Ginkgo Gakuen
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Le lycée sous le signe de l'arbre aux 1000 écus
 
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 Dans la boue. (PV Majoren)

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MessageSujet: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyMer 2 Avr - 18:58

[j'ai vu que tu avais déjà un post dans le quartier branché, donc je poste là :p En plus ça se passe pas tellement dans un quartier branché... ^^ On va dire que c'est pas loin du parc. =) ]


C’était une goutte qui faisait un peu moins de deux millilitres de volume. De l’eau, plus ou moins pure, qui avait parcourue une trentaine de kilomètre en chute libre, traversant nuage et couche d’air. Tout ce chemin, elle l’avait fait en compagnie de ses milliards de milliards de sœurs jumelles. Chacune n’obéissant à aucune règle connue, à part celle de la liberté, au grès des vents de ce monde. Elles se croisaient, se noyaient, se mêlaient puis s’écrasaient. Celle-ci s’écrasa dans le cou d’un être du sol. Il était plus ou moins grand, plus ou moins brun, et n’apportait rien de plus original à cette planète. Lui aussi était noyé dans une masse d’être-vivant, lui aussi rêvait d’une existence plus banale.

Erwann frissonna, quelques secondes plus tôt, un tonnerre rugissant avait déchiré le ciel, et maintenant, la pluie s’abattait. Une ou deux gouttes s’étaient infiltrées dans la complexité de son intimité, une ou deux gouttes plus froides et plus humides que jamais. Le canadien releva la capuche qui terminait son sweat noir. C’était une capuche tout ce qu’il y avait de perméable, dans une poignée de seconde même pas, sa tête serait trempée, pire que le reste. Mais dans cette petite coquille, il retenait encore une chaleur assez appréciée. Il faisait froid et humide. Un temps que personne n’aimait, même pas le brun. Un orage en cette saison ? Erwann soupira, même ce qu’il considérait comme invraisemblable se produisait. Bientôt, il verrait des Pokémons dans les foyers… .

Il était adossé à un arbre, un jeune pommier. C’était en pleine rue, face à un magasin d’antiquités presque en ruine. Les nuages formaient une couche noire et grise au dessus d’eux, la rue, qui était pourtant assez ouverte, sans grand immeuble autour, était assez lumineuse. Mais quand Erwann observait les maisons et les bâtiments, il avait l’impression de voir un vieux film en noir et blanc des années soixante. Les reflets étaient ternes, mais sans être triste. Comme une grande lumière blanche sortait de tout ce qui siégeait là. L’arbre juste à son dos, était encore nu. Pas de bourgeons ni de feuille, l’abri anti-pluie du canadien était donc de faible usage. Mais il ne bougeait pas. Il restait en stase, attendant une éventuelle fin du monde.

Mais en réalité, il n’était pas là par hasard. Il avait quitté l’école environ une heure plus tôt, dès la fin de ses cours, c'est-à-dire sur les coups de six heures, six heures un quart. Il avait marché lentement, mais surement, pour se poster au pied de cet arbre, face au bâtiment inhabité. Ce magasin, était une ancienne boutique, abandonnée depuis plusieurs mois déjà. Un incendie y avait emporté le toit, quelques cloisons et ses occupants. Officiellement, le fait divers était une fuite de gaz bien cachée, en vérité, c’était bien plus. Une histoire de fesse et de fric. Comme tant d’autre. Mais la présence d’Erwann juste ici n’avait pas de rapport direct avec ça. Depuis l’incendie, la ruine était devenue le repère de plusieurs petits recéleurs et dealers sans avenir. Un squat où il fallait mieux savoir se servir d’un couteau. La carrure imposante du brun lui permettait d’y venir fréquemment, sans trop de problème.

19 heures 25. Un homme miséreux sort du bout de la rue. Il boite et marche le dos recourbé avec une grande difficulté. Il est vêtu d’un grand imperméable marron dans un état presque aussi délabré que l’homme. Il marche vers l’ancienne boutique. A ce moment, Erwann décolle. Il traverse la rue sans vraiment regarder ni à droite ni à gauche et prend une trajectoire telle, que le point d’impact avec l’homme ne serait tarder. Avant que celui là n’ai vu le stratagème, une main puissante lui saisit le bras. Le type se débat très peu, comme s’il savait irrémédiablement qu’il allait en prendre plein les mirettes, ou alors… comme s’il ne pouvait contrôler son propre corps. Il était bavant comme un chameau, sur les bords dangereux d’une overdose. Erwann l’entraine dans la boutique sombre, et le pousse dans le premier coin. Il s’écroule sans résistance. Le canadien décroche les mâchoires :

- Tu les as ?


Sans répondre, l’autre, tremblant, plonge la main dans une poche de son imperméable, et en sort un petit cylindre transparent de la longueur d’un doigt et de la largeur d’une pièce de monnaie. Erwann le prend avec minutie. Il prend bien le temps d’observer les petites pilules blanches à l’intérieur. L’autre gémit :

- Tu ne diras rien hein Mathew ? Si tu en parles je suis mort. Il m’a déjà broyé une rotule, s’il voit que je lui ai piqué de la morphine ça sera…


Il s’arrêta de parler. Il savait que quoiqu’il dise, ça ne changerait rien au comportement du Néo-Ecossais. Mais il savait aussi qu’il ne lui causerait plus de problème, Mathew était sombre comme le choléra, mais il n’avait rien d’un Juda.
Mathew, c’était Erwann. Enfin, c’était son deuxième prénom, le prénom de son père, le prénom que personne ne connaissait. Il donnait ce nom à des petits rats pour ne pas se faire rattraper par les gros. Mathew c’était un peu le côté d’Erwann que personne ne voulait voir, pas même lui. C’était le côté qui souffrait le plus, c’était le côté qui avait besoin de morphine en grande dose pour oublier que sa jambe gonflait tout les trois pas, et qui le ramenait du « bon côté ».

Il balança un dernier regard au jeune soumis devant lui, Erwann savait que ce gars avait peu de chance de survivre plus d’un mois encore dans cet état. Il s’apprêta à faire demi-tour, mais un craquement révéla la présence d’une autre personne, juste derrière lui. Erwann serra son point.


[Je te promets pas des posts à chaque fois aussi épais ^^ là j'avais... pas mal d'inspi ^^]
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyJeu 3 Avr - 15:03

[ Magnifique *-* Eh ben ma p'tite Majoren va bien s'incruser, ça lui ressemble dans ce cas là huhuu =D]

Quel temps, oh oui quel temps. La pluie n'est que félicité et et l'humidité n'est que beauté. Ce jour là était bien le meilleur depuis quelques semaines. Tout n'avait été que froid sec, on n'avait vu que quelques flocons de neige trop pure, mais aucune pluie, aucune grisaille. Ce temps allait d'ailleurs bientôt disparaitre pour laisser place à du soleil et les arbres seraient bientôt en fleurs, d'ici quelques semaines. Quelle horreur, oh oui, quelle horreur. Les rues assombries par des nuages noirs, des bruits de tonnerre qui brisaient parfois l'agonie du silence, qu'y avait-il de plus beau ? Rien n'avait plus de cachet que cela. Et pourtant, l'humanité qui faisait preuve de plus en plus de bêtise préférait le soleil, la chaleur, et se dorer la pilule sur la plage. Le froid n'était pas intense ce soir là, mais il était suffisant pour faire jubiler les gens les plus étranges. Par-ci par là, on pouvait apercevoir des animaux divers, rats, chats de gouttières chassés des toits par la pluie qui tentaient de trouver une poubelle ou un trou au sec. Aucun humanoïde ne montrait signe de vie dans le quartier. Enfin, il y en avait deux, pour l'instant et, par chance ou malchance, qui sait, l'un connaissait l'autre, et l'autre en question n'était pas au courant de la présence de l'autre. En règle générale, l'un irait voir l'autre et lui proposerait de se mettre au sec, mais c'est sans compte que l'un était une jeune brune dont les habitudes n'étaient pas celles là, et l'autre n'était sans doute pas là sans raison. Aussi rien ne ressemblait à l'habituel, on pourrait comparer cela à du subjonctif, le temps de potentiel, perdu dans la masse de l'indicatif.

L'après midi avait été longue d'ailleurs, pour cette ombre qui parcourait les rues depuis quelques heures déjà. Très longue car elle avait attendu un "ami" en retard pendant une demi heure, elle qui n'aimait pas attendre. Et qui plus est, cet ami avait quelque chose de très utile pour elle, quelque chose qu'il aurait été facile de confondre avec de la farine, ou du cyanure. Pas besoin de dessin ? Tant mieux. Et c'était seule que la jeune femme avait consommé son achat, ou plutôt son vol à moins que la nouvelle monnaie se nomme violence et sang. Le trou noir s'était agrandi, l'ombre avait plongé à nouveau. Elle qui s'était de plus en plus habituée à son nouveau "repère", elle qui avait pensé changer en arrivant dans cette ville, tant pis. A quoi bon tenter de changer, cela n'apportait que malheur, lorsqu'on est forgé et monté, plus rien ne pouvait être radicalement changé. Quel dommage, c'est une bonne âme en plus que l'on perd, et la cause est bien connue. Cette même ombre avait profité à fond de cette après midi passée en tête à tête avec sa dose, elle avait ri, tandis qu'elle frappait encore et toujours plus fort, tandis qu'elle voyait du sang s'étaler sur le sol, elle avait même fait semblant de pleurer lorsqu'elle avait vu le dernier souffle de son "ami" s'échapper dans son visage. Et elle avait dansé, peut être était-ce cela qui avait fait s'aggraver la pluie ? Qui sait. La vie était parfois bien faite, sa joie s'était décuplé, pour peu qu'elle soit sincère. Une fois calmé, c'était d'ailleurs la mélancolie qui l'avait emplie, puis l'indifférence qui la caractérisait. En fait, ce n'était que la vue lointaine d'un ami qui lui rendit cette impression d'indifférence. Rien ne servait de regretter quoi que ce soit, là n'était que faiblesse.

L'ombre avait froid aux jambes à présent, son pantalon était troué, et seul son sweat lui tenait chaud. Même mouillé, il était fidèle au poste, mais pourquoi avait-elle déchiré son pantalon, qui, en plus, l'avait lâchée sans crier gare ? Elle n'aurait pas du danser, en fin de compte. Assise dans une ruelle déserte sur une caisse en bois, elle ne se rendit compte qu'après quelques instants qu'un bout de verre s'était enfoncé dans sa cuisse. Elle crut tout d'abord à une écharde car le bois était vieux, et de bien mauvais qualité. Elle se pencha vers sa jambe. Oh, en fait, la brune ne s'était pas ratée, car la plaie était plutôt profonde, mais alors, comment avait-elle fait pour ne pas s'en rendre compte ? Mystère. Elle tira sur le gros morceau de verre, et le sang continua à couler, mais elle n'y fit pas attention, et envoya voler le morceau ensanglanté. Elle essuya la plaie avec un bout de son pantalon pas troué et toujours propre, puis leva les yeux vers le jeune homme assis. Il se mouillait, le pauvre. Depuis quelques temps, elle le voyait moins comme quelqu'un qui avait besoin des autres, pensée qu'elle avait eue lorsqu'elle l'avait vu, la première fois. Tant mieux pour lui. Elle ne se lèverait pas, il attendait forcément quelqu'un ou quelque chose. Le hasard l'avait mené ici en même temps qu'elle, et Majoren ne partirait pas. Si il lui en voulait dans le futur, tant pis, la brune savait en elle même qu'elle n'aurait rien fait de mal. Sortir, c'est prendre le risque d'être vu par quelqu'un, et la brune était bien placée pour le savoir. Elle avait apprivoisé les rues.

D'une discrétion absolue, elle grimpa sur le petit immeuble à côté d'elle, histoire de ressentir encore mieux la pluie, qui, peut être, laverait sa plaie, sans qu'elle y pense, et elle verrait mieux ce qu'il se passait. Elle était toujours au courant de tout, d'une façon ou d'une autre, même sans qu'elle le veuille alors tant qu'à faire. Mais le temps qu'elle monte, Erwann avait disparu, envolé. Enfin, envolé, pas tant que ça, puisque la jeune fille avait deviné où il était, cela tenait de la logique. Elle avait vu arriver la personne qui avait disparue elle aussi, et l'avait déjà vu quelques fois, enfin, les détails s'arrêteront au "vu". La jeune fille ne descendit pas tout de suite, elle jeta un regard à son pantalon ensanglanté. Un instant, elle voulut arracher le morceau du bas, qui était devenu rouge bordeau, mais elle hésita. Elle aimait bien se pantalon. Finalement, d'un geste sec, elle le fit. Puis, essuyant une dernière fois sa plaie, elle descendit rapidement de son petit immeuble, et s'approcha du magasin détruit dans lequel Erwann était sans doute entré. Elle mettait son nez là où elle ne devait pas, sans aucun doute, mais elle s'en fichait. Les deux personnes la connaissaient, et au pire, elle agirait. Elle avait de l'entrainement, et ce n'était pas sa blessure à la jambe qui l'empêcherait de se défendre contre qui que ce soit, il n'y avait que contre une seule des deux personne qu'elle risquerait d'avoir du mal, en fin de compte, mais elle ne le savait pas, et pour l'instant, elle ne courait aucun risque.

Arrivée à la porte, elle entra à l'intérieur, et ses yeux habitués à l'obscurité virent immédiatement la scène. Et, faisant exprès bien sûr, elle émit un craquement en marchant sur un petit morceau de bois brûlé qui restait de la charpente. Elle aurait aimé que cela arrive plus tard, mais qu'importe. Elle ne put s'empêcher tout de même de penser qu'elle était plutôt ravie de voir comme une sorte de "côté noir" d'Erwann, car, à la vue de l'expression de son visage et de sa façon de se tenir, ce n'était pas le Erwann qui l'avait gentiment réconfortée dans la chambre, lorsqu'elle avait pris des résolutions que, finalement, elle ne tenait pas. Elle était, elle aussi, dans sa phase " black Majoren", en fait. Mais elle le cachait tellement bien que cela ne se voyait certainement pas. Elle cachait toujours tout, et tout le temps.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyVen 4 Avr - 17:42

[Ton post me laisse sans voix ^^ *_* ! ]


Le léger craquement capté par l’ouïe altérée du canadien fut suivit d’une série de petits autres. Signe que c’était bien une personne, qui se déplaçait petit à petit. C’était certain qu’on l’observait à son insu. Il détestait ça, plus que tout, ça l’énervait. Les petits mateurs, les emmerdeurs de premières… voire même emmerdeuses, il les écraserait tous de toutes façon, un jour ou l’autre. Il tourna violement la tête vers l’arrière, accompagnant le mouvement de cou par une rotation du buste, faisant gémir les fibres des ses vêtements mouillés. Lui aussi fit craquer le sol et les gravas. Il ne voyait pas qui se tenait devant lui un peu plus loin. Les rares rayons de lumière qui lui donnaient une vue autour de lui ne suffisaient pas à distinguer le visage de l’inconnu de son corps. C’était trop noir. Il serrait toujours les poings, contre du rien, contre sa propre colère qui se développait comme les bactéries sur un bout de viande au soleil.

- La ferme ! Ferme ! Ferme ta chienne de gueule !


En une fraction de seconde, voyant qu’il était coincé entre un mur livide et l’inconnu stressant, il a avait vidé sa colère sur le pauvre garçon rongé par la dope et par le temps. Il n’avait pas vraiment parlé en fait, il n’arrêtait pas de claquer des dents. Il avait certainement plus peur que froid, étant donné l’arrêt de mort qu’il venait de signer en volant de la morphine à des dealers, certes de seconde zone, mais tout de même assez influent pour réduire en bouillie une dizaine de métacarpes. Oui Erwann avait hurlé, oublié la présence humaine juste derrière. Il avait même salué le gars d’un ou deux coups de pieds. Il avait serré tellement fort les dents que ses gencives lui faisaient mal. Ce fut un accès de colère incontrôlable, il fallait bien que ça sorte sur quelque chose. Et c’était préférable pour le monde que ça sorte, justement, sur quelque chose de presque mort.

Après ce moment d’euphorie fatale, Erwann n’était pas vraiment plus calmé. Il s’apprêtait à se retourner pour partir loin et oubliant l’intrus derrière, rentrer tranquillement à l’école, comme si de rien n’était. S’assoir sur son lit, sortir un verre d’eau, dissoudre une ou deux pilules, et se les envoyer directement dans le sang en piquant à l’extrémité de sa cuisse atrophiée, là ou personne n’oserait regarder. Mais quelque chose stoppa son élan prématurément. Une odeur. Loin d’être nauséabonde, une odeur douce mélangé à une autre odeur âpre de tabac. Cette odeur, c’était celle d’une chevelure. Des cheveux lisses et noirs comme l’enfer. Ces cheveux là qu’il avait serrés avec tout le corps derrière, une longue nuit, dans une petite chambre modeste. Majoren la vagabonde, Majoren l’unique.

Ses muscles laissèrent la crispation pour un état plus aimable. Il avait largement desserré ses mâchoires, et ses mains ressemblaient désormais plus à une feuille de platane. Ses sourcils s’arquèrent, lui redonnant ce regard tout et plein de confiance et de chaleur. Malgré cela, même si son esprit et son cœur s’adoucissaient peut à peu, son corps ne suivait pas trop, et il contractait toujours les muscles de son ventre et de ses flancs dans le vide. Comme pour créer un périmètre de sécurité autour de lui. Pourtant il savait que rien de mal ne pouvait lui arriver, tant que son bourreau était sa colocataire. D’une voix calme et simple, tout le contraire de la précédente, il lança à la demoiselle toute de noir vêtue :

- Ce n’est pas vraiment un endroit pour les belles jeunes filles ici.

Il savait que cette remarque ne changerait rien. Il savait qu’elle allait où elle voulait, quand elle voulait, et quel qu’était les moyens qu’elle employait, elle y arrivait. Mais ne rien dire, ou alors l’accueillir comme ça, de la part d’un grand gars comme lui, ça aurait été totalement anti-gentleman.

Il se retourna totalement, trainant quelques gravats sans attache. Il était face à elle, et il distinguait presque parfaitement sa silhouette sombre dans l’obscurité ténébreuse du bâtiment de ruine et de bois brûlés. On entendait toujours le pétillement des tôles cassées sous le choc des gouttes de pluie qui tombaient en abondance. La nuit tombait, et enveloppait tout l’air d’une ambiance pesante, presque lourde. Si lourde, ce n’était qu’un poids de plus sur les épaules du monde, sur les épaules de ces deux enfants de la déchéance.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptySam 5 Avr - 12:04

[ Et le tien alors O_O oups ! Je bave >.<]

L'état du jeune homme semblait être encore plus différent de ce que Majoren avait pu voir. Elle le savait proche des gens qu'il aimait bien, où elle pouvait peut être se classer puisqu'il ne lui avait pas sautée dessus pour la frapper, mais a vrai dire, elle ne l'avait jamais "analysé" comme elle le faisait si souvent avec les autres, ce qui était pour lui une chance dont il ne se rendait pas compte. De loin, bien qu'elle ne le voie pas aussi bien qu'elle l'aurait souhaité, il avait l'air d'une bête enragée. Elle sentait comme une aura de colère qu'elle sentait à son intention, mais rien ne lui fit regretter d'être entrée dans ce bâtiment presque totalement détruit. Et lorsque la voix de son colocataire se fit entendre dans un cri, elle ne bougea pas, car elle se doutait que ce n'était pas pour elle. Malgré son manque d'expérience pour ce qui était des relations sociales, elle avait une intuition que ne trompait pas, et avait l'art de comprendre très facilement les choses. Son intuition lui disait que pour l'instant, on ne lui voulait rien, et c'était tant mieux. Soudain, une douleur apparut dans la jambe de Majoren, qui lui rappela qu'elle devait faire attention à ce qu'elle faisait avec. Depuis le début, elle n'était appuyée que son cette jambe là, et le sang coulait abondamment, le côté droit était entièrement recouvert de sang chaud qui procurait en elle une agréable sensation. Visiblement, pour que ça lui fasse encore mal, c'est qu'elle n'avait pas du enlever tout le verre. La jeune fille se rappela que le morceau avait fait comme un drôle de bruit lorsqu'elle l'avait enlevé et que sa forme ne paraissait pas logique. Elle se baissa vers la plaire et remarqua un morceau transparent recouvert de rouge qui dépassait un peu. Evidemment. Elle l'attrapa et tira de toutes ses forces afin de l'extirper de la plaie. A première vue, la blessure paraissait finalement plus profonde que ce qu'elle avait pensé, mais qu'importe, elle se contenta d'envoyer le morceau de verre à quelques mètres, avant que son regard ne revienne se poser sur la scène, où elle devinait qu'Erwann frappait un homme avec son pied. Elle ne l'arrêta pas, où était le problème ? Elle ne connaissait que très peu ce gars là. Un homme en plus, ou en moins, où était l'importance, elle avait bien agi de même cet après-midi là, elle aussi. La mort n'était pas une chose qui l'effrayait, bien au contraire, que ça la concerne directement ou non.

Le brun esquissa un mouvement, comme bien décidé à sortir, mais il s'arrêta, et Majoren devina pourquoi. Il n'avait pas l'air d'avoir fait attention à sa présence, mais il sembla se détendre. Voir ce "Black Erwann" avait été une félicité pour la jeune fille, qui l'avait imaginé comme un gars comme les autres depuis bien longtemps. Déjà, le voir fumer de l'herbe avait changé son avis, mais là, c'était encore mieux, et elle commençait à le cerner véritablement. L'expression de la jeune fille se fit plus adoucie et amicale pour qui parviendrait à le voir, car on voyait encore pas mal d'indifférence. Pas de sourire, rien dans les yeux, juste quelque chose de palpable lorsqu'on la connaissait bien. Si ça n'avait pas été Erwann, elle serait partie, ou ne serait jamais entrée. Mais là, c'était différent. Et puis, la curiosité avait fait le reste. Et elle accueillit avec cette expression là le changement du jeune homme. Il devenait presque flippant pour elle, lorsqu'il était comme elle l'avait vu seulement quelques secondes avant. Et il en fallait, pour la faire stresser, il en fallait même beaucoup.

La pluie ne semblait pas décidée à s'arrêter, et c'était tant mieux. La nuit apportait un peu plus de fraicheur, ce qui ajoutait à ce magnifique temps. Majoren se déplaça vers un endroit où le toit était totalement absent, non pas pour se mettre dans la lumière de la lune presque pleine, non, juste pour profiter de cette pluie qui enlèverait petit à petit les taches de sang qui restaient sur sa jambe. Ce furent ses cheveux qui se mouillèrent en premier, évidemment, et cela lui fit repenser qu'elle avait dépassé le temps où elle ne les coupait pas. Mais son changement vers le passé était presque total, et elle redeviendrait comme avant, physiquement, ses cheveux y compris. Elle les avait coupés comme pour marquer un changement radical vers une nouvelle vie, mais elle avait laissé tomber cette résolution. Les décisions de ce genre n'étaient pas son truc pour l'instant, bien que certaines aient été bonnes et suivies. Lorsqu'Erwann lui adressa la parole, Majoren eut l'impression que la pluie elle même devenait chaude, tant la voix se différenciait à celle du cri qui avait retenti quelques secondes avant, ou quelques minutes, personne ne semblait le savoir. Et la jeune fille eut comme un ricanement. Elle ne le connaissait pas aussi drôle et doué en ironie, d'ailleurs, elle ne manqua pas de le lui faire savoir.


- Belle jeune fille ? Quelle ironie, je ne te savais pas si drôle. N'ai-je pas tout d'une vieille aigrie, espionner les seules personnes que j'estime ? Qui plus est, cet endroit me correspond tout à fait.

Tout n'était que sincérité, mais elle ne regrettait pas totalement d'être entrée. Elle avait découvert une autre facette de son colocataire et ami., mais ne cherchait pas à lui demander la raison de sa présence, elle s'en doutait, ou du moins le savait. Elle savait tout, et tendait l'oreille quand cela l'intéressait. A chaque fois qu'elle rencontrait Erwann, elle tentait à nouveau de voir quel genre de gars il était, réfléchissait longtemps, et n'arrivait à aucune conclusion. La japonaise leva la tête vers ce qui avait été autrefois le plafond et laissait maintenant apparaitre le ciel où la lune tentait d'apparaitre à travers les nuages noirs. La pluie lui mouilla le visage, mais elle ne cligna pas des yeux, elle affrontait tout, et tout le monde, même la pluie qui tentait de lui faire peur et l'enrhumer. Sans doute rentrerait-elle le lendemain au pensionnat, sans doute serait-elle malade, et sans doute raterait-elle une autre semaine de cours, avec une raison valable, cette fois-ci.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptySam 5 Avr - 14:56

[ Bon on va arrêté de se faire des léchouilles comme ça ok xD ]


La Lune qui avait montré le bout de son nez depuis quelques minutes déjà, offrait aux être d’ici bas de petits rayons blanc et bleu. Les cheveux, les vêtements et les yeux noirs et mouillés de la jeune Japonaise arrivée depuis peu brillaient sous ces rayons nocturnes. La pleine Lune. Gorgée de ténèbres et d’envie de lumière à la fois. Certains y voyaient l’apparition du loup-garou, et en quelques sortes, c’était ce qui se passait lorsque un visage était éclairé par la grande Lune ronde : on apercevait des trais, des lignes violentes, des expressions d’une autre vie, un autre côté, et comme trop souvent, on refusait de voir ce côté avec plus d’attention.

Majoren était monté sur un petit tas de gravât à un endroit où la pluie tombait abondamment. Une douche avant, ou après, l’heure. Là, il la voyait mieux, elle était sous la lune. Dans le parc de l’autre côté de la rue, on entendait les haies et les chemins de bois claquer sous la chute de l’orage. Ce n’était pas une soirée à vivre dehors, à moitié seul. Il éprouva comme une nostalgie de son lit. Les deux draps blancs et la lumière jaune de la petite lampe. Rien à voir avec la boutique en ruine. Le paradis et les ténèbres. Pas encore l’enfer… car l’enfer, c’est quand ça brûle, et avec cette pluie et cet humidité, rien de risquait de flamber. Même pas un cœur. Mais même si elle disait le contraire et l’affirmait comme une évidence simplissime, la japonaise était loin d’être vieille et aigrie. Espionner les gens, tout le monde le faisait au moins une fois, ce n’était pas ça qui ferait d’elle une femme acide comme un citron. Quant au reste… sans commentaire. Erwann lâcha un petit rire très court, indiquant sa réponse à l’interprétation « ironique » de Majoren, laissant ainsi entendre que ce n’était pas si ironique que ça en fin de compte. On ne pouvait pas forcer quelqu’un à s’aimer physiquement. D’ailleurs, le grand brun lui-même, haïssait sa posture bancale et sa démarche mécanique. Et puis le reste… des bras trop longs, des mains trop usées, des cheveux trop incoiffable… . Un bel homme lui ? Il s’en marrait intérieurement, même si la situation même ne prêtait pas à rire.

A regarder Majoren comme un jeune puceau qui regarde la femme de sa vie, le canadien en avait complètement oublié le gars recroquevillé dans le coin, juste derrière lui. L’engueulade primitive qu’il avait subi quelques secondes plus tôt ne l’avait pas choqué ni bouleversé. Ce n’était pas sa première, et vue comme sa vie tournait, ça ne serait certainement pas sa dernière. Erwann se retourna vers le coin. Parti, il s’était faufilé dans l’obscurité et avait mis les voiles. Le canadien n’y voyait aucun inconvénients. Un intrus n’aurait pas facilité une soirée entre les deux étudiants. Surtout lui, un homme ni de valeur ni d’utilité. Erwann fit un ou deux pas en avant, vers l’endroit ou se douchait Majoren. Lui aussi, à son tour, finit par se mettre sous l’eau qui tombait, sous la lumière blanche et teinte de gris parfois, comme dans un vieux film des années soixante.

- Ca fait… plaisir de te voi… .


Il n’eut pas vraiment le temps de finir son mot. Il remarqua presque tout de suite le bas du pantalon de la jeune fille qui manquait. On voyait clairement, d’après les fils qui pendaient lamentablement, qu’il avait été arraché. En un quart de seconde cosmique, Erwann porta son regard plus attentivement vers la jambe, sans bouger la tête. On voyait presque parfaitement la grosse plaie béante dont coulait le liquide rougeâtre tant redouté par les hommes. C’était une plaie longue et tordue comme le grand canyon, elle avait due être causé par quelque chose de coupant à la va vite. Un gros morceau de tôle cassée ou alors un couteau très vieux. Peu importait. Erwann relava la tête vers l’autre tête juste devant lui.

- Ca par contre, c’est moche.

Le sang dégoulinait le long sa jambe par petite veine, accompagné par la pluie ruisselante. Le tout rejoignait la terre, soit par projection et éclaboussure, soit en passant par sa chaussure. Bizarrement, on voyait très distinctement le rouge sur le noir… on ne pouvait pas différencier une jonquille d’une tulipe dans cette pénombre stressante, et pourtant on voyait ça. Le sang n’avait rien de catholique, Erwann le savait, il en avait vu un sacré paquet de litre s’en aller et venir dans son propre corps. Le sang était quelque chose d’antinaturel, et pourtant c’était la vie même. Oui mais voilà, la vie, seulement dans le cas où il reste dans ses tuyaux. La, ça fuyait, et le plombier était en weekend.

Elle n’avait pas l’air d’en souffrir. Peut-être quelques substances faisaient effets d’anesthésie. Quoiqu’il en soit, il la voyait comme toujours. Ce même regard qui disait de ne pas s’approcher sous peine de se faire mordre. Ces mêmes habits qui témoignaient des nombreuses nuits passées dehors. Ces mêmes yeux réclamant de l’affection sans vraiment y donner de motivation. Cette même voix, sure d’elle, aussi féroce et convainquante qu’un rocher de granit soudé à la falaise… .
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptySam 5 Avr - 15:36

L'atmosphère et la luminosité d'une couleur lointaine de celle du soleil avait encore plus emporté la jeune japonaise dans son humeur quelque peu mystique. Elle se sentait comme dans un instant de flashback sur le passé du héros d'un film fantastique, les cheveux dans le vent et l'air toujours très sérieux alors qu'on vient de manger son cheval, blesser à mort son compagnon de route, et réduit au presque néant toutes ses chances de survie. Mais bien sûr, il y avait toujours cette lueur d'espoir qui brillait au loin, et c'était sur cette lueur que l'on se concentrait. Oui, la jeune fille avait l'impression de voir dans le sombre de l'ancien magasin une sorte de petite lumière qui clignotait comme pour lui dire en morse " t'as trouvé le lieu qui t'apportera la félicité", mais pas besoin de compter les coups, longs ou courts, parce que la traduction venait toute seule. Encore un peu, et elle aurait pu voir des un vieux barbu lui dire qu'elle était l'élue et qu'elle dirigeait une meute de loups sanguinaires. Totalement dénué de sens, mais c'était pour tout dire la seule description possible de ce sentiment qui l'envahissait. La lune faisait parfois ressortir des émotions dont on ne se doute pas qu'elles peuvent être enfouies dans un corps trop mince pour être appelé ainsi. Pour tout dire en détails, Majoren avait tendance à se sentir presque naturelle depuis les quelques temps où elle était entrée, elle se voyait comme une femme, pour la première fois depuis longtemps. En temps normal, elle ne se voyait que comme une ombre qui erre, pour peu qu'elle se voie. Elle sentait même ses membres, arrivait à savoir où ils étaient sans pour autant avoir à se blesser. En fait, la japonaise se savait en vie, et elle sentait véritablement la pluie dégouliner le long de son corps, tout comme le sang qui se mêlait à l'eau purificatrice qui semblait être argentée lorsqu'elle passait dans l'axe de la Lune. Un soupir trahissant son bien être malgré sa jambe qui la lançait s'échappa de la bouche de Majoren. Elle était vraiment bien, à l'aise, dans son élément, la douleur mêlée au "mauvais" temps.

Le départ du "chandelier" tentait d'être discret, mais n'importe qui qui aurait tendu l'oreille et aurait prêté attention à lui l'aurait remarqué directement. Une chance pour lui que personne ne l'aie remarqué. Visiblement, ne rien comprendre n'était pas son fort, ni la curiosité d'ailleurs, et c'est ce qui empêchait Majoren ne le détester, bien que ne le connaissant pas. Son départ avait été rapide, grand bien lui fasse, il n'avait fait que prolonger son espérance de vie dans ce monde de fous et de dépendant dont Majoren ne se vantait pas de faire partie.

Un courant d'air passa dans les rues, ce qui n'eut pour effet que de changer la trajectoire de la pluie, l'espace d'un instant. Un frisson parcourut la Japonaise qui vit ensuite son colocataire la rejoindre sous la Lune. N'importe qui aurait été attiré par cette atmosphère et ce rayon de lumière qui traversait tant bien que mal les nuages. Les yeux de la jeune fille se posèrent sur le sang qui s'étendait sur le sol dans une flaque qui grandissait peu à peu. La dernière fois qu'elle en avait perdu autant, c'était à la tête qu'on l'avait frappée, et elle avait failli y passer. A ce souvenir, Majoren faillit sourire, mais se ravisa, car cela montrait une fois de plus qu'elle replongeait. Avoir rencontré Erwann ici lui avait fait perdre sa fierté de sa condition. Mais où était le mal ? Elle avait rencontré le jeune homme bien après ses premières sorties nocturnes riches en alcool, cigarettes, et plus tard drogues et sexe. Même si c'était devant lui qu'elle avait pris ses résolutions, elle n'en sortait nullement complexée.

Le brun commença une phrase et elle sentit son regard se poser sur sa blessure, mais elle n'y fit nullement attention dans un premier temps, jusqu'à ce qu'il fasse une remarque là dessus, et ce ne fut qu'après cette remarque qu'elle daigna l'examiner véritablement. Elle se pencha un peu, et "admira" la chose. Il était vrai que ce n'était pas joli joli, mais elle n'avait rien pour désinfecter où quoi que ce soit et, a vrai dire, elle s'en fichait. Si la pluie nettoyait ne serai-ce qu'un peu, c'était pas mal. Elle attrapa un mouchoir dans un paquet au fond de sa poche, et essuya un peu la plaie, sans pour autant y passer des heures, car l'air de rien, cele lui arracha comme un petit gémissement, mélange de douleur et de plainte car ça n'était pas vraiment pratique. Cela n'eut pour véritable effet que d'enlever un peu de sang et de ralentir le flux. Ca n'était pas immonde, non plus, et elle ne se plaignit pas de cela par la suite, ne répondant à Erwann que d'une simple phrase sans être véritablement convaincue de ce qu'elle disait.


- C'est pas beau, c'est vrai, mais de dit-on pas que la beauté est subjective ? Tout ça n'est que mensonge après tout. Ça a au moins le mérite de ne pas mentir.

Parler ainsi d'une blessure était assez stupide, et quiconque aurait écouté n'aurait pas compris de quoi il était question, mais jamais la japonaise n'avait été claire dans ses paroles, et il était rare que ses phrases ne cachent pas quelque chose derrière. Elle tenta d'adoucir son regard, et la douleur aidait, et si personne ne le voyait, l'intention y était. Ce n'est pas le cadeau qui compte en général, c'est surtout la sincérité avec laquelle on l'offre.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyDim 6 Avr - 17:11

Socrate, Platon et les autres n’avaient qu’à bien se tenir. Ce soir Majoren se sentait d’humeur philosophique. Ses paroles, qui portaient de réels airs de proverbe mal luné d’un vieux sorcier charlatan, furent difficiles à avaler pour le grand brun. Ce fut comme un léger charabia qui n’était sorti d’un orifice buccal pour la simple et bonne raison que cet orifice ne trouvait rien d’autre à dire. Il ne comprenait pas que Majoren veuille à ce point faire comme si la plaie était bénigne. Exposée comme ça, elle risquait des infections, des vagues de pu, des propagations de sang noirâtre, et plein d’autres choses toutes plus dégoutantes les unes que les autres. Et puis, le cadre était plutôt propice à la pathologie ici… Erwann apercevait un rat ou un chat mort un peu plus loin, dans le noir. Le pelage mouillé renvoyait une petite lueur de mort. La même lueur que se renvoyaient mutuellement les deux êtres. Même si c’était sombre, le canadien s’y plaisait vraisemblablement autant que la japonaise. C’était une sensation étrange. Une autre forme d’orgasme, une sorte de délectation du côté obscure, un saut dans le noir et l’incertitude pour mieux en ressortir. Se laisser vendre au diable en toute conscience, succomber au poids de la vie. La pénombre faisait sortir l’adrénaline de ses recoins perdus, c’était ça le truc. La peur, la drogue, tout ça, ce n’était que secondaire. Le secret, c’était de braver volontairement l’interdis dans le noir et de se laisser aller. Ici, Majoren laissait le mal s’implanter au creux de sa jambe. Erwann lui, le laissait se mettre dans les seringues blanches avec lesquelles il s’empalait, tous les jours. Mais malgré tout ça, le grand canadien gardait sa lucidité.

- Si tu le dis…, répondit-il à la brune.

La pluie battait de plus fort les deux visages. Erwann fermait de temps en temps un œil quand il était noyé. Il frissonnait de plus en plus, la pluie n’était pas si tiède que ça : elle venait de loin. Il parcouru l’espace de son regard plus ou moins apaisé. Dans la rue, c’était vide. L’eau qui coulait sur le bitume prenait la couleur orangeâtes du lampadaire qui était planté un peu plus loin. Erwann avait tellement vu cette image de pluie nocturne. Ça en devenait presque lassant. Il soupira un bref instant, en grinçant des dents. Il manquait de nicotine. Mais pour le moment, il manquait aussi de feu, pas question de fumer ici, en pleine mousson.

Et maintenant ? Que faire de plus intéressant que ce qu’ils faisaient là comme deux rats morts ? Ils ne pouvaient pas rester indéfiniment sous les lumières d’en bas, à écouter les gouttes s’éclater sur le sol et les gravats. Erwann remua ses muscles en un spasme violent, comme s’il s’étirait après avoir dormit debout. Il décida de marcher un peu, par ci par là. Il s’éloigna progressivement de l’alcôve sans toit où se tenait sa colocataire. Il se dirigea vers l’extrême limite de la ruine, là où commençait le trottoir. Il se tenait au milieu de ce qui avait été l’emplacement d’une porte. Sur ses flans, deux murs asymétriques qui devaient porter la maison autrefois. Derrière lui, la pièce vide pleine de pierre et de papier peint brûlé. Devant lui, la rue, avec, de l’autre côté, le parc, très sombre à cette heure. Un petit sentier gris-jaune partait vers l’obscurité des arbres. Quelques bancs et une demi-douzaine de poubelle étaient dispatchés sur l’orée du parc. Tout était très silencieux, excepté la pluie. Il entendait le souffle de Majoren derrière lui, une respiration simple et contrôlée. Reposante pour le moins. Il tourna la tête une dernière fois vers Majoren. Il décrocha les mâchoires :

- Bon, on se casse?…

Il n’eut pas le temps d’ajouter plus de chose. A l’instant où il avait prononcé le dernier mot, le mur sur sa droite essuya une salve de mise en poussière fulgurante. Il bascula en arrière, leva les bras pour se protéger les yeux des éclats de pierre. A peine une seconde après une autre vague de petites explosions très nettes survint sur le même mur. D’un coup d’œil très bref, Erwann observa les impacts. Des petits trous gris disposé en ligne : des balles, on lui tirait ouvertement dessus. Il couru en manquant de trébucher dans la pièce. Une grande lumière bleue puis rouge enflamma les ruines. Un gyrophare… des flics ? Il n’entendait presque plus rien de distinct. Ses tympans avaient trop souffert certainement des deux fusillades auxquelles il avait eut droit juste avant. Ce qu’il distingua du reste, ce fut des cris d’homme, des ordres de départ comme dans quelques jeux vidéo de violence voulue. Il eut un bref moment de réflexion, si sa tête avait été une semelle plus à droite, sa cervelle serait éparpillée un peu partout sur le sol. Ses yeux s'écarquillèrent.

L’adrénaline qui lui montait au cerveau cette fois si, elle ne fut pas l’objet d’un plaisir exaltant. Son cœur battait comme un métronome fou à lier, il ne sentait plus ses mains, le bout de ses doigts. Il mit environ trente longues secondes à se rendre compte qu’il était étendu sur le sol, et qu’autour de lui, tout partait en poussière. Ça gueulait tellement à l’extérieur du bâtiment qu’on se serait cru sur un champ de bataille. Son ouïe lui revint entièrement, juste au moment ou un petit sifflement résonna dans le périmètre. Il savait ce que cela signifiait.

- Oh merde !

Il roula sur le côté, se retrouvant à plat ventre, non loin d'un mur encore debout, protégeant sa tête et sa nuque de l’explosion. Une partie complète de la boutique partit en fumée. Un nuage de poussière envahit la pièce. Il serrait gracieusement les dents. Mais qu’est ce qui se passait ici nom de Dieu ? Il releva la tête quand tous les morceaux de bois eurent finit de tomber autour de son corps. Il toucha sa jambe gauche hâtivement, et hurla un juron. Plus de prothèse. Depuis quand ? La chute ou l’explosion ? Pas le temps de réfléchir, il savait que la poussière et la confusion serait sa seule chance de sortir de ce bourbier de mort. Et sur une seule jambe, ça serait pas simple, mais faisable. Il poussa sur ses bras, relava son corps, prit appui sur sa jambe valide et sauta vers l’avant, vers l’endroit où tout à l’heure, il avait frappé le junkie. Il heurta le mur. Il était coincé. Il sentait le sang lui couler de la tête, sa tête elle-même recouverte de poussière de béton et de verre. Il ferma les yeux. C’était la grande fin des haricots.



[Je pimente la sauce =D ]
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyDim 6 Avr - 18:20

[ Admirable, c'est parfaitement parfait ! Je vais essayer d'être à la hauteur =D]

La discussion était absolument close, parfaitement close, si tenté qu'il y en aie eu une de véritablement sérieuse. Majoren avait tenté de parler, mais rares étaient les fois où elle débitait quelque chose de compréhensible. La plupart du temps, Erwann la comprenait, mais il ne fallait pas pousser non plus. En plus, il n'était pas en bon état, d'après ce que la Japonaise avait pu juger, c'était d'ailleurs regrettable. Si il arrivait quelque chose, il ne pourrait pas faire grand chose. Un éclair de lucidité, ou de voyance ? A moins que son intuition frappe et fasse encore mal, comme quoi, elle mettait en danger les gens qu'elle appréciait, mais même absente, le destin restait le destin. Mais pour l'instant, rien ne se passait. Tout était bien trop calme. Aucun souci ne venait troubler les deux jeunes, chacun avait son petit problème, et Majoren avait bien entendu cette sale jambe qui n'avait que cela à faire que de l'ennuyer. Etonnement elle se sentait un peu plus proche d'Erwann. Certes, elle n'avait pas non plus une prothèse, et si elle se soignait, elle n'en aurait pas besoin, mais après tout, ils souffraient tous les deux au même endroit et au même moment, c'était la même jambe. Si il fallait vraiment ça pour qu'elle comprenne quelqu'un, elle ne comprendrait que rarement les gens de son entourage. Partie dans ses pensées profondes et néanmoins plutôt superficielles, la japonaise dut revenir à la réalité, tandis qu'elle sentait un picotement dans sa jambe qui lui rappelait qu'elle était encore appuyée sur cette dernière. Quelle poisse, que lui avait-il pris de s'asseoir n'importe où sans regarder si, par hasard, un gros bout de verre bien affuté ne trainait pas là exprès pour lui arracher l'usage complet et très utile de sa jambe ? Tout venait de l'éducation, bien évidemment. Les gens mal éduqués s'empalaient tous bêtement sur un morceau de verre.

Les paroles d'Erwann qui suivirent lui parurent bien lointaines, mais elle les entendait. Elle s'apprêtait d'ailleurs à se retourner pour le suivre et rentrer sagement à l'internat, dans la chambre 39, ou ailleurs, quelque part où il ne ferait pas froid, et où il ne pleuvrait plus, où on trouverait du désinfectant, ou de l'alcool, et quelque chose pour panser cette blessure. En fin de compte, elle aurait pu penser à prendre son sac, il y avait toujours quelque chose d'utile dedans, quand on passe sa vie dehors, on prévoit ce genre de choses, quand même, bien que ne faisant pas grand cas de son état de santé. La brune n'aurait pas rechigné à suivre le jeune homme qu'elle appréciait et à qui elle pourrait même obéir, si son "ordre" ou sa demande était acceptable, ce qu'elle n'aurait fait avec personne d'autre, d'autant plus qu'il n'avait vraiment pas l'air bien. Elle l'aurait fait, si quelque chose de plus brutal qu'un simple picotement, ou une simple douleur ne l'avait pas empêchée d'y parvenir dans l'immédiat. Et cette chose en question n'était autre qu'un bruit, un évènement qu'elle connaissait bien, et qu'elle aurait pu se vanter d'avoir deviné, voire même vu, si elle ne se sentait pas aussi loin de ces légendes de voyance et toutes ces stupidités.

Surprise au point d'en être immobilisée, elle ne bougea pas, dans un premier temps, ce qui lui valut de survivre. Une balle avait sifflé à son oreille, et avait traversé sa chevelure noire. Et malgré le fait que sa vie avait failli sortir de son corps, sa première pensée fut que celui qui était à l'origine de cette masse de métal n'était vraiment pas doué. Un léger gémissement qui aurait en fait du être un cri sortit de la gorge de la jeune fille et était pour la première fois, aigu. Il ressemblait à un sifflement. Sa poitrine se soulevait et s'abaissait lentement, malgré son affolement, cette peur qui se voyait dans ses yeux tellement expressifs.

Dans un réflexe, lorsqu'elle entendit des voix hurler des ordres parfois incompréhensibles et souvent contradictoires, la jeune fille bondit vers l'avant, dans l'ombre. Que lui avait-il pris de se laisser avoir par un élan mystique, une envie de se transformer en loup-garou, ou en vampire ? La Lune rendait vraiment les gens tarés parfois, et elle avait presque oublié qu'elle n'était plus une jeune fille comme les autres dans cette ville où elle avait su faire sa place, et où seule la discrétion payait, pour elle du moins. Quelqu'un les avait balancés, et il allait payer, maintenant qu'elle savait qui c'était. Mais mince quoi, elle avait couché avec lui, et ça n'avait pas suffit pour lui rendre la pareille ? A moins qu'elle ne l'aie confondu, ce qui était bien peu probable, il était vraiment encore plus bête que ce qu'elle avait pu voir jusqu'à présent. Presque la moitié de ce qu'il restait de la maison s'effondrait et, même en s'inquiétant pour lui, Majoren n'avait pas pu apercevoir Erwann. Avait-il fuit, était-il encore ici ? Quelle désespérance de s'attacher à quelqu'un et de risquer sa vie en même temps que la sienne. Elle ferma les yeux de toutes ses forces, comme pour se convaincre que ce n'était qu'un mauvais rêve et qu'elle se réveillerait, mais la douleur implantée dans sa jambe la réveilla de cet espoir vain. Tout était vrai, et il fallait prier pour qu'elle survive, et si par une chance incertaine elle y arrivait, prier aussi pour qu'on aie pas pu apercevoir son visage.

Des larmes coulaient presque semblables à des cascades sur les joues de la jeune fille. A la fois de la nostalgie de cette adrénaline qu'elle n'avait que trop peu subie ces derniers temps, et le stress s'ajoutait à cela, et puis ce sifflement qui sortait toujours de sa gorge, elle avait presque oublié qu'elle était asthmatique. Asthme d'effort, en plus. Jamais elle n'en avait souffert, à part quelques rares fois, et elle avait mal choisi son moment. Sa respiration était haletante, et statistiquement, elle avait perdu 50 si ce n'était 75 % de sa capacité respiratoire, rien qu'à cause de quelques coups de feu. Décidément, elle n'aurait pas du perdre l'habitude de ces courses poursuites dans des lieux trop sombres. La brune entendit un juron au loin, et reconnut la voix d'Erwann. Elle cria à son tour.


- Erw ... Putain !

Recouverte presque totalement de morceaux de bois, elle dut faire un effort qu'elle jugeait presque comme surhumain, car peu de ses muscles acceptaient encore de lui obéir, de même que ses poumons, ses bronches plus exactement. Elle se leva à moitié et bondit vers la source du bruit, trébuchant sur quelque chose de plus lourd que du bois brûlé. Par simple curiosité et pour "l'au cas où", elle le saisit : la prothèse, celle qu'elle avait vue sur Erwann, son unique chance de marcher relativement normalement. Un autre juron sortit de sa bouche, enlevant encore à la grâce qui aurait pu être sienne, tandis qu'elle s'approcha encore, écartant des morceaux de bois sans trop en faire. Elle vit son colocataire qui respirait encore, et faillit remercier Dieu, sauf qu'elle n'était pas croyante, alors elle remercia ce qu'elle voyait en premier, autrement dit la Lune. Parfois elle apportait le malheur, mais aussi souvent la chance. Elle le saisit par le bras, et tenta de le soulever, dans un effort peut être trop intense pour elle qui n'arrivait déjà pas à se soulever elle même. Elle toussa, plusieurs fois, elle respirait toujours difficilement, et dans sa façon de tousser, elle n'était plus humaine. On aurait dit qu'elle vomissait presque. Il y avait du sang, un peu partout, elle ne savait même plus, et ne cherchait pas à savoir d'où il venait. Il pouvait venir d'Erwann comme d'elle même qui s'était aussi amochée que lui dans cet évènement.

- Bande de .. Non, putain mais pas ça !


Une nouvelle fois, des balles fusèrent, une nouvelle fois, elle évita la mort, tout comme Erwann qu'elle portait presque entièrement sur son dos. Son regard balaya tout le lieu, la maison n'était pas encore cernée, et si elle arrivait à le porter lui, tout en se supportant elle, ils pourraient s'en sortir, par la porte de derrière. Elle s'élança, courant mais boîtant, tombant presque de temps à autres tandis qu'elle essayait de porter son colocataire, toussant toujours autant, pleurant de temps à autres, se ressaisissant, et ne cherchant même pas à savoir si la prothèse dans sa main était lourde, ni si son colocataire était encore conscient. Tout ce qu'elle voyait et visait, c'était ces ruelles derrière le magasin, ces ruelles tellement lointaines et pourtant si proches à la fois. Dans ce labyrinthe, elle était la reine, et même le meilleur flic ne les retrouverait pas. La japonaise aux cheveux noirs continuait envers et contre tout. N'était-ce pas une belle fin ? Si elle mourait ici, elle ne serait pas seule.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyDim 6 Avr - 20:08

[j'aime te lire <3 : D ]


Un bruit opaque et enfermé passait dans la pièce dévastée. Dans un mauvais rêve, Erwann aurait juré qu’il se trouvait dans une caisse, et que quelqu’un frappait cette même caisse à grand coups de bâton, avec une violence plus puissante à chaque impact. C’était un bruit sourd, qui tapait, inlassablement. Dans la bouche du canadien, une couche de poussière et de plein d’autre chose tout aussi immangeable s’amassaient. Sa langue était si sèche, qu’il aurait cru avoir couru le 100 mètres en baillant. Ses lèvres et ses gencives étaient douloureuses, piquantes comme des oursins. Au fond de sa gorge, il sentait le goût amer du sang qui coagulait. Alors quoi ? Sa langue elle aussi allait être amputée ? Non jamais. Et le meilleur moyen de s’en assurer était de gueuler un bon coup. C’est ce qu’il fit. Il poussa sur sa gorge encore et encore. Mais rien ne sortait. Du moins, c’est ce qu’il croyait. En réalité, il y avait bien un cri, un long cri de douleur, un cri qui appelait à l’aide. Mais L’explosion avait eu raison des frêles oreilles du brun pour la soirée. Il n’entendait rien, ou presque rien. Juste toujours, ce battement sourd autour de lui. Un battement qui allait par deux coups. Pou-poum. La fréquence de ces battements ralentissait, au fur et à mesure des secondes. Erwann était là allongé dans un coin, seul, et le comble du comble, c’est que son cœur battait de moins en moins rapidement : il se calmait. Il remuait les bras de temps en temps, tentant d’accrocher quelqu’un ou quelque chose dans un vain espoir de survie. Mais les seules choses qu’il touchait, c’était le mur rugueux et parfois quelques morceaux de matière sur le sol. Niveau visibilité, c’était très faible, le nuage de poussière bravait toujours l’humidité de l’air, et ne se décidait pas à redescendre. Il était dans un bel état ! Il ne voyait rien, n’entendait rien. C’était pitoyable. Mais contre toute attente, sa main droite finit par accrocher quelque chose, ou plutôt, quelque chose accrocha la main droite d’Erwann. Sans vraiment tout comprendre, il se sentit tiré, sa ceinture s’accrochant à tout les débris sur lesquels il passait.

Souvent il s’était demandé comment il réagirait face à la mort. Il se voyait bien perdre son sang froid, paniquer jusqu’à l’erreur fatale. Là, l’erreur fatale aurait été de courir dehors. Il se serait alors retrouvé comme un lapin au milieu d’un pavillon de chasse. S’il avait pu choisir, il aurait préféré s’endormir, et puis jamais ne se réveiller. Claquer dans son sommeil, c’était un luxe que peu de gens pouvaient se payer. Mais là il s’en voulait : il ne contrôlait rien. Il était raide comme un manche à balais, allongé sur le sol comme un cadavre avant l’heure. Ses sens l’avaient abandonné lâchement, et sans eux, c’était dur de devenir un héro. Il se voyait pourtant déjà, sortant des flammes sur une seule jambe avec un enfant et un nounours dans les bras, éclairé par les hélicos et l’échelle de pompier. Au lieu de ça, il irait le pied devant, sortant d’entre les gravats comme un ver de terre sortant du sable.

Un bout de métal pointu lui pénétra dans le bas du dos. Ce fut une douleur qui le ramena dans le monde des emmerdeurs, et des emmerdés. Il entendait plus ou moins un bruit d’écroulement et puis une sirène derrière. Puis à nouveau du silence… et puis ça revenait, doucement comme ça. Quelqu’un s’amusait avec le volume de ses tympans. Finalement, il entendait presque parfaitement quelqu’un qui toussait. Un à un, ses sens revenaient. De multiples stimuli arrivaient en masse à son cerveau. Le bruit, assourdissant en fin de compte, le goût collant du sang dans la bouche, la douleur dans son dos, la jambe fantôme à gauche, un nuage de poussière majeure, une odeur de cheveux… . La jeune fille semblait l’emmener tant bien que mal vers une destination inconnue. Il voulait parler, mais rien ne sortait, il n’en avait plus la force, depuis longtemps.

- Maj… .

Une tentative sans suite fut ainsi mieux réussie que les autres… . Il toussa lui aussi, car forcément en ouvrant la bouche, des choses y rentraient en abondance. Il cracha brutalement, se penchant sur le côté. Du sang, de la salive et de la poussière formèrent une minuscule flaque à la sortie de son visage. Et même si le long filet de bave qui reliait cette flaque à la bouche d’Erwann était de couleur pourpre, il se sentait un poil mieux. Il respirait à nouveau à peu près normalement. Le rare dioxygène présent arriva enfin jusqu’à ses cellules vitales. Et s’il réveilla sa conscience et sa presque-lucidité, il raviva aussi la douleur, un peu partout en fait.

Sa main n’était plus tirée. Erwann en conclu que Majoren n’était plus au bout. Ou si elle l’était, elle n’était plus en état de le trainer. Il chercha des bras, du regard et de tout ce qu’il pouvait pour la retrouver dans ces visions d’horreur qui lui arrivait. Peu à peu, Erwann se rendit compte que les bruits dans la ruine se taisaient. Un calme incertain venait à s’imposer. Il s’arrêta de bouger complètement. On n’entendait plus rien, et là ce n’était pas ses oreilles qui ne fonctionnaient plus. Le canadien distinguait chaque brin de poussière de ciment qui descendait vers le sol. Il sentait des petits cailloux qui roulaient, le long de son dos, de sa jambe, le long du mur et sous ses bras. Et puis il entendit d’autres bruits, des bruits malsains qui venait de droit devant lui, des bruits de pas. Une lumière de spéléologue déchirait le nuage de poussière. On le cherchait.

Erwann cru naïvement que s’il ne bougeait pas de là, on l’oublierait. S’il se faisait passé pour mort, pour un simple cadavre que l’on ne veut pas examiner. Pour la première fois depuis de douloureuses minutes, le brun sentit des gouttes d’eau lui tomber sur le visage. Et puis il aperçu une partie du ciel étoilé, puis la mère Lune qui les observait de bien haut. Les bruits de pas s’arrêtèrent tout près de lui. Ce n’était pas un, mais deux hommes qui se tenaient là, à une trentaine de centimètre de son corps, allongé toujours entre le mur et le sol. Il voyait dans le trouble de la poussière la massive jambe équipée de noir, avec des chaussures de type à vous botter les fesses sans passer par la case départ et bien sûr sans payer les 20 000 francs. Erwann retint son souffle. Un des hommes parla :

- Mademoiselle, ne bougez plus, dit-il d’une voix calme et professionnelle.

Mademoiselle ? Erwann pensa directement à la japonaise, à qui d ‘autre pouvait-il penser ? Alors c’était donc ça la fin de l’histoire : Majoren finissait à la merci des gros bras, et Erwann passait inaperçu entre les pierres… . Non, c’était trop simple, trop égoïste. Erwann serra les dents un moment. Puis sourit. Il venait de voir l’arme de point de secours du policier, accrochée sur le milieu de sa cuisse. Il ne réfléchit pas - ça faisait un bail qu’il ne réfléchissait plus – et saisit l’arme d’une main sure. Une seconde passa. Il la pointa droit devant lui, vers le haut, au dessus de la jambe.
Un coup de feu de plus résonna dans les clairières du parc.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyDim 6 Avr - 21:03

[ Et moi donc O_O Je suis complètement Waouh ]

Tout était allé bien trop vite, et l'état de la seule japonaise de sexe féminin ne lui permettait pas l'acte héroïque dont elle se serait vantée mentalement durant des années. A vrai dire, elle n'avait eu qu'une chance sur vingt ou trente, pour y arriver, et le fait d'avoir porté Erwann comme un fardeau qu'on accepte n'avait pas aidé. Mais elle ne le regrettait certainement pas, car elle préférait se faire prendre peut être même seule que de le laisser crever stupidement, dans l'incapacité de marcher et pourrissant dans les débris de ce fichu magasin qui n'aurait jamais du finir en cendres. A qui la faute ? Personne n'était responsable de rien dans cette histoire. Si Erwann n'avait pas eu besoin de cette prothèse, il ne serait pas venu, et dans ce cas, Majoren ne l'aurait pas vu, et peut être même jamais rencontré, et tout cela, la police, l'explosion, rien ne serait arrivé. Mais la brune savait accepter n'importe quel mauvais du moment qu'elle en tirait quelque chose, ce qui arrivait en ce moment. Tout ça, elle en avait presque l'habitude. Combien de fois avait-elle manipulé des policiers pour partir ? Se faisant passer pour muette, sourde ou bien folle à lier ? Toute sa journée n'avait été qu'illégalité, et alors ? Elle s'en sortirait, et accompagnée, et ne se plaindrait pas, car elle aurait vécu quelque chose d'unique. C'était sans doute cela qui lui donnait la force d'espérer malgré le fait que là, c'était vraiment mal barré.

La fille aux cheveux noirs pour ne pas être plus sombres ne sentait presque plus la pluie, et était couverte de pas mal d'autres choses : sang, poussière, petits morceaux de bois collés, tout ce qu'il y avait de sale et de pathogène. Sa jambe la faisait souffrir à présent. Quelques gouttes de pluie lui nettoyait le visage ce qui empêchait le sang de lui bloquer l'ouverture de ses paupières, et les larmes faisaient le reste. Un goût salé dans sa bouche lui rappela une nuit passée dans sa chambre à être accueillie comme une véritable personne humaine. Rien que ce souvenir, sa chambre confortable, elle même qui prenait ses résolutions en se mouchant dans des Kleenex saveur menthe-fraise à gerber, rien que cela lui redonnait la force de vouloir lutter, mais la porte du fond n'avait décidé de céder que lorsque des hommes armés arrivèrent pour l'enfoncer et déloger les deux jeunes. Dans un réflexe adopté depuis déjà des années à passer incognito dans les rues, elle recouvrit la tête de son ami avec sa capuche qui, Dieu merci, était assez grande pour permettre à l'ombre de le cacher. Elle même remonta sa capuche et cacha son visage du mieux qu'elle pouvait avec ses cheveux mouillés. Le noir de la poussière et des larmes feraient le reste. Elle avait pris soin de son visage et s'était maquillée de noir ce jour là, et elle remerciait intérieurement le créateur du maquillage qui coule quand on pleure. Ainsi, on ne la reconnaissait pas, et la seule information que l'on pouvait glaner en la voyant, ainsi, était son sexe. Sa silhouette ne trompait pas. Tandis que les deux hommes armés entraient, elle laissa Erwann sur le sol, pour le cacher dans l'obscurité et, s'excusant à mi-voix pour le cas où il l'entendrait, le poussa sans le frapper avec le pied, un peu plus loin. Ainsi, ils le croiraient parti, enfui, ou ils penseraient qu'elle était seule. Mieux valait lui sauver la mise, elle s'en sortirait seule, comme d'habitude.

La japonaise baissa la tête et se vit trembler. Une idée lui vint, elle allait se faire passer pour quelqu'un d'autre, comme avant. Voici longtemps qu'elle ne l'avait plus fait, et l'anglais était bien son domaine. Les deux gars s'approchèrent et l'un d'eux s'adressa à elle, croyant naïvement qu'elle allait lui obéir. Il lui fallait du cran à présent, pour jouer parfaitement ce rôle, et le courage, elle l'avait presque perdu. La seule façon pour elle de le retrouver aurait été d'entendre la voix de quelqu'un qu'elle appréciait, rien que la voix, pour se dire qu'elle n'était plus seule, une personne comme Erwann quoi, mais elle savait pertinemment qu'il ne fallait pas qu'il parle si il voulait s'en tirer. Et si il n'était pas conscient, c'était encore mieux. La brune trouvait malheureux de devoir penser ça, mais ce n'était que la pure vérité.


- Mademoiselle, ne bougez plus


La jeune fille avait du mal a respirer, mélange d'asthme et de cette difficulté à inspirer sans a coups quand on pleure, que la peine est si grande qu'on a envie de vomir, qu'on ne contrôle plus son corps et on est prêt à s'écrouler. Encore fois, ce serait son talent d'actrice qui lui sauverait la vie. Majoren ferma les yeux, et pria tous les saints, ainsi que la lune, le soleil et tous les éléments pour que quelque chose arrive et qu'Erwann s'en sorte, au moins lui. Elle entendit ensuite un léger mouvement tandis que le policier lui demandait ce qu'elle faisait là. Elle s'apprêta à lui répondre avec un accent anglais à couper au couteau lorsqu'elle entendit un coup de feu. L'homme le plus proche d'elle s'effondra sur le sol, hurlant, un impact de balle lui perçant le ventre. Sans plus attendre, Majoren ne chercha même pas à savoir d'où cela venait, et se précipita sur le deuxième. D'après l'absence de sirène pour l'instant, il n'y avait personne, mais le bruit de coup de feu allait attirer du monde, alors il fallait faire vite. Son genou gauche atterit dans le ventre du second que se plia en deux sous la douleur, puis elle saisit sa tête, et tourna sur la gauche. Un craquement se fit entendre, et l'homme ne fit plus aucun mouvement. Une plainte émergea de sa gorge, une plainte mêlée au sifflement qui constituait sa respiration, la plainte d'une personne qui se rendait compte de ce qu'elle faisait. Elle avait rarement tué des gens consciemment, seulement assomé ou gravement blessés, et là, elle était tout ce qu'il y avait de plus consciente. Il lui fallait voir le bon côté des choses, plus personne ne connaissait le visage ou du moins la silhouette des gens qui se trouvaient dans l'ancien magasin.

Les larmes jaillirent de plus belle, mais la japonaise tenta de se ressaisir. Elle se tourna et vit Erwann, une arme à feu en main, et elle se douta que c'était celle du policier étendu sur le sol. Elle tenait toujours sa prothèse en main, mais ne s'en était pas servie comme arme, il fallait qu'elle reste le plus intacte possible. Elle s'agenouilla à son côté et, la tête baissée, tentant de rendre sa voix la plus douce et calme possible, mais en vain, car elle était haletante, hésitante et on sentait les larmes et l'hésitation y percer. Elle avait vraiment perdu l'habitude.


- Je ... Peux encore t'aider à marcher. Tu .. On doit .. Essayer de trouver une ruelle ... Ma ... Ruelle, on y restera jusqu'à ce que ça se tasse ... Tu me ... suis ?

Se sentant si faible et si vulnérable, Majoren n'osa même pas relever les yeux, elle ne fit que tendre la main à son ami, tremblante mais ne manquant pas de volonté, et il en fallait, car bientôt, d'ici très peu, ils débarqueraient tous, quand ils verraient que les deux ne revenaient pas. Elle allait l'aider, et il leur fallait mêler leurs espoirs communs pour s'en sortir, ensemble.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyLun 7 Avr - 11:36

[c'est officiel, c'est le plus long post de ma vie xD 1279 =P ]

Erwann poussa un cri tout en serrant les dents. C’était bon. Lorsqu’il avait appuyé sur la gâchette, il avait senti tout le mécanisme de l’arme se mettre en route. En une fraction de seconde, il senti une pièce en percuter une autre, et puis le bruit, l’éclat de lumière, la chaleur, le recul. Le gémissement qu’il avait poussé, c’était son espoir salvateur revenu en totale surface. Revenu devant tout le reste pour s’imposer et lui permettre de partir avec les honneurs. Le recul de l’arme lui plia les deux bras, qui s’étaient vidé de leurs énergies un peu plus tôt. Il entendit un autre cri, de la même voix qui avait parlé plus tôt, puis le froissement des vêtements et le choc du corps contre le sol. Le gars poussa un gémissement continu, le même… le même qu’Erwann avait poussé trois ans auparavant, le corps enseveli sous cette putain de voiture. Il respira un grand coup, puis toussa violemment : ça puait la poudre brûlée. Dans les secondes qui suivirent, il entendit un autre cri, celui d’une femme, puis un bruit d’os brisé. Ce bruit qui vous glace le sang, qui vous déchire l’échine. Toute cette violence fit remonter un accès de colère au canadien. La rage l’envahissait, à défaut de la force. Il rampa vers l’homme qu’il avait abattu, puis appuya son coude sur sa pomme d’Adam, juste comme ça. Pour se venger, pour être sûr qu’il ne serait plus un problème. Il avait peut-être une famille, des enfants, un chien et une télévision aussi plate qu’un vitrai, mais Erwann s’en foutait. Plus rien ne pouvait le faire plier, mentalement bien sûr.

Après cette sale besogne achevée, il roula à nouveau sur la gauche, vers là où il avait tiré. Il roulait de fatigue, un gros coup de barre expliqué par la violence des chocs et son apnée prolongée d’il y a quelques petites minutes. De la, le revolver toujours serré dans sa main, il orienta ses yeux vers le haut. A nouveau le ciel et les étoiles. Une paix en altitude qui battait tous les espoirs de tous les hommes sur la basse terre. La sérénité qui faisait loi, le silence et l’espace lacunaire. C’était peut-être ça la mort finalement, un envol vers le calme et l’absence de bruit. Il attendait, allongé, une fois de plus. Il se voyait déjà, menotté, passé à tabac dans une pièce sombre, assis devant une grand bureau noir, puis debout face à un juge trop sévère, devant les familles amputées elle d’un membre de leur famille. Des délinquants un peu plus débrouillards que les autres, voilà ce qu’ils étaient. Sa famille et ses amis, tout ça, c’est sûr qu’il aurait préféré les voir une ultime fois. Dire à ses parents tout ce qu’il avait sur le cœur, jouer dans le sable avec ses frères et sœurs cadets, embrasser sa sœur jumelle, la seule fille qui était lui, presque en tout point. Et puis serrer fort Majoren dans ses bras, comme dans la chambre. Se mouiller de ses larmes, et puis les sécher. Elle lui avait sauvé la vie, certes ça ne mènerait peut-être à rien, mais ça montrait à quel point elle pouvait faire preuve d’un désintéressement total. Elle aurait peut-être pu filer, sauver sa fragile peau, échapper une fois de plus aux dégâts, et puis s’en sortir comme d’habitude, avec tact et grâce. Mais non. Erwann aurait-il fait la même chose ? Même lui ne savait pas. En fin de compte, il l’aurait certainement fait parce qu’il avait plus de chance de la porter et de la mettre à l’abri. L’évaluation de leur chance d’en sortir aurait été positive : le mec qui sauve la fille avec ses gros bras musclés. Mais là, c’était tout le contraire, la souris sauvait le chat, dans un champ miné de tapette.

Dehors, encore d’autre hurlement. Le coup de feu avait alerté la populasse. Erwann songea à se mettre contre le mur, et à vider le chargeur à chaque fois qu’une ombre passerait. En visant la caboche ronde à chaque fois. Faire un carnage, une boucherie, que dans les journaux son nom soit écrit en gras, qu’on ait peur de lui serrer la main, qu’en prison on le respecte… . C’était trop facile, ça ne pouvait pas se passer comme ça. Il y aurait forcément une faille. Il y avait toujours une faille. Il sentit de longues gouttes de sueur glacées lui couler le long des tempes, des yeux puis des joues. Sa paupière droite tremblait de peur. Son cœur battait à perdre la raison, de plus en plus fort. Peut-être sa cervelle venait de comprendre ce qui allait se passer. Il eut l’impression que sa poitrine se déchirait. Son sternum qui explosait. Il avait envie de crier, mais sa peur écrasante, mêlée à la rage toujours présente l’empêchait de faire quoique ce soit.

Et puis il sentit ce souffle sur son cou. Le souffle de Majoren, qui était revenue elle aussi de l’enfer mortel, qui avait été fatal pour deux hommes. Elle haletait comme un chien essoufflé, quelques sanglots l’emportaient régulièrement. Erwann fixa ses yeux vers sa tête, qu’elle tenait baissée. Il s’aperçut rapidement qu’elle était plus ou moins dans le même état que lui. C’était assez explicable. D’une voix calme, elle lui communiqua ses plans, ou plutôt ses espérances. Ses phrases ne formaient rien de continu, mais le canadien ne lui en voulait pas, comment pouvait-il lui en vouloir ?

- Je savais…

Il marqua un temps d’arrêt. Il fut surpris par la qualité de sa voix. Un peu hésitante, mais ce n’était rien de bien grave. Il leva sa main droite, et vint la poser au creux de la nuque de Majoren, relevant son visage. Il aperçu alors son regard et les larmes qui coulaient. Elle semblait désemparée, au dessous de tout contrôle. Erwann s’aperçu également avec horreur qu’il lui manquait un doigt. L’annulaire de la main droite. Pourtant il ne sentait rien. Son cerveau était peut-être en overdose d’information et plus rien de lui faisait mal. Un long filet de sang coulait dans le cou de la japonaise. Ces yeux ne bougèrent pas, gardèrent la même expression face à ce morceau d’os et ces chairs pendantes. Il ôta sa main de la brune, puis reprit ses mots.

- … que ça allait être une belle soirée…


Il regarda le ciel, et la Lune à nouveau. Quelques gouttes de pluie se fracassaient sur son front.

- …dès l’instant où j’t’ai vu.

Un vague sourire impoli et très soudain se forma sur ses lèvres. Il regarda sa prothèse, dont les attaches étaient en lambeaux. Jamais elle ne tiendrait sans réparation. Il brandit son bras atrophié vers l’objet.

- Donne-moi ça.

Il ne lui laissa pas le temps dé répondre, il l’avait déjà dans sa main. Il la posa juste devant lui, souleva son sweat noir, déboucla sa ceinture et la tira d’un coup sec et violent, ce qui eut pour effet de la sortir de sa taille en une demi-seconde. Il prit la jambe de bois, la plaça du mieux qu’il pu et l’attacha à sa cuisse avec la ceinture. Ca ne tiendrait pas un cent mètres, mais ça lui suffirait pour marcher jusqu’à son salut. Une fois ce bricolage archaïque terminé, il empoigna le 9mm de sa main gauche, et se releva en s’aidant du mur. Ce mouvement de son corps tout entier fut exponentiellement douloureux. Il sentait le sang chaud dans son dos, et puis de multiples brûlures sur son visage et ses mains. Sans compter les crispations du ligament de son ex-doigt. Ses cuisses tremblaient, il bougeait sans cesse son pied droit pour trouver un équilibre précaire.

- Aller.

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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyLun 7 Avr - 12:28

[ Et le plus beau, franchement, je crois que c'est le meilleur que je t'ai vu écrire ]

Décidément, le jour le plus sanglant si ce n'était le plus douloureux de la japonaise ne se passerait pas dans la solitude. Elle avait imaginé plein de fins possibles à ce scénario mal ficelé : l'un des deux mourrait un ou deux membres en moins, tandis que l'autre se barrait dans un élan de lâcheté regrettable, ou les deux crevaient de douleur ou asphyxiés, voire même de désespérance. Mais elle n'avait pas imaginé qu'ils pourraient tuer quelqu'un, des policiers qui avaient une vie inintéressante, certes, mais qui en avaient une, de vie. Des policiers qui avaient vécu comme n'importe qui, avaient couru à poil dans la résidence de leur université avec des potes, qui avaient testé l'herbe, vécu leur première expérience amoureuse à l'âge de 10 ans, leur première cuite à 15 ans avec deux bouteilles de bière, et autres choses joyeuses. Non, Majoren ne s'était pas doutée qu'elle sortirait vivante de ce trou, même si rien n'était encore fait. A qui aurait-elle manqué ? Pas grand monde. Ses parents, si ils étaient encore en vie, n'auraient aucune nouvelles d'elle, et ne s'en soucieraient pas, et seul son frère, pathétique qu'il était, pleurerait la mort de sa soeur qui l'avait élevé. A quoi bon, vraiment, se soucier des gens qu'on est censés aimer si, justement, on ne peut pas se les voir ? Tout cela était tellement loin, tandis que cela faisait presque un an et demi que la japonaise était arrivée dans cette ville. N'empêche qu'en y repensant, elle avait tenu longtemps sans avoir d'ennuis. Elle regrettait presque son Osaka natale, lorsqu'elle entendit Erwann lui parler, et même si ça ne faisait pas des jours qu'elle ne l'avait pas vu, c'était comme si il était parti un an à l'autre bout de la terre. Ses sanglots se stoppèrent un instant, bien que sa respiration reste difficile. Sa main s'approcha et lui releva la tête, elle se laissa faire, toute crispation avait disparue, ce qui était prévisible. Que savait-il ? Ce qu'elle savait, elle, c'était qu'ils ne sortiraient pas indemnes de cela et, comme si il n'avait pas déjà perdu assez de parties de son corps, un doigt lui manquait, mais cela ne la dégoutait pas. Elle avait vu pire, et le sang qui coulait le long de son cou ne la gênait pas, bien au contraire. La jeune fille avait toujours eu de la chance en ce qui concerne les blessures physiques, elles se soignaient souvent sans séquelles, mais tout était moral, c'était sans doute cela que le brun avait compris. Elle le regardait dans les yeux en attendant la fin de sa phrase, sous la pluie, le pressant mentalement de finir pour qu'ils puissent partir, retrouver sa "planque" que, finalement, elle avait bien fait de tenir "à jour". Même entendant la fin de sa phrase, elle ne dit rien, de peur que sa voix ne soit mal assurée, et qu'elle n'arrive pas à former des mots sincères et malgré tout dans un ordre correct et compréhensible. De toutes façons, avec elle, tout était dans le regard, et son regard à ce moment là en disait long. C'était la première fois, depuis cette fois là dans la chambre, qu'elle se laissait aller ainsi, et c'était compréhensible.

Son colocataire voulut récupérer sa prothèse qu'elle voulut lui tendre mais la force lui manquait, son bras ne lui répondait plus, elle ne savait pas pourquoi. Elle n'avait rien, peut être avait-elle épuisé toute sa force et qu'il lui fallait deux secondes pour récupérer. Aussi, elle ne serrait pas la prothèse dans sa main, et il n'eut aucun mal à la prendre. Elle détourna la tête tandis qu'il se bricolait une attache de fortune, puis réfléchit. Il lui fallait se rappeler du chemin à partir d'ici qui menait jusqu'à sa bauge. D'après ses souvenirs, dans le labyrinthe des ruelles, ce n'était pas loin d'ici, mais les croisements étaient nombreux, et il faudrait une nuit entière pour trouver et surtout deviner où était sa planque. C'était un ancien appartement dans un immeuble abandonné et condamné, elle avait réussi à se trouver un passage qu'elle refermait à chaque fois. Et lorsque le canadien eut fini de se lever, la demoiselle se leva brusquement, pour l'aider à marcher et lui montrer le chemin. Si ils y arrivaient, personne, pas même les anciens propriétaires si les étaient encore vivants, ne les trouveraient.


- Vite, je connais des raccourcis, mais c'est pas juste à côté.

Elle saisit la main, puis, réfléchissant plus puissamment, le bras du jeune homme, car si elle serrait la main qu'elle avait prise, il aurait mal. Les larmes coulaient toujours, mais elle ne s'en rendait même plus compte. Sa respiration redevenait normale, du moins, pour une asthmatique. Elle marchait vite, entrainant Erwann avec elle, lui qui marchait comme il pouvait, s'appuyant sur son bras. Le chemin était parfaitement clair dans la tête de la brune ensanglantée, tout d'abord, à droite. Personne, pas un chat, tant mieux. Ils continuèrent, se faisant laver par la pluie, au moins, ils ne sentiraient pas un mélange de sang, de poudre et de pluie polluée. Par moments, Majoren accélérait le pas, lorsqu'ils arrivaient à un croisement mais ralentissait pour permettre à Erwann de suivre le rythme qui, même pour quelqu'un d'entraîné, était rapide. A gauche, puis à droite, à gauche deux fois, et un rideau se présenta pile devant eux, ils étaient arrivés. Ici, il n'y avait personne, mais elle avait pris soin de faire courir des rumeurs comme quoi pas mal de truands renommés trainaient, des délinquants que même la police craignait. Personne n'irait chercher ici deux jeunes à la description incertaine. Derrière ce rideau, à quelques mètres, une porte qui semblait condamnée et solide, mais son secret était tout autre. Majoren tira sur le haut de la porte, et celle ci tomba sur le sol. Une fois à l'intérieur du bâtiment, elle remonta la porte. Tout à l'intérieur n'était que sombre. Le toit, bien que paraissant troué de l'extérieur était doublé, et la pluie ne passait pas. Au rez-de-chaussée, rien, mais au premier, tout était aménagé "à la Majoren". Des bouteilles d'alcool dans un coin, des clopes dans un autre, et des produits, cachets et autres bandages pour les soins rapides mais néanmoins utiles lorsqu'on savait y faire. Dans un autre coin, des draps et un matelas en un état extérieur plutôt mauvais formait un lit deux places. Il n'était pas spécialement choisi pour cela, c'était surtout pour ne pas dormir à même le sol. Dans le coin où se trouvaient les bouteilles, il y avait aussi des "rations de survie" des conserves et autres barres de céréales régulièrement renouvelées histoire de ne pas donner à manger aux quelques bestioles courageuses qui s'aventuraient dans ce lieu.

La japonaise s'approcha du lit, tenant toujours fermement le bras de son colocataire et seul véritable ami proche, puis s'arrêta. Elle se dirigea vers le coin où se trouvaient les bandages et autres produits de soins et sans lui faire signe, s'adressa à Erwann.


- Allonges toi, ou assieds toi, fais ce que tu veux, mais restes pas debout.

Une habituée de la blessure, voilà ce qu'elle était. Elle ramena tout son attirail vers son ami, se désinfectant rapidement tout de même la plaie qui barrait sa jambe, l'entourant ensuite d'un bandage blanc qui deviendrait rapidement rouge d'ici quelques heures. Dans un tic qui redevenait habituel lorsqu'elle se concentrait, elle se mouilla la lèvre inférieure, et sentit un goût de sang. Sa lèvre était fendue, dans une forme de cédille, mais on ne pourrait rien y faire, pas de suture, rien. Il y resterait une cicatrice "cédille" sans doute jusqu'à très longtemps. Se rappelant que son ami avait saigné de la tête, elle approcha sa main, et souleva les cheveux où se situait la source de ce sang. A première vue, la blessure n'était pas importante, plus une égratignure à désinfecter, impressionnante car on saigne beaucoup à la tête, mais pour très peu. A genoux, elle tentait de trouver toutes les blessures qu'il pouvait avoir. Seul, même débrouillard, il ne pourrait pas se soigner, elle en savait quelque chose et pour la première fois depuis un certain temps, elle allait servir à quelque chose, de même pour sa "piaule"
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyLun 7 Avr - 13:49

Alors que dans la boutique en ruine, les derniers morceaux finissaient de tomber, les deux jeunes sortirent par l’arrière, une ruelle de service sombre et peu accueillante, mais qui l’était forcément plus que l’endroit précédant. Erwann jeta un dernier coup d’œil vers les bâtiments qui pleurait ses décombres. La nuit, étrangement, était toujours aussi noire et blanche. Dans la pièce de débris en feu et en sang, tout avait été opaque et jaunâtre. Les lumières provenaient du lampadaire à vingt mètre et du foyer de feu, dû à l’explosion qui, heureusement pour les deux, était restés loin d’eux. Erwann détourna les yeux pour le néant. Son guide le tirait par le bras, et il suivait le pas plus ou moins bien. A chaque virage, à chaque coin de rue, les douleurs réparties chez Erwann faiblissaient. Il n’y pensait même plus parfois. Sa seule envie, c’était de partir loin, n’importe où mais plus à cet endroit. Il avait toujours le revolver du flic dans sa main gauche. Charger, tirer, recharger, désarmer, tout ça, il savait faire. Enfin… approximativement il saurait se débrouiller. Au canada, il avait souvent manipulé des armes, pour la chasse surtout. Pour tuer des bêtes, des animaux, des nuisibles, mais pas des hommes. Des hommes dont la vie, une fois disparue, valait des milliards… . Des vies qu’il ne fallait surtout pas briser, sou peine de rester entre quatre murs pendant longtemps. Très longtemps.

On les chercherait pendant trop longtemps. Dans tous les coins, toutes les rues. Avec des chiens, avec des bombes lacrymogènes, avec tout ce qui pourrait les faire souffrir. Leur signalement serait affiché dans tous les postes de maréchaussée. Leur vie serait pourrie. Avec un peu de bol, un hélico balaierait la zone en éclairant de son spot chaque centimètre carré de terre et de bitume. Dans chaque poubelle, dans chaque maison on ferait une fouille. Des immeubles seraient investis. Des appartements saccagés. On ne cherchait pas deux junkies, on recherchait deux criminels. La nuit, et même les semaines à venir allaient être longues. Erwann s’était toujours dis que si sa situation tournait au vinaigre, il pourrait prendre le premier navire cargo pour le nouveau monde, en payant gracieusement le capitaine, et puis rentrer chez lui par les moyens du bord. Il avait une carte d’identité canadienne, il était jeune, grand et pas trop repoussant. Il aurait plus de chance de traverser le continent qu’un émigré Iraniens, c’était certain. Mais là, il n’était pas seul. Il ne pouvait pas s’effacer comme ça. Au final, était-ce un bien ou un mal la présence de Majoren ? C’était un bien, il n’y avait pas photo. Erwann remerciait tous les Dieux, s’il y en avait, de cet être hors du commun. Ces deux là, avaient un destin lié, quoiqu’ils en disent, pour un bout de temps. Ils avaient signé un pacte avec le diable, leur vie contre le danger permanent des autorités.

Finalement, les deux arrivèrent dans la planque tant convoitée. Erwann ne se posa pas de question, il n’avait pas le temps ni l’envie de se méfier de ce genre d’endroit : il entra, et suivit Majoren sans broncher. Une fois dans la pièce sombre, deux soupirs de soulagement se firent entendre.

C’était un morceau d’appartement délabré. Il rappelait vaguement la boutique de tout à l’heure, mais en plus sec. Il y avait un lit, avec un matelas miteux, une ou deux chaises et des centaines de choses qu’Erwann ne pouvait assimiler pour le moment. Ce fut Majoren qui ouvrit la parole la première. S’allonger… s’assoir… oh oui ! Il n’attendit pas qu’elle le dise une seconde fois, et il posa ses lourdes fesses sur le lit, qui grinça légèrement sous son poids. Il observa les murs. Sur les quelques étagères présentes, il y avait posé, des bouteilles de verre, de plastique, pleines ou vide. Des boites de médicament, des boites de conserve, etc. C’était un vrai petit bunker, parfaitement ce qui leur fallait ce soir. Certes la chaleur faisait peut-être défaut à tout ce petit confort personnel, mais pour l’instant, ils avaient la chaleur de l’effort, de leurs blessures et de leurs cœurs. Les secondes passèrent vite, Majoren s’était déjà occupée d’elle, et commençait désormais à s’atteler au crâne froissé du jeune brun, alors qu’il rêvassait encore. Elle posa ses doigts dans sa chevelure, là où le sang coulait. Erwann laissa échapper un petit « Aïe » de réflexe. La douleur à sa tête le réveilla une fois qu’elle fut ravivée. Il s’observa, tandis qu’il se faisait chouchouter. Son jean avait particulièrement bien survécu aux aléas. Quelques trous par ci par là qui ne faisait qu’augmenter le nombre original, ainsi que de grande bande de poussière mouillée, comme de la boue, au niveau des genoux et du postérieur. Son sweat en revanche, était devenu une charpie. Il aurait pu servir de serpillère à toutes les femmes de ménages de l’école. Il tendit la main droite, il n’avait pas rêvé : le doigt avait été sectionné au niveau de la plus grosse phalange. Le sang ne coulait plus, c’était déjà ça. Une fois qu’il eut fini son inspection, il déboucla la ceinture qui servait d’attache pour sa jambe. Il défit le montage sans problème. Un soupir de soulagement lui vint, comme s’il venait de retirer ses bottes après une randonnée de cent kilomètres. Finalement, les dégâts étaient moins lourds que prévu.

Une fois que Majoren en eut finit avec sa tête, il la remercia d’un regard chaleureux, sourire au coin des lèvres. Sur celles de la japonaise, le sang coulait encore. D’un coup de main elle l’essuya, et la plaie fut révélée. Vue la profondeur et l’emplacement, ça resterait au moins aussi longtemps que le souvenir. Erwann restait à fixé cette plaie sur la lèvre. Elle semblait avoir été taillée d’une main de maitre, avec minutie et précision, alors qu’en réalité, elle était le fruit du pur hasard, et de la malchance aussi, mais ça, c’était un autre domaine. Erwann se plaisait de nouveau dans la pénombre, il retrouvait quasiment les sensations d’avant. L’euphorie d’après bataille ou alors quelque chose comme ça… . Son regard se plongea dans celui de la japonaise. C’était douillet, après l’effort comme ça, il se serait blotti dans n’importe quoi. Ce lit, cet endroit, c’était parfait. Et puis surtout Majoren ici, c’était la cerise sur le gâteau. Tout seul, l’escapade aurait eut un arrière goût amer. Là, il avait quelqu’un, et elle aussi avait quelqu’un. Elle était juste devant lui, alors, comme pour conjurer le sort, il se laissa tomber d’avant, dans ses bras, puis il passa ses mains derrière son dos, et serra son corps.

- Qu'est ce qu'on va faire..., demanda-t-il sans espoir de réponse, en serrant le dent et en fermant les yeux.

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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyLun 7 Avr - 15:01

La planque mal construite mais malgré tout bien organisée de la brune manquait de chauffage, de chaleur, et la pluie n'y arrangeait rien. Certes, elle pourrait se changer si elle le souhaitait, car elle avait pris soin de s'organiser, et de ramener quelques vêtements pour le cas où elle aurait eu à couper son pantalon en morceaux, et où son pull serait plein de sang, du sang d'un ami qui plus est, par exemple. Mais elle n'avait ramené que peu de monde ici, et pas forcément pour les choses les pros propres et les plus saines du monde, et même si des personnes du sexe masculin étaient venues, elle ne savait pas si après être passées au trépas par un pur accident, ils y avaient laissé jusqu'à leurs vêtements. Le voir ainsi vêtu de lambeaux ne la gênait pas, elle, mais tout de même, il ne faisait pas chaud. Les quelques couvertures sur le lit pourraient peut être faire quelque chose, mais c'était peu. La demoiselle ne se rappelait pas avoir eu très chaud en dormant ici. Mais pour l'instant, ce qui importait, c'était de soigner son ami du mieux qu'elle pouvait. Après s'être occupée de la tête du jeune homme, elle passa à sa main où, effectivement, il manquait un doigt. Ça avait cessé de saigner, mais une infection était si vite arrivée, déjà qu'il lui manquait une jambe, que ferait-il sans sa main ? C'était bien pire, déjà qu'un doigt, Majoren n'osait même pas imaginer, elle qui était si manuelle. Elle prit un nouveau coton et l'imbiba de désinfectant plus que de raison. Lorsqu'elle prit la main de son colocataire, elle la sentit glacée, mais ne se ravisa pas. Elle passa le coton sur la blessure et sentit comme un frisson dans sa main. Elle nettoya un peu tout et enleva le sang qui indiquait la route à suivre pour trouver le handicap.

Enfin utile, la japonaise était tout de même soulagée de n'avoir rien subi de plus que d'habitude. Sa jambe serait peut être barrée d'une cicatrice, et alors ? Elle ne serait pas énorme et où était l'importance. Lui aurait encore à souffrir de quelque chose qui lui rappellerait tous les matins quand il se lèverait qu'il était passé proche de la mort et qu'il avait tué quelqu'un. Majoren l'oublierait vite, elle, sa culpabilité, comme à chaque fois. Mais même pour elle, c'était plus grave car, habituellement, les rares personnes qu'elle avait tuées étaient des truands, des gens pas très propres que personne ne regrettait et la police ne l'arrêterait pas pour ça, elle était un peu leur "nettoyeuse" attitrée, sans pour autant avoir un lien direct avec les forces de l'ordre. Elle avait tué, tué quelqu'un de remarquable, mais pas pour elle. Cette phrase résonnait dans son esprit, tandis qu'elle avait le coeur serré. Maintenant, elle aussi se situait au niveau de ces délinquants de bas étage, qui tuent pour s'en sortir, qui n'ont pas plus de jugeote qu'une lampe de chevet, et surtout pas assez de ruse pour ne pas se faire attraper. Son regard était plongé dans le vide du mur qui lui faisait face. Ce mur était aussi sombre que ses yeux et ses pensées, et, tandis qu'elle réfléchissait, elle aussi, à ce qu'elle deviendrait dans un futur proche, si ce n'était dans le présent, la brune ne remarqua qu'après un instant qu'Erwann c'était littéralement laissé tomber sur elle.

La dernière fois qu'ils s'étaient retrouvés ainsi, c'était Majoren qui avait besoin de réconfort, d'un coeur ouvert, et qui s'était laissée faire. A présent, il lui fallait rendre la pareille à cet ami qui avait donné sans recevoir, aussi, elle le laissa la prendre dans ses bras. Affectueusement, elle fit de même, passant sa main dans ses cheveux, mais prenant garde à ne pas s'approcher de la blessure qu'elle venait de soigner. Le silence était total, même les sirènes se taisaient, et la japonaise n'entendait rien d'autre que sa respiration un peu hésitante, et celle d'Erwann qui se voulait lente et calme. Elle le serra un peu plus fort contre elle, et remarqua que sa main n'était pas la seule à être froide. Majoren leva sa main pour essuyer ses yeux qu'elle n'avait pas touchés depuis que leur fuite avait commencé, et le peu de maquillage qui lui avait servi à son camouflage avait coulé, et son visage devait être de moins en moins humain, bien que moins semblable à celui d'un squelette auparavant. Ensuite, elle saisit le coin de la couverture qui, malgré son air fine et totalement inutile, était plutôt chaude en fin de compte, et la remonta sur leurs deux corps. Peut être cela servirait-il à les réchauffer après cette pluie qui leur avait semblé bénéfique au premier abord.

Un regard vers la fenêtre, puis une voix brisa le silence, celle d'Erwann. Elle paraissait si simple, et à la fois si compliquée que Majoren ne répondit pas tout de suite, et ce fut après quelques cinq ou six secondes qu'elle lui répondit, d'une voix qu'elle aurait presque pu juger de maternelle.


- On va devoir disparaitre, pendant quelques temps. On est plus de simples ados maintenant, malheureusement.

La brune le serra encore un peu plus fort, comme pour le sentir vivant contre elle, pour se rassurer aussi car, même si elle tentait de ne rien laisser paraitre, elle s'inquiétait autant que lui. Elle tenait à sa vie autant qu'à celle du brun. La couverture leur tenait un peu plus chaud, tandis qu'elle tentait, d'une main, de les entourer tous les deux avec. Déjà qu'il était crispé, il ne fallait pas, en plus, qu'il aie froid. Plus tard, quand ils seraient dans un meilleur état, il faudrait qu'elle fouille pour lui trouver des vêtements. Il y avait forcément quelque chose à sa taille, au souvenir des quelques loustics qui étaient passés par là. Compatissante, et espérant ne pas devoir revivre la totalité de ce qu'elle avait déjà vécu, et le faire partager à celui qui était plus que jamais son colocataire et ami, elle ferma les yeux, elle aussi, loin de s'endormir, mais pour chasser les pensées qui lui venaient en masse. Leurs deux destins étaient maintenant liés comme par un fil d'or, et Majoren se sentait mortellement coupable d'entrainer Erwann avec elle, dans un monde qu'il n'avait peut être ou sûrement pas vu dans les plus mauvais détails.

- Ca va te paraitre bizarre peut être, mais je sais pas ce qui va se passer, en fait.

Rares étaient les moments où la brune n'était pas sûre d'elle. Malheureusement, il fallait que ce moment là tombe lorsqu'elle n'était pas seule. Elle avait, elle aussi, besoin d'aide, et ça la gênait de le montrer, malgré les apparences.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptySam 19 Avr - 12:15

[ arg c'est peu mais j'ai besoin de retourner dans le bain de l'ambiance ^^ ]


Si Erwann connaissait une loi de la physique moderne, c’était que la chaleur du corps était nulle face à celle de l’esprit. Alors peut-être ils avaient froid là comme ça, mais peu à peu, ils allaient s’alimenter en une chaleur qui ferait pâlir l’enfer de jalousie. Même si, désormais, Satan était devenu une référence pour eux. Car paradoxalement, si Erwann avait détesté le feu des balles et des projectiles, s’il avait détesté courir sous la pluie boitant comme un écorché, il s’était particulièrement délecté de la rage et de la haine en puissance qu’il avait ressentie quand il avait achevé la vie de l’être humain assaillant. Comme si la force qu’il avait déployé pour serrer les dents, pour appuyer sur la gorge, comme si cette force était redescendue vers son cœur et l’avait inondé de plaisir. Scientifiquement, cela devait s’expliquer par le fait que l’adrénaline qui était présente à ce moment s’était transformée en drogue pure, une drogue meilleure que toutes les autres, une drogue qu’on ne trouvait pas dans les mains des dealers. Il repensait à ces sensations. Par moment il se faisait peur, il se répétait qu’il était devenu un monstre, et puis l’instant d’après il savourait un reste de colère. La passion du côté obscure, les actes aux services de la mort, ça le faisait flipper, mais une partie de lui y trouvait son fantasme. Il avait peur, de plus en plus. Comme pour répondre encore plus fort à l’étreinte de Majoren, il la serra avec toute la vigueur qu’il lui restait, parcourant de sa main gauche le long de l’échine de la japonaise.

Que dire maintenant, que faire ? La pensée de rester ici, cloitré dans cet appartement laissé pour compte, ça lui fichait le cafard. Même si c’était mieux que de crever dans la rue, ou pire, dans une cellule entièrement capitonnée. Cette vision, que son cas n’était en fin de compte pas totalement désespéré, lui fit retrouver toutes les sensations humaines habituelles. Il s’aperçu bien vite que son pied droit avait arrêté de trembloter comme une feuille morte à l’automne, et que il retrouvait peu à peu les réactions dans le bout de ses doigts, réduit à neuf. Il sentait la chaleur de son esprit qui surmontait le reste. C’était un garçon fort, contrairement aux apparences de l’instant, et il savait que pour Majoren, c’était presque pareil.

Il desserra lentement le corps de celle-ci, aussi lentement que dans la chambre, puis, une fois qu’il pu voir ses yeux inondés de larmes salvatrices, il sourit. Bêtement, simplement, il écarta légèrement ses lèvres pour laisser entrevoir un peu de soleil au milieu de cette nuit où la Lune les avait abandonnés. Il espérait que le moment qui allait suivre serait celui de la détente, du déstresse, où ils pourraient enfin en parler autrement qu’en claquant des dents. Un moment pour commencer à entamer le processus de banalisation de la mort, qui les avait accompagnés sans prévenir. Erwann, qui voulait garder encore une fois ce rôle rassurant, parla le premier.

- Maintenant… ils ont une vraie raison de nous faire la peau.

Une vraie raison… . Un meurtre ! Rien que ça. Un double crime commit par un doublet peu courant. Peut-être étaient-ils passés inaperçu aux yeux de ceux qu’ils n’avaient pas affronté dans la boutique. Ca leurs laissaient une longueur d’avance, mais pour combien de temps encore ? Cette question trottait dans la tête encore rouge par endroit du canadien, elle ne l’inquiétait pas tellement. Il savait qu’en compagnie de Majoren, il ne connaissait plus de limite. Car s’il savait être cruel moralement, il n’avait jamais été coléreux au point d’ôter la vie.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyDim 20 Avr - 17:39

[ C'est pas terrible, mais j'étais pas sur mon ordi de tout le dimanche, je l'ai fait à la main avant et tout donc ... ]

Tout, à présent, que ce soit les expressions des deux âmes, le cadre de la scène, le temps, la luminosité de la pièce et même le contexte, tout était organisé comme les éléments d'une pièce de théâtre, ou un film, tragique, évidemment. Restait maintenant à savoir si c'était les deux jeunes qui était les personnages principaux, ou les deux policiers, morts peu avant pour leur pays et même, il fallait en plus deviner si on se plaçait au début où à la fin de l'histoire. Ce genre de pièce se finit presque toujours par une mort. Un meurtre, peut être, mais idéalement un suicide. Comment savoir ? Peut être que, finalement, les deux jeunes craqueraient sous la pression et se suicideraient peu après, mourraient ensemble, mais la jeune fille, elle, savait très bien que si son colocataire restait avec elle et résistait à cette envie, elle ne craquerait pas non plus car, en plus de la volonté incroyable dont elle savait faire preuve pour elle même, elle en avait une autre, cachée dans son petit corps d'adolescente presque adulte. Cette volonté, elle avait un mode d'emploi très simple. Un signe, une parole de quelqu'un qui faisait véritablement partie de son monde, et elle apparaissait au grand jour. Cet espèce de pouvoir prenait possession de son corps et de son esprit, que ce soit pour sauver sa propre vie ou celle de cette personne en question. Du moment qu'elle savait que ça en valait la peine, il n'y avait aucun doute là dessus. Lors de cette étreinte intensifiée, Majoren sut qu'elle ne faisait pas tout ça pour rien, et que cette personne pour qui elle avait risqué gros était à classer dans le lot des gens vraiment pas dégueulasses. Lui aussi, l'avait aidée, même si il ne s'en rendait peut être pas compte.

Un sourire apparut sur le visage d'Erwann, et il avait plus d'importance que n'importe quel sourire qu'elle avait pu voir de sa part. Il l'était car on savait directement qu'il n'était pas là pour faire joli ni pour accentuer un quelconque air niais qui trainerait sur son visage. Il était affiché là, sans qu'on s'y attende, d'autant plus qu'il avait souffert physiquement beaucoup plus que Majoren. Maintenant, elle en était sûre et certaine, elle ferait tout son possible pour ménager Erwann et lui montrer que l'égoïsme ne faisait pas partie de ses multiples défauts. Elle irait peut être contre sa nature par moments, et alors ? Quand on a affaire à ce genre de personne, n'importe quel sacrifice était bénin. La preuve, n'était-ce pas en le rencontrant que Majoren avait pris de vraies résolutions ? Il était l'une des rares personnes qui permettait à la brune de se sentir normale, même lorsqu'elle venait d'agir de façon plus qu'anormale, en tuant un policier, par exemple. Si elle n'avait pas tenu ses résolutions, c'était en partie parce qu'on ne les tient jamais, et aussi parce qu'elle ne le voyait pas de façon aussi régulière qu'il aurait fallu pour qu'elle se rappelle régulièrement que ce n'était pas ainsi qu'on agit. Il lui avait suffi d'un coup de blues pour qu'elle reprenne tout, drogue, alcool, la totale. D'un geste peu précis, et d'une main tremblante, Majoren essuya ses yeux, comme pour effacer cet instant de faiblesse. Ce n'était pas le premier, et vu comment étaient parties les choses, ce ne serait pas le dernier, malheureusement.

Pendant que son ami lui parlait dans un geste qui se voulait rassurant sans doute et pour briser le silence devenu pesant, la japonaise replia ses jambes vers sa poitrine et les entoura de ses bras dans une position de protection, comme si penser au futur, à ce qui pourrait leur arriver était agressif et la violentait. Elle était presque persuadée que sans elle, rien ne serait arrivé, mais elle se disait que, tout de même, si elle n'avait pas été là et que l'explosion avait bel et bien eu lieu, son ami s'en serait-il sorti quand même ? Ses yeux se fermèrent, tandis que, pendant quelques secondes, elle réfléchissait. Ensuite, avec une voix un peu brisée, la voix de quelqu'un qui a pleuré, elle répondit.


- Moi qui pensais effacer mes anciennes erreurs en changeant de ville, j'ai eu faux. Maintenant, c'est encore pire, mais me plaindre n'arrangera rien.

Pire, ça faisait retomber le moral, déjà si peu élevé, des troupes. Avec un peu de chance, si on l'apercevait, elle, une fois ou deux, on ne les soupçonnerait pas, mais tout de même. Tout était si difficile à cerner, à présent. Sa cachette était presque introuvable,et fouiller toute la ville était idiot, mais parfois les choix les plus idiots sont faits et par simple chance, ça marchait. Devraient-ils alors aggraver leur cas en se protégeant à nouveau ? Perosnne n'avait leur logique ni leur façon de voir les choses, ils étaient presque des incompris. Bien peu avaient goûté à l'adrénaline comme eux l'avaient fait. Sans prévenir, d'un coup comme ça, elle s'effondra sur le lit et porta ses mains à son visage, décontenancée. Elle avait quelqu'un, peut être, mais cela suffirait-il à combler le manque de liberté qui la prendrait pendant tout ce temps ? Sa respiration se faisait difficile, et par à coups, comme lorsque la tristesse et les larmes prennent le dessus sur tout le reste du corps.
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MessageSujet: Re: Dans la boue. (PV Majoren)   Dans la boue. (PV Majoren) EmptyLun 28 Avr - 18:33

[ Je conclus, j'ai plus trop d'inspiration qui me vient directement ^^ mais une chose est sure : affaire à suivre ^^ ]



C’était une nuit de plus où il pleuvait sur la ville. Une nuit de plus où Erwann avait le goût amer du regret et de la nostalgie dans le fond de sa gorge, et une nuit de plus où il était réuni avec Majoren. Demain peut-être, le jour se lèverait lentement, sous le doux et chaud soleil de l’aube. Les gouttes de la rosée sècheraient petit à petit, et le bitume citadin redeviendra sec. La boutique en ruine, qui l’était encore plus à ce soir, sera séchée et fouillée. On y retrouverait deux cadavres soit brûlés soit écrasés, et puis peut-être parmi les décombres, un annulaires fragmenté, quelques lambeaux de vêtements et une douille. « Une interpellation tourne au cauchemar », ça serait ça le titre du journal local le lendemain. « Une bande de voyou détruisent deux vies », alors qu’en fait ils n’étaient que deux. Mais ils avaient fait un travail de titan, un travail dégueulâsse, même la pègre allait les redouter… .

Mais rester ici comme des vagabonds… ça, ça ne plaisait pas au canadien, lui qui avait tant besoin d’espace et de liberté. Il avait besoin de voir le ciel s’illuminer le matin et s’éteindre doucement le soir. Il avait besoin d’entendre un ou deux oiseaux chanter, même si tout autour lui bloquait les tympans. Il avait besoin de tout, car il avait peur du vide. Il pensa au parc de l’école, les lignes complètes d’arbre que chatouillaient l’herbe et les fleurs sauvages à la pousse incontrôlable. Il pensa à sa chambre, à son lit qui lui tendait les bras, il pensa aux salles de cours aux murs légers, aux salons avec ses fauteuils mou et modulable. Oui, il voulait retourner à l’école. Ou alors retourner partout sauf ici, et à l’endroit précédent.

Il regarda Majoren qui s’était laissée tomber sur le lit usé, toujours les larmes collantes aux yeux. Elle aussi devait appréhender fortement leur avenir proche. Que faire de sérieux quand rien jusque là ne l’était ? Après tout ils ne méritaient même pas la liberté, il méritait la plus petite des prisons, ils avaient ôté la vie… . Erwann avait encore du mal à réaliser la gravité de son cas. Il se persuadait fébrilement que le lendemain matin, il prendrait bien assez de recul pour avoir des remords ou quoi que se soit d’autre. Certes il dormirait mal, mais même s’il avait le moral très réveillé, son corps demanderait son quota de sommeil, et il finirait bien par trouvait une minuscule once de sommeil.

Demain, ou plutôt après-demain, il retournerait à l’école, pour prendre des affaires, pour prendre des nouvelles, poser des questions sur quelque chose, sur une histoire dont il connaissait éperdument la fin. Et puis qui sait, peut-être finalement un des hommes n’était pas mort. Peut-être même les deux. Peut-être ils avaient déjà arrêté quelqu’un… . Des potins qui lui faisaient mal au cœur.

Majoren était déjà presque allongée. Il s’étala juste derrière elle, comme une petite cuillère dans une autre, puis tira la maigre couverture. Comme ça ils se tiendraient chaud, pour une nuit au moins. La nuit d’après ils auraient e quoi survivre mieux. Ca serait comme ça désormais, survivre… . Erwann ne prononça pas un seul mot. Il savait bien que tout ce qui serait dit ici serait vite oublié, parce que c’était douloureux. Il savait aussi que quelques soient ses paroles, il n’y aurait pas une seule part de vérité et d’objectivité dedans. Ce soir, ils ne pouvaient pas faire d’autres choses que de se rassurer. Se rassurer pour mieux faire front, se serrer les deux coudes, et toutes les autres articulations trouvables, se réchauffer pour un nuit, pour deux… . Au bout d’un moment, après avoir compté les gouttes qui coulait du plafond à un coin de la pièce, Erwann ferma un œil, puis le deuxième. Après les avoir rouvert plusieurs fois, il les ferma définitivement. Ses paupières le brûlaient, sa main lui faisait mal, son dos le lançait, mais rien n’aurait pu l’empêcher de trouver le monde de Morphée ce soir là.
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