« L'espace d'une vie est le même, qu'on le passe en chantant ou en pleurant. », «Si tu crois tout ce que tu lis, tu ferais mieux de ne pas lire.». Ah ces japonais et leur éternelle sagesse. Vivre pendant un an au Japon c’est connaître une certaine leçon de vie, apprendre à ouvrir son esprit et ne pas se morfondre et s’isoler. En un an, tu apprends beaucoup de chose. Des remises en questions ? Il y en a constamment. Mais à vrai dire, cela n’étais pas spécifique au Japon. Toute la vie de l’être humain était une éternelle remise en question et …

Mon dieu ! Entrer dans un dojo donnait vraiment lieu à des pensées pour le moins bizarres. Genre, en temps normal, Dean n’aurait jamais perdu quelques minutes avec ce genre de pensées. Ce devait vraiment être l’effet calme et serein de l’endroit dans lequel se trouvait l’infirmier. Aucun bruit, même pas les gazouillements des oiseaux lui parvenait. C’était tellement fascinant ? Fantastique ? Irréel ? Beaucoup de mots correspondraient au sentiment de notre infirmier à ce moment même.

Le parquet sous ses pieds nus était agréable, mais pas vraiment conçut pour le judo où un praticable moue aurait été moins dangereux. Mais, ici, c'était le kendo que l'on pratiquait, un sport sans doute assez physique mais qui n’avait jamais réellement attiré notre jeune homme. Pourquoi ? Il ne pouvait le dire. Lentement, Dean s’avança dans la salle, se dirigeant vers le mur où était accroché tout le matériel utilisé pour le kendo. Les mains liées dans son dos, l’infirmier marcha doucement, observant les bâtons- plus communément aussi appelés shinai – et autres particularitées de l’équipement du Kendo. Certes, il se disait que ce sport n’était pas fait pour lui, mais à vrai dire, qu’est-ce qu’il en savait ? Il ne s’était jamais aventurer dans ce domaine. Qui lui disait qu’il n’avait pas l’âme d’un kendoka ?

Dean délia ses mains et les avança légèrement, ses doigts effleurant l’un des « men » qui étaient accrochés au mur. Il eu un sourire amusé, digne d’un ornithorynque moqueur, pendant qu’il s’imaginait les petits débutants entrains de pousser des cris de guerre pour apeurer leur adversaires et leur taper dessus avec des shinai trois fois trop grands.

Secouant légèrement la tête, notre jeune homme abaissa sa main et se tourna, laissant son regard glisser sur l’ensemble de la pièce. Il afficha un sourire. Ce qu’il allait faire, n’allait pas être très bon pour ses articulations, mais c’était bien trop tentant, étant donné qu’il avait toute la place pour lui. Et puis, fallait bien qu’il sache s’il en était encore capable.

Alors, enlevant sa veste pour se retrouver en t-shirt simple, il la déposa sur le sol et se recula contre le mur, se plaçant face à la diagonale. Inspirant profondément, il s’échauffa un minimum les genoux et les chevilles puis s’élança. Arrivé au milieu de la diagonal, il marqua ¼ de seconde d’arrêt, plia les genoux et s’élança pour faire un salto. Il atterrit ensuite avec plus ou moins d’élégance mais souplement sur ses pieds, pliant les genoux pour amortir le choc. Une fois qu’il eu retrouvé un équilibre digne de ce nom, il se redressa, souriant. Ce qu’il venait de faire était la preuve qu’il n’était pas si rouillé qu’il le pensait et qu’en fait, ses années de judos et Karaté ne l’avaient pas laissé à l’abandon.

Tu devrais être un peu plus sérieuse.

Tu devrais être un peu plus sérieuse ? Non mais qu'est-ce qu'il en savait cette face de macaque ? Elle, ne pas être sérieuse au Kendo ? Il rêvait ? Oser la reprendre devant les autres membres du club parce qu'elle avait débarqué en mangeant du chewing gum et en parlant un peu fort. Un peu plus, et il aurait fini avec le shinai dans son cul, du moins si elle n'était pas déjà persuadée qu'il devait déjà avoir un ou deux balais bien calés la dedans et qu'il n'y avait pas la place pour en rajouter un. Le vice-président du club, avec sa coupe de cheveux bien nette et son air trop propre sur lui lui filait déjà de l'urticaire, dans le genre "monsieur fait parti du conseil de discipline et je suis au dessus de tout le monde". Elle qui avait été ravie de découvrir un dojo traditionnel et emprunt du respect qui lui était du, loin de cet ersatz où elle s'était entrainé ces derniers temps... Elle avait ragé toute la journée, faisant s'effaroucher comme un vol de pigeons quiconque osait s'approcher d'elle.

Ce n'était que vers la fin d'après-midi qu'elle avait remis les pieds dans le dojo, dans l'idée de rediscuter entre quat'zyeux avec monsieur le vice-président. Elle ne se sentait pas d'en appeler au président tout de suite, pas tant qu'elle n'avait pas rediscuté avec Eiji. Voir son nom sur l'affiche du club avait amené un sourire amusé sur son joli minois : rien d'étonnant à voir qu'Eiji s'était précipité pour se faire une place au sein du club sitôt son arrivée dans le lycée. Il devait passer la journée à s'entrainer pour éviter de penser à un certain de petit blond et pour priver sa virilité. Il faudrait qu'elle lui sonne les cloches pour l'aider à comprendre où se trouvait son intéret.

Bizarrement, ce n'était pas l'équipe de kendo qui s'entrainait, ni même un de ces glandeurs de kyudojin, mais une personne en tenue civile qui sautait comme sur un praticable de gymnastique, au risque de faire tomber les armes des rateliers sur les murs. La jeune fille manqua de lever les yeux au ciel. Il y avait des gens qui semblaient vraiment ne pas savoir à quoi servaient les choses. Konata s'avança en terrain conquis, son hakama voletant autour d'elle comme une armure de traditions japonaises, une moue agacée sur son visage. Même si elle avait été de bonne humeur, il aurait été hors de question qu'elle laisse passer ça sans se moquer de l'intrus. Et sans le virer de son territoire. Manque de sérieux ou pas, elle faisait parti du club de kendo et le dojo était son territoire. Et même si elle n'avait pas été membre du club de kendo, elle ne se serait pas gênée pour intervenir. Non mais franchement, ces gens qui entraient ici sans savoir ce que c'était et qui touchaient à tout, ça la rendait dingue !

" Hey ! C'est un dojo ici, pas un cirque, alors les clowns et les acrobates, dehors !"

Les bras croisés et les pieds plantés dans le parquet, sa petite taille ne semblait pas importante. Elle avait déjà l'habitude de tenir tête à tous ces frères, et ils n'avaient rien de mauviettes !

A peine Dean venait-il de finir son salto et s’était redressé, qu’une voix d’interpella. Relevant vivement la tête, son regard se fixa sur une jeune fille qui se tenait devant lui, les bras croisés et l’aire visiblement énervée. L’infirmier arqua un sourcil à ses paroles. Les clowns ? Les acrobates ? Un cirque ? Ah ouais, cette jeune fille l’avait donc vu exécuté son salto. Hm, elle sortait d’où aussi ? Genre, Dean avait quand même fait attention de ne pas avoir de public avant de se lancer, mais soit. Le dojo n’était pas un endroit privé. D’autant que cette inconnue était en tenue traditionnelle de … Kendo ? Aïkido ? Taekwondo ? Non, ce n’était pas un hakama qu’on portait pour ce sport. Et puis bon, vu l’endroit dans lequel elle avait pénétré, la première solution était bien plus envisageable.

Ainsi, Dean avait donc à faire à une kendoka. Voilà qui était intéressant. Mais elle le fixait tel un chien enragé qui venait de découvrir un intrus sur son territoire. Visiblement, il n’était pas le bienvenu ici. Bon ok, faut avouer qu’un parquet n’était pas ce qu’il y a de mieux pour faire des « acrobaties » comme elle l’avait dit, mais quand même ! Etait-ce une raison suffisante pour lui lancer en pleine figure qu’il devait dégager ? Si elle avait ajouté « tu pollues mon espace vital sale emmerdeur ! » Dean n’aurait même pas été étonné. Heureusement que les japonais savent se tenir dans ce genre de situations. Un américain l’aurait sans doute déjà rabaissé bien plus.

Quoiqu’il en soit, Dean observa la jeune fille qui s’était immobilisée devant lui. Puis, haussant les épaules, il afficha une moue d’innocence

« Ben, on fait pas de salto au Kendo ? »

Il voulut esquisser un petit sourire mi moqueur, mais se ravisa. Mieux valait ne pas aggraver sa situation ou sinon l’inconnue risquerait d’en parler avec le président du club de Kendo qui viendra lui parler à lui et l’interdira d’aller dans le dojo, chose que notre infirmier voulait à tout prix éviter. Pourquoi ? Eh bien, peut-être que ce nouveau départ sera l’occasion pour notre adulte de s’essayer à un autre sport ? Le Kendo serait pas mal, il lui faudrait juste un prof ou quelqu’un qui lui montre les bases et les techniques. Mais soit. Soupirant légèrement, Dean hocha doucement la tête

« Ça va j’ai compris. Désolé pour le dérangement, j’éviterais à l’avenir de confondre le cirque et le dojo »

Après lui avoir adresser un dernier sourire pour bien marquer le fait qu’il était désolé et qu’il s’excusait, il se détourna et retourna au coin. Là, il se baissa et attrapa sa veste avant de s’arrêter devant les équipements. Une question le chiffonnait tout de même. Alors, sans se retourner pour vérifier s’il ne parlerait pas dans le vide, il désigna les bâtons d’un coup de tête

« C’est bien des shinai ça ? » Il lorgna au-dessus de son épaule, constatant avec plus ou moins de soulagement que la jeune fille était encore présente dans le dojo « Ils servent à quoi exactement au kendo ? »

Si elle avait été un peu moins de mauvaise humeur, Konata aurait peut-être pris sur elle pour guider l'homme et lui expliquer un peu ce qu'était le kendo, et ses tenants et aboutissants. Et encore, rien n'était moins sur. Contrairement à son père, ou à ses frères, elle n'avait jamais eu beaucoup de patience pour les débutants, s'agaçant de leur mauvaise façon de tenir leur shinai, de se positionner... Mais comment pouvaient-ils être aussi nuls ?
Et en l'état actuel des choses, où la seule chose qu'elle avait envie de faire, c'était d'écraser son shinai sur la gueule des importuns, ce n'était même pas la peine d'y penser.
La moue de l'autre, qui lui donnait clairement l'impression qu'il se payait sa tête, n'était pas non plus pour améliorer son humeur. Ils avaient quoi les gens aujourd'hui ? Ils avaient décidé que la prendre à rebrousse-poils était la bonne chose à faire ?

La jeune fille tourna la tête, considérant les shinais, avant de se déplacer jusqu'à eux d'un pas léger. C'était comme... demander à un cavalier à quoi servait son cheval ? Ou entrer dans une salle de classe en clamant "vive la sidérurgie ! " Débile quoi. Il ne s'était jamais renseigné sur le kendo avant de se pointer ici ?
Konata attrapa d'une main ferme une des armes, la posant sur son épaule d'un geste assuré malgré la taille de l'arme de bambou qui semblait démesurée sur son petit corps , une expression sérieuse sur son charmant minois. Du moins jusqu'à ce qu'elle ouvre la bouche.

" On se le mets dans le cul et on marche à quatre pattes avec. Tu veux essayer ? "

D'un point de vue extérieur, il était toujours choquant de voir le genre d'énormité qui pouvait sortir d'une si jolie petite bouche. Enfin, le jour où elle se mettrait à glousser comme toutes ces autres gourdes qui ne savaient parler que soldes et petits copains serait aussi le jour où elle s'étranglerait avec le câble d'alimentation de son pc pour que s'achève la tragédie.
En temps normal, elle était tout de même un peu plus polie avec les adultes. Mais avant d'être un adulte responsable, si c'était bien ce qu'il était, il était surtout un homme qui faisait le crétin au milieu du dojo. N'empêche... même en étant sérieux, que pouvait-on répondre à ce genre de question ? A la limite, elle aurait pu comprendre des questions quand à l'armure, ou quand au dojo lui-même, dont tous les recoins n'étaient pas forcément accessible au premier venu. Mais le gros bâton avec lequel les kendoka se tapaient dessus... ça semblait assez logique. Donc, le brun en face d'elle se foutait de sa gueule, CQFD.

Bon d’accord, Dean avait exagéré. Il savait évidement à quo servait un shinai, étant donné que c’était l’élément le plus important du kendo. Mais était-ce vraiment une raison valable pour cette foutue ironie ? Sans doute que non. Dean soupira doucement à la réponse de la jeune fille. Il avait vraiment le truc pour ne tomber que sur des étudiants plus cons les uns que les autres. Il ne connaissait pas l’inconnue, mais hop, déjà elle allait repartir avec un a priori plutôt pessimiste de Dean. L’avait-il vraiment mérité ? Faut croire. Entre l’autre Kimihiro et elle. A cette pensée notre adulte arqua un sourcil. Kimihiro … avait-il aussi été transféré à la Ginkgo Gakuen ? Pitié que non ! Bien qu’ils se fussent quittés sur de relativement bons termes lors de leur dernière rencontre, Dean n’avait pas une très grande envie de tomber sur ce sale gosse en se promenant un dans le parc.

Soit. Soupirant à nouveau il releva la tête. Son regard se porta sur la jeune kendoka que, s’étant placer à côté de lui, avait attrapé l’un des shinai et, d’un geste vif, l’avait placé sur son épaule. Comme elle se tenait là, droite et sans bougé, Dean du pensé aux jedi de Star wars utilisant son bâton en bambou comme un sabre laser. Aussi, l’expression du visage de l’étudiante ressemblait pas mal à celle de Darth Maul. M’enfin. Secouant légèrement la tête afin de chasser ces pensées, Dean fixa son regard sur l’inconnue et reprit la parole.

« A question bête, réponse débile. Tu marques un point » Il se redressa et haussa légèrement les épaules « Mais sinon, l’idée que je sois quelqu’un qui n’a encore jamais posés les pieds dans un dojo et qui ne s’y connait vraiment pas du tout en kendo, ne t’as pas effleuré l’esprit ? » Il soupira et secoua la tête « ces jeunes, toujours à se conforter dans une idée sans fondement. M’enfin. »

Il regarda le bâton de la jeune fille et se demanda s’il allait pouvoir ajouter quelque chose. Il fut effectivement tenter de dire un truc du genre « soit plus polie avec tes ainés » ou autre chose du genre, mais Dean préféra ne rien dire, afin de ne pas encore plus aggraver sa situation.

Face à elle, l’inconnu souffla profondément à plusieurs reprises, comme prenant le ciel à témoin de sa terrible situation et sans chercher à s’en cacher. Les yeux réduits à 2 fentes, une moue agacée sur le visage, elle attendait sa réaction en craignant le pire. Elle avait raison.

« Ces vieux, toujours besoin de mettre leur âge en avant pour appuyer leurs propos. »

Rétorqua t’elle du tac au tac, tapotant son épaule avec son chinai. A croire qu’il faisait tout pour l’agacer. Ses dernières paroles, empruntes de suffisances et dotées d’une bonne couche de passif agressif détruisirent ses dernières parcelles de patience.

« Ca se voit bien que tu ne connais rien au Kendo, mais même un gosse de 5 ans sait à quoi sert une épée. Et j’aime pas qu’on se fiche de ma gueule. Alors, soit tu es intéressé par le Kendo et tu t’inscrit au club en t’adressant au Président et tu reviens ici en tenue et comportement décent, auquel cas je me ferais un plaisir de te faire une démonstration, soit tu vas crâner avec tes cabrioles dans un lieu plus adapté. »

Le respect du aux plus âgés ? Quand ils le méritaient. Le comportement de l’homme face à elle n’évoquait en aucune manière le comportement d’un adulte responsable. De surcroît, son attitude au sein du dojo lui déplaisait au plus haut point. Il y avait quelque chose de si supérieur dans son attitude que celui lui en hérissait les cheveux sur la tête.

Dire qu’elle était venue ici pour se défouler. Elle se sentait comme une cocotte minute sur le point d’exploser, et l’envie d’user de son shinai sur une cible mouvante se faisait de plus en plus palpable. Mais toute furie qu’elle soit, elle n’était pas du genre à aller à ce genre d’extrémités. Elle était venue pour réviser ses kata, ou plutôt pour frapper furieusement l’air histoire de se calmer, mais tant que l’intru serait dans la place, c’était chose impossible.

« … A moins que tu ne veuille essayer maintenant ? »

Sommes toutes, le défoncer à coups de Shinai n’était peut-être pas une option si fantasmé…

Attendez, elle lui lançait un défit là ? Elle lui proposait réellement de se mesurer à lui ? Bon, certes, Dean connaissait et avait une maîtrise des techniques de karaté étant ceinture bleue, mais tout de même ! Entre le karaté et le Kendo il y avait une très grande différence et un énorme gouffre. D’autant que Dean n’était même plus sûr de savoir les maîtriser à fond, étant donné le fait qu’il n’avait plus pratiqué son sport de prédilection depuis pas mal de temps. D’autant plus que notre infirmier n’était pas du genre à mettre inutilement sa vie en danger. Car oui, se frotter à une kendoka en rogne relevait sans doute du suicide. S’il acceptait le défit il se retrouverait sans aucun doute avec quelques fractures des cotes et l’incapacité de bouger pendant plusieurs semaines. Le tout agrémenté d’une certaine douleur. Alors franchement, cela valait-il réellement le coup d’accepter le défit ? Non, sans aucun doute.

Alors, se redressant légèrement et lança un coup d’œil au reste de l’équipement puis reporta son attention sur l’inconnue et secoua légèrement la tête.

« Non, sans façon. » Il soutint sans problème son regard perçant, et attendit quelques instants avant de reprendre, affichant une mine qui se voulait neutre « Ecoute jeune fille, je ne sais pas quelle mouche ta piqué ni ce qui te met de si mauvaise humeur, mais je n’ai rien de fait de grave non ? Je ne suis, effectivement, venu ici que dans le but de pouvoir me renseigner au près d’un ou d’une kendoka. Le président, par exemple. Et le fait de voir cette grande salle vide et calme à tout simplement fait ressortir mes instincts gagnés à mes années de karaté. Certes, ce n’est pas l’endroit adapté, je le sais bien, mais il ne s’est rien passé de grave, non ? » Il lança un coup d’œil au parquet puis vers les murs « le parquet n’est pas abimer, les équipements sont restés à leur place. » Il observa quelques instants la jeune kendoka puis soupire doucement « mais bon, je comprend. Ce n’est pas bien vu au Japon si tu ne respects pas à la lettre le règlement du dojo, pas vrai ? Allez, on va en faire tout un plat, non ? Je reviendrais un autre jour. »

En espérant que ce sera quelqu’un d’autre qui viendra m’accueillir. Quelqu’un qui sera de meilleure humeur. Sur ce, Dean fit un pas sur le côté et contourna la jeune fille, se dirigeant vers la sortie.

Konata retint de lever les yeux au ciel avec un agacement sans fin lorsqu’il repoussa sa proposition qui, malgré les apparences, partait aussi d’un bon sentiment : Il voulait apprendre, elle se proposait ! Mais non, monsieur n’en voulait pas non plus. Il débita en lieu et place une tirade qui ce coup-ci lui fit afficher un air désabusé.

« Pauvre victime, le monde est vraiment injuste. Y’a une boîte de mouchoirs à coté de l’entrée.»

Il commençait à être lourd, à se prendre pour le martyre du coin mal accueilli par la vilaine kendoka. Hé ! Si elle débarquait en cours de maths en faisait son devoir de japonais, il y avait de forte chance qu'elle se fasse virer par le prof en question, et elle n'aurait pas trop intérêt à la ramener en disant qu'elle avait fait un effort en venant de son plein gré dans le cours et qu'elle se tenait sagement.

Parce qu'il était adulte il se croyait au dessus du comportement respectueux de base ? Son raisonnement était en fait véritablement énorme, et elle fut un instant tentée de lui demander quel était son post dans ce lycée. Il n’était pas étudiant, mais alors quoi ? Elle renonça à cette idée lorsqu’il la dépassa. Ce type était non seulement sans intérêt, mais aussi totalement désobligeant. Il ne valait pas la peine qu’elle se préoccupe de lui.

Elles'éloigna de quelque pas avant d'appuyer son shinai contre le mur, pointe sur le parquet, pour récupérer l'élastique de mousse qui entourait son poignet. Bien vite, une queue de cheval s'éleva au dessus de sa tête, ponctuée par une tête de panda ahurie fermement attachée à l'élastique. Les cheveux dans les yeux, ça rendait bien uniquement dans les films, en vrai, c’était surtout chiant pour l’exercice.

Sans se préoccuper de l’intrus qui quittait enfin les lieux, la petite jeune fille agrippa son shinai à deux mains pour l'élever au dessus de la tête et le ramener d'un coup sec vers le bas, exécutant un magnifique plongeon avant ponctué d'un kiai bien senti. De base, elle était venue là pour ça, et ce n'était pas la présence d'un intrus qui allait l'empêcher de mener son projet à bien ! Son cri résonna dans le lieu et apporta un peu de réconfort dans son cœur.

Totalement oublieuse de la présence passée du brun, elle se plongea dans l’exercice qui, s’il ne purifiait pas son âme, aurait au moins le mérite de la défouler. Elle adorait expulser son Kiai. Elle avait l’impression ce faisant de se débarrasser de toute la colère qui la rouillait de l’intérieur.