La surprise avait été de taille... La pluie qui s'était abattue sur eux à la sortie du centre commercial ne leur avait pas laissé la moindre chance et la lenteur de Dean pour sortir son trousseau de clé de sa poche les avait finalement achevé... Leur chance dans cette histoire ? Ils n'étaient qu'en octobre ! Le temps venait de se rafraichir, surtout le soir, mais cela n'était pas comparable aux longs mois d'hiver... Néanmoins, le chauffage en panne dans la voiture n'avait pas arrangé les choses...

Silencieuse lors du retour, Miku ravala en fin de compte une double réprimande : d'une part elle n'avait pas ses chocolats... mais elle ne pouvait en vouloir à son ami qui avait fait des pieds et des mains pour obtenir déjà ceux de Mio... D'autre part, cette voiture devait vraiment aller à la casse ! Entre le bruit du moteur et le chauffage out, l'infirmier ferait bien mieux d'investir dans un nouveau véhicule plutôt que de continuer avec celui-ci ! Néanmoins, sachant que la voiture était un sujet sensible, Miku se tut. Le retour jusqu'à Ginkgo sembla donc long. Dean grelottait, tandis que la japonaise tentait tant bien que mal de ne pas imiter son chauffeur. La pluie, plutôt forte, n'avait néanmoins pas eu le temps de pénétrer les défenses de son manteau... elle y survivrait donc et peut-être même sans rhume.

Le lycée s'était finalement dressé devant eux, tandis que la pluie continuait à s'abattre et que l'orage commençait à gronder au loin. Fichu parapluie... Miku était décidément tête en l'air et ne changerait jamais sur ce point... Inutile de s'en vouloir maintenant, elle n'y pouvait plus rien.

Enfin à l'abri, Dean la suivit alors dans son appartement, insistant pour porter le sac de granulés jusqu'au bout, comme si elle ne pouvait pas le faire toute seule. Cela ne partait pas d'une mauvaise intention, mais une fois encore on pouvait voir dans cet acte le sexisme ambiant de la société japonaise... Quoi que Dean n'en restait pas moins un gaijin... Ce qui prouvait en fin de compte que tous les pays au monde étaient pareils sur ce point précis et que Miku était, bien entendu, impuissante fasse à ce genre de pratiques... À quand la révolution ?

Jetant sa veste dans un coin de l'appartement vidé de ses occupants, tandis que l'américain était monté à l'étage pour déposer le fameux sac à destination de Pinpin, Miku fit vite un détour par la salle de bain récupérant deux serviettes, s'enroulant dans l'une d'elles, avant de rejoindre le jeune homme dans sa chambre. Comme par magie, Pinpin ne faisait pas des siennes, mais était bien sage dans sa cage. Miku évitait de le laisser trainer en bas pour ne pas incommoder ses colocataires et il en allait de même concernant tout ce qui touchait à sa nourriture... Car forcément, on n'avait pas envie de voir de bon matin un paquet de granulés en ouvrant le placard du petit déjeuner !

Soupirant face à l'état de sa chambre, la japonaise réalisa néanmoins qu'elle était comme elle l'avait laissé : ni rangée, ni en bazar. Sur son bureau traînait différents ouvrages d'Histoire, un lire de Harlan Coben, un paquet de bonbons ouverts, un cd de musique traditionnelle, son ordinateur portable avec ses lunettes posée dessus et son fer à frisé. Le lit avait été rapidement fait et une porte de sa penderie était restée ouverte...

En attendant, Dean observait le maudit lapin dormir alors que la japonaise lui déposa sa serviette sur la tête.

"Il faudrait te sécher avant de t'enrhumer !"

Il devait surtout se changer ou du moins se sécher, comme elle d'ailleurs, même si sa chemise n'était pas trop marquée par l'averse, son pantalon était lui trempé... Sursautant, Miku acheva ici ses réflexions concernant les parties mouillées ou non de son corps, suite au tonnerre qui résonna dans la pièce. La foudre n'était visiblement pas tombée loin... Non pas qu'elle avait une véritable phobie de l'orage, mais cela n'était absolument pas rassurant. Elle se souvenait d'ailleurs de la maison d'une amie, frappée par la foudre en plein milieu du salon... et le trou laissé par le fluide électrique était on ne peut plus impressionnant... À dire vrai, on aurait pu y mettre aisément deux hommes à l'intérieur...

De nouveau surprise par le tonnerre, ce qui suivit fut plus embêtant : une coupure de courant. Adieu la lumière, le radio réveil, la télévision et autre objet fonctionnent à l'électricité... La faute à quoi ? Peut-être l'orage ou peut-être à cause de sa veste mouillée restée à proximité d'une prise électrique....

Dean se retrouvait, trempé et grelottant de froid, dans la chambre de Miku et se demandait peu à peu comment il était atterri ici. Il se rappelait avoir roulé sa voiture qui avait une tenue de route hors norme par ce temps, ce qui compensait l’état désastreux du chauffage. Puis, il s’était garé et avait suivit Miku jusqu’à son appartement, sans réfléchir, trop occupé à tenter de contrôler ses tremblements. Il était entré derrière elle, avait déposé ses chaussures à l’entrée et était monté dans sa chambre. Et maintenant ? Il observait le fameux Pinpin tandis que la jeune professeure avait disparue dans la salle de bain. Raide comme un piqué, il s’était diriger vers le radiateur et l’avait allumé à fond, ignorant si cela allait plaire ou non à Miku. En tout cas, le radiateur était maintenant bien chaud et Dean commençait à réussir à contrôler ses tremblements.

Ce fut la sensation de quelque chose de doux sur sa tête ainsi que la voix forte mais douce de Miku qui le sorti de ses pensées. Ce quelque chose, qui recouvrait ses cheveux, était une serviette que Dean attrapa, alors qu’il se tournait vers la jeune femme, la remerciant d’un sourire. Il commença ensuite à se sécher vigoureusement les cheveux et son cœur manqua un battement lorsque le tonnerre gronda fortement. L’orage était au dessus d’eux. Frissonnant légèrement, Dean observa sa chemise et son pantalon, tous les deux mouillés, et grimaça.

« Je vais aller me changer » dit-il doucement et se redressa pour porter son regard vers Miku « je reviens vite »

Mais en fait, Dean ne parti jamais. La serviette en main, il descendit rapidement l’escalier du couloir encore illuminé. Arrivé à la moitié des marches, la lumière s’éteint brusquement. Sans doute était-ce dût à une coupure de courant. Quoiqu’il en soit, cette brusque coupure surprit tellement notre infirmier qu’il en rata une marche. Et, comme il avait la main du côté de la rampe de sécurité occupée par la serviette et qu’il n’avait pas le temps de se tourner pour se rattraper avec la main libre, il dégringola le reste de l’escalier. Il eu tout de même le reflex – merci aux nombreuses années de Karaté … - de se rouler en boule pour ne pas se faire plus mal que nécessaire.

Sa chute était rapide. Rapide mais assez douloureuse. Lorsqu’il ouvrit les yeux, il était allongé sur la dernière marche de l’escalier et eu besoin d’un certain temps pour revenir complètement à lui. Après avoir considérer que les battements de son cœur s’étaient à peu près stabilisés, Dean soupira doucement et se redressa, prenant appuis sur son bras gauche. Chose qu’il n’aurait pas du faire, car une violente douleur lui cisailla l’épaule, contractant douloureusement les muscles de son bras. Réprimant un cri de douleur, Dean se mordit la lèvre inférieure et se pencha en avant. Son pouls avait à nouveau grimpé brusquement et notre infirmier soupira.

Cette soirée avait tellement bien commencé. Devait-elle réellement se finir de cette manière ?

C'était incroyable... Le cerveau humain avait une capacité à emmagasiner énormément d'informations et à en formuler de nouvelles en quelques secondes... Ainsi, Miku venait de se demander deux choses avant que la dégringolade dans l'escalier ne l'interpelle : qu'allaient-ils faire une fois que le jeune homme se serait changé ? Et où se trouvait le disjoncteur dans cet appartement ? Malheureusement pour elle, et surtout pour Dean, elle n'eut pas les réponses à ses questions. Le bruit sourd qui venait de l'extérieur de sa chambre fut facilement identifiable et la Japonaise laissa ses questions non prioritaires au placard.

Atteignant le cadre de sa porte sans se cogner, Miku tenta de percer l'obscurité du regard, mais rien n'y fait : des yeux de chats, elle n'en avait pas !

« Ça va ? Rien de cassé ? »

Les espèces de grognements qu'elle obtint comme unique réponse ne laissèrent présager rien de bon. Plutôt que de s'élancer à son tour dans l'escalier à ses risques et périls, la jeune femme préféra ouvrit les divers tiroirs de son bureau à la recherche d'une lampe ou d'elle ne savait trop quoi pour éclairer l'obscurité. Le comble dans cette histoire était le fait qu'elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas de lampe à portée de main, mais dans le doute, elle avait préféré tenter le coup... La recherche infructueuse ne dura qu'une dizaine de secondes, histoire de mettre le bazar dans ses tiroirs, avant que la Japonaise ne se décide à récupérer son téléphone portable dans sa poche pour l'utiliser comme lampe de dépannage.

Réussissant à éclairer tant bien que mal son chemin, elle descendit les escaliers avec prudence, rejoignant ainsi ce pauvre Dean toujours à terre. Voulant l'aider à se relever, Miku abandonna bien rapidement cette entreprise lorsque le fait de vouloir le tirer par le bras pour le faire décoller du sol se solda par un nouveau râle de douleur. Ne sachant pas vraiment que faire, la jeune femme opta pour l'option "rester assise à proximité et attendre qu'il se remette tout doucement".

Elle comprit néanmoins rapidement que son bras le faisait souffrir et préféra le laisser se le masser plutôt que d'intervenir une nouvelle fois. La meilleure initiative à prendre pour le moment aurait été de remettre le courant... seulement, Miku ne savait pas où était le disjoncteur et elle ne savait pas non plus si c'était l'orage ou sa négligence qui avait fait sauter les plombs. D'ailleurs, la pluie continuait toujours à tomber à l'extérieur, tandis que le tonnerre faisait également des siennes. Dans une autre situation, la Japonaise aurait pu trouver ce moment agréable : se savoir au chaud à l'intérieur alors que le mauvais temps se déchaînait à l'extérieur... mais être assise dans l'escalier avec un cascadeur qui peinait à se relever n'avait absolument rien de charmant...

« Ne meurs pas hein ! Je n'ai pas envie de finir en prison si jamais on m'accuse de t'avoir poussé... »

Peut-être qu'une plaisanterie réussirait à le remettre d'aplomb plus vite.. Elle eut néanmoins le loisir de détendre légèrement l'atmosphère... Allumant son portable, elle l'orienta en direction du cascadeur pour voir son visage, ce qui eut pour effet direct de lui flasher le visage et de l'éblouir... Qui aimerait se prendre en plein visage une lumière blafarde sortant de nulle part ? Pas grand monde !

« Pardon ! » Reprit-elle avant de couper la lumière du téléphone... « Tu veux que j'aille te chercher des glaçons ? »

Il ne restait plus que cela à faire, sachant que le jeune homme venait de réussir à trainer sa carcasse de manière à s'asseoir près d'elle... Néanmoins, Miku se risqua à passer sa main sur son front, lui remettant au passage les cheveux en place, histoire de contrôler la présence ou non d'une jolie bosse...

Cette douleur était horrible, mais ne lui était pas inconnue pour autant. Il s’était un jour luxé la même épaule et depuis, elle avait la mauvaise habitude de l’handicaper par moment. Mais là, ce n’était pas tout à fait la même chose. Certes, le fait de la bouger lui faisait mal, mais ça ne lui était pas impossible. Ce devait être un autre problème alors. Ou alors une simple douleur passagère ? Ce n’était pas à exclure non plus. Et puis, si Miku ne s’amusait pas à lui tirer sur le bras – chose qu’elle fit, ce qui lui arracha un râle ou un grognement de douleur- et qu’il tenait son bras immobile contre lui, la douleur était plus ou moins supportable.

Fermant ses yeux et prenant une profonde inspiration comme pour se reprendre en main, Dean se redressa et remercia l’obscurité de cacher sa grimace de douleur. Pourtant, il ne put s’empêcher de sourire, amusé par la blague de Miku. Sourire qui disparu bien vite lorsqu’il fut aveuglé par une vive lumière. Grimaçant et jurant, il se protégea les yeux de sa main droite et détourna le regard. Heureusement que Miku réagi rapidement et éteignit son portable. Soupirant doucement, Dean s’apprêta à prendre la parole, mais les mots de Miku l’en empêcha. Elle voulait lui chercher des glaçons ? Secoua doucement la tête, notre infirmier lui adressa un sourire discret.

« Non c’est bon ça … » Sa voix se brisa lorsqu’il sentit les doigts de Miku venir lui effleurer le front, lui remettant les cheveux en place. Après plusieurs instants, Dean réussi à reprendre le contrôle sur lui-même et toussota légèrement « … ça va aller. La douleur n’est surement que passagère. »

Encore une fois, il remercia l’obscurité de ne pas dévoila sa mine car elle trahirait surement son mensonge.

Mais le problème était que … voilà. Il était là, assit dans le noir, sur les escaliers, une épaule en moins, à côté de son ex qui lui caressait le front. L’envie de faire ce que l’on pouvait faire dans le noir était là, bien présente au fond de lui et remontait à une vitesse fulgurante, à la surface. Il se surprit même à s’être pencher un peu vers la jeune femme mais réalisa rapidement, avant de ne commettre l’irréparable. Alors, après s’être redressé sur la marche, Dean se leva, évitant au maximum de bouger son bras.

« Tu … me passes ton portable ? Je vais voir où est le problème »

Après l’approbation de Miku, il lui prit le portable des mains et l’alluma. Celui-ci éclaira peu, mais assez pour que Dean puisse se frayer un chemin à peu près correctement, à travers l’appartement. Heureusement, pour lui, que tous les appartements étaient agencé pareillement. Notre infirmier n’eut donc pas trop de problèmes à atteindre le boitier, dans lequel se trouvaient les disjoncteurs. Réussissant tant bien que mal ouvrir l’ouvrir avec une seule main, il repéra rapidement le disjoncteur général pour l’électricité qui était sur « off ». D’un geste peu habile mais plein d’espoir, Dean le remit sur « on ». Rien ne se passa. Il tenta une deuxième fois. Toujours rien. Il abandonna finalement au bout de 4 vaines tentatives. Soupirant doucement, pour marquer son ennuie, il se tourna vers Miku qui l’avait rejoint –avec un peu plus de mal, étant donné qu’elle avait du se déplacer sans lumière, elle.

«Fuck » jura-t-il en américain, avant de se détourner vers Miku qui l’avait rejoint, avec un peu plus de mal, étant donné qu’elle devait se déplacer sans lumière « Rien à faire » reprit-il, sans pouvoir cacher son mécontentement « C’est possible que ce soit le disjoncteur général qui ait sauté. » Il lança un coup d’œil vers la porte « si c’est le cas, alors mon appartement doit aussi être plongé dans le noir. » Il se retourna vers Miku « Je vais vérifier … tu m’accompagnes ? » ajouta-t-il, après un court instant de réflexion.

Pas de bosses, pas de glaçons... voilà déjà une bonne nouvelle. De toute manière, ce n'était même pas certain que le freezer en soit pourvu... et là Miku aurait paru bien bête. Donnant son téléphone à Dean qui réussit enfin à se relever après quelques hésitations, le jeune homme partit en quête de la source du problème, tandis que la jeune femme préféra rester assise sur les marches pour le moment, laissant faire son ami, qui n'avait certainement pas besoin de l'avoir dans les pattes à cet instant.

Suivant du regard la lumière de son téléphone, elle identifia la place du disjoncteur dans l'appartement, au cas où ce genre d'incidents se reproduirait. Pour sûr qu'on lui avait déjà expliqué où il se trouvait, mais Miku avait une fâcheuse tendance à retenir uniquement ce dont elle avait envie... En attendant, l'Américain était en train de bidouiller l'appareil de tous leurs problèmes... et plutôt que de faire l'impasse sur une leçon de rétablissement de l'électricité, la Japonaise préféra s'approcher avec précaution en repérant à tâtons où était les différents meubles. Maintenant à côté de l'infirmer, elle insista impuissante à l'échec de l'opération : le courant n'était visiblement pas décidé à leur faire l'honneur de sa présence pour le moment. Dean fit alors référence au disjoncteur général tandis que Miku se contentait d'acquiescer sans vraiment savoir de quoi il parlait. Néanmoins, ils ne devaient pas être seuls ici ! Leurs voisins d'appartements devaient bien s'être rendu compte du phénomène... sauf s'ils dormaient... De plus, on était samedi soir et nombreux devaient-être ceux à être sortis faire la fête, surtout si on en croyait les rumeurs courants sur chacun... entre les deux rouquins que l'on aurait vu ivres morts sur un trottoir et le professeur de peinture qui aurait une vie nocturne agitée le weekend, ce n'était pas certain qu'il y ait en fin de compte grand monde ici... Mais l'Américain avait raison, autant faire le tour des appartements pour vérifier qui avait de l'électricité et qui n'en avait pas.

Miku accepta donc de le suivre, mais décida de remonter dans sa chambre avant. Retrouvant les escaliers en marchant à tâtons, elle grimpa ses derniers avec précaution avant de pénétrer dans sa chambre. Approchant de son armoire, elle en sortit le premier pantalon qu'elle attrapa pour pouvoir enfin se changer... puis quelque chose attira son attention à l'extérieur. S'approchant de sa fenêtre aux volets restés ouverts, la professeure put ainsi remarquer que le bâtiment Meji était éclairé par endroit, visiblement le fruit des lycéens n'ayant pas regagné leur domicile pour le weekend... Miku en déduit donc simplement que c'était le bâtiment Edo qui était privé d'électricité et donc que le plan visant à remettre en marche le disjoncteur principal était le plus plausible... Bref, il allait bien y voir un technicien pour remettre le courant ici non ?! Miku n'allait pas non plus s'amuser à descendre au sous-sol pour trouver un moyen de remettre le bazar en état !

Quittant sa chambre, descendant les escaliers avec toute la précaution du monde, elle rejoignit Dean dans le couloir. Le premier réflexe de la jeune femme fut alors de tenter d'allumer ce dernier via l'interrupteur, mais elle fut forcée de constater que c'était également un échec. Soupirant, avant de s'adosser au mur, elle laissa son ami continuer sa progression en direction de son propre appartement...

« Tu devrais abandonner... Je crois bien que c'est tout le bâtiment Edo qui est plongé dans le noir. Il y a bien un technicien qui va aller le trouver ce fichu disjoncteur... Parce que moi je ne vais pas le chercher...»

Oui parce que si Dean voulait aller le remettre en marche c'était sans elle... Non pas qu'elle croyait au Yōkai et autres âneries mais se promener dans le noir ne l'amusait pas plus que cela... De toute manière, elle doutait que son ami cascadeur ait véritablement envie de partir en expédition pour remettre un roulé-boulé dans l'escalier...

« Alors ? Tu la trouves la lumière ou on fait un cache-cache nocturne ?»

Fixant l'obscurité, Miku attendit une réponse ou la dite lumière, sans grand espoir.

Miku avait accepté de l’accompagner, mais l’avait abandonné pour quelques instants, le temps de remonter dans sa chambre, se changer et redescendre. Le tout sans embrouilles apparentes, ce qui renforça l’idée que Dean se faisait de lui. A savoir : un empoté, qui coordonnait mal ses mouvements, histoire bien pouvoir se casser la gueule dans l’escalier. Enfin, il avait une excuse : la vive coupure de courant. Mais soit.

Eclairant le dernier mètre pour Miku et après avoir attendu qu’elle soit à ses côtés, Dean continua sa progression et atteignit la porte d’entrée. Il la tira et sorti dans le couloir, lui aussi plongé dans l’obscurité la plus totale. Tandis qu’ils longeaient le couloir, se dirigeant tous deux vers l’appartement de Dean, Miku reprit la parole. Elle chuchotait et notre infirmier eu presque du mal à la comprendre. Néanmoins, il ne put s’empêcher de sourire. Aurait-elle peur de ce que le lycée referme la nuit ? Huhu, ce serait une bonne occasion pour s’amuser un peu. Mais Dean refoula bien rapidement cette idée. Il n’avait pas envie de risquer de se mettre Miku sur le dos et n’avait, pour l’instant, qu’une seule envie : se changer.

Arrivé à son appartement, notre jeune homme sorti les clefs de sa poche arrière et ouvrit la porte. A nouveau, ce fut Miku qui brisa le silence, tandis qu’il tenta d’alluma la lumière dans le couloir de son propre appartement –en vain, évidement. Continuant d’ignorer la jeune professeure, Dean se dirigea, sans enlever ses chaussures, vers le boitier et attrapa la lampe de poche posée dessus. Car oui, d’un commun accord avec ses colocataires, il avait décidé qu’une lampe de poche à cet endroit pourrait être fort utile. Allumant donc la lampe, qui éclairait quand même bien mieux que le portable de la jeune femme, Dean se retourna vers cette dernière et lui redonna l’appareil, souriant.

« T’as raison, ce doit être tout le bâtiment Edo … » avoua-t-il doucement « Non pas que je ne croyais pas hein ! Bien au contraire. Je voulais juste être complètement sûr et … me changer, surtout » ajouta-t-il en souriant, comme pour s’excuser.

Il se détourna alors de la jeune femme et se dirigea vers l’escalier qui montait à sa chambre. Ce fut non sans surprise qu’il entendit les pas de Miku derrière lui. Elle suivait tout simplement la lumière, n’ayant sans aucun doute pas envie de rester seule dans le noir. Et puis, à vrai dire, ce n’était pas dérangeant.

Ainsi donc, ils atteignirent sa chambre et notre infirmier entra, se dirigeant machinalement vers son armoire. Là, il en sorti le premier pantalon qui lui tomba entre les mains et un pull. Sans faire attention à Miku, Dean changea de jeans –non sans galérer pas mal avec une seule main- mais resta torse nu, le regard fixé sur son épaule. Il lui était impossible d’y voir quelque chose dans cette obscurité. Soupirant doucement, il tendit finalement la lampe de poche à Miku.

« Tu peux éclairer vers moi s’il te plait … ? »

La réponse ne se fit pas attendre bien plus longtemps. La japonaise attrapa la lampe de poche et fit comme demandé. Malheureusement, dans cette lumière artificielle, Dean n’y voyait rien non plus. Ou alors c’était parce qu’il n’y avait rien à voir ? Ce genre de blessure n’était pas très rare. Aussi, l’épaule était encore en place. Les sourcils légèrement froncés, réfléchissant, Dean déplia doucement son bras … ce qui le fit grimacer. Crispant le visage, il fléchit à nouveau le bras et attendit que la douleur se soit un peu dissipée.

S’il avait été kiné, il aurait sans doute su quoi faire. Lui, n’était qu’un pauvre infirmier qui n’avait pas jugé bon d’écouter attentivement les cours de traumatologies lorsqu’ils avaient parlé de cette articulation. Il savait que ça lui sera fatal un jour. Il le savait …

Il fallut encore quelques secondes pour que le jeune homme se range de l'avis de Miku concernant la coupure de courant. Pas vexée pour autant, elle le laissant rentrer chez lui histoire qu'il puisse se changer tranquillement. Toujours dans le couloir, la Japonaise fixa l'obscurité lorsqu'un grincement attira son attention... Le bruit semblait venir de l'étage inférieur. Tendant l'oreille, ce dernier se répéta sans qu'elle n'arrive à l'identifier... Un voisin était peut-être rentré ? Ce devait être surement cela. Néanmoins, Miku ne voulait pas tomber nez à nez avec ce dernier... entre l'orage, la panne de courant et les bruits venant de l'étage inférieur, il ne manquait plus que son téléphone se mette à sonner et qu'une petite voix lui annonce qu'il ne lui restait plus que sept jours à vivre pour la terroriser... Se maudissant de commencer à se rappeler les évènements des rares films d'horreurs qu'elle avait regardé dans sa vie, Miku ne resta pas plus longtemps dans le couloir et préféra suivre son ami et la lueur de sa lampe torche qui disparaissait dans une nouvelle pièce de l'appartement...sauf qu'il allait quand même dans sa chambre pour se changer... La jeune femme ayant légèrement oublié ce point lorsqu'elle avait monté les marches à l'affût des différents bruits qui pouvaient venir de l'étage inférieur.

Un peu bête et gênée, Miku se retourna, faisant mine de regarder la décoration lorsque le faisceau lumineux de la lampe lui laissait entrevoir quelques trucs. Puis Dean lui demanda de l'éclairer... Ne comprenant pas tout de suite ce qu'il voulait dire, la jeune femme s'exécuta néanmoins, avant de finalement deviner où il voulait en venir. Contrairement à ce qu'elle croyait, ce n'était pas réellement son bras qui le faisait souffrir, mais plus son épaule... Ne disant rien et le laissant faire, elle le vit grimacer de douleur. Visiblement, il ne s'était pas raté. Que pouvait-elle y faire ? Pas grand-chose à moins de prendre la direction des urgences si la douleur se faisait trop importante...

Ainsi, Miku allait lui faire cette proposition, lorsqu'une porte claqua violemment dans le couloir. Sursautant, avant de nouveau tendre l'oreille, la Japonaise en déduit une nouvelle fois que c'était un voisin d'appartements qui venait de rentrer... et qui n'avait pas trouvé le disjoncteur en passant... Quoi d'autre ? Les fantômes n'existaient pas... Miku était assez grande pour le savoir... quoi que pas très rassurée... Et si jamais c'était un fou furieux venant les assassiner ?

Se mettant une claque intérieurement, Miku reporta son attention sur le cascadeur, lui adressant un sourire rassurant... avant de poser la lampe sur le meuble le plus proche, de saisir le pull que ce dernier avait sorti de l'armoire et de le lui enfiler sur la tête avec précaution.

« Mon pauvre Dean... Tu as dû être puni pour tous tes crimes. »

Oui parce que décidément ce soir il cumulait... Manquerait plus que ce soit bien un fou furieux, qui ait claqué la porte, venu pour les assassiner... Souriant dans l'obscurité, Miku tenta tant bien que mal de l'aider à enfiler son bras meurtri dans la manche, s'excusant une ou deux fois lorsqu'il grimaça. La Japonaise espéra néanmoins qu'il n'allait pas prendre mal cette marque d'attention... la virilité masculine étant parfois incompréhensible. Elle en doutait un peu... Torse nu, elle l'avait vu quelques fois, il ne s'agissait donc pas d'une curiosité mal placée... quoi que non déplaisante. D'ailleurs, n'avait-il pas dormi comme cela à côté d'elle l'été dernier ? Plutôt que de penser que Miku était une mateuse, la scène prêtait plutôt à penser que Dean était un exhibitionniste ! Ce n'était peut-être pas le cas avec tout le monde, mais il n'avait aucune raison de se sentir gêné en la présence de Miku... quoi que l'inverse n'était pas vrai !

Blagues misent à part, il fallait absolument qu'il se couvre avant d'attraper définitivement la mort... Miku fut alors rassurée, lorsque ses mains, toujours plus ou moins froides, entrèrent en contact avec la peau bien chaude du jeune homme. Un courant de satisfaction l'envahit alors, consciente que sa petite serviette restée au pied de l'escalier de son appartement avait bien fait son travail.

Se maudissant encore et toujours de n’avoir pas été assez attentif aux cours de traumato, Dean continua d’observer son épaule, lorsqu’il entendit un bruit sourd. Relevant vivement la tête, ses sens à l’affût, notre infirmier ne remarqua que trop tard que Miku s’était approcher de lui avec le pull qu’il venait de sortir. Il eu un léger mouvement de recul, assez surprit, mais se laissa néanmoins faire. Avec quelqu’un d’autre, Dean aurait sans doute trouvé beaucoup d’arguments contre le fait de se laisser aider, mais bon. Si Miku avait envie de l’aider il n’allait pas l’en empêcher.

Alors, après quelques râles de douleur lorsque la jeune femme tira un peu trop sur son bras, Dean fut complètement habillé. Pourtant, Miku ne semblait pas disposé à le laisser seul. Au contraire. Un frisson parcouru l’échine de notre infirmier, tandis que la jeune femme effleura sa peau chaude de ses mains encore froide. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait. Ou peut-être le savait-elle que trop bien et le caressait-elle dans un but précis?

Quoiqu’il en soit et sans réfléchir d’avantage et sans pouvoir y résister plus longtemps, Dean fit un pas en avant. De son bras droit, il entoura la taille de Miku et, délicatement, l’attira à lui, liant leurs lèvres en un doux baisé. Très vite, une sensation de bien être se propagea en lui. La vague de bonheur fut telle, qu’il se laissa aller, approfondissant légèrement le baiser. Le moment tant attendu était enfin arrivé. Montant doucement la main le long du dos de la jeune femme, Dean alla lui caresser la nuque puis la joue et se recula ensuite, délivrant les lèvres de Miku de l’emprise des siennes. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient plus été aussi près. Dean pouvait sentir le souffle de la jeune femme et aperçu, dans l’obscurité, son air quelques peu surprit.

« Quels crimes ? » demanda-t-il sur un ton malicieux en passant sa main dans les cheveux de la jeune femme avant de la posé sur son épaule et s’approcher à nouveau « merci pour ton aide » Lui susurra-t-il à l’oreille avant de l’embrasser à nouveau furtivement.

Parfois les évènements se déroulaient sans le consentement de l'actrice principale du film et c'était exactement ce qui se passait en ce moment. Miku n'eut pas vraiment le temps de comprendre, à peine eut-elle fini de mettre correctement en place le fameux pull, à peine eut-elle le temps de se redresser, que Dean s'approcha d'elle, passant son bras derrière son dos avant de l'attirer vers lui. La jeune femme crut l'espace de quelques secondes qu'il s'agissait d'un jeu, d'une farce ou d'elle ne savait trop quoi... mais le film se déroula sans qu'elle ne puisse établir un pronostic correct de la situation. Ainsi, sans vraiment réaliser ce qui se passait, sans pouvoir contrôler cette situation, ses lèvres rencontrèrent les siennes. À cet instant, le monde sembla disparaitre, ses pensées s'envolèrent, comme si seuls les battements accélérés de son cœur guidaient maintenant ses gestes. Répondant à son baiser, ce dernier fut doux et tendre, sans fausses notes. Ses lèvres, elle les connaissait, permettant la perfection de ce moment. Alors que Miku sentait la main de l'Américain remonter le long de son dos, le baiser fut plus passionné, avant que celui ne se meure doucement lorsque le jeune homme décida d'y mettre un terme.

Ne sachant que dire, ne sachant que faire, Miku tenta de contrôler ses émotions. Sa respiration se fit plus lente, son cœur sembla se calmer et elle bénit alors l'obscurité de voiler le flot d'émotions qui devait traverser son visage. Pourtant la lumière, dégagée par la lampe abandonnée derrière elle, devait quelque peu trahir ce qu'elle tentait si bien de cacher... Osant enfin lever les yeux vers le jeune homme, elle fut surprise par sa question, qui n'en était pas vraiment une, ainsi que par ses pseudos remerciements. Entrouvrant la bouche pour répondre, elle ne put rien exprimer... D'une part, parce qu'elle était encore dans un état se rapprochant de la béatitude et d'autre part parce qu'il ne lui en laissa pas le temps, posant de nouveau ses lèvres sur les siennes, les frôlant presque avant de vouloir de nouveau s'en écarter. Il y a des réactions que l'on n'expliquait pas... et celles émanant de vous-même étaient les plus mystérieuses. Alors qu'il s'éloigna, ce fut elle qui revint vers lui, mélangeant son souffle au sien, prenant possession de ses lèvres et l'enlaçant de ses bras au niveau du cou sans la moindre hésitation. Ce baiser fut plus fougueux, plus intense... et eut le loisir de la projeter quelques années en arrière, lors d'une époque où tout paraissait simple alors que tout était en réalité compliqué. N'était-ce pas encore le cas aujourd'hui ? Miku ne le savait pas, ne se posant simplement pas la question. Elle agissait sans réfléchir, son corps n'obéissant qu'à des pulsions qu'elle ne contrôlait, ne pensant ni aux conséquences, ni à la signification de tout ceci. Le temps semblait bel et bien figé, bloqué lors d'une autre époque, dans sa chambre étudiante aux États-Unis. Le retour devrait pourtant se faire, tôt ou tard et inconsciemment, la jeune femme le savait. Et lorsque cette fois ce fut-elle qui rompit le baiser passionné, lorsque ce fut-elle qui recula légèrement son visage sans pour autant éloigner le reste de son corps, elle prit la parole en même temps que tout le poids des gestes qu'ils venaient d'avoir l'un envers l'autre lui tomba dessus...

« Ne disparais plus s'il te plait, quoi qu'il advienne... »

Que comprendre derrière cette simple phase ? Mille et une chose certainement. Mais il n'y avait rien de véritablement mystérieux la dessous... Elle signifiait simplement qu'importe le futur, qu'importe les routes qu'ils emprunteront, qu'importent les choix qu'ils feront, bons ou mauvais, identiques ou différents, lors d'une simple amitié ou toutes autres choses, elle ne souhaitait simplement plus le voir disparaitre sans un au revoir.

Tout revenait à la charge. Toutes émotions, tous les ressentis, tous les souvenirs. Vraiment tous, lui revenait à l’esprit. Alors que ce fût Miku qui prit les devant pour venir l’embrasser à nouveau, Dean sentit son cœur s’accélérer. Il pu presque sentir comment les endorphines se propageant à une vitesse incroyable dans ses muscles, lui faisant presque oublier sa douleur dans l’épaule. Mais, alors qu’il répondait un peu plus fougueusement à son baiser, il fut projeté 4 ans en arrière, dans ce bar de Cherokee, où tout avait commencé.

Un groupe qui reprenait les grands classiques du rock Américain et anglais était entrain de jouer du Dire Straits et la soirée battait son plain. Dean était venu seul et observait les quelques filles qui passaient devant lui. Mais, bien qu’elles fussent pour la plupart vraiment sexy ce fut cette jeune japonaise, assis à une table près du bar, qui semblait être seule et perdue au milieu de ce monde, qui attira son attention. Ni une ni deux, il attrapa son verre et alla la rejoindre. Ce fut le début de sa plus longue histoire d’amour.

Et maintenant ? Il se retrouvait dans les bras de cette même jeune femme, qui l’embrassait. Le flot de bonheur qui submergeait notre infirmier se fit plus violent et plus intense, menaçant de le noyer. Malheureusement, Miku rompit le baiser. Trop vite, au goût de Dean. Elle se recula un peu, juste assez pour pouvoir parler. Et ce qu’elle dit fut lourd de sens. Fermant furtivement les yeux, comme pour se reprendre en main et contrôler les battements de son cœur, Dean hocha doucement la tête.

« Plus ja … »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’un petit « clic » se fit entendre avant que sa chambre ne fut plongée dans une vive lumière. Grognant légèrement et clignant des yeux pour s’habituer à la lumière, Dean ne se rendit réellement compte que maintenant, de la position dans laquelle il se trouvait. Sa main droite reposait délicatement sur la hanche de la jeune femme. Pourtant, aucun d’eux ne semblait vouloir quitter les bras de l’autre. Dean afficha alors un doux sourire

« Je n’ai plus d’excuse pour disparaître, maintenant »

Mais en avait-il déjà eu ? Cette question restera sans doute à jamais sans réponse. Mais tant pis. Laissons maintenant le passé où il était, une bonne fois pour toute. Comme Dean aimait à se le répéter « Yesterday is history, tomorrow is a mystery and today is a gift ».

« Je crois que le problème de la lumière est résolu » reprit-il doucement en souriant avant de reporter son attention sur la jeune femme « … on fait quoi maintenant ? »

La demande qu'elle venait de formuler, sans pour autant être une véritable question, était bel et bien la preuve de la faiblesse de Miku... Néanmoins, se suspendre à ses lèvres était déjà un aveu... bien plus même qu'une demande faisant écho à leur dernière séparation. Elle n'y pouvait plus rien maintenant, ce qui était fait était fait. En attendant, toujours dans ses bras, toujours très proche de lui, elle scruta ses lèvres, ne voulant manquer pour rien au monde sa réponse, quelle qu'elle soit. Puis il lui parla, mais ne put finir sa phrase... la lumière inonda subitement la pièce, alors que les divers appareils électroniques bipèrent pour prévenir qu'ils étaient de nouveau alimentés. Miku avait espéré le retour de l'électricité et cela depuis que le jus avait disparu... mais là, maintenant, elle ne pouvait s'empêcher de haïr cette réapparition. Le moment n'aurait certainement pas pu être plus mal choisi, lui faisant l'effet d'une claque qui venait de la ramener à la réalité.

La tête basse, le cœur battant toujours la chamade, Miku réussit pourtant à relever la tête et à fixer Dean dans les yeux lorsqu'il lui dit qu'il n'avait plus aucune excuse. Toujours perturbée, le rouge aux joues, la Japonaise desserra un peu son emprise autour de son cou, sans pour autant le lâcher complètement... Elle sourit timidement en coin lorsqu'il fit référence à la lumière avant de le perdre et de se sentir on ne peut plus mal à l'aise. Que faire maintenant ? Derrière cette question, on pouvait y lire mille et une chose... La Japonaise pouvait toujours prétendre avoir une folle envie de partir faire un ping-pong, ou bien encore un gâteau au chocolat pour fuir ses responsabilités jusqu'à la prochaine fois ou prendre simplement ses jambes à son cou... mais Miku n'aimait pas adopter ce genre d'attitudes... Elle avait beau aimer faire l'autruche, elle savait pertinemment que cela ne servait absolument à rien. Seulement... elle ne savait pas quoi lui répondre... Ne sachant même pas si cette question concernait le moment présent ou un futur proche...

« Je ne sais pas... » Souffla-t-elle doucement. « Je préférais largement l'obscurité... je me sentais plus... imaginative ! »

C'était n'importe quoi ! Mais c'était tout ce qu'elle avait trouvé... même s'il y avait une part de vérité là-dedans. Néanmoins, lorsqu'elle baissa les yeux, toujours mal à l'aise, elle ne put s'empêcher de rire, réalisant que le pantalon qu'elle avait choisi dans l'obscurité ne s'accordait absolument pas avec sa chemisette plutôt sophistiquée... Au contraire de Dean qui avait eu l'habileté de faire correspondre haut et bas sans trop de difficultés. Ainsi, elle se détendit un peu, laissant certainement le jeune homme dans l'incompréhension totale face à ce changement d'habitudes. Elle le regarda de nouveau dans les yeux, avec un peu plus d'assurance et un nouveau sourire sur les lèvres...

« Je confirme ! Je ressemblais moins à un sac dans l'obscurité ! »

Ce n'était pas réellement de sa faute ce soir ! En effet, il lui arrivait parfois de ne pas accorder ses différents attributs vestimentaires... mais ces journées-là, elle les passait dans son appartement, enfermée à trainer, et non pas lorsqu'elle allait travailler ou lorsqu'elle se rendait à un rendez-vous galant... mais à vrai dire, cette soirée après la coupure d'électricité n'avait absolument rien d'un rendez-vous galant... même si en fin de compte, cela y ressemblait... un peu...de loin... et dans le noir.

« Et toi qu'est-ce que tu veux faire ? Lui demanda t'elle plus doucement. »

Il s'agissait d'une technique secrète, qui ne l'était pas, de retournement de questions à l'envoyeur, lorsque qu'elle ne savait absolument pas quoi répondre ou du moins lorsqu'elle ne voulait pas assumer ses choix.

Miku avait raison. L’obscurité avait ce petit quelque chose qui rendait tout humain plus imaginatif qu’il ne l’était réellement. Aussi Dean aimait bien cette obscurité qui avait un certain charme –dans la mesure où on se cassait pas la gueule dans les escaliers, évidement- et fut, tout comme Miku, quelque peu déçu de la brusque réapparition de la lumière. Il sentit comment elle desserra son emprise sur son cou, sans pour autant le lâcher complètement avant qu’elle … n’éclate de rire ?

Fronçant les sourcils, affichant une moue de réflexion, Dean inclina la tête sur le côté, tentant de savoir ce qui lui prenait. Lorsqu’il découvrit la source de son brusque changement d’humeur, notre jeune homme ne pu s’empêcher de rigoler, à son tour. En voulant se changer dans le noir de sa chambre, Miku avait fait preuve de très mauvais gout. Enfin, elle avait une excuse valable quand même : les yeux de l’être humain n’étaient pas aussi bon que ceux d’un chat et ne voyait que très peu dans l’obscurité. Ce n’est pas pour rien que « la nuit tous les chats sont gris ». Sans pouvoir s’en empêcher et assez machinalement, Dean lança un regard à sa tenue et fut agréablement surprit. Dans le noir, il avait réussi à attraper un jeans gris et un pull bordeaux qu’il pensait déjà avoir perdu. Souriant, il lâcha Miku et se recula d’un pas, alors qu’elle reprit la parole, contrant sa question par la même question.

« Ce n’est pas pour rien que je te l’ai demandé en premier » ne put-il s’empêcher d’ironiser, haussant les épaules et souriant bêtement, avant que son regard se tombe sur la porte de sa chambre encore entre ouvert. « Je te raccompagne chez toi ? J’ai encore ma veste qui traine quelque part dans ton appartement … »

Après avoir attendu l’approbation de la jeune femme, Dean la contourna et sorti de sa chambre, en attrapant la lampe de poche au passage. Il lança un coup d’œil en arrière pour voir si Miku le suivait aussi, puis descendit les escaliers et reposa la lampe de poche sur le boitier, avant de sortir dans le couloir. Tandis qu’ils marchaient dans le couloir, maintenant éclairer, afin de regagner l’appartement numéro 4, Dean senti que la douleur à l’épaule revenait tout doucement. Ne pouvant s’empêcher de soupirer, il se passa une main dessus, attendant que Miku entre pour la suivre. Il récupéra sa veste tout de suite à l’entrée puis se tourna vers la professeure.

« Tu veux que je reste ? Dès fois qu’il y aurait une deuxième coupure de courant, histoire que je te protège des méchants Yōkai ? »

Et voilà, il avait enfin pu mettre en œuvre ce qu’il voulait faire depuis avant. A savoir : se moquer gentiment de la jeune femme. Elle n’allait surement pas le prendre mal, d’autant qu’à vrai dire, Dean n’avait aucune envie de passer le reste de la soirée et la nuit seul.

Et puis ils se lâchèrent. Tous les bons moments avaient une fin... Néanmoins, cette situation devenait étrange... Miku ne savait pas vraiment sur quel pied danser. Que se passerait-il demain ? Se croiseraient-ils simplement comme les vieux amis qu'ils étaient ? Feraient-ils comme si rien ne c'était produit ? Ou bien au contraire, assumeraient-ils ? Elle le saurait certainement le moment venu, car pour l'instant Dean souhaitait récupérer sa veste sans vouloir aborder le sujet et elle ferait de même... l'autruche, encore l'autruche... ça elle savait faire. Ainsi, elle donna son accord, tentant de retrouver un peu de constance. Alors que Dean sortit, elle le suivit en silence, éteignant la lumière de sa chambre au passage et prenant plaisir à retrouver le contrôle plein et entier sur la lumière. Trainant des pieds, elle le rejoignit dans le couloir, avant d'ouvrir la porte et de le laisser pénétrer à l'intérieur.

S'adossant à la porte restée ouverte le temps que l'Américain ait fini ce qu'il avait à faire, Miku tendit de nouveau l'oreille, histoire de savoir qui était rentré pendant la coupure de courant et où. Visiblement, il ne semblait pas avoir âme qui vive dans l'appartement N°4 et c'était tant mieux... la Japonaise ayant une tendance à préférer la tranquillité et la solitude... Non pas que ses colocataires la dérangeaient, car en réalité, elle les voyait peu. Elle préférait juste avoir accès à la salle de bain lorsqu'elle le désirait et manger ce qu'elle voulait le soir ou le matin en se levant sans devoir faire un sondage d'opinions sur le thème du dîner.

La voix de Dean la ramena alors à la réalité et tandis qu'elle tourna la tête vers lui, il ne put s'empêcher de lui lancer une boutade. Laissant percer un timide sourire en coin, Miku se décolla de la porte pour lui faire face :

« Voyons ! Tu devrais savoir que les méchants Yōkai ne hantent que les sous-sols... L'orage se calme de toute façon, tu peux dormir tranquille, je ne risque rien ! »

Était-il déçu par cette réponse ? Miku ne réussit pas à lire sur son visage, peut-être parce qu'elle avait du mal à soutenir son regard. N'allait-elle pas elle-même regretter de mettre fin à cette soirée maintenant ? Alors qu'ils venaient de se réengager sur un chemin commun ? N'allait-elle pas regretter de se retrouver toute seule ? Son cerveau était beaucoup trop embrumé pour savoir que faire... La nuit portait conseil, il était donc certainement plus sage de se dire au revoir maintenant pour aviser le lendemain matin et faire le point... ainsi, elle y verrait certainement plus claire.

Décision définitivement prise, Miku lui adressa un ultime sourire avant de s'approcher et de faire face à un nouveau dilemme : comment se quitter ? Devait-elle le saluer simplement ? L'embrasser ? Sur la bouche, sur la joue ? Ou simplement passer à côté sans se retourner ? Et encore une fois, ne regretterait-elle pas la façon dont elle allait le quitter ? Prenant enfin son courage à deux mains, elle leva la tête le regardant, avant de perdre une nouvelle fois ses moyens. Qu'est-qu'elle aimait ses yeux, qu'est-ce qu'elle aimait son regard. Comme lors de leur première rencontre, ce dernier avait toujours le même effet dévastateur sur elle. Bon sang de bonsoir... Comment cela se faisait-il qu'elle soit autant à sa merci ? Elle qui avait toujours cru être une femme indépendante, voilà qu'elle remettait les mêmes erreurs que quatre ans en arrière... Et il n'y avait que Dean qui avait un tel pouvoir sur elle, car aucun autre homme ne l'avait jamais perturbé à ce point... C'était étrange en y repensant... Le dernier petit copain, elle l'avait quitté sans un remord parce que ça ne marchait pas, sans se poser plus de questions... simplement. C'était peut-être cela en fin de compte le coup de foudre... mais elle ne pensait pas qu'il pouvait frapper deux fois...

Ne réfléchissant pas plus, Miku pencha finalement la tête sur le côté pour sentir de nouveau les lèvres du jeune homme contre les siennes... comme s'il s'agissait d'un aimant. Et puis finalement, elle renonça... elle renonça à le laisser partir....

« J'ai peur des Yōkai en fin de compte... Conclut-elle en le délivrant. »

Les mots étaient sortis seuls, lourds de sens... et ainsi, la Japonaise joignit les gestes à la parole, prenant sa main dans la sienne, avant de fermer la porte de l'appartement, chose qu'elle aurait déjà dû faire. Car si Miku, ne savait pas où elle en était, elle ne risquait pas de pouvoir assumer quoi que ce soit si elle était prise en flagrant délit.

Récupérant le manteau du jeune homme pour l'accrocher et lâchant sa main, Miku se débarrassa de ses chaussures avant de grimper les marches menant à sa chambre, non sans se retourner :

« Fais comme chez toi ! Il y a du gâteau dans le réfrigérateur ! »

Pas certain qu'il ait faim, mais dans le doute... En attendant, Miku pénétra dans sa chambre pour ôter ses maudits vêtements qui ne s'accordaient pas et les remplacer par une tenue plus harmonisée.

Après la pluie vient le beau temps. De cette manière, après la déception vient la joie. En effet, les premières paroles de Miku eurent un drôle d’effet sur notre jeune homme. Ne voulait-elle pas qu’elle reste ? Lui en voulait-elle de l’avoir embrasser ? Pensait-elle que c’était un dérapage ? Avait-elle honte ? Tant de question traversèrent l’esprit de notre infirmier. Questions qui s’effacèrent aussi rapidement qu’elles se créèrent en sentant à nouveau les lèvres de la jeune femme sur les siennes. A nouveau son cœur s’accéléra. Mais Dean n’eu pas le loisir de profiter de ce moment que déjà Miku se recula à nouveau. Leur regard se rencontrèrent et, après quelques secondes de silence, elle lui avoua finalement que, si, elle avait quand même peur des Yōkai.

Sans pouvoir s’empêcher de sourire amusé, Dean ne remarqua pas tout de suite qu’elle lui avait attrapé la veste des mains et l’avait accroché, avant de fermer la porte et monter dans sa chambre. Dean resta quelques instants figé sur place, ne sachant pas trop que faire, ni comment réagir. Et s’il y avait un des coloc de Miku qui revenait à ce moment même ? Est-ce que Dean réussi à formuler une excuses valable ? Pas sûr. Et qu’avait dit la jeune femme ? Qu’il devait faire comme chez lui ? Hésitant, notre infirmier leva le regard vers l’escalier- de tous les malheurs- juste pour voir comment la porte de la chambre de Miku, ne se referme derrière elle. Alors, sans plus hésiter, Dean se mit en route et monta à son tour les escaliers – ramassant, au passage la maudite serviette, qui était toujours étalée sur la dernière marche de l’escalier.

Essayant de faire le moins de bruit possible, Dean poussa la porte et la referma à clef derrière lui. Dos à la porte, une main posé sur la clenche, il observa Miku se changer. L’avait-elle remarqué ? Si cela était le cas, alors elle le cachait bien. Inclinant légèrement la tête sur le côté, Dean s’avança vers elle puis lui entoura les épaules de ses bras et l’attira contre lui

« Si je dois faire comme chez moi … » souffla-t-il en lui effleurant le cou de ses lèvres « … alors tu ne verras pas de mal à ce que je dorme ici »

Il déposa une multitude de baiser sur la peau de la jeune femme, tandis que ses mains lui caressait les flans, puis les hanches puis le ventre, avant de remonter doucement, lui effleurant les côtes.

Devant son armoire, un nouveau dilemme se posa : quelle tenue choisir en remplacement ? Miku pouvait facilement opter pour la tenue décontractée, mais franchement lorsque l'on invitait son "petit copain" ou "ex petit copain", elle ne savait pas trop, à manger une part de gâteau, cette tenue n'était pas la plus appropriée... Alors, elle opta pour une chose simple : un jean et un autre chemisier, bleu et plutôt doux. C'était en général le chemisier des grandes occasions, mais elle ferait une exception pour ce soir... quoi qu'il s'agissait peut-être d'une grande occasion. Soupirant doucement sans se retourner, elle râla intérieurement contre ce fichu Pinpin qui venait de se mettre de nouveau à manger les barreaux de sa cage... Ce rongeur était décidément perdu...

Ne prêtant ainsi pas plus d'importance aux divers bruits venant de derrière elle, Miku ôta son chemisier, avant de commencer à déboutonner le nouveau. Cette entreprise ne fut malheureusement pas menée à terme, lorsqu'elle sentit les bras de Dean l'entourer, la faisant sursauter au passage. Doucement, elle sentit ses lèvres dans son cou et ses mains sur son ventre, ce qui eut pour effet de la faire frissonner. Se mordant la lèvre inférieure, elle ne montra pas le moindre signe d'opposition... quoi qu'elle aurait pu lui préciser que s'il pouvait faire comme chez lui cela ne concernait que le gâteau... seulement, l'heure n'était plus aux plaisanteries. Non, car plus il la touchait, plus il la caressait et plus le désir l'envahissait. Et lorsqu'elle en eut assez, assez de rester passive et spectatrice, alors elle lâcha son chemisier et lui fit face, retrouvant ses lèvres, goûtant à son cou et cherchant à se frayer un chemin au travers de ses vêtements. Elle arriva à ses fins et lui aux siennes, ôtant petit à petit les couches de vêtements, tout en prenant garde au bras meurtri. Bien vite, ils rejoignirent le lit, ne se lâchant pas un instant, ne laissant pas un moment de répit à l'autre. Parcourant son corps du bout des doigts, cherchant ses lèvres, qu'il partageait entre son visage et sa gorge, Miku comprit à cet instant que le point de non retour venait d'être atteint, point dont ils n'avaient jamais été aussi proches. Et lorsque l'union physique eut lieu, plus rien n'exista autour d'elle... que ce soit l'heure qui passait, le lapin qui grignotait ou bien encore les Yōkai imaginaires utilisés comme des prétextes.


L'union maintenant consommée, le calme revenu dans la petite chambre, la Japonaise resta lovée contre son amant, la tête sur son épaule, s'amusant à lui caresser la poitrine du bout des doigts, faisant mine de dessiner mille et une chose sur sa peau. Elle n'osait pas trop parler, ne sachant que dire... Elle n'avait rien à dire... elle voulait juste profiter de cet instant si simple, remontant même à la genèse de l'homme. Néanmoins, ce tableau avait quelque chose d'irréel... Dire qu'en cinq semaines, ils n'avaient pas dépassé le stade des baisers chastes et des câlins tendres... et que là, en une soirée tout avait basculé... Qu'est-ce qui avait changé ? Elle ne le savait pas et elle s'en fichait... La boucle était donc bouclée... sans pour autant que Miku sache vers où elle allait... Ainsi, les interrogations qui avaient pris possession d'elle, depuis que leurs lèvres s'étaient rencontrées dans l'appartement du jeune homme, revenaient de nouveau, comme un boomerang... mais elle les chassa une nouvelle fois, remettant les réponses à plus tard... encore.

Reportant son attention sur l'Américain, Miku leva légèrement la tête pour lui déposer un doux baiser sur la joue et pour se lover un peu plus contre lui... le serrant fort, comme si elle avait peur qu'il disparaisse... encore une fois. Continuant à jouer avec son corps du bout des doigts, elle fit remonter ces derniers le long de son cou, caressant doucement son visage, s'amusant à chercher les poils des barbes qui repoussaient.

« Je me sens bien... Tellement bien... »

Brisant le silence, Miku avait néanmoins espéré le rendre encore un peu plus tendre... juste un peu.

Dean était allongé sur le dos, la tête reposant sur l’oreiller et senti sa respiration revenir à la normale. Le regard rivé sur le plafond et perdu il ne prit pas réellement le poids de Miku en compte. Il venait de faire l’amour avec son ex. Cette même jeune femme qu’il avait si lâchement abandonnée. Et maintenant, alors que l’union physique s’était terminer, ne ressentait-il pas ce qu’il avait ressenti lorsqu’il avait décidé de partir et laisser Miku seule, dans un des motels de la ville ? Si. C’était bel et bien le même sentiment que la dernière fois. Soupirant discrètement, Dean ferma les yeux et secoua la tête, comme pour chasser cette mauvaise pensée. Il n’avait pas le droit. Il avait fait une promesse. Mais n’était-il pas du genre à ne pas tenir ses promesses ? Certes, mais il se devait de faire un effort. Et puis, Miku se sentait bien dans ses bras. N’était-ce pas aussi le cas pour lui ? N’en pouvant plus de ces sentiments contradictoires, Dean décida de porter toute son attention sur la jeune femme.

« Moi aussi » murmura-t-il en lui caressant tendrement la joue « moi aussi … » reprit-il plus doucement, se perdant à nouveau dans ses pensées.

Evidement qu’il avait prit en compte que Miku le serrait d’avantage contre elle. Evidement qu’il avait remarqué que ses paroles étaient sincères. Et évidement que les siennes l’étaient aussi. Pourtant, il doutait. Mais de quoi ? Qu’est-ce qui pouvait bien se passer, maintenant qu’ils s’étaient retrouvés ? Dean, pourrait-il réellement abandonné à nouveau cette jeune femme, sa bien aimée ? Et puis, s’il partait, où irait-il ? Pas bien loin, cela allait de soi. Ils travaillaient dans la même école et était voisin. Certes, en temps qu’infirmier Dean n’aura sans doute pas de mal à trouver un boulot dans une autre ville, mais ce ne serait que faire l’Autruche et laisser à nouveau Miku dans l’incompréhension la plus totale.

Alors, se donnant une claque intérieure, Dean prit la décision de rester et tenir sa promesse. Se redressant légèrement, il décida d’affronter la réalité de la chose et plongea son regard dans celui de Miku. Elle était tellement belle qu’elle semblait irréelle. Elle avait l’air tellement paisible et tellement joyeuse d’être dans es bras, que jamais Dean n’aurait réussi à l’abandonner. Alors, affichant un doux sourire, il s’avança vers elle et dépose un baiser sur son front

« Finalement, cette soirée se finit quand même bien » dit-il, un brin d’amusement sincère se laissant entendre dans sa voix. Sans la quitter du regard, il lui enleva une mèche rebelle du visage puis alla l’embrasser à nouveau, furtivement « tu es magnifiques. »

Ce fût la dernière phrase qu’il dit, car la fatigue le submergea d’un coup. Miku avait-elle répondu ? Sans doute, mais Dean était déjà loin, dans le monde des rêves.

Ouvrant les yeux au petit matin, ce fut la lumière du jour qui réveilla Miku. Les volets de sa chambre étant restés ouverts, la pièce fut inondée par les rayons du soleil, annonçant une belle journée, même si les températures dégringolaient jour après jour. Se tournant dans le lit, elle en avait presque oublié Dean endormi à ses côtés. Ce dernier était tombé comme une masse hier soir alors qu'il venait de lui murmurer quelques mots doux... ce qui avait eu pour effet de déclencher l'hilarité de la Japonaise... Décidément... les hommes s'endormant une fois les rapports survenus n'étaient pas une légende. L'observant quelques minutes, paisiblement endormi, elle prit le parti de ne pas le réveiller à coup de coussin comme la dernière fois.

Déposant un baiser furtif sur sa bouche, Miku se leva doucement, récupérant ses affaires au passage avant de les enfiler et de quitter tranquillement la pièce. À l'image de sa chambre, l'appartement était également calme. Peut-être que certain de ses colocataires étaient rentrés après tout ? Mais si c'était le cas, ils devaient être également dans les bras de Morphée. Prenant possession de la salle de bain, la jeune femme put ainsi profiter d'une douche bien chaude pour démarrer correctement la journée. Enroulant une serviette autour de ses cheveux mouillés, elle prit le chemin de la cuisine pour préparer le petit déjeuner. D'ailleurs, elle resta quelques secondes devant le réfrigérateur, se demandant ce qu'elle allait bien pouvoir faire. En effet, les Américains ne mangeaient pas forcément du riz et des petits légumes de bon matin... Dean s'était-il converti à cette habitude ? Ou avait-il besoin de crêpes, pancakes et autre chose qu'elle n'allait pas préparer maintenant ? Miku était une bouche sucrée, mais elle avait bel et bien pris l'habitude de déjeuner salé... comme tous les Japonais d'ailleurs. Soupirant, elle fit finalement un pot-pourri : bol de riz avec des petits légumes ainsi que du pain, du beurre et un peu de confiture... Ainsi les deux jeunes gens devraient y trouver leur bonheur.

Faisant le moins de bruit possible, plus pour ne pas alerter ses potentiels colocataires que pour ne pas réveiller Dean, Miku se mit à préparer le petit déjeuner. Jetant un coup d’œil à la pendule, celle-ci annonçait tout juste 8 heures 30. La jeune femme n'était pas une grosse dormeuse, n'arrivant pas à rester couchée à ne rien faire trop longtemps. Néanmoins, cela ne l'empêchait pas en général de tomber facilement de fatigue à partir de 10 heures du soir. Bref, laissant à plus tard ses réflexions sur ses heures de sommeil, la jeune femme termina la cuisson des différents aliments, mis tout en vrac sur un plateau avant de remontrer à l'étage.

Ouvrant la porte du coude et la fermant discrètement, elle posa son plateau sur le bureau, tentant de faire un brin de place dessus. Si Dean continuait à dormir, il n'en était pas de même pour Pinpin, en train de s'agiter dans sa cage. Pauvre bête, elle n'était pas sortie hier de sa cage et n'avait pas mangé... alors que Miku lui avait acheté des granulés. Sortant le rongeur de sa maison, elle lui proposa quelques carottes crues, un des composant de son petit-déjeuner, avant de finalement rejoindre le lit et de s'allonger près du jeune homme toujours endormi. Sa respiration était calme et ses cheveux en bataille. Puis il sembla se réveiller doucement. Miku le laissa faire ne le brusquant pas, passant tout de même sa main délicatement sur son visage pour l'aider à émerger.

« Bonjour jeune homme. Murmura t-elle finalement. »

Jetant un coup d’œil en coin, Pinpin se trouvait au bout du lit, bougeant son petit nez, ne sachant trop que faire. Elle laissa ainsi l'animal s'approcher d'elle. Ce n'était pas un réel problème et elle doutait que l'Américain ait une phobie concernant cette boule de poil adorable une fois qu'elle arrêtait de manger fils et barreaux. Néanmoins, elle n'allait pas laisser la petite bête lui monter dessus... ce qui n'était pas forcément agréable lorsque l'on se réveillait.

Une sensation de douceur sur ses lèvres. Etait-ce le fruit de ses rêves ? Sans doute, si l’on considérait la vitesse à laquelle cette sensation disparue. Ainsi, grognant légèrement dans son sommeil, Dean tourna la tête sur le côté, ne prenant, que faiblement, en compte qu’il y avait du mouvement à ses côtés. Et pourtant, l’instant d’après –du moins était-ce ce qui semblait à notre infirmier- il entendit une porte s’ouvrir, se refermer puis encore du mouvement dans le lit et à nouveau cette même sensation de douceur sur ses lèvres. Ce ne pouvait plus être un rêve, ça non. D’autant qu’il entendit la voix d’une jeune femme. Ainsi, soupirant légèrement, Dean ouvrit les yeux, son regard plongeant dans celui de Miku. Elle lui souriait et il répondit à son sourire.

« Bonjour ma belle » dit-il de la petite voix encore endormie qu’on avait lorsqu’on se venait de réveiller.

Refermant les yeux et prenant une profonde inspiration, notre infirmier se frotta le visage d’une main, bailla et étendit ses muscles, non sans sentir un picotement de douleur dans l’épaule. Involontairement, il se passa une main dessus en se redressant dans le lit … et se figea, retenant sa respiration, le regard rivé sur la chose qui sautillait sur la couverture. Qu’était-ce ? Un monstre ? Mais, alors que son esprit se préparait à échafauder 100 000 plans pour défendre lui et Miku d’une éventuelle attaque, Dean reconnut Pinpin, le lapin de la jeune femme. Sans pouvoir s’en empêcher, il se mit à rigoler tandis qu’il se détendit. Minable. Ce devait être un bon mot pour décrire la réaction qu’il venait d’avoir.

Et puis, son regard tomba sur le plateau garni de 1001 bonnes choses, qui avait été déposé au milieu du lit. Instantanément, son rire s’arrêta, faisant place à une mine surprise. Surpris, certes, mais très agréablement surpris. Souriant tendrement, il s’avança vers Miku et lui déposa un baiser sur la bouche

« Je t’avoue préférer ce genre de réveil que les réveils brusque à coup d’oreiller » ne put-il pas s’empêcher d’ironiser.

Il attrapa alors un bol de riz – non sans être quelque peu déçu de ne pas avoir eu droit à du bacon et un œuf sur le plat- et les baguettes et commença à manger. A dire vrai, il n’était jamais venu sur l’idée de manger du riz et des légumes le matin, mais c’était une bonne idée. Après tout, le petit déjeuner était le repas le plus important de la journée et il devait être aussi bien équilibré que riche en fibres et sucre lents. Et puis le riz, n’était-il pas un composant essentiel des sucres lents ? Sans aucun doute que si. Ainsi donc, sans réfléchir d’avantage, il savoura son bol de riz, tandis que Pinpin jugea que son torse dénudé était très confortable. Heureusement que Dean n’était pas du genre à être chatouilleux …

Toujours un peu endormi, Dean se redressa, s'asseyant tout doucement dans le lit. Puis il se mit à rire... Miku comprit bien rapidement que le lapin était la cause de cet amusement matinal. Commencer une journée par un rire franc était un signe positif... c'était ce que sa mère lui disait souvent lorsqu'elle était enfant. Par contre, le réveil à coup d'oreillers était bien une pratique inventée par Miku... quoi qu'elle ne devait pas être la seule à s'amuser à ce genre de choses. Oui, elle était un peu peste parfois... et elle aimait bien cela ! Rien de bien méchant là-dedans, mais la professeure ne devait pas oublier qu'il ne fallait pas faire aux autres ce qu'elle ne voulait pas qu'on lui fasse... car un jour, ce pourrait être elle qui ait un réveil un peu brutal ! Le revers de la médaille en quelque sorte !

En attendant, l'infirmier ne se fit pas prier pour commencer à déjeuner. Saisissant un bol de riz, il put ainsi se nourrir comme il l'entendait, ne rechignant pas sur la composition du plateau repas... un bon point pour la Japonaise. Alors Miku l'imita, saisissant son bol et ses baquettes. Visiblement affamé, Dean dévora, il n'y avait pas d'autre mot, le riz cuit aux petits légumes, tandis que Miku, assise en tailleur, prenait le temps de déguster ce qu'elle avait préparé. Le riz était un poil trop cuit, mais cela n'était pas gênant pour autant. Quant à Pinpin, il ne semblait pas trop bouleversé par les deux humains en train de casser la croûte sur le lit, chose inhabituelle. Au contraire, le petit animal semblait bien acclimaté à son nouvel ami, s'approchant de lui et allant jusqu'à lui monter dessus. Non, non, il n'était absolument pas perturbé !

« On dirait qu'il t'a adopté... »

Même si le lapin pouvait ressembler au chien par ses comportements, il n'en restait pas moins, moins intelligent. Miku n'était pas experte en la matière, mais elle avait cette impression. Ainsi, la petite bête ne rechignait pas à aller vers des inconnus, tant que c'était pour avoir des câlins, sans se poser plus de questions.

Sortant de cette tendre contemplation, la Japonaise reporta son attention sur l'Américain, en train de terminer son petit déjeuner. Le dévisageant quelques instants, elle remarqua une nouvelle fois ô combien il était bien foutu. Le fruit du sport certainement. Et cela, il devait bien s'en douter... Oh, il savait y faire le Dean avec les femmes... Il avait du charme et il savait s'en servir. Pourquoi s'en priverait-il ? Miku n'allait pas lui jeter la pierre, au contraire. Mais en attendant, la professeure ne savait toujours pas sur quel pied danser. Était-elle une conquête d'un soir ? C'était une très bonne question...

« Alors dis moi... Qu'allons-nous faire maintenant ? »

D'un ton sérieux, le visage plutôt fermé, Dean comprendrait sans trop de mal où elle voulait en venir. En effet, elle n'était pas en train de lui demander s'il voulait venir se promener avec elle dans le parc ce matin, mais ce qu'il en était de leur relation. La jeune femme avait déjà pris sa décision : elle respecterait simplement son choix. En effet, Miku préférait mettre un terme à cette histoire maintenant plutôt que de le convaincre de retenter le coup s'il ne le souhaitait pas. Elle avait retenu la leçon de la dernière fois et ne voulait pas revivre la même chose. C'était pour cela qu'elle désirait une réponse claire, qui vienne de lui sans qu'elle ne l'influence. Néanmoins, elle ne s'était pas réellement interrogée sur ce qu'elle voulait personnellement... Pouvait-elle s'imaginer de nouveau avec lui ? Peut-être pas en fin de compte...

Qu’allons-nous faire ? Telle était la question que Miku se posait. Et elle n’était pas la seule. Dès lors qu’il avait posé son regard sur la professeure, Dean s’était demandé la même chose. Et maintenant ? Que faire ? Faire comme si de rien n’était ? S’ignorer ? Rester de simples amis ? Ne plus rester amis ? Être de simples collègues ? Toutes ces solutions étaient impossibles. Jamais, aucun d’eux, n’arrivera à oublier cette nuit d’allégresse pendant laquelle ils s’étaient laissé aller. Et s’ils tentaient d’ignorer ces moments, alors ils pèteront très rapidement les plombs et là, ça risquerais l’aller mal. D’autant que, franchement, Dean, avait-il réellement envie de faire l’autruche et tenter d’enfouiller ces souvenirs au plus profond de lui … comme il l’avait fait avec les autres jusqu’à présent ? La réponse était claire et définitive : non. Ses actions du passé avaient été misent sur la connerie de la jeunesse et la peur de s’engager.

Maintenant, tout cela avait changé. La vie de Dean était stable, il avait une paye tous les mois, il était épanouis dans ce qu’il faisait et n’était pas contre ce changement de taille. Oui, il voulait réellement tenter à nouveau, cette relation. Alors, abaissant son bol de riz et ses baguettes, Dean se tourna vers la jeune femme et plongea à nouveau son regard dans le sien. Il s’y noya quelques instants, avant d’afficher un doux sourire.

« Je pense que tu connais déjà la réponse, non ? » Dit-il avec un brin d’amusement dans la voix avant de redevenir complètement sérieux « mais moi je serais d’accord. La dernière fois on … j’étais sans doute un peu trop jeune pour me rendre compte de l’importance de la chose. Si tu le souhaite, je ferais un effort cette fois-ci. Ok ? »

Plus il y pensait, plus il s’imaginait très bien aux côtés de la jeune femme et plus il se dit qu’en vrai, ils étaient fait l’un pour l’autre. Alors franchement, pourquoi ne pas faire face à la réalité ? Avec un minimum d’effort de chaque côté, ça pourrait marcher ….

Puis la réponse tomba. Dean lui sourit, insistant sur le fait qu'elle connaissait déjà la réponse. À vrai dire non, ce n'était pas le cas. Même si elle commençait à le connaitre, lui, son petit air arrogant, ses sourires en coin qui disaient plein de choses, ainsi que ses sautes d'humeurs, Miku n'arrivait néanmoins pas à savoir à quoi il pouvait bien penser. Alors à cet instant, elle était incapable de dire quel choix il avait décidé de faire, même si le ton enjoué qu'il venait de prendre avait tendance à lui donner quelques indices. Redevenant sérieux, elle put ainsi connaitre sans détour aucun, sans métaphore, le fond de sa pensée. Elle l'écouta donc attentivement, souriant lorsqu'il transforma le "on" en "je". Il avait pourtant raison à l'origine... Miku aussi était jeune, trop romantique. Elle avait été élevée dans un cocon et avait mis longtemps avant de comprendre que le monde réel n'avait rien d'un conte de fée. En fin de compte, elle était devenue une véritable adulte qu'il y a peu de temps... autant curieux que cela puisse paraitre, c'étaient les responsabilités qui l'avaient transformé... tout comme la mort de son sensei.

En attendant, sa réponse lui fit sincèrement plaisir. Elle était le témoin de l'importance qu'elle devait représenter pour lui ou du moins, elle l'espérait. Par contre, il y avait une ombre au tableau, "cet effort" qu'il voulait faire si elle le souhaitait. Que devait-elle comprendre derrière ce mot anodin ? Devait-elle comprendre qu'il devrait lutter contre sa véritable nature ? Qu'il souhaitait tenter le coup sans trop savoir si c'était bien ce qu'il voulait ? C'était flou dans la tête de Miku, très flou...

« Je ne veux pas que tu fasses des efforts Dean... »

Les mots étaient sortis seuls, un peu sèchement sans que ce ne soit voulu, trahissant ainsi les nouvelles angoisses de la jeune femme. Lui souriant tristement, elle voulut se rattraper, ou du moins, lui expliquer le fond de sa pensée :

« Je veux dire... Je veux que tu sois toi-même. Que tu sois simplement Dean et que tu aies envie d'être avec moi... sans avoir à faire d'efforts. Tu comprends ? Parce que si tu le prends comme cela maintenant, dans cinq semaines on en sera exactement au même point que la dernière fois... Cela ne sert à rien d'aller contre sa nature... »

"On est ce que l'on est", voilà ce qu'elle croyait. Mais les gens changeaient, évoluaient et elle était persuadée que Dean était sincère. Elle ne voulait simplement pas qu'il se mente à lui-même. Miku souhaitait juste une chose : qu'ils soient sur la même longueur d'ondes. Elle n'allait pas lui faire promettre un amour éternel, loin de là, elle n'était plus aussi naïve qu'auparavant. La Japonaise souhaitait juste savoir à quoi s'attendre... pour ne pas être peinée... encore.

« Je veux être avec toi. Dit-elle simplement. Et pour te rassurer, je ne ferais pas de plan sur la comète cette fois... Mes planifications ne dépasseront pas la semaine ! C'est promis ! »

Oui, parce que les échecs d'un couple n'étaient jamais le fruit d'une seule et unique personne. Miku avait commis des fautes également, et si Dean avait peut-être eu peur de s'engager, c'était certainement à cause de son attitude. Alors, elle ne reproduirait pas deux fois ce genre d'erreurs. Néanmoins, n'allait-elle pas devoir faire des efforts elle aussi sur ce point ? Et ainsi, faire exactement ce qu'elle ne voulait pas que Dean fasse ? Mystère...

Lorsque Miku reprit la parole, Dean n’eut qu’une envie : sceller leurs lèvres dans un doux baiser afin qu’elle arrête de parler. Mais, comme il était docile, il l’écouta, plus ou moins attentivement. D’une oreille distraite, il prit en compte qu’elle ne voulait pas qu’il fasse des efforts, qu’elle voulait qu’il reste comme il était, qu’il ne devait pas changer pour elle. Bien trop concentrer sur les lèvres de la jeune femme et sur sa soudaine envie de la saisir et de lui faire à nouveau l’amour, Dean ne prit même pas en compte que Miku s’était arrêté de parler. Ce ne fût que le fait que Pinpin se déplaça sur lui pour sauter à nouveau sur le matelas, qui le sortie de ses pensées. Secouant légèrement la tête et clignant un peu des yeux, notre jeune homme fixa longuement la jeune femme, tentant de se remémorer ses paroles.

« Heu … ouais, surement » fut tout ce qui sorti de la bouche de Dean, lui donnant sans doute un profond air débile.

D’autant que la dernière phrase de Miku n’avait rien d’une question, ni même d’une affirmation et ne le concernait pas, lui. Alors, soupirant doucement et se redressant légèrement, il se pencha vers la jeune femme et lui vola un baiser furtif

« Jamais je ne changerais, pas même pour toi » dit-il doucement

Miku le prendra peut-être mal, mais Dean préférait la mettre au clair sur ce sujet. Effectivement, même si être amoureux rendait aveugle, notre jeune homme n’avait aucunement envie de changer sa personnalité pour plaire à telle ou telle femme. De toute manière, il se disait souvent préféré être détester pour ce qu’il était, qu’aimer pour ce qu’il n’était pas. Certes, il pourrait changer quelques trucs banals, mais rien de ce qui avait un rapport avec sa personnalité –qui l’avait déjà sortie de la galère à plus d’une reprise.

Enfin soit. Réaffichant son sourire, notre jeune homme fini son bol de riz, le reposa sur le plateau et se redressa, s’asseyant sur le lit et grimaça un peu lorsque son épaule gauche craqua sous ses étirements. Soupirant, il se passa une main dans les cheveux pour tenter de les mettre en ordre puis écarta la couverture –enterrant, sans le vouloir, le pauvre Pinpin dessous- et s’assit au bord du lit.

« Et maintenant ? On fait quoi ? »

C’était la même question que celle que lui avait posé Miku auparavant. Mais ce que la différenciait de l’autre, était, sans aucun doute, le ton. Plutôt enjoué, Dean lui lança un regard joyeux. Miku n’aura sans doute aucun mal à savoir que, maintenant, notre jeune homme voulait savoir ce qu’ils allaient entreprendre, dans le sens propre du terme.

Aussi, Dean montrait qu’ainsi la conversation était close. Il voulait s’engager à nouveau avec la jeune femme et ne voulait pas se justifier plus longtemps.

Trois explications s'offraient à Miku pour tenter de comprendre la réaction de l'infirmier : soit il n'avait absolument pas écouté ce qu'elle lui avait raconté, soit il n'avait pas la totalité de ses neurones de connectés, soit il se fichait complètement de son beau discours. Et là franchement, la jeune femme se demandait si ces trois solutions n'étaient pas valables en même temps. Elle s'était attendue à une autre réaction et à une autre réponse plutôt qu'à quelques mots témoins du fait que le jeune homme était complètement à côté de la plaque. Puis il se mit à parler de changement, mais là encore, il ne lui répondait pas, s'engageant sur un sujet qu'elle n'avait pas abordé... Avait-il mal interprété ses propos ? Avait-il mal compris ce qu'elle lui disait ? Ou était-ce elle qui s'était mal exprimée ? Visiblement, elle n'allait pas le savoir de si tôt...

Bête et bouche bée, Miku resta un petit moment inerte à le regarder, retenant un "mais tu es con ou quoi ?" qu'elle aurait très bien pu sortir, signe de son exaspération soudaine. Elle resta également silencieuse, lorsque d'un air joyeux il lui demanda ce qu'elle souhaitait faire... Répondant par un sourire timide, pour tenter de casser son malaise, la Japonaise se fit une promesse à elle-même, sentant que la situation lui échappait avant même que cette histoire ait réellement commencé. Elle avait dit à Dean qu'elle ne planifierait rien au-delà de la semaine, mais elle venait de changer d'avis. En effet, la professeure ne planifierait surtout rien au-delà de trois jours, c'était bien plus prudent. Car là, maintenant, le peu d'assurance que le jeune homme lui avait donné venait de voler en éclat. Elle se faisait certainement trop de soucis, mais c'était dans sa nature. Le plus simple était certainement de vivre le moment présent et de voir comment les choses évolueront et puis elle devait surtout... lui faire confiance. D'autant plus que la Japonaise pensait en être encore capable.

«  La vaisselle. Répondit-elle enfin avec un sourire, mais toujours d'un ton un petit peu blasé, en commençant à ranger les bols sur le plateau. » 

Lorgnant en direction de son petit ami (on pouvait le dire maintenant...) pour voir sa réaction, Miku le vit surtout faire la grimace, non pas à cause de la vaisselle mais bel et bien à cause de son épaule. Il ne s'était décidément pas manqué en jouant les cascadeurs, mais cette douleur qui ne disparaissait pas commençait sérieusement à inquiéter Miku.

« Par contre, si tu continues à avoir mal comme cela, il faudrait peut-être aller voir un médecin. C'est peut-être plus grave que ça en a l'air...  » 

Elle ne remettait nullement en doute son savoir et ses compétences, mais un infirmier n'était pas un docteur. Et s'il grimaçait toujours suite à la chute de la veille, c'était peut-être qu'il y avait matière à s'inquiéter. Et puis tant qu'à faire, peut-être qu'un médecin pourrait lui répondre et lui dire si le jeune homme n'avait pas grillé quelque neurones dans sa chute... ce qui expliquerait ses réponses évasives et sans le moindre intérêt pour la jeune femme. Et puis après, oui, ils pourraient enfin réfléchir à quoi faire aujourd'hui d'intéressant... Peut-être mener leurs cadeaux à Mio et Akyo ?

La vaisselle. Voilà qui était romantique. Le doux clapotis de l’eau sale, l’irrésistible odeur de gel nettoyant mélangé aux odeurs de la cuisine et des repas. Ah oui, c’était d’un tel romantisme que cela dépassait de loin un diné aux chandelles. Mais bon. Malheureusement, plaisir culinaire rimait trop souvent avec vaisselle à faire. Mais attendez, Miku était une femme, non ? Faire la vaisselle était sa spécialité, alors ! Enfin, Dean se tu rapidement, avant de dire une bêtise qu’il risquerait fort de regretter par la suite. Hochant doucement la tête, signifiant ainsi qu’il allait l’aider sans rechigner, notre jeune homme se leva et s’apprêta à récupérer ses affaires. Il était entrain de boutonner son jeans, lorsque la voix de Miku le coupa dans son élan. Se redressant, tout en l’écoutant attentivement, notre jeune homme ne put s’empêcher de soupirer.

« Je vais y aller … peut-être. » dit-il doucement en reportant son attention sur son pull, qu’il s’empressa de récupérer.

Il prit encore le temps de l’enfilé puis alla rejoindre Miku, qui était debout de l’autre côté du lit. Se plaçant devant elle, il lui caressa tendrement la joue puis alla l’embrasser, faisant durer le baiser plus longtemps. Il passa sa main droite sans les cheveux doux et soyeux mais encore quelque peu humide, tandis qu’il lui entoura les hanches de son bras gauche, pour l’attirer un peu plus contre lui.

« Ne t’inquiète pas ma belle » murmura-t-il, se reculant juste assez pour pouvoir parler « Je suis et je resterais celui que tu connais. Et puis, cette fois, je ne serais même pas obligé de faire des efforts pour rester avec toi … mais je devrais faire des efforts pour pas t’étouffer contre moi »

Souriant, il scella à nouveau leurs lèvres dans un baiser furtif et attrapa le plateau avec les bols de riz, puis se détacha de la jeune femme et se détourna pour sortir de la chambre. Espérant secrètement que les colocataires de sa bien aimée dormiraient encore, il descendit doucement l’escalier, en bas duquel Miku lui emboita le pas pour aller dans la cuisine.

« Et après la vaisselle ? » demanda-t-il en posant le plateau sur le plan de travail avant de s’armer d’un torchon « d’ailleurs, les chocolats pour Mio et Akyo sont encore dans ma voiture, non ? »

Le « peut-être » utilisé en fin de phrase formait à lui tout seul la réponse à l'interrogation de Miku : non, il n'irait pas voir un médecin. Inutile d'insister, c'était cause perdue. Pourtant, il ne fallait pas plaisanter avec ce genre de choses. La première entorse de la cheville que Miku s'était faite à l'adolescence avait mal été soignée et aujourd'hui elle devait en payer les conséquences. En effet, sa cheville étant fragilisée, elle était sujette aux entorses à répétition et ne pouvait plus rien faire contre ce phénomène. Alors, perdre quelques heures au médecin et suivre correctement son traitement valait le coup... Enfin, Dean était assez grand pour prendre ses propres décisions.

Ne s'occupant plus de l'Américain qui finissait de s'habiller, Miku reporta son attention sur Pinpin, qui émergeait de sous les couvertures. La Japonaise allait s'apprêter à le prendre pour le remettre dans sa cage lorsque Dean contourna le lit pour venir près elle. L'attirant à lui et l'embrassant, Miku lui rendit son affection et ses caresses, n'ayant plus envie de lui faire la moindre remontrance concernant le médecin. Elle l'écouta alors murmurer qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète, ce qui fit naitre un sourire sur son visage. Le regardant droit dans les yeux, elle étira un peu plus ses lèvres avant de lui lancer avec défi :

« Tu es en train de te rattraper comme tu peux ! Mais je te préviens, je ferais en sorte que tu n'aies jamais envie de me décoller ! »

Ponctuant ses dires d'un clin d’œil, avant de le laisser s'éloigner et récupérer le plateau, Miku attrapa de son côté son animal de compagnie pour le mettre à terre, avant d'arranger le lit sans grande conviction. Quittant sa chambre, elle emboîta le pas de l'infirmier. Les mains dans l'eau pour exécuter le rituel d'après repas, elle écouta Dean évoquer la fin de la vaisselle, mais surtout les chocolats qu'ils avaient eu tant de mal à acquérir. Réfléchissant un instant, la Japonaise ne se rappelait pas avoir touché à un moment ou un autre aux précieuses friandises. Par contre, l'éléphant décoratif était resté sur le meuble à l'entrée de l'appartement.

« Si tu ne les as pas pris, ils sont restés dans la voiture... Ce n'est pas une affaire, je ne pense pas qu'ils vont fondre... »

Oui, parce qu'amener un paquet de chocolats qui avaient fondu, tous agglutinés les uns aux autres, n'avait rien de bien ragoutant. Néanmoins, c'était encore le matin et l'été étant bel et bien fini, ce scénario catastrophe ne devrait pas se produire.

« Pourquoi ? Tu comptes y aller cet après-midi ? Si c'est le cas, il faudra également vérifier ton vin, tu voulais leur apporter une bouteille il me semble... »

Néanmoins, ils n'avaient aucun moyen de les prévenir de leur arrivée, pas de numéro de téléphone ou quoi que ce soit. Bon, c'était dimanche et fêtard comme l'était Akyo, il devait être bien sagement en train de décuver dans un coin. Donc, les chances de monter là haut pour ne trouver personne paraissaient plutôt faibles. En attendant, si Dean avait un autre projet, cela lui convenait également. Elle voulait juste être avec lui.