La limo et El Asesina (Venez... si vous en avez le courage)

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La première chose que remarqua Melina en descendant du jet privé des Alvarez, ce fut l'odeur. Bien que les odeurs d'essence à moteur d'avion et d'asphalte brûlante furent de mise, elle percevait aussi au loin un divin parfum qui semblait omniprésent. Elle regarda le soleil au loin, il devait être environ 8h du matin. La rosée semblait encore présente partout, déposant son léger voile sur tout ce qui se trouvait à portée de ses longs bras. Au pied de l'escalier, un homme l'attendait. Il s'agissait de la personne qui allait l'accompagner dans toutes ses sorties officielles de l'école, car sa famille avait de nombreux ennemis. Il s'appelait Eduardo Gonzalez. Il la salua et lui demanda de le suivre. Elle ne manqua pas de remarquer qu'il avait un Glock accroché à sa taille. Elle le regarda : cheveux brun très foncé, yeux d'un brun presque noir, teint foncé, la fin vingtaine, mignon. C'était un colombien typique.
-Bienvenue au Japon, Senorita Alvarez, lui dit-il poliement en japonais.
Il n'avait pratiquement aucun accent, ce qui était tout à fait normal puisqu'il était l'un des nombreux gardes de corps de Lazlo Perez, celui qui s'occupait de la corporative des Alvarez en Asie de l'Est. En revanche, Melina n'avait commencé à apprendre le japonais que quelques mois plus tôt, elle avait donc ce très mignon accent espagnol, qui la faisait rouler ses R de façon prononcée.
-Bonjour, Eduardo, alors, ou sont mes bagages ?
-Ils sont partis pour votre limousine, Senorita.
-Alors, en route !
Ils marchèrent vers la limousine. Lorsqu'elle arriva au stationnement, quelques journalistes tentèrent de l'approcher, en vain. Étant la fille d'un mannequin international et du patron des compagnies Alvarez, elle avait été suivie de près dans ses déplacements. Elle entra dans la limousine. Elle aurait dû se déguiser... en effet, avec un chandail Babyphat, des jeans Garage, une ceinture Coco Chanel, des baskets Puma et des lunettes Hugo Boss, elle était loin de passer inaperçue... elle s'était dit qu'en venant ici, elle tenterait d'être moins versée dans la luxure... elle en avait besoin ! Elle regarda par les vitres teintées le paysage de l'aéroport, qui s'imprégna en elle, comme tout ce qu'elle voyait, d'ailleurs. Elle sortit donc un carnet à dessin pour dessiner le jet privé, afin de se sortir cette image de la tête.

Une heure plus tard, la limousine d'un blanc immaculé s'arrêta devant de grands bâtiments. Cette image resterait imprimée dans l'esprit de Melina, quoi qu'elle fasse pour l'en enlever, le dessin y comprit. Elle sortit alors qu'Akio, le chauffeur, sortait ses bagages. Une Lincoln argent se stationna derrière, et le conducteur, Eduardo, ouvrit la fenêtre.
-Faites attention à vous, Senorita Alvarez.
-Et vous de même, Eduardo. Merci pour la protection, mais maintenant, je vais me débrouiller seule.
-Entendu. Chauffeur, rendez-vous au bâtiment Alvarez de Tokyo !
Elle regarda les voitures s'éloigner d'un air neutre et se retourna pour pénétrer dans un bâtiment et ainsi se retrouver dans le hall d'entrée. Avec son sac à dos, sa valise à roulettes, sa guitare et son violoncelle, elle était bien chargée. Restait à se trouver une chambre...

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Nous ne nous poserons pas la question de savoir si le monde était près à revoir le brun en plein jour. Nous ne nous poserons pas la question non plus de savoir si le brun était près à revoir le monde en plein jour. C'est vrai que ce fameux soleil n'était pas si désagréable que ça en fait, c'était plutôt le contraire. Même si la nuit présentait des avantages, le jour et surtout le soleil n'avait pas à avoir honte. Depuis les quatre dernières nuits, le rayon d'action du jeune canadien était limité. Rares étaient ses sorties diurnes, et mieux valait qu'elles soient courtes également. Le double meurtre dans le dortoir de Tsuyu avait dû déchaîner la chronique ici. Et qu'est ce que ça aurait été si tout le monde savait qui en était vraiment l'auteur... .

L'école ne changeait pas. Toujours cette cour avec ses bancs et ses arbres, toujours cette porte vitrée qui n'en finissait pas d'être franchie. C'était rassurant et effrayant aussi. Se dire que rien ne changeait dans la forme mais que tout se brassait dans le fond. Car presque tous étaient loin maintenant, les élèves qu'il avait connu. Au fil des années, les têtes défilaient comme des cibles à un jeu de tirs sur une fête foraine miteuse. Avec une légère nostalgie, Erwann passa la grille d'entrée. Rien ne semblait menaçant, et c'était rare. La seule chose qui faisait peur être peur, c'était la tête du brun. Fatigué, usé, dépouillé, tous les qualificatifs étaient bons pour lui actuellement. Et pourtant, qui oserait le lui reprocher ?

Une fois dans le hall, il marcha vers l'accueil. Il passa devant une jeune fille abondamment chargée en bagage, sans vraiment la regarder, il la doubla et entra dans le bureau des nouveaux qui s'occupait des chambres. Il demanda sèchement à la secrétaire qui devait facilement se souvenir de lui :

-La chambre 39, elle est toujours libre ou pas ?

La 39... sa chambre, son ancienne chambre où le début des emmerdes avait commencé. La demoiselle hocha la tête et presque aussitôt, le brun était reparti. En sortant il tomba nez à nez avec la jeune demoiselle qu'il avait croisé plus tôt. Il resta en stase, tout comme elle, comme attendant qu'elle se pousse de devant lui.

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Elle commençait à avoir mal au dos à force de sentir le poids de sa guitare dans le dos. Elle déposa son violoncelle et se massa vigoureusement l'épaule gauche. Aïe... en plus, elle était un peu perdue... elle se doutait que c'était probablement la secrétaire qui lui donnerait une chambre mais... elle avait peur d'avoir un peu de mal à se faire comprendre. Elle ne parlait pas encore complètement le japonais, et son accent la rendait presque incompréhensible. En plus, est-ce qu'elle serait barrée avec 12 colocataires ? Est-ce qu'elle avait le choix de la taille ? Est-ce qu'elle comprendrait ce que les autres lui diraient ? Et puis merde ! Elle réfléchissait à la vitesse de l'éclair quand elle vit quelqu'un passer. C'était un jeune homme, probablement un peu plus vieux qu'elle. Un type banal qui se dirigea vers la secrétaire, elle n'y pensa même plus. Elle s'approcha donc pour attendre son tour à un mètre et demi de lui environ, chargée de bagages. Lorsqu'il se retourna, il lui fonça presque dessus. Elle tenta de s'écarter, mais son violoncelle frappa durement le genou de l'autre, et la poignée précaire de l'étui déchira.
-Mierda! s'exclama-t-elle.
C'était sorti tout seul. Elle ramassa le mastodonte pour le mettre debout afin de l'éloigner du gars. Elle avait à peine une tête de moins que lui, ainsi placé.
-Désolé ! Pas trop de mal ?
Elle avait encore roulé ses R, mais elle espérait être compréhensible.

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A gauche... à droite, il hésita une ultime fois avant que s'abatte sur lui le courroux de la valise trop encombrante, trop lourde, et définitivement trop inutile. Il eut le temps d'apercevoir une guitare en plus des sacs de l'étui de l'instrument. Et dire que lui était arrivé avec seulement deux sacs à moitié plein. Quelle manie de s'attacher aux choses. Et bientôt, le grand brun en ferait les frais.

L'étui glissa, inexorablement, come guidé par la fatalité, vers sa jambe droite, celle qui sentait encore quelques choses heureusement. Aussitôt elle poussa ce qui ressemblait fort à un juron, dans une langue qui connaissait bien Erwann, et qui lui rappelait le soleil et la téquila. La douleur sur son genou fut plutôt minime, quelques secondes plus tard, il ne sentait plus rien. Maladroite ou alors éblouie par le charisme sans faille du canadien ? Il pencha pour la première solution, n'accordant qu'une place minuscule à la très basse estime qu'il avait de lui même. Cette fille n'avait pas l'air méchante, et il doutait qu'elle pourrait nuire à sa vie, par opposition à certaine personne avec qui il vivait... . Il se pencha légèrement, ramassant l'étui et le remettant droit pour que la demoiselle puisse remettre la main dessus. Il dû s'y prendre avec ses deux mains à cause de la pauvreté en doigts de sa mimine droite. Il secoua la tête pour répondre à la question sur son état de santé, puis lui demanda calmement, avec une de ses voix les plus posée -et les plus rares.

-Amérique du Sud ?

Pas besoin de faire tout le charabias du prince charmant, c'était pas vraiment son caractère. Il préférait aller droit au but, les mots ne lui étaient pas d'une grande utilité. La plus grande partie de ses idées circulait dans son regard, à la fois très oppressant et très intrigant.

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Lorsque le violoncelle frappa le genou du gars, elle eut l'impression de se giffler elle-même en plein visage. Vous savez, cette réaction lorsqu'on se trouve idiot, puis qui, après coup, nous semble elle-même stupide ? Pourtant, elle ne s'était pas frappée. Elle avait juste l'impression de se nuire elle-même en aillant décidé de traîner ses deux instruments. Elle aurait pu demander qu'on lui livre, ou bien quelqu'un pour l'aider à transporter ses sacs... mais non. Elle devait apprendre à se débrouiller seule, un point c'est tout. Elle sera l'étui debout contre elle, installant le bas sur son pied. Elle avait lâché son sac et déposa sa guitare pour inspecter la poignée. Décousue et déchirée... le cuir avait fendu, alors que les fils qui la retenaient avaient cédé. En fait, une femme de ménage l'avait recousue en attente d'un autre étui. Malheureusement, cet étui coûtait 800$ américains : trop cher.

Revenons-en au sujet. Alors qu'elle lui demandait si elle ne lui avait pas fait trop mal, la question lui sembla stupide. Bien sur que non : c'était lourd, mais pas assez pour faire mal. De plus, le l'étui était coussiné pour ne pas que le moindre choc constitue un risque pour l'instrument. Il secoua négativement la tête, signalant qu'il n'avait rien. Au moins, ce n'était pas un chialeux qui n'avait rien d'autre à faire que de dire des trucs faux pour rendre les autres mal à l'aise.
-Amérique du Sud ?
La question la surprit et en même temps, ne la surprit pas. Ça se devinait si facilement ? Elle sourit, comme elle le faisait rarement, un sourire simple, un mélange de timidité, de mystère et de calme.
-Tu devines bien...
Aussi bref que ça : pas de jeux de séduction, pas d'approfondissement sur sa vie... elle réussit à passer le violoncelle dans son dos grâce à deux bretelles. Elle jeta un regard neutre sur ce qui se trouvait autour d'elle.

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On n'aurait pas vraiment pu appeler ça de la perspicacité, mais disons une bonne intuition doublée d'un sens de l'observation développé avec le temps et les épreuves. Les épreuves, c'était tout ce que sa putain de vie lui avait offert depuis le début, aussi bien les obstacles que les tremplins. Mais en majorité, il pensait aux gens qu'il avait rencontré. Et à ce propos, la première personne à laquelle il avait parlé dans l'école lui avait laissé un souvenir parfait et nostalgique. Les choses avaient bien changées désormais, c'était lui le parrain et c'était cette jeune fille qu'il fallait accueillir. Il la dépassait largement en hauteur et en largeur. Elle était montée sur un corps svelte décoré d'un visage assez agréable, typique du continent sud américain. Des yeux océans et des cheveux pétrole, brillant aux rayons de soleil. Que demander de plus ? Un numéro de téléphone..? Non ! Non. Il avait déjà de quoi s'amuser dans sa triste vie amoureuse, pas la peine d'en rajouter. Il se résigna donc à paraître le plus naturel possible, bien que ceci soit très difficile vu la personnalité la plus anormale qui l'habitait.

Elle se rhabilla de sa valise instrumentale comme une mule se charge de sel, pliant légèrement sous l'encombrement, puis laissa voler son regard que le brun s'empressa de reprendre par ces mots :

-Je suis tout simplement très fort, déclara-t-il avec la modestie la plus majestueuse... .

Il déplia un sourire ironique, gorgé d'auto-dérision, puis reprit :

-Musicienne ?

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