[Hrp = accosté par un bar mal ou par un bar mâle ? :3 ]

La proposition l'avait amusé plus qu'intrigué, suffisamment pour qu'il accepte sans arrière-pensée. Une sortie entre profs, loin du lycée, de la salle des profs, des conseils de classe et autres dossiers à remplir... Le mois de juillet avançait, et avec lui, la charge de travail liée aux examens. Cathan avait trouvé la solution aisée : offrir à ses élèves les joies de la préparation sous forme de sujets types qu'ils devaient s'arracher les cheveux à réussir. Sans trop de difficultés, il était sur de pouvoir prédire les scores de ses élèves en maths à l'examen de fin de trimestre. Mais au delà de ces considérations bassement pratiques, le lycée semblait s'agiter dans un effervescence qui siait mal avec la lourde température japonaise qui donnait envie de se coller sous une ventilation sans plus en bouger. Si la température augmentait encore, il allait probablement devoir diminuer sa consommation de café brulant... le genre de chose que ses élèves ne devaient surement pas vouloir voir arriver.

En ce début de soirée, la température était clémente, tout juste agréable par rapport au soleil de plomb du plein après-midi, rendant la balade pour trouver le bar où ils avaient rendez-vous on ne peut plus plaisante. Ne pas être accompagné par au moins Akutsu ou Jiro était presque bizarre, puisque parmi ses collègues, c'était ceux dont il était le plus proche sans aucun doute. Mais le premier avait clamé avoir un rendez-vous indéplaçable, quand au second, il devait probablement se terrer dans le nouvel appartement où il avait élu domicile, à déprimer sur son sort. Ces derniers temps, il avait une forte envie d'attraper Jiro au collet et de le secouer jusqu'à lui remettre le cerveau en place, mais la certitude que rien n'y ferait l'avait motivé à laisser le japonais tranquille. Pour le moment.
Cathan secoua la tête en entrant dans le bar. Au moins avait-il eu la jugeote de s’éloigner de ce qui le troublait.

Son entrée dans le bar ne passa pas totalement inaperçue. Trop grand, trop large d'épaules et surtout trop roux pour être totalement japonais, les regards se fixèrent un instant sur lui avant de se détourner poliment, l'ignorant avec toute la morgue japonaise, pour son plus grand plaisir. Il repéra quasi immédiatement le prof de japonais attablé seul au fond du bar, et lui adressa un sourire en coin. Il ne connaissait pas tellement le jeune homme – il était surtout connu pour ses excentricités, comme sa manie de mettre du sel devant sa porte, ou l'état de stress dans lequel il ne manquait de se mettre quand il y avait 4 ou 9 personnes dans la salle des profs – Akutsu lui avait donné les explications de texte quand à ces superstitions dont il avait oublié la signification à force de ne pas y être confronté.
Quelques pas de plus et il prenait possession d'une chaise en face du jeune homme, prenant pour une fois le temps d'observer le japonais.

" J'espère que vous n'avez pas commencé sans tout le monde Tachibari-san."

Les soirées entre collègues japonais n'étaient pas connues pour être soft. Encore une dichotomie qu'il trouvait fascinante au Japon : leur capacité à se lacher en soirée alors qu'en journée ils étaient totalement obnubilés par leur travail et la manière dont ils étaient perçus par leurs collègues.
Sur ce point là, ils avaient surement de quoi en donner des leçons aux américains.

Ayako Tachibari était un homme persuasif. Il fallait vraiment l'être pour faire changer Miku d'avis une fois qu'elle avait une idée en tête. Le professeur de japonais avait émis l'idée d'une sortie entre enseignants, sans prise de tête et en dehors du lycée pour mettre à mal les barrières qui pouvaient se dresser naturellement sur un lieu de travail. La proposition séduit finalement la jeune femme qui se résigna à passer une bonne soirée en leurs compagnies plutôt que de rester seule dans son coin comme d'habitude... les arguments de Tachibari-san étant inébranlables.

Miku avait alors profité de l'organisation de cette soirée pour faire un petit tour en ville. Hormis pour le festival, la jeune femme n'avait pas vraiment profité du beau temps en dehors de Ginkgo Gakuen. Elle était donc passée à la librairie acheter quelques livres pour des lectures personnelles de détentes et d'autres plus en lien avec ce qu'elle enseignait. Marchand d'un pas tranquille, elle s'arrêta tout de même dans un petit restaurant sans prétention pour manger un bout, les sensai n'ayant pas convenu de casser la croûte ensemble, mais simplement de boire un verre entre eux. La jeune femme put ainsi manger typiquement japonais et se faire aborder à la sortie par un jeune qui devait avoir la vingtaine à tout casser, mais qui surtout donnait à la jeune femme bien cinq ans de moins. Il n'était pas du lycée, ce qui expliquait cette erreur de jugement que Miku prit avec le sourire avant de disparaitre en vitesse.

Faire jeune avait des avantages, mais la jeune femme ne les voyait toujours pas. Déjà durant ses années de fac, on la prenait pour une éternelle première année. C'était assez pénible de devoir toujours justifier son âge face à des gens qui vous croyiez plus jeune qu'eux. Enfin, Miku n'allait pas se miner la soirée sur ce détail stupide... car à force de ruminer et de trainer, elle allait être en retard et la jeune femme avait bien horreur de cela. En effet, être à l'heure était une marque de respect, d'une part, et puis d'autre part, elle préférait être toujours dans les premières, histoire de ne pas avoir une multitude de paires d'yeux tournés vers elle lorsqu'elle arrivait...

Accélérant alors la marche, la jeune femme se trompa évidemment de route une première fois avant de revenir sur ses pas et de finalement trouver le lieu du rendez-vous. Miku fut alors surprise de voir que personne n'était dehors. Elle se souvint que Tachibari-san avait proposé de se rejoindre directement à l'intérieur plutôt que de poireauter bêtement dehors... et il avait bien raison. Pénétrant à l'intérieur, la jeune femme balaya la salle du regard à la recherche d'un attroupement d'individus qui correspondrait à ceux qu'elle cherchait. La professeure de sciences sociales fut finalement soulagée d'apercevoir le professeur de japonais assis, en compagnie seulement de celui de mathématiques. S'approchant, elle salua les deux jeunes gens d'une voix guillerette :

« Me voilà Tachibari-san, O'Leary-san ! J'espère que vous n'attendez pas depuis longtemps !»

Posant son sac au pied de sa chaise et prenant place à côté de l'américain, Miku fut finalement soulagée d'être arrivée brillante troisième.

[ ... Barman pardon méduse-kun XDDD ]

Ayako attendait patiemment en souriant un peu et observant les gens présents autour de lui. Il y avait plusieurs groupes de personnes, parfois deux, parfois plus, qui avaient également décidé de sortir tout comme lui et ses collègues. Il n'y avait encore personne et actuellement il était le seul présent. Mais ça ne le dérangeait pas du tout. Il était un grand garçon, il n'avait pas peur d'attendre tout seul la venue de ses collègues. Il sentit vibrer dans sa poche son portable et le sortit quelques instants après pour lire le message qu'il venait de recevoir. Oh quel dommage. C'était un de ses collègues et même pour être plus juste un de ses colocataires, Katsuya, qui lui annonçait qu'il ne pouvait pas venir pour raison personnelle. Il n'était pas du genre à le prendre mal et en plus il devait avouer qu'il s'entendait plutôt bien avec lui, normal après tout ils vivaient ensemble dans le même appartement, il valait mieux être en de bons termes. Donc si celui-ci lui disait qu'il ne pouvait pas venir pour raison personnelle, ce n'était pas un moyen d'échapper à la soirée, il avait réellement un empêchement. Il irait quérir des informations le lendemain à son encontre pour savoir si tout allait bien. Ils n'étaient pas beaucoup à avoir décliner son offre. Le premier avait été Moe-san qui était déjà pris et ne pouvait malheureusement pas venir avec eux. Hasegawa-san n'avait pas vraiment donné de nouvelles donc il ne savait pas du tout s'il venait ou non. Mais il l'avait tenu au courant et au pire il les rejoindrait peut-être en cours de route. Et puis maintenant, c'était Katsuya-san qui ne venait pas. Ce n'était pas bien grave, il était le premier d'accord sur le fait qu'on pouvait très bien s'amuser en petit comité. De puis, ceux qui restaient, à part son autre colocataire, étaient des personnes qu'il fréquentait mais qu'il ne connaissait pas encore très bien. Donc c'était réellement une bonne occasion. Il répondit au message de Katsuya pour lui annoncer qu'il devrait se faire pardonner plus tard, ce qui était bien sûr pour rire, avant qu'une voix familière le sorte de sa concentration, une fois le message envoyé, ce qui tombait plutôt bien.

Il releva la tête et planta son regard dans ceux de son interlocuteur qui n'était autre que O'Leary-san. Il lui sourit avec plaisir et le laissa prendre place à ses côtés. L’Américain était donc le premier à arriver sur place après lui-même. C'était celui qu'il connaissait le moins des professeurs qui venaient. Ce n'était pas tellement fait exprès, les activités qu'ils avaient faites entre professeurs ne lui avaient pas permis de parler énormément avec lui ou de sympathiser plus qu'une simple relation de collègues. Il espérait que cela ne change et peut-être que cette soirée le permettrait. Il verrait bien. Il savait qu'on ne pouvait pas être proche de tout le monde mais il était plutôt du genre social.

"Je ne me serais pas permis, O'Leary-san. Mais vous avez quand même de la chance de ne pas arriver trop en retard car la soif titille doucement mon gosier ! "

Il rit un peu. Il devait reconnaitre qu'il était quand même le genre de personne qui aimait s'amuser. Ils n'échangèrent que quelques mots avant que la jeune demoiselle, la seule d'ailleurs, qui faisaient partie de ses collègues n'arrive. Il l'accueillit avec un sourire ravi de la voir, elle qu'il connaissait un peu mieux vu qu'il vivait avec elle. Il la regarda poser son sac et s'assoir avant de prendre la parole.

"Ne t'en fais pas, Takada-san, O'Leary-san est arrivé il y a quelques minutes et moi quelques minutes avant lui. Donc tu vois, tu nous suis de peu."Il lui sourit gentiment avant d'ajouter "Au fait, il reste Tizziano-san encore qui doit venir, je ne sais pas trop ce qu'il en est pour Hasegawa-san et Egawa-san, et Hoshino-san vient de me prévenir qu'il ne pourrait malheureusement pas venir. C'est bien dommage mais il a un empêchement personnel. J'espère que tout va bien pour lui."

Il eut à peine le temps de finir qu'il remarqua, comme beaucoup de personnes d'ailleurs, l'arrivée de la dernière personne manquante dont il était sûr de la présence pour ce soir. Il sourit amusé. Ce professeur ne passait vraiment pas inaperçu. Il fallait dire qu'en grand sportif, il était massif sans oublier son air très dur aux premiers abords. En plus il avait pas une mine réjouie... Mais il n'était pas quelqu'un de déplaisant, il aimait bien parler avec lui de l'athlétisme pour en avoir pratiqué pendant des années, et lui étant le superviseur de ce groupe. Il l'aurait été aussi avec plaisir mais le club de Go était bien plus fait pour lui ! Il était motivé et la compétition dans ce domaine le passionnait fortement. Il était d'ailleurs très motivant et stricte pour ses membres. Cela contrastait un peu avec son air plutôt cool en tant que professeur.

"Tizziano-san ! " Il le regarda prendre place à côté de lui. "Et bien justement je disais qu'il ne manquait plus que vous, du moins dans les personnes dont j'étais sûr de la présence. D'ailleurs..."

Il coupa net sa phrase venant de se rendre compte qu'ils étaient... quatre. A cet instant, à la table, ils étaient quatre. Sa mine se fit quelque peu déconfite et il déglutit avec difficulté sa gorge venant de s’assécher fortement. Il vint un peu toucher le bracelet présent autour de son poignet. Bon...Rester calme... Il y avait forcément une autre personne qui allait encore venir... Ils ne pouvaient pas rester quatre toute la soirée. C'était un mauvais présage, ce n'était pas bon du tout. Pourquoi n'avait-il pas calculer cela avant ? Il aurait pu inviter n'importe qui d'autres pour être sûr d'avoir toujours un nombre différent de quatre ou neuf.. Là il avait clairement foiré son coup. Il tenta sans grande conviction de se reprendre.

"On peut...commander à boire...oui..ce serait bien.."

*faites qu'on ne soit pas quatre s'il vous plaît ! * C'était la seule prière qu'il pouvait émettre.

Une mélodie, comme un souffle, s'élevait dans l'esprit d'Hasegawa. Quelque chose de chevrotant et de tremblant qui gagnait en intensité. Les pas se faisait de plus en plus important, de plus en plus assourdissant, l'onde gagnait sur lui avec sa pesante gravité. Mais lorsqu'il ouvrit les yeux, c'était pour balayer la solitude de sa chambre. Il s'était endormit. Le contact de la peinture sèche sur ses mains, l'odeur entêtante qui régnait dans la pièce lui rappelait qu'il était entrain de peindre, puis il s'était assit sur le rebord de son lit, cherchant l'inspiration avant de tomber dans un profond sommeil.

" Quel heure est-il ? "

Ses yeux sombres se tournèrent vers son portable qu'il saisit pour y lire l'heure. On était en fin d'après midi. C'était l'un de ces jours ou il n'avait pas de cours à donner. Loin de l'activité des enseignants lors des périodes d'examens, l'artiste n'avait pas beaucoup de travail à faire. La plupart des élèves avaient l'esprit trop sous pression pour être bon à quelque chose. Quand à lui, il avait réglé le soucis de cette note final en demandant un travail à rendre à la fin de la période.

" Je me suis encore complétement décalé. "

Pensa-t-il en poussant un lourd soupir de frustration. Son inspiration n'apparaissait que le soir avant de fermer l’œil pour ne le laisser qu'épuiser le lendemain matin. Résultat? Il dormait le jour et rouvrait les yeux en fin d'après midi. C'était ce qui venait de lui arriver. Cette nuit sacrifiée l'avait-elle été à juste titre? Se rasseyant au bout de son lit, il ramassa son pinceau tombé à terre et sa palette avant de fixer la toile qui lui faisait face de son regard sombre. Quelques longues secondes s’égrainèrent à mesure que le jeune homme caressait la toile de ses yeux, se heurtaient à ses couleurs, se laissaient entrainer par ses axes.

" Encore un désert... "

Un jeune garçon habillé en bédouin fixait l'horizon les nuages noirs promettant la pluie. Ce n'était pas la première fois qu'une image semblable lui venait.

"Pourquoi ? "

Il passa quelques minutes à sonder son esprit à la recherche d'une réponse à cette énigme. Le précédent désert était écarlate, il y avait peint un personnage couché sur ce dernier, fixant un ciel emplis d'étoiles à l'éclat saisissant. La tête encore dans le coton, la fatigue due à une mauvaise récupération, tous cela lui fit renoncer à ses questionnements intérieurs. Le jeune homme se leva donc de son lit, nettoya et rangea ses outils avant de décrasser l'artiste lui-même. C'est en sortant de la douche, se retrouvant de nouveau rafraichi et un peu plus éveillé, qu'il se rendit compte que le sommeil ne serait pas prêt de l'entrainer à nouveau avant un moment et qu'il s'agissait de tuer le temps. Sans bien savoir pourquoi, Hasegawa se sentait l'envie de sortir en ville. Hachioji n'était pas Tokyo mais Yuusuke savait qu'il y avait tout de même un ou deux lieux pour manger, boire et s'amuser pour des jeunes gens comme lui. Quittant un appartement calme et ordonné, c'est avec un certain soulagement qu'il mit de la distance, ce soir là, entre le campus et lui. Chaque jour qui passait, le jeune homme se répétait qu'être enseignant n'était qu'une chose temporaire, qu'il pourrait bientôt être artiste professionnel et qu'il pourrait cesser de jouer ce rôle, que cela soit aux yeux des élèves ou de ses collègues. Mais cette tenue d'enseignant modèle lui pesait de plus en plus. Il n'était pas un japonais conformiste et s'il avait assez de jugeote pour savoir quand avoir l'air d'un élève de Todaï, ce n'était pas ce que à quoi il aspirait comme vie. Voilà pourquoi, chaque seconde qu'il passait loin de l'établissement était pour lui un vrai bol d'air frais, un moyen de refaire naître la jeunesse de son âme, la passion dans son cœur et l'inspiration dans son esprit. Dans le bus encore, il devait faire attention, des élèves étaient encore présents. Mais une fois descendu de ce dernier, plongé dans la foule du centre-ville, il pouvait enfin s'échapper. Tout en étendant ses bras en faisant face au soleil couchant, il inspira à fond l'air frais. Un sourire enjoué et dynamique gagna son visage alors que ses yeux sombres s'animaient d'une lueur vive.

" Me voilà libre !"

Mettant les mains dans ses poches, il commença à déambuler nonchalamment dans la rue. Son regard curieux d'enfant qui fit de lui l'artiste qu'il est aujourd'hui, balayait avec gourmandise le spectacle que lui offrait la vie urbaine avec ses couleurs, ses odeurs, ses visages, ses reflets et ses innombrables formes. Il ne suffirait pas d'une vie pour toutes les réunir. La lumière rasante changeait rapidement, renforçant le dynamisme d'un paysage de petites boutiques portant des appartements et des bureaux aux dessus d'elles. Un stand itinérant de ramen finit de le mettre en appétit et il céda à la tentation de s'y restaurer en échangeant des banalités sur l'actualité avec les habitués. Après un échange de sourires et de salutations, il les quitta pour se chercher un endroit moins populaire et plus intimiste ou il aurait de bonnes chances de tomber sur quelques compagnies plus intéressantes encore. Son regard se posa sur un bar aux allures banales. Quelque chose l'incitait à en franchir la porte. Écoutant son intuition, il le fit pour s'installer au comptoir sans prendre le temps de regarder autour de lui. Laissant ses yeux s'amuser des divers bouteilles qui trônaient à l'arrière boutique, il mit le barman au défi de lui servir un "Daiquiri", une sorte de mélange entre rhum et citron et fut étonné de voir ce dernier arriver à lui en retrouver la recette. Attendant sa commande, le jeune artiste laissa son esprit vagabonder. Il lui revint alors les propos d'un confrère au sujet d'une réunion de professeurs autour d'un verre, ce soir là. Dans ses souvenirs, Yuusuke avait éludé de répondre, trouvant l'idée plutôt ennuyeuse quand on connaissait les assez désastreuses expériences qu'il avait eu précédemment avec ses collègues. Mais ou devait-il déjà se rencontrer d'ailleurs ? Ses pensées furent interrompus quand il fut servit. Goutant avec les yeux puis du bout des lèvres, il assura le tenancier d'un sourire qu'il était satisfait. C'est alors que le goût du cocktail ranima sa mémoire. Tournant son regard sombre dans la pièce avec un air décomposé, il eut bientôt confirmation de ses craintes en voyant le groupe attablé portant leurs regards sur lui. Son subconscient venait de lui jouer un tour pendable, c'est sans doute ce qui lui inspira ce pauvre sourire mi-amusé, mi-ennuyé.

"Et merde..."

Il allait falloir très vite reprendre son lourd costume de professeur encore pour ce soir car il ne pourrait sûrement faire comme si on ne l'avait pas vu. Se détournant vers son verre, pour cacher son visage, il lâche un gros soupir, but une rasade du cocktail comme si c'était un verre de whisky, s'arma de sa mine d'élève modèle pour se lever et les rejoindre, un sourire polie et courtois aux lèvres.

- Bonsoir. Veuillez m'excuser mais je ne vous avais pas vu en rentrant ici.

Le jeune homme prit une chaise et s'installa diplomatiquement à l'apposé de l'Italien. Même si la perspective de lui faire face toute la soirée n'enchantait pas terriblement le jeune homme. Il préférait. Allez savoir pourquoi? Peut-être les dernières rumeurs? Seul rayon de lumière dans cette soudaine éclipse, la charmante enseignante en sciences sociales était présente. Il ne restait plus qu'à faire, contre mauvaise fortune, bon cœur. Il laissa son regard rencontrer chacune des personnes présentes, se forçant plus ou moins dans son sourire selon.

- Je vous demande aussi pardon de m'être déjà fait servir.

Dit-il en montrant son verre qu'il avait prit avec lui comme compagnon d'infortune.

Takada-san, la jolie prof de sciences sociales puis son rital de coloc avec une mine de tueur en série s'installèrent sous le regard angoissé du professeur de Japonais qui reprit la parole d'une voix blanche. Avait-il un soucis avec certains des présents ? Étrange invitation si telle était le cas, mais il ne pouvait faire abstraction du regard anxieux qu'il avait porté sur la table alors qu'un serveur venait vers eux pour prendre la commande des quatre présents , attiré par son petit geste. A moins que la solution ne soit la plus logique : Tachibari était juste une personne bizarre, prompte aux changements d'humeur et à verser du sel devant les portes. Avec un sourire qui se voulait rassurant aux lèvres l'américain tapota le poignet de l'autre professeur, avec l'impression étrange de parler à un enfant. Encore que, avec un enfant, il aurait surement fait preuve de moins de patience.

" Vous avez l'air un peu crispé Tachibari-san, détendez-vous..."

La fin de sa phrase fut couper par l'entrée du professeur d'art dont le sourire trahissait une décontraction dont il faisait rarement preuve dans la salle des profs. Sourire non destiné à ses collègues d'ailleurs, puisque sous les regards surpris de ses collègues, le japonais s'installa seul à une table et commanda un verre sans se soucier des autres, choisissant apparemment de passer sa soirée en solo. Lachant le poignet de son collègue, Cathan posa sa main sous son menton, amusé au plus haut degrés. Etre ignoré de cette manière était magnifique – et si l'autre ne les avait vraiment pas vus, donnée qu'il avait beaucoup de mal à intégrer – il n'était pas sur de vouloir être moins moqueur. La trop grande part de gaijin de leur petit groupe ne devait pas donner envie à Hasegawa de les voir.

" Mes chers collègues, je pense que nous ne sommes pas une bonne inspiration pour l'art."

Le poids des regards sur son dos, ou un subit éclat de clairvoyance de ce monde que l'artiste ne fréquentait clairement pas finit par faire détourner le regard d'Hasegawa vers le petit groupe, entrainant l'homme à se lever et à se diriger vers eux. L'expression génée du jeune homme en elle-même valait bien la peine de le voir ainsi débarquer et Cathan garda tant bien que mal son sérieux, seul son sourire trahissant sans hésitation le fond de sa pensée.
Le serveur passé un peu plus tôt vint enfin déposer les boissons commandées, interrompant une conversation génée pour remettre la soirée dans une direction un peu plus logique. En tous cas, pour sa part, il pouvait se permettre d'être un peu plus magnanime une fois qu'il avait sa bière, fut-elle japonaise, en main.

" Nous sommes à égalité, nous devrions réussir à vous pardonner maintenant. Qu'en pensez-vous ? Miss ? Tizzi ?"

Si le surnom de Luca ne venait pas de bien loin et commençait à être habituel, le Miss franchement américain pour la japonaise par contre... Mieux valait espérer qu'elle ne le prenne pas comme une insulte ou un manque de politesse. Avec un peu de chance, être en train de boire un verre adoucirait les sensibilités japonaises.

La médaille en chocolat revint finalement au professeur de sport qui arriva peu de temps après elle. Il s'installa d'ailleurs en face de la jeune femme, après avoir salué ses homologues déjà présents. Quasinstentanément, Tachibari-san se montra nerveux, tentant pourtant de cacher cet état d'anxiété qui n'échappa pas à Miku, ni à ses autres collègues. La professeure de sciences sociales commençait à le connaitre pour la simple et bonne raison qu'il était son colocataire et là, maintenant, elle aurait pu parier une grosse somme d'argent sur la raison qui le poussait à devenir anxieux, car elle savait pertinemment de quoi il s'agissait. Ainsi, elle connaissait son côté superstitieux et cet état de stress dans lequel il se trouvait. Les enseignants étaient quatre à table, ce constat lui suffisait pour être mal à l'aise. Elle aurait bien aimé le rassurer, mais elle ne voulait pas le déstabiliser davantage en évoquant ce changement d'attitude, même s'il était évident... Ce fut finalement O'Leary-san qui tenta une approche rassurante. Miku misa plutôt sur la patience, attendant qu'un nouveau professeur arrive pour conjurer définitivement le mauvais sort. Malheureusement, Hoshino-san ne serait pas présent ce soir avec eux et c'était bien dommage... qui pouvait donc assurer à sa place le rôle de sauveur avant que le superviseur du club de go ne décide de prendre ses jambes à son cou ? Bonne question et celle-ci trouva finalement une réponse rapidement. Suivant le regard du professeur de mathématiques, qui semblait attiré par quelque chose, Miku remarqua l'arrivée discrète de Hasegawa-san. Une remarqua cinglante de la part du rouquin ne se fit pas attendre et eut pour effet de faire glousser la jeune femme, tandis que l'artiste se décidait enfin à les rejoindre. Il ne les avait finalement pas vu, ce qui était la raison la plus probable en effet... quoi que lorsque vous aviez rendez-vous avec vos collègues, la première chose à faire n'était pas de le chercher ? Ces artistes étaient vraiment de drôle d'oiseaux... des éternels rêveurs.

En attendant, O'Leary-san sentit le besoin d'en remettre une couche. Pauvre Hasegawa-san qui venait décidément d'en prendre pour son grade. Le rouquin demanda alors l'approbation de la jeune femme et de l'italien pour pardonner l'attitude du pauvre homme d'une manière très américaine. Elle en sourit et décida de ne pas en rajouter davantage sur le dos du professeur d'art qui n'en avait pas demandé autant...

« On ne va pas en vouloir à Hasegawa-san, il est simplement étourdi ! Il doit être amoureux ! »

Le laissant s'installer, la jeune femme avisa son verre, que l'on venait d'amener, avant de le lever pour trinquer à cette charmante soirée.

« Tant pis pour les retardataires s'il y en a ! Je propose de trinquer à nous, fabuleux enseignants de Ginkgo Gakuen qui sans nous ne tournerait pas aussi bien ! Kanpai !»

C'était un peu n'importe quoi, mais Miku s'en fichait éperdument, pour une fois qu'elle faisait une tentative de prise de parole un peu humoristique en public... Et puis, même si elle passait pour une grosse lourdonne, demain ils auront absolument tout oublié, à supposer qu'ils en aient un coup dans le nez... avec un peu de chance. Mais après tout, n'étaient-ils pas là pour mieux se connaitre ? Et se côtoyer ailleurs que dans une salle du lycée avec ses normes et valeurs plutôt strictes ? Si c'était bien le cas, alors autant être naturelle sans pour autant trop se lâcher, le juste milieu étant facile à trouver. Ainsi, ils passeraient certainement une bonne soirée...

Portant son verre à ses lèvres, la jeune femme espérait juste que cette soirée ne finirait pas en karaoké, car c'était bien une chose dont elle avait horreur... et malheureusement, pour son plus grand malheur, l'ensemble de la société japonaise semblait se liguer contre elle pour la forcer à chanter... Miku était parfois un peu étrange pour une japonaise...elle le savait bien.

Hasegawa accueillit la légère boutade de l'étrange personnage que représentait O'Leary à ses yeux avec une légère moue à peine esquissé de ses lèvres et qui fit à peine trembler le sourire aimable dont il se fendait à la ronde. Il en vint même à s'agrandir et à lâcher un léger rire aux propos de Takada.

" Amoureux ? Il serait bien possible que je le sois de vous au bout de cette soirée ? "

Pensa-t-il avec un air malicieux alors que ses yeux sombres distillaient une étrange lueur pétillante. Imaginant avec un certain plaisir que ses pensées osés avaient pour seul auditeur sa propre personne et que les personnes présentes étaient sans doute loin de pouvoir lui prêter telles idées. L'artiste n'était pas du type à se bousiller une soirée s'il avait décidé d'en passer une bonne. De fait, il avait vraiment décidé ce soir là de s'amuser. Même s'il n'avait pas vraiment prévu de le passer avec ces gens là, il était bien déterminer à sortir avec un bon souvenir à l'esprit de cette expérience. Voilà ce qui le poussa à pousser un "Kanpai" du fond de son cœur et de suivre en buvant une bonne gorgée de son cocktail. Ressentant le coup de fouet que lui offrait ce dernier comme une invite à chauffer un peu une table aux ambiances de réunions de fin de semestre, il décida de jeter son dévolu sur la plus charmante des compagnies présentes. C'était, bien entendu, à ses yeux la seule présence féminine de la soirée.

- Pardonnez ma curiosité coupable. Et j'espère ne pas me montrer indiscret en vous demandant ce qui vous à mener ainsi à choisir une vocation comme l'enseignement en science sociale, Takada-san ?

Sans vraiment s'en inquiéter, il ne laissa qu'une oreille distraite porter attention à la voix de l'Italien. Ce dernier ne lui avait laissé aucun bon souvenir. Du coup, son esprit se faisait un devoir enchanté de se concentrer sur une toute autre conversation même si le mot "Karaoké" fit naitre en lui une excitation toute nipponne. Si le projet devait vraiment prendre forme, il ne s'y opposerait sûrement pas. Ne serais-ce que pour garder en lui le souvenir de quelques uns de ses collègues et de leurs voix dignes d'airs d'opéras. Ses yeux sombres s'égarèrent légèrement en voyant Tachibari s'agiter.

" Attends... La dernière fois que j'ai vu quelqu'un faire ça, c'était mon arrière grand mère, non?"

Les paupières du jeune homme clignèrent légèrement d'étonnement alors qu'il portait son regard sur celui du professeur de Japonais. Puis, s'avisant qu'il se devait de porter attention à la réponse de sa question première, il revint à Takada. Préférant laisser à plus tard le constat d'étrangeté qu'il était entrain de réaliser à l'encontre d'Ayako.

" Kanpai !"

Son verre levé avec celui des autres, Cathan s'amusait de la scène comme pouvait en témoigner le sourire ourlé qui retroussait ses lèvres.
Un artiste un peu dragueur, une demoiselle bonne vivante, un rital taciturne, et pour le dernier... Tachibari lui semblait un brin névrosé, à tracer des signes cabalistiques dans la main avec un regard angoissé. Sans être un spécialiste des habitudes japonaises, il arrivait à reconnaître le genre de rituel destiné à se rassurer qu'employaient les gosses, les gens crédules ou les futurs tueurs en série. Bon, ok, il n'allait peut-être pas classé tout de suite son collègue dans cette catégorie, sauf si un fait divers annonçait le lendemain que le staff de Gingko s'était retrouvé amputé de 4 ou 5 de ses professeurs après un karaoké qui avait mal tourné. Le sourire de l'américain s'étira encore un peu plus alors qu'il retenait un fou-rire. Encore un peu, et il pourrait imaginer le lycée version Battle Royale, avec chaque professeur entrainant derrière lui un petit groupe d'élèves.
Son verre en main, Cat se raccrocha à la suggestion de son coloc. A défaut d'être sa grande passion – pas assez de sang japonais pour ça ? - le karaoké mettait au moins tout le monde sur le même pied d'égalité, niveau ridicule.

" Le fameux karaoké... tu es tant pressé de nous faire part de ta magnifique voix de stentor italien Tizzi ? Le challenger du jour est surentrainé sur les terrains de sport ! "

Le regard amusé, le rouquin prit enfin le temps d'observer l'italien qui avait mis la main sur la petite bête, au sens propre du terme. Le regard un peu plus sombre, des mains plus figées alors que le rital était le premier à se servir de sa gestuelle pour s'exprimer... Il y avait plus que l'habituel comportement d'ours mal léché chez l'autre habitant de l'appartement 2, mais apparemment un vrai malaise qu'il prenait un malin plaisir à dissimuler en s'attardant sur le professeur de japonais. Intrigué, le professeur de maths haussa un sourcil en le fixant alors qu'il profitait de sa bière en bonne et dûe forme, se demandant s'il réussirait à le coincer seul dans un coin pour discuter. De manière assez amusante, Luca était aussi refermé sur lui que l'était ses autres colocataires, dès qu'on s'approchait trop près de son intimité.
Cat reposa son verre, drainé jusqu'à la dernière goutte. Ah, ces bières japonaises... ce n'était vraiment pas avec ça qu'il risquait de se mettre minable.

" Pour une fois que nos élèves ne sont pas là pour épier le moindre de nos faits et gestes, tout est permis tant que personne ne garde de traces. Et je préfère encore qu'ils soient les seuls à laisser des photos souvenirs dans la salle des classes, sinon, entre notre directeur et Hasegawa-san, je ne sais pas lequel des deux craquera le premier..."

L'américain darda un sourire impudent sur le professeur d'art. Sa colère face à l'exposition des postérieurs n'avaient pas été oubliées et le taquiner restait tentant, surtout en terrain neutre.

Souriant à Hasegawa-san, qui venait de rebondir sur sa plaisanterie, Miku ne put conserver bien longtemps ce visage radieux lorsque le mot maléfique tomba... Si Miku était superstitieuse comme son colocataire, elle partirait se faire exorciser ou elle ne savait trop quoi, pour que la maladie du karaoké cesse de la persécuter. Non jamais, jamais elle ne comprendrait cet amour de la population japonaise pour cette boite à chant... et encore moins si cette proposition venait d'un italien. La prédisposition pour le karaoké n'était donc pas génétique... Soupirant, presque de désespoir, elle chercha au fond de sa petite tête une autre activité qui pouvait peser dans la balance contre la proposition du professeur de sport... mais rien ne vint naturellement illuminer son imagination. Malheureusement pour la jeune femme, cette idée semblait plaire à ses camarades à en juger par la réaction du professeur de mathématiques, qui s'amusait visiblement déjà à taquiner Tizzi-san. Miku n'allait pas pouvoir se dérober, elle allait y avoir droit...

La jeune femme voulait alors trouver quelque chose à dire, histoire de changer de conversation ni vu ni connu, mais ce fut une nouvelle fois l'italien qui prit à la parole, avant de débarrasser Tachibari-san d'une araignée... L'attention de la jeune femme se reporta alors une nouvelle fois sur le superstitieux de la bande dont la couleur du visage avait encore viré au blanc... Décidément, son pauvre colocataire aurait mieux fait de rester chez lui ce soir, les mauvais présages allant bon train... Du moins si on y croyait... Miku espérait néanmoins qu'il n'en tiendrait pas trop compte et qu'il passerait tout de même une bonne soirée.

Pendant que Tachibari-san tentait d'oublier les mauvais présages en buvant son verre, Miku réalisa qu'elle avait laissé en suspens la question du professeur de peinture à cause de ce fichu karaoké. Voilà peut-être l'occasion rêvée pour faire oublier la fameuse proposition de l'italien... et surtout, trouver une issue de secours.

« C'est une drôle de question Hasegawa-san ! Que je peux vous retourner à vous et à tous nos collègues autour de cette table... Si j'ai choisi cette voie, c'est qu'elle me plaisait... J'aime l'Histoire et l'Archéologie... et je voulais transmettre cet amour aux citoyens de notre pays et pour cela, il faut commencer par les plus jeunes d'entre eux. C'est aussi simple que cela, il n'y a malheureusement aucun secret... J'espère ne pas trop vous décevoir ! »

Cette déclaration ne changeait pas vraiment la donne concernant le karaoké... Car elle n'allait pas proposer une visite nocturne au musée du coin qui affichait une exposition concernant l'ère Meji... Non, Miku était au fin fond du gouffre, elle allait se retrouver enfermée dans une pièce à devoir chanter sur des chansons qui l'agaçaient au plus haut point et évidemment d'une manière plus que désastreuse. Ainsi, elle allait définitivement se ridiculiser devant ses collègues qui en riront dans la salle des professeurs pendant des semaines et des semaines, tellement que Miku serait rouge comme une pivoine jusqu'au jour où elle décidera de changer de lycée pour ne plus subir ce genre de railleries... Bon, les pensées de Miku s'emballaient un peu, elle devait l'avouer... quitter le lycée c'était un peu beaucoup extrémiste... mais tout de même, elle n'avait pas envie de chanter un point c'est tout !

O'Leary-san sembla alors venir malgré lui à son secours, incitant ses camarades à se lâcher. Elle sourit à l'évocation de leur magnifique découverte un beau matin dans la salle des professeurs... Personne ne pouvait oublier de sitôt cette histoire... Non, jamais il ne pourrait l'oublier, ce genre d'évènement vous marquait à vie... mais de manière plutôt positive, du moins, Miku le pensait. Acquiesçant d'un hochement de tête lorsque le rouquin termina sa phrase, la jeune femme le soutien instantanément, préférant encore déambuler dans les rues de la ville avec un coup de trop dans le nez, que de finir la soirée devant un micro.

« Je suis d'accord avec O'Leary-san ! Amusons-nous ! Le karaoké c'est bien, mais c'est du déjà-vu ! Il y a tellement d'autre chose à faire en ville ! »

Comme ? Miku s’arrêta brutalement, ne sachant quoi proposer en échange. Elle resta la bouche entrouverte, cherchant désespérément une solution…

« On peut aller faire de la danse sur tapis… enfin, vous me comprenez… »

C'était nul... En attendant, la jeune femme ne se souvenait plus comment se nommait ce genre de passe-temps... mais elle était un peu plus douée pour sauter sur un tapis que pour chanter... quoi que si jamais ils n'acceptaient pas, il restait toujours la solution du musée... mais il lui semblait inutile de soumettre cette proposition, car la réponse sera forcément négative.