Laissant retomber l'objet d'argent si précieux à ses yeux contre sa poitrine, faisant tinter la chaine, le regard gris clair ce soir là de la jeune fille se plongea un peu plus au loin, après une courte observation de sa cigarette. Elle trouverait toujours ces petites choses étranges. Comment un tube cylindrique blanc et marron pouvait-il être la cause de la mort d'autant de gens, et le plaisir d'un nombre encore plus élevé ? Combien de personnes soupiraient de soulagement lorsque la nicotine envahissait ses poumons, parce qu'ils avaient simplement passé deux jours sans avoir droit à ce petit plaisir, goûtant uniquement au stress d'un travail trop sédentaire ? Un grand nombre. Un nombre beaucoup trop important de personnes dépendantes. Quoi que dise Majoren, elle l'était aussi, mais moins, quand même, que le commun des mortels. Elle remplaçait cela par quelque chose de plus regrettable, ou de l'alcool. Du moment que ça l'occupait et la défonçait bien, où était le mal ? Pendant ce temps elle de ferait de mal à personne, et il fallait avouer que c'était un félicité, et personne ne se rendait compte de la chance qu'ils avaient de ne pas avoir encore croisé sa route les jours de mauvaise humeur. Ce jour là, ce n'était ni de la bonne humeur, ni de la mauvaise, c'était tout autre chose. Une sorte de mélancolie, mêlée à de l'indifférence envers tout ce qui l'entourait et elle même, ainsi qu'une sorte d'envie de philosopher. Tout était réuni pour que la moindre personne qu'elle rencontre aie peut être la chance de pouvoir aligner trois mots et prouver qu'elle est intéressante.

La brune passa sa main dans ses cheveux encore humides après un énième shampooing, et ferma les yeux. Sa main resta dans sa chevelure, un peu plus longue qu'auparavant, déstinée à finir plus longue qu'elle ne l'avait jamais été, comme coincée entre les fils noirs et fins. Vue de l'extérieur, la jeune fille aurait presque été attendrissante, voire sympathique, avec son indifférence mélancolique, sauf qu'il en était autrement, malheureusement pour les autres, et heureusement pour elle. La pauvre ne cherchait pas le contact. Un soupir s'échappa de sa bouche, accompagné d'une fumée blancheâtre facile à discerner, sans doute plus que la jeune fille derrière. Dans la nuit, on ne pouvait apercevoir que le bout de sa cigarette qui s'éclairait lorsqu'elle tirait une taffe et cette fumée.

Par contre, quelque chose ou plutôt quelqu'un d'autre était moins discret que la jeune fille en question. Il y avait comme une odeur de sanglot dans l'air, sauf que les sanglot n'ont pas d'odeur. C'était un peu comme une aura, une tristesse ambiante qui n'atteignait pas les deux yeux gris clair qui s'ouvrirent à nouveau. Lentement mais sûrement, elle tourna la tête vers la source de ce bruit, et soupira à nouveau. Nouvel échappement de fumée. Elle observa la silouhette, un peu sombre de par ses vêtements, et la couleur des cheveux était impossible à discerner véritablement. Enrobée, un peu, d'après le peu qu'elle pouvait voir, mais au moins, ça changeait des anorexiques de l'école, ceci dit, elle pouvait parler, elle qui était presque la pire de toute quand on regardait bien. Mais à vrai dire, ce n'était pas un choix personnel, et elle appréciait les gens qui ne se privaient pas pour rentrer dans un slim ou une mini jupe taille 34. Ces sanglots devenaient limite gonflants, aussi, elle se sentit obligée de briser le silance.

- Quelle que soit la raison pour laquelle tu pleures, ça n'en vaut pas la peine. Il y a suffisemment d'humidité dans l'air ces temps-ci.

Directe, un peu. Provoquante, parfois. Souvent contestée, elle était pourtant sûre d'avoir raison. Le passé appartenait au passé, et il fallait toujours voir le futur plutôt que les erreurs commises inconciemment ou pas. Elle se prendrait peut être, voire sûrement une insulte ou un "tu peux pas comprendre, t'es pas à ma place", c'était quasi certain, mais elle était convaincue d'avoir raison, alors pourquoi chercher plus loin ? Elle était trop fière pour avoir avoir tort, surtout quand ce n'était pas le cas. Pour une fois, la brune ne riait pas, elle ne ricanait pas, et aucun rictus ne venait orner impitoyablement son visage. Elle était indifférente, pas sadique et depuis peu, elle savait ce que ça faisait de ressasser les vieux souvenirs, et de pleurer pour cette raison, amis rapidement, elle trouvait le moyen de se dire qu'elle avait tort, et que le liquide lacrymal était trop désagréable pour elle. En plus, lorsqu'elle pleurait, elle faisait encore plus peur que d'habitude, de son point de vue, puisqu'elle était pitoyable.

[ Désolée pour le retard =S]

Majoren n'avait aucun doute sur les pensées de la fille cachée dans l'ombre, elle se disait sans doute que la brune n'avait rien à faire là, qu'elle pensait mal, et que de toutes façons, elle ne connaissait pas la raison de ces larmes, mais de toutes manières, la japonaise pensait toujours ainsi, que la personne en question aie été violée cinq minutes plus tôt, où qu'elle aie tué quelqu'un, c'était pareil. La jeune fille avait été dans les deux cas, et à chaque fois, elle avait pleuré, c'est pourquoi maintenant, elle avait décidé de ne plus jamais se laisser aller pour aussi peu. Pour se retenir de laisser s'échapper une quelconque marque de faiblesse, elle fermait les yeux, un peu comme pour pleurer à l'intérieur, ce qui était peu possible. Mais au moins, elle ne montrait rien, sauf aux privilégiés. Elle expira un grand coup. Pour s'occuper un peu, elle aurait fait des ronds de fumée, si un courant d'air n'était pas venu la plonger un peu plus dans l'ennui. Quelle poisse. Fermant les yeux, elle se prit à porter attention aux paroles mi-gémissantes mi-bégayantes de la fille qui parlait. Sans aucune marque d'intérêt, elle réfléchissait pourtant. Elle ne disait que peu de choses, mais en cachait plus en elle. Très bonne chose, d'autant que si elle avait raconté sa vie sans qu'on lui donne une invitation, la brune serait partie sans aurevoir ni autre formule de politesse. Depuis quand était-elle polie, franchement ? Très peu avaient droit à cette marque d'intérêt.

La brune balança ses pieds dans le vide, comme pour chasser l'air, occupation un peu débile, assurément, puis ramena ses jambes dans une position de scribe accroupi. Ensuite, elle porta la cigarette à sa bouche, à nouveau, les yeux toujours immobiles, la réflexion étant visible sur l'expression de son visage. Elle était profondément concentrée, comme si elle cherchait à apercevoir quelque chose dans les lumières présentes en ville. Cessant toute inspection, elle ferma les yeux avant de se tourner vers l'origine des paroles et sanglots entendus. Elle ne voyait que très peu de choses, mais se contentait de cela. Expirant une nouvelle fois vers une autre direction, au cas où la fumée importunerait sa future interlocutrice, elle prit la parole, sans hésitation ni difficulté de prononciation.

- Tu dois te dire que je ne sais pas de quoi je parle, mais crois moi, pleurer ne sert à rien. Voir le futur, c'est mieux, surtout si on a une chance d'en avoir un.

Majoren se sentait observée à présent, détaillée, dévisagée. Etait-ce cette personne qui l'épiait ainsi ? Mais de quel droit ? Elel verrait quoi d'intéressant, une indifférence ambiante dans ses yeux, une silouhette trop maigre pour paraître vivante, un presque squelette, un air de pro-ana ? Sans doute, si on ne la connaissait pas, on ne voyait qu'une chanceuse qui avait atteint la poids idéal du mannequin sans véritables privations. Et après ? Elle avait faim, maintenant, à force de réfléchir à cela, et se voir. Il ne lui fallut attendre que quelques secondes à peine pour entendre des excuses de la part de cette même personne qui la regardait. Des excuses pour quoi, pour avoir pensé qu'elle était la seule à connaitre la souffrance, ou pour l'avoir regardée ? De toutes façons elle n'était même pas sûre de ce qu'elle pensait. Dans tous les cas, la réponse serait la même.

- Rien ne sert de s'excuser non plus. Tu dois accepter tes actes et ne voir en eux que les bonnes choses, sinon tu seras toujours dans cet état.

Convaincue d'avoir totalement raison, la brune n'ajouta rien. Pour elle, même le pire des actes avait du bon. On tue quelqu'un, mais ça profitera toujours à une autre personne. On se suicide, peut être que ça rendra des gens tristes, mais en contentera d'autres, inconsciemment. Franchement, à voir le monde comme ça, ne peut-on pas être toujours optimiste ? Evidemment, mais à force d'appliquer cette philosophie, la jeune fille était devenue indifférente à tout, et peut être que cette façon de voir les choses aiderait son interlocutrice. Au moins, elle ne se prendrait plus la tête, pour peu qu'elle s'intéresse à sa façon de regarder le monde.

[T'inquiète, me faut plus que ça pour te bouffer ]

Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, s'en était à lui couper le souffle, l'obligeant à respirer la bouche ouverte pour ne pas suffoquer. Qu'avait elle fait là? Comment avait elle osé la regarder si obstinément? Plus que d'avoir regarder cette inconnue avec insistance, c'était les représailles les plus terrifiantes. Et si elle se levait, et si elle venait à la gifler, et si… cette fille mystérieuse pouvait bien être capable de tout pour parler avec autant d'indifférence? Et si c'était une criminelle, une serial killeuse? La panique donnait des idées saugrenues à la rouquine qui avait de plus en plus de mal à respirer. Et comme si jusque là, elle ne s'était pas déjà montrer lamentable, voilà que son pire ennemi re-pointait le bout de son nez. Jordan lâcha difficilement une main du grillage pour tâtonner en tremblant la blouse de son pyjama, descendant fébrilement jusqu'à sa poche pour en sortir son inhalateur. Et toujours aussi tremblante, la rouquine porta l'instrument à sa bouche, prenant une large bouffée du produit qu'il contenait. Néanmoins, une fois cela fait, Jo ne put l'ôter de ses lèvres, écoutant les étranges paroles de la brune. Intrigante! Cette fille était la plus intrigante personne du monde, capable d'attirer à nouveau le regard de la rouquine qui le regardait à nouveau en biais. La nouvelle immobilité de son interlocutrice était captivante mais le charme se rompit quand cette dernière bougea, effrayant à nouveau Jordan qui reposa son regard exorbité sur le dallage du toit.

La suite par contre était encore plus étrange. Fronçant un sourcil, Jordan essayait de comprendre les paroles de la brune, se répétant mentalement chaque mot jusqu'au point de compréhension qui ne venait pas. Jordan avait beau ressasser les paroles de cette fille, sa logique avait du mal à parvenir à la rouquine et inconsciemment, son autre main lâcha prise pour rejoindre celle contenant l'inhalateur, les joignant conte sa poitrine. Son regard, doucement, se radoucit bien que les questions semblaient toujours y fuser. *Accepter ses actes hein? Je me demande bien comment on peut faire ça? Comment on peut s'accepter soi même déjà? Comment peut on accepter le corps de merde que j'ai, la voix cassée que j'ai, mes bégayements… c'est pas comme si je voulais pas m'assumer mais… si je savais comment faire? Je ne sais rien faire! Mes actes? Mais lesquels? Je ne sais que pleurer la nuit après mes journées de merde! Quand les autres m'ont fait chier, m'ont insultée. Qu'est ce que je peux bien faire contre ça? Si ce n'est pleurer, hein? T'y pense à ça? Au fait que mes actes je les assumes mais pas ceux des êtres, hein, t'en fait quoi de mes sentiments…*

"Et les actes des autres?"

Timidement, à mi voix, la fin de sa question sorti bien malgré elle, lui faisant à nouveau regarder obstinément le sol devant ses pieds. Tout son corps se raidit à nouveau, resserrant ses doigts autour de son inhalateur, tremblant au point de faire légèrement crisser le grillage contre lequel elle était toujours adossée. On aurait pu croire que le vent de la nuit était responsable de ces frissons mais à voir sa mine, sûr qu'il n'en était rien, Jordan était pétrifiée à l'idée d'avoir oser poser cette question, certes sans bégayer mais malgré tout; elle s'en voulait déjà mais n'en dit rien. Un "pardon" était coincé dans sa gorge mais au lieu de le dire, Jo ravalait sa salive avec toute la peine du monde. Par chance, son inhalateur n'était pas loin ce coup ci, en cas d'agression moral, elle ne tarderait pas à le vider un peu plus. *Oh bon sang, achevez moi? Faites que ça s'arrête, j'en peux plus, je voudrais mourir! Mais pourquoi je l'ai dis tout haut? Tu savais pas te taire non! T'es trop conne Jo, une pauvre cruche incapable de rester à ta place. Tu vois pas que tu l'as fais chier avec ton air de cruche?* Non, elle ne pouvait pas le voir car la rouquine s'obstinait à fixer le sol, tremblant comme une feuille d'automne, résistant encore un peu à l'envie d'inhaler une bouffer de liquide pour ses bronches.

[Désolée pour le retard =S]

Si les choses se déroulaient comme ça continuait à ce moment là, Majoren finirait par avoir une morte de plus sur les bras. Elle était déjà en cavale pour deux flics morts d'une façon peu glorieuse, si en plus elle était maintenant responsable de l'arrivée d'une nouvelle âme au service des réincarnations, elle aurait droit à quelques réclamations. Une asthmatique alors. Elle aussi l'était, mais seulement à l'effort, et elle ne faisait que rarement des crises. dans tous les cas, la brune avait l'impression que sa seule présence entrainait des réactions inattendues chez l'autre jeune fille, ce qui avait le don de la gêner au point de l'énerver. Soit on venait la gonfler, soit les gens avaient peur. Ca ne la gênait pas, du moment qu'ils vidaient pas leur ventoline comme elle même vidait une bouteille de Manzana. C'était lassant. Aussi, après avoir fait en quelque sorte une leçon de "comment survivre lorsqu'on est persécuté", elle s'en irait tout simplement.

- C'est pas dur, il suffit d'un peu de volonté. Dans ton cas, contrairement au mien, c'est pas bien dur. Soit tu les ignore, en les considérant comme ils sont, à savoir des cons immatures, soit tu leur répond, les envoies dans les rosiers, histoire de leur faire fermer leur clapet une bonne fois pour toutes. Mais surtout, ne t'attends pas à ce que quelqu'un t'aide, parce que personne le fera. On peut pas vivre sans un minimum de volonté.

Après cette tirade assez longue, ce qui n'était pas dans ses habitudes, la brune se leva, jetant un regard de dédain à sa cigarette qui venait enfin de s'éteindre pour de bon. Puis, elle laissa tomber son briquet contre sa poitrine, avant de faire quelques pas en arrière pour se retrouver un peu plus loin du bord du toit. Ensuite, elle tourna a nouveau la tête vers l'endroit où semblait être cette autre personne.

-Et surtout, si tu veux être crédible, cesse de bégayer.

La façon de parler était un peu sèche, il fallait l'avouer. Mais au moins, ça lui resterait dans la tête, et elle y ferait attention, du moins devant elle. A quoi bon hésiter ? Dans la vie, il faut faire les choses franchement, et les dire, pour ensuite subir les conséquences de ses actes, fièrement. Par exemple, Majoren avait, avec l'aide de quelqu'un d'autre, tué deux policiers. Et ensuite ? Elle n'avait pas eu le choix, et acceptait cette fatalité. Maintenant, quelqu'un la recherchait, ne sachant pourtant pas qui chercher vraiment. Après cette courte phrase qui serait sans doute la dernière de la soirée, la brune tourna les talons, puis descendit du toit, pour s'enfoncer à nouveau dans les ténèbres de la ville endormie. Elle marcherait dans les rues encore quelques heures, espérant croiser peut être l'un de ses rares amis, et puis rentrerait dans sa planque. Après tout, il n'y avait que là qu'elle se sentait en sécurité.

[Désolée, je finis le topic avec un post court, mais l'inspiration n'est pas vraiment là =S]

[Comme je l'ai dit dans mon message d'absence, j'ai eu un soucis de PC, désolée et pas de soucis, je ne crois pas que je serais très loquace non plus pour clôturer tout ça]

Le silence qui s'en suivit fut bienfaiteur, Jordan parvenait lentement à se détendre sans raison apparente au point de reprendre une respiration normale et de lâcher prise sur sa bouche pour enrouler ses bras autour d'elle pour se tenir un peu plus chaud. La réaction de son interlocutrice l'avait rassérénée et ce n'était que tant mieux. Elle était juste... les mots manquaient à la rouquine qui n'arrivait pas à définir la brune sous ses yeux. Et pour la première fois depuis le début de sa vie très certainement, Jordan se permit de la regarder des pieds à (grand exploit) à la tête! Une impression de solitude, de mystère et de force émanaient de ce corps frêle.

*Méfiez vous de l'eau qui dort* sans vraiment comprendre, ce dicton venait à l'esprit de la rouquine en voyant la rebelle si calme en apparence alors qu'une aura bouillonnante planait autour de sa personne. Et toute à sa contemplation, Jordan sursauta légèrement quand Majoren reprit la parole, plus sèchement encore que la fois précédente et pourtant, chose extraordinaire, la crainte était partie. Jordan regarda les traits de la brune comme elle aurait regardé un professeur, un adulte, n'importe qui pourvu que son âge n'eut pas été inférieur à vingt ans voir trente... et pourtant, c'était bel et bien une jeune personne qui se tenait à nouveau debout devant elle.

*Contrairement au mien? Qu'est ce que... non, je ne dois pas demander, ça ne se fait pas* En se ''grondant'' mentalement, Jordan baissa les yeux, s'interrogeant malgré tout de la raison de cette remarque insignifiante. Le mystère était réellement la chose la plus perceptible chez la brune qui avait une pose digne d'un film noir, dans l'obscurité de la nuit et avec le vent pour donner vie à cette statue grecque (selon Jordan) qui la surplombait de toute sa grâce et sa hauteur. *Pas bien dur... juste de la volonté... seule... volonté... volonté...* ce dernier mot revenait perpétuellement. À vrai dire, Jordan s'était déjà dit mainte et mainte fois qu'il fallait la volonté pour changer mais c'était si dur...

À chaque fois que la rouquine avait voulu faire preuve de volonté, son chemin croisait irrémédiablement celui de quelqu'un qui lui faisait perdre tous ses moyens. Pas plus loin que dans sa classe où ce charlatan de Jin se trouvait. Comment voulez vous arriver en classe la tête haute quand ce fanfaron est dans la place? Rien qu'un regard, une remarque de ce dernier et la volonté prend la clé des champs...

Ou encore, le petit nouveau: un simple regard de celui là et Jordan donnerait tout l'or du monde pour devenir une minuscule petite souris. Pourtant Keith n'avait jamais vraiment fait preuve d'hostilité. Au contraire, miss bonne copine de tout le monde (ou presque) s'entendait étrangement bien avec lui alors qu'il avait une tête à faire peur... Mais quoiqu'il en soit, Jordan ne tenait pas vraiment à apprendre à le connaître, c'était déjà assez angoissant de partager sa classe, de sentir de temps en temps son regard de glace sur son dos alors faire ami ami, non merci!

Bref, tout ça pour dire qu'entre la volonté et les actes, il y a une marge, carrément un fossé et à chaque fois, la rouquine tombait dedans à pieds joints. Jordan semblait incapable de tenir tête aux autres et c'était là son plus grand malheur... La pauvre soupira profondément en se souvenant le nombre de fois incalculable où elle avait tenté de se tenir fière face aux autres, le nombre de fois où des répliques frôlaient ses lèvres pour ne rester que de violentes pensées et pire encore, le nombre de fois où elle avait fini en pleure que ce soit sur le toit, dans sa chambre ou plus régulièrement encore: dans les toilettes.

Personne ne s'était jamais soucié de savoir si ça allait, personne ne lui avait jamais dit quoi faire et encore moins de la chercher quand elle disparaissait, à bout de nerfs et les larmes prêtes à se déverser. Personne hormis cette inconnue qui lui avait donné des ''conseils'' . Certes elle ne lui courrait pas après en cas de crise de panique ou de stress, elle ne la chercherait pas en cas de disparition et elle ne la consolerait certainement pas non plus mais pour changer, quelqu'un l'avait considérée comme un être humain, faible d'accord, mais un être humain malgré tout... et ce fut donc avec un regard reconnaissant que la rouquine regarda l'autre jeune fille partir. Jordan n'avait pu qu'acquiescer avec vigueur à la dernière remarque et calmement, la regarda partir.

*Merci* Ça n'allait pas être gagné de faire preuve de volonté mais cette mystérieuse jeune femme lui avait redonné espoir. Un espoir qui voguait encore dans son esprit quelques minutes avant que le vent de la nuit de plus en plus fraîche ne la ramène à la réalité. À nouveau seule sur le toit, Jordan se releva et sereinement, regagna sa chambre, sans bruit pour tenter de faire de beaux rêves...