Les classes s'étaient terminées et avec elles, élèves et professeurs étaient maintenant libres de vaquer à d'autres occupations qu'aux cours. Tous, en revanche, semblaient partis pour travailler quelques heures encore, les uns sur leurs devoirs, d'autres en clubs et, pour ce qui concernait Akutsu, sur la préparation de la prochaine interrogation écrite des 2-A. Le jeune homme marchait donc tranquillement dans les couloirs du premier étage du bâtiment Showa et se trouvait à quelques mètres à peine de la passerelle vers le bâtiment administratif. Là-bas non seulement il pourrait rejoindre son appartement, déposer et reprendre des affaires, mais il lui suffirait ensuite de descendre au rez-de-chaussée pour rejoindre la salle des professeurs.

Son regard fut néanmoins absorbé par les activités en contrebas, visibles depuis la fenêtre qu'il longeait. D'ici quelques jours à peine aurait lieu la fête du sport et une certaine effervescence animait l'école, comme souvent lorsqu'un événement se préparait. Le test de courage appartenait maintenant au passé même s'il semblait que quelques rumeurs persistent à circuler à ce sujet ; chacun s'entraînait donc pour la prochaine animation. Et au sol, donc, il apercevait un petit groupe qui courrait et se haranguait dans l'espoir sans doute de faire mieux par la suite. Le jeune homme sourit. Ses propres souvenirs de fêtes du sport faisaient échos à la scène et il se prit à regretter l'espace de quelques secondes de ne pas être plus jeune. Se mesurer aux autres élèves de l'école avait été l'un de ses loisirs favori du temps du lycée. Étrange de réaliser qu'il avait passé l'âge, maintenant, et n'était plus que côté spectateurs.

Avec un léger sourire il se décala de la baie et se retourna. Un instant plus tard, mu par un réflexe salvateur, il retenait une jeune fille dans sa chute sans savoir si elle avait trébuché par sa faute, seule ou à cause du groupe d'élèves qui poursuivit sa route avec quelques éclats de rire.

« Eh bien ! Ça va aller ? Pas de casse ? »

[HRP : Topic ouvert, mais destiné à un joueur avec qui je n'ai jamais rp ayant un personnage féminin ^^]

[HRP Bon bah, je prends, les autres RPs qu'on a fait avant, c'est littéralement dans d'autres vies ;)]

Tomoe venait de finir son "tour de garde" à la bibliothèque, et avait laissé la place à son collègue, ce géant d'Allemand. La jeune femme n'avait pas envie de rentrer directement chez elle, mais, sans savoir pourquoi, le parc ne l'intéressait pas, et elle était trop fatiguée pour se rendre en ville. Tomoe errait donc dans les couloirs sans trop de but, le regard dans le vide, ses pensées s'entrechoquant les unes entre les autres.

Cette journée avait été des plus épuisantes. Il n'y avait pas eu beaucoup plus d'élèves que d'habitude, mais, en plus de n'avoir pas bien dormi la nuit dernière, les livres qu'elle et Ritter-san avaient commandés à la demande de professeurs ou d'élèves étaient arrivés, sauf que la moitié des ouvrages n'étaient pas les bons. Tomoe avait donc eu à argumenter avec un livreur de mauvaise humeur pour qu'il les remmènent, et, surtout, qu'elle n'ai pas à payer! Elle avait eu ensuite à passer divers coups de téléphone et à patienter (mais pas patiemment...) pour rappeler quelques ouvrages lui manquaient.

Cependant, elle ne voulait pas rentrer chez elle. Tomoe serait bien sortie avec des amis, mais elle n'en avait que peu à Ginkgo, si ce n'est pas du tout. Ses colocataires étaient assez distants, et bien qu'elle se soit un peu rapprochée de Hasegawa-san, elle ne se voyait pas l'inviter à aller boire un thé. Ritter-san et elle n'étaient pas amis, de simples connaissances de travail. Ils n'avaient fait que se croiser depuis la rentrée, et n'avaient donc pu faire connaissance. Tomoe pensait que, lorsqu'ils en auraient l'occasion, ils devraient biens s'entendre, car ils avaient tous deux un caractère plutôt sociable. En tout cas, c'est l'impression que donnait Ritter-san. Tomoe se trouvait donc obligée d'errer seule dans les couloirs du pensionnat.

La jeune femme se retrouva soudainement sur les passerelles, sans trop savoir comment. Ses pieds l'avaient guidés ces dernières minutes, et elle n'avait pas fait attention où elle allait. Elle n'était même pas sûre de quelles passerelles il s'agissait. Tomoe voulut vérifier quand elle trébucha, sans savoir comment -elle avait beau ne pas avoir hérité de la maladresse de sa mère, elle surgissait tout de même parfois-, et se retrouva tout à coup dans les bras d'un jeune homme à la chevelure rousse.

Le jeune homme s'informa de son état en riant. Tomoe se releva tant bien que mal.

"Non, ça va. Merci de m'avoir rattrapée." Une fois sur ses pieds, elle se décida à se présenter.

"Nikome Tomoe. Je suis la bibliothécaire." Le tout, évidemment, accompagné d'un petit salut de la tête. La dite bibliothécaire observa alors son interlocuteur. Elle ne savait vraiment pas qu'en dire. Il était roux, mais avait les traits d'un Japonais. Bah, c'était peut-être seulement une teinture. Puis son âge. Tomoe crut tout d'abord qu'il s'agissait d'un élève, tout au moins d'un rônin tellement il semblait jeune, mais il ne portait pas l'uniforme. La jeune femme décida alors d'attendre qu'il se nomme à son tour, avant de tirer des conclusions hâtives.

« Pas de quoi ! »

Un joli sourire charmeur ourla ses lèvres alors que la jeune femme se remettait sur ses pieds, plus stable que précédemment. Inconsciemment, l’enseignant observa au sol pour vérifier que rien n'était tombé, mais aucun objet n'ornait le sol. Il releva alors les yeux sur son interlocutrice, à l'instant même où elle prononçait quelques mots.

« Je sais. » Il laissa planer un bref silence agrémenté d'un étirement de lèvres amusé. « Je vous vois assez régulièrement à la bibliothèque, même si j'ai plus souvent affaire à Mr Ritter. »

Ce n'était pas qu'il choisissait vraiment son interlocuteur lorsqu'il se rendait à la bibliothèque chercher des livres pour lui-même ou vérifier ce que ses élèves pouvaient trouver pour s'aider dans les devoirs qu'il donnait. Enfin pas vraiment. Mais il n'avait jamais regretté de parler essentiellement à son voisin, moins encore depuis que la vision de l'allemand en pleine séance de sport se superposait à celle, plus habillée, du bibliothécaire au travail.

« Où alliez-vous donc avec tant d'empressement ? » demanda-t-il gentiment à la jeune femme pour ne pas s'attarder les derniers propos échangés. Il ne lui vint pas à l'esprit qu'elle ne le connaissait pas, trop habitué à ce que ses manières enthousiastes et sa chevelure flamboyante le fassent connaître de tous dans l'école.

(Toutes mes excuses pour le délai de réponse ^^')

Tomoe sourit en retour au jeune homme, qui, vraisemblablement, semblait déjà la connaître. Du moins, de vue. La bibliothécaire étudia rapidement celui qui lui faisait face pour elle-même le reconnaître. En effet, elle l'avait déjà vu quelques fois à la bibliothèque, mais n'avait jamais vraiment eu à faire avec lui. De plus, la chevelure rousse du jeune homme finit de l'instruire sur l'identité de celui-ci. Les deux seuls adultes possédant cette couleur de cheveux étaient, à sa connaissance, le professeur de mathématiques, O'Leary-san, connu pour être plutôt tyrannique, et celui d'anglais, Moe-san, plus extraverti et agréable que son collègue. Au vu du comportement -et de l'âge- de son interlocuteur, Tomoe pencha pour Moe-san.

La jeune femme en était arrivée là dans le fil de ses pensées quand le professeur d'anglais lui demanda où elle se rendait, "avec tant d'empressement". Poser une telle question sans même s'être présenter, ce ne pouvait être que le joyeux Moe-san dont elle avait vaguement entendu parler. Quoi que son collègue était un gaijin, et, par conséquent, pourrait se permettre une telle question. Mais le ton jovial du jeune homme finit de convaincre Tomoe, qui répondit :

"A vrai dire, je l'ignore. Je ne faisais qu'errer dans le pensionnat, je n'avais pas tellement envie de rentrer chez moi." Heureusement pour Moe-san, Tomoe avait un esprit ouvert grâce à son éducation et son voyage en Grèce, ce qui lui valut de ne pas se faire remettre à sa place, comme tout Japonais parfaitement discipliné l'aurait fait à sa place.

"Et vous-même, Moe-san? Que faites-vous dans ces couloirs à cette heure-ci?" demanda à son tour la bibliothécaire. Tomoe se rendit compte quelques secondes après qu'elle avait utilisé le nom du professeur sans y penser, alors qu'il ne s'était pas présenté. La jeune femme espéra que l'esprit ouvert de Moe-san l'était réellement, et pas seulement en apparence.

[HJ de même^^]

« Oh moi je travaille. Enfin pour l'heure je regardais les petits jeunes travailler surtout. »

Ironique de tenir tel discours quand on n'était soi-même pas bien vieux et que l'on faisait plus jeune que son âge. Qu'importait puisqu'il ne s'attarda pas là-dessus, son regard détaillant un peu la jeune femme à qui il offrit un sourire charmeur. Non qu'il veuille la mettre dans son lit mais séduire faisait bien trop partie de lui pour qu'il agisse ainsi consciemment.

« Les gosses sont motivés pour la fête du sport, ça fait plaisir à voir. S'ils mettaient tous autant d'enthousiasme en anglais ils seraient à mon avis bien meilleurs d'ailleurs... »

Non pas qu'ils ne travaillaient pas : les gamins n'auraient pas pu suivre les cours sinon. Quoi que gentil et compréhensif, Akutsu avait conscience de ne pas y aller avec le dos de la cuillère en cours. Était-ce pour cette raison que ses élèves aimaient si peu sa matière ? Parfois il se le demandait. La plupart du temps il haussait – comme maintenant – les épaules en se contentant de mettre ça sur la mentalité du pays.

« Ils ne vous embêtent pas trop à la bibliothèque ? »

[HJ : No blem ^^]

Tomoe regarda à son tour les adolescents qui s'entraînaient, enthousiastes. Un doux sourire apparut sur le visage de la bibliothécaire, attendrie par ce spectacle. Les élèves étaient en effet heureux de cet évènement, et bien que l'entraînement soit sérieux, ils semblaient tout de même bien s'amuser.

Ses yeux se tournèrent ensuite vers Moe-san quand celui-ci commenta la bonne humeur des élèves, tout en se plaignant de leur manque d'intérêt pour sa matière. Tomoe sourit intérieurement. Avoir face à soi un professeur aussi, cela devait donner l'impression aux élèves qu'ils pouvaient sans doute plus languiner qu'avec d'autres. Même si Moe-san n'était pas réputé pour se la couler douce ou trop ménager ses élèves, son caractère devait le faire penser à ses étudiants.

La jeune femme se dit qu'elle était bien heureuse de ne pas être professeur. Devoir surveiller les élèves, tout en étant sympathique, cela n'était pas trop dur. Mais devoir en plus les faire travailler et s'intéresser à un cours, cela était bien plus dur. Oui, Tomoe était bien heureuse de ne pas s'être tourner vers cette voie...

Moe-san lui demanda ensuite si les étudiants ne lui posaient pas trop de problèmes à la bibliothèque, ce à quoi elle répondit :

"Oh non, au contraire. Ils sont beaucoup plus disciplinés que ce je pensais. Ils viennent vraiment pour travailler, ou lire pour se détendre. Je n'ai eu à élever la voix qu'une ou deux fois, et encore, c'était minime." Tomoe lui retourna la question :

"Et vous, Moe-san? Malgré leur apparent manque d'enthousiasme pour votre matière, ils ne vous donnent pas trop de fil à retordre?" Bien qu'on lui ait dit que le professeur d'Anglais savait tenir sa classe malgré son jeune âge, Tomoe préférait se voir confirmer les faits par la personne concernée. Même si, au fond, ce n'était pas très important...

La réponse ne le surprit pas vraiment. Là où aux USA il se serait attendu à plus de grabuge dans le bibliothèque de l'école – quoi que modéré – au Japon il était peu probable de voir de l'agitation malvenue dans un lieu dédié au travail. Encore plus ici où, rien qu'avec le coût des études, de nombreux élèves avaient à cœur de travailler le mieux possible pour ne pas décevoir les parents et se montrer à la hauteur de l'investissement.

« Oh vous savez ce que c'est, commença donc le jeune homme en se tournant vers la nippone. Parfois ils sont fatigués alors ils s'agitent un peu, mais globalement ils se tiennent bien. J'essaie de les faire participer plutôt que simplement leur faire lire des textes à tour de rôle. Ça marche plutôt pas mal, même si je note une certaine réticence de leur part quand des sujets sérieux sont abordés. »

Et il le disait légèrement, un sourire amusé étirant ses lèvres. Akutsu aurait réellement adoré pouvoir se contenter de sujets légers et divertissants, mais il estimait devoir leur apprendre, au-delà de la langue, des éléments de la culture ou bien anglaise, ou bien américaine. Parfois, parce que c'était plus proche, il s'attardait sur la Nouvelle-Zélande. Et surtout il avait un programme à suivre qui ne dépendait pas de ses envies seules.

« Le plus important c'est encore qu'ils s'expriment et ils sont peu à oser le faire spontanément, même après tous ces mois. »

Un peu pensif, il marqua une brève pause avant de rendre toute son attention à la jeune femme.

« Vous parlez bien l'anglais ? »

Tomoe sourit à la fin de la réponse que lui fit Moe-san. Des élèves parfois distraits mais qui se tenaient bien. Rien d'exceptionnel, en quelques mots. Mais le jeune professeur semblait vraiment passionné par son travail, et même si ses élèves n'étaient pas toujours très enthousiaste, Tomoe était prête à parier que Moe-san l'était pour -au moins- deux...

Le professeur d'anglais lui demanda alors si elle parlait bien Anglais. La jeune femme avait appris au lycée, comme beaucoup de Japonais, mais c'était surtout grâce au restaurant de sa famille qu'elle avait perfectionné sa maîtrise de la langue, à force de servir des clients étrangers. Regarder des films et des séries l'avaient aussi bien aidée.

"Je me débrouille plutôt. Ma famille a un restaurant touristique dans le centre de Tokyo, et j'y ai travaillé pas mal pendant mon adolescence." répondit Tomoe. Evidemment, la jeune femme se débrouillait bien mieux en Grec, surtout après l'année passée dans le pays. Mais Tomoe n'allait pas s'étendre la-dessus, surtout qu'elle se rappela que Moe-san lui avait dit qu'il travaillait.

"Mais je ne vais pas vous retenir plus longtemps, Moe-san." Tomoe salua et prit congé du jeune professeur d'anglais.