Suite de :arrow: CECI

Et bien c'était moins une. À peine Hlyn et Keith furent ils arrivés dans le bâtiment que le petit flocon solitaire, petit éclaireur pour l'escadrille, celui qui avait fait éternué le blond, fut rejoint par d'autres tombant d'abord lentement pour devenir plus denses… laissant les premiers s'évaporer contre le bitume pour que les salves suivantes, au fil du temps, se transforment en une petite nappe blanche. Une fois avoir franchi la première porte se dressant sur leur chemin, Hlyn se frotta les mains, les portant à sa bouche pour les envelopper d'un peu d'air chaud. Dès que le nouveau venu avait montré sa volonté de la suivre, l'adolescente avait marché machinalement, calmement vers le bâtiment les attendant avec de quoi se tenir chaud et se sustenter, surtout se sustenter, l'estomac de la jeune fille faisait du karaté dans son ventre… enfin c'était toujours mieux que de l'entendre se prendre pour Bruce Lee, ça aurait été beau qu'il crie encore sa faim. Tout le long du couloir, Hlyn priait qu'il se taise parce que là, l'écho surpris dans la cour aurait paru discret contrairement à un nouveau grondement dans ce long dédale ou chaque bruit, chaque tapotis de pas sur le carrelage était amplifié.

"Et tu viens d'où en fin de compte?"

Le tout était de faire comme si de rien était, comme si son estomac n'était pas sa préoccupation première et dans une petite hésitation malgré tout, elle osa demander ce sujet qui avait été si souvent abordé dans des termes peu élogieux. Hlyn marchant au coté du blond n'osa pas trop le regarder en posant cette question, préférant regarder au dehors au travers des fenêtres d'où on pouvait voir le ballet aérien de la neige qui tourbillonnait sur les vagues du vent pour finir sa danse sur le sol. Ses mains enfin réchauffées étaient venues se croiser dans le bas de son dos, au bout de ses bras tendus. Qu'allait il répondre? Allait il se rebiffer encore une fois? *Baka Hlyn!* La jeune fille se mordit la lèvre inférieure priant à nouveau pour son salut. Pourquoi de toutes les questions possibles et inimaginables, pourquoi avait il fallut qu'elle pose justement celle là?! Son échine se tendit encore une fois. De temps à autre, elle regardait le blond du coin de l'œil pour, une fois la porte du réfectoire en vue, faire quelques pas en trottinant, appuyant sur la barre qui faisait office de poignée, poussant ainsi un des battants le plus possible, finissant par se tourner afin de le retenir avec son dos.

"Après vous jeune homme"

Inclinée devant Keith, retenant la porte de son postérieur, Hlyn grimaçait face au carrelage, fermant un œil tout en espérant qu'elle avait agit assez vite pour éviter la possible foudre de la question d'un peu plus tôt. Il ne lui restait donc plus qu'à surveiller les pas du blond avec son œil encore ouvert et d'évaluer, au pif, le nombre de personnes présentes. Il y avait déjà le cuisinier qu'on entendait remuer toute ses casseroles, sans doute pour le repas du soir. Accompagnant le brouhaha de vaisselle, des bruits de plateau, de distributeurs de bonbonneries et de boisson en cannette et des jacassements. Dans tout ça, les manières peu communes de Hlyn passaient inaperçues. Qui pouvait s'intéresser à une demoiselle qui se prenait pour un laquais du Moyen-âge? Personne, hormis peut-être ceux qui avaient vu la gamelle magistrale mais après un coup d'œil sur l'adolescente, ceux-ci reprenaient vite fait le cour de leur discussion ou de leur repas…

Hlyn lui avait effectivement servi de guide et grâce à elle, ils franchissaient les portes d'un des bâtiments composant l'école, se retrouvant face à un long dédale de couloirs qui parut décourageant à Keith, déjà complètement perdu rien qu'à les regarder. Heureusement que la jeune fille savait où elle allait, parce que lui n'était plus vraiment rassuré, bien qu'il la suivait sans mot dire, s'attendant à d'autres "crises" ventrales de la demoiselle pour venir troubler ce silence qui en devenait oppressant. Ils passèrent devant des vitres le long du couloir menant à la cafétéria et le jeune homme risqua un coup d'oeil au-dehors, s'arrêtant quelques secondes le temps d'admirer ce joli spectacle: son flocon blanc en avait ramené d'autres avec lui. Si ça continuait à tomber comme ça sans interruption, ce soir même ou bien demain matin, il y aurait un magnifique et énorme tapis blanc lorsqu'on voudrait se risquer dehors. Autant prendre ses précautions avant de mettre le nez dehors, en espérant ne pas poser le pied sur une plaque de verglas lors de cette même sortie. Cela aurait le mérite du scénario catastrophe: un type non couvert qui glisse et se retrouve dans la neige jusqu'au cou. Résultat? Une bonne pneumonie au moins. Keith sembla enfin se rappeler où il était et ce qu'il était sensé faire, rattrapant la jeune fille avant qu'elle ne le sème à un tournant.

C'est alors qu'elle lui posa la question dont le sujet avait été mille fois rabâché au cours de leur dispute de points de vues et sa remise au point. D'où il venait? Keith feignit de reprendre sa mine froide et indifférence, de réadopter le même ton de voix désagréable, quoique un peu amusé des premiers instants pour la destabiliser une nouvelle fois, se remettre dans le personnage au mauvais rôle. Car au son de la voix de la jeune fille, il y avait une certaine hantise: celle de le revoir aussi impoli et insolent qu'au premier dialogue des deux zigotos? Sans doute, oui. Parce qu'il avait lancé les choses dans le tas, sans aucun tact et d'une façon plutôt mordante, maladroite en réalité, le jeune homme ne sachant pas toujours bien placer ses mots avec esprit critique. Et c'est ainsi qu'il lui répondit:

"Tiens donc ! Mes origines t'intéressent finalement? Je croyais que ça n'avait pas la moindre importance..."

Et devant sa tête médusée, il dût mordre ses lèvres pour ne pas repartir sur un nouveau fou-rire, les couloirs risquant de le répéter en résonance sur les murs jusqu'à ce qu'un des deux obtienne un mal de tête pas possible. Elle voulait savoir d'où il venait finalement? Keith laissa un petit silence s'installer, le temps de se rappeler ce qu'on lui avait raconté sur ses origines, car bien entendu il ne s'en souvenait pas. Il y était juste né après tout, il n'y avait pas passé son enfance à son grand regret. D'où il venait? Oui, ça devait être ça...

"Je suis né en Norvège mais il n'y a que ma mère qui est Norvégienne. Mon père est Japonais, et j'ai passé pratiquement toute ma vie sauf les premiers mois au Japon."

Malgré son ignorance totale au sujet de "son" pays, le jeune homme se posait des questions à son sujet, désirait y faire un tour, connaître un peu plus ses parents maternels, en connaître toutes les coutumes, tous les chants, la langue entière,... Bref, tout ce qu'un étranger était en droit de connaître de son pays d'origine en somme. Il n'y avait passé que quelques mois après sa naissance, juste le temps de chercher un logement valable ici et le temps d'y installer tout le mobilier, de préparer tous les papiers de voyage, de transports, etc.

"Et toi, tu sors d'où?"

Keith avait repris sa "bonne" tête entretemps et à leur arrivée au réfectoire, il manqua de peu de se cogner contre Hlyn et de lui refaire faire une chute magistrale, lui avec, tellement il s'était laissé distraire par ses pensées. Un peu gêné, il la regarda ouvrir les portes, s'incliner devant lui et lui permettre de passer comme un majordome ou une personne bien élevée l'aurait fait pour leur maître ou quelqu'un d'autre. Bref, un geste de politesse fort apprécié le plus souvent, lui amenant un sourire au coin des lèvres. Le jeune homme pénétra donc dans le réfectoire, admira la grandeur de la salle, les allées et venues de quelques élèves ayant fini de manger ou allant quémander pitance aux distributeurs ou au cuisinier là-bas au fond. Eparpillées dans la salle, il y avait également des tables assez grandes pour y entasser une dizaine d'élèves grand maximum et quelques-autres plus petites pour les groupes plus restreints. Attablés à certaines, des groupes d'élèves ou quelques solitaires sirotaient leurs verres ou mangeaient un petit bout avant le repas du soir, ou bien le prenaient à l'avance si jamais ils avaient trop de boulot pour la soirée. Quelques-uns levèrent la tête dans leur direction en signe d'accueil, puis la replongèrent calmement dans leurs assiettes ou dans leurs conversations pour le moins animées. Keith eut un mouvement d'hésitation et se retourna vers Hlyn.

"On va s'asseoir où?"

Pour lui, pas question d'aller déranger un élève mais comme la plupart des tables étaient encore libres, il ne savait où aller, ni laquelle choisir. Et pour ne rien retrancher au final, il se sentait un peu idiot à hésiter comme ça après tant de bravades les minutes précédentes. On était bien loin du démon ingrat et gueulant des quelques dernières vingt minutes. Là ne restait plus qu'un ange hésitant à faire un choix et préférant au contraire une main secourable tendue par Dieu lui-même.

[Oui, ne vous gênez surtout pas ! On mord pas ! ^^]

Mais pourquoi le lui avait elle demandé? Pourquoi? Alors que tout se déroulait tranquillement, qu'ils marchaient côte à côte en silence, Hlyn laissant le blond prendre ses repaires, souriant de le voir s'émerveiller devant le spectacle de la nature au dehors. Elle-même s'était arrêté en ne trouvant plus Keith à ses côtés et sans vouloir le rappeler à l'ordre, fit de même. Regardant le ballet hivernal, calme, reposant avec pourtant quelques bourrasques sauvages… tiens, étrangement ça lui rappelait quelqu'un; un blond tranquille qui se déchaîne pour un rien, un jeune homme qui la rejoint pour reprendre leur marche et à qui l'adolescente n'avait rien trouvé de mieux que de remuer le couteau dans la plaie: ses origines! Il y avait vraiment de quoi s'en vouloir d'avoir ouvert la bouche, même les grondements de son estomac auraient été plus judicieux que cette question, et ce n'était pas l'ébauche de réponse de Keith qui la rassura, pas avec cette petite pointe d'ironie en tout cas.

Ça sentait le savon à plein nez, quelque chose du genre ça ne te regarde pas ou autre remarque du même style. Si elle avait été seule, elle se serrait taper sur la tête, se traitant d'idiote une bonne centaine de fois alors à défaut de passer pour une folle, Hlyn se contenta de se l'imaginer, se passer un film où elle se réprimandait de toutes ses forces, autant verbalement que physiquement. Mais à présent, il ne restait qu'à écouter la réponse sans broncher, sans sourciller et surtout… SURTOUT sans réagir du tac au tac. Ça c'était autre chose… pour les lecteurs du précédent topic, vous conviendrez que Hlyn n'est pas le modèle de sagesse même, fonçant comme un bourrin dans les prises de têtes pour se rendre compte après, que le mal était fait. Et quand le mal est fait, c'est une autre paire de manches que de s'en sortir, de parvenir à calmer les ardeurs de l'un comme de l'autre… c'était même à se demander comment ça avait passé la fois précédente.

C'est alors qu'elle apparu, grande, magnifique… la sauveuse: la porte pour qui la jeune fille pressa un peu le pas, laissant le blond en retrait afin de lui ouvrir la porte et c'est en ouvrant celle-ci que Hlyn eu droit à sa réponse, grimaçant en s'imaginant la catastrophe qui en fin de compte n'en était pas une du tout; ça eu même le mérite de lui faire ralentir le mouvement, ouvrant la porte avec lenteur. Alors que son visage s'était figé dans une moue suspecte, ses sourcils se défroncèrent, son œil fermé se rouvrit et l'adolescente eu grande peine à ne pas pousser son soupir de soulagement. La seule preuve de son soulagement fut sa phrase joyeuse pour laisser passer le jeune homme devant elle. Mais les yeux toujours au sol, Hlyn eu une petite frayeur *à gauche, va à gauche* Non mais l'idiot, encore un peu et l'adolescente aurait à nouveau dit bonjour au plancher des vaches. Ce coup ci le soupire s'entendit, elle avait eu chaud d'un seul coup… et en se redressant derrière Keith, Hlyn saisit sa question tout en revenant à ses cotés.

"Moi je viens d'un peu partout… ma mère est anglaise, mon père japonais avec des origines chinoises et je n'ai jamais vécu plus de trois ans dans le même pays… donc on va dire que je suis une fille du monde"

Ça sonnait bien cette expression tiens, Hlyn sourit de fierté de cette petite conclusion avant de poser son regard sur les personnes présentes. Pas âmes connues de prime abord mais bon, il y avait des personnes de dos dont on ne voyait pas grand-chose, d'autres personnes plus petites que d'autres qui étaient à peine devinables derrière un groupe, donc au pire, si quelqu'un dans l'assembler connaissait Hlyn, cette personne n'aurai qu'à l'interpeller, elle, sur le moment même: elle avait faim! Ainsi la jeune fille s'empara d'un plateau et marcha machinalement vers le self, regardant malgré tout, toujours autour d'elle des fois qu'en changeant de place, d'autres personnes apparaîtraient à son regard.

*À table~euh*

Toujours en vérifiant que Keith était tout près, la jeune fille se servit, faisant la moue devant les pâtisseries et autres. Munie de sa pince à brioche, Hlyn hésita, portant sa main vers les onigiri puis les pains aromatisés sans vraiment savoir quoi prendre. Son choix se porta enfin vers des pains aux raisins, une fois, deux fois, trois fois sa pince s'empara de ces brioches mais se connaissant, préféra remettre le troisième en place. Il ne manquait donc plus que la boisson. La jeune fille s'avéra bien indécise encore une fois vu qu'elle hésita entre thé et chocolat chaud. Encore avec sa bouche en cœur et les sourcils froncés, Hlyn se décida enfin pour le chocolat chaud et pendant que ce dernier remplissait sa tasse, elle se tourna vers la salle pour répondre une nouvelle fois à Keith.

"Hum… là ça à l'air bien non?"

Hlyn, après un nouveau coup d'oeil circulaire, indiqua du doigt une petite table pour quatre personnes maximum situé près des fenêtres et pas trop loin d'un radiateur, un bon point stratégique en somme. Et une fois servie, c'est par là qu'elle se dirigea, marchant tranquillement en prenant soin de ne pas renverser sa tasse et en ne semant pas Keith. Mais sa concentration était telle qu'elle préféra rester muette jusqu'à ce qu'elle soit sûr que son plateau était en sécurité sur la table. Et sans attendre d'être assise, tirant la chaise à elle, revint sur leur sujet de conversation qui ne semblait plus un drame; s'asseyant sagement devant son premier repas de la journée qui arrivait bien tard dans la journée selon les manifestations de son estomac qui avait senti la bonne odeur.

"Mais pourquoi tu m'as agressé en disant que t'étais étranger si tu as toujours habité ici?"

{Enfin je peux promettre que JE ne mords pas, Keith, ça c'est autre chose :twisted: }

Bien. Il était maintenant arrivé à destination, et installé. Ses valises reposaient sous son lit, à présent vides. Il soupira en repensant au chemin qu'il avait fait, à cette petite vie qu'il avait eu jusque là. Sa soeur était loin, son père l'avait toujours été. Sa grand-mère bien-aimée était morte et au final, il se retrouvait plus seul qu'il ne l'avait jamais été. Mais, cette solitude soudaine l'inquiétait-elle plus que cela ? Non, pas vraiment. Il n'avait jamais eu beaucoup d'amis et à vrai dire, n'en voulait pas. Il appréciait davantage deux ou trois toutous à sa botte plutôt qu'une ribambelle de personnes inignes de sa confiance et surtout de sa présence. Il se laissa tomber sur son matelas, les mains derrière la nuque et ses yeux fixant le plafond. Qu'allait-il faire maintenant ? être seul ne lui faisait pas peur donc, mais il espérait bientôt trouver quelques larbins pour satisfaire ses envies narcissiques. Il se demandait s'il parviendrait à réfréner sa colères et ses autes d'humeur assez longtemps pour se trouver quelques suiveurs. Pour le moment, il doutait fortement du contrôle qu'il avait de ses nerfs. Il savait pertinement que depuis toujours, c'était son point faible. Mais il n'avait jamais rien fait pour arranger la situation, puisqu'elle était en partie responsable de sa réputation de chef de bandes et d'égoïste distingué. Cette position d'intouchable lui avait toujours rendu service et il avait beaucoup aimé ça, ce sentiment de puissance et d'autorité... il rêvait de la retrouver, mais à vrai dire, son irrascibilité était telle ces temps-ci, qu'il doutait d'être assez patient pour trouver ses fidèles. Il soupira de nouveau en se redressant, il n'allait pas rester là toute la journée. Etre enfermé ne lui disait rien, et il avait comme une envie de se dégourdir les jambes.

Il possa donc la porte de sa chambre, et s'enfonça dans le couloir vide d'élèves. Tant mieux, il n'avait aucune envie de croiser quelqu'un, un peu de tranquilité ne nuisait à personne et en outre, Sotan était ce genre de personne qui semblait en avoir toujours besoin tant il s'énervait facilement lorsqu'il était entouré. En ce moment même, il était plutôt calme. Et insistons sur le "plutôt" car un Sotan calme n'était plus vraiment Sotan. Et il se préférait sur les nerfs et prêt à réagir plutôt qu'affable et naïf. Il n'avait rien de ces pauvres gars qui voyait tou en rose et qui n'espérait que voir le sourire sur le visage de leurs amis. Lui déjà, n'avait pas d'amis. De plus, il toruvait que la frustration et le dépit seyait beaucoup mieux à ceux qui l'entouarait. Il se plaisait à les torturer et à les soumettre. Il était comme ça après tout, et il ne tentait pas de le nier. Il était détstable et égoïste, incapable de faire du bien à ceux qui l'entourait et très doué pour partager sa mauvaise humeur. Mais il se fichait bien de ce qu'on pouvait penser de lui, du moment qu'il se savait craint et respecté.

Il se tenait devant la porte du réfectoire, et hésitait maintenant à y entrer. Une petite faim le taraudait bien, mais il n'avait pas franchement envie de se retrouver entouré. Il soupira encore, plus ou moins résigné. Tant pis, il n'aurait qu'à faire comme si personne n'existait à part lui. Il était très doué pour ce genre de choses. Il poussa donc la porte et resta un moment figé par la brouhaha qui régnait dans la pièce, il eut une grimace dépréciatrice, et pénétra enfin dans la pièce en laissant la porte se refermer derrière lui. Il prit son courage à deux mains et s'empara d'un plateau. Sa main se referma automatiquement sur quelques onigiris et un chocolat chad vint bientôt rejoindre le reste du plateau. Il n'était pas du genre à saliver devant un repas, mais le fait qu'il n'avait pas prit une bouchée depuis hier soir le faisait s'impatienter devant les petits trésors étalés devant lui. Il déglutit péniblement et s'empressa detrouver une table libre. Il n'y en avait aucune, à son grand désaroi. Il devrait partager une table avec... avec des gens comme eux. Sa journée finissait bien. Il slaloma un moment entre les tables, observant distraitement les gens installés, plongés dansleurs conversations ou riant de bon coeur. Il soupira, encore et repéra enfin une table où deux jeunes gens étaient installés. Ils semblaient un peu plus tranquilles que tous ces autres ploucs, et lui ficheraient sans doute la paix. Priant pour passer un moment tranquille, il s'avança jusqu'à la table, et prit une chaise au hasard, sur laquelle il s'assit, et débuta son "goûter" sans un mot.

[Voilà voilà ^^]

Keith en avait encore le rictus aux lèvres de la frayeur qu'avait dû éprouver Hlyn. C'était un magnifique spectacle de la voir tout d'abord l'attendre, hésitante, puis continuer son chemin, ouvrir de plus en plus lentement la porte et puis de le faire gracieusement entrer. Enfin, si ça se trouve, elle allait encore l'engueuler de cette petite comédie. A croire que son talent d'acteur était au point, entre le diable et l'ange. Le jeune homme, après sa réponse, avait ensuite attendu avec impatience presque celle de la jeune fille qui lui répondit quelque chose d'assez curieux, et assez tentant du point de vue des autres. Ne pas avoir de domicile fixe, voyager entre pays divers et variés. Mais ça ne devait pas être bien drôle pour la jeune demoiselle qui n'avait sans doute jamais pu connaître ce que l'on appelait un "doux chez-soi", à changer sans arrêt de maison ou d'appartement. Keith se demanda alors vaguement quels métiers pouvaient bien exercer ses parents pour en arriver à autant de voyages de par le monde. Cette question aurait cependant été beaucoup trop indiscrète à son goût, aussi il s'abstint de la poser pour le cas où. Il y reviendrait sans doute plus tard, s'il y repensait.

Tout en parlant, ils s'approchèrent du self-service, attrapant chacun un plateau et le faisant circuler à l'endroit prévu (comme dans les séries américaines ^^ j'ai un truc du genre dans mon école), regardant les divers plats proposés. Des encas pour la plupart. Keith fut vite tenté par une onigiri à la prune salée et par une autre au saumon, puis par divers petits gateaux fourrés, qu'ils soient japonais ou non. En dernier lieu, la boisson: la bave aux lèvres, il s'empara d'un verre de chocolat chaud, le détenant entre ses mains et savourant la chaleur si chaude que dégageait la tasse, un véritable bien-être s'installant dans son corps par le biais de ses mains. Cela dura juste quelques secondes, puis il reposa le verre sur le plateau avec le reste et poursuivit son ascension pour ensuite l'emporter et suivre Hlyn, qui garda néanmoins le silence durant tout le temps que dura leur recherche d'une table, une de quatre pour la commodité, puis leur installation.

"Oui, ça a l'air vraiment succulent. J'en avais tellement envie de ce chocolat chaud depuis toute à l'heure !"

D'ailleurs, la première chose qu'il fit fut littéralement d'engloutir une première et longue gorgée de ce fameux chocolat, lui réchauffant les entrailles et y laissant une sensation tout aussi savoureuse, à peine désagréable -comme si son estomac brûlait en fait- qui lui fit retirer son écharpe et ses gants qu'il déposa à côté de son plateau sur la table. Il apporta ensuite une boule de riz jusqu'à ses lèvres et la gouta, tout aussi savoureuse. Il avait presque l'impression de planer sur un petit nuage rose. Encore meilleur que le shit et les drogues, la bonne nourriture bien chaude en hiver ! Effet garanti, satisfait ou remboursé ! Le temps d'enfourner quelques bouchées de plus et Hlyn posait la question fondamentale du déclenchement de la guerre. Keith prit bien soin d'avaler ce qu'il mâchait encore en bouche et de s'essuyer des quelques grains de riz solitaires et épars autour d'elle, avant de répondre de l'air le plus détaché possible:

"Tout simplement parce qu'à chaque fois que je débarque dans une nouvelle école, c'est toujours la même chose. Aaah tes cheveux sont pas noirs, donc t'es pas d'iciii...Enfin bref, ça n'a jamais favorisé mon intégration. C'est pour ça que dès que je t'ai vue me regarder avec autant d'insistance, j'ai préféré l'avancer en premier, tellement ça m'énervait."

Et tout en expliquant les raisons de cette soudaine crise de colère dans la cour, un autre élève pénétra dans le réfectoire, un élève que Keith aperçut à peine tant il était plongé dans son explication brève, mais significative, et n'accorda de l'attention au nouveau venu que lorsqu'il eût achevé sa phrase. Là, il prit le temps de l'étudier en le regardant en coin. Et sans savoir exactement pourquoi, chaque fois que le jeune homme déposait les yeux sur lui, un frisson de crainte le parcourait des pieds à la tête. Et ses impressions le trompaient rarement; ce type-là, il valait mieux ne pas le chercher. Ou en tous les cas, pas suffisamment longtemps pour lui permettre de vous en foutre une et que ça termine sur un lit d'hôpital, si vous voyez ce que je veux dire. Qu'importe l'air calme qu'affichait l'adolescent, ça n'était pas vraiment pour rassurer notre petit -c'était le cas de le dire xD- Norvégien blondinet.

Or, comble de l'horreur, en cherchant une table plus ou moins libre, Sotan se dirigeait dans leur direction. Keith tenta sans succès de se concentrer sur son propre repas et sur la voix de Hlyn qui avait repris la parole -supposition- ou qui était bien trop occupée par son assiette pour remarquer tout leur manège. Le brun s'installa alors à leur table, émettant un petit bruit de plateau indiscret et ne leur adressa ni un regard, ni le moindre mot. Keith soupira de soulagement quelque part, lui adressa un dernier regard en coin, se força à refroidir son visage et poursuivit son repas également, comme si de rien n'était. Pourquoi se prendre la tête pour pas grand-chose et s'en couper l'appétit?

La lala que ça avait l'air bon tout ça!! Pour peu, on aurait pu croire que l'estomac de notre adolescente prononçait cette exclamation au travers des yeux vairons de Hlyn qui en étaient à dévorer son plateau des yeux alors que ses mains se débattaient tant bien que mal pour parvenir à ôter les manches du manteau de celle-ci. Non mais comme si elle n'avait pas pu l'enlever quand elle était encore debout?! Non, mademoiselle avait attendu d'être assise pour tenter d'enlever ce gros truc feutré alors que son buste était coincé entre la table et le dossier de la chaise. Et bien sûr, c'est quand on est dans ce genre de situation que les manches ont décidé de ne pas vous donner de coup de main et que vos coudes se prennent perpétuellement le dossier de la chaise ce qui fait mal et quand ça fait mal on grimace… Mais Ô joie, Hlyn fut la plus forte et au bout de près de deux minutes de lutte acharnée, elle put passer ses doigts autour de sa tasse de chocolat fumant. Quelle douce sensation que celle là, même si la faïence avait tendance à brûler sur le long terme après avoir eu les mains gelées, c'était agréable, parfait autant pour commencer le repas que pour écouter attentivement Keith.

Néanmoins, elle ne garda pas son regard sur lui, préférant se rabattre sur la vitre d'où on pouvait encore voir la neige tomber avec insistance. *Pauvre Keith* maintenant qu'elle comprenait mieux, même si l'explication semblait clignoter façon tube néon sur le front du blond, ce que Hlyn ne semblait pas avoir capter de prime abord, maintenant c'était plus claire; assez pour que dans les tourbillons de flocons, elle imagine ce que ça pouvait être. Horrible! Gênant! Agaçant! Tous ces mots résonnèrent dans sa tête et assombrissait son visage. Par chance elle n'avait pas eu le même sort, juste des WOUAH tes yeux… on dirait un husky. Et puis, ça venait peut-être aussi du fait qu'elle était une fille, souriante, gai comme un pinçon… allez savoir, en tout cas, sa différence n'était pas aussi flagrante que celle de Keith donc même si elle n'avait pas tolérer se faire chambrer de la sorte, Hlyn pouvait comprendre.

De retour de sa réflexion, elle porta sa tasse à sa bouche pour ensuite suivre le regard lointain du blond, qu'avait il vu? Un fantôme? Du coin de l'œil, la tasse toujours à ses lèvres, Hlyn chercha ce qui pouvait être si inquiétant jusqu'à tomber sur un beau jeune homme, elle s'en brûla la langue d'ailleurs en étant ainsi subjuguée tout en buvant son breuvage bouillant. C'était limite que ça lui ressorte par le nez (limite j'ai dis -__-) L'adolescente reposa alors sa tasse avec célérité pour essuyer sa bouche qui devait ressembler à celles des gens dans la pub pour le petit fromage rond à la 'coquille' rouge (on fait pas de pub!) mais en version chocolatée.

"C'est vrai… que ça doit… être chiant"

Voilà tout ce qu'elle parvint à dire entre deux toussotements, revenant ainsi dans la discussion initiale

"Je sais pas trop ce que j'aurai fait à ta place si on m'avait toujours rabâcher la même chose tout le temps, quoique, c'est pas mal non plus avec mes yeux… mais c'est ce qui fait tout mon charme non"

Hlyn tira un bout de langue pour enfin assouvir les envies de son estomac qui ne broncha plus de voir ainsi des bouts de pains aux raisins lui parvenir bout à bout. Mais l'adolescente n'était pas trop sûr que Keith ai remarqué cette petite grimace gentille, il semblait encore surveillé le reste de la salle, peut-être encore le beau jeune homme aussi mais avant même de s'en assuré, voilà qu'il regarda à nouveau Hlyn un peu hébétée de son attitude, et qui dès lors ne trouva rien de mieux que de chuchoter, comme si la personne responsable de ce nouveau stress était un assassin près à les entendre.

"Ça va? T'es tout… "

Pâle?! Ce mot, Hlyn n'eu pas le temps de le dire qu'une personne passa derrière elle pour venir s'asseoir à leur table. Et quelle personne! La salive de l'adolescente eu du mal à passer d'un seul coup. C'était un beau tableau, un blond devenu muet et limite paniqué et un qui play-boy qui débarque, sans un mot, sans un je peux? ni un bonjour et qui s'installait à leur table… Hlyn ne savait dès lors plus où regarder, son nouvel ami ou l'inconnu, on l'aurai cru à un match de tennis, sur un court très étroit de même pas deux mètres sur deux. Hlyn qui avait redressé le dos en sentant cette personne passé était toujours là à les dominer d'une tête, son pain aux raisins entre les mains dont elle ne savait si elle pouvait le manger ou pas et des yeux écarquillés clignant plusieurs fois.

*O…K… on fait quoi maintenant?*

Déjà on se détend, on remet gentiment son dos contre le dossier de la chaise mais manger, Hlyn n'y arrivait plus sur le moment même, Keith semblait avoir la fâcheuse tendance de refiler ses émotions autour de lui, en tout cas, à Hlyn qui sentait ce mal aise envahir la place. Et quand ce n'était pas le blond inquiet qu'elle regardait, elle ne pouvait pas s'empêcher de regarder avec effarement l'autre qui mangeait tranquillement comme s'il était seul à table, chose qui incommodait un peu, voir beaucoup, notre petite demoiselle qui se pencha dans sa direction, tenant toujours son pain aux raisins à deux mains devant elle.

"C'est bon?"

Il y avait mieux certes mais c'est tout ce que Hlyn avait trouvé pour faire remarquer au grossier personnage qu'il n'était pas seul à table et qu'en l'occurrence là, il était pile entre Keith et elle, à l'emplacement où on met l'ami/chandelle lors d'un tête à tête, ce qui laissait présagé que c'était le cas vu que Hlyn murmura cette question avec une pointe d'agacement. Sentiment qui était dû au fait que cette personne s'impose et non au fait qu'il interrompait quoique ce soit d'indiscret.

Sotan s’était assis comme il l’aurait fait s’il avait été seul. S’il n’avait même pas fais semblant de se montrer poli, c’est tout simplement parce qu’il ne l’était pas. Ou plutôt parce qu’il l’avait tellement été qu’il n’avait plus du tout envie de l’être. Il avait été éduqué par une grand-mère sévère et attaché aux vieilles coutumes japonaises et coréennes également, ce qui avait eu pour incidence de faire baigner le garçon dans un environnement feutré et silencieux, ou les enfants ne regardaient pas les adultes dans les yeux, et où le respect du aux plus âgés que soit était plus que de mise. Il s’était soumis à ces coutumes sans un mot, par amour pour la seule personne qui était jamais entrée dans son coeur et qu’il avait aimé tendrement. La seule personne qui s’était occupé de lui sans se défiler, et qui lui avait donné un amour que son père même lui avait refusé. Il avait du mal à croire que tous deux étaient d’ailleurs de la même famille. Cependant, le fait est qu’il était devenu cet être revêche et froid qu’était également son père, à croire que nos origines nous collaient à la peau, quoi que l’on fasse. Il était invariablement devenu ce qu’il haïssait le plus, et il l’avait finalement accepté, sans vraiment en faire de difficulté. S’il paraissait compliqué, Sotan l’était beaucoup moins qu’on ne pourrait d’abord le penser.

Il soupira et posa un des onigiri qu’il avait prit au hasard. Il soupirait beaucoup ces temps-ci. Ou peut-être soupirait-il autant depuis sa naissance même. Pourquoi ? Ca n’était sans doute pas important puisque lui-même n’en connaissait pas la raison. S’il avait été du genre à se plaindre encore, mais pas du tout. Il n’avait pas eu un début de vie des plus joyeux, mais il avait appris à être heureux avec ce qu’il avait, de plus, il avait été plutôt choyé par sa grand-mère, bien qu’elle ait été parfois très dure. Non, il ne se considérait pas comme quelqu’un de triste, bien au contraire, il se définissait comme très heureux, n’ayant besoin de rien de plus que ce qu’il possédait à présent. Il prit sa tasse de chocolat chaud entre ses mains, sans pour autant porter attention aux deux adolescents qui le regardaient plus ou moins surpris, et la porta à ses lèvres. Le breuvage réchauffa instantanément son corps et il soupira de nouveau, mais cette fois d’aise. Rien de mieux qu’un bon chocolat chaud pour mettre ses pensées sombres de côté. L’hiver n’était pas une bonne saison, et il préférait de loin le printemps et ces boutons de fleurs. Non pas qu’il soit d’une nature fleur bleue, mais au moins à cette époque, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid. Et surtout, il ne neigeait pas. La neige était bien une de ces choses qu’il avait en horreur, elle collait et vous glaçait en un instant, et impossible d’avoir l’air malin sur cette grande étendue blanche. Le risque de chute était bien trop grand. Non, il avait cette saison en horreur depuis qu’il s’était cassé un bras alors qu’il courait rejoindre sa sœur qui rentrait de l’école.

Il eu soudain chaud, grâce au chocolat sans doute, et se redressa pour ôter ce manteau qui le mettait plutôt mal à l’aise à présent. Enfin, manteau était exagéré. Ca ressemblait davantage à une petite veste et le fait qu’il ait froid avec ça n’étonnerait personne. Il enleva donc sa veste noire avec habileté et la posa négligemment sur le dossier de sa chaise. Ce fut ce moment que la jeune fille assise près de lui choisi pour lui adresser la parole.

[Hlyn] – C’est bon ?

Il tourna son regard noire vers elle, un regard qui n’exprimait pas grand-chose et qui aurait pu tout aussi bien dire « fiche-moi la paix » que rien du tout. Il resta un long moment à simplement l’observer, semblant seulement s’apercevoir de sa présence. Il se tourna de l’autre côté, afin de poser ces mêmes yeux sur un jeune homme blond, assis près de lui également. Il semblait réellement se rendre compte qu’il n’était pas seul, et ses paupières clignèrent frénétiquement, comme s’il s’éveillait à peine et retrouvait un endroit bien trop éclairé. Il fit de nouveau face à la jeune fille, hésitant presque à lui répondre. Lui qui cherchait la tranquillité, c’était visiblement raté, mais après tout, c’était de sa faute. S’il avait été plus fin, il aurait évité de s’installer près d’une fille, ça lui aurait évité bien des ennuis et apporté bien plus de tranquillité (Ouuh… macho va ! 8D).

N’exagérons rien.

Il dit cela sur un ton neutre, ni vraiment agressif, ni franchement affable. Mais affable, il ne l’était absolument pas, pourquoi en chercher dans sa voix ? Il se désintéressa tout aussi vite de la jeune femme, n’ayant aucune envie de lui retourner sa question. Il n’avait pas du tout l’envie de l’entendre caqueter de nouveau (Vilain vilain vilain ç_ç). Son regard tomba alors sur l’onigiri qu’il n’avait pas encore entamé, et s’aperçu alors qu’il était justement au goût qu’il aimait le moins. Une espèce de prune salée… qui pouvait bien avoir l’idée de mettre une chose aussi immonde dans un onigiri ? Il eut une grimace et prit distraitement la denrée dans sa main, qu’il tendit au garçon. Certainement pas par générosité, mais simplement parce qu’on ne gaspillait pas sa nourriture. N’est ce pas. Il était totalement indifférent à la gêne qu’il avait pu provoquer chez le garçon, aussi bien que chez la jeune fille. Pourtant, le petit blond n’avait pas décroché un mot, pour le plus grand bonheur de Sotan, et n’avait pas levé les yeux de son plateau. Mais à vrai dire, peu lui importait.

Tu le veux ?

[Désolée du retard ^^']

Keith continuait donc à manger même si la nourriture n'avait à présent plus aucun goût ou presque à ses papilles. Pas que ça soit vraiment l'oeuvre de l'arrivée de l'inconnu, mais plutôt le fait qu'il était sans gêne, très peu bavard et que ce genre de gars risquait de retourner sa veste d'indifférence pour une plus appropriée d'aggressivité à tout moment, ce qui le stressait bien davantage. Pas que Sotan en soit capable, il ne connaissait pas donc ne pouvait deviner mais son imagination fertile lui faisait voir comme de petits films dangereux s'il s'avisait de faire remarquer son impolitesse à ce malotru tout droit sorti de nulle part. Là encore, c'était la voix princière qui s'exprimait ainsi, déclamant avec sagesse que la prudence était mère de sûreté. Mais la diablesse, elle, ne tarderait pas à se faire entendre et à reprendre le dessus au vu du masque que le blondinet reprenait petit à petit, et que craignait d'ailleurs Hlyn qui ne remarqua la situation que lorsqu'elle se vit ressortir de sa rêverie. Néanmoins, il fallait tout de même garder la tête froide et agir comme si de rien n'était, avec pure indifférence.

"A ma place, tu serais devenue aussi folle que moi. Quand à tes yeux, je dirais que ça donne un petit côté mystique."

De la drague diraient certains, simple compliment remarqueraient d'autres. Lesquels étaient les plus avisés? Ceux qui arrêtait de s'imaginer des cinémas d'amour chaque fois qu'ils interceptaient un garçon en bons termes avec une jeune fille. Être en bons termes avec le sexe opposé ne signifiait pas forcément que l'on drague la fille, que l'on sorte avec elle ou quoi que ce soit d'autre. Les gens ont de ces mentalités parfois qu'ils en oublient même ce qui se trouve devant leur nez alors que ça crève parfaitement les yeux (beaucoup sont comme ça à mon lycée, dès qu'on me voit avec un mec c'est direct: "tu le dragues !" ou "t'as une touche !" très énervant =_=).Keith s'amusa intérieurement des petites grimaces de langue de Hlyn pour goûter sa boisson ou la nourriture. Ensuite, elle fit une réflexion incomplète mais qu'il comprit cependant plutôt bien. Quoi? Il était pâle? Rouge? Peu importe, il n'avait pas de miroir sous la main pour vérifier mais bien sûr, ça n'allait pas trop depuis l'arrivée tendue de Sotan. Il électrifiait la pièce et la rendait lourde soudain. Ou peut-être était-ce juste une impression?

"Si si ça va, tout va bien."

Sur ces lèvres, Keith essaya tant bien que mal de formuler la phrase "ne lui adresse surtout pas la parole", espérant que Hlyn savait lire sur les lèvres et le comprendrait sans qu'il ne doive faire des gestes de clown acrobate parachutiste. Disons que Sotan n'avait pas vraiment une tête de gai luron, et semblait d'ailleurs plutôt mécontent vu la bouille ronchonne qu'il affichait, ou peut-être était-ce par simple habitude? En tout cas, le blondinet en avait un drôle de pressentiment. Injustifié sans doute mais comme le faisait si justement remarquer sa petite voix un peu plus tôt: "prudence est mère de sûreté" et un dicton se vérifie toujours de par ses conséquences. Le Norvégien glissa un coup d'oeil vers la jeune fille et remarqua avec grand désarroi intérieur qu'elle aussi semblait nerveuse tout à coup. De colère? D'indignation? De désir d'engager la conversation? Dieu seul le savait. Malheureusement, Hlyn ne comprit pas son message gestuel et non oral et adressa la parole au bel -il fallait le reconnaître, il avait un certain charme, un certain magnétisme attirant- inconnu. Et ce fut une phrase à tomber des nues, même si le contexte était approprié. Enfin, c'était certain qu'il y avait mieux en matière de début de conversation mais tout de même.

Keith jeta alors un coup d'oeil en direction de son voisin et surprit le regard qu'il adressa à Hlyn, sans pour autant que ce qu'il y voyait lui plaise. Un peu plus et il se serait crû dans un de ses romans qu'il adorait dévorer ! Il avait le regard vide, absolument inexpressif ! On aurait dit un corps sans âme, genre un zombie parfaitement reconstitué par quelques faits étranges et naturels. A peu de chose près que c'était bel et bien un être humain malgré son attitude quelque peu étrange. Mais le jeune homme fut encore bien plus surpris par la réponse que ce même voisin accepta d'accorder à la jeune fille, comme s'il l'en jugeait digne après son jugement oculaire. Ouf, Dieu soit loué ! Le danger était à peu près passé. Enfin, sauf si on l'interrompait encore sûrement. Keith s'autorisa un long soupir de soulagement et replongea, plus satisfait, dans son assiette pour y achever son repas, ainsi que les restes d'onigiri qu'il n'avait pu se résoudre à terminer. Un petit instant passa ainsi dans le silence, troublé seulement par le bruit de leurs mastications collectives ou par le boire de leurs boissons.

C'est alors que Keith en vit une autre comme par magie, apparaissant juste devant son nez. Une odeur de prune salée en ressortait, très alléchante. Une petite denrée innocente qui n'attendait que sa bouche et ses dents pour la dépiauter. Il en salivait presque. Mais là encore, il aperçut une main, plus grande que la sienne, plus masculine encore que la sienne, plus ferme que la sienne, plus...bref on avait compris. Et cette main appartenait justement au garçon qui lui proposait plutôt charitablement la dernière bouchée de repas qu'il lui restait. Quelle générosité mais...c'était quoi le hic? Un piège? Une ruse pour ensuite se fiche de lui (oui oui il est assez parano sur les bords lui par contre xD).

"Merci mais...ça ira, je n'ai plus très faim."

Il hésitait. Devait-il ou non prendre cette fichue boule de riz savoureuse malgré le fait qu'il l'aie touchée? Même si ça n'avait rien de malsain de prendre de la nourriture avec les doigts pour le donner à un autre, Keith trouvait cela disons...aussi dégoûtant que de retrouver un cheveu -ou pire une bestiole morte ou vivante- dans sa soupe. Pas qu'il insinuait que Sotan eut les mains sales et remplies de vermines mais sa raison l'en empêchait. Et puis, tout ce stress avait considérablement diminué son appétit, même s'il avait tout de même réussi à caser tout ce qu'il avait emporté dans son estomac, à grand-peine. Donc quelque part, il n'avait pas menti. Mais il espérait aussi ne pas avoir vexé le grand brun avec son refus. To be continued...

Comment vouliez vous ne pas être perdue avec ces deux là?! Entre le petit malaise engendré par mister play-boy qui débarque à table sans crier gare et Keith qui se renferme à nouveau dans le silence bien que ses lèvres semblaient articuler quelque chose que Hlyn, sur le moment même, tentait bien vainement de répéter tout aussi silencieusement. * Ne lui… ne lui a… ne lui accorde sur… surtout pas… ton bol… ne lui accorde surtout pas ton bol?* Mais que racontait il celui là? Les yeux vairons de Hlyn scrutèrent chaque parcelle de son plateau, mais y avait pas de bol juste un énorme Mug plein de chocolat chaud mais aux vues du plateau de l'intrus, lui aussi avait une tasse donc, de quoi Keith parlait il donc? Ça la démangeait de le lui demander mais valait peut-être mieux pas, c'était de l'intrus qu'on parlait donc fallait rester un minimum discret…Hlyn se contenta donc de l'interroger du regard sans succès. Bah tant pi, Hlyn haussa les épaules et c'est alors qu'elle posa sa question quant au repas du nouveau qui reçu une réponse particulière… pas spécialement par ses mots qui étaient somme toute assez banaux mais par ce regard. Pour la première fois de sa vie, la jeune fille se sentait invisible, si le jeune homme ne lui avait pas répondu, elle aurait véritablement cru être translucide vu la façon que ce garçon avait posé les yeux sur elle. Dès lors, impossible de le lâcher des yeux, le regardant avec étonnement et sans trop savoir quoi ajouter d'autre bien qu'il n'y avait rien d'autre à dire en fin de compte. Elle aurait pu se remettre à son propre repas mais ses mains restèrent appuyées sur son plateau, son pain toujours à moitié mangé entre ses doigts.

On lui aura tout fait aujourd'hui, tout! Tantôt c'était "je t'ai vu mais je fais mine que non" quelque chose de très vexant cela dit en passant et pire "je t'entend mais tu es inexistante" ça va pas non? Tout l'être de Hlyn criait de la regarder, de lui montrer qu'elle n'était pas un fantôme, qu'elle… Non?! Mais alors là c'était le pompon! Ses doigts se crispèrent sur son pain aux raisins qui fini par tomber en morceaux sur son plateau. Alors qu'elle venait de passer insignifiante, l'autre abordait Keith en lui offrant son onigiri. (Notons le retour de Rondoudou xD) Ses sourcils se froncèrent alors que sa bouche se crispa en cœur, pas qu'elle était jalouse mais passer inaperçue de la sorte, alors là, non! L'adolescente fulminait mais cette fois ci, qu'ils n'espèrent même pas qu'elle allait hurler, vociférer ou autre, ah non, elle avait assez donné! Elle ne marcherait pas dans le complot monté par la gente masculine… Hlyn quitta enfin le nouveau des yeux pour fixer son plateau avec insistance, c'est lui qui subirait la fusillade du regard, lui et les morceaux de pains que la jeune fille trucidait avant de les achever en les portant à sa bouche dans des mouvements secs. Le tout avec quelques grommellements à ne pas répéter pour la plupart vu le peu de politesse et qui, de toute façon, dans l'ensemble fait de mastications, de chuchotements et de grognements, ne se comprenaient qu'à moitié, voir à un huitième.

*faut rester zen…* "pauvre type va…" *non mais j'existe quand même…* "baka…" *c'est qui d'abord lui… * "pour qui tu te prends franchement" *il a demandé la permission…* "rustre va!"

La pauvre n'était pas gâtée question bonne éducation aujourd'hui, d'abord Keith qui heureusement semblait avoir retrouver les rudiments des bonnes manières après une bonne prise de bec et maintenant celui là. C'était à se demander lequel était le pire, celui qui se protège en étant agressif ou l'autre qui se prend pour un pacha. Après une intense réflexion qui dura le temps d'une boucher de pains aux raisins que l'adolescente mastiqua au point que c'en était presque une coulée de jus de raisins qui passa dans sa gorge tant elle l'avait mâché, après une si longue réflexion donc, Hlyn en conclu que le pire était le second car lui, elle ne lui connaissait pas de raison à être comme ça tandis que Keith s'était expliqué et ça en devenait franchement plus clair. Et puis quand bien même, il ne se prenait pas pour Dieu que cet individu! Quoique Dieu aurait peut être eu la délicatesse de dire, ne fusse que bonjour. C'était donc décidé, les bonnes manières devaient être inculquées là, maintenant tout de suite! Hlyn prit sa tasse dont elle bu une longue gorgée avant de reposer le mug avec vigueur et sans ménagement pour la faïence qui frappa le plastique de son plateau avant de faire de même avec son coude sur la table, posant son menton dans la paume de sa main et tournant le visage vers le nouveau venu.

"Dis donc, tu ne crois quand même pas qu'il va accepter sans savoir où tes mains ont été traîner?" La jeune fille tourna un instant la tête vers son ami, décollant son menton un instant de sa main pour montrer un visage souriant à ce dernier "Keith, tu as bien fait de refuser…" pour ensuite revenir en mode bulldog vers l'inconnu aux mauvaises manières "qui nous dis qu'il a bien lavé ses mains après avoir été aux WC…on t'a pas appris que les gens bien élevé n'acceptent pas de la nourriture des inconnus?"

Adieu bonnes résolutions, "adieu le tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler". Le caractère sans peur et sans reproche de Hlyn revenait au triple galop pour flanquer sa façon de penser en pleine figure de l'inconnu, comme dirait l'autre ça passe ou ça casse. Et dans la tête de Hlyn, l'option ça casse semblait la plus évidente, elle en venait à supplier mentalement Keith de la sauver même si son regard ne quitta pas l'inconnu, tentant de rester stoïque face à la situation, fixant toujours franchement le pacha du regard, le menton toujours dans la paume de sa main et les autres doigts se crispant aux plis de sa jupe sous la table, seule preuve, invisible, de son stress en se rendant compte un peu tard qu'elle venait encore de commettre un impair.