Nom : Shirase
Prénom : Akane
Date de naissance : 15 mai 1991
Âge : 16 ans
Nationalité : Japonaise
Caractère :
Calme. Akane est calme comme une eau dormante. Les années passées lui ont donné le goût des atmosphères paisibles et détendues. C'est une amie agréable, qui peut avoir une conversation assez développée. Elle déteste la tristesse, et ne se montrera jamais insensible à quelqu'un dans le besoin. Elle est aussi tolérante, et ne prend pas facilement la mouche. Cependant, elle est très rancunière, et si ses ennemis sont rares, ils ont du souci à se faire, et pour longtemps. Ses colères, aussi, sont rares, mais mémorables.
Elle aime les livres, le silence, l'ambiance feutrée et paisible des bibliothèques, le thé très fort, et surtout les pâtisseries sucrées.
Elle déteste coudre, même si elle le fait très bien, qu'on lui retire le livre qu'elle est en train de lire, et par-dessus tout, qu'on lui tripatouille les cheveux : seules quelques personnes sont autorisées à le faire.
Physique :
Plutôt petite, de corpulence moyenne, à première vue Akane n'a rien d'exceptionnel. Sa seule beauté réside, apparemment, dans sa longue chevelure d'un roux foncé. Mais elle ne prend jamais la peine de faire des coiffures élaborées, et ses cheveux tombent donc la plupart du temps sur ses épaules, masquant souvent son visage.
Si l'on prend la peine d'écarter la masse capillaire, on s'aperçoit qu'Akane a la peau plus blanche et les yeux plus grands que la plupart des Japonaises, ceci étant dû à la part de sang occidental présent dans son hérédité. Elle a des traits fins, et un sourire qui, quand elle prend la peine de le faire paraître, la rendrait presque belle.
Elle affectionne les tuniques chinoises en soie, aux motifs parfois complexes, seule extravagance qu'elle s'autorise dans un habillement par ailleurs classique.
Histoire :
Il y avait Kahei Shirase, vingt-sept ans, ingénieur fraîchement diplômé, promu à une grande carrière, admiré pour son intelligence brillante, son ambition et sa large culture.
Il y avait Fumiko Derain, dix-neuf ans, jolie cruche à peine sortie du lycée, particulièrement appréciée de la gent masculine pour le sang français qui lui donnait sa somptueuse chevelure auburn et ses grands yeux.
Il y avait Monsieur et Madame Miyazawa, nakodo de renom, qui depuis des années faisaient se rencontrer des jeunes gens et scellaient des unions solides et durables. (Consultations de 10 à 12 heures et de 14 à 17 heures, sur rendez-vous uniquement.)
Il y eut un miai, une de ces rencontres préparées à l'avance. Il y eut la traditionnelle demande du fiancé aux parents de la jeune fille. Il y eut une belle cérémonie, avec un joli kimono, plein d'invités, des tas de cadeaux et de bonnes choses à manger. Il y eut une nuit de noces pas très glorieuse, mais ça c'est privé.
Trois ans plus tard, il y eut un enfant. Un petit garçon que l'on nomma, sobrement, Kazuo, le fils premier né. Même dans les familles les plus huppées, il fallait rester simple. De toute façon, les espoirs que l'on plaçait en lui étaient sous-entendus : après de brillantes études, il perpétuerait le nom des Shirase en conciliant astucieusement grande carrière et vie de famille épanouie.
Manque de bol, le futur enfant prodige eut le mauvais goût de décéder à l'âge de sept ans, sans avoir eu le temps d'accomplir le moindre des desseins de ses parents. Et juste lorsque Madame Shirase venait de tomber enceinte à nouveau, de surcroît. La pauvre, bien que prostrée nerveusement, trouva dans ses vingt-huit ans et son appartement de cinq pièces avec balcon et cuisine impeccables, la force de se relever d'une situation si tragique.
Quelques mois plus tard, un second enfant naissait. Une fille. Une fille aux yeux d'un noir d'encre et aux cheveux couleur de feuille morte, comme ceux de sa mère. Elle serait Akane, fleur rouge. Après des études moyennes, une éducation irréprochable, elle parviendrait à coudre parfaitement, à savoir dresser une table conforme à tous les usages, à être une vraie fée du logis, et pourquoi pas à tapoter d'un instrument, ce qui garantirait à une famille privée de son seul héritier mâle une alliance honorable.
La petite Akane fit donc ses premiers pas sur un chemin déjà tout tracé, dans un appartement cossu au parquet rutilant et aux meubles soigneusement astiqués, en plein centre de Kobe. Durant sa petite enfance, elle fut environnée par l'attention certes un peu étouffante d'une mère craintive, voire timorée, qui pensait aimer sa fille en lui donnant ce qu'elle appelait "une éducation irréprochable". Ainsi Akane n'avait-elle droit à aucune manifestation spontanée d'affection : il fallait bien se tenir, ne pas parler trop haut, apprendre à lire, à écrire, à compter, être polie avec ses professeurs. Parfois, sa mère lui tapotait affectueusement la tête et lui disait qu'elle était fière d'elle. Que peut-être même Kazuo, le cher enfant disparu, n'aurait pas fait mieux.
Lorsque Monsieur Shirase parvenait à se libérer de ses activités très prenantes, Akane était envoyée au lit un peu plus tôt. Une ombre se penchait sur son lit, une odeur d'after-shave envahissait ses narines. Parfois, elle sentait une pression sur son front. Et puis Kahei Shirase se redressait, allait dîner avec sa femme, avant de repartir pour une nouvelle mission.
Il y avait sa mère, craintive et désespérément grue.
Il y avait son père, une odeur d'after-shave qui s'évaporait aussi vite qu'elle était venue.
Il y avait l'ombre de son frère qui planait sur la famille, fantôme au visage d'enfant et pourtant si puissant.
Charmant portrait de famille.
Et puis, il y avait Ran.
Ran, c'était la gamine sans histoire, la parfaite petite Japonaise moyenne : des yeux bridés, de longs cheveux noirs, brillants et raides comme des baguettes de tambour, un teint plutôt mat. Elle vivait dans un trois-pièces avec ses parents, boutiquiers, et ses deux sœurs, dans la même résidence que la famille Shirase.
Dans un roman, Ran aurait été le faire-valoir d'Akane, son teint hâlé aurait exalté la blancheur de celui de la petite métisse, la noirceur de jais de ses cheveux aurait mis en évidence la couleur exotique qu'avaient naturellement ceux de la gosse de riches qui menait, de surcroît, un train de vie bien supérieur au sien. Mais en réalité, depuis la première fois où Akane rentra de l'école, larmoyant parce que personne ne voulait lui parler et qu'elle n'osait parler à personne, et où la fille de boutiquiers alla ramasser la fille d'ingénieur sur les marches du grand hall de l'immeuble, les deux gamines devinrent amies. Amies sans penser à la différence de milieu social, d'apparence physique ou d'école - parce que, si Ran était scolarisée dans une modeste école de quartier, Akane fréquentait les meilleurs établissements depuis son plus jeune âge.
Quand Ran oubliait ses cahiers, Akane lui donnait les siens.
Quand Akane pleurait parce que "Misaki m'a dit que j'étais une paumée", Ran lui suggérait quelques répliques incendiaires à servir à ladite Misaki.
Quand Ran était triste, Akane était triste, ce qui était réconfortant.
Quand Akane se charcutait un doigt avec les chères aiguilles à broder de sa mère, Ran faisait un bisou magique sur le doigt, et ça allait tout de suite mieux.
Quand Ran était trop fatiguée, Akane venait aider à la boutique.
Quand Akane était triste, Ran faisait la con, ce qui était souvent efficace.
Quand Ran se faisait des bleus à force de faire l'idiote dans les escaliers, Akane composait des mixtures impossibles avec, entre autres, la terre des parterres de fleurs, l'eau des caniveaux et trois pétales de chrysanthèmes, avant d'appliquer le tout sur l'endroit incriminé. Et ça marchait du tonnerre.
Puis, un jour, les Shirase déménagèrent. Et là, Fumiko fit quelque chose qu'Akane ne lui pardonnerait jamais.
Dans la belle cheminée de la nouvelle maison, tous les carnets, tous les vieux cahiers, tous les vieux papiers.
L'adresse et le numéro de téléphone de Ran.
Ran n'était pas une amie assez bien pour le rang auquel les Shirase aspiraient pour leur fille. Ran aurait dû rester le faire-valoir. A présent, il était temps pour la dernière-née de la famille Shirase de se préparer au miai qui désignerait son futur époux. Après tout, elle avait déjà quinze ans.
Et Akane devint insupportable. Pendant un an, la calme adolescente se transforma en une véritable mégère, froide lorsqu'il fallait être chaleureuse, lente lorsqu'il fallait être rapide, balançant des répliques incendiaires à sa mère qui, non contente de ne l'avoir jamais comprise et de l'avoir élevée dans l'ombre d'un mort, l'avait privée de la seule véritable amie qu'elle ait jamais eue.
Ses résultats scolaires dégringolaient en flèche, et pour cause : elle rendait copie blanche, bien qu'elle continuât à travailler et à avoir tout juste aux exercices notés. Elle détruisait son avenir, froidement et consciemment.
Lorsqu'un beau jour M. et Mme Shirase se décidèrent à discuter avec leur fille, il était trop tard : celle-ci leur posa un ultimatum. Elle ne voulait plus les voir. Elle voulait tout recommencer. Elle voulait un nouveau lycée, en internat, loin de la maison. Elle voulait être libre de ses choix. Ou elle continuerait, avec la même froide détermination.
Elle partit de la maison, sans un au revoir, rancunière qu'elle était, vers l'établissement scolaire qu'elle avait réclamé.
Shokuboo Inochi.
Avez-vous lu le règlement ? -OK- (Sheik')
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