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Le lycée sous le signe de l'arbre aux 1000 écus
 
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 Soirée post hopital [Hugh/Kanta]

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AuteurMessage
Kantaro Fugiwara
Président des élèves
Délégué de la 3-A

Kantaro Fugiwara


Personnage
Âge : 18 ans
Chambre / Appart : 102

A savoir
:

Soirée post hopital [Hugh/Kanta] Empty
MessageSujet: Soirée post hopital [Hugh/Kanta]   Soirée post hopital [Hugh/Kanta] EmptyDim 6 Fév - 9:26

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh fut à moitié réveillé par le mouvement de Kantaro se dégageant pour sortir du véhicule et resta là, l'esprit embrumé, à mi-chemin entre conscience et sommeil, entrouvrant les yeux dans la semi obscurité de la voiture. Il ne voyait pas bien le visage du conducteur, il aurait pu être n'importe qui. Il frissonna. A quel moment s'était-il endormi ? Aussitôt la tête posée sur l'épaule de son voisin avait-il semblé. A moins que cette histoire d'école n'ait été qu'un rêve ... Il revenait de l'hôpital, en taxi, avec sa mère, comme souvent. Du moins, c'est ce qui lui semblait. La voix amusée de Kantaro, annonçant le programme de la soirée, le tira tout à fait de ses rêveries et il papillonna des yeux, incertain.

" Wait a minute mom ... "

Marmonna t'il, avant de secouer la tête, les mots ayant traversé ses lèvres sans qu'il ne les contrôle vraiment. Il sortit du véhicule tandis que Kantaro payait. Il prit mentalement note de lui revaloir ça, avant de regagner la chambre avec lui d'un pas lent. La claudiquerie de Kantaro était désormais flagrante, difficile de passer outre. La chambre était vide à leur arrivée. Hugh n'avait pas véritablement souvenir de la raison de l'absence de Misa, mais ne s'en formalisa pas vraiment, ôtant ses vêtements en tournant le dos à Kantaro, revêtant son habituelle tenue pour la nuit, un vieux tee-shirt par dessus son boxer. Le tissu usé était doux sur sa peau.

Il se passa la main sur le visage, essayant de regrouper ses idées. L'idée de dormir n'était pas des plus attrayantes ... Il s'assit à son bureau, ouvrant le capot de son ordinateur portable qui s'alluma en silence, illuminant les traits pâles de l'américain d'une lueur bleutée. Il tourna le regard vers Kantaro à ses paroles. Celui-ci, ayant fait place nette dans la chambre, s'installait sur son lit pour lire, comme il le faisait chaque soir. En s'y arrêtant un instant, Hugh se rendait bien compte qu'il n'avait jamais vu Kantaro autrement que assit sur ce lit toujours bien fait. Un sacré couche tard. Son regard s'attarda un instant sur sa cheville à qui il faisait prendre une position antalgique.

" Pense à récupérer la carte pin alors ... "

Il suspendit ses paroles, se souvenant que le jeune homme avait mentionné vouloir changer de numéro. Il pencha la tête avec un petit air inquiet. Sur l'écran de son ordinateur, des interlocuteurs étrangers ouvraient des fenêtres de conversations en japonais et en américain. Le net était bien un endroit où il avait facilement pu nouer contact, notamment pour parler de dessin, même si les accueils n'étaient pas toujours des plus favorables. Hugh réalisa à cet instant qu'il n'avait pas pris ses médicaments du soir, et se leva sans un mot, allant s'accroupir devant son placard d'où il tira la boîte en métal contenant les divers médicaments. Il n'avait jamais pu se résoudre à un pilulier. C'était un truc de vieux ça ! Et puis, il n'en avait pas tant à prendre, de toute façon ... Du moins était-ce ce qu'il s'efforçait de penser.

Retournant à son bureau, il les avala consciencieusement, un par un, avec la petite bouteille d'eau qui se trouvait à portée. Les lèvres un peu brillantes et humides, il resta un court instant songeur. Il ne se sentait pas très bien. Le mieux à faire eut été de se coucher. Mais, pour rester seul dans un lit froid alors que le ciel noir tournerait au dessus de sa tête ? Non merci.

" Tu sais, j'aimerai bien savoir ... pour tes fantômes. "

Les mots étaient sortis d'eux mêmes, alors qu'il baissait lentement la main et refermait la bouteille d'un geste distrait. Alors que les messages s'accumulaient sur son écran, il les ignora, levant le regard vers Kantaro à l'autre bout de la pièce.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Alors que Kantaro s'attendait à voir Hugh se coucher rapidement, ce dernier s'installa devant son ordinateur, peu enclin à rejoindre son lit, visiblement. C'était pourtant bien la même personne qui s'était endormie comme une masse sur son épaule moins d'une demie heure plus tôt. Non ? Il l'observa plus attentivement lorsqu'il parla de la carte pin de son téléphone avant de détourner le regard, soudain très intéressé par la couverture de son livre. La seule utilité qu'il pouvait voir à récupérer la carte en question était pour son répertoire. Hors, il en avait une copie manuscrite dans un tiroir de son bureau. Inutile donc. Et il n'avait aucune envie de voir la liste des derniers appels s'afficher, même pour la rapide manipulation qui consistait à effacer l'historique.

Kantaro reporta son attention sur l'américain lorsqu'il se leva, allant chercher la boîte à médicaments dans son placard. C'est vrai qu'il ne les avait pas encore pris. Jetant un coup d'œil furtif au réveil d'Eiji, l'adolescent nota qu'il y avait même un gros décalage par rapport à d'habitude - il avait plus ou moins volontairement assimilé les horaires de prise des comprimés. Etait-ce pour cette raison qu'il lui paraissait moins en forme que les autres jours ? Kantaro le regarda prendre ses comprimés en se demanda pourquoi il n'utilisait pas un pilulier. C'était plus simple non ? Et puis, contrairement à la grosse boîte à biscuits métallique, on pouvait l'emmener avec soi et ainsi ne pas risquer d'être pris de court. C'était même plus prudent dans le cas de gros problème de santé comme pour Hugh. Du moins lui semblait-il. Peut-être que le blond n'y avait jamais pensé jusqu'à présent.

Le brun se perdit un moment dans la contemplation de son colocataire. Le reflet bleuté de l'écran marquait un peu plus la pâleur de son visage, alors que ses cheveux blonds semblaient l'auréoler d'une lumière plus vivante. Ses lèvres humides s'irisaient à chaque variation sur l'écran. Et s'il essayait de dessiner le visage de Hugh ... Est-ce qu'il pourrait y arriver ? Là, tout de suite, il lui semblait que oui. Mais combien de fois avait-il eu cette impression et s'était-il finalement retrouvé avec un visage dépourvu de bouche et d'yeux sur son carnet de croquis ? Il n'avait pas encore essayé avec Hugh pour modèle, redoutant d'avance de se retrouver bloqué une fois de plus, mais ce n'était pas la première fois que l'idée lui traversait l'esprit.

Perdu dans ses pensées, Kantaro mit quelques secondes avant de percuter aux paroles du blond, et c'était bien parce qu'il avait vu ses lèvres bouger qu'il les avait entendues. Ses yeux s'arrondirent de surprise dans un premier temps, avant de s'étrécir sous le coup de la colère qui ressurgissait. Il n'en revenait pas que Hugh ose ramener le sujet. N'était-ce pas assez pour la soirée ?

" C'est pour me demander ça que tu restes debout au lieu d'aller dormir ? "

Le regard inquisiteur de Hugh le fit désagréablement frissonner. A cause de sa cheville, il ne pouvait même pas quitter la chambre pour fuir. C'était vraiment lâche de sa part de profiter de sa faiblesse pour l'attaquer sur le sujet ! Même si une petite voix au fond de lui essayait de temporiser en répétant que c'était juste le naturel de Hugh qui refaisait surface et que c'était justement un trait de caractère qu'il appréciait chez l'américain, là, il n'était pas en état de l'écouter. Il ne voulait pas. Ses doigts se resserrèrent sur son livre avant de le laisser tomber sans ménagement sur les draps du lit.

" Bon sang, Hugh ! Tu vas trop loin là ! Pourquoi tu reviens à la charge avec ça ? Tu peux pas les laisser où ils sont mes fantômes ? Pourquoi ... Qu'est-ce que tu veux savoir à la fin ? Tu peux pas faire comme tout le monde et me laisser me débattre tout seul en fermant les yeux ! Ca doit pas être si compliqué vu qu'ils le font tous depuis ma naiss... "

Kantaro se coupa net en réalisant qu'il venait d'en dire beaucoup trop dans son emportement. Et merde ! Pourquoi est-ce que tout ça ressurgissait alors qu'il s'en était justement éloigné ? Le jeune homme glissa des doigts tremblants de nervosité entre les mèches de ses cheveux. Au-delà de la colère, il se sentait brusquement las et fatigué ...

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Les paroles rageuses de Kantaro furent comme un coup de poing dans l'estomac, pourtant, ni l'expression ni la posture de Hugh ne changèrent, le regard obstinément braqué sur son colocataire. Il sentit une boule se former dans sa gorge, comme une subite envie de pleurer, qu'il contint. Était-ce le ton employé par Kantaro ? Son regard soudainement plus agressif ? Ou l'impression d'avoir blessé l'autre, sans le vouloir ? Hugh demeura immobile tandis que se déversaient sur ses épaules les paroles rageuses de Kantaro dont la colère semblait avoir trouvé un nouvel exécutoire. Hugh déglutit avec difficulté. Etait-il vraiment allé trop loin ? Il était bien en mal de le dire. Il n'en savait rien. Il avait toujours pensé ... que la manière la plus simple de toucher quelqu'un était de parler directement. Ou par l'arrière, 7ème espace intercostal.

Il fit instantanément taire ce genre de remarque déplacée qui naissait instantanément dans son esprit. Déjà qu'on le trouvait trop direct ou trop déplacé, qu'en aurait-il été s'il s'était laissé aller aux paroles cyniques à tout bout de champ. Et, en vérité, ce genre de pensée ne lui était pas si coutumière. C'était le plus souvent sous le coup de la fatigue qu'elles venaient. Certainement comme pour les paroles de Kantaro en ce moment même. Malgré cette relativisation des choses, le jeune homme avait du mal à être réellement à l'aise.

" I... I'm sorry. Don't shout ... "

Sa voix s'était faite un murmure, un peu rauque. Il fronça les sourcils, se rendant compte de l'utilisation involontaire de sa langue habituelle sous le coup de l'émotion.

" ... Ne crie pas. "

Les paroles de Kantaro n'étaient pas seulement rageuses. Elles étaient aussi pleines de douleur, presque palpable. Il se protégeait. Ou peut-être était-il vraiment allé trop loin. Un instant, Hugh se sentit bien crétin et démuni, du haut de ses pathétiques 18 ans de maladie.

" ... Je voulais savoir parce que je m'inquiète pour toi. Excuse-moi, c'était déplacé. "

Il détourna le regard, faisant mine de s'intéresser à son ordinateur, comme coupant court à la conversation. Les paroles de Kantaro tournaient dans sa tête, douloureuses. Se débattre tout seul ? Sa curiosité à l'égard du passé de Kantaro en était encore plus attisée. Ne s'agissait-il que de ça ? De curiosité mal placée ? Il n'aurait su le dire. Il voulait juste savoir ... pour mieux comprendre Kantaro.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Tandis que ses propres paroles résonnaient dans sa tête, Kantaro ôta machinalement ses lunettes, laissant son visage libre d'accès à une main incertaine pour masser ses tempes. Celle-ci se figea à hauteur de ses yeux suite aux paroles de Hugh, en même temps que sa respiration. Son regard vacilla.

" Ne crie pas. " ...
Il n'avait pas entendu les mots qui avaient précédé. Ceux qui suivirent ne lui parvinrent que de façon indistincte. Seuls ces trois mots ... Rien que ces trois mots, prononcés à mi-voix, sur un ton presque suppliant ...
" Ne crie pas. " ...
Combien de fois les avait-il entendu dans la bouche de son père, alors qu'il faisait semblant de dormir en retenant ses sanglots ? Combien de fois les avait-il prononcés lui-même sur ce ton de supplique ? Combien de fois s'était-il contenté de les penser, parce les dire était inutile ?
" Ne crie pas. " ...
Trois petits mots en désespoir de cause, parce qu'invariablement après les cris pleuvaient les coups.
" Ne crie pas. Ne crie pas. " ...
Une bouffée d'angoisse l'étreignit tandis qu'il reprenait son souffle. Est-ce qu'il devenait comme elle pour que quelqu'un prononce ces mêmes mots à son attention ?

" ... non ... "

Tout mais pas ça !
Assis sur le lit, Kantaro se recroquevilla sur lui-même, ramenant ses jambes contre lui et enserrant sa tête dans ses mains. Ses yeux aux pupilles dilatées oscillaient entre angoisse et panique. Panique et peur face aux souvenirs qui le submergeaient totalement, angoisse à l'idée de devenir ce qu'il haïssait le plus au monde ...

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Le regard fixé sur l'écran de son ordinateur où dansaient des mots que Hugh ne voyait pas, le jeune homme guettait du coin de l'œil une quelconque réaction de Kantaro ... qui ne vint pas. Avec un gémissement, le brun se recroquevilla sur lui-même, laissant Hugh abasourdi. L'air surpris, presque choqué, il resta un instant immobile sur sa chaise, ne sachant comment réagir, ne parvenant pas à identifier l'angoisse qui étreignait Kantaro en cet instant.

" ... Kantaro ? "

Avait-il parlé trop bas ... ou Kantaro n'avait-il eu aucune réaction ? Se levant avec précaution, comme pour ne pas effrayer par un mouvement trop brusque ou un bruit malvenu un animal sauvage, le blond se rapprocha d'un pas lent du lit où s'était prostré son colocataire, un air affolé qu'il ne devinait qu'à moitié ondulant sur ses traits, comme les reflets de l'eau à la surface. Il posa un genou sur le bord du lit, ayant l'impression, par ce geste, d'entrer dans une zone d'intimité délimitée, comme un kekkai. Il resta coi, prêt à reculer à la moindre parole, mais rien ne vint, ni mouvement ni bruit. Posant une main sur la couverture pour se donner appui, il s'approcha un peu plus du brun, levant la main pour lui effleurer les cheveux.

" ... Ce n'est rien ... Tout va bien ... "

Ce genre de mise en scène ... Combien de fois les avait-il lues ... et lui-même pratiquées, seul dans l'intimité de sa chambre ? Lorsque l'angoisse prend le pas sur tout et vous étouffe. Lorsque le plafond semble à la fois trop haut et à la fois proche de s'écraser sur votre tête, et que, le souffle court, on a l'impression de perdre pied. Il n'aurait pu le jurer, mais Kantaro ... semblait bien perdre pied, en cet instant.

Il ne savait pas quoi faire. Dans les mangas et les films, la vie était tellement plus simple ! Car tout semblait s'enchaîner de manière naturelle. On connaissait le secret de l'autre. Pas comme en cet instant où il peinait à raccrocher les bouts de vérité qu'il avait obtenus de Kantaro. Il avait un instant l'impression d'être pour lui une épaule secourable, voir plus, et l'instant d'après de n'être qu'un fouineur sans délicatesse qui mettait forcement les pieds dans le plat. Il ne savait pas ce qu'il devait faire. Il se laissait juste porter par son instinct. Sa main, tremblante, caressait maladroitement la tête de Kantaro du bout des doigts.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Les images tournaient et retournaient à l'infini dans sa tête comme un film passé en boucle. Le souffle court, Kantaro avait l'impression d'être à la fois dans un coffre minuscule qui l'oppressait et l'étouffait, et dans un immense gouffre où il chutait sans fin. Il n'y avait plus rien d'autre que cette angoisse et ces souvenirs. Le reste du monde n'existait plus. Tant et si bien que lorsqu'il sentit une main caresser sa tête, il ne put la considérer autrement qu'en ennemie.

" Non ! "

Le corps raidit par la peur recula brusquement, venant sans ménagement plaquer son dos contre le mur. Dans un mouvement purement instinctif, Kantaro leva le bras devant son visage pour se protéger de son agresseur. Il était petit garçon et Elle allait à nouveau le frapper. Mais le coup redouté ne vint pas et il osa lever un regard paniqué vers l'être qui avait franchit son périmètre de sécurité.

Kantaro mit quelques secondes avant de reconnaître le visage qui lui faisait face et de baisser le bras. Le retour à la réalité, s'il le tirait du gouffre, était douloureux. Les évènements qui s'étaient enchaînés pour le mettre dans cet état se remirent en place progressivement, tandis que son visage se contractait dans une veine tentative de maîtriser les émotions le submergeant. Kantaro ne lâchait plus Hugh du regard, malgré les larmes qui lui brouillaient de plus en plus la vue et transformaient la chevelure blonde en auréole lumineuse.

L'américain était son seul point d'encrage alors qu'il partait à la dérive. Un ange tombé du ciel qui venait le tirer de ses cauchemars. Kantaro se jeta contre lui, s'agrippant au tissu de son tee-shirt comme à une bouée de sauvetage, tandis que des sanglots franchissaient finalement ses lèvres.

" ... pas ... de...devenir ... monstre ... pas ... pas ... comme elle ... "

Il n'arrivait même plus à parler entre deux sanglots. Il n'arrivait plus qu'à pleurer. Pleurer comme il ne l'avait pas fait depuis des années ... comme un enfant ...

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh retira vivement sa main au cri, serrant les dents en l'attente d'un coup, qui ne vint pas. Au contraire, c'était Kantaro lui-même qui, adoptant une posture de défense totalement instinctive, le regardait comme s'il s'apprêtait à le frapper. Hugh baissa le bras qu'il avait mollement levé, regardant avec stupéfaction son colocataire dont le regard embué de larmes menaçait de déborder. Non, elles coulaient désormais sur ses joues, en silence, tandis que son faciès était creusé en une expression de peine et d'égarement sincère et cruel. Hugh plissa le regard, ne sachant que faire face au jeune homme qui était non seulement perdu mais semblait aussi repousser toute approche.

Loin dans un coin de son esprit, une petite voix vint lui dire qu'un tel comportement était tout sauf sain et que Kantaro aurait bien besoin d'un psychologue. Il repoussa cette petite voix, l'ignorant sans égards. Que les adultes fassent ce genre de choses entre eux.

Hugh remua légèrement les lèvres, cherchant à parler mais les mots ne sortant pas. Ils étaient en fait inutiles. Le temps sembla s'être arrêté un instant, et l'instant d'après, Kantaro était agrippé à lui, les poings fermés avec rage et douleur sur son tee-shirt, se blottissant contre lui pour pleurer de tout son saoul, hoquetant quelques paroles hachées que Hugh s'efforça de retenir alors que son coeur s'emballait sous le coup de l'émotion et qu'une rougeur venait marbrer ses traits pâles. Tout expansif qu'il soit, il lui était difficile de demeurer indifférent à la situation présente. Il repoussa ces pensées là également. Kantaro l'appréciait peut-être comme ami - et encore - mais n'avait certainement pas de vue plus ... rapprochée sur lui. Il cherchait juste un point d'ancrage. Juste ça, il pouvait peut-être le lui offrir, momentanément.

Le blond entoura le japonais de ses bras, le serrant contre lui tandis qu'il se retrouvait véritablement assis sur le lit, Kantaro bouiné sur ses genoux, ses larmes venant mouiller son tee-shirt et, il pouvait le sentir, même sa peau au travers, à moins que ce ne soit une illusion. Le serrant contre lui aussi fort qu'il le pouvait de ses maigres forces, il posa un instant son visage contre ses cheveux. Ils étaient doux et il s'en émanait une légère odeur de shampoing. Le jeune homme chercha à retrouver son souffle, caressant le dos du jeune homme en pleurs contre lui.

Dans sa tête, les informations s'associaient une à une, avec une netteté effrayante. La haine des coups. La peur des coups. Les fantômes. Le coup de téléphone. Elle. Cette peur irraisonnée de la violence et de son propre comportement. Hugh frémit, repoussant ses pensées à plus tard. Il n'était finalement pas sûr de vouloir comprendre ...

Hugh eut un demi sourire. Il s'était trompé dans son affirmation. Kantaro était encore un enfant.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Déversant des torrents de larmes, Kantaro avait l'impression de pleurer pour toutes les fois où il s'était retenu depuis 7 ans. Le flot ne semblait pas vouloir s'interrompre, pas plus que les sanglots qui le faisaient hoqueter, et il se sentait bien incapable d'y mettre fin. Les bras de Hugh se refermèrent sur lui, réconfortants et protecteurs à la fois, recréant un cocon rassurant dans lequel il se blottit inconsciemment, s'appuyant un peu plus contre Hugh et passant ses bras autour de lui, comme pour s'assurer de ne pas perdre son sauveur.

Combien de temps cela dura ? Il n'en avait aucune idée. Kantaro avait perdu la notion du temps et de l'espace, et ses seuls repères étaient la main caressante sur son dos et le son de la valve mécanique. Lentement, après un temps infini, le jeune homme retrouva un certain calme. Il ne bougea pas pour autant. Il n'avait pas envie de quitter cette chaleur qui émanait de Hugh. Pas plus qu'il n'avait envie d'affronter son regard après la scène qu'il venait de lui offrir. Et puis ... la tête enfouie contre le torse de son compagnon, les yeux fermés et le corps au chaud ... il était plus facile de parler à mi voix.

" Je n'ai jamais eu de mère ... Pas parce qu'elle est morte ou autre ... Je n'ai jamais eu le droit de l'appeler comme ça ... Seulement devant les autres. Mais pas à la maison. Et je ne peux pas la considérer comme telle. Je ... je ne me souviens pas d'elle autrement qu'en train ... de crier ou ... de frapper ... "

Ses doigts se resserrèrent sur le tee-shirt de Hugh à ces mots. C'était autre chose que de le dire à un psy. Beaucoup plus personnel, moins distant. Il ne parlait pas de cette manière détachée qu'il avait adoptée dans les séances de suivi, il le vivait. C'était peut-être moins cohérent, moins cadré, mais bien plus sincère.

" Il y avait toujours une bonne raison pour qu'elle s'en prenne à mon père ou moi ... Et puis un jour, elle avait un couteau dans la main et ... J'ai voulu le protéger et ... et ... "

Sa voix s'éteignit. C'était trop dur à dire. Et était-ce réellement nécessaire ? Kantaro fut parcouru d'un frisson de crainte. Hugh avait demandé à savoir mais ... N'allait-il pas le repousser maintenant ? Cette vérité que tout le monde voyait de manière si honteuse et déplacée, Hugh pouvait-il seulement en comprendre une partie ? Il était si loin de tout ça dans son écrin familial protecteur.

" Mes fantômes sont laids, n'est-ce pas ... "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh déglutit avec difficulté, alors que Kantaro passait ses bras autour de sa taille, s'accrochant désespérément à lui. A force de chercher, on finissait par trouver. Mais il n'était pas sûr de pouvoir assumer ce qu'il avait déclenché. Il n'aurait jamais cru voir Kantaro dans cet état ... Il avait conscience que son apparence froide - avec les autres tout du moins - était une façade protectrice, mais à ce point ... Les larmes finirent par se tarir. Un instant, Hugh crut que le jeune homme s'était endormi contre lui, le visage caché contre son tee-shirt. Sa main ne cessait pourtant pas sa caresse ambiguë, qui glissait de la nuque vers le bas du dos, geste réconfortant.

Dehors, la nuit bien avancée n'était éclairée que par les lampadaires qui bordaient le périmètre de la cour, leurs lueurs se reflétant sur le plafond de la chambre, se mêlant à celle bleuté de l'ordinateur qui ne cessait de ronronner tranquillement. La voix de Kantaro s'éleva finalement, tirant Hugh de ses rêveries.

A chaque mot prononcé ... à chaque déclaration qui venait supplanter l'autre dans la douleur, la gêne, puis l'horreur ... Hugh sentait son corps se glacer, et sa main se faire plus tremblante, jusqu'à en interrompre son geste. La poigne de Kantaro elle, comme en opposition, se faisait plus ferme sur son tee-shirt, comme s'il eut voulu le déchirer. Puis vinrent les derniers mots. La raison de la cicatrice sur laquelle sa main était posée, uniquement séparée par un bout de tissu. Il pouvait en sentir le léger relief, caractéristique, sous la paume de sa main. Il le connaissait bien, pour l'avoir palpé de nombreuses fois chez lui. La voix de Kantaro se tarit, alors qu'une boule se formait dans la gorge du blond et que les larmes lui montaient aux yeux.

" Je... Je... "

Il n'aurait jamais imaginé une telle chose. Ce genre de choses arrivait dans la réalité ? La vie semblait n'avoir rien épargné à Kantaro. S'il n'y avait eu qu'une chose, mais non. Il y avait eu cette mère absente. Puis les coups, de cette mère. Et enfin, le couteau ... La simple image mentale qu'avaient évoqués en lui les propos de Kantaro lui fit perdre de sa maîtrise. Hugh sentit les larmes couler sur ses joues. Rien à voir avec celles un peu plus tôt de Kantaro. Juste des larmes qui coulaient lentement et en silence le long de ses joues, alors que ses mains tremblantes ne savaient plus que faire. Il entoura la tête de Kantaro de ses bras, collant son front contre ses cheveux, le corps agité de tremblements tandis qu'il essayait de parler.

" I'm sorry, I'm so sorry, je ne voulais pas ! Je ne savais pas, je ne voulais pas que tu, oh dear ... "

Submergé par l'émotion et la douleur empathisée, il mélangeait les langues, peinant à retrouver ses mots en japonais qui se retrouvaient fortement mâtiné d'accent américain. Il se sentait coupable, horriblement coupable, d'avoir forcé Kantaro à parler. Voilà où l'amenait sa curiosité. Il avait blessé Kantaro comme il ne l'aurait jamais voulu, l'avait forcé à finalement avouer ... l'inavouable. Il ne parvenait même pas à repenser clairement à ce que le jeune homme venait de lui énoncer. Il avait juste l'impression de lui avoir arraché de force une confession dont il se serait certainement passé. Maintenant, Kantaro le détesterait certainement de l'avoir poussé ainsi dans ses derniers retranchements. Mais, il n'avait pas voulu ... une telle chose.

" Je ne voulais pas te faire de mal Kantaro, je te le jure ... "

Murmura t'il, frottant obstinément son front contre la chevelure brune.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Au fur et à mesure de ses paroles, la main sur son dos s'était faite moins sûre avant de s'immobiliser. Kantaro ne s'en rendait pourtant compte que maintenant, alors que la voix du blond bégayait une phrase avortée. Il l'avait sans aucun doute choqué par la laideur de son monde. Hugh était trop loin de ce genre de réalité dont l'humanité était jalonnée. Trop loin de la folie et de l'égoïsme des hommes. Non pas que sa vie n'ait pas été compliquée, eut égard à sa santé, mais il ne luttait pas seul contre la maladie. Et puis, Kantaro savait que sa réalité était en plus anormale. Il l'avait compris quand les gens posaient un regard accusateur sur son père, l'avait lu dans l'expression d'incompréhension de l'employé des services sociaux, l'avait entendu dans les silences des psychologues : ce qui n'était pas acceptable dans sa situation n'était pas d'avoir été un enfant battu, mais que ce soit la mère qui ait porté les coups ... Et le silence de Hugh en disait long sur ce qu'il devait penser de lui à présent ...

Kantaro desserra légèrement son étreinte, s'attendant à ce que Hugh le repousse d'un instant à l'autre d'un air dégoûté. Pourtant, les bras tremblants vinrent l'entourer au lieu de le rejeter et la voix qui s'éleva était sans aucun doute possible celle de quelqu'un qui pleurait. Pourquoi ? Il ne voulait pas qu'il pleure à cause de lui. Et il était loin d'être en état de le consoler à l'heure actuelle.

" Ne pleure pas ... s'il te plait ... "

La dernière phrase donna enfin un éclaircissement sur la raison de ces larmes. Ainsi Hugh s'en voulait de l'avoir poussé à parler. C'était vrai qu'il lui avait demandé mais ... ils n'en seraient jamais arrivés là sans un certain coup de téléphone. En fait, le seul fautif était ce fantôme qui n'avait pas voulu rester à sa place et avait trouvé amusant de venir faire peur aux vivants ...

" Je sais, Hugh. Je sais ... Ce n'est pas toi qui m'a fait mal ... "

Dans un soupir, Kantaro resserra ses bras autour de la taille du blond - tiens, il n'avait pas noté qu'il était aussi fin - sans bouger plus le reste de son corps. De quoi pouvaient-ils bien avoir l'air serré dans les bras l'un de l'autre, à essayer de se consoler mutuellement ? Lui qui détestait tant qu'on le touche en temps normal ... La seule personne qui l'étreignait ainsi, était Ryo. Et encore ... Il ne le laissait plus faire depuis qu'il était revenu de l'hôpital avec une cicatrice de trente centimètre dans le dos ...

Il resta un moment ainsi, immobile, ses pensées s'égarant dans des souvenirs et des idées peu agréables. Les évènements de la soirée ... sa colère ... sa violence ... ses cris ... Une ombre douloureuse passa sur son visage. Il releva légèrement la tête, essayant de capter le regard de Hugh, dont il se trouva curieusement très près. Mais son esprit n'était pas en état de s'attarder sur ce détail.

" Est-ce que tu crois que je vais devenir ... comme ça ? Même si je fais tout pour que ça n'arrive pas ... "

Ah ! Il se souvenait à présent ... Les psychologues appelaient ça la "répétition intergénérationnelle" ...

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Hugh serra les dents et ravala ses larmes à la supplique du jeune homme. Il avait bien assez de tristesse en lui sans qu'il ne pleure en plus, c'était vrai. Il s'était attendu à ce qu'il desserre son étreinte et se recule, mais il avait au contraire resserré sa prise sur lui, comme s'il eut peur qu'il ne parte.

" Pardon, ce n'est pas à moi de pleurer. "

Il leva une main, essuyant de la paume les larmes qui avaient maculé ses joues, et se força à sourire, les yeux mi clos, tandis qu'au fond de sa gorge la boule était toujours présente. Il s'en voulait terriblement, mais Kantaro ne semblait pourtant pas lui en tenir rigueur. Il reposa sa tête comme elle l'était, dans une étreinte un peu trop intime peut-être, jusqu'à ce que le jeune homme ne redresse le visage, le regardant dans les yeux. La question se rapprochait de ce qu'il avait dit, à l'hôpital. Il pensait la même chose qu'alors : Kantaro n'était pas quelqu'un de violent. Il n'avait pas de raison de le devenir. Mais ces mots, cette logique, devenait soudainement bien faible face à de tels souvenirs. Le blond comprenait mieux désormais pourquoi ses mots peinaient tellement à le convaincre.

Quelque part au fond de lui, sa parcelle de personnalité qui se contentait de vivre en observant s'amusait de cette situation si dramatique alors que, enlacés tous deux sur le lit du brun, ils avaient tout du couple d'amants en peine. Une vraie scène de manga. Il avait beau être acteur, il se sentait encore une fois, malgré lui, en partie observateur. Une vitre qui le sépare du monde. Comme toujours.

Il focalisa son regard sur celui de Kantaro, ses joues s'empourprant alors qu'il réalisait la proximité de leurs visages. Il recula la tête, regardant de coté.

" ... Moi je ne le crois pas. Mais toi, tu auras toujours cette angoisse en toi, et à la plus petite colère, tu te compareras ... Mais ce n'est pas pour autant que tu deviendras comme ça. "

Ses paroles n'étaient peut-être pas très cohérentes, mais au moins avait-il réussi à les aligner posément. Un bruit de cavalcade dans le couloir lui fit tourner la tête un instant vers la porte, mais personne n'entra. Personne n'avait de raison d'entrer. Eiji était à l'hôpital, et Misa absente. Être ainsi seul était au final assez rare ... Si Eiji avait été là, il n'aurait pas poussé Kantaro à ce point. Et avec des "si", on refaisait le monde. Ce qui avait été fait ne pouvait être défait, et ressasser ne servait à rien. Tout cela, Hugh en avait conscience. Mais cela ne l'empêchait pas de regretter d'avoir ainsi fait remonter à la surface de durs souvenirs.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
La réponse de Hugh aurait sans doute été plus convaincante s'il l'avait prononcée en le regardant en face. Kantaro aurait pu s'en offusquer et l'interpréter comme un manque de conviction ou de sincérité, mais la proximité de leurs visages lui avait permis de voir la rougeur diffuse s'installer sur les joues pâles du blond. Sans conter le rythme un peu accéléré de son cœur qu'il pouvait sentir contre son torse. Il était gêné, non pas par la question, mais par leur position. Ah oui ... Il l'avait plus ou moins deviné déjà ... Hugh préférait les garçons. La scène actuelle devait lui paraître ambiguë ...

Kantaro serra légèrement le tissu du tee-shirt entre ses doigts. Il était bien là, blotti dans cet écrin protecteur et chaud, mais lui aussi, lorsqu'il aurait totalement retrouvé ses esprits, trouverait son comportement indécent. Mieux valait qu'ils retrouvent une certaine tenue avant de se sentir véritablement mal à l'aise. Il appuya doucement son front contre le torse de Hugh une dernière fois.

" J'espère ... J'espère vraiment y arriver ... "

Il relâcha son étreinte, écartant son corps de celui de son colocataire. Son visage à une distance plus raisonnable cette fois, Kantaro esquissa un sourire qu'il s'efforça de rendre convainquant.

" Désolé de t'avoir infligé ça. J'ai vraiment manqué de tenue là ... Merci ... "

C'était la première fois qu'il partageait son passé avec quelqu'un d'extérieur à sa vie. Il avait toujours pensé que les réactions seraient négatives s'il le faisait, et cela aurait probablement été le cas avec toute autre personne. Mais pas avec Hugh ... Il ne l'avait pas rejeté, ne le regardait pas avec dégoût, avait été capable de partager sa douleur et, s'il devait ressentir de la pitié, quelque chose lui disait qu'il ne se comporterait pas avec condescendance pour autant. Etait-ce parce que la vie de Hugh était elle aussi "différente" ... ou parce qu'il le considérait comme un ami ? Kantaro était bien en peine de le savoir, n'ayant rien pour comparer. Mais il était heureux que Hugh réagisse ainsi, même s'il n'avait pas souhaité lui avouer tout ça à l'origine.

Kantaro s'écarta un peu plus et réalisa à ce moment que la position dans laquelle il s'était retrouvé était tout sauf naturelle. Ses membres engourdis d'être resté trop longtemps dans cette position inconfortable, le tiraillaient comme pour se venger du traitement infligé. Sans compter sa cheville qui le lançait furieusement. Le jeune homme se redressa pour tenter de démêler les différentes parties de son corps et de remettre le tout dans une position plus propice au soulagement. Dans le même mouvement, il porta une main à son visage pour en essuyer l'humidité.

La coordination des deux mouvements, si elle ne demandait pas d'effort particulier en temps normal, semblait bien au-delà de ses capacités du moment. Kantaro réalisa son erreur lorsqu'il sentit son corps partir en arrière. Il tenta de se rétablir en se portant vers l'avant mais appuya trop son mouvement et bascula totalement, entraînant Hugh qui n'avait visiblement rien vu venir. Fort heureusement, ils atterrirent sur le lit.

Surpris par cet enchaînement, Kantaro se redressa de quelques centimètres, réalisant alors qu'il était allongé sur le blond. Il sentit une vive chaleur enflammer ses joues encore humides. Là, c'était vraiment gênant ... Pourtant il ne se releva pas pour autant, comme figé dans sa position ... Il lui semblait que le regard de Hugh était encore plus près que quelques minutes plus tôt. Il réussit tout de même à ouvrir la bouche pour articuler quelques mots hésitants dans un souffle.

" Ca... ça va ... ? "

Hugh Brown [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Il n'était pas dans les habitudes de Hugh de détourner le regard, lui qui était prompt à regarder les gens dans les yeux quand il parlait. Ce n'était pas pour autant qu'il n'était pas sincère. Mais la situation était aussi particulière. Hugh ne cherchait pas à deviner ce que les autres pouvaient penser de lui, aussi n'avait-il pas vraiment conscience des convictions de Kantaro à son égard. De toutes manières, cela changeait-il quelque chose au final ? Un voile passa sur son regard. Il fallait qu'il cesse de s'accrocher de toutes ses forces au premier contact amical qui se présentait. Il l'avait déjà fait. Une fois avait suffit.

Kantaro s'appuya une dernière fois contre lui, et il apparut soudainement à Hugh comme une évidence qu'il était gelé. Le corps de Kantaro, chaud contre lui jusque là, avait éclipsé cet état de fait, mais maintenant, entre la fatigue, sa tenue et le contraste sur sa peau ... Il frissonna, avant d'adresser un sourire un peu hésitant à son colocataire.

" Tu ne m'as rien infligé, je ... "

Il se détournait pour quitter le lit le plus vite possible, lorsqu'il se sentit soudainement plaqué sur le lit, allongé sur le dos, avec de nouveau la présence de Kantaro contre lui. Peut-être même un peu plus proche. Il était allongé de tout son long contre lui, il pouvait sentir son odeur, sa chaleur, à travers les vêtements, et ... Le cœur battant la chamade, le blond déglutit avec difficulté. Les mèches de cheveux qui parsemaient habituellement son front s'étaient dégagées sous le choc, révélant à la lumière claire un regard pâle, dans ces yeux qui n'avaient au final de japonais qu'une vague ascendance. La question semblait mettre un instant à lui parvenir.

" ... Ça va ... "

Il sentit ses boyaux se tordre dans son ventre alors qu'il avançait la tête, regardant Kantaro droit dans les yeux. Il voulait l'embrasser. Ainsi allongé contre lui, il lui paraissait difficile de résister plus longtemps à une envie certes un peu primaire, un peu physique, mais pas seulement. Leurs souffles se mêlèrent. Il frôla ses lèvres des siennes, et à l'instant où ce baiser aurait pu devenir réalité, il sembla soudainement reprendre conscience de ses actes, appuyant soudainement ses deux mains contre la poitrine de Kantaro pour le repousser et quitter le lit en un seul geste. Évitant cette fois-ci franchement son regard, les joues brûlantes et le cœur battant à en exploser, il se détourna, allant vers son ordinateur dans l'intention de l'éteindre.

" ... Je vais dormir, il est tard ! "

Il éteignit l'ordinateur sans ménagement, se saisissant de la bouteille d'eau restée là pour en boire une longue gorgée, le dos ostensiblement tourné à Kantaro, avant de regagner son lit en évitant son regard.

" Bonne nuit. "

Énonça t'il dans un souffle, avant de se glisser dans les draps définitivement trop froids. Très bon pour ce qu'il avait. Mais une douche froide aurait été encore mieux. Qu'avait-il manqué de faire ? Il espérait juste que Kantaro prendrait cela pour ... pour rien justement. Qu'il éluderait comme beaucoup savent le faire ce petit moment où son regard avait parlé pour lui, et qu'il feindrait de croire qu'ils avaient simplement manqué de se heurter tandis qu'il se relevait.

Kantaro Fugiwara [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Kantaro savait qu'il aurait du se relever, s'écarter de Hugh et laisser l'incident pour ce qu'il était : un incident. Mais quelque chose le maintenait dans cette position, modifiant considérablement l'interprétation que l'on pouvait en faire. Le jeune homme se sentait à la fois tétanisé et captivé par ce regard brillant qui ne le lâchait pas et dans lequel il était difficile de ne pas voir le désir. Il pouvait également sentir le cœur emballé contre son torse - le sien ne s'était-il pas un peu accéléré aussi ? -, ainsi qu'autre chose, contre sa cuisse. Le souffle chaud de Hugh se mêla un instant au sien sans qu'il ne cherche à l'en empêcher. Ses lèvres effleurèrent fugacement les siennes, avant qu'il ne se sente repoussé sans ménagement ...
Il laissa Hugh s'enfuir sans chercher à l'en empêcher, l'observant tandis qu'il lui tournait le dos et tentait visiblement de reprendre contenance. Le malaise du blond était palpable et il ne resta pas longtemps debout à découvert. Si bien que quand il se glissa dans son propre lit, Kantaro n'avait toujours pas bougé.

" ... bonne nuit ... "

Ce fut la seule chose qu'il se sentit capable de prononcer. C'était de sa faute. S'il s'était écarté de suite, cela ne se serait pas produit, il ne l'aurait pas troublé ainsi. Mais il n'avait pas bougé, rendant la situation plus que compromettante.

Kantaro avait parfaitement conscience de n'avoir aucune attirance pour aucun des deux sexes. Il le savait depuis longtemps en ce qui concernait les femmes, pour lesquelles il avait de réelles réactions de rejet, voir de dégoût. Et il était fixé depuis plus récemment pour les hommes, depuis qu'il avait laissé Manabu l'embrasser justement dans le but de savoir.
Il en avait donc pertinemment conscience et pourtant ... il avait laissé Hugh se faire des idées ... Pourquoi ? Etait-ce pour oublier un instant ses aveux en focalisant son esprit sur autre chose ? Si c'était pour ça, c'était vraiment minable de sa part. Surtout en considérant l'effet qu'il avait eu sur le blond.

Kantaro passa machinalement ses doigts sur sa bouche. Leurs lèvres n'avaient fait que s'effleurer et pourtant ... la chaleur qui l'avait envahie durant ce bref instant ne l'avait pas encore quitté ... Le baiser bien plus poussé du CPE n'avait pas eu un tel effet. Pourquoi ce simple effleurement le laissait-il si songeur ?

Plongé dans l'obscurité de la chambre, Kantaro resta longuement immobile sur son lit. Avec tout ça, ils en avaient oublié de fermer les rideaux et la lumière blafarde des éclairages extérieurs baignait la pièce d'une lueur diffuse. De là où il était, il pouvait aisément observer Hugh dormir. Le visage paisible qu'il affichait était bien loin de toutes les émotions de la soirée. Kantaro se prit un instant à l'envier de pouvoir dormir ainsi, avant de se lever silencieusement pour attraper son carnet de croquis et de se rasseoir sur les draps. Il le sentait ... Si c'était là, maintenant, il pouvait le faire ...

Quand les premières lueurs du jour pénétrèrent dans la pièce, elles trouvèrent Kantaro endormi par-dessus les draps de son lit non défait. Sa main reposait sur le carnet à dessin, où plusieurs portraits de Hugh noircissaient la page ouverte. Portraits non raturés et, pour la première fois, complets.
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Soirée post hopital [Hugh/Kanta]

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