservé ! »

C’était la seule chose qu’elle trouvait à dire …

En se réveillant ce matin Akihito avait constaté que le temps était bien triste mais la pluie ne le dérangeait pas vraiment. Certes il préférait les journées ensoleillées et chaudes mais un peu de pluie faisait du bien. Comme tous les jours, il avait été réveillé grâce à l’aide de Ryosuke son coloc armé du coussin habituel… Il s’était finalement levé, habillé puis s’était dirigé vers le self pour prendre son demi-litre de jus de fruit quotidien. Il était allé en cours comme d’habitude et avait été plus ou moins attentif. La grisaille qui régnait à l’extérieur n’arrangeait pas son état. Il n’arrivait pas à se bouger, il se trainait en fait. Pour écrire ses cours, pour répondre aux questions de ses profs et même pour aller manger il avait trainé les pieds. Le temps maussade l’empêchait d’être énergique. Après avoir mangé, il avait du se motiver très sévèrement pour retourner en cours à l’heure.

A la fin de la journée, trop content que cela soit fini, il se dit qu’il irait bien faire un peu de karaté, réviser ses katas quoi. Il décida de se diriger vers le gymnase. En sortant il mit son bonnet et rajouta par-dessus sa capuche pour se protéger de l’humidité et éviter d’avoir froid. Tout en marchant vers le gymnase il réalisa que cette pluie avait fait fuir nombre de sportifs : les terrains étaient vides. Hors mis les sportifs absents, il remarqua que le lycée lui-même semblait endormi, d’habitude à la sortie des cours ce lieu grouillait d’élèves pressés d’aller vaquer à leurs occupations, hors là il n’y avait que très peu de gens. Il continua de marcher en accélérant un peu et arriva au gymnase. Là il comprit pourquoi il avait trouvé l’endroit désert. En fait, la majorité des sportifs s’était réfugiée dans le gymnase. Du coup il y régnait un brouhaha monstrueux. Akihito résista à ce bruit quelques minutes puis se dit que non, il ne s’entrainerait pas ici. Impossible de se concentrer. Il ressortit et resta deux minutes sous la pluie à savourer le bruit des gouttes qui tombaient. Le pied, juste le bruit de l’eau. Ce week-end il avait découvert la piscine, alors comme il ne pouvait s’entrainer ici, il se dit que c’était l’occasion de découvrir le dojo. Il savait bien que le dojo n’autorisait pas les karatékas à l’utiliser s’il y avait des gens du club de kendo ou de kyudo. Mais il espérait qu’avec cette pluie il aurait gain de cause, et puis il voulait juste s’entrainer une petite heure histoire de se dégourdir de sa morne journée. Mais quand il arriva près du dojo, il remarqua qu’une discussion houleuse était déjà en cours entre un kendoka et un garçon. Un autre membre du club de kendo vint plus ou moins à sa rencontre et dit clairement qu’il était hors de question qu’il entre dans le dojo. Akihito se mêla donc de cette histoire et répondit qu’avec la pluie il n’y avait vraiment pas d’autre endroit. Et le ton commença à monter. Le kendoka ne lâcherait rien, ça Akihito l’avait compris, mais lui qui n’aimait pas trop se battre pour ce genre de chose se retrouva à essayer de crier plus fort que l’autre…Quand tout d’un coup une fille, une petite fille, vint se mêler à la discussion. Elle se mit carrément au milieu et hurla :

« - Il est hors de question que vous veniez ici, DEHORS !!! »
« -C’est dans le règlement, vous devez aller dehors pour vous entrainer, cet endroit nous est réservé ! »

Marrant en fait. Haute comme trois pommes elle semblait avoir un sacré caractère. Se mettre au milieu d’une dispute entre mecs et hurler plus fort qu’eux pour leur dire de disparaitre, chapeau. Mais quand Akihito s’attarda sur la jeune fille, il se dit qu’il la connaissait. Pas la connaitre dans le sens « on a discuté ensemble » mais juste de vue quoi. Où l’avait-il vu…c’était bizarre quand même il se rappelait d’elle sans s’en rappeler complètement. Elle ressemblait à une fillette de par sa taille, un peu comme une élève de primaire…Ah oui ça y’est il se souvenait : il l’avait vue le jour de la rentrée et il avait cru qu’elle était plus jeune qu’une lycéenne…Il avait du lui dire un truc du genre « tu t’es gouré, le primaire c’est pas ici »…Mmmm très fin. Ouais bon. Elle semblait faire partie du club de kendo. Super. Il décida de rajouter de l’huile sur le feu, s’il ne pouvait s’entrainer ici, il leur ferait perdre leur temps avec la dispute…Petite vengeance personnelle…très petite mais bon il n’avait pas d’autre moyen dans l’immédiat de notifier son mécontentement profond. Du coup il regarda la jeune fille et lui dit :

"Tiens Chibi-chan, heureusement que tu as de la voix hein…sinon on risquerait de pas te voir."

C’était mesquin et méchant. Il le savait mais pour l’instant il était de sale humeur, il ne comprenait pas bien cette espèce de guéguerre entre les clubs pour le dojo. Les karatékas n’étaient pas autorisés au dojo mais quand même là ils étaient juste deux et voulaient juste s’entrainer un peu. Il regarda la jeune fille du coin de l’œil, s’attendant à une réaction plus que violente.

Elle observa qu’il la regardait, elle avait percé clair dans son jeu de pur provocations, mais Temori n’arrivait pas à ignorer ce genre de propositions, elle adorait trop les problèmes, un inconvénient dans un sens, mais tellement amusant dans l’autre… Cette situation avait l’air de l’amusait, lui, autant qu’elle, alors, si c’est comme ça, ils allaient jouer !
Non il ne fallait surtout pas qu’elle tombe dans son jeu à lui, ce sera lui qui tombera dans le sien, quand il verra qu’elle ne réagira en aucun cas aux pics qu’il lui lancerait.
« Tiens Chibi-chan, heureusement que tu as de la voix hein… Sinon on risquerait de ne pas te voir. » C’est ce qu’Akihito venait de prononcer. C’est très bien, il tombait peu à peu dans son j-… QUOI ?! QUE VENAIT-IL DE DIRE ?!! Elle se sentait comme emportée par la rage. « Reprends-toi ma fille ! » se disait-elle, alors elle respira un grand coup, histoire de se calmer un peu et proclama :

« - JE VAIS TE FRAPPER TELLEMENT FORT, QUE TA FAMILLE NE TE RECONNAITRA MÊME PLUS !! »

Ses mots avaient dépassé sa pensée, elle était prête à lui sauter dessus pour lui donner une bonne raclé qu’il aurait bien mérité, mais deux autres kendokas l’avait tout deux attrapés par les bras pour tenter de la retenir. C’est sûr, ils ne me lâcheront pas tant qu’elle ne se sera pas calmer et elle était vraiment trop fatiguée pour se débattre. Alors, elle se calma doucement, du moins en apparence :

« - C’est bon, tranquille, il n’y a aucun problème, pourquoi j’irai taper une personne qui ne vaut même pas la peine de s’énerver, pff, que broutille… »

Les deux autres kendokas se regardèrent et pensèrent que c’était bon, alors ils la lâchèrent. Temori couru vers lui le plus vite qu’elle pouvait pour le pousser à terre et faire pression de son coude sur son ventre jusqu’à ce qu’il puisse crier à l’aide, c’est ce qu’elle aimerait entendre. Elle se sentait légèrement partir, c’est vrai, elle avait vraiment envie de dormir. Elle attendait seulement d’entendre le son de sa voix la supplier de relâcher la pression. Elle n’allait surement pas tenir longtemps alors elle appuya encore un peu plus fort et en profita aussi pour lui donner quelques coups :

« - J’ai besoin de préciser, tu as de la chance que je ne sois pas au top de ma forme, car t’aurais pas fait le fière, c’est moi qui te le dit… »
C’est vrai, les coups qu’elle lui portait étaient vraiment légers, elle savait qu’en temps normale, elle n’aurait pas été si « douce ».
Elle entendait plein de gens commençants à rire devant ce pitoyable échec, eux, habitués à voir beaucoup plus venant d’elle. Ils riaient de plus en plus en la pointant du doigt, c’est sûr qu’ils ne tenaient pas vraiment à leurs vies.
Temori était en train de, comment dire, s’humilier elle-même.
La rage montait en elle, très rapidement, elle se releva, alors, soudainement :

« - Taisez-vous tous !! »

Voyant que les rires ne cessaient points, elle partit en vitesse bouder en dehors du dojo, sous la pluie qu’elle sentait ruisselait autour d’elle.
Ne pas pouvoir rendre ses comptes comme elle l’avait voulu… c’est ça qui l’énervée le plus. Ce que les gens en pensaient, elle s’en fichait, mais demain, c’est sûr que la nouvelle fusera dans toute l’école et même si elle fait croire qu’elle s’en fiche, elle ne se sentira surement pas très bien…
Elle voyait déjà les panneaux sur les murs qui indiqueraient à tous : « Temori Taïga est une perdante ! »
Qu’est-ce qui allait bien pouvoir se passer ?

Akihito l'avait appelée Chibi-chan volontairement, sachant bien qu'elle réagirait. Et il s'attendait à une réaction violente. Oui mais pas autant que ça.

"- JE VAIS TE FRAPPER TELLEMENT FORT, QUE TA FAMILLE NE TE RECONNAITRA MÊME PLUS !!"

Elle avait dit cette phrase avec une violence qu'on imaginait mal sortant de la bouche d'une si petite fille. Akihito fut surpris mais le fait qu'elle essaie de lui foncer dessus, par contre, le fit sourire. Il se retint néanmoins afin de ne pas envenimer les choses. La jeune fille voulait donc l'attaquer mais deux kendokas l'arrêtèrent. Akihito fut soulagé car il n'aurait pas aimé lui faire mal par pur réflexe défensif. Il baissa sa garde quand il vit qu'elle s'était calmée. Il apparut que c'était bien mal la connaître.
Dès que les deux garçons l'eurent lâchée elle lui fonça de nouveau dessus avec une vitesse surprenante. Il se mit en position défensive pour l'éviter. Mais il hésita. Quelque chose n'allait pas. Elle était rapide mais elle semblait déjà ralentir. Il trouvait ça bizarre et en effet, quand elle le percuta, le choc fut bien moins prononcé que ce qu'il avait prévu. Il se retrouva tout de même au sol, plus pour absorber la collision que par déséquilibre. Elle lui enfonça son coude dans l'estomac sans trop de force même si il sentait qu'elle aurait voulu le frapper plus fort. Elle tenta visiblement de renforcer son appui tout en lui donnant quelques coups mais ses forces semblaient l'abandonner. Elle semblait de plus en plus légère pour Akihito. Elle reprit la parole annonçant qu'elle était fatiguée et que c'était une chance pour Akihito car sinon, selon elle, il aurait pas fait le fier. Akihito sourit intérieurement. Elle était donc fatiguée. Ceci expliquait son comportement. Mais ce qui faisait sourire Akihito c'était que, malgré son petit gabarit et sa fatigue, elle n'avait pas hésité à lui foncer dessus.

La jeune fille changea de tête et Akihito réalisa qu'autour d'eux des rires étaient apparus. Elle comprit que les gens se moquaient d'elle et le prit assez mal. Il se disait qu'elle devait être en train de bouillonner. Elle leur ordonna de se taire mais les rires redoublèrent. Akihito voyait le visage de la jeune fille d'assez près. Elle était rouge...de colère ou de honte ? Un peu des deux pensait-il et à sa place il en ferait probablement de même. Elle se leva d'un coup et partie en courant à l'extérieur laissant là les badauds qui riaient encore et Akihito par terre. Il se releva, regarda les élèves qui s'étaient finalement arrêtés de rire ou presque, et constata qu'il n'en connaissait pas un. Tant mieux comme ça il n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit pour partir à son tour. A quoi bon rester après ce qu'il venait de se passer. Akihito se disait que les autres allaient poser des questions et il n'avait pas envie de répondre. En fait, bizarrement, il s'inquiétait pour Chibi-chan. Elle était dehors sous la pluie et son parapluie était resté là. Il décida d'aller voir un peu dans quel état il pouvait la trouver, si il la trouvait. Il fit demi-tour et sorti à son tour sous la pluie.

Il remit son bonnet et sa capuche puis chercha Chibi-chan. En voyant Chibi-chan il avait pensé à Tsugumi, sa sœur. Cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait pas pensé. Pourquoi sa sœur....parce que Chibi-chan semble avoir mauvais caractère comme Tsugumi. Pourtant il était en froid avec elle à cause de ça, c'est une chieuse. Mais Chibi-chan semblait triste d'avoir été la risée du dojo pendant trois minutes et ça ne plaisait pas trop à Akihito. Il pensait qu'elle devait être en première année et donc il lui semblait important de faire en sorte de l'aider un peu. Ou du moins essayer.

Il marcha en faisant le tour du dojo et observa une rangée d'arbustes un peu plus loin. Il se dit que peut-être elle s'était posée là-bas. Il alla dans cette direction et aperçut finalement la jeune fille entre les arbustes en train de pleurer ou de râler, il ne voyait pas bien.

Il décida de l'interpeller gentiment pour ne pas l'énerver davantage.

"Euh...juste je voulais savoir si tout allait bien..." ne sachant quoi dire à la fin de sa phrase, la laissant en suspend regardant la jeune fille dans l'attente d'une réaction.

Ces gens ne valent rien, du moins, ils ne la connaissent pas, sinon, ils n’auraient pas fait tout ce tapage. « Je prendrais ma revanche » c’est tout ce qui lui venait à l’esprit dans l’instant, elle était frustrée. Placée entre la colère et la honte. En plus de cela, dehors il ne faisait pas chaud du tout, il pleuvait et si elle restait là, elle finirait surement sa semaine avec un bon gros rhume.

Planquait derrière les arbustes, elle se releva donc, dans l’idée de partir d’ici en vitesse et ensuite de se diriger vers sa chambre. Devant elle, se dressait Akihito, qui lui dit d’une voix plutôt calme qui l’énervait encore plus que ce qu’elle n’était déjà : « Euh… juste je voulais savoir si tout allait bien… ». Si tout allait bien ?! Il ne manque pas d’air celui-ci, il avait osé poser la question fatale, celle qui ne rimait à rien et celle dont surement tout le monde connaissaient la réponse, mais il l’avait posé quand même. Elle le regardait, alors, droit dans les yeux très fixement pendant quelques instants, comme pour sonder son âme, c’était, selon-elle, comme pour savoir s’il venait pour encore une fois se moquer de son acte si pitoyable. Temori était prête à faire exploser toute sa colère pour être bien comprise, mais au lieu de ça, elle resta, pour une fois, calme. D’un calme qui, de sa part, pourrait faire peur, était-ce le calme avant la tempête ? Non, j’en doute, elle était plutôt en résignation et dites-vous que, pour elle, c’est une chose qui n’arrive pas tous les jours.
Elle lui répondit donc :

« - Qu’est-ce qui pourrait aller mal ?! Je ne vois pas de quoi tu veux parler… »

Elle avait décidé de faire comme si ce qui venait de se passer, n’avait jamais existé. C’était surement la meilleure chose à faire dans son état.

« - De toute façon, j’imagine que tu demandes cela par pure politesse. »

Elle lui fit un grand sourire, surement hypocrite, n’en doutais pas… Mais bon, c’est vrai, de toute façon, la réponse qu’elle lui fournirait ne changerait pas grand-chose non plus, mais soudain, elle prit le temps de réfléchir...

« - Excuse-toi ! »

Et oui, malgré tout, Temori ne perds pas le nord. C’est vrai que, dans l’histoire, ce n’était surement pas lui, le plus en tort, mais voilà, ce n’était pas elle non plus… S’il tenait à savoir, maintenant, il sait ce qu’il a à faire pour que tout aille bien. Ce n’est pas comme si elle l’avait forcé à venir la voir, donc maintenant, il serait fatalement obligé de s’excuser et puis la vie reprendrait ainsi son cours normal.
Elle attendait donc ce mot fatidique qu’elle prendrait surement un grand plaisir à entendre…

La première réponse qu'il obtint fut un regard dur et pénétrant. Il trouvait dommage de voir un regard pareil chez une fille, après ce qu'elle avait dit tout à l'heure et ça il se disait qu'elle devait avoir soit une vie compliquée soit un caractère de merde. Il ne détourna pas les yeux pour autant. Il ne craignait pas la jeune fille, il se demandait juste si elle allait lui foncer dessus comme tout à l'heure ou pas. Si c'était le cas, il ferait en sorte de lui faire comprendre que c'était une mauvaise idée. Puis, il eut une autre réponse. Réponse faites avec une fausse aisance. Elle lui fit remarquer qu'il avait du faire cela par pure politesse. Non il n'avait pas fait cela par pure politesse, enfin pas que par politesse. Il l'avait aussi fait parce que laisser une fille dans cet état, une kouhai en plus, ce n'était pas très gentleman. Il allait le lui dire quand elle lâcha un "excuse-toi" sec et sévère.

S'excuser ? Il essayait de comprendre pourquoi elle avait dit ça. Mais là il devait avouer que ça commençait à bien faire. Il venait voir si elle allait bien, et si elle ne voulait pas il lui aurait suffit de dire "va t'en" et c'était fini. Elle voulait des excuses, non, pas d'accord. Il ne s'excuserait pas. Il reconnaissait volontiers que le "chibi-chan" n'était pas une merveilleuse idée mais c'était tout. Et quand bien même il ne se serait pas excusé car il estimait que la réaction était disproportionnée par rapport à la boutade. Il ne savait trop quoi répondre. Etant donné qu'il ne s'excuserait pas, quoi qu'il puisse dire avait une chance de la mettre encore plus en colère. Il réfléchit un instant la fixant à son tour avec les sourcils froncés et la bouche crispée. Il sentait qu'il allait dire une connerie aussi il décida de rester le plus neutre possible et de lui dire :

"Chère demoiselle je ne m'excuserai pas. J'aurais peut être pas du te titiller mais ta réaction m'a parue un peu excessive. Je vais donc te laisser tranquille. Une bonne fin de journée."

Il la salua, remit correctement son bonnet, tourna les talons et commença à partir. Cela ne lui plaisait pas trop de partir comme ça mais il ne pouvait pas parler avec elle. C'était trop semblable. Ces faux airs d'assurance, ce ton déplaisant et ce regard dur. Elle ressemblait vraiment à Tsugumi de caractère...Il savait qu'il allait avoir du mal avec cette fille.

Temori eu soudainement un petit sourire, pas l’un de ces sourires sadiques, mais plutôt un sourire calme et son expression c’était adouci. En vérité, Temori savait très bien qu’elle avait tord, mais bon, il faut toujours tenter. Elle rattrapa Akihito et lui dit :

« - Excuse-moi. »

Avec l’air le plus sincère du monde, elle avait sûrement décidé d’être gentille pour une fois. Elle le regardait avec toujours autant de gentillesse, cela pouvait, bien sûr, paraître ne serait-ce qu’un peu bizarre, car il y avait encore quelques minutes elle lui en voulait vraiment beaucoup.
Mais, à vrai dire, elle avait réfléchi, pourquoi lui en vouloir ? Il n’avait peut-être pas fait grande bêtise et puis, Temori se sentait d’humeur généreuse, « Allez, j’efface ton ardoise » …

« - Serait-il possible que nous repartions sur de bonnes bases ? »

Temori se faisait peur toute seule, tant de mots sympathiques sortant de sa propre bouche en l’espace de quelques minutes … Mais elle prenait sur elle… Beaucoup sur elle… Mais vu d’un autre sens, elle trouvait son acte normal et juste. Temori se surpris même à être fière d’elle d’agir comme une bonne personne.

Elle tendit la main droite vers Akihito pour lui faire une poignée de main et signer l’arrêt de guerre, autant s’arrêter maintenant, à quoi bon continuer de toute façon ? Elle n’avait plus aucune raison de s’énerver.
Puis elle reprit avec un sourire digne des plus grandes star de cinéma :

« - Qu’est-ce que tu en penses ? »

Ensuite, Temori tourna le dos à Akihito, reprenant ces airs un peu faux :

« - Je comprendrais, bien sûr, s’il t’arrivait l’envie de refuser … »

Elle resta immobile en attendant la réponse du jeune homme ...

Il préférait partir. Elle ressemblait trop à sa sœur et il avait peur que cela déclenche une certaine agressivité chez lui. Il n’y pouvait rien dès que quelqu’un lui rappelait Tsugumi, il changeait d’humeur. Il pouvait devenir blessant sans le vouloir et là il ne voulait pas en rajouter. C’est pourquoi il avait décidé de couper court à toute discussion en lui tournant le dos. Mais soudain il entendit une voix derrière lui qui se rapprochait, comme si elle essayait de le rattraper. Il s’arrêta et se retourna. Il fût vraiment surpris. Le visage de la jeune fille avait changé. Le visage fermé et agressif de tout à l’heure avait laissé la place à un visage presque détendu mais surtout qui reflétait autre chose que de la colère pure. Elle souriait, et là ce sourire avait l’air presque sincère à 100% même si on pouvait se dire qu’une petite part était encore un peu factice. Akihito en resta plus ou moins bouche bée, la regardant sans bouger ne sachant pas trop quoi faire. Il n’avait pas l’habitude de recevoir des excuses après ce genre d’accrochage. Tsugumi avait tendance à hurler, à s’agiter et à partir vous laissant sur place.

Il entendit clairement la dernière phrase « repartir sur de bonnes bases »…il pensa partir sur des bases tout court en fait, car à part se faire sauter dessus et limite insulter il n’y avait pas grand-chose. Il sourit malgré lui quand elle lui tendit la main. La poignée de main qui résout tout, la poignée de main qui réconcilie. Il ne pratiquait que très rarement cela, du coup il ne bougea pas vraiment. Du coup Chibi-chan lui tourna le dos comme pour ne pas affronter un refus potentiel. Il décida aussi qu’il ne l’appellerait plus comme ça à voix haute. Elle s’était excusée, à son tour de remplir sa part du marché.

Il s’avança pour se rapprocher un peu d’elle puis il dit d’une voix douce :

"Je suis surpris que tu t’excuses et surtout j’en suis ravi. J’accepte très volontiers et serai heureux que nous apprenions à nous connaître…normalement je dirais" il ponctua sa dernière phrase d’un léger sourire.

"De mon côté je suis désolé de t’avoir appelé Chibi-chan, je ne le ferai plus…même si je trouve ça mignon…mais promis je ne le dirai plus…" Il fit un pas en avant et repris :

"En fait je pense que j’aurais pu être un poil plus cool mais bon je me suis laissé emporter et je n‘ai fait qu’en rajouter alors pour le coup je suis aussi un peu responsable de la situation…Je te propose un truc pourquoi ne pas aller discuter un de ces quatre autour d’un thé si ça te dit ?"

Il proposait cela dans l’espoir qu’un de ces jours il pourrait découvrir une jeune fille sympathique au détour d’un thé avec quelques sucreries. Il demanderait certainement à Minji et à sa copine de venir histoire que Temori-chan ne se sente pas trop seule et lui emmènerait certainement Ryosuke pour équilibrer tout ça. Il aperçut un sourire sur les lèvres de la jeune fille, visiblement elle était partante. Il la salua et dit :

"Je dois y aller mais on se croisera sûrement au lycée et on s’organisera un petit truc tranquillement…Je te souhaite une bonne fin de journée Taïga-chan…Et…tu es plus jolie quand tu souris pour info."

Et sur ces mots, il la salua une dernière fois et parti.


[HRP : avec mes excuses...le retard et tout...]