Dean marchait dans le parc et ferma un peu plus sa veste. Enfouillant ses mains dans ses poches, il remonta ses épaules et accéléra légèrement ses pas. Le temps d’aujourd’hui était plus frais que les précédents et la fin de l’été se faisait réellement sentir. Enfin, Dean n’allait pas s’en plaindre, ça non. Bien au contraire ! Car qui disait Automne disait début de l’hiver et qui disait hiver au Japon disait neige. Beaucoup de neige. Peut-être pas à Hachioji même, mais la montagne n’était pas loin. Peut-être y avait-il des pistes de ski ? Des pistes sur lesquelles Dean pouvait tester son équilibre sur un snow-board ? Dans son adolescence, notre infirmier adorait surfer sur la neige et était même plutôt bon. Mais ça faisait maintenant bien 7 ans qu’il n’avait plus eu l’occasion d’en faire. Ou alors, s’il ne trouvait pas de piste de ski, il pourra toujours demander à Miku de l’accompagner à nouveau au village où ils avaient été si bien accueillit.

Soupirant doucement, notre infirmier revint à la réalité et eu un temps d’arrêt, ne reconnaissant pas tout de suite l’endroit où il se trouvait. Ce ne fût que, lorsqu’il aperçu sa voiture, qu’un demi sourire étira ses lèvres. Sers pieds l’avaient donc transportés jusqu’ici ? Ce devait être un signe ! Ainsi donc, sans plus attendre, Dean se remit en route, s’avançant vers l’amour de sa vie, qui trônait fièrement sur la place qui lui était exclusivement réservée.

« Salut ma belle » souffla-t-il en lui caressant le capot, comme il aurait caressé la joue la joue d’un humain

Puis Dean s’arrêta abruptement devant le véhicule. Brusquement et sans prévenir, une pensée l’avait frappé : sa voiture continuera-t-elle a dormir dehors lorsque les routes seront enneigées et que les températures auront chuté en dessous de 0° ? Le moteur de sa belle Ford, résistera-t-il au froid mordant de l’hiver Japonais ? Ce n’était pas dit. Et quand viendra le moment où Dean devra se faire à l’idée de ne plus pouvoir rouler cette beauté ? Notre infirmier écarquilla les yeux. Rien que l’idée de penser qu’il devra un jour abandonner sa bonne vielle voiture et s’en acheté une nouvelle, plus fonctionnelle, l’effrayait et le faisait frissonner.

Dean ne voulait pas de nouvelle voiture. Il voulait garder son volant dur à tourner, sa climatisation qui fonctionnait une fois sur deux, son chauffage qui commençait à rendre l’âme. Il voulait continuer à s’assoir sur ces vieux sièges de cuir et écouter le doux ronronnement du moteur. En aucun cas il ne voulait échanger sa voiture contre une nouvelle dernier cri avec toutes sortes d’option qui ne servent à rien. Jamais.

Non jamais il n’abandonnera sa Ford, sa bonne vieille américaine qui l’avait suivi partout et avait vécu dans de choses, bonnes ou mauvaise. Cette voiture était tout pour Dean. La lui enlever serait comme lui arracher le cœur encore battant de la voiture.

Fermant les yeux, notre infirmier se détourna et s’installa sur le capot. Les ressorts grincèrent légèrement sous son poids. Notre jeune homme devait absolument trouver une solution pour passer encore de nombreuses années au volant de son amour.

[l'italique est pour les paroles dites en anglais, le gras pour celles dites en japonais]

Perdu dans ses pensées, tentant de trouver une solution à son problème, Dean ne remarqua qu’assez tard qu’on lui adressait la parole. Rouvrant les yeux, il tourna sa tête vers la direction d’où venaient les mots. Son regard tomba sur Nao Kawaguchi, l’infirmier du lycée. Le fixant, Dean tenta de se remémorer ses paroles. Il venait de complimenter sa voiture, non ? Un mince sourire étira les lèvres de notre infirmier, s’apprêtant à répondre lorsque le japonais reprit la parole. Très rapidement, le sourire disparu et Dean fronça les sourcils, fusillant l’autre du regard.

« Non sérieux, tu crois pas que j’y ai déjà pensé bien avant ? »

Son ton était plus froid et plus ferme qu’il ne le désirait réellement. Fermant à nouveau les yeux et inspirant profondément pour se calmer, n’ayant pas envie de se mettre le jardinier sur le dos, Dean se passa une main dans les cheveux et soupira doucement. Puis, abaissant ses mains, les posant à plats sur le capot noir luisant, Dean reporta son attention sur le jeune homme, adoucissant sa mine.

« Désolé pour le ton … ce n’était pas voulut » avoua-t-il en affichant un demi sourire innocent avant d’hausser les épaules « enfin soit. C’est bel et bien pour cette raison là que … je suis ici. Je ne sais pas quoi faire pour la garder en forme durant l’hiver japonais qui s’annonce assez rude cette année. » Il leva son regard vers le jardinier « Vous n’auriez pas une idée, Kawaguchi-san ? »

Nao était jardinier, donc responsable des environs du lycée. Peut-être avait-il entendu parler ou vu
un garage pas très loin, à louer ? Dean serait même près à payer, juste pour que sa chérie ait une place au chaud.

Dean observa Nao, tandis que ce dernier se mit à parler et leva un sourcil. Ce jardinier n’était quand même pas sérieux quand il parlait, non ? Franchement, l’idée de copeaux, de terreau et de bâche c’était bon pour les plantes. Mais sa voiture n’était PAS une plante. Et puis, c’était limite insolent ce que le jardinier venait de dire. Même si Dean n’était pas du genre à prendre tout au premier degré, il n’aimait pas sa manière indirecte de comparer sa voiture à un maudit légume. Soupirant et marmonnant quelque chose d’incompréhensible, Dean dévia son regard et se poussa du capot, s’apprêtant à laisser le jardinier sur place, lorsque ce dernier reprit la parole.

Contre toute attente, Dean resta sur place et se laissa à nouveau aller sur le capot, toute sa concentration à nouveau reporté vers Nao. Alors comme ça il avait quand même une petite idée ? Un ami à lui pouvait lui louer un garage pour un prix raisonnable ? Automatiquement, les lèvres de notre jeune homme s’étirèrent en un sourire qui en disait long sur ce qu’il en pensait.

« En voilà une bonne nouvelle ! » Avoua joyeusement notre infirmier en se redressant légèrement, s’avançant vers le jardinier « est-ce que vous avez le temps, là ? Pour me présenter à votre ami ? J’aimerais trouver une solution le plus rapidement possible. »

Dit comme ça, Dean devait avoir l’air bien naïf, sauf qu’en réalité, il ne l’était pas. Mais pourquoi se privé de cette occasion ? Si le garage semblait sécurisé, que le propriétaire en question semblait correct, que ses actes n’avaient pas l’air méchant, alors Dean pourra être content d’avoir accepté d’aller le voir. Et si ce n’était pas le cas ? Que le propriétaire avait l’aire d’être un grand opportuniste ? Eh bien, ce ne devrait pas être bien difficile de trouver un autre garage. Ou alors il ira voir le directeur. Il devait bien y avoir une solution, non ?

Désolé pour cette réponse minable '_'

Ce jardinier était-il réellement une personne de confiance ? Dean n’en avait aucune idée. A vrai dire, il ne connaissait rien de ce jeune homme, si ce n’était ses origines Japonaises et sa passion pour les fleurs et les plantes. Aussi, Dean n’avait jamais eu l’occasion de lui parler, si ce n’était les politesses de bases. Mais soit. Suite à la dernière question de son interlocuteur, notre américain hocha doucement la tête.

« Je vous attend ici. Prenez votre temps » dit-il en souriant poliment

Sauf qu’en vérité, notre infirmier ne voulait en aucun cas que Kawaguchi prenne son temps. Mais ce qui était dit, était dit. Soupirant discrètement, Dean observa le jardinier, tandis que ce dernier se détourna et parti.

Il fallait dire ce qu’il en était, ce jeune homme était beau. Plus grand que la plupart des Japonaise, on pouvait apercevoir ses muscles se mouvoir sous ses habits. Ses cheveux noirs mi long, recouvrant sa nuque ondulait légèrement sous un coup de vent. Vu de derrière, Kawaguchi avait plus la carrure d’un américain qu’un Japonais pur souche.

Enfin soit. Secouant légèrement la tête pour revenir sur terre, Dean sorti son paquet de cigarette et s’en alluma une. Ce fut avec un certain plaisir que notre jeune homme gouta à nouveau à la fumée. Depuis qu’il avait commencé à travailler dans ce lycée, fumer était devenu assez rare pour lui. Et ce n’était pas plus mal que ça.

Une vingtaine de minutes plus tard –Dean était toujours assit sur le capot de son véhicule- il vit Nao revenir. Lui offrant un sourire, notre jeune homme se laissa glisser à terre et s’avança doucement vers le jardinier.

« Ça va ? Vous êtes prêts ? » Demanda-t-il

Après l’approbation du jeune homme, ils se mirent d’accord de prendre la voiture de Dean. Même si le garage n’était pas bien loin, notre infirmier avait décidé que, si le garage lui convenait, il laisserait sa chérie tout de suite sur place. Ainsi donc, il laissa le jardinier grimper sur le siège passager et attendit qu’il eu bouclé sa ceinture pour mettre le contact. Comme d’habitude le ronronnement fort et puissant - mais sonnant tellement doux à ses oreilles- du moteur, fit jaillir la fontaine d’allégresse enfouille au plus profond de lui. Un sourire heureux bordant ses lèvres, Dean alluma son lecteur CD duquel résonna la voix forte du chanteur de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]. Sans perdre son sourire, Dean enclencha la première vitesse et se mit en route sous les directions du Jardinier.

« Au fait » demanda Dean en baissant un peu le volume de la musique. « Je peux savoir d’où vous connaissez l’existence de ce garage ? »

Curieux, Dean l’était, cela était évident. Néanmoins, il préférait avoir l’esprit clair. En posant cette question, il aura sans doute déjà une petite idée de ce que lui réservait Kawaguchi. M’enfin. De toute manière, il verrait bien une fois sur place.

Le jardinier était enchanté par la voiture, cela allait de soit. Dean lui aussi aimait sa voiture et la chérissait plus que tout au monde. Il n’était même pas sûr que Miku puisse atteindre sa Ford. Mais cela n’était pas comparable. Ainsi donc, Dean écouta attentivement Nao lorsque celui-ci répondit à sa question. Il lui parla de « ses bijoux ». Etait-il aussi l’heureux propriétaire d’une voiture ? Voire carrément de plusieurs ? Hm, cela était fort possible. Lui souriant simplement, Dean mit le clignotant et alla se garer là où le jardinier le lui avait dit. Il coupa ensuite le moteur, sorti la clef et sorti de l’habitacle avant de refermer la porte derrière lui.

Avec une mine d’incompréhension sur le visage, les sourcils légèrement froncé, Dean observa comment le jeune homme fit la tour de la voiture, l’observant sous tous les recoins. Que faisait-il ? Etait-il entrain de regarder si le véhicule n’était pas pourvu de bosse ou de rayures ? La manière dont il passait ses mains sur la carrosserie noire et luisante, était assez insultante. Mais, lorsque leurs regards se croisèrent à nouveau, Dean remplaça rapidement sa mine méfiante par un sourire poli et chaleureux et suivi Nao.

« Je l’ai depuis mes 15 ans. » répondit-il tout marchant à côté du jardinier.

Il n’eu pas le temps d’en dire plus que déjà un autre homme vint à leur rencontre. Souriant, il serra la main de Nao puis celle de Dean avant de se retourner vers le jardinier. Tandis qu’ils parlaient tranquillement, notre infirmier laissa glisser son regard sur les alentours. Les voitures qui étaient garées sur le parking étaient toutes très nouvelles et devaient sans doute valoir pas mal d’argent. Le parking était, en lui, assez propre, bien qu’il y règne l’odeur habituelle d’huile et de caoutchouc.

« … m’occuper d’un tel model »

Ce furent les dernières paroles de l’inconnu qui sortirent Dean de ses pensées, l’obligeant à se concentrer à nouveau sur eux. Fronçant légèrement les sourcils, notre infirmier s’apprêtait à répondre, mais le garagiste s’était déjà détourner, les invitants à les suivre. Après un dernier coup d’œil à sa voiture, Dean entra derrière l’homme. Ce dernier s’installa à son bureau et invita nos jeunes gens d’en faire de même. A peine Dean était-il assit, qu’il prit la parole.

« Alors, avant de signer quoique ce soit et que vous parliez, j’aimerais mettre une chose au clair » dit-il d’une voix calme mais ferme, son regard fixé, sans ciller, dans celui du garagiste « je veux bien laisser ma voiture ici. Après avoir fait le tour des lieux et m’être assurer que tout me convient. » Continua-t-il, tandis qu’il lança un rapide coup d’œil au-dessus de son épaule avant de reporter son attention sur le garagiste « mais, voilà mes conditions : JE m’occupe de ma voiture. Loin de moi l’envie de vous juger, de remettre votre travail en question ou quoique ce soit d’autre, c’est juste que je ne fais confiance à personne – si ce n’est à moi- en ce concerne ma voiture. Je dois vous avouer que l’idée ne m’enchante guère de la laisser entre les mains d’un inconnu, mais bon. Je n’ais pas le choix. »

Après avoir parlé, Dean garda son regard fixé dans celui du garagiste avant d’esquisser un sourire, d’adoucir sa mine et se reculer sur sa chaise. D’un petit hochement de tête, il fit comprendre au garagiste qu’il pouvait commencer à parler.