Ginkgo Gakuen
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Le lycée sous le signe de l'arbre aux 1000 écus
 
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 Séance photo de Kendoka [Hugh/Eiji]

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AuteurMessage
Eiji Kimihiro
Élève de la 3-A

Eiji Kimihiro


Personnage
Âge : 20 ans
Chambre / Appart : 102

A savoir
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Séance photo de Kendoka [Hugh/Eiji] Empty
MessageSujet: Séance photo de Kendoka [Hugh/Eiji]   Séance photo de Kendoka [Hugh/Eiji] EmptyDim 6 Fév - 9:51


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Batterie de l’appareil chargée, check. Carte mémoire vidée de toute trace suspecte, check aussi. Tandis qu’il retraçait mentalement les différentes points qui pourraient mal tourner, Hugh jeta un coup d’œil en arrière, afin de vérifier que son modèle le suivait toujours. Eiji était bien la, un peu gêné de devoir traverser l’école dans son hakama, mais ne le montrant pas plus que ça. C’était juste que Hugh avait appris à repérer certains de ses tics gestuels montrant son humeur. Ce petit battement de sourcil la, c’était la gêne. L’ombre d’un sourire traversa furtivement le visage du blond. Que penserait Eiji s’il savait qu’il connaissait certains détails de cette manière ? Pour sa défense, Hugh aurait put rétorquer que c’était le genre d’observation qu’il avait sur chacun de ses colocataires, avec le temps… Mine de rien, cela faisait plusieurs mois qu’ils vivaient ensemble, et le blond devait bien avouer qu’il n’était pas mécontentent de renquiller avec eux 2 pour une année encore.

Hugh ralentit le pas, autant parce qu’il ne se sentait pas d’assumer plus longtemps la marche rapide qu’il avait cru pouvoir adopter au début pour montrer le chemin à Eiji que pour inciter l’autre à se rapprocher un peu. Qu’étaient-ils au final ? Des compagnons de chambre, ou un peu plus ? Le temps d’une année, certainement un peu plus. Après, les routes se sépareraient et ils s’oublieraient, mais d’ici la… Hugh sourit à son intention.

« C’est vraiment gentil de ta part d’avoir accepté. »

Car s’il y a bien une chose qui était certaine, c’était qu’au début, rien ne prédisposait Eiji à accepter la demande presque farfelue de l’américain. Une séance photo ? Hugh se doutait bien que la notion de photo référence ne disait rien au kendoka, pas plus qu’il ne pouvait comprendre la différence entre prendre soit même ses photos et chercher sur le net. Toujours est-il que l’autre, à sa grande surprise – et joie – avait accepté. Et qu’ils se retrouvaient maintenant, en plein après-midi, sur le point de faire cette séance. Autant pour se rincer l’œil – en toute légalité cette fois, et sans risque de se prendre un coup de poing à la fin – que pour les documents qui en découleraient, cela promettait d’être intéressant.

Cette 1ere rencontre avec Eiji… Hugh avait mis de l’eau dans son vin et cessé d’appuyer la ou ça faisait mal. Mais pourtant, au fond de lui, il aurait bien aimé avoir une discussion sérieuse avec Eiji à ce propos, sans savoir trop comment amener le sujet, et surtout, craignant d’éroder subitement une amitié qui avait mis que trop de temps à s’ériger, et qui semblait, de son point de vue, prêt à s’écrouler à la moindre erreur.

« On peut aller du coté du dojo, ou il y a trop de monde ? Je voulais trouver un endroit un peu tranquille à l’écart mais je ne sais pas trop ou, au final »

Avoua t’il avec un sourire un peu crispé en triturant le bas de son ample tee shirt. Il n’avait porté qu’une seule journée celui acheté sous les conseils de Kantaro, étant bien vite revenu à ses habituels vêtements option AT field.


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Dans un passé pas si lointain, Eiji aurait franchement grincé des dents à l’idée de se faire prendre en photo sous toutes les coutures par Hugh. Dans un passé pas si lointain, il lui avait refait le portrait pour la simple offense de l’avoir regardé un peu trop attentivement. Pourquoi ce revirement de situation alors ? Il ne pouvait pas dire que se faire prendre en photos était la chose qu’il appréciait le plus au monde. Il tolérait d’être pris en sport, parce qu’il n’était pas rare que les appareils se déchainent, surtout sur les terrains d’athlé, par les journalistes du lycée ou juste par des demoiselles intéressées. En kendo aussi, dans son ancien club qui avait beaucoup plus d’importance que le petit dojo oublié à Kobe. Il avait fini par les accepter comme faisant partie du jeu. De là à accepter une séance où il serait spécifiquement la cible, seul face au photographe ?

La réponse était plus floue. Parce qu’il appréciait Hugh au final, cet américain bavard et fouineur qui mettait de la vie dans leur chambre, et qu’un certain lien existait entre eux trois. Et même sans son armure, le hakama restait quelque chose qui le coupait du monde réel et le conditionnait dans un certain esprit. Hugh ne voulait pas le prendre en photo, il voulait photographier un kendoka, un homme en hakama traditionnel, un peu hors de ce temps où tous les lycéens se baladaient en jean avec mp3 sur les oreilles. Lui, au final, ne servait que de vecteur, acteur d’un rôle qu’il connaissait par cœur.

Il haussa les épaules à la remarque. Ils avaient pris le chemin un peu plus long pour se rendre au dojo, celui qui ne passait pas au milieu de la cours. Malgré cela ils avaient croisé quelques autres lycéens, dont 2 minettes qui avaient pouffé en les regardant passer. Elles n’avaient jamais vu de hakama et de kimonos traditionnels ces oies blanches ?

« Ce n’est pas comme si je ne me baladais pas en hakama dans le dojo 3 heures par jour habituellement… »

Le jeune homme s’arreta un instant sur le chemin, pondérant sur la question.

« Non, ça devrait être tranquille. Les quelques kendoka ne viennent pas à cette heure, ceux qui viennent de manière intermittente le font le samedi, et l’unique autre Kyudojin est encore en cours. »

Il finissait par connaître les emplois du temps de ceux qui venaient là, en particulier des autres kendokas avec qui il s’entrainait, et celui de son sensei de Kyudo. Pour ne pas le déranger pendant qu’il tirait, ou pour venir s’entrainer avec lui, au choix, et selon ses propres impératifs. Un léger sourire orna ses lèvres à cette idée. Le kyudo était en passe de devenir un réel plaisir alors qu’il apprenait des petits trucs auprès d’un bon sensei.

Les deux jeunes gens s’arrétèrent devant les portes de bois, qu’Eiji s’empressa de faire glisser doucement dans ses rails, laissant la lumière chaude du printemps venir éclairer le bois doré du parquet. Depuis qu’il avait un peu plus de vie et d’entretien, ce dojo retrouvait une atmosphère agréable et protectrice.

« Enlève tes chaussures avant d’entrer. »

Il retira ses propres geta avant d’entrer. Comme prévu, le dojo était vide et silencieux. Sans attendre Hugh, il traversa la salle pour aller ouvrir les autres portes coulissantes et laisser entrer la lumière du jour.

« Par où veux-tu qu’on commence ? »


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Hugh haussa un sourcil surpris avant de laisser échapper un rire léger et sincère.

« Tu connais les emplois du temps de tous les autres sportifs ? »

Il ne connaissait pas à eiji un tel sens du groupe. Quoique. C’était une notion tellement japonaise ça, au final. Etre dans le groupe, ne pas en dénoter et agir avec… Ou alors tout simplement un truc de sportif. Mieux valait coordonner les emplois du temps de chacun si l’on ne voulait pas se retrouver dans des situations ennuyeuses…

La vue du dojo coupa court aux réflexions de l’américain à ce sujet. Regardant autour de lui, il emboita le pas à Eiji, se calquant sur lui, et manqua de trébucher à l’injonction, se rattrapant de justesse au pan de la porte. Une petite moue traversa son visage, vexé qu’il était de s’être mis en porte à faux. C’était pourtant évident, pourquoi n’y avait-il pas pensé lui même ? Il se pencha, ôtant ses baskets usées et moelleuses comme des chaussons, avant d’entrer en pied de chaussette à la suite d’Eiji qui, très à l’aise, faisait le tour du proprio en ouvrant les panneau coulissants.

Comme intimidé, Hugh regarda alentours, son regard ciblant avec un plaisir certains quelques détails visuels qui pour lui ouvraient tout un univers. Les raies de lumières qui traversaient l’espace, faisant apparaître la poussière brumeuse de l’air, jusque la invisible à l’œil nu. Les motifs géométriques formés au sol par les panneaux coulissants. La texture du bois qui composait les murs.

C’était sans conteste un très joli dojo. Il n’en connaissait ni l’histoire ni le passif, mais il lui plaisait. Le mettait un peu mal à l’aise aussi, comme souvent lorsqu’il se retrouvait face à quelque chose de typiquement japonais qui faisait appel aux racines et aux ancêtres. Il se retrouvait partagé, entre la sensation d’avoir des racines dans ce genre de lieu, et celui d’y être un total inconnu.

« … Tu crois que je peux vraiment faire des photos ici ? »

Il ôta son sac en bandoulière, essayant de s’approprier l’espace avec timidité. Il n’était pas particulièrement prompt à se montrer des plus respectueux envers tout et rien, mais l’endroit en lui même avait suffisamment d’aura pour l’intimider. Il tira sur son tee shirt, regardant alentours avec attention et un plaisir non dissimulé, avant que son regard ne retombe sur Eiji, parfaitement à son aise. Chez lui, en somme.

« Tu fais vraiment couleur local en tous cas, c’est génial. »

Lâcha t’il avec un franc sourire, les yeux un peu brillant.

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Eiji se passa la main dans les cheveux, un petit sourire un peu gêné aux lèvres devant le raccourci de Hugh. Il n’aurait jamais imaginé que ces quelques détails puissent sembler extraordinaire, mais pour quelqu’un qui ne prenait pas part aux entrainements, ça pouvait effectivement ressembler à un stockage d’informations pas toujours utiles, ce qui était loin d’être le genre d’Eiji.

« Certainement pas de tous, mais de ceux avec qui je m’entraine régulièrement oui. Encore heureux même, si je veux arriver à tout faire coïncider. »

Ce qui, il devait l’avouer, n’était pas toujours de tout repos. Allier différents sports à l’entrainement plus ou moins intensifs, sans oublier les cours et les devoirs à faire, faire la même chose pour des dizaines d’autres personnes, et arriver à trouver un moment en commun… voilà qui révélait de l’exploit ! Heureusement qu’il courait presque toujours seul, en extérieur, tôt le matin : c’était presque le seul moment où il n’avait aucun soucis de concordance ou de prise de tête.

Le kendoka s’approcha du ratelier d’armes, attrapant un bokken avec une aisance née de l’habitude. Il interrompit sa vérification du bois de l’arme à la question de Hugh, posant un regard surpris sur l’américain. Il n’aurait pas imaginé que le jeune homme puisse se sentir intimidé par les lieux. La réaction était plutôt agréable, presque flatteuse, pour le jeune homme qui ressentait quelque chose s’avoisinant à de la fierté et un sentiment de propriété pour son dojo. Il n’avait été que trop longtemps négligé.

« Bien sûr, pourquoi tu ne pourrais pas ? Ca n’a rien d’un lieu sacré. Ce n’est pas un temple, même pas un de ces antiques dojos où s’affrontent les plus grands maîtres. L’atmosphère qui est dedans, c’est celle qu’on veux bien y mettre… ça ne choquera personne que tu y prennes des photos, même s’il y a un vieux kami pour le garder. Au contraire, ça l’amusera.»

Eiji lacha un petit soupir en avançant jusqu’au centre de la salle, son bokken en main. Il hésita un instant avant de se mettre en position, se sentant un peu stupide de commencer des mouvements devant témoin, alors qu’il parlait encore. Ca allait à l’encontre des principes premiers de l’entrainement.

« En fait, à part Konata-chan et Egawa-san, la plupart des gens qui viennent s’entrainer ne voient le dojo que comme un lieu d’entrainement, un simple gymnase. Ils oublient un peu l’esprit du kendo… »

Le kendoka débuta les premiers mouvements du premier kata. Fluidité, calme, précision, force. Avant de s’interrompre, un peu gêné, en apercevant la tête blonde du coin de l’œil. Sentir l’appareil sur sa peau allait être plus difficile que prévu au final. Maintenant qu’il ne pouvait pas se mettre en colère contre Hugh pour l’observer, ne restait que le malaise et la gène d’être sous le regard scrutateur de quelqu’un, à sa merci.
Respirer. Ne pas oublier que Hugh venait observer le kendoka, pas lui.

« Heu… tu veux voir quelque chose de particulier ? »


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Un léger sourire étira les traits de Hugh à la mention du Kami. Elle n’appartenait qu’à Eiji, cette manière de s’exprimer comme s’il avait été éduqué dans une autre époque. N’y avait il pas un peu de ça ? Hugh avait notion du fait qu’il avait très souvent vécu chez ses grands parents, après le divorce de ses parents, ou quelque chose du genre… Ces références surannées venaient certainement de la.
Analytique, Hugh observait les actions du brun, les postures de son corps. Il était bronzé, l’été lui avait été profitable. Certainement plus qu’à lui qui était resté bien pâle, étant peu sortit au final. Il n’y avait que chez Kantaro qu’il avait retrouvé cette sensation particulière de l’été, à vadrouiller et s’amuser sans réfléchir au lendemain.

Après quelques paroles, Eiji s’était finalement tu, comme absorbé par ce qu’il faisait. Même sans être sportif, Hugh imaginait sans mal que la pratique de son art nécessitait un minimum de concentration. Il avait sortit son appareil de son sac, demeurant assis par terre, jambes croisées, et l’œil de l’objectif suivait avec attention les mouvements du brun. Il avait désactivé les sons de l’appareil, pour que sa présence ne gêne pas Eiji. Mais bientôt, celui-ci s’arrêta, apparemment un peu gêné par la situation. Hugh fit la moue à la question.

« Oh oui, mais pas sur que tu accepte. »

Plaisanta t’il, un peu provocateur. A la vérité, il n’avait pas d’idée en particulier en venant ici. Il voulait juste prendre des photos d’un kendoka en action. Maintenant qu’il avait vu le décor, il se disait que plus que des photos références, il pourrait vraiment faire de jolies photos ici. Cathan avait raison, il aurait put ouvrir un club photo. Mais non, trop de responsabilités. Un club photo regorgeait toujours de personnes se qualifiant « photographes » parce qu’elles avaient appris à appuyer sur le bouton « on » de l’appareil hors de prix offerts par papa.

C’était certainement une espèce similaire à ceux se considérant « écrivains » parce qu’ils leur étaient arrivé de dépasser les 2 pages word d’histoires suivies, dans un dossier soigneusement étiqueté de leur ordinateur. Toute une frange de la population que Hugh fuyait comme la peste. Pour tout dire, plus le temps passait, et moins l’envie de montrer ce qu’il faisait était présente. Il se contentait de faire ses bds pour lui, un peu sur le net, et voila tout. Ça n’en méritait pas plus et c’était déjà très bien.

« Je sais pas, tu a bien lu Vagabond non ? Tu veux pas poser un peu, comme sur les illustrations ? »

Le décor s’y prêtait magnifiquement bien en plus. S’il n’avait pas osé la petite remarque juste avant, Hugh se serait facilement levé pour aider Eiji à se positionner, mais prudence était mère de sûreté. Même si leurs relations s’étaient arrangées et même si le brun ne manquait pas de l’éborgner à chaque fois qu’il se laissait aller à une blague un peu trop orientée à son goût, il préférait quand même tenir ses distances et éviter de mettre de l’huile sur le feu. D’abord laisser à Eiji le temps de digérer son commentaire, ensuite il irait plus loin.

Oui, lui aussi avait appris à mettre de l’eau dans son vin. A sa manière. Changer pour ménager les autres… Jusqu’à quel point ? Hugh n’était pas contre l’idée de faire des efforts, et n’avait, malgré les apparences, pas comme unique but de persécuter Eiji. Il l’appréciait, réellement. Mais il n’allait pas non plus être quelqu’un d’autre pour lui plaire.


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Eiji se figea un instant à la phrase moqueuse, se demandant bien ce qu’allait pouvoir imaginer Hugh, toutes sortes de propositions décalées se faisant déjà dans son esprit. La demande réelle se posa comme une délivrance. Etait-ce un hasard si Hugh avait réussi à pécher le seul manga qu’il aimait et suivait réellement ? Ou avait-il simplement fait attention à un ou deux volumes rangées dans le tiroir de son bureau ? Les deux étaient possible. Il n’y avait pas tant que ça de manga connu parlant de ronins et autres samouraïs, sans verser dans les shojo insipides et trop sucrés. Et oui, comme tous les kendokas, Eiji ne pouvait ignorer le monument qu’était Miyamoto Musashi. Sur un plan plus terre à terre, Hugh était du genre à repérer la moindre image traînant dans son bureau.
Le jeune homme ne pouvait nier le plaisir qu’il avait à suivre les aventures du ronin le plus célèbre du Japon, venu à la vie sous les traits d’une mangaka qui le magnifiait.

La posture du kendoka se détendit alors qu’il se tournait plus franchement vers le photographe, un sourire amusé aux lèvres. Prendre le rôle d’un ronin assoiffé de victoires, ne serait-ce que pour un instant ? Il y avait pire comme comparaison.

« Genre ronin tu veux dire ? Ca va, Vagabond doit être le seul manga que je lis régulièrement. »

L’expression du jeune homme se fit plus sobre pendant qu’il prenait la pause, une main tenant le bokken à la hanche, l’autre main installée dans le haut de son hakama, le regard sombre. Il avait déjà vu la pause dans de nombreuses illustrations. Pour quelqu’un d’habitué à se déplacer en hakama en tenant un bokken, il n’était guère difficile de prendre une telle posture sans avoir l’air engoncé dans la tenue. Au contraire, sans l’armure il était tout aussi à l’aise qu’en jean et baskets. Il tint la pause quelques secondes avant de reculer d’un pas et de lever la main , la passant dans ses cheveux, hilare, et un peu rouge.

La position faisait ressortir bien des fantasmes d’enfant. Oui, il avait déjà souvent tenu ce genre de posture avec d’autres membres du club de kendo, quand, plus jeunes, ils se prenaient pour des ronins prêts à sauver la veuve et l’orphelin, des fiers samouraïs, ou un digne shogun la veille d’une bataille. La posture, le regard arrogant, l’air hargneux, tout y était. Mais les années avaient passé, rendant le jeu un peu moins facile à faire maintenant qu’il se prenait un peu plus au sérieux. Et qu’il avait un témoin prêt à immortaliser le moindre de ses gestes.


« Désolé… je dois avoir l’air plutôt ridicule… »

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Hugh eut un sourire un peu tordu à la question d’Eiji. Oui, ça il le savait bien que c’était le seul manga qu’il lisait ! Ça le désespérait d’ailleurs. Hugh aimait profondément les bandes dessinées et avaient du mal à concevoir que quelqu’un – un japonais pur souche comme Eiji en plus ! – ne puisse pas en lire avec régularité, ne serait-ce que dans les hebdomadaires. Ce fou d’Eiji était du genre à attendre la version reliée en tankobon pour se plonger dans sa lecture alors que de nouveaux épisodes venaient de paraître dans l’hebdomadaire ! Cela le dépassait totalement.

La pose prise par Eiji le tira de ses réflexions tout en ravivant ses instincts de photographe, et déjà il avait le doigt sur le bouton, mitraillant Eij tout le temps que dura la pose. Mais déjà le jeune homme reprenait une posture plus naturelle, rouge et gêné, lâchant quelques mots d’excuses qui manquèrent de faire s’indigner Hugh.

« Mais non, c’est super cool ! »

Il disait ça en toute franchise. Heureusement qu’Eiji ne pouvait pas faire le raccord entre cette exclamation venue du cœur et l’attirance inavouée que le blond éprouvait pour lui. Enfin, inavouée… Reléguée dans un coin de son cerveau sans vouloir admettre officiellement que c’était la quoi. Eiji ne le voyait-il vraiment pas ? Une ombre passa sur le visage de Hugh. C’était un peu se voiler la face tout de même. Et n’y avait-il pas plus tendancieux que ce qu’ils étaient en train de faire actuellement ? Par ses choix, Eiji n’avait pas concédé un petit quelque chose, ayant trait à l’attirance physique, concédé que ça ne lui déplaisait pas de se mettre en scène et de se jouer un peu de l’attrait qu’il pouvait évoquer chez lui ? Ou il avait tord sur toute la ligne et c’était simplement un jeu, une gentillesse de sa part. Il voulait juste lui faire plaisir en posant pour ses photos. Hugh zooma, prenant quelques photos en portrait bien plus naturelles et spontanée que les précédentes, sur lesquelles le trouble fugace d’Eijji était toujours bien visible.

« Ca va faire 4 mois qu’on vit dans la même chambre. Ça te pose toujours un problème que je préfère les mecs ? »

La question était sortie toute seule, lui brûlant les lèvres. Une envie subite de mettre un peu les choses au clair. Hugh était loin d’être adepte des faux semblants et des mises en scène. Il avait besoin de savoir et de paroles sincères. C’était sortit malgré lui, cette demande qui cristallisais pas mal d’autres interrogations, en arrière plan. Il espérait ne pas ruiner la séance photo par cette action.

« … Je cherche pas l’embrouille, ni à t’agresser, je… J’ai besoin de savoir. On est amis, non ? »

Certainement la 1ere fois que l’américain se laissait aller à des hésitations et des justifications. Tout comme le mot « amis », qui sonnait étrangement dans sa bouche, laissant sur ses joues un voile de gêne, souligné par la pâleur de son teint et l’ombre des lieux.

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L’enthousiasme de Hugh était beau à voir, et compensait un peu celui de Eiji, aux abonnés absents. L’œil du photographe devait être à l’œuvre quelque part là-dedans. Le jeune homme eut un sourire mi gêné-mi amusé à ce qui s’apparentait à un compliment. Il aurait pu comprendre la notion de paraître impressionnant dissimulé derrière son armure qui ne laissait pas voir son visage et faisait de lui un guerrier fantôme. Malheureusement, son masque n’était pas là pour le cacher.

La phrase suivante de Hugh le prit complètement au dépourvu. Par quels chemins étranges l’esprit de Hugh avait-il erré pour arriver à cette réflexion en cet instant précis ? Eiji n’en avait pas la moindre idée. Il ne doutait pas que l’américain ai un esprit tordu, mais c’était parfois au-dessus de ses forces que d’essayer de le comprendre. Le blond prit le temps de se justifier, d’essayer d’adoucir la question, la ramenant à ce qu’elle était : une interrogation, et non une demande insidieuse pour le mettre mal à l’aise.
Un peu plus tôt, il n’aurait pas douté que tel aurait été le but du petit blond. Les petites remarques insidieuses, les sous entendus plus ou moins graveleux… Hugh était un vrai expert, consciemment ou non. De la même manière qu’Eiji avait mis de l’eau dans son vin, le métis avait appris à calmer sa verve trop fougueuse, du moins là où Eiji pouvait l’entendre. Il continuait à le titiller, toujours, mais de manière moins directe. Une des raisons pour laquelle il avait accepté cette séance photo : il pouvait se balader avec Hugh en sachant qu’il serait capable de rire à ce que le blond pourrait sortir.

Si bien qu’il ne s’était pas attendu à ce genre de question. Franche, directe, et qui était loin d’être une plaisanterie. Pourtant les deux mots semblaient pourtant parfaitement définir son colocataire…
Ce n’était pas évident de se poser et de réfléchir sur quelque chose qui le mettait mal à l’aise, et pour tout dire, le dégoûtait un peu. Ce n’était pas naturel, non ? Il aurait pu – aurait du ? – répondre en monosyllabe, et couper court à la conversation. Ou répondre un peu à côté de la plaque dans le vague. Mais derrière ça, que voulait-il… s’il voulait vraiment d’une amitié avec le blond, il se devait d’être au moins honnête.
Fichus codes moraux des arts martiaux qui demandent à un homme d’être honnête avec lui-même en premier.

De manière étrange, alors que tous les opposaient, il appréciait l’américain. Parce qu’il était différent de tout ce qu’il connaissait, une ouverture vers l’extérieur. Un mal nécessaire pouvait-il reconnaître avec un certain cynisme.

« C’est vraiment le moment pour ce genre de questions ? »

Selon son point de vue, aucun moment n’aurait été idéal pour ce genre de questions.
Le jeune homme se laissa glisser au sol, un genou à terre, l’autre relevé, le bokken en appui contre sa cuisse. Sa joue vint goûter le contact du bois tiède alors que la pointe reposait sur le sol. Il faisait parti de ceux qui trouvaient aisément réconfort dans les objets familiers.
Le silence s’égrena encore quelques instants avant que le kendoka ne reprenne la parole, essayant de poser des mots sur ses pensées affolées.

« Je… ne sais pas. Enfin si… oui ça me met mal à l’aise, mais ça ne me concerne pas, non ? Ce que tu fais avec… enfin en privé. Nous sommes amis… mais je n’ai pas besoin de savoir ça pour t’apprécier. »

Changer le « je n’ai pas besoin » en « je ne veux absolument pas savoir » aurait été plus proche de son point de vue, mais le jeune homme avait suffisamment de mal à s’exprimer. Les mots avaient une saveur douce amère dans sa mouche. Jusqu’à présent, il pouvait se contenter d’ignorer le problème. Mettre des mots dessus semblait le rendre plus réel.

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Hugh se crispa à la remarque un peu amère d’Eiji. Quoi, le moment ? Parce qu’il y avait un moment ? Le blond se retint de lancer quelque répliques peu agréable en retour. Il était plus affecté par la question qu’il ne l’aurait cru, lui qui jusque lors s’était toujours montré très détaché de ce qu’il pouvait donner comme image et de ce que l’on pouvait de lui. Peut-être parce que jusque lors il n’existait pas tant de personnes dont l’avis compta pour lui ? Mais maintenant, l’avis d’Eiji comptait pour lui, et devoir se dissimuler, faire des détours, pour ce qu’il était… L’attristait réellement.

« Nous sommes seuls tous les 2. »

Répondit-il en guise de réponse. Ce qui en soit était effectivement une raison valable. Il était rare qu’ils se retrouvent seuls tous les 2, étant le plus souvent en présence de Kantaro. Il regarda fixement Eiji se rapprocher du sol, appuyant sa joue sur son bokken comme sur un objet familier et réconfortant. Ce qu’il devait être pour lui, songea t’il vaguement. Il n’était pas sur de pouvoir comprendre ce que pensait le sportif à ce niveau la. C’était bien trop éloigné des chemins habituels de sa conscience. Le brun lui répondit avec lenteur, ayant comme du mal à choisir ses mots. Presque malgré lui, Hugh appuya sur l’interrupteur. L’expression d’Eiji, à la foi embarrassée et ennuyée, avait un petit quelque chose qui lui avait plut. Il rabaissa l’appareil, se forçant à l’éteindre. Eiji le prendrait certainement mal.

« Mais je dois aussi le cacher pour que tu m’apprécie. »

Répondit-il avec un petit sourire amer. Toléré, mais pas accepté. Il ne parvenait pas à concevoir que l’on puisse se voiler la face aussi longtemps. Il en avait comme assez de devoir changer ses phrases quand Eiji était la. Il aurait voulu qu’il comprenne… Qu’il avait envie d’être plus spontané avec lui.

« Quand tu regarde une fille, comme par exemple, Misa. Elle était mignonne. Tu la trouvais mignonne ? Ca ne voulais pas dire que tu allais lui sauter dessus. Je te trouve charmant, mais ce n’est pas pour autant que je vais te sauter dessus ni même te draguer. »

Pourquoi essayait-il d’expliquer ça à Eiji ? Pourquoi prenait il la peine d’essayer de se justifier, de mettre son cœur un peu plus à nu et de se montrer franc et sincère ? Quelle obscure raison le poussait à agir ainsi ? Hugh sentit une douleur aiguë lui traverser la poitrine et se crispa, se retenant de porter la main à son cœur.

« Je… Ça fait partie de moi, et ça me fait de la peine de devoir le cacher comme si c’était honteux. »

Les derniers mots avaient été murmurés, et en anglais qui plus est, comme venant du fond du cœur. La tête basse, le blond avait une expression des plus amères. Il releva soudainement la tête, se forçant à sourire, gêné de s’être laissé aller de la sorte. Finalement, lui aussi se retrouvait contaminé par la retenue japonaise ? Ou cela était tout simplement humain, que d’avoir peur lorsque l’on se révèle un peu à quelqu’un.

« … Oublie »

Il releva l’appareil, prenant Eiji en photo sans préavis.

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Il avait espéré que l'explication suffise, que Hugh ne continue pas à le mettre mal à l'aise en pointant du doigt les discordances de sa réflexion. Mais le jeune homme semblait ne pas vouloir lâcher le morceau, fixant Eiji avec un sourire amer qui n'appartenait pas à quelqu'un de si jeune. Qu'y avait-il à répondre à ça ? Hugh était blessé par un comportement que lui-même ne pouvait pas – ne voulait pas ? - renier. Le jeune homme finit par détourner le regard, fixant avec une obsession quasi maladive les lattes ajustées du plancher.

" Ce n'est pas pareil..."

Qu'est-ce qui n'était pas pareil ? Sa manière de regarder les filles ? Les blagues qu'on pouvait faire sur les hétéros et celles sur les homos ? A quoi s'attendait-il bon sang ? Il avait fait des efforts, pour le blondinet, il n'allait pas aussi se mettre à porter un bandeau arc en ciel pour lui montrer son soutien ? Les manières extraverties du blond le choquaient, et pas seulement quand à sa sexualité ! Il n'avait pas le droit de penser que chacun se devait de garder sa vie privée... privée ?
Bien sur, le soucis n'était pas là. Le soucis c'était ce point de réserve, cette gêne minime mais omniprésente par rapport à Hugh. De la méfiance aurait été le terme. Elle existait réellement, comme s'il craignait ce qu'était celui qu'il voulait pourtant considérer comme son ami.

" Je..."

Eiji ouvrit la bouche au même instant que Hugh, mais se tut en entendant l'autre garçon parler à voix basse, en anglais. Il délaissa la contemplation du sol pour fixer à nouveau l'américain. En temps normal, il aurait probablement eu du mal à comprendre la phrase. A cet instant, dans une voix à peine murmurée, comment aurait-il pu espérer le comprendre ?Pourtant, un ou deux mots avaient dépassé les autres, et l'expression, comme la manière renfermée de se tenir du blondinet lui expliquait tout aussi clairement qu'une dissertation ce qu'il avait failli lui dire.
Le jeune homme était en colère. Contre Hugh, pour le mettre ainsi en porte-à-faux, de devoir s'exprimer sur un sujet qui l'agaçait. Contre lui, pour blesser quelqu'un quil appréciait et ne pas savoir quoi répondre. En colère, et un peu malheureux lui-même, d'une manière qu'il n'arrivait pas très bien à cerner non plus.

Une fois de plus, il eut envie de prendre Hugh par le col et de le secouer, assez fort pour que sous cette tête blonde, les idées se remettent en place. Pour qu'il ne fuit pas après l'avoir provoqué. Pour se débarrasser de cette colère qui enveloppait maintenant de noir toute cette pensée.
Et il ne pouvait même pas, parce que Hugh était fragile, trop fragile pour se battre. Une poupée de chiffon qu'il aurait secoué et renvoyé par terre, inerte, comme Shizuka le faisait avec ses jouets.

" Désolé..."

Le kendoka se releva d'un bond, arme en main et chargea Hugh avec toute la rage contenue. Le coup s'arrêta net, à quelques millimètres de l'objectif, dans un plongeon en avant parfaitement maitrisée. Seule l'arme tremblant quelque peu trahissait la tension de ses muscles.

" Désolé de ne pas être à la hauteur, de ne pas réussir à comprendre."

Nouvelle attaque qui força Hugh à reculer de quelques pas pendant que le kendoka fendait l'air autour de lui, massacrant un opposant imaginaire, ou tout simplement forçant celui devant lui à reculer, ne le touchant jamais, mais lui imposant d'aller où il voulait.
Eiji ramena l'arme au niveau de ses yeux, se figeant dans une posture intimidante, avant de la redescendre dans un geste rapide et de saluer comme pour une fin de combat.


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Hugh manqua un battement lorsqu’Eiji se releva avec une excuse, dans la ferme intention visible d’abattre l’arme sur lui, et sans retenue. Lorsque l’arme s’abattit sur lui, il crispa ses doigts sur le déclencheur, fermant les yeux pour moins sentir le coup. Mais l’arme ne l’atteint pas, restant en suspension devant lui alors qu’il rouvrait les yeux, les mains tremblantes mais fermement crispées sur son appareil. Eiji le regardait fixement, derrière l’arme tendue agressivement dans sa direction. Les mots touchèrent Hugh qui sentit son estomac se nouer. Ce n’était pas ce qu’il aurait voulu l’entendre dire. Eiji lui donnait l’impression d’avoir uniquement été blessé par ses propos. Ce n’était pourtant pas ce qu’il avait voulu. Etait-ce donc tant demander que d’être considéré normalement par celui qu’il imaginait être un ami ?

Eiji repris ses coups, le forçant à reculer à même le sol. L’aurait-il touché s’il ne l’avait pas fait ? Il en doutait. Le brun semblait maîtriser ses gestes. Mais avoir conscience de cela n’empêchait pas son corps de reculer à chaque coup effectué dans le vent. Le brun cessa soudainement, concluant son enchaînement par un salut sévère. Certainement cela il été beau. Mais en cet instant, même Hugh n’était pas parvenu à en apprécier la beauté. Le souffle court, les mains tremblantes, il regardait Eiji sans parvenir à déterminer son humeur. Prenant sur lui même, le jeune déglutit avec difficulté, parvenant à se remettre proprement à genoux. Cela fait, il posa ses mains au sol, comme si chaque mouvement lui pesait, avant de saluer Eiji avec lenteur.

« Je te prie d’accepter mes excuses. »

Que ce soit dans le geste ou dans la formulation, toute la politesse japonaise avait transpercé à travers le comportement du blond, qui avait sut choisir parmi les différentes graduations d’excuses et de politesse la plus approprié pour répondre à Eiji. Et s’excuser d’avoir demandé de mettre les choses au clair. Car c’était ainsi que l’on agissait, et parce qu’en guise d’ami… Il avait été idiot de s’imaginer pouvoir se faire des amis. Pour quoi faire ? Des connaissances avec qui l’on passe du bon temps étaient amplement suffisantes. Pourquoi chercher à aller plus loin, à se découvrir plus ? On finissait toujours par se faire du mal, dans les 2 sens. Quelque chose comme le syndrome du porc épic dans toute sa splendeur.

Alors qu’il se redressait, Hugh sentit une douleur franche lui traverser la poitrine, alors que son cœur se refusait de revenir à une rythme plus politiquement correct après le pic de stress que les attaques d’Eiji avaient déclenchées chez lui. Il porta la main à sa poitrine, se pliant en deux, le souffle court, tandis que son visage se faisait soudainement plus pâle. Ah oui, il ne manquait que ça, pour bien appuyer sur leurs différences communes et enfoncer le clou la ou ça faisait mal. De toutes manières, le brun le considérait déjà fort peu, non ?

Le blond inspira par saccades, s’efforçant de se calmer, sans grande réussite, alors que la sensation d’étouffement se faisait plus présente. Il avait fermé les yeux, cherchant à occulter la présence d’Eiji. C’était de sa faute, c’était… Tout était entièrement de sa faute ! Et maintenant bien sur, il allait faire mine d’être gêné, ou aller lâcher quelque mots peu agréable. C’était si facile d’être un grand crétin ! Cela justifiait tout. Cela justifiait les coups lorsque ce qu’on lui disait ne lui plaisait pas, les incompréhensions quand on lui parlait franchement, et les comportements décalés lorsqu’il n’avait pas envie de se mouiller.

Au final, c’était lui le plus hypocrite.
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Eiji Kimihiro
Élève de la 3-A

Eiji Kimihiro


Personnage
Âge : 20 ans
Chambre / Appart : 102

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MessageSujet: Re: Séance photo de Kendoka [Hugh/Eiji]   Séance photo de Kendoka [Hugh/Eiji] EmptyDim 6 Fév - 9:51

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L'air sembla se solidifier et devenir plus difficilement respirable. Lentement, Hugh glissa à genoux devant lui, dans une excuse des plus humbles qu'il n'avait jamais demandé, s'inclinant jusqu'à ce que ses mèches blondes effleurent le plancher du dojo. En face de lui, Eiji ne put que rester figé en le regardant, l'atmosphère lourde lui interdisant tout mouvement brusque pour le repousser, le relever ou l'envoyer promener. Il semblait y avoir entre l'américain et lui une incompréhension perpétuelle qu'il nourrissait chacun à leur tour avec leurs croyances et leur a priori, un quelque chose qui ne collait pas vraiment.

Le silence s'étira, pesant et lourd. Voulait-il vraiment cette attente désagréable là où il y avait eu des paroles légères et des commentaires moqueurs ? La question sembla soudain moins pressante quand le jeune homme devant lui vacilla, son visage prenant une teinte blafarde mauvais augure. C'est vrai, il était malade... cette maladie qui semblait toujours être présente et roder derrière lui, prête à se manifester dès qu'il présentait un instant de faiblesse. A moins que ce ne soit l'inverse ?

Eiji resta un instant immobile sans savoir que faire. A cause du visage de Hugh, à cause de la situation. La décision ne fut pas vraiment réfléchie, comme souvent chez lui. Mais l'instant précédent il était encore figé avec son arme, et quelques secondes plus tard il s'agenouillait près de Hugh, la salle résonnant du bruit qu'avait fait le Bokken en tombant sur le sol.

" Hugh... ça va aller ?"

Question idiote. Est-ce que ça avait l'air d'aller ? Pas vraiment. Mais qu'est-ce qu'il pouvait en savoir lui ? Il était un kendoka, un sportif par extension... il savait comment repousser son corps dans ses retranchements pour le plaisir de l'accomplissement sportif, mais quand la machine s'enrayait, il ne pouvait que rester à regarder sans comprendre. Un peu comme pour la réflexion, il suivait, tant qu'on n'essayait de le pousser trop loin ou de lui demander d'accepter des notions qui lui étaient étrangères. Un peu limité en somme. D'habitude, ça ne gênait personne, mais bizarrement, avec Hugh, ça semblait toujours pécher.

" Tu veux que je te raccompagne à l'infirmerie, ou dans la chambre ?"

Maladroitement, il posa sa main sur l'épaule de Hugh.
Implicitement, il essayait d'expliquer que non, il n'était pas dégouté parce qu'était Hugh. Pas par la personne en tous cas. En fait il ne savait pas ce qu'il essayait de faire comprendre ou ce qu'il voulait accepter ou non. La personne en elle-même ? Certainement. Son homosexualité ? Ce n'était pas son problème. Alors pourquoi ça lui posait quand même problème ?
Autant revenir à des actions plus à terre à terre. Il n'était pas doué pour se poser des questions et réfléchir. Invariablement, il se mettait en colère et frappait ce qui était à portée jusqu'à ce que les choses cèdent devant lui.


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Hugh ne vit pas Eiji s’approcher. Il entendit seulement le bruit du bokken qui tombait au sol avec un son particulier, très joli à son oreille, et il s’y rattacha un court instant. Le bruit de l’arme était plus agréable que celui de son cœur qui lui semblait résonner dans sa tête comme dans une caisse vide. La question, ainsi que la main posée sur son épaule, le fit frisonner. La mention de l’infirmerie, presque sourire. Il tourna la tête vers Eiji, des mèches de cheveux collées aux tempes par la sueur.

« Ça va aller. »

Que répondre d’autre ? Évidemment que ça allait aller. Avait-il le choix ? Se planquer à l’infirmerie ne changerait rien. Habituellement, quand il faisait un malaise, il se planquait dans son coin et attendait que ça passe. Ou fermait simplement les yeux. Mais face à un unique interlocuteur, dans une scène pareille, avec la douleur insidieuse qui s’était glissée dans sa poitrine… C’était plus difficile à dissimuler.

Il chercha à reprendre un peu d’air, mais le simple fait de respirer lui semblait douloureux. Il en résultat un petit happage un peu piteux de l’air, tandis que sa main, crispée sur son tee shirt, étirait le col du vêtement, laissant apercevoir un peu plus que d’habitude la coupable cicatrice.

« Tu m’a fait peur. »

Déclara t’il avec un petit sourire en coin, la réplique oscillant entre humour et vérité. Il avait eut peur. Un peu comme ces petits hamsters de l’animalerie qui pouvaient faire une crise cardiaque au moindre bruit trop puissant et subit comme eux. Le pathétique de la comparaison était voulu.

« Tu es vraiment impressionnant avec une arme dans les mains. »

C’était un compliment sincère autant qu’une manière peu subtile – mais qui s’en souciait ? – de détourner la conversation. Hugh ferma un court instant les yeux, alors que le sang battait trop fort derrière ses tempes. Il n’allait pas véritablement faire un malaise comme certaines fois ou il en était tombé au sol, tout de même ? Même si, au point ou il en était… Sa dignité bien écorché n’était que lambeau devant Eiji.


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Le regard d'Eiji passa rapidement sur la ligne blanche qui ornait le thorax de Hugh, défaut un peu trop parfait pour être naturel. La cicatrice était si droite qu'elle aurait pu être provoquée d'un coup de Katana bien mené. Hugh semblait respirer aussi bien qu'un poisson hors de l'eau sans qu'il puisse rien y faire. Un à un, les mots sortirent de sa bouche avec autant de difficultés que les dernières foulées d'une course trop difficile, offrant des explications, des excuses, un échappatoire.

Eiji eut un sourire amer au compliment.

" Il parait oui. Ça doit être la seule chose que je sais faire correctement."

Habituellement, il enorgueillissait de cet état de fait. Aujourd'hui, beaucoup moins. Il avait parfaitement conscience de s'être servi de ses armes pour fuir, comme Hugh le faisait avec sa maladie.
Le jeune homme laissa son regard dériver sur le bokken encore au sol, abandonné, le témoin invisible de leur rencontre. Avec l'appareil photo bien sur, qui conservait en lui des traces muettes, figées, d'un instant trop vite passé. Qui donc serait capable de rajouter les mots qui avaient pu s'entendre sur les poses qui avaient prises ? Nul ne saurait, à part eux. Rien... ne s'était passé, concrètement, et pourtant le silence était là, douloureux, à peine coupé par la respiration difficile d'un américain fragile.

Sans un mot, le jeune homme passa son bras autour de la taille de Hugh et l'aida à se relever, attrapant son autre main pour la passer au dessus de ses épaules. Le corps de l'américain était frêle et léger comme il avait déjà pu le sentir. Il aurait pu le porter sans difficulté, comme il l'avait déjà fait avec plusieurs filles sur le campus. Mais c'était un garçon, tout était différent. La pudeur masculine lui imposait un toucher autre.

" On retourne à la chambre, tu seras toujours mieux qu'ici pour te reposer."

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En silence, Eiji le redressa, aussi facilement qu’il l’eut fait d’un petit objet léger. Il pouvait le relever aussi facilement qu’un des infirmiers adultes qui s’était occupé de lui à l’hôpital. Ses entraînements divers et quotidiens devaient certainement contribuer à sa musculature. Hugh se laissa faire, habitué à se laisser faire dans ce genre de cas. Mais pourtant, étrangement, les propos d’Eiji créèrent une brèche en lui. Ou plutôt, la vision bien trop nette du duo qu’il formaient alors : Eiji le soutenant comme une chose piteuse, traversant la cour sous les regards de tous. Hors de question.

« Je t’ai dit que ça va aller ! »

S’exclama le blond en cherchant à repousser Eiji pour se tenir droit seul. Instinctivement, l’autre avait resserré sa prise sur son poignet, l’empêchant de s’éloigner de lui. Le visage de Hugh était transfiguré, laissant apparaître une colère qu’il ne laissait habituellement jamais transparaître, son corps figé dans une posture de défense bien peu convaincante, eut égard à ses bras frêles qui contrastaient avec le physique assuré d’Eiji. Il se forçait à se redresser et à ne pas porter la main à sa poitrine, malgré la douleur qui persistait.

« J’ai déjà passé des années dans ma chambre ! Si je suis venu ici, ce n’est pas pour recommencer à … »

Il s’interrompit soudainement, conscient d’avoir laissé échapper quelque chose de trop personnel, de trop sensible. Pourquoi face à Eiji ? Quelques temps auparavant, l’américain n’aurait jamais imaginé en arriver à se confier, à parler de ce qui le taraudait au fond de lui, lui grignotait le cœur sans le laissait en paix. Ses angoisses et ses fantômes passés et à venir. Et la, face à celui qui l’avait certainement le plus blessé depuis qu’il était ici, il se laissait aller. A montrer sa faiblesse, en acte comme en parole. A douter et à laisser la colère l’envahir. Il l’avait compris très tôt : La colère n’était que la surface du doute et de l’angoisse. On en se met pas en colère quand on est sur de soit. On ne se met pas en colère quand on a confiance en ce qui va arriver et en ce que l’on fait. C’était pour cela… Qu’il ne se mettait jamais en colère.


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Les choses s'accélérèrent sans qu'il s'en rende compte. Il aidait Hugh à se relever, et l'instant d'après, le jeune homme le repoussait avec brutalité, retenu à portée de main parce qu'il avait instinctivement resserrée sa prise sur son poignet pour l'empêcher de fuir. Au moment où il réalisait ce qu'il faisait, Eiji le lâcha et le regarda reculer d'un pas, le regard rivé à la marque rouge qu'il avait laissé sur la peau pale par inadvertance.
Il n'avait pas voulu... il avait juste voulu l'aider, sans imaginer ce que ça pouvait impliquer pour Hugh. Comme d'habitude, il avait agi sans réfléchir. Et une fois encore, le résultat avait été au-delà de ses attentes. L'américain était en colère. Il avait beau essayé de se souvenir, il ne l'avait jamais vu en colère... triste, gêné, agressif ou moqueur, oui, mais pas en colère. Une rage honnête et franche qui ressemblait à la sienne : celle d'un animal qui grogne parce qu'il ne veut fuir nul part. Eiji était gêné d'observer ce moment de faiblesse de son camarade, bien plus qu'il ne l'avait été de la faiblesse physique. Gêné de savoir qu'il avait réussi à le blesser suffisamment pour le mettre sur la défensive. Alors comme ça, lui aussi savait mettre le doigt où ça faisait mal ? L'idée n'était pas réjouissante...

" Je crois qu'on est doué tous les deux pour appuyer là où il ne faut pas..."

Le jeune homme soupira et passa la main dans ses cheveux, une expression perdue sur le visage. Il n'avait jamais tellement cherché à en savoir plus sur le passé de Hugh, pas plus que celui de Kantaro. Ils étaient colocataires, certes, mais seulement depuis quelques mois... celui ne lui donnait guère le droit de fouiller dans la vie privée des autres. Bien sur, à vivre dans la même chambre, il avait forcément appris des choses sur la vie des deux garçons. Que Hugh était malade du coeur par exemple. Au delà de ça... Il n'avait pas la même intimité que les deux autres garçons semblaient avoir, et ne s'était jamais permis de l'interroger plus avant.

" Je ne savais pas."

Lentement, il alla ramasser le bokken avant de le reposer sur le ratelier. L'arme n'avait pas souffert de sa chute intempestive, heureusement, et retrouva sa place au milieu des autres. Identique. Comme un élève du lycée au milieu des autres, une rangée bien assortie de clous de la bonne taille selon sa vision des choses. Au mileu de ça, Hugh et ses cheveux blonds ressemblait à un épi de blé qui dépareillait, autant par sa couleur, que sa nature, sa forme, sa façon de bouger.
Le kendoka se retourna et revint près de son colocataire qui semblait un peu moins pâle, un peu plus stable sur ses jambes. Où était-ce ce que lui souhaitait voir ?

" Je ne savais pas... et te le demander me semblait déplacé."

La distance se resserra, ne laissant finalement plus qu'un minuscule pas entre eux deux, une distance bien trop courte selon toute norme de bienséance japonaise.

" Frappe-moi."

On ne pouvait pas changer sa nature... mais il pouvait proposer à Hugh de décharger sa rage de la seule façon qu'il connaissait.


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Eiji le lâcha soudainement, au moment ou il se rendit compte qu’il le maintenait peut-être. Hugh tituba d’un pas en arrière avant de retrouver un minimum de contenance, fermement campé sur ses pieds. Il eut un reniflement moqueur face à la phrase un peu dépitée d’Eiji. Il n’avait présentement aucune envie de faire un effort, ni de chercher à comprendre, pas plus que de voir les choses avec objectivité et détachement comme il le faisait le plus souvent. Ils se regardèrent un instant dans les yeux, Eiji offrant une franche expression perdue et désolée d’avoir blessé. C’était peut-être ça le pire, pour Hugh : Qu’il soit au fond une sorte de gentil garçon qui n’avait pas voulu faire mal.

Silencieux, le regard brillant, Hugh suivit du regard Eiji tandis que celui-ci remettait l’arme en place, avant de se rapprocher de lui. Un pas trop prêt qui lui fit ouvrir les yeux un peu plus alors qu’il cherchait l’intention de l’autre. Il ne le comprenait définitivement pas. L’injonction lui fit afficher un air surpris, avant que son poing ne se referme en un geste rageur, les dents serrées sur une boule dans sa gorge qui lui donnait l’horrible envie de fondre en larmes.

« Tu ne savais pas ? »

Au fond de lui, une petite voix lui laissait entendre que s’il se trouvait soudainement si facilement blessé, c’était peut-être parce que le cumul avait été trop abrupt et qu’il était présentement à fleur de peau. Qu’il lui suffisait de mettre les choses de coté et les laisser couler pour y revenir ensuite avec plus de maîtrise.
Une autre part de lui même en avait plus qu’assez d’être raisonnable à chaque instant de sa vie. C’est à peu prêt au même moment qu’il banda ses muscles, frappant quelqu’un pour la première fois de sa vie. En plein dans la joue. Avait-il si peu de poigne ? Eiji ne chercha pas à esquiver, encaissant le coup sans reculer, sa tête revenant en place presque aussitôt.

« Parce que c’est difficile à comprendre peut-être, que d’être porté comme une loque jusqu’à sa chambre est l’une des choses les plus humiliantes qui soient ?! »

De nouveau, il frappa, au hasard, cognant une épaule plus dure qu’il ne m’aurait imaginé, ses phalanges se récalcitrant face à ce traitement auxquelles elles n’étaient pas habituées, tandis que la bleu bleuissait déjà, peu encline à se laisser malmener de la sorte, les médicaments faisant leur office habituel, laissant apparaître bien plus vite et facilement que chez quelqu’un d’autres des marques sur sa peau pâle.

« Tu a besoin de tant réfléchir que ça pour comprendre que je ne veux pas de ta pitié ni de ta fausse compassion ?! »

Sous l’effet de la colère, les mots étaient un peu moins bien agencés, un peu plus abrupte, comme si sa langue s’était défaite de sa couche de politesse. Il cogna encore une fois, atteignant de nouveau le visage, ce visage qu’il lui arrivait de détester.

« C’est si difficile à comprendre qu’en te laissant frapper ainsi, tu m’humilie encore plus que si tu avais levé la main sur moi ?!! »

Les mains tremblantes, il agrippa le col du kimono, s’y accrochant un peu malgré lui, la tête basse.

« … T’es qu’un pauvre con… »

Le ton de sa voix avait baissé en même temps que sa colère, retombée soudainement alors que ses mains lui faisaient mal d’avoir frappé, et qu’il se rendait compte qu’il ne voulait pas blesser, lui non plus. Seul restait cette boule dans la gorge et ces larmes brûlantes aux coin des yeux.


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Le coup le prit de plein fouet sous la joue, bien moins brutal qu'un coup de Konata ou de ce qu'il se prenait habituellement. Il avait un peu mal, mais Hugh devait avoir aussi mal aux articulations. Il ne savait pas cogner. Un peu hébété, le jeune homme laissa l'autre garçon le cogner, espérant ... espérant quoi ? Qu'il pourrait se défouler ? Que ce qu'il ne pouvait pas exprimer avec ses mots, qu'il le dise avec ses poings ? Les coups tombèrent en même temps que les mots, douloureux et vexant. Lui montrant qu'un comportant qu'il avait cru sympathique avait été pris pour une moquerie aux yeux du jeune homme le plus fragile. Il ne savait pas... n'avait pas voulu... L'ignorance, bête et crue, douloureuse.

Hugh finit par s'arrêter de frapper, s'accrochant au col de son hakama comme s'il pouvait s'en servir pour l'étrangler, ou comme s'il en avait besoin pour ne pas glisser au sol, vidé de ses forces. Si les marques de coup ne se sentaient pas trop, les paroles brulaient elles encore cruellement. Hésitant, Eiji hésita puis lui attrapa le poignet de la main droite. Pour l'empêcher de le frapper encore ? Il n'en croyait pas le blond capable pour le moment.

" Non... Pour moi... c'est normal de tendre la main a quelqu'un qui est au sol. C'est ce qu'on m'a toujours appris. "

Il aurait voulu expliquer les arts martiaux, et tous l'esprit qui allait avec. Celui de protéger autant que combattre, de respecter son adversaire et de pas s'attaquer à quelqu'un qui était au sol... de ça et tant d'autres choses que Hugh ne comprendrait pas et ne voudrait pas comprendre. Il l'avait déjà étiqueté dans sa tête, non ? Une grande brute qui se complaisait à l'humilier en utilisant sa force comme levier. Plutôt vexant, et pas si loin de la vérité.

" Qu'est ce que je peux en savoir ? Je voulais juste t'aider. Pas t'humilier ou tout ce que tu veux. J'ai essayé... pas dans le bon sens on dirait. Je ne sais pas toujours réagir face à toi. Tu es toujours tellement... à l'aise, comme si rien ne pouvait vraiment t'atteindre. Je ne te vois pas faible. "

A quoi bon ? Ils auraient pu être sur deux planètes différentes vu la façon dont ils arrivaient à communiquer. Pourtant la séance photo avait plutôt bien commencée... comme leur première rencontre dans la bibliothèque. Avant de tourner de la même façon au vinaigre. Apparemment, il y avait entre eux deux quelque chose qui ne pouvait pas coller, un conflit latent parce qu'ils voyaient tous les deux dans l'autre quelque chose qu'ils n'appréciaient pas.

" Excuse-moi."

A croire qu'ils passaient leur temps à s'excuser de ce que l'un ou l'autre avait dit.
Le poignet de Hugh était toujours dans sa main. Fragile, comme un bout de bois sec qu'il pourrait briser aisément. Seul le pouls battant à tout allure contre la paume de sa main reconnectait le membre à la personne vivante devant lui.


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Hugh resta silencieux, les mains crispées sur le hakama, alors que le tremblement diminuait en même temps que son rythme cardiaque surchauffé par surprise. Les paroles d’Eiji étirèrent ses lèvres en un rictus amer. Tendre la main à celui qui est au sol… C’est en quelque sorte accepter une faiblesse mutuelle, ou quelque chose du genre. C’était blessant parce qu’il l’avait identifié comme tel. Parce qu’il ne rendait pas la pareille.

Eiji lui avoua son incompréhension, avant que ses paroles ne dérivent quelque peu, faisant rouvrir à Hugh des yeux qu’il ne se souvenait pas avoir fermé, les paroles le prenant un peu au dépourvu alors que l’autre se laissait voir un peu. Comment réagir face à lui? Il était clair qu’Eiji semblait toujours quelque peu désarçonné parce à lui. Mais c’était pareil dans l’autre sens. C’est à cet instant qu’il se rendit compte de la main d’Eiji posée sur son poignet. Il faisait des efforts… Pour communiquer avec lui.

« Ma mère aurait été totalement dévastée si je m’étais laissé aller. »

Les mots de Hugh s’étaient élevés dans l’air soudainement vidé de toute tension après un court silence. Sa poigne s’était relâchée, ses mains glissants alors qu’il lâchait le kimono d’Eiji, celui-ci faisant de même et relâchant sa prise alors que le blond se tenait debout devant lui, les marques sur ses phalanges attirant l’attention vers ses mains pendants à ses cotés, inutiles.

Il releva la tête, son visage ayant retrouvé le sourire qu’il arborait le plus souvent, un sourire un peu pâle et amer qui s’efforçait de se montrer joyeux.

« … A force de faire semblant, je vais peut-être finir par l’être vraiment. »

Il eut un geste diffus, s’apprêtant à lever la main pour prendre le brun dans ses bras, avant de se raviser aussitôt avec un petit geste de dénégation amusé de la tête. Un salut suivi, bref et succinct. Eiji n’avait pas à s’excuser, c’était… Il n’avait pas de mot pour définir tout ça.

Finalement, un simple mot sortit de ses lèvres, un peu mieux qu’un autre « excuse moi » même si tout autant lourd de sens.

« …Merci. »

Les Japonais étaient si coincés. Aux États-Unis, il était fréquent de prendre dans ses bras n’importe qui pour dire bonjour. Mais ici, c’était déplacé au possible. Au final, mieux valait éviter, même si pour lui cela n’engageait pas à grand chose et était totalement exempt de sous entendu. Et certainement les quelques contacts physiques qu’ils avaient eut jusqu’à présent étaient déjà suffisamment chargé en émotions et en sous-entendus.





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Bizarrement, un pont fragile se recréait sur le champs de ruine qui restait entre eux deux. Un fragile lien né de leurs efforts conjoints... pour combien de temps ?
Eiji toucha avec précaution son visage marqué alors que Hugh reculait, retrouvant quasi instantanément sa posture désinvolte. Ce qu'il comprenait maintenant être un mécanisme de défense. La peau était sensible sous ses doigts : il aurait surement un bleu. Un de plus, un de moins... sa peau marquait plus facilement que son orgueil. Plus exactement, les deux ne se blessaient pas de la même façon.

Le remerciement fit hocher la tête à Eiji. La... dispute ? Discussion ? Il ne savait quel terme convenait vraiment... en tous cas, la scène le laissait aussi vidé qu'un long kata dans lequel il aurait mit toute sa concentration. Un épuisement qui dépassait le visite et touchait quelque chose de plus intime.

" Je ne sais pas s'il y a une si grosse différence en fait."

Le jeune homme réajusta machinalement le col de son hakama, un peu désordonné après avoir été maltraité de la sorte. Sur le coup, débraillé et avec des marques de coups, il devait vraiment avoir une allure de ronin voyou qui ne savait pas se tenir !
Le geste de Hugh ne lui avait pas échappé, et il le remercia intérieurement de n'en avoir rien fait. Les embrassades entre amis n'existaient pas pour lui, à de très rares exceptions comme une fin de compétition exceptionnelle par exemple.

" Tu veux qu'on finisse les photos ? "

Une offre de paix, ou au moins de cessez-le-feu. Pour reprendre les choses à peu près comme avant, le temps qu'il fasse le trie dans sa tête. Changer les choses entre eux ? Il n'arrivait justement pas à comprendre si Hugh voulait qu'il le traite comme il le faisait habituellement. Le point de vue américain sur les égards qu'il devait avoir semblait englober des sphères précises : prendre en compte sa sexualité, mais ne pas faire d'égard sur sa maladie.

" Kokoro mais pas Shinzô...*"

[*Kokoro = coeur symbolique, âme | Shinzô = coeur physique, organe ]

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Silencieux, le blond regarda le brun se rhabiller un peu. Lui aussi ressentait cette étrange lassitude envahissante. De plus, on ne savait pas comment réagir à ce genre de situation. Ça ne faisait pas partie des choses que l’on apprenait forcement au cours d’une vie. Il en était certainement de même pour Eiji. C’était à eux d’inventer le comportement à adopter après une altercation de la sorte. Peut-être eut-il mieux valut qu’ils s’en aillent chacun de leur coté ? Son cœur avait retrouvé un rythme presque normal, et la douleur s’était faite plus diffuse, plus lointaine.

La proposition le surpris, avant qu’il ne sourisse un peu douloureusement, mais volontaire. Il s’accroupit, récupérant l’appareil qui avait été délaissé au sol. Les doigts un peu raides, il ne put s’empêcher de grimacer lorsqu’il serra la main, la douleur se rappelant à son bon souvenir.

Les paroles d’Eiji le laissèrent un court instant comme songeur, alors que la subtilité des propos japonais se rappelait à son bon vouloir. Que répondre ? C’était la vérité. Tout comme il était vrai que si sa maladie était une chose imposée et honteuse qui le diminuait, sa sexualité était une choix, une envie qui venait de lui, et dont il se refusait à avoir honte. Mais s’il n’y avait que ça… Les choses n’étaient pas si simples.

Le jeune homme cadra rapidement, appuyant sur l’interrupteur avec une grimace contenue lorsque ses mains sensibles et abîmées se manifestèrent. Difficile d’en faire abstraction. Il n’était pas habitué à se faire mal, et sa peau marquant facilement rendait la moindre marque impressionnante. Il les regarda un court instant, ennuyé de la présence flagrante de ces bleu. Plus difficile à cacher que ceux que l’on peut avoir sur les bras ou les jambes…

« Tu réalise la dégaine que tu affiches ? »

Hugh pouffa, portant la main à ses lèvres pour atténuer la moquerie. Mais entre la tenue et les marques de coups… Hugh se mordit la lèvre. Ça avait été la première fois qu’il avait frappé quelqu’un, et… Il n’avait pas spécialement apprécié. Même si Eiji ne semblait pas en avoir été si affecté. Certainement encore une autre différence entre eux 2.

Il recula de quelques pages, prenant Eiji en pied. Prendre des photos semblait l’occuper et le mettre à l’aise, bien à l’abri derrière son objectif.

« Tu sais, Eiji… Les questions ne me gênent pas. »

Dit-il d’un ton détaché comme il eut énoncé une banalité, tandis qu’il tournais autour du brun avec intérêt, continuant à prendre des photos malgré la douleur de ses doigts. Manière détourné de dire que s’il voulait savoir, il pouvait répondre. Sans oser trop s’avancer non plus. Hugh commençait à comprendre qu’Eiji était comme une flamme qui, lorsque l’on s’en approchait de trop prêt ou sans prendre les précautions qui s’imposaient, pouvait alors blesser.

Ses propos restaient tout de même quelque peu décalé pour quelqu’un qui, jusque lors, avait évité avec adresse tout ce qui aurait put se rapprocher de sa vie privée. Mais il se sentait désormais le devoir de donner quelques explications, et peut-être un peu tout simplement l’envie.

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Eiji eut un sourire ironique et inclina la tête au commentaire de Hugh qui ne faisait que refléter ce qui lui était déjà venu à l'esprit, avant de croiser les bras sur la poitrine dans une position macho des plus flatteuses. L'image obsédante du doigt de Hugh appuyant sur le déclic de l'obturateur l'effrayait un peu moins quand il se doutait de l'allure qu'il aurait sur ces photos.

" C'est toi qui voulait une allure comme dans Vagabond... on s'en rapproche déjà plus ! Et en changeant la couleur du kimono, je suis sur que je pourrais faire un membre des Ishin Shishi très convaincant ! "

La proposition le prit de cours alors que Hugh tournait autour de lui avec ce qu'il semblait l'intention de l'immortaliser sous toutes les coutures. Il en aurait été presque gêné si la question ne l'avait totalement surpris, le laissait silencieux et songeur.
Il n'y avait pourtant pas grand chose d'étonnant... L'américain ne se gênait pas pour poser des questions au delà de ce qu'Eiji pensait être des limites... et l'inverse était aussi vraie. La discrétion d'Eiji avait du lui sembler un flagrant manque d'intérêt. Voir les choses ainsi était assez perturbant. C'était remettre en question les bases sur lesquels il vivait, et il n'était pas sur d'aimer ça. Il avait de problème venant d'ailleurs pour ne pas sapper le fondement.

" Ah... "

Le regard du jeune homme se figea alors qu'il regardait Hugh sans vraiment le voir. Comme s'il pouvait voir directement à l'intérieur pour avoir les réponses sans avoir besoin de verbaliser la question en elle-même.

" Pourquoi... comment ça se fait que tu préfères les mecs ? Non, oublie ça, désolé, tu voulais pas parler de ça."

Deux pas en avant, trois pas en arrière.
Les joues d'Eiji s'étaient teintées d'un vermillon peu flatteur. Qu'est-ce qui lui avait pris de poser ce genre de questions ? Il voulait s'intéresser au jeune homme, à son passif, pour comprendre pourquoi il craignait à ce point de faire du sport, pourquoi il se sentait humilié et faible... pas à ça. Ca ne le regardait pas !
Le kendoka traversa à grands pas le dojo pour aller se poster vers l'une des portes coulissantes grandes ouvertes, appréciant l'air plus frais de l'extérieur. Les cibles de Kyudo se rappelèrent à son bon souvenir comme une sortie de secours.

" Tu veux une démonstration de Kyudo aussi ? C'est moins impressionnant que le kendo, mais ça a son charme."



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Eiji eut un temps de silence à la perche tendue, comme s’il soupesait la valeur de ce qui lui était donné. Un lumière se fit dans son regard alors qu’il le regardait sans le voir, Hugh ayant rabaissé l’appareil photo avec un petit air interrogateur. La question tomba soudainement, faisant afficher un air interloqué à Hugh. Non pas qu’il ne veuille pas en parler… Mais Eiji s’était toujours montré fermement opposé à ne serait-ce que mentionner ce sujet, il n’y avait qu’à voir le résultat de sa dernière tentative, et à peine en sortaient ils qu’il remettait ça sur le tapis ? Son teint subitement cramoisi laissait bien entendre qu’il n’était pas à l’aise lui non plus de s’être laissé aller à une telle question.

Hugh considéra le jeune homme en silence. Il s’était déjà fait la réflexion. Sa manière d’être insensible aux filles, la façon dont il prenait soin de lui et de ses affaires… Même si cela ne voulait rien dire en soit, mais… Tout était relativement cohérent. Et très adolescent. C’était parce qu’il avait des doutes sur sa propre sexualité qu’il se montrait aussi tendu à son égard ?

Eiji choisit la première échappatoire possible, et Hugh laissa la question reposer tranquillement au fond de son esprit, cherchant par quelle manière il pourrait y répondre. Ou pas. Mais c’était bien Eiji qui lui avait demandé, non ? Il avait donc toute légitimité d’y répondre, et l’autre ne pourrais rien y redire.

Il rejoignit Eiji d’un pas tranquille, regardant au-dehors avec curiosité.

« C’est du tir à l’arc ? »

Si le kendo évoquait bien quelque chose dans sa petite tête blonde, le Kyudo quand à lui restait une notion bien flou, à tel point qu’il ne soit pas vraiment sur que ce ne soit pas plutôt une sorte de lancer de javelot.

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Eiji Kimihiro
Élève de la 3-A

Eiji Kimihiro


Personnage
Âge : 20 ans
Chambre / Appart : 102

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MessageSujet: Re: Séance photo de Kendoka [Hugh/Eiji]   Séance photo de Kendoka [Hugh/Eiji] EmptyDim 6 Fév - 9:52

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Eiji jeta un regard outré à Hugh avant de lever les yeux au ciel, prenant les kamis à témoin de l'ignorance du métis. Il était grand temps qu'il vienne au Japon compléter sa culture ! Inspirant, le jeune homme entreprit de le sortir de cette ignorance coupable, avec d'autant plus de plaisir qu'il pouvait légitimement enterrer la question qu'il avait posé juste avant sous un râtelier d'armes traditionnelles qui le passionnaient.

" Du tir à l'arc ? C'est comme si tu comparais du kendo à de l'escrime... d'un point de vue purement objectif, c'est en gros ça. Mais comme tous les arts martiaux, c'est bien plus... pour le kyudo plus que pour tous les autres, la dimension spirituelle est énorme. C'est tirer en ne faisant qu'un avec l'arc, la flèche et la cible. Il y a trois buts dans le Kyudo... la vérité, la vertu et la beauté... on croirait difficilement qu'on parle d'un sport, non ? Alors s'il te plait, ne compare pas ça à du tir à l'arc occidental... "

Le jeune homme avança de quelque pas, jusqu'à la partie du dojo qui dissimulait les quelques arcs d'entrainement. Peu utilisés, les ¾ des élèves du lycée, voir même un peu plus, ignoraient leur présence en son sein. Eiji en sortit y et entreprit d'attacher sa corde pour lui donner sa plus belle apparence. L'arc était un peu plus petit que celui qu'il requerrait vu sa stature, mais mesurait encore facilement 20 centimètres de plus que lui. Comment ne pas adorer ce genre d'armes ? Malgré toutes les difficultés que pouvait avoir pour lui le Kyudo, il restait très sensible à son esthétique gracieuse.

" De toute façon, tu peux difficilement comparer ça avec un arc de tir classique... et je ne pense même pas aux arcs à poulie qui sont fait pour la puissance. Sans oublier toutes les aides pour viser et stabiliser la flèche... on se demande pourquoi ils tirent encore à ce niveau ! "

Se plaçant consciencieusement, dans la première phase du tir, Eiji leva légèrement l'arc pour le montrer sous un autre angle à Hugh, le bandant légèrement. L'arc trop petit et trop léger était extrêmement perturbant dans ses mains, comme s'il tentait d'essayer un vêtement une taille trop petite.

" Le tir en lui-même est très codifié et... ça ne t'intéresse peut-être pas de savoir tout ça en fait ? "

Le kendoka pencha la tête, réalisant qu'il s'était un peu trop laissé entrainer dans son enthousiasme, au point de monopoliser la parole sans être sur qu'il intéressait vraiment le blond. Hugh avait voulu faire des photos, pas un exposé complet des différents arts martiaux japonais vu sous l'angle Kimihiro...

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Comme il s’y attendais, le blond écopa d’un regard outré de la part du brun pour qui il semblait souvent inconcevable que l’on ignore tel ou tel point d’un sport. Alors, concernant une discipline entière… Hugh pouvait le comprendre. Il se savait agir avec autant de fougue lorsqu’il s’agissait de ses passions à lui. Eiji était déjà parti dans un quasi monologue qui lui fit tourner la tête vers lui, le suivant du regard. Vérité, vertu et beauté. L’idée était plaisante. Mais simplement à regarder.

Le blond suivit le brun du regard, le regardant ramenant un arc gigantesque qu’il entrepris de préparer pour le tir, tout en énonçant quelques propos sur les autres sortes d’arcs qui passa bien au-dessus de la tête du blond, tant il ne voyait même pas de quoi il parlait. Mais c’était amusant de voir Eiji parler, décomplexé et détendu. Le même comportement qu’il avait avec les gens habituellement, en fait. Le plus souvent observateur, Hugh n’avait pas manqué de remarquer cette particularité dans son comportement. Envers lui, il était souvent plus méfiant et réservé, alors qu’en règle générale, c’était un jeune japonais charmant et ouvert. Hugh ne se voilait pas la face : Il se doutait bien qu’il n’était pas totalement innocent à ce comportement.

Il avait redressé l’appareil pour prendre Eiji en position de tir, lorsque celui-ci tourna la tête vers lui, s’interrompant dans sa tirade.

« Hein ? »

Il releva la tête de son objectif, surpris que le brun s’interrompe alors qu’il avait la une si belle opportunité de noyer le poisson.

« Non, c’est marrant de t’écouter parler. »

Déclara t’il avec un petit sourire chafouin, avant de se rapprocher du bord du bâtiment pour s’asseoir à même le sol, les pieds pendant dans le vide.

« Comment est-ce que tu t’es intéressé aux arts martiaux ? Même pour un japonais pur souche, ce n’est pas non plus la chose la plus courante ou évidente qui soit. »

Il avait repose l’appareil sur ses genoux dans une posture sage.


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Ainsi il était amusant à écouter ? Eiji voulait bien le concéder. Parler de ce qu'il aimait le rendait volontiers volubile et animé. C'était tellement facile de parler des arts martiaux, du combat comme de l'esprit... il y avait tant à dire. Et quand son interlocuteur ne semblait pas se lasser, il voulait volontiers partager. L'esprit du sempai en quelque sorte. La notion de garder les secrets de son art le dépassait entièrement. Bien au contraire, quand on savait faire quelque chose, il était toujours plus agréable de le partager.
La question le laissa perturber un instant. Il avait l'impression de toujours avoir été comme ça, de toujours ce souvenir de cette passion qui l'animait. C'était faux bien sur : il n'était né dans le bon siècle pour être né un katana à la main.

L'adolescent abandonna sa posture de tir un instant, le temps de passer la main dans ses cheveux en se demandant par où commencer. L'arc ne pesait presque rien dans sa main, une plume un peu plus encombrante.

" J'ai commencé le kendo assez tôt en fait, vers 5 ans... le côté combatif m'a toujours plu, et comme j'avais de l'énergie à revendre, c'est un des rares sports où j'ai pu l'exprimer sans dégât. L'esprit m'a toujours intéressé mais..."

Eiji regarda un instant son arc, définitivement trop petit pour lui, et laissa sa phrase en suspens le temps d'aller en sélectionner un autre un peu plus grand. Pour l'oeil du profane, l'arc semblait toujours démesurément grand, mais pour lui, la taille lui semblait bien plus proportionnée à la sienne. Manier un arc japonais, c'était un peu comme porter le kimono ou le hakama : d'un oeil extérieur, ça semblait encombrant et peu pratique, mais quand on en avait l'habitude, c'était juste une seconde nature, et on apprenait à se mouvoir en considérant tout ce qui était autour de soi.

Il revint près de Hugh en préparant son arc, deux flèches dans la main Il reprit la position de tir juste à côté de l'adolescent assis sans vraiment le regarder, les yeux fixés sur la cible. Comment pouvait-il être dans l'état d'esprit de tirer alors qu'il avait à bout de nerfs seulement quelques minutes auparavant ? Mystère. Peut-être le plat émotionnel qui avait suivi l'éclat en était-il responsable, le vide le laissa dans un état d'esprit proche du calme qu'il recherchait – et auquel il échouait - habituellement.

" Le déclic a du se faire quand mes parents se sont séparés... j'ai passé beaucoup de temps avec mes grands-parents... des deux côtés ce sont des purs japonais. A prendre le thé habillé en kimono, dans une maison traditionnelle, je sais pas si tu vois le genre ? Ma grand-mère m'emmenait au temple prier. J'ai commencé à vraiment comprendre ce qu'on m'apprenait au kendo, la voie du sabre, le ki... C'est comme si quelqu'un m'avait pris dans ses bras pour me guider. A partir de là, ça n'a été que plus facile de se passionner de plus en plus."

Lentement, en parlant, le jeune homme avait commencé les premières étapes du tir, se mettant en position et bandant la corde dans des étapes d'une lenteur qui frolait l'immobilisme. Avant de s'arrêter, peu convaincu. Sans sa tenue habituelle, le col de son hakama le gênait plus qu'autre chose et briserait le trajet de la corde, et avec lui toute l'harmonie du tir. Il n'hésita qu'un instant avant de retirer la manche gauche de son hakama, la laissant pendre sur sa hanche, imitant la tenue de certains maîtres. Ce n'était pas ainsi qu'il était le plus à l'aise pour tirer, mais il s'adaptait, s'offrant pleinement au plaisir de Kyudo, tirer en prenant en compte tout ce qui était autour de soi.
La première flèche vola avec légèreté jusqu'à la cible.

" Le kyudo, j'ai commencé pour essayer d'apprendre un peu plus le calme et la maitrise... On ne peut pas dire que ça soit une réussite."

Deuxième flèche qui partit rejoindre sa sœur jusqu'à la cible, où leurs empennages se mêlèrent jusqu'à être indistincts.


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La question sembla perturber quelque peu Eiji, mais sans cette gêne palpable qui avait souvent accompagné les questions de Hugh : Un grand pas en avant. Visiblement, Eiji était assez réceptif sur toute question touchant de prêt ou de loin aux arts martiaux. Un début de réponse vint : Un enfant agité qui avait eut besoin d’un exécutoire ? Hugh doutait qu’à 5 ans, l’ont soit capable d’appréhender tout ce que le kendo laissait sous entendre désormais aux yeux d’Eiji. Le jeune homme s’interrompit dans ses propos, apparemment gêné par quelque chose, avant de laisser Hugh en plan pour retourner la ou étaient rangés les arcs. Le jeune homme leva un sourcil, cherchant à comprendre le comportement d’Eiji, et ne fut pas plus avancé lorsque celui-ci revint avec un arc encore plus grand que le précédent.

Parler des débuts de sa passion semblait bizarre pour lui. Cela, il pouvait le comprendre. C’était parfois presque blasphème que de se souvenir qu’il y avait eut un « avant » à certains choses. Raison pour laquelle beaucoup de gens aimaient répondre à la question « d’ou vient votre passion » quelque chose avoisinant à « depuis toujours ».

Eiji était revenu avec 2 flèches et se préparait visiblement à tirer. Lentement, il mis la flèche en place sans cesser de parler, apparemment suffisamment décontracté pour parler de lui même maintenant. Son air calme et concentré contrastait avec la marque sur sa joue. Le regard de Hugh passa furtivement sur ses propres mains avant de revenir à Eiji. Oui, la séparation de ses parents… Il en avait eut vaguement notion, mais l’autre ne s’était jamais trop étendu dessus. Et au final, s’il y avait bien une chose banale à leur époque, c’était bien cela : Des parents séparés et des enfants ballotté d’une maison à l’autre chaque week end. Sauf que Eijji, lui, semblait avoir trouvé le refuge chez ses grands parents.

Hugh sourit poliment avec un petit bruit de gorge à la description traditionnelle de la maison. Oui, bizarrement, il n’avait pas de mal à imaginer. Eiji renonça à tirer, faisant afficher à Hugh un air déçu et un peu gêné. Avait-il fait quelque chose qui avait gêné Eiji ? Hey, pour une fois qu’il était silencieux et calme comme une image ! Mais non. C’était apparemment autre chose. Visiblement, le kimono le gênait dans ses mouvement, et sans plus se préoccuper de sa présence, le brun se défit de l’une des manches, s’offrant une plus grand liberté de mouvement et un epistaxis incontrôlé à Hugh. Ou, plus prosaïquement, une bonne séance de matage gratuite. Son appareil photo se releva d’ailleurs aussi vite que l’attention de son esprit avait été éveillée.

Il suffisait donc de ça pour mettre Eiji à l’aise et se faire se désaper ? Un arc et des flèches ? Ca restait un peu primaire, mais la recette restait à connaître. Il devrait en informer cette pauvre Akiyama qui semblait avoir le plus grand mal à pousser les choses plus loin avec son petit ami à la relation platonique… Un sourire un peu torve étira les lèvres de Hugh. Il n’était pas bien difficile de voir la ou le bas blessait dans leur relation et toutes les manigances mises en œuvre par la brunette pour occasionner des rapprochements physiques. Qui bien souvent tournaient court. Bien fait : Hugh n’avait pas grande affection pour cette fille qui les regardait de haut, lui et Kantaro, et ne se gênait pas pour les apeller « l’otaku et l’intello ». Pas que ce soit mensonge. Mais le fait que cette fille soit la petite amie officielle d’Eiiji ne jouait pas en sa faveur, il fallait bien l’avouer.

Hugh en revint à l’instant présent, se concentrant sur Eiji. Il énonça quelques mots sur le Kyudo, avant de laisser partir la flèche. Aux yeux de Hugh, c’était juste beau. La prise en rafale activée, il avait put photographer le jeune homme au moment même ou la flèche partait.

« Pourtant tu en fait encore. »

Constata t ‘il simplement.

« Je sais bien que l’avis d’un profane ne compte pas, mais tu a l’air détendu quand tu tire. Le kyudo à peut-être fait son œuvre au final. »

Il sourit, le regard fixé sur son appareil alors qu’il dézoomait pour reprendre une vue d’ensemble de la scène.


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Eiji eut un petit sourire et s'agenouilla dans la posture traditionnelle, son arc devant lui. Effectivement, il se sentait bien après ce tir. Et oui, il en faisait toujours, alors qu'il avait ragé un nombre incalculable de fois et s'était promis d'arrêter un nombre de fois tout aussi incalculable. Mais il avait persévéré avec hargne et vengeance, par refus de l'échec, mais aussi parce qu'il y avait quelque chose dans le kyudo qu'il désespérait de toucher et qui le faisait continuer. Ces derniers temps, il pratiquait avec d'autant plus d'assiduité qu'il s'entrainait avec un sensei qui lui donnait plus de motivation que l'ancien, lui faisant découvrir le kyudo sous un autre angle que celle de la discipline parfois frustrante qu'elle était. Le jeune homme se rhabilla correctement avant de répondre sur un ton pensif.

" Je ne tire pas toujours aussi bien que ça... je peux rester des heures sur le pas de tir sans arriver à quelque chose de correct. Il m'est aussi arrivé de casser un arc par frustration. Enfin vu la punition qui a suivi, je n'ai jamais eu envie de recommencer. Mais je continue oui."

Oublieux de Hugh et de son appareil photo, il fixa sans vraiment le regarder le pas de tir. Il aurait été mortifié s'il avait suivi le cours des pensées de Hugh, mais heureusement, tel n'était pas le cas. Oter son hakama lui était venu naturellement, et, dans le fil de l'action, il n'avait même pas imaginé la vue qu'il offrait à son spectateur. Ce qui n'était pas plus mal : l'idée aurait probablement mis terriblement mal à l'aise le jeune homme, surtout après leur discussion et sa question bien vite enterrée.

Une idée effleura Eiji, et il tourna un regard acéré vers Hugh, considérant un instant la silhouette fragile de l'américain qui continuait de triturer l'appareil photo. Certes, il n'était aucunement sportif, et se refusait à faire quelque effort physique que ce soit à cause de son coeur, mais on ne pouvait pas dire que le Kyudo demandait un si gros effort, non ? Du moins si on ne prenait pas son arc, qui donnerait pas mal de fil à retordre à un petit gabarit ou n'importe quelle personne de moins sportive.

Un autre détail amusa le japonais : un blondinet en t-shirt trop large... voilà qui détonnerait sur un pas de tir. Hugh avait beau être métis, il avait beaucoup de mal à l'imaginer avec une tenue, ou une attitude japonaise. Il aurait donné l'impression d'être cosplayé. Pourtant, cela ne l'empêcha pas d'interroger le jeune homme. Il y avait un peu plus que les apparences.

" Tu veux essayer de tirer ? Je peux trouver un arc à ta taille si tu veux. "

Et dire que moins d'une semaine auparavant, il avait sorti Seiji du dojo manu militari parce que le jeune homme avait eu l'outrecuidance de chercher à jouer avec les bokkens du dojo... Vu comme ça, il paraissait complètement lunatique. Ou avec des critères de sélection extrêmement particuliers.



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Au grand désarroi de Hugh, Eiji se rhabilla après s’être agenouillé au sol avec tout le naturel du monde. Ce genre de comportement et de tenues traditionnelles restait bien amusant à voir. Prévisibles, vinrent les quelques paroles modestes quand à sa manière de tirer. Mais peut-être n’était-ce pas que de la pure modestie de convenance. Hugh avait moults fois l’occasion de s’en rendre compte, alors que certains s’extasiaient sur ses dessins. Comment pouvaient ne pas remarquer les erreurs et les manques de style ? Mais non, cela semblait totalement invisible à leur yeux. Peut-être parce que l’on entrait alors dans un champ de subtilité particulier aux adeptes du dessin? Il devait en être de même pour le kyudo.

Hugh fit la moue à la mention de l’arc cassé. Eiji était vraiment une brute. Ou plutôt, sanguin ? Cela le dépassait dans tous les cas. Hugh pencha la tête sur son appareil, triant les photos prises jusque alors pour en ôter celles qui étaient floutées ou définitivement ratées. Au moins ça de gagné sur le tri qu’il ferait ensuite sur son ordinateur.

La question fit relever vivement la tête à Hugh, les yeux écarquillés de surprise.

« Moi ? »

Le ton était appuyée et la surprise franche, comme si l’idée qu’il puisse poser les pieds sur ce terrain ne l’avait pas effleuré, ou plutôt comme si c’était une idée qu’il n’était même pas permis d’avoir. Le terrain semblait la propriété légitime d'Eiji, et de personne d'autre.

« Heu, je veux bien oui… »

Il n’avait pas s’empêcher de rougir, soudainement extrêmement gêné de la situation qui n’avait pourtant rien de bien particulier. Mais à chacun sa manière d’appréhender les choses, et à l’idée de rejoindre Eiji sur le pas de tir, il se sentait soudainement encore plus décalé que d’habitude. Il savait qu’il faisait tache, et se faisait discret en conséquence. Il n’aurait jamais pensé que l’on puisse l’inviter, finalement, à rejoindre le décor. Comme une originalité assumée.

Hugh s’était levé, après avoir précautionneusement déposé son appareil photo à coté de lui et rejoignit l’emplacement tout juste quitté par Eiji avec hésitation. Celui-ci revint bien vite avec un arc qu’il hésita à touche, avant de le prendre dans les mains, ainsi que la flèche. Comme empêtré dans ces 2 outils, Hugh ressemblait à un occidental cherchant à manger avec des baguettes, les manipulant avec précaution sans savoir comment les positionner, ni réellement qu'en faire, en fait.

Il déglutit avec difficulté, alors que s'insinuait en lui l'idée qu'Eiji n'avait fait a que pour le ridiculiser en le laissant se dépêtrer ainsi sur le terrain.

"Heu, je..."

bafouilla t'il, excessivement gêné.


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Hugh accepta finalement la proposition. Un peu à reculons, mais c'était déjà plus que ce à quoi il s'était attendu. Avec un sourire encourageant, il retourna chercher un arc plus adapté pendant que l'américain déposait avec précaution son appareil photo sur le parquet, loin de tout risque de se prendre un coup. Après un instant de réflexion, il reprit finalement le premier arc qu'il avait montré à Hugh : trop petit pour lui, il semblait plus adapté à la stature du blond. Certes, ça ne serait pas parfait, mais ce n'était pas comme s'il attendait de lui une démonstration exemplaire pour un premier tir. Il s'agissait juste... quoi exactement ? De lui faire partager son univers ?

Eiji tendit l'arc à Hugh qui le saisit avec la même méfiance qu'il aurait attrapé un panier plein de serpents sans savoir s'ils étaient venimeux ou non. Le kyudojin le laissa manipuler quelques instants pour qu'il s'habitue à la taille impressionnante de l'arc et à son poids, jusqu'à ce que son colocataire lui lance un regard perdu, l'arc et la flèche pendant lamentablement entre ses mains. Eiji eut un sourire qui se voulait rassurant, malgré le bleu grandissant de sa joue qui lui faisait plus tirer vers l'apparence de voyou que de charmant garçon de bonne famille.

" On va commencer par le début... laisse-toi guider."

Avec des gestes posés, le jeune homme passa juste derrière le blondinet, et commença à lui indiquer comment se placer en lui posant les mains sur les épaules, puis sur les hanches pour l'aider à trouver la bonne position. C'était assez étrange pour lui de faire ainsi – par le rôle de sempai, il l'avait très souvent eu – mais de guider quelqu'un en Kyudo. Il le faisait habituellement en kendo, et l'avait fait encore plus dans son ancien club où il y avait pas mal de pratiquant, et guider les enfants avec des gestes – ou à l'aide du shinai ! - était une habitude. Mais pour le kyudo... il n'était pas vraiment assez bon pour guider les gens, tout juste capable de montrer les bases à quelqu'un qui n'en avait aucune notion.
Hugh sembla tendu la première fois qu'il posa les mains sur lui, mais se laissa au final faire, jusqu'à ce que la main d'Eiji se referme sur la sienne pour le guider sur la manière particulière de bander l'arc, accompagnant le mouvement au dessus de sa tête puis lentement, l'ouverture. La lenteur de chaque mouvement semblait distordre le temps avec lui.

" Ne lâche pas la cible du regard... "

Le blond acheva d'ouvrir l'arc avec une difficulté qui se trahissait par les quelques tremblements de la flèche, plus par manque d'habitude pour cette exercice particulier que par manque de musculature adéquate.
La flèche partit, et rata de quelques centimètres la cible pour aller se ficher dans la protection à quelques mètres derrière alors que le bruit de la corde résonnait dans l'air.

Eiji regarda la cible avec amusement avant de fixer Hugh et de lui tendre la seconde flèche qu'il avait gardé en main, ne voulant pas l'encombrer en le faisant tirer avec les deux flèches.

" Tu crois que tu arriverais à le refaire sans guide ? "


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Hugh se raidit, sentant une sueur froide lui couler dans le dos en même temps qu’Eiji se glissait derrière lui, calme et rassurant, se mettant avec une aisance impressionnante dans la peau du sempai. Mais en même temps, c’était ce qu’il était non ? Le blond avait vaguement conscience que le kendoka était d’un niveau élevé, et qu’il était en mesure d’enseigner à des plus jeunes. Même sans cela, il eut été d’un niveau suffisant pour lui inculquer n’importe quoi, novice comme il était. Mais il y avait aussi la manière de le faire. Eiji semblait se couler avec plaisir et naturel dans le rôle du guide, faisant courir ses doigts avec aisance pour l’aider à se saisir plus ou moins convenablement de l’immense arc qui lui était tout sauf naturel. Mais à la réflexion, c’était aussi l’arc de Yukari dans P3. Comment pouvait-elle se balader avec un truc pareil, sérieusement ?

Hugh fut bien vite tiré de cette confortable réflexion d’otaku par la présence d’Eiji, envahissante et bien trop présente. Ses propos surtout, frappèrent en plein sa fibre littéraire alors que le brun choisissait d’utiliser une réplique bien courante de nombre de manga yaoi qu’il avait put lire. Il se retint de le faire remarquer, étant lui même bien trop gêné par la présence d’Eiji derrière lui. Il pouvait sentir son souffle sur sa joue.

La main d’Eiji le laissa achever seul la traction de la corde de son arc. Hugh sentait ses articulations douloureuses, mais se refusait à lâcher trop tôt. Soudainement, tel une caresse, il sentit la main d’Eiji se couler le long de sa hanche, avant de passer sous son tee shirt, le collant de manière plus insistante contre lui, tandis qu’il ne pouvait se résoudre à lâcher la corde, tendu. La tension entre eux 2 était palpable, comme symbolisée par cette corde tendue qu’il ne parvenait à lâcher ! Les mains tremblantes mais fermement accrochées à l’arme, l’américain retint un soupir lorsque la main s’aventura plus…

« Ne lâche pas la cible du regard... »

La flèche partit en même temps que Hugh ramenait son esprit égaré dans ses fantasmes vers une réalité plus matérielle, ou le brun, fermement campé derrière lui, regardait la cible avec un petit sourire. Le blond se morigéna mentalement de se laisser aller à de tels délire en cet instant. Il ne pouvait pas simplement se concentrer sur ce que voulait lui faire partager Eiji ?
Ses joues rosies étaient à la fois symbole de la gêne ressentie suite à son imagination, mais aussi face à lui même. Il tendit la main pour prendre la flèche suivante, regardant ses pieds nus sur le sol en bois.

« J’imagine. »

Il se remit en position, réfrénant une plainte lorsque ses mains se plaignirent avec vigueur du traitement qu’il leur infligeait. Il tira sur la corde, cherchant à mettre l’arme en tension comme auparavant, mais renonça bien vite avec un petit mouvement de dénégation de la tête.

« C’est gênant. »

L’arc et la flèche dans une main, il se frottait le dos de celle libre contre sa cuisse, cherchant à faire passer la douleur soulignée avec emphase par les bleus ayant fleurit à la surface de sa peau.

« … Je veux dire, ce n’est pas comme toi. J’ai l’impression de ne pas être à ma place en faisant ça. »

Expliqua t’il, un peu gêné.


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Eiji était bien loin de suivre le même chemin que les pensées de Hugh. S'il avait un instant imaginé ce qui avait effleuré les pensées de son condisciple, il en aurait fui le terrain sans demander son reste. Heureusement pour Hugh comme pour Eiji, les pensées sont faites pour rester bien au chaud dans l'esprit de son propriétaire. Le sportif eut un vague moment de déception quand l'américain baissa l'arc et la flèche, expliquant en quelques mots ce qui le troublait.
C'était étrange... pendant très longtemps, il avait vu Hugh, métis américain et japonais, comme quelqu'un qui n'avait pas vraiment sa place au Japon, une personne qui s'acharnait simplement à satisfaire sa passion pour les mangas dans un pays qui n'était pas vraiment le sien. Le temps avait passé, lui apprenant – ou le forçant – à être moins radicale et fermé dans sa façon de voir les choses. Et cette fois, c'était l'américain lui-même qui se sentait décalé dans son univers, où Eiji avait souhaité l'accueillir. Il n'arrivait pas vraiment à mettre de mots dessus... une déception, agacement, tristesse ?

Le jeune homme passa sa main dans ses cheveux, à court de mots. Il était un peu vexé, mais d'un autre côté... c'était un peu couru d'avance. En tant que passionné, on sait parfaitement qu'on ne peut pas imposer ses passions aux autres. Surtout le kyudo, tellement particulier. Eiji finit par se fendre d'un léger sourire. Hugh finissait toujours par le mettre en porte à faux au final, quelle que soit la situation, même sans le vouloir. Il devait y avoir une alchimie étrange entre eux deux. Le jeune homme finit par hausser les épaules et se diriger vers la cible pour aller chercher les flèches tirées.

" Tu crois que je me sens à ma place quand je dois rester immobile une demi heure devant la cible ? Je vais récupérer les flèches. "

Les quelques secondes de répits, alors qu'il prenait les flèches plantées dans la cible – et à côté – lui permirent de réfléchir un peu plus posément à ce que lui avait dit l'américain avant de revenir à ses côtés.
Quand il revint vers Hugh, les flèches en main, il était encore un peu hésitant sur ce qu'il pouvait lui dire. Après tout ce qui avait été échangé entre eux, Eiji avait encore beaucoup de doutes sur le genre de relation qu'ils entretenaient. Quelque chose à mi chemin entre l'amitié et la torture mentale.

" Tu ne peux pas toujours être observateur tu sais. "

Le japonais se fendit d'un sourire un peu plus moqueur et toisa Hugh des pieds à la tête, comme s'il considérait son allure générale.

" Je peux te trouver un hakama pour faire plus couleur local si tu veux ! "

Il savait que ça n'avait rien à voir, mais que pouvait-il dire de plus ? Il n'était pas la meilleure personne placée pour rassurer Hugh, ou pour affirmer ou non son appartenance au Japon des traditions.

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L’espace d’un instant, Eiji parut vexer, faisant naître sur les traits de Hugh une expression intriguée. Il ne s’était pas attendu à une telle réaction de sa part ? Il n’avait jamais fait de sport en général, et le kyudo restait une discipline pour le moins obscure et particulière. Autant lui mettre une raquette de ping pong dans les mains aurait put permettre une intégration rapide des règles et du principe du jeu, autant du kyudo… Ca ne pouvait pas s’apprendre comme ça, en un essai. Et pour lui, ça restait du bête tir à l’arc. Il ne voyait pas plus loin, n’en déplaise à Eiji. Par respect pour Eiji et pour cet art qu’il appréciait, il avait renoncé, et cela en soit semblait déplaire à Eiji. Mais il n’eut pas le temps de s’enquérir plus en avant de la raison de l’agacement du brun, que déjà celui-ci était retourné vers les flèches pour les ramasser, avec un petit commentaire un peu cynique de sa part.

Hugh fut surpris. Il était vrai qu’il n’aurait pas imaginé Eiji avec son arc avant de l’avoir vu de ses yeux. Le kendo lui seyait bien plus. Et pourtant, il continuait. Eiji revint vers lui, avec quelques mots qui laissèrent le blond pour le moins sceptique quand à la réaction que l’autre attendait de lui. Qu’entendait-il par la ?

« … Moi ça me va. »

Répondit il simplement, tripotant l’arc dans ses doigts sans savoir ou le poser. Il répondit par un sourire à la boutade d’Eiji, le regardant en retour comme s’il s’imaginait lui aussi dans ce costume.

« Le tissus à l’air épais et lourd, ça ne doit pas être pratique pour bouger. »

Il tendit la main, tripotant entre ses doigts la manche de la veste d’Eiji. Le tissus était effectivement rugueux et lourd, bien loin d’être un vêtement destiné à être porté au quotidien. Il plaça l’arc dans les mains d’Eiji pour s’en débarrasser.

« Le yukata au prochain festival d’été sera amplement suffisant. »

Déclara t’il avec un soupir, comme si cette simple évocation l’ennuyait d’avance.


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Eiji attrapa l'arc, contemplant avec un sourire amusé Hugh tater son hakama comme l'aurait fait une fille du tissu d'une robe qu'elle convoitait. Oui, c'était lourd et costaud, rien à avoir avec un kimono de soie dont le but premier serait d'avoir une esthétique qui plaisait à l'oeil ! Il trouvait ça plutot confortable lui. Ou plus exactement, y était tellement habitué qu'il ne voyait pas quelle gêne il pouvait trouver à porter cette espèce de jupe culotte aux lourds plis de tissus. Cela ne le dérangeait pas plus que porter un jean... ou un kimono. Tout une affaire d'éducation.

" Na, c'est pas plus inconfortable qu'autre chose. Juste un peu plus encombrant. "

Le jeune homme retourna une dernière fois ranger l'arc, prenant cette fois le temps de correctement retirer la corde et de le ranger, vérifiant que tout était en ordre avant de refermer la porte de la réserve, avant de revenir sur le pas de tir, avec un coup d'oeil général pour le dojo. Ce n'était pas parce qu'il était là pour autre chose qu'une séance d'entrainement en bonne et due forme qu'il pouvait se permettre de laisser le dojo autrement que dans un état parfait.
L'évocation du festival fit sourire le jeune homme : il adorait les festivals, les alignements de petite baraque, les jeux, le feu d'artifice traditionnel. Peut-être pour souvent y avoir été avec ses grands-parents, un festival était vraiment synonyme de détente pour lui.

Il fit un large sourire à Hugh qui semblait envisager le yukata comme quelque chose avoisinant la mise à mort. C'est vrai qu'imaginer le blond habillé à la mode traditionnelle japonaise... était comme l'imaginer avec un maquillage de jeune fille : cela tenait du déguisement. Il avait hate de le voir ainsi vétu !

" Ca va, un yukata n'a rien à voir avec les lourds kimonos de cérémonie, c'est plutôt confortable. Et pense à toutes les photos que tu pourras faire au festival. "

Eiji effleura sa joue, machinalement, touchant la peau sensible. Le bleu devait avoir marqué maintenant, décorant une fois de plus son visage. Quelque part, un yokai devait se moquer de lui, se débrouillant pour qu'il finisse par se battre – ou se faire taper dessus – pour qu'il n'ai jamais un visage totalement vierge de marques. Ce n'était pas si grave. Au final, ça permettait même de débloquer la situation, comme maintenant. Un jour, il réfléchirait à ce que ça voulait dire de son caractère. Un jour, peut-être. Pourquoi essayer de réparer quelque chose qui n'était pas cassé ?

" On y va. Sauf si tu veux prendre le dojo vide maintenant ? "

Il releva la tête au moment où il s'apprêtait à refermer les panneaux coulissants, interrogateur. Il hésita quelques secondes avant de continuer.

" Tu pourras... me montrer ce que tu dessineras à partir de ces références ?"



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Hugh répondu d’un hochement d’épaule signifiant bien qu’il n’était pas convaincu par l’argument d’Eiji, mais pas motivé non plus à l’idée de débattre sur ce sujet. Il considéra un instant le brun parti ranger les arc avec un soin quasi maniaque, avant d’aller ramasser son appareil photo et entreprendre de prendre quelques vues d’ensemble du lieu. Encore une fois, sa carte mémoire débordait de trésors plus ou moins heureux. Il jeta un œil un peu désabusé à la piste de tir. Aurait-il mieux fait de continuer à tirer pour ne pas décevoir Eiji ?

Celui-ci revint vers lui, se moquant gentiment de sa réticence à porter un yukata. On voyait bien qu’il n’avait pas idée de l’allure que cela lui donnait. Ou alors il en avait tout à fait conscience et s’en amusait d’avance, ce qui était aussi fort probable. Hugh n’avait même pas l’énergie de répliquer à cette pensée qu’il devinait tappie derrière ses propos. Peu importait au final. Et c’était plus important de se raccrocher à la 2 réplique d’Eijji qui montrait bien qu’il commençait à réellement le connaître. La perspective des photos, tout autant que la remarque d’Eiji, fit naître un large sourire sur le visage du métisse.

« Oui, j’adore ça. »

Précision inutile mais qui fait toujours plaisir à dire. Pouvoir confirmer ses goûts et ses attirances n’était pas toujours quelque chose qu’il lui était possible de faire.

Il sourit, remuant négativement la tête à la question.

« Déjà fait. »

Il suivit docilement Eiji à l’extérieur, s’asseyant sur le bord de l’allée en bois pour remettre ses baskets. La question lui fit relever la tête avec une expression mi figue mi raisin.

« … Oui, bien sur. »

Le sourire qui ponctua sa réponse valait tous les trésors du monde et laissait présager le pire comme le meilleur, mais ce qui prédominait surtout, c'était le plaisir sincère de voir le brun s'interesser réellement à ce qu'il pourrait dessiner.
Il n’en dit pas plus alors qu’ils revenaient tous 2 aux vestiaires, parlant de la prochaine interrogation écrite de mathématique qui s’annonçait des plus vicieuses, comme il en devenait habituel avec leur cher professeur.
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