Le clan était en ébullition depuis quelques semaines. Les tensions étaient palpables avec les autres familles rivales et les affrontements a Tokyo ou a Kobe devenaient de plus en plus nombreux. Sasuke en avait été informé et il aurait voulu revenir a Kobe, histoire d'être un peu plus utile a sa famille mais on lui avait ordonné de ne pas quitter Hachioji... raison de sécurité pour sa propre personne. Autant dire que Sasuke était plus que frustré d'être ainsi tenu a l'écart des affaires importantes.. mais ne pouvait pas faire autrement que d'obéir. Plus que tout, il était surtout inquiet pour la sécurité de son Oyabun et également pour celle de son meilleur ami, Yamamoto, qui avait été envoyé a Tokyo. Il se demandait s'il était prit entre deux feux, s'il avait besoin d'aide ou s'il avait été envoyé ailleurs dans un coin plus tranquille. Le pire de tout était sans aucuns doutes de rester dans l'ignorance la plus totale.. laissant ainsi libre cour a son imagination débordante, imaginant les pires scénarii possibles.. attendant le jour où il recevrait un appel qui lui annoncerait la mort de son ami.

Mais pas le temps de sombrer dans de funèstes pensées car il avait reçu une mission. Loin d'être palpitante elle avait au moins le mérite d'être interessante. Cela faisait déjà plusieurs fois que quelques affaires de la famille avaient été avortées par l'intervention de la police voir même parfois par des familles rivales. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'a cette échelle, la probabilité de chance que ce ne soit que de simples coïncidences était tout bonnement proche du zéro absolu. Après une enquête au sein même du clan, pensant qu'il s'agissait sans doute d'une taupe ou d'un traitre, il s'est avéré que la menace venait de l'exterieur. Plusieurs cibles avaient donc été l'objectif premier des espions de la famille Yamaguchi Gumi et l'une d'entre elle avait été confiée a Sasuke. Un homme de Hachioji, qui avait l'art et la manière de mettre son nez de fouine dans des affaires qui ne le concerne pas. De là a dire que c'était lui la cause de tout ces dérapages, il était encore trop tôt pour l'affirmer.

Sasuke avait donc rempli son rôle; l'observant discrètement quand l'occasion se présentait et il avait finit par comprendre que cet homme, ce Takeo, n'était pas si innocent que ce qu'il voulait bien le faire croire. Sasuke était maintenant certain que plusieurs cargaisons avaient été interceptées a cause de lui... est-ce qu'il vendait les informations aux clans rivaux? Comment avait-il les informations concernant les trafics d'import export? Est-ce qu'il avait un complice dans le clan? ... Aucunes idées, Sasuke restait a distance et n'avait donc pas eu le loisir de creuser plus en profondeur le pourquoi du comment. S'il allait voir sa famille avec les informations qu'il avait... dans deux jours cet homme serait mort, égorgé dans une ruelle, empoisonné, tué par un tueur a gage, peu importe, une chose était sur: la mafia n'appréciait pas qu'on s'oppose a elle. Si Sasuke ne disait rien, c'était comme s'il trahissait sa famille et il ne pouvait pas se le permettre! D'un autre côté..; s'il le faisait il trahissait la promesse qu'il avait fait a Shizare. Il pouvait peut être empêcher le sang de couler... peut être... il devait au moins essayer...

C'est donc en pleine connaissance de cause que Sasuke allait faire une entorse au règlement de son clan.. qu'il allait risquer sa vie pour essayer de sauver celle d'un autre qu'il ne connaissait pas, pour tenir une promesse qu'il avait fait a quelqu'un qu'il n'avait pas réussit a sauver... Il avait fait en sorte de donner rendez vous a Takeo a la nuit tombée, dans un endroit public pour ne pas l'inquiéter de ses actions, un pub bien fréquenté dans la ville. Sasuke l'attendait, confortablement installé sur un divan de velours pourpre dans un coin VIP du pub, un verre de liqueur entre les mains.. les yeux verts émeraude figés sur la porte.

Enfoiré. Takeo était un bel enfoiré. C’était ce que la critique avait toujours dit de lui et elle était loin d’être en tord. Si de nature il n’était déjà pas le plus illustre des bons samaritains, c’était bien pire depuis qu’il se prenait pour un Sherlock Homes des temps modernes et qu’il n’avait plus aucun respect pour la vie privée d’autrui. Sa dernière lubie en date avait été de s’infiltrer dans les affaires de la mafia japonaise, rien que ça ! Lui-même se rendait compte qu’en cas de fausse manœuvre de sa part, ce n’était pas un procès ou un coup de poing dans la figure qui l’attendait, mais plutôt une balle de Nambu type 14 logée entre ses deux hémisphères cérébraux, et encore il était gentil sur l’arme qui l’abattrait. Ce n’était pas la première fois qu’il mettait sa vie en jeu pour quelques photographies ou écoutes, et il était certain qu’il n’était de loin pas le seul à jouer les fouines dans une organisation criminelle comme celle-ci. Mais contrairement à beaucoup, il lui avait seulement fallu un coup de chance pour couvrir une telle affaire, juste la curiosité d’explorer dans la vie d’un étudiant lambda, en apparence.

Sasuke Saeba. Un jeune homme qu’il avait croisé par deux ou trois fois dans les corridors du lycée et dont il avait pénétré la chambre pour y réparer la climatisation. Le 6ème sens reptilien d’Hebigami avait été évident, quelque chose le poussait à s’intéresser de plus prés à ce japonais aux cheveux cendrés. Si au commencement de sin investigation il avait pensé ne trouver que les vices habituels de quelqu’un de son âge, sa persévérance avait finalement payé, et l’avait mené droit vers un récit bien plus alléchant. Un Yakuza ? Aussi invraisemblable que ça pouvait lui paraitre, c’était pourtant vrai, il tenait l’un de ces êtres dangereux en plein dans l’objectif de son appareil ! Maintenant qu’il le tenait, il n’allait sûrement pas le lâcher, et il délaissa bien volontiers les autres affaires qu’il suivait en parallèle pour se concentrer sur son nouvel ami. Aussi discret et finaud qu’il avait l’habitude d’être, il le prit fréquemment en chasse, jusqu’à apprendre certaines dates et endroits dans lesquels se préparaient des transactions illégales.

C’est alors que l’avarice frappa Takeo, qui se renseigna sur l’identité de la famille rivale à celle qu’il surveillait. En échange d’informations, il était certain de se faire gracieusement remercier, et justement ces temps-ci, l’argent il en avait besoin.

Salopard, c’était comme ça que l’avait nommé le chef de la famille rivale chez laquelle il s’était rendu, avec un sourire sadique qui trahissait ses dires. La mallette d’argent avec laquelle il était reparti ce jour-là l’avait presque mis de bonne humeur… Presque, Hebigami est rarement d’humeur festive. Certes, il s’était laissé envahir par la joie intérieurement parlant, mais surtout il s’était dit qu’il était temps pour lui de s’écarter des Yakuzas pour le moment. S’il s’impliquait trop, c’était le meilleur moyen de se faire repérer et se retrouver à agonir sur le bord d’un trottoir. Mais peut-être que sa bonne résolution avait été prise trop tard… C’est ce qu’il s’était demandé en recevant une invitation du jeune Sasuke lui demandant de le rencontrer à la nuit tombée. Il ne pouvait pas avoir mille hypothèses pour qu’il lui donne rendez-vous, et Takeo craignait que ce ne soit une histoire d’arroseur arrosé… Comme lui avant, il avait sans doute été suivi et surveillé. Avec un peu de chance de son côté, il n’y avait que des soupçons qui planaient au-dessus de sa tête, qui ne risquaient pas trop de faire tomber son épée de Damoclès et de le tuer sur le coup. Dans le doute, mieux valait qu’il se rende à cette rencontre, sans preuve de sa culpabilité de préférence. Il avait donc décidé de laisser tout ce qui pouvait le discréditer en cas de fouille forcée : appareil photo, mini ordinateur et même téléphone portable. En outre : il irait les mains vides.

C’est ce qu’il fit, paquet de cigarettes comme seul compagnon. Il arriva finalement jusqu’au fameux pub, décryptant l’enseigne en terminant sa clope. La capuche de sa veste noire cachait une partie de son visage et ses yeux braqués sur la porte se demandaient quel mal l’attendait derrière. Officiellement, il n’était pas le plus courtois des nippons, heureusement pour lui qu’il n’ait pas à agir comme le dernier des imbéciles avec un sourire crispé et la sueur sur sa tempe. Il pouvait amplement se contenter d’être aussi antipathique que d’habitude, et Yakuza ou pas, Saeba n’y échapperait pas. Il était d’ailleurs peut-être temps qu’il le rejoigne. Ce qu’il fit en entrant dans le pub. Sa silhouette s’arrêta au pas de la porte, et il prit un instant pour laisser ses iris azur vérifier les lieux. C’était justement le genre de lieu dans lesquels il allait rarement, trop bruyant, trop surpeuplé, trop alcoolisé. Il observa un à un les hommes saouls ou en pleine euphorie inexpliquée, ainsi que les charmantes femmes qu’il aurait plus appelées catins. Mais il n’était pas venu pour regarder la faune dans son habitat naturel, et son regard dévia enfin sur la droite pour repérer la raison de sa venue.

* Je lui demande ce qu’il veut, et je me tire… L’ambiance me donne envie de vomir… *

Sur cette fine pensée, il se décida à bouger en direction de son hôte dans un coin visiblement réservé aux initiés. Sa route fut d’ailleurs bloquée par un gorille en costume qui lui refusa l’accès, avant de se faire rassurer. Bien sûr, Takeo dut montrer patte blanche pour enfin pouvoir passer et rejoindre le rônin confortablement installé. Comment pouvait-on en être arrivé là à son âge ? A peine 3 ans de moins que lui, et déjà du sang plein les mains. Lui-même n’était pas modèle de réussite, loin de là, mais l’histoire de Sasuke était sûrement intéressante à entendre. Il doutait cependant qu’il veuille bien la lui raconter en guise de berceuse, et ce n’était pas son objectif de la soirée que d’approfondir son enquête, bien qu’il sauterait sur la première opportunité s’il y en avait. Pour l’instant, il prit place face à lui, ses saphirs plantaient dans les émeraudes rivales.

" Qu’est ce que tu me veux ? "

Pas le temps, ni l’envie pour la politesse.

Les secondes passaient comme si c'était des heures, et plus le temps s'étirait plus Sasuke se demandait s'il ne faisait pas une erreur en cherchant a aider un inconnu. Il aurait plus vite fait de donner le dossier le concernant a son clan, son Oyabun ordonnerait surement son exécution dans l'heure suivante et le lendemain matin Takéo Mizuki ne serait rien de plus qu'un souvenir.. un cadavre putride qui pourrirait au fond d'un lac, une dalle de béton aux pieds ou une balle dans la tête, enterré en pleine pampa lointaine après avoir creusé lui même sa propre tombe. Les méthodes étaient diverses mais le résultat était le même: on ne plaisante pas avec la mafia japonaise. La famille Yamaguchi Gumi se félicite pour ses multiples services tous plus efficaces les uns que les autres. Une toile arachnéenne de groupes et de sections spécialisées qui étaient parfaitement organisés. Entre le service d'espionnage et de renseignement et la section des "exécuteurs", en passant par tout un tas d'autres groupes, il y avait de quoi faire. Sasuke lui même visait la section juridique et plus encore puisqu'il cherchait a devenir le second de sa famille pour épauler le chef de famille comme son père l'avait fait avant lui.

Mais avant d'y parvenir le chemin était long et passait avant tout par une obéissance total aux ordres de son Oyabun. Si seulement tout pouvait être aussi simple. Il se fichait éperdument de la vie de ce mec, il ne le connaissait même pas! Il n'avait qu'une seule chose a faire avant que ce mec ne soit qu'un souvenir.. un cadavre de plus dans sa mémoire qu'il finirait par oublier... Et pourtant, une promesse l'empêchait d'agir comme il le voudrait. Et cette promesse avait un nom: Shizare. S'il n'avait pas tenu le cadavre agonisant de son ancien amour dans ses bras pendant ces dernières secondes de vie... s'il n'avait pas vu un sourire sur ses lèvres... s'il n'avait pas entendu ses dernières paroles.. peut être qu'il serait resté le monstre qu'il avait toujours été. Mais malheureusement, outre sa rage et sa rancoeur, il gardait aussi en lui l'image d'un sourire apaisé... Il se souvenait de la douleur qu'il avait ressentit en réalisant que Shizare était mort... par sa faute, parce qu'il avait voulu le faire entrer dans son monde, être avec lui, simplement. Désormais c'était clair dans son esprit: il était fait pour être seul. Et surtout, il ne laisserait plus personne mourir par sa faute, pas d'innocents en manque d'adrénaline qui se mettait dans une situation délicate par manque de chance...

Et il fit son entrée, Takéo Mizuki... Sasuke garda le silence alors qu'il portait a ses lèvres son verre de liqueur, son visage stoïque, sans sourire, son regard froid rivé sur Takéo qui s'installait en face de lui, lui posant une question qui manquait cruellement de clairvoyance. Sasuke l'observa un moment en silence, reposa son verre dans un calme presque agaçant et fit un signe de la tête au serveur qui arriva bientot avec un autre verre d'une liqueur similaire a celle que Sasuke était en train de boire, qu'il déposa devant Takéo. Sasuke attrapa une petite pochette qu'il posa négligemment sur la table. Ce qu'il contenait? Des photos de Takéo de ces dernières semaines, une copie de ses bulletins de notes durant toute sa scolarité, les appréciations de ses professeurs... une photo de sa mère, de son père, prise a leur issus dans leur vie quotidienne. Et quelques feuilles racontant brièvement quelques passage de sa vie, dans les grande ligne, ce que l'administration pouvait bien savoir, rien de plus... et également deux ou trois choses que l'administration aurait tout intérêts a ignorer pour le bien de Takéo...

"Mizuki Takéo... quel magnifique parcours vous avez a votre actif..."

Fit-il d'une voix monocorde et dénué d'émotion, d'une lassitude proche de l'ennui. Il reprit son verre en main et s'installa plus confortablement dans son fauteuil, buvant quelques gorgées supplémentaires avant de faire tourner son verre dans sa main.

"Un parcours qui pourrait bien arriver a son terme..."

Fit-il en fronçant un peu plus les sourcils.

"Vous vous êtes engagé sur un terrain dangereux, Mizuki sempai... Plus dangereux qu'une simple cours d'école... Inutile de vous dire qu'il me serait assez désagréable de vous voir jouer la comédie sur votre pseudo innocence qui, nous le savons tout les deux, n'existe pas..."

Il reposa son verre après avoir finit les dernières gorgées et se pencha un peu en avant.

"Demain... vous... votre mère.. votre père... serez morts et enterrés..."

Il ne rajouta rien de plus... car pour être parfaitement honnête... Sasuke se demandait s'il n'aurait pas mieux fait de prévenir son Oyabun et d'oublier toute cette histoire de promesse...

Il avait déjà des allures de grands garçons, le jeune Sasuke. Sans doute devait-il gérer ce genre d’affaires depuis le berceau déjà, lorsque deux de ses peluches avaient tenté de s’entretuer. Une scène bien burlesque mais qu’Hebigami visionnait parfaitement dans son esprit, et il se demandait si quiconque lui en voudrait d’essayer de faire un remake de cette vision qui risquait de lui coûter du plomb entre les deux yeux pour manque de respect. Du respect ? Il n’était même pas certain de saisir la notion de ce mot. Simple aversion pour l’espèce humaine ou véritable inconscience, peu auraient osé se montrer aussi placide dans une situation comme celle-ci, face à un dangereux Yakuza capable de vous prendre votre souffle de vie la seconde d’après. Et pourtant, cela ne l’empêcherait pas d’être considéré comme n’importe quel individu aux yeux de Takeo.

* On a jamais été très photogénique dans la famille… *

C’était la seule remarque qui était venue à l’esprit du technicien alors qu’il regardait les photos de ses géniteurs, qui n’avaient d’ailleurs que ce titre de procréateurs, sûrement pas celui de parents. Il observa minutieusement tous les indices qui lui étaient dévoilés, les yeux sensiblement plissés comme s’il cherchait à imprimer tout ceci dans un coin de son esprit. Tout en les mémorisant, il prêtait une oreille attentive aux dires du jeune étudiant, sans pour autant en mesurer la gravité. Il n’était pas vraiment étonné de la tournure des évènements, voilà pourquoi il voulait se concentrer sur autre chose le temps de quelques semaines, voire quelques mois… Peut-être s’y était-il pris un peu tard. Mais aucune raison de paniquer, la solution était de garder la tête sur les épaules et de ne pas sombrer dans la peur… La peur n’avait aucune utilité, contrairement à l’adrénaline.

Les saphirs de Takeo ne se levèrent que lorsqu’il aperçut son homologue en mouvement, penché en sa direction après une réplique que tout bon mafioso se devait de prononcer une fois dans sa vie. En guise de réponse, le paparazzi papillonna des yeux, ces derniers dévièrent ensuite vers le verre de liqueur qui avait été déposé sur la table en son honneur. Comme un enfant un peu trop curieux, il saisit doucement le verre et se mit à examiner la boisson diaphane avec un intérêt certain. Il la fit tournoyer dans son contenu, l’observa d’en haut, la plaça vers une source de lumière pour voir à travers, en huma l’arôme, et osa même y mettre le bout de son index pour frotter la substance entre son pouce et son majeur comme l’aurait fait un détective en pleine investigation. Concrètement ? Il ne savait pas quel genre de nectar ce pouvait être, lui qui se cantonnait à la bière et uniquement à ce nectar de l’olympe. Non seulement le goût lui paraissait âcre avant même de l’avoir en bouche, mais en plus il ne risquerait pas de s’abreuver de quelque chose d’offert par un criminel dont il n’était absolument pas sûr des intentions.

" Saeba Sasuke… " Il reposa le verre sur la table. " C’est charmant tout ça mais t’as pas répondu à ma question. "

Le brun fit glisser sa capuche en arrière et ébouriffa énergiquement sa chevelure avant de regarder autour de lui. A le regarder, le dos à moitié rond et l’air soporifique, le jeune adulte donnait l’impression de s’être égaré dans ce bar sans savoir comment ni pourquoi. Son regard s’arrêta sur le barman dont les cabrioles manuelles attirèrent son attention, puis sur le nippon aux allures de mastodonte qui vidait paisiblement les trois quarts de sa bouteille en imbibant son t-shirt de la moitié du breuvage. Takeo renifla en affichant une moue qui en disait long sur sa répulsion d’être ici, agacé par les cris et gloussements qui faisaient les mythiques ambiances de pub. Etrangement, il n’était pas surpris de voir que le rônin trainait dans ce genre d’endroit, ne manquait plus qu’une musique trop forte et un essaim de femmes à moitié dévêtues à son chevet et il en deviendrait une caricature presque trop parfaite. Vite, il lui fallait quelque chose pour s’occuper les mains, n’importe quoi, avant qu’il ne se mette à gesticuler compulsivement à cause de l’ennui.

Sa main se tendit pour attraper l’une des feuilles sur lesquelles étaient notées des informations le concernant. Il s’approcha de la table pour pouvoir travailler dessus, puis se lança dans une série de pliages complexes et étudiés dans un but précis. Histoire de ne pas délaisser trop longtemps son hôte, il se décida à reprendre la discussion le plus naturellement qui soit.

" Je savais pas que les types comme toi se mettaient à faire connaissance avec leurs victimes… T’es un Yakuza des temps modernes ? Concrètement, deux possibilités : soit ça t’amuses de me dire ce que je sais déjà, peut-être par sadisme ou délassement personnel, mais c’est pas ton genre d’être loquace, soit t’es chargé de me supprimer, mais dans ce cas tu l’aurais déjà fait. J’en conclus que cette rencontre est officieuse. "

Takeo n’avait pas quitté son divertissement de papier des yeux, autant concentré dans ses paroles que dans les gestes de ses mains pour plier avec précision. Il fallait être réaliste, si la mafia avait voulu le voir mort, il le serait déjà depuis longtemps. Il y avait autre chose sous ce rendez-vous, mais quoi ? Quelles étaient les vraies intentions de l’étudiant s’il ne voulait pas le tuer ? C’était ça que le technicien ignorait, et c’était aussi ce qu’il voulait découvrir. Après tout, les Yakuza n’étaient généralement pas de ceux qui faisaient des sentiments, surtout envers de parfaits inconnus.

" Alors, je te le redemande. Qu’est ce que tu me veux ? "

La vipère du net acheva son œuvre, un origami en forme de cygne. Le coude appuyé contre sa jambe et le poing soutenant sa joue, il déposa l’animal de papier dans le verre de liqueur et le poussa gentiment du doigt pour le faire naviguer et l’observer.

Il ne semblait pas plus gêné que ca par ce que Sasuke venait de lui dire, ce qui le renforçait dans son idée de savoir si cet individu valait vraiment la peine qu'il prenne autant de risque... Il ferait mieux d'appeler le clan, de leur dire ce qu'il savait.. et d'oublier tout ca. Faire comme s'il ne l'avait vu, jamais entendu, oublier tout de son existence... c'était si simple d'oublier les choses. Il suffisait de se concentrer un peu et les choses s'effaçaient petit a petit et au final disparaissaient complètement. Takeo pouvait devenir un de ses spectres oubliés qui constituaient la vie de Sasuke... il pouvait... mais pour le moment il était bel et bien en vie devant lui, il lui parlait, il voyait ses mimiques, son regards, il voyais ses gestes pleins de vie. Sasuke en arrivait a se demander a quoi il ressemblerait une fois qu'il aurait perdu toute chaleur... Est-ce qu'il ressemblerait au cadavre de Shizare ou de son père? Surement. Sasuke garda les yeux dans le vague alors que certains passage de sa vie lui revenait en mémoire, la voix de Takeo devenant un vague écho incompréhensible. Il était loin le temps de l'inconscience où il pouvait se permettre d'avoir la même façon d'agir que Mizuki. On lui avait volé son enfance mais il ne regrettait pas son choix, il aimait son clan, sa famille, il respectait son Oyabun, il affectionnait tout ce qu'il avait apprit et ce qu'il avait vécu. Sauf un passage de sa vie.. qu'il regrettait plus que tout.

Quand il revint a lui, reposant son regard inexpressif sur Takeo, celui ci venait de reposer une nouvelle fois la question. Et Sasuke réfléchissait encore a la réponse. Non.. il ne le laisserait pas mourir, il ferait son possible pour essayer de le sauver, au moins essayer. Il risquait gros, il se doutait qu'il pouvait y perdre bien plus qu'un petit doigt... mais au final quelle importance? Il n'avait plus rien a perdre, et la mort n'était pas quelque chose qui l'effrayait, bien au contraire. Lui qui faisait tout pour diminuer son espérance de vie, a l'aide de grosses doses de nicotine. Il jeta un oeil au pliage de Takeo, se laissa aller a la contemplation de l'animal de papier avant de regarder de nouveau son interlocuteur.. se doutant que sa réponse n'était surement pas celle que Takéo imaginait.

"Te sauver la vie..."

Finit-il par dire sur un ton toujours aussi monocorde. Il ne donnerait pas plus d'explications que ca, il n'avait pas a justifier ses choix, il n'avait pas a raconter ses motivations, ca ne regardait personne d'autre que lui. La priorité maintenant.. c'était de garder cet inconscient en vie, et de jouer patte de velours pour ne pas attirer les soupçons sur lui. Il poussa un soupire en déviant le regard pour observer le verre toujours plein de son nouveau "protégé" et finit par se réinstaller confortablement dans son fauteuil, cherchant son paquet de cigarette pour en allumer une entre ses lèvres. Il savoura le plaisir de cet arôme malsain qui lui pourrissait la vie aussi bien qu'il le soulageait et garda ses yeux rivés sur Takéo, réfléchissant a un moyen de ne pas le retrouver refroidit au fond d'un trou.

"Et ca ne va pas être facile..."

* Ok, soit il a consommé de la pure, soit j’ai mal entendu. *

Bien que sur le visage de Takeo, c’était le vide intersidéral, dans les rouages de son esprit c’était une toute autre histoire. Il connaissait son sujet, il savait le minimum qu’il y avait à savoir sur Sasuke et même s’il ne le connaissait pas personnellement, il avait un gros résumé du personnage. Mais dans ce résumé, il n’y avait pas la notion d’altruisme, c’était même plutôt l’inverse. Il lui avait tapé dans l’œil ou quoi ? C’était étrangement même plus inquiétant que s’il était là pour le tuer, car cette réaction ne lui ressemblait pas. Le loup qui s’éprend de l’agneau… Un conte bon pour les morveux au quotient intellectuel similaire à celui d’un marshmallow, et lui avait dépassé ce stade de la guimauve depuis longtemps maintenant. Si ce n’était pas par intérêt personnel, sachant qu’il n’avait concrètement rien à lui offrir en retour à sa protection, c’est qu’il y avait autre chose… Mais quoi ? Ils n’avaient rien en commun, ce ne pouvait donc pas être une question de solidarité sur un phénomène du passé… Il devait bien l’avouer, pour le coup, il l’avait pris de cours. Il savait que le rônin était plein de surprise, mais quant à espérer la miséricorde de sa part… Autant boire un pack de bières sans alcool en attendant les effets. Il y avait anguille sous roche !

Les yeux sensiblement plissés, le brun réfléchissait, il ordonnait à tous ses neurones de crever ce voile de mystère qui entourait l’étudiant, mais la complexité de ce dernier semblait avoir raison de la ruse du premier. Tant pis, il y trouvait son compte après tout, s’il pouvait rester en vie sans avoir à changer de ville, voire de pays, ça faisait son affaire. Bien sûr, sa curiosité était bel et bien sollicitée et ne comptait pas la laisser en reste, mais il y aurait certainement un moment plus propice pour lui poser la question de ses motivations. Il fallait savoir être patient… Qui plus est, ça voulait dire qu’il allait être amené à faire plus ample connaissances avec le Yakuza qu’il étudiait, quoi de mieux pour approfondir ce qu’il savait déjà ? Son quotidien aux côtés d’un tueur à gages… Toute cette histoire commençait à devenir très intéressante, il regrettait presque de ne pas avoir pris son appareil photo pour immortaliser la scène.

Un nuage de nicotine sortit d’entre les lèvres du plus jeune pour flotter jusqu’à l’aîné qui ne sourcilla pas. Son regard se reposa sur les différentes feuilles qui trainaient encore sur la table, et il saisit doucement les photographies de lui dans les dernières semaines pour les regarder encore une fois.

" Huh, je te les prends, collection personnelle. "

Il les plia et les inséra dans la poche de son jean. Ce n’était évidemment pas la première fois qu’il était tout aussi stalké que lui le faisait, ni la première ni la dernière fois qu’il était découvert et qu’on voulait lui faire payer. Il allait étudier les angles de prise photographique et autres détails intéressants, pour savoir d’où exactement il avait été espionné.

" Ok Sasuke-sama. " Fit-il avec une mimique prônant le sarcasme. " La vraie question est, à défaut d’être pourquoi tu fais ça, est-ce que tu vas pouvoir me supporter ? Qu’on soit clair, moi je te demande rien, j’ai aucune gratitude à avoir, ce à quoi tu devais sûrement pas t’attendre de toute façon. Mais… J’avoue que ça commence à m’intéresser tout ça. "

A son tour et dans un réflexe de fumeur compulsif, il sortit son paquet de cigarettes et en extirpa une qu’il pinça entre ses propres lèvres. Il prit également le briquet qu’il avait laissé à l’intérieur et voulut allumer sa drogue… Mais la flamme en avait décidé autrement, et ne se montra pas. Après un clignement d’yeux, il le posa sur la table et regarda en direction du yakuza.

" T’as du feu pour mon cancer ? "

En prononçant ses mots Sasuke avait l'impression de faire une terrible erreur... d'un autre côté il n'avait pas vraiment le choix. C'était tout de même affligeant d'avoir une conscience quand son métier consiste a avoir les mains tachés de sang... et c'est encore plus troublant de se dire qu'on doit tout faire pour tenir une promesse a quelqu'un de disparu.. alors qu'on doit une fidélité totale a une autre personne bien vivante. Jouer double jeu? Oui sans doutes... et c'était risqué il le savait bien. Il suffisait d'une fuite, d'un détail mal calculé.. et Sasuke se retrouverait avec une balle dans la tête, tout comme Takeo d'ailleurs. Tout le problème était là: rester en vie. Du moins, garder en vie le petit imbécile qui c'était mit dans cette galère. Parce que pour Sasuke la Mort n'était rien d'autre que l'aboutissement tant attendu de sa vie. Le moment où il pourrait enfin quitter ce monde, d'une façon ou d'une autre, et rejoindre Shizare tout en ayant eu le courage de ne pas s'ôter la vie lui même dans le but de le rejoindre plus vite. Oui.. se suicider il y avait pensé. Mais l'idée ne lui plaisait pas.. cette image de lui ne lui plaisait pas. Il n'était pas un faible, il n'était pas un lache alors la simple pensée de se faire sauter lui même la cervelle ne le réjouissait pas plus que ca. Il lutterait le temps qu'il faudrait, resterait en vie le temps nécessaire, sans pour autant se réjouir de se réveiller en vie tout les matins... mais il le ferait.

Il resta silencieux en regardant Takeo qui semblait ne pas trop comprendre ce qui se passait. Il le laissa parler, gardant son air stoïque et blasé habituel, affalé sur son fauteuil de velours pourpre. Le supporter? En voila une drôle de question. Ca l'aurait presque fait sourire... presque... Il haussa les épaules un moment en regardant Takeo s'emparer des photos. Ce n'était pas gênant, il gardait les négatif au cas où il faudrait retourner la situation a son avantage et refaire un dossier complet sur Takeo... pour le donner a son clan. Mais pour le moment il s'agissait de le garder en vie... et la tache s'annonçait difficile. Il devait garder l'oeil sur lui pour sa sécurité mais il devait également faire en sorte de ne pas se faire repérer lui même. Ca n'allait vraiment pas être des plus simples, surtout qu'il ne supportait pas qu'on lui colle aux basques et qu'il avait d'autres missions a éffectuer pour le clan. Avoir une fouine dans les pattes n'allait surement pas arranger ses futurs affaires mafieuses...

"Je n'aurais pas a te supporter... je te dirais quoi faire, si tu ne le fais pas tu finiras une balle entre les deux yeux... c'est aussi simple que ca. Tu feras comme bon te semble et de mon côté je ferais de mon mieux pour rallonger de quelques années ton espérance de vie..."

Fit-il avant de fouiller dans sa poche intérieure avant d'en sortir un zippo en argent, gravé d'un chat noir qu'il tendit a Takeo, a sa demande.

"Mais quelque chose me dit que la nicotine se chargera du sale boulot..."

Fit-il en le fixant un moment. Il soupira une nouvelle fois, les choses devaient aller vite, très vite.

"Tu vas te mettre au vert quelques temps, éviter les zones a risques, te faire oublier disparaitre du paysage, choisi l'expression que tu préfère mais en gros: tu sors ton gros nez de fouille merde des affaires de la mafia et tu reste a l'écart de tout ca."

Fit-il le plus sérieusement du monde. Pour un jeune homme de son age, entendre de pareille chose sortir de sa bouche pouvait être pour le moins déroutant mais il pouvait se permettre d'être "natirel" devant Takeo... puisqu'il était au courant de tout.

"Je ferais disparaitre tout ce que je sais de toi... J'annulerais les soupçons qu'ils peuvent avoir sur toi. Ils t'oublieront... et je me proposerais pour te garder a l'oeil. De cette manière ca devrait les éloigner suffisamment de toi pour qu'ils ne poussent pas les recherches plus en avant..."

Il s'arrêta et réfléchit un long moment.

"Néanmoins... il faudra rester vigilant. Ne vient pas me voir, ne me fréquente pas outre mesure... le fait que je te couvre ne change en rien notre pseudo relation. Tu n'est rien et tu ne seras jamais quelque chose d'important a mes yeux... Mais..."

Il fouilla dans sa veste une nouvelle fois et déposa sur la table une carte avec un numéro de téléphone au dos.

"On est jamais a l'abri d'un imprévu... Si tu remarque quelque chose d'inhabituel.. appels moi. Fais le discrètement, ne le donne a personne et même sous la torture je te conseille de tenir ta langue..."

Il sortit une enveloppe assez épaisse et assez lourde de sa poche qu'il déposa côté de la carte.

"Les clés d'un studio a Tokyo et l'adresse pour t'y rendre. Si les choses dégénèrent avant que je n'ai pu faire quoi que se soit... c'est là bas que tu devras te rendre, ne préviens personne, fuit un point c'est tout. Là bas tu trouveras une valise prête pour ton départ, j'ai prit la liberté de me renseigner sur ta taille... Il y aura aussi un billet d'avion non daté pour l'Europe et un peu de liquide dans une enveloppe... Tu n'auras qu'a partir le plus rapidement possible et a te faire oublier... Et enfin.. en dernier recours..."

Il déposa sur la table une petite boite en plastique transparente, juste assez grande pour contenir deux capsules blanches.

"Si je me fait abattre avant et que tu te fais prendre... Saches que la mafia n'est pas tendre avec les traitres et ceux qui se mettent sur leur chemin. La torture est longue et douloureuse avant qu'ils n'acceptent enfin de te donner la mort... Dans ton intérêt... tu n'auras qu'a avaler ça... perdu pour perdu autant avoir une mort rapide et sans douleur..."

Il s'agissait bien sur de capsules de cyanure. Il espérait que Takeo avait comprit pour ne pas avoir a rentrer dans les détails. Il réfléchit en espérant n'avoir rien oublier, son plant était parfait...enfin, en apparence il l'était. Après on était jamais a l'abri d'un imprévu malheur.

"Des questions?"

* C’est parti pour le monologue directif…. *

Un nuage de nicotine venant envahir sa gorge et ses bronches, il se sentait prêt à se faire assommer à coup d’instructions aux détails finement ficelés. La vie de Takeo ressemblait parfois à un film tout droit sorti d’Hollywood, après la surveillance cachée de réseaux de trafiquants nippons surpuissants, voilà qu’un énergumène avait tout prévu pour lui sauver la vie, jusqu’à lui réserver un vol pour l’Europe. Ne manquait plus qu’il lui donne de faux papiers et ce serait la rose du bouquet, une fausse identité qu’il était amplement capable d’endosser seul. Si la manière d’exposer les choses de Sasuke aurait pu effrayer n’importe qui se trouvant face à lui, elle ne donner qu’envie au technicien de s’invertir encore plus dans toute cette histoire. Voir ce qu’un jeune homme de son âge était apte à faire pour un simple inconnu, mettant sa propre existence en danger et organisant à lui tout seul toute une série de feintes pour tromper l’ennemi. Ce petit avait de l’énergie à revendre, et pas que, il n’était peut-être pas qu’un crétin qui se tenait à l’autre bout de son pistolet et qui se contentait de tuer ses cibles. Même s’il n’en laissait rien paraitre, il était impressionné par tant d’organisation, bien qu’il se savait capable d’en faire autant si la situation devenait véritablement critique. C’était néanmoins la première fois que quelqu’un faisait de tels efforts pour sa pauvre âme… C’était étrange.

Tour à tour, le plus âgé s’empara des objets dévoilés pour mieux les observer. La carte avec le numéro de téléphone pour le joindre en cas de problème, mais quelque chose lui disait qu’il l’appelait pour plus superficiel que ça, maintenant qu’il avait un moyen de communication facile et caché il n’allait pas s’en priver. Il saisit ensuite l’enveloppe en écoutant attentivement les dires, puis enfin, la petite boite de plastique. Son intérêt encore plus sollicité, il observa ce qu’il y avait à l’intérieur les yeux plissés. A n’en nul douter, du cyanure, une méthode radicale mais nécessaire quand on menait une vie comme celle de Sasuke. Il observa ce dernier, tout aussi placide que lui ne l’était.

" Et après, tu me demandes en mariage ? "

Les intentions du rônin étaient louches, et pourtant, l’esprit de Takeo l’encourageait à sauter à pieds joints dans la proposition, quitte à se jeter dans la gueule du loup. S’il en savait déjà pas mal sur l’étudiant sans même l’avoir côtoyé, la chance d’en savoir plus sur lui et son métier insolite en se laissant prendre sous son aile allait lui permettre bien des approches. Il mentirait s’il affirmait qu’il acceptait par crainte ou méfiance, son unique motivation était de servir ses propres intérêts, possibilité qui lui était apportée sur un plateau d’argent.

" Je comptais de toute façon me tenir tranquille maintenant que mon compte en banque a été généreusement nourri. " Il rangea tous les objets dans sa poche. " Pour le reste, j’aviserai, comptes sur moi. " Il se leva. " Tu permets ? "

N’attendant pas de réponse, il écrasa la demi cigarette dans le cendrier, exhalant un dernier souffle gris avant de s’en aller. Il traversa la salle en évitant soigneusement de se frotter aux pochtrons qui jonchaient sa route et pénétra dans les toilettes, se retrouvant seul. La vipère s’arrêta devant le grand miroir fissuré et détailla son reflet en réfléchissant. Une série d’opportunités pour approcher au plus près d’une grande famille de mafieux japonais allait lui être proposée dans les prochaines semaines. Il allait devoir travailler Saeba au corps s’il voulait en tirer quelque chose, ceci en veillant à ne pas attirer d’avantage l’attention sur lui. Ca allait être délicat, mais tout aussi excitant, il sentait que la période à venir allait être tout sauf ennuyante, et il s’en frottait discrètement les mains.

Ce qu’il ignorait, c’est que les ennuis n’étaient pas loin, et même bien trop proches. Il avait toujours été un homme à problèmes et de ce fait éviter les endroits comme ce genre de pub, car on ne savait jamais qui on pouvait y croiser… Malheureusement, certains individus ne lui voulaient pas que du bien. Peu de temps plus tard, deux gaillards des plus louches se levèrent de leur table après avoir discrètement désigné la porte d’un mouvement de tête. L’un d’entre eux entra dans les toilettes, pendant que l’autre restait devant en vérifiant que personne n’avait rien remarqué dans les alentours. Takeo avait de la visite…

" Mizuki-san ? "

Ce dernier se redressa et se tourna en direction de la voix qui l’avait interpellé. En une fraction de seconde, l’inconnu extirpa un cutter de sa poche et se lança à l’assaut. Le technicien eut juste le temps de reculer jusqu’au mur puis de se jeter sur le côté. Un bruit de lacération résonna dans la pièce, bruit qui réussit à convaincre le brun qu’il avait été touché. Une fois au sol, il recula jusqu’au coin le plus éloigné puis vérifia qu’il n’était pas blessé. Par chance, ce n’était que sa veste qui avait été déchirée, mais il lui faudrait plus que de la chance s’il voulait s’en tirer vivant. Il prit quelques secondes pour réfléchir… Inutile de hurler à la mort, personne ne l’entendrait avec la cacophonie d’à côté. Fuir ? Par où ? Le trou des chiottes ? Impensable. Se battre… Son adversaire était armé, lui n’avait rien.

* Merde… *

Hebigami était né sous une bonne étoile, il s’en était toujours sorti… Il espérait qu’il n’y aurait pas exception à la règle.

Il avait tout prévu... depuis le début. Depuis qu'on lui avait donné l'ordre d'enquêter sur Takeo et qu'on lui avait ordonné de se débarrasser de lui s'il s'avérait qu'il était bel et bien l'espion que la mafia soupçonnait. Il avait refusé d'avoir encore une fois du sang sur les mains.. pas celui d'un innocent en tout cas. Il avait fait une promesse et il devait la tenir. Takeo n'était qu'un jeune ignorant, attiré par les montés d'adrénalines et avec une curiosité mal placée. Il ne méritait pas la mort pour autant. Il avait mit du temps avant de trouver une bonne solution et un plan de secours au cas où, sans attirer l'attention de son clan. Il avait changer d'identité momentanément pour les réservation du studio et le billet d'avion. Il n'y avait plus qu'a espérer que sa famille ne ferait pas le rapprochement. Pour le moment il avait finit d'expliquer au jeune homme, qui était maintenant sous sa protection, le plan a suivre s'ils voulaient tout les deux rester en vie... Takeo semblait prendre sa sur le ton de la rigolade a voir la réfléxion qui lui avait sortit peu de temps après. Réfléxion que Sasuke ne prit pas la peine de relever et ne fit donc aucunes remarques. S'il voulait le prendre sur ce ton là, libre a lui.. il mourrait et ca ne serait pas de la faute du yakuza. Et étant donné que Sasuke ne portait pas vraiment le jeune homme dans son coeur il n'allait pas s'inquiéter pour lui outre mesure.

Il le laissa parler et hocha la tête silencieusement, une fois entendu sur le fait que Takeo devait dorénavant se tenir a distance des problèmes et garder son nez de fouine dans sa poche! S'il s'en tenait au plan tout irait pour le mieux. Sasuke rendrait son rapport dans la semaine, mettant ainsi Takeo hors de portée des soupçons. Ca devrait suffir a éloigner les yakuzas de la zone et a détourner l'attention sur d'autres problèmes. De plus, le fait que les activités de la mafia n'étaient plus mis en danger puisque Takeo allait s etenir tranquille, petit a petit ils finiraient par l'oublier complètement. Une fois que ca serait fait, Sasuke n'aurait plus besoin de s'occuper de la survie de Takeo et tout les deux pourraient reprendre le cours normal de leur vie. Dis comme ca c'était plaisant... mais a ce moment précis, le dénouement de cette histoire lui paraissait bien loin.

Il regarda Takeo se lever sans lui répondre, sachant pertinement qu'il n'avait pas besoin de son autorisation pour se déplacer. Il lui suivit des yeux, machinalement et garda les yeux fixés sur la salle, histoire de voir s'ils n'avaient pas été suivit. Un détail lui mit la puce a l'oreille que quelque chose n'allait pas... Deux hommes se levèrent peu de temps après Mizuki et le suivirent. L'un des deux entra dans les toilettes et l'autre faisait le pieds de grue a l'entrée. C'était pas bon.. voila qu'il commençait déjà par prendre du service. Mais après réfléxion... si Takeo se faisait tuer de cette façon ce n'était pas de sa faute! Il devait juste le protéger contre la mafia, et non pas contre les gens avec qui il avait eu des différents par le passé. Il pouvait donc sagement rester ici et attendre qu'il se fasse égorger dans les toilettes tout en restant innocent! Oui.. ca serait bien... Mais il doutait au fond de lui que Shizare aurait apprécié cette manière de voir les choses. Il poussa donc un long soupire en se levant et se dirigea vers les toilettes, les mains dans les poches. Il s'arrêta devant le gorille de l'entrée qui bien évidemment ne se poussa pas d'un iota.

"Dégages minus... va pisser dehors! C'est hors service..."

Sasuke ne prit pas la peine de répondre quoi que se soit, pas le temps pour une petite guerre de répliques. Il sortit les mains de ses poches et attrapa la gorge de l'homme sans la moindre douceur, le poussant a l'intérieur des toilettes avant de lui asséner un coup de coude dans les côtes. La porte se referma.. et Sasuke contempla la scène. Un homme a terre qui mettrais moins d'une minute a se relever a et lui faire sa fête, un autre plus loin a l'autre bout de la pièce, armé d'un couteau, Mizuki au sol... visiblement pas blessé. Pour le moment il avait encore l'effet de surprise, autant en profiter. Il fonca sur l'homme au sol qui s'était relevé entre temps, l'autre s'était remis de sa surprise et grimacait devant la tournure que prenait les évènements. Sasuke sentit une douleur a l'estomac... pas le temps de s'y attarder temps qu'il pouvait encore bouger. Il coup de poing, de coude, de tête, une clé de force au poignet, un craquement sinistre lui fit comprendre que l'os avait laché, laissant l'homme tomber a genoux en se tenant le poignet qui formait dorénavant un angle pas naturel. Un coup de genoux dans le nez... et pas le temps de faire autre chose qu'il sentit quelqu'un lui agripper les cheveux et le pousser en arrière. Son dos rencontra le rebord d'un lavabo, lui faisant lacher une grimace de douleur et un grognement sourd. Sasuke se prit un coup dans l'estomac, crachant une gerbe de salive avant de réagir et de chopper l'homme a la gorge, serrant de plus en plus fort. Son adversaire grogne, se débat et finit par lui planter sa lame dans la cuisse. La douleur lui arrache un grognement plus lourd alors que sa main passe derrière sa nuque, l'attrape fermement et il serre d'avantage, encore et encore plus fort.. l'homme commence a suffoquer. Il finit par avoir moins de résistance, suffisament pour que Sasuke ne lui administre un coup de tête violent. L'homme tomba au sol dans un bruit sourd, assommé pour un petit moment même s'il bougeait encore vaguement et gémissait sous la douleur.

Sasuke jeta un rapide coup d'oeil a Takeo avant de regarder la lame toujours plantée dans sa cuisse qu'il retire d'un coup net. La douleur lui fait lacher un léger cri, son coeur bat la chamade et sa respiration est saccadée. Pas le choix... il s'approche de l'homme évanoui et lui fait subit le même sort que le premier, sans rien dire. Il s'efforcera de venir au chevet de Takeo, l'observant un moment en silence. Visiblement il n'était pas blessé... c'était une bonne chose.

"Ca va aller? ..."

Demanda-t-il d'une voix monocorde où on pouvait toutefois discerner une pointe de douleur qu'il tentait vainement de camoufler. Il n'attendait pas spécialement de réponse et son regard se posa sur les deux hommes a terre. Entrainé a combattre... c'était seulement grace a ca qu'il avait pu s'en tirer... et encore ca n'avait pas été sans blessure. L'entaille a sa cuisse le faisait souffrir et il mettrait sans doute plusieurs jours voir semaine sa s'en remettre complètement.

"Faut qu'on se casse...T'es pas blessé?..."

Alors, par où il allait commencer ? Par lui faire le sourire de l’ange en lui retraçant les commissures des lèvres, le priver de ses bijoux de famille ou simplement lui sectionner la carotide pour en finir rapidement ? Non, ce n’était pas le moment de se demander comment il allait terminer, mais plutôt comment il allait se tirer de là, car l’affaire n’était de loin pas gagnée. Ses capacités au combat n’étaient certes pas inexistantes, mais il n’était pas le meilleur guerrier que le Japon ait porté, il comptait principalement sur sa vivacité et donc son esquive, plutôt que sur sa force brute. Avec un peu de chance, il arriverait à se soustraire à l’attaque et aurait le loisir de foncer le plus brutalement possible vers la sortie pour assommer le gardien à grand coup de porte. C’était un plan qui pouvait marcher, dans la mesure où il se décidait à arrêter de fixer la lame qui le pourfendrait peut-être.

C’est alors que deux silhouettes firent irruption dans la pièce, surprenant autant Takeo que son ravisseur. Tous deux affichèrent le même ébahissement et mirent quelques instants à comprendre la scène qui se déroulait sous leurs yeux. A terre, le complice de l’agresseur, qui venait de se ramasser une bonne raclée de la part d’un yakuza plus qu’en forme et décidé à se faire respecter. Tout alla très vite, trop vite pour que le jeune homme ne puisse comprendre quoi que ce soit si ce n’était se redresser contre le coin du mur et observer la totalité du spectacle. Sa seule réaction fut de fouiller la poche de son pantalon dans un réflexe purement stalker pour immortaliser le tout, avant de se souvenir qu’il n’avait amené aucun appareil par peur des représailles. Il regrettait secrètement de devoir garder tout ceci seulement dans un coin de son esprit, et pas dans la mémoire de son téléphone ou de sa caméra. Soudain, un horrible craquement osseux créa une vague de frisson le long de sa colonne vertébrale, et il ne put s’empêcher de compatir à la douleur de l’un des assaillants qui avait maintenant le poignet dans le sens inverse. Le temps de discerner coups et hurlements, tout était déjà terminé, et ce fut un nouvel écho de déboitement qui acheva le tout pour mettre fin au carnage… Et quel carnage !

Une fois le calme à nouveau réapparu, le technicien prit le temps d’observer autour de lui, les deux hommes assomés gisant sur le carrelage froid. Seuls ses yeux trahissaient son stoïcisme naturel, reflétant l’horreur et l’inquiétude sans qu’il n’en montre d’autres signes. Aucune réponse ne suivit la requête de Sasuke, à la place, Takeo se décolla simplement du mur sur lequel il était appuyé et prit un instant de réflexion… Pour le moment, la priorité était de gagner du temps, avant que les deux loubars ne se réveillent et ne se lance à leur poursuite. Son regard se posa sur l’entaille dans la cuisse du rônin, il attrapa la main de ce dernier et le fit appuyer sur sa blessure sans aucune délicatesse, quitte à lui faire mal.

" Appuie… Bien fort ! Fais un point de compression et évite de foutre ton sang partout. Ces yakuzas… Faut tout leur apprendre. " Il leva les yeux au ciel en retirant sa veste. " Reste tranquille le temps que je nettoie ton bordel. "

L’ironie de la situation… Même dans les pires des circonstances, Hebigami ne perdait jamais le nord. A défaut de pouvoir couvrir le prochain scoop « doubles agressions dans les toilettes d’un pub en plein centre ville », il allait surtout essayer de sauver sa peau. Et le nom de sa solution était Sasuke Saeba, qui avait un réseau de connaissances suffisant pour les blanchir en cas de problème, l’une des raisons principales pour lesquelles le technicien s’emploierait à le soigner… Mais pas seulement pour ça. Il empoigna l’un des deux hommes et le traina comme il put jusqu’à l’un des cabinets et l’installa sur la cuvette de manière à ce qu’on le discerne le moins possible. Il fit de même avec le deuxième, non sans fournir d’énormes efforts physiques pour les manipuler sans se faire écraser sous leur poids. Entre résistance et rapidité, la sueur perlait sur la tempe du pauvre japonais qui se faisait littéralement exploiter pour le coup. Il prit garde à bien refermer les portes des cabines une fois le travail fait et vérifia qu’on ne voyait que le minimum. Il remit ensuite sa veste en soupirant et s’approcha du yakuza, se penchant vers sa blessure pour mieux la voir. C’est alors qu’un homme à moitié saoul entra dans les toilettes et leva les yeux en direction du duo qui, du point de vue de l’ivrogne, étaient dans une position des plus lubriques… Et il crut bêtement que le premier faisait une gâterie au deuxième.

" …Aaaaah !! Sodomites !! Allez faire ça ailleurs ! "

Takeo eut à peine le temps de se redresser avec un immense point d’interrogation au-dessus de la tête que l’individu était déjà reparti, préférant aller soulager son envie directement dehors. Le brun resta coi un long moment, puis préféra ne même pas comprendre ce qu’il avait pu imaginer… Il se contenta de faire quelques pas dans la pièce en rabattant sa capuche sur son crâne et fixa la porte. Maintenant que l'endroit était plus ou moins propre, ça leur permettrait de gagner du temps, histoire de prendre la poudre d’escampette aussi discrètement que possible. Avec un peu de chance et l’alcool qui avait déjà coulé à flot, personne ne les remarquerait se diriger vers la sortie sans demander leur reste. Ils allaient devoir faire preuve de rapidité et d’efficacité… Mais surtout d’un travail d’équipe qui ne leur avait jusque là pas vraiment bien réussi. Et puis, il y avait le problème de la blessure de Sasuke qui malgré tous les efforts de ce dernier, ne s’arrêterait pas de saigner pour ses beaux yeux. Il fallait soigner ça au plus vite, et avant qu’il ne perde connaissance si possible. Pas de temps à perdre pour les pensées futiles donc, le paparazzi se tourna vers son comparse de la soirée.

" Faut qu’on détale avant que quelqu’un nous remarque, pour ça faut traverser le pub, vite et sans attirer l’attention. Va falloir que tu boites le moins possible, on prendra à droite après la sortie, la première ruelle tout au bout, ma bagnole est là, y a de quoi panser les plaies du guerrier. "

Takeo observa un filet d’hémoglobine se glisser entre les doigts du rônin… Mieux valait se bouger les fesses.

Carnage. Il n'y avait que ce mot là qui venait a l'esprit de Sasuke en voyant les deux hommes inanimés qui gisaient au sol. Il poussa un soupire discret alors qu'il regardait peu a peu son pantalon s'imbiber de son propre sang, a cause de sa méchante blessure. Il n'avait pas été assez rapide, pas assez vif pour esquiver la lame. Et voila le résultat. Enfin ce n'était pas la première fois qu'il se retrouvait blessé, la cicatrice qui trônait encore sur son abdomen était là pour en témoigner. Fort heureusement, le yakuza avait achevé son enseignement avec brio et savait panser ses plaies et les recoudre pour éviter de se rendre a l'hopital où on posait bien trop de questions a son gout. Sept points de suture, peut être huit... ca serait vite fait mais la perte du sang lui donnait des fourmis dans la cuisse, bientot il auraitdes tremblements dans toute la jambe et au final il ne pourrait plus s'appuyer dessus correctement. Il perdait la sensation des nerfs endoloris et finirait même par perdre connaissance si le sang continuait de couler. Chose agaçante, le sang n'arrêterait de couler qu'une fois la jambe au repos... et ce n'était pas prévu pour tout de suite.

Ce qui surprit le plus notre pauvre yakuza, ce fut de voir Takeo qui venait s'occuper de sa blessure. C'était quoi ce cirque? Et en plus il allait... nettoyer? La main de Sasuke se teinta de rouge au fur et a mesure qu'il appuyait sur sa blessure, a son doigt la bague de Shizare prenait une couleur vermeille... La vision du corps ensanglanté de son ancien amant lui traversa un moment l'esprit et son regard se perdit dans le vide. Quand il sortit de ses pensées lugubre et morbide, Takeo avait finit son office et enfermé les deux énergumènes dans une cabine de wc. C'est alors que la porte s'ouvrit, Sasuke se redressa vivement, s'apprêtant a reprendre du service. Il avait promis de garder Takeo en vie... alors blessé ou pas il allait s'y tenir. Mais heureusement pour lui ce n'était qu'un ivrogne qui ne préta pas vraiment attention a la scène puisqu'il repartit immédiatement après avoir lancé sa réplique. Sasuke secoua la tête, décidément les gens ne voyaient que ce qu'ils voulaient bien voir et il fallait avouer que sur ce coup là, ca l'arrangeait très bien! Qu'il pense que Takeo fait une gâterie a Sasuke était sans doute la meilleure chose qu'il puisse imaginer, du moment qu'il ne voyait pas le sang, la lèvre fendu de Sasuke et les deux assommés dans les toilettes. A voir la tête de Takeo il n'avait pas l'air d'avoir comprit la remarque et honnêtement, Sasuke ne se sentait pas de la lui expliquer ce soir!

"Ca ira..."

Fit-il en se redressant, laissant de nouveau le sang couler a foison. Il prit la direction de la porte, boitant un minimum même s'il n'était pas difficile de voir qu'il souffrait énormément. Quelques gouttes de sueur perlaient déjà sur ses tempes et son front, la douleur commençant doucement a lui faire trembler la jambe blessée. Il jeta un coup d'oeil a Takeo par dessus son épaule. Même s'il avait réussit a le garder en vie jusque là.. il y avait peut être d'autres dangers dehors.

"Reste derrière moi... Si je tombe, dis juste que je suis bourré et barres-toi! T'occupes pas de moi c'est compris?"

Il n'attendit pas de réponses et ouvrit la porte. Pas question d'avoir une vie en plus sur la conscience... Le bar était dans une ambiance semi tamisé qui arrangeait bien ses affaires. Il avança en silence, évitant les hommes les plus sérieusement éméchés et évitant de regarder avec trop d'insistance le reste de la populace. Il jeta de rapide coup d'oeil a la foule, histoire de voir s'il y avait d'autre loubards dans les environs, des amis des deux énergumènes qui étaient encore assommés dans les chiottes... mais apparemment non. Coup de chance. Ils filèrent vers la sortie, jetant un coup d'oeil vers le bar avant d'ouvrir la porte pour sortir a l'air libre. L'air frais le saisit comme un voile salavateur et il respira a plein poumons avant de marcher dans la direction indiqué par Takeo... mais il fut vite rattrapé par le temps.

Il trébucha et se rattrapa avec une main sur le mur, sa jambe refusant de faire un effort supplémentaire alors que la douleur, a laquelle il avait finit par s'habituée, commençait a devenir lancinante et désagréable. Il grimaca de douleur en tentant de se remettre en marche... ca ne servait a rien d'insister... il n'y arriverait pas seul pas de cette manière. Il jeta un oeil a Takeo alors qu'une goutte de suer coulait le long de sa tempe, la respiration saccadé et bruyante.

"Allez... tires.. toi..."

Est-ce qu’il souffrait ? Ca pouvait paraître une question véritablement idiote, mais si on en soulevait tous les aspects, elle prenait un certain sens. Physiquement parlant, il se doutait que le rônin devait être tiraillé par une douleur digne d’un martyr blessé. Il pouvait facilement le constater au travers de ses mimiques qui semblaient pourtant emprunt de retenue et via les rivières d’hémoglobine qui s’échappaient de la plaie. Ce qu’il se demandait c’était plus : souffrait-il de voir sa virilité écorché par le fait de ne pas avoir pu éviter ce coup, ou encore par le fait de lui avoir sauvé la vie en dépit du stoïcisme avec lequel il l’avait traité jusque là ? L’occasion aurait été opportune et l’idée intéressante que celle de remuer ses sentiments en cet instant, pour mieux les analyser et connaître un peu plus cet étrange bonhomme. Mais et Takeo… On pouvait aussi se demander ce que lui ressentait après tout ce remue-ménage. Si la majorité aurait pu éprouver de la gratitude voir des regrets, ce n’était absolument pas son cas… Et la situation le laissait pour le moins indifférent, ou sollicitait chez lui une pointe d’intérêt envers son nouveau protecteur dans le meilleur des cas. Quoi qu’il en soit, c’était loin d’être une excuse pour lui bondir au cou en exprimant sa joie… Et puis quoi encore ?

Le plan de Sasuke était simple, de toute façon le technicien n’aurait même pas eu le temps de le contredire s’il l’avait voulu, alors il se contenta de prendre sa suite en surveillant les environs du coin de l’œil. Durant le chemin à travers la faune de la jungle, des odeurs tout bonnement ignobles dont il préférait ignorer la source lui donnèrent l’envie de sortir encore plus vite qu’il n’en avait déjà l’intention. Heureusement pour lui, l’étudiant semblait tout aussi avide d’air frais et de liberté et ils se retrouvèrent bien rapidement hors de l’établissement dans lequel – il le jurait sur l’unité centrale de son ordinateur – il ne remettrait plus jamais les pieds. Mais pas le temps pour les futilités, ils avaient à faire.

Et la réalité se chargea de les rattraper d’elle-même en obligeant le blessé à reconsidérer la plaie de sa cuisse. Contrairement aux bonnes mœurs, Takeo ne tenta même pas de le rattraper pour le protéger d’une chute éventuelle, mais se contenta de le regarder dans sa déchéance avec un certain cynisme. Voilà qu’il se la jouait dramatique maintenant… Après tout s’il voulait rester là à agoniser dans la ruelle, c’était son choix… Du moins, c’était exactement la réflexion et l’attitude que le brun aurait pris s’il avait été en présence de quelqu’un d’autre. Mais les circonstances étaient bien différentes de l’ordinaire, et tout comme le faisait Sasuke, il allait devoir bousculer ses habitudes.

Toujours à moitié caché sous sa capuche, il jeta un bref regard derrière lui pour constater que quelques hommes les observer avec curiosité. Mieux valait déguerpir avant qu’ils ne se rendent compte de quelque chose… Aussitôt pensé, aussitôt fait. Sans demander l’accord du mutilé, il attrapa le bras de ce dernier et le passa autour de ses propres épaules pour qu’il prenne appuie sur lui.

" La ferme, et avance. "

Takeo l’obligea à se décoller du mur et à reprendre la marche en l’aidant de tout son possible pour ne pas qu’il trébuche à nouveau. Avec un peu de chance, ce dont ils ne semblaient pas manquer au final, les gens autour d’eux penseraient simplement à deux vieux amis qui s’étaient trop saoulés. Mais pas question d’aller vérifier cette hypothèse, le technicien s’engouffra dans la ruelle sombre jusqu’à sa voiture sagement garée de l’autre côté. Il laissa Sasuke reposer contre le mur le temps de trouver sa clé puis d’ouvrir la portière arrière pour installer le jeune homme sur la banquette. Une fois débarrassé du poids de son acolyte de la soirée, il alla ouvrir le coffre pour dévoiler une véritable décharge de pièces mécaniques et informatiques dans laquelle il fouilla. Désordre organisé, heureusement, il trouva rapidement la petite mallette porteuse du signe médicale et qui ne quittait jamais sa bagnole. Au passage, il se disait que justement, il devrait peut-être songer à la ranger, un jour... En attendant, il revint auprès du rônin et chassa les mains de celui-ci de sa blessure pour libérer l’accès… Et sans crier gare, déchira un peu plus son pantalon pour dévoiler la plaie.

" Mh, pas beau. " Il ouvrit la petite valise. " Oups. "

Fit-il d’une voix stoïque qui contredisait son dernier mot. S’il avait tout le matériel nécessaire pour le soigner, il lui manquait cependant le désinfectant. Mais à tout problème sa solution, n’est-ce pas ? Et il en avait déjà trouvé une. Hebigami fit le tour pour monter à l’avant, du côté passager, et mettre son nez dans la boite à gant qui cracha plusieurs clés USB, papiers griffonnés de notes et photos de différentes personnes. Il se mit à la recherche d’une petite fiasque contenant un liquide transparent qui pourrait tout sauf inspirer confiance à Sasuke. Il revint auprès de ce dernier en ouvrant la bouteille, puis captura son regard du sien.

" Tu sais ce qu’on dit… A la guerre comme à la guerre. "

Sur ces mots, il fit couler l’alcool fort directement sur la plaie… C’était sûr, il risquait d’entendre hurler… De colère comme de douleur.

Il n'aurait jamais cru ca..que Takeo puisse l'aider. Il aurait cru qu'il serait plutot du genre a filer sans demander son reste. Sasuke aurait finit par s'en sortir. Quelques coups de téléphones et il serait entre de bonnes mains. Bien sur il aurait du expliquer ce qui c'était passé, en cachant certaines parties de l'histoire bien évidemment. Nul doute que ca aurait été plus... difficile, mais s'il l'avait fallu, Sasuke l'aurait fait. Il aurait menti a son clan... pour sauver la vie de cet imbécile de Takeo, puisqu'il lui en avait fait la promesse. Il se releva donc avec son aide, grimacant de douleur sentant sa vue qui commençait a se troubler un peu a cause de la trop grande perte de sang. Il fallait pourtant qu'il tienne le coup, qu'il se force a regarder droit devant lui et qu'il fasse un effort presque surhumain pour continuer d'avancer en prenant appuie sur Takeo. Il se moquait pas mal du regard des gens, il se foutait complètement de ce qu'on pouvait dire sur lui ou des commentaires sur son état. Pour le moment, il souffrait! C'est la seule chose qui restait dans son esprit. Il avait déjà eu un bon nombre de blessures, il avait frôlé la mort plus d'une fois mais a chaque fois il avait oublié la douleur que l'on pouvait ressentir. Et ca lui revenait maintenant comme un boomerang...

Il avait du mal a voir où Takeo pouvait l'emmener, il voyait trouble et il du plus d'une fois se faire violence pour ne pas tomber dans les pommes. C'était vraiment ridicule... lui qui devait protéger Mizuki voila qu'il en était réduit a jouer les assistés. Il s'allongea sur la banquette arrière de la voiture de son protégé, se tenant la jambe en essayant de calmer l'hémorragie. Il avait mal a la tête, les mains tremblantes... et il avait froid. Il devait sans doute avoir de la fièvres et ses problèmes de visions ne faisaient rien pour arranger les choses. Il sentait vaguement Takeo a côté de lui, il entendait vaguement sa voix. Il savait qu'il lui avait retiré les mains de sa blessures, qu'il avait du arracher un peu son pantalon.. mais il ne voyait pas ses geste très clairement. Il redressa un peu la tête mais il la fit retomber en arrière peu de temps après, trop d'effort. Il avait perdu trop de sang d'un seul coup et même si ca résistance était peut être un peu plus élevé que la normale avec les entrainements qu'il avait reçu depuis son enfance.. il commençait a arriver a son point limite de tolérance.

"Mi... zuki..."

Murmura-t-il faiblement en entendant la réplique de Takeo sans vraiment la comprendre. Qu'est ce qu'il voulait dire par là? ... Il le comprit plus tard en sentant la vague de douleur qui l'envahit. Un cri de douleur passa la barrière de ses lèvres alors qu'il se cambrait vigoureusement sous le poids du mal qui lui lacérait la plaie. Ca brulait, ca lui tirait les chaires, ca rentrait profondément dans la plaie. Il hurla encore une fois avant de serrer les dents, ses ongles s'enfonçant dans le cuir de la banquette arrière... et puis.. plus rien. Il avait perdu connaissance. Son cerveau avait choisit de déconnecter, pour lui éviter des douleurs qui n'étaient plus supportables pour n'importe quel humain normalement constitué. Tout yakuza qu'il était, Sasuke restait un être humain. Il sombra dans un songe qui avait des airs de souvenirs...

****Flash back******

"Sasuke... Tu crois au destin toi?"

La voix de Shizare était douce, comme a son habitude. Son regard était pétillant et on y lisait sans mal la tendresse qu'il pouvait éprouver pour le yakuza. Sasuke sourit légèrement en entendant la question. Ils étaient tout deux assis sur une colline de Kobe, qui surplombait la ville, la nuit ne tarderait pas a tomber et Sasuke devrait rentrer. C'était comme ca tout les jours. En quittant le lycée Sasuke restait un peu avec Shizare, il venait ici pour discuter, pour s'adonner a des moments qui n'appartenaient qu'a eux. Et a la tombée de la nuit, Sasuke s'en allait... pour son "travail".

"Je ne sais pas trop..."

Shizare fit une moue dépitée en soupirant. Sasuke rit légèrement, il adorait le voir faire cette tête là.

"C'est pas une réponse ca!"

"Je sais je sais... je te taquine c'est tout..."

Sasuke leva la main pour venir lui ébouriffer les cheveux avant de regarder le ciel qui s'obscurcissait a vu d'oeil et poussa un soupire.

"Je ne crois pas que les choses sont écrites a l'avance... Ca serait trop triste. Je n'aime pas l'idée de devoir me dire que quoi que je fasse ce ne soit pas de ma propre initiative, mais uniquement parce que c'était prévu a l'avance... je préfère penser que je fais mes choix moi même, sans dépendre de quoi que se soit..."

Shizare l'écoutait et souriait doucement avant de venir poser sa tête contre son épaule, un coup de vent le faisant frissonner. Sasuke passa son bras autour de ses épaules pour le réchauffer.

"Moi je crois que c'était mon Destin..."

"De quoi tu parles?"

Shizare leva vers lui son regard pétillant, les lèvres entre ouvertes.

"De t'appartenir..."

Sasuke sourit légèrement et se penchant en avant, ses lèvres touchant celles de Shizare...

******Fin du Flash Back******

"Shi...zare...."

Le réveille fut douloureux. La douleur de sa blessure était revenue et même si elle était plus supportable... elle était tout de même bien gênante. Le yakuza était encore un peu dans les vapes et il avait du mal a retrouver ses esprits. Mais peu a peu il reprenait conscience de la réalité.

"Mizuki? ..."

Un œil clos, l’Hebigami avait encaissé le hurlement du yakuza comme il le put, allant par la suite déboucher l’une de ses oreilles avec son doigt pour être certain que son tympan avait survécu. Il l’observa ensuite s’effondrer sur la banquette, déconnection de tout le système pour éviter au virus d’atteindre la carte mère et lui griller quelques circuits capitaux. En y réfléchissant, il aurait peut-être trouvé ça amusant de voir de la fumée lui sortir par les orifices faciaux, un peu comme une caricature dans un manga. Même face à la souffrance d’autrui, Takeo ne se sentait pas concerné, si peu compréhensif envers l’humanité qu’il ne voyait que ses propres intérêts… En l’occurrence, il se retrouvait avec un individu inconscient sur les bras, qui l’empêchait de voguer à ses envies. Ce qu’il voulait présentement ? Rentrer dans son appartement et boire une bière bien fraîche devant son ordinateur. La vie réelle, et ces gens, quelles plaies…

* A défaut de lui extorquer les infos… Je vais aller les chercher moi-même… *

Voilà une belle opportunité de se faire aussi fouine que d’habitude, et il n’allait certainement pas se priver. A dire vrai, il n’était pas sûr de trouver quelque chose de vraiment intéressant à se mettre sous la dent, mais la scène ferait au moins de belles photos. Puis, il fallait bien s’occuper jusqu’à ce que la belle aux bois dormant décide de se réveiller… Sûrement pas grâce à un baiser, en tout cas, ils avaient passé l’âge des contes de fées. Pour être certain de ne pas trop s’ennuyer le temps que son nouveau cerbère fasse sa sieste, il le fouilla entièrement, vidant toutes ses poches, étudiant minutieusement tous les gadgets/papiers et tout autre objet hétéroclite qui lui tombait sous la main. Allant trouver l’un de ses appareils photos qu’il laissait toujours dans sa voiture, il s’appliqua à immortaliser ce souvenir qu’il n’était pas prêt d’oublier ainsi que la blessure laissée par la lame de son agresseur. Une fois sa petite enquête terminée, il songea à soigner cette dite blessure avant que Sasuke ne réouvre les yeux et ne se remettre à se plaindre. Finalement, il faisait des progrès en termes d’altruisme… Non ?

Le sablier avait largement eut le temps de tournoyer plusieurs fois sur lui-même, laissant le loisir à Takeo de profiter de son mini ordinateur pour patienter. Les yeux vrillés sur son écran comme le plus concentré des zombies, veillant à s’occuper de deux ou trois bricoles qui n’avaient aucuns liens avec l’histoire actuelle… Après tout, les dossiers ce n’était pas ce qu’il manquait sur ses disques durs. Casques sur la tête, il avait juste décalé l’un des écouteurs de l’une de ses oreilles pour entendre le rônin se réveiller au cas où… Ce qui finit par se produire.

* Shizare ?... Tiens tiens… Qui c’est celui-là… *

Assis en tailleur sur l’une des sièges avant, le technicien se contorsionna légèrement pour pouvoir voir le yakuza qui émergeait doucement. C’est qu’il prenait son temps en plus, c’était pas trop tôt. Qu’il l’ait confondu avec quelqu’un était une chose… Que Takeo n’ai aucune idée de qui pouvait être ce Shizare en était une autre. Peut-être qu’il tenait un bon bout de ficelle, qu’il se plairait à remonter lorsqu’il serait seul. Le brun se pencha un peu en direction de l’autochtone alité d’un air monotone.

" Réveillé blanche neige ? T’as toujours le sommeil aussi agité ou tu rêvais que tu dansais la lambada ? "

Lance un furtif regard vers le bandage qui entourait maintenant la cuisse de Sasuke, avant de scruter le visage de ce dernier… Puis de s’en désintéresser pour revenir sur son écran. Si le rônin prenait le temps de regarder dehors, il se rendrait compte de lui-même qu’ils n’étaient plus au même endroit. Et s’il réussissait à se désembuer l’esprit, il pourrait même reconnaître l’endroit… Oui car la vipère avait jugé bon de patienter dans un endroit où ils ne seraient pas susceptibles d’attirer l’attention, et le lycée ne lui paraissait pas la meilleure destination pour ça. Alors, il s’était garé non loin du fameux appartement que le yakuza avait loué en cas de problèmes.

" Je suppose que t’as des antidouleurs là-haut. Avec la quantité de sang que t’as perdu en route, tu pourras de toute façon aller nulle part, mets toi debout et tu vas tourner de l’œil. Puis faut te refaire ton bandage avec un matériel de meilleure qualité. " Il pianota sur son ordinateur. " En gros, c’est ici que tu vas passer la nuit. Comme quoi, l’ironie fait bien les choses. "

Il éteignit la bête et rangea brièvement son matériel, avant de se tourner complètement en direction de Sasuke pour voir s’il était prêt à y aller.

C'est fou a quel point les maux de tête peuvent vous faire comprendre de la manière la plus douloureuse que vous êtes toujours en vie... et que vous allez le regretter amèrement pendant les trente prochaines minutes, en fait le temps que durera votre migraine. Le mal de tête seul, il aurait pu le surmonter en serrant les dents.. mais la voix de Mizuki en plus rendait la chose encore plus agaçante. Sasuke se redressa douloureusement, une main sur sa tête, les dents serrées en grimaçant. Il lui fallu un peu plus de temps avant que la douleur de sa jambe ne se réveille a son tour et lui fasse comprendre qu'il était bel et bien vivant et qu'il allait en chier! Il regarda brièvement le pansement sommaire que Takeo lui avait fait avant de tourner son regard vers son pseudo sauveur, regardant par la suite l'endroit où ils se trouvaient. Juste en face de l'appartement... hé bien finalement Takeo s'avérait moins idiot qu'il ne l'aurait cru, même s'il aurait préféré se trouver ailleurs.

Il se redressa un peu mieux sur la banquette arrière et jeta un coup d'oeil a son téléphone portable, vérifiant l'heure... hum.. il n'avait plus beaucoup de temps mais il devrait faire avec, et surtout se dépêcher d'effacer les traces. Il regarda de nouveau Takeo.

"Ca ira... "

Fit-il en ouvrant la portière de la voiture, regardant brièvement les gens autour de lui dans la rue, même s'il n'y avait pas grand monde. Il voulait surtout voir s'ils n'avaient pas été suivit et s'il n'y avait pas de danger a noter dans la rue. Mais il ne remarqua rien de spécial, a cette heure là les rues étaient plutot désertiques et les gens qu'on y croise sont soit complètement bourré ou n'en sont plus très loin. Il du retenir un gémissement de douleur en prenant appuie sur sa jambe blessé et soupira longuement le temps de se réhabituer a la douleur et a apprendre a la maitriser. Il jeta un oeil derrière lui et croisa le regard de Takeo... pourquoi est-ce qu'il n'était pas partit quand il le lui avait dit? A croire que les rôles s'étaient inversés pendant quelques temps. Mais ce n'était pas le moment de philosopher la dessus, car il était déjà devant la porte de l'appartement, laissant a Takeo le soin de l'ouvrir puisqu'il était en possession de la clé.

Une fois chose faite, Sasuke se faufila a l'intérieur et fila en direction de la chambre où il ne mit pas longtemps a s'assoir sur le lit. Soufflant de soulagement en regardant sa blessure avec un peu plus d'attention il commenca a défaire le pansement rudimentaire pour remettre la blessure a l'air libre. Il grogna un peu en tatant les contours boursoufflé de la plaie a cause de l'action agressive de l'alcool pur a même la chair. La méthode était des plus rudes mais au moins pas de soucis d'infection.

"Dans l'armoire... il y a de quoi recoudre..."

Finit-il par dire en retirant sa veste, remontant ses manches, prêt a faire ce qu'il avait déjà fait des centaines de fois déjà: jouer a la couturière a même sa chair. Il lanca un regard au jeune homme qui l'accompagnait avant de dévier le regard.

"Tu aurais du partir..."