[Post assez court, j'espère que ça ira.]

Perdu quelque part dans ses pensées sur le parking de l'école, Yuya était venu s'y réfugier après de longues semaines de dur labeur. Pas de répit pour les braves, en bon bourreau de travail qu'il était, le ronin s'était tué à la tache tout l'été. Entre la cuisine du restaurant qu'il apprenait à gérer, les commandes des fournisseurs à aller chercher, des petits rigolos qui avaient tenté de cambrioler le magasin avant de se frotter à lui, et ses études estivales, le temps avait filé à une vitesse folle.
Son seul week end de libre avait été passé à la plage, ou le jeune homme avait finalement attrapé un coup de soleil plutôt douloureux, ce qui l'avait définitivement convaincu de retourner s'enfermer en cuisine pour ne plus sortir.

L'avantage de ne plus être serveur dans le restaurant était de ne plus avoir de contact avec les clients, mais même malgré ça, Yuya s'était réveillé ce matin stressé et épuisé. En fait, depuis une semaine, peut-être deux, il dormait mal, sans pouvoir se l'expliquer. Et considérer cela comme une preuve de faiblesse ne l'aidait franchement pas à se détendre. C'est pourquoi la brute avait trouvé refuge dans le parking de l'école, adossé à un grillage. Une clope au bec, il observait les voitures, d'un air songeur, sans même remarquer ce qui l'entourait. Sa garde baissée, n'importe qui aurait pu le prendre en traître, mais présentement, il n'en avait rien à branler.

Les vacances d'été n'avaient eu de vacances que le nom. Technicienne à l'école, Kagome n'avait guère pris qu'un ou deux jours de congé histoire d'aller rendre visite à sa famille avant de reprendre le travail d'arrache-pied, faisant fi de la chaleur pour profiter de l'absence des élèves. Il y avait toujours beaucoup de choses à faire quand les gamins n'étaient pas dans les parages, uniques moments où on pouvait librement bosser sans se soucier des horaires de ces charmants bambins.

Mais, toute Japonaise et bosseuse qu'elle puisse être, la jeune femme n'était jamais contre une pause cigarette. Elle annonça à l'un de ses collègues qu'elle revenait dans quelques minutes et s'échappa sur le parking, une main fouillant la poche de sa tenue de travail à la recherche de son précieux paquet de cigarettes. Son regard accrocha la silhouette d'un jeune homme appuyé contre le grillage. Elle sourit malicieusement et s'avança vers lui, tenant entre ses doigts le paquet de carton d'où elle extirpa un petit bâtonnet bicolore. De l'autre main, elle le frappa amicalement sur l'épaule.

« Bah alors, t'veux crever d'un cancer gamin ? »

[J'ai fait encore plus court, alors te bile pas pour ça xD]

Le bonheur d'une cigarette, faire disparaître le mauvais stress et les soucis en quelques minutes seulement. Il était plutôt rare que Yuya fume, le jeune homme ne souhaitait pas détériorer sa santé ou ses poumons de manière significative. Seulement, cas de crise oblige, il sortait les grands moyen. C'est donc sur son petit nuage de fumée nocive et acre qu'il était, lorsqu'une claque monumentale lui fut administrée. Son plaisir coupable lui échappa des mains, rebondit sur son uniforme en y faisant une marque brune et termina sur le sol.
Sa première réaction, après avoir assimilé les paroles du malheureux à la voix fort féminine qui s'en prenait à lui, fut de se tourner, en rogne, pour parler assez sèchement.

« De quoi je me mêle, tu veux mourir d'un choc à la tête gam... »

Sa phrase en suspens, il ne put que constater que la voix féminine appartenait bel et bien à une femme. Bossant pour l'école en plus apparemment. D'un oeil, il chercha des yeux autour de lui, comme pour être sur qu'une telle force brute venait bien de la personne qui lui faisait face. Puis, circonspect, le ronin se baissa rapidement et ramassa sa clope, pour se laisser le temps de réfléchir. Que dire après ça ? « J'ai envie de vous casser la tête mais finalement je ne le ferais pas parce que A : vous êtes une femme, et B : Vous faites partie du personnel de l'école. » ?
Non, au lieu de ça, Yuya se redressa lentement, toujours dubitatif, et s'inclina vraiment,vraiment très brièvement.

« Veuillez m'excuser, je vous avais prise...Pour quelqu'un d'autre. »

« Tu m'en diras tant. » lâcha-t-elle avec un sourire si proche du foutage de gueule qu'il ne pouvait pas s'agir d'autre chose.

L'inclinaison du gamin avait été tellement brève que sans entrainement à repérer les détails les plus infimes, elle ne l'aurait peut-être même pas vu. Non, elle exagérait peut-être un peu, mais pas des masses tout de même. A l'évidence, il n'avait fait preuve de politesse qu'à contrecœur. Brave garçon !

« Mais tu sais que tu n'as pas vraiment le droit de fumer là... »

Elle-même fouilla dans ses poches à la recherche de son briquet. Dès qu'elle l'eut sortit de là où il était, elle appuya sur le bouton pour créer la flammèche et l'approcha de sa cigarette. Le calme l'envahit presque immédiatement, peut-être plus par le geste familier qu'autre chose. Une pause, décidément, ça vous requinquait son bonhomme !

« T'as pas de cours à cette heure-ci mon grand ? »

Sans aucune gêne, Yuya reprit sa cigarette et la reposa sur ses lèvres. Hors de question de se priver bêtement d'une dernière dose de nicotine. Et puis mince, il l'avait mérité. Le fait que la demoiselle avait manqué de lui démettre l'épaule ne l'aidait sans doute pas à vouloir être docile, d'ailleurs. Il ignora son sourire pour éviter un autre incident diplomatique, et fut plutôt soulagé de voir qu'elle ne montait pas sur ses grands chevaux. Peut-être était-ce même possible qu'elle agisse comme si elle n'avait rien vu.

Le rônin lui fit un sourire en l'entendant parler, le cœur n'y étant pas vraiment, mais il lui fallait parfois être diplomate. Avant de parler, il tira une dernière taffe sur sa cigarette, longue, et jeta finalement le bâtonnet au sol avant de l'écraser.

« Je sais, j'avais juste...besoin de me détendre. Faire une pause. Et non, je suis ronin, inscrit aux cours du soir. Je ne suis pas en train de sécher, si c'est ce que vous pensez. »

Bien, le serveur avait réussit à répondre calmement et même mieux, il était calme à l'intérieur aussi. Autrefois, il se serait énervé, aurait tempêté intérieurement, peut-être même jusqu'à faire une grosse bêtise. Tout ces efforts de sociabilisation payaient finalement, pour un peu il en aurait été fier.

« ...Vous comptez en parler à un professeur ? »

« Je devrais ? »

Elle se tourna vers lui, ancrant son regard dans le sien en recherche d'une réponse à la question. Ses yeux pétillaient légèrement, signe qu'elle ne prenait pas le moins du monde la situation au sérieux. Cafter auprès d'un prof ? Grand Dieux, elle avait quand même passer l'âge de tout rapporter sagement aux autorités supérieures. Fumer une cigarette sur un parking n'était tout de même pas une faute si grave qu'elle mérite délation.

« Sois tranquille mon grand, va ! Je fume aussi – elle agita la main qui tenait sa cigarette – alors disons qu'on est quitte. »

La jeune femme se cala tranquillement contre le grillage, regardant un peu à l'extérieur, puis beaucoup plus à l'intérieur. Elle ignorait quel pouvait être le salaire des enseignants ici – plus élevé que le sien sans le moindre doute. En tout cas, certains des automobiles et motos qu'elle voyait ici dénotaient d'un niveau de vie confortable.

Et là, dans l'instant, elle avait envie de mettre les mains dans un moteur de voiture de course. Le bon vieux temps lui manquait un peu parfois.

« Comment tu t'appelles ? » interpella-t-elle l'autre dans le seul espoir de se divertir un peu avant de retourner voir ses collègues.

« Dans l'idéal, non. »

Un peu rassuré par la question de la femme, qui semblait indiquer le fait qu'elle ne comptait pas le dénoncer, Yuya se détendit complètement. Et pu enfin observer l'étrange phénomène de la nature qu'il avait en face des yeux. Définitivement féminin, mais cette chose dans son attitude, dans sa posture, faisait que le rônin avait plus l'impression d'être en face d'un camarade brutal que d'une vraie fille. Particulier, comme impression. Plissant les yeux, il continua de la détailler un moment, avant de revenir à la réalité lorsque la jeune femme lui demanda son nom.

« Kazunari Yuya. »

Maintenant qu'il n'avait plus de cigarette pour se détendre, et peu enclin à en sortir une autre, il lui fallait autre chose pour achever sa pause. D'un geste, il déboutonna quelques-uns des boutons de sa chemise et entreprit de s'étirer sommairement, juste de quoi faire s'échapper la tension de ses membres. Une main alla aussi masser son épaule, la ou la massive claque de Kagome s'était abattue, manquant de l'amputer par sa force surhumaine. Sans en rajouter.

« Et le vôtre ? C'est quoi votre job ? »

« Aoki Kagome. »

Ce p'tit gars était décidément bien amusant. Enfin petit. Elle ne chaussait pas ses talons et il devait la dépasser de 5 petits centimètres, mais Kagome ne comptait plus en centimètres depuis longtemps. Ses unités de mesure variaient d'une personne à une autre. Avec lui, elle se basait sur l'âge. Et ce charmant p'tit gars resterait donc, de fait, un bon garçon à qui elle aurait ébouriffé les cheveux si elle n'avait pas craint de le vexer. Sa mine grognonne était adorable.

« Je suis technicienne à l'école. »

Mécanicienne de cœur et tant d'autres choses encore. Son métier ? Mettre les mains dans le cambouis. C'était aussi simple que ça et aucune appellation officielle d'un quelconque job ne rendrait jamais justice à ce qu'elle faisait de ses dix doigts quand elle ne s'en servait pas pour frapper ou pour tapoter sur sa cigarette et en faire tomber la cendre, comme à l'instant.

« Tu veux une autre clope ? T'as l'air à cran poussin, j'espère que c'est pas moi qui te met dans cet état. »

Elle se retint de ricaner, se contenta de sourire en coin. Elle, provocatrice ? Un peu oui. Toujours. Ça faisait beaucoup de bien de titiller les autres, d'en admirer les conséquences et comme elle ne risquait pas grand chose, elle se le permettait aisément. On ne la remarquait pas trop dans l'école parce qu'elle parlait peu avec les gosses, leur préférant ses collègues et des sorties en ville beaucoup plus animées. Ici, elle tentait de se fondre dans la masse. Et de toute façon, elle ne se rappelait pas s'être jamais lié de façon autre que superficielle avec qui que ce soit. Alors la susceptibilité des autres la laissait assez indifférente.

Pour montrer sa bonne foi toutefois, elle tendit gentiment son paquet de cigarettes au brun. Kuzanari, c'était bien ça ? Quelque chose en elle lui soufflait de garder ce môme à l'œil. Ce qui se dégageait de lui n'était pas commun dans une école. D'une certaine manière, il irradiait. Violemment. Et elle adorait ça.

Une part de lui aurait voulu être énervée contre Kagome. Briseuse de tranquillité, moqueuse, différente de ce à quoi il s'attendait de la part d'une femme. Mais à côté de ça, elle émanait une espèce de bonhomie, une sympathie brute et dénuée de toute gêne. Impossible, dès lors, d'être vraiment en colère contre l'empêcheuse de tourner en rond que semblait être la technicienne. Technicienne d'ailleurs, le ronin n'en était même pas étonné, c'était presque une évidence, avec un personnage pareil. Kagome l'intriguait, d'une certaine manière, la ou la plupart des gens le désespéraient un peu. Les femmes japonaises le faisaient en général bailler d'ennuis, et il n'avait même aucune amie, aucune connaissance féminine qu'il estime de même manière d'un homme.
C'est qu'elles sortaient, pour une grande partie, toutes du même moule. Ou était l'intérêt, dès lors, de tenir un millier de fois les même conversations à propos des mêmes choses ? Futiles le plus souvent ? Sans doute était-il un peu macho, mais le jeune homme s'en contrebalançait, complètement.

Yuya allait prendre la parole, mais la technicienne fut plus prompte, et il tiqua, un sourcil haussé. Un regard assassin, une main tendue de manière crispée, une clope attrapée bien rapidement dans le paquet tendu. Comment l'avait-elle appelé ? Poussin ? Un gros grognement lui échappa.

« ...Poussin ? Tu t'fous d'ma gueule? J'ai l'air délicat et fragile, ptet ? Et non, c'est ces vacances de merde, ce boulot à la con avec des clients jamais satisfaits, et ces cours de rattrapages de mes deux qui.... »

Sa phrase resta en suspens. Il avait craché plus qu'il n'avait parlé, et venait de se rendre compte que finalement, il n'était vraiment, vraiment pas aussi perméable au surmenage qu'il le pensait.
A force de s'adapter en permanence pour plaire, à force de vouloir tout changer chez lui, il n'en pouvait juste plus, avait besoin d'une grosse pause.

« M'rci. »

Il grogna plus qu'autre chose, cette fois ci, et alluma la cigarette sans même faire un commentaire sur son épisode vulgaire. Fébrile, Yuya tira quelques taffes en guettant toujours Kagome du coin de l'oeil, l'air torve.

« Bref, vacances difficiles. Mais le jeu en vaut la chandelle. »

A peine calmé, le ronin tentait déjà redevenir le modèle de maîtrise de soit qu'il aimait être en général. Ses mains et ses épaules tremblantes n'aidaient sûrement pas, cela dit.

« Et vous ? Comment vous êtes devenue technicienne ? Pas courant d'voir une femme à c'genre de poste. »

Kagome était une grande adepte du coup de gueule qui défoule. Encore que les siens se faisaient plutôt sur un punching ball, mélangeant allègrement coup de sang et coups de poings. D'une certaine façon, elle s'imaginait bien le charmant petit gars face à elle faire de même : l'image lui allait bien. Tant, en tout cas, qu'il ne la confondait pas avec un quelconque sac de sable, mais en-dehors de mots un peu virulents, il n'avait pas l'air de vouloir frapper. Tant mieux, parce qu'elle aurait répondu et ne tenait pas vraiment à se battre dans l'école.

Ce fut donc un sourire aussi ironique que les précédents qui étira ses lèvres avant qu'elle n'expire la fumée de sa cigarette. Un haussement d'épaules répondit d'abord à la question du brun qu'elle fixa quelques instants en silence, comme tentant de voir à travers lui tout ce qu'il pouvait bien cacher. Malgré ses airs de brute, le gosse semblait en avoir dans le crâne et ne pas rechigner sur le travail. Décidément, ce p'tit gars lui plaisait bien.

« Comment j'en suis arrivée là hein ? »

A nouveau, elle laissa planer un silence entre eux, tout juste entrecoupé par leurs respirations et les quelques mouvements qu'ils pouvaient faire pour ne pas rester trop statiques. Ses traits se firent quelques secondes sérieux, avant qu'elle ne retrouve sa bonhommie habituelle. Kagome n'avait jamais beaucoup aimé parler d'elle et ce n'était pas à 34 ans qu'elle commencerait à apprécier, même pour un joli minois comme celui du gamin.

« J'ai toujours aimé mettre les mains dans le cambouis et puisque je voulais me poser un moment... »

Il n'en saurait pas plus, parce qu'elle ne comptait pas s'étendre sur le sujet. En lieu et place, par contre, la femme sourit en coin et reprit la parole.

« Alors dis-moi Sweety, j'ai du mal à t'imaginer au lycée. T'es rônin c'est ça ? Tu veux faire quoi d'tes dix doigts quant t'en auras terminé avec l'école ? »

Finalement, malgré quelques détails un peu crispant chez la technicienne, elle était plutôt détendante. Franche, simple, jolie malgré son côté...Comment dire...Brutal. Ce qui d'habitude lui paraissait ne pas être qualité chez une femme d'ailleurs, mais qui passait très bien chez Aoki-san.
Et à sa grande surprise, un peu de compagnie était la bienvenue. En général, Yuya fuyait les gens, mais il fallait croire qu'à force de le faire, il n'en pouvait plus de trop rester seul.
Parfait, puisque apparemment Kagome semblait décidée à être sociable et à échanger quelques mots le temps de sa pause clope. Quoi de mieux qu'une rencontre fortuite, dénuée d'intérêt et ne portant pas à conséquence ?

Le rônin écouta la réponse de la technicienne, la encore assez simple, et sa curiosité fut piquée. Mettre les mains dans le cambouis, soit, c'était intéressant, mais la volonté de se poser...Voyageait-elle beaucoup ? Ou alors menait-elle une vie décousue et sans dessus-dessous ?
Bizarrement, le serveur n'avait aucune peine à l'imaginer en aventurière, au fin fond de la jungle, ou encore en voyageuse remplissant plein de petits boulots pour s'en sortir. Une vie horrifiante et attirante en même temps. Il rêva un court instant, puis sortit de ses pensées, lorsque Kagome lui adressa à nouveau une question. Il ne releva même pas le surnom, le rônin doutait que ce soit d'une quelconque utilité de tempêter pour ça contre la dame en face de lui.

« J'hésite encore, mais je pense m'orienter vers le droit. Si mes notes continuent sur cette lancée, je peux même espérer aller à Todai. Et puis régler les problèmes dans un tribunal m'apprendra ptet à arrêter de les régler avec mes poings. »

Un vague sourire un peu joueur ponctua sa phrase. C'est vrai qu'en tant qu'avocat, il aurait bien d'autres manières de confronter les autres ou de régler ses problèmes. L'argent qu'il toucherait lui permettrait aussi de rembourser ses dettes. Oui, plus il y pensait, plus ça lui semblait être la meilleure voie pour lui...Quant à aller à Todai, en bon bourreau du travail qu'il était, Yuya pensait avoir ses chances. Et puis la perspective d'avoir tellement de travail qu'il n'en aurait plus de vie sociale l'arrangeait aussi. Ça lui éviterait de se remettre en question sur la nullité absolue de celle-ci. Que les études avaient bon dos.

« Todai... »

Un franc sourire barra son visage. Son regard pétilla de concert alors qu'elle l'observait, le détaillant comme pour voir à travers lui pourquoi il visait particulièrement cette université-là, pourquoi il n'y était pas déjà, par où il avait pu en passer avant d'arriver là. Mais sa curiosité s'arrêta là. Le gosse n'avait pas une tête à être un féru d'étude même si elle le devinait travailleur. Il avait un but, tout chez lui l'indiquait. Lequel, elle le laissait cependant à sa discrétion.

Kagome n'aimait pas parler d'elle. Elle ne voulait pas davantage en savoir beaucoup sur autrui. A chacun ses motivations, ses secrets et les vaches étaient bien gardées.

« T'as de l'ambition gamin, mais c'est bien. J'te souhaite de faire ce que tu voudras de ta vie, mais je m'en fais pas trop. T'as l'air de savoir où tu vas et d'être prêt à y mettre le prix. »

Le passage sur les poings ? Oublié. Ou non, noté dans un coin de tête plus exactement. La jeune femme ne voulait rien savoir des problèmes passés ou présents du ptit gars, ils n'étaient pas assez proches pour ça et, de préférence, ne le seraient jamais. Pour autant, une partie de lui le rendait attachant et lui donnait envie de lui prêter main forte, ou plus simplement de lui remettre les idées en place s'il en venait à dérailler. On pouvait se contenter de relations superficielles et veiller sur son petit monde en même temps, rien ne l'empêchait. Du moment qu'on n'essayait pas de trop approcher Kagome.

« Allez, dernière clope avant le retour au taff. » s'admonesta-t-elle pour se motiver tout en allumant ladite cigarette. « T'as l'air plutôt sportif Sweety, tu devrais pas fumer autant si tu veux garder ton endurance. »

Et son sourire signifiait bel et bien qu'elle avait conscience de ses propos. Oui, l'hôpital se foutait de la charité. La fumée qu'elle relâcha dans l'air en était la plus belle des démonstrations.

Todai oui. Yuya était ambitieux, mais pas grand fanatique des études. La raison qui le poussait à vouloir aller à Todai ? Ca lui aurait sans doute arraché la langue de le reconnaître, tant il insistait à dire qu’il s’assumait très bien, mais il avait tout de même perdu son honneur. Déshonoré, et avec quelque chose à prouver. A sa famille, aux gens qui n’avaient jamais crus en lui et à lui-même. Leur prouver à tous que l’espèce de sale petit délinquant juvénile et sans avenir qu’il avait été n’était pas sa seule identité. Qu’il était en fait, bien plus que ça. Lui-même commençait à y croire, car il fallait reconnaître que son travail acharné en cours et le dévouement sans faille avec lequel le rônin travaillait au restaurant l’avaient aidé à avoir une meilleure estime de lui.
Cependant, ne connaissant aucune demi mesure, le jeune homme ne s’accordait aucun répits. Hormis peut-être cette petite pause. C’était rassérénant, le serveur songea qu’il aurait du en faire plus. Si un jour on lui aurait dit que rencontrer des gens et papoter un peu aiderait à le détendre, il aurait sans doute traité la personne de fou. Mais voilà qu’il se retrouvait la, à discuter avec un phénomène de la nature, et qu’il appréciait ce moment passé.

« Je sais que je ne devrais pas fumer autant. Je m’y suis mis très récemment…Et j’essaie déjà d’arrêter. Mais c’est le seul truc qui marche pour calmer mes nerfs. »

Il ne releva même pas l’accès de mauvaise foi de la dame. La, ça aurait été l’hôpital qui se foutait de la charité, car il devait être la personne de plus mauvaise foi qu’il connaissait. Yuya en avait conscience, mais bon, il était ainsi.

« Je vais retourner travailler aussi…Mais pas de dernière clope pour moi, deux c’est suffisant. Ravi d’avoir fait votre rencontre, Aoki-san. »

Le rônin s’inclina un peu plus longuement cette fois-ci, et se surpris tout seul avec sa politesse. Sans attendre de réponse, calmé et paré à reprendre son travail abrutissant, il s’en alla en faisant une signe de main à la technicienne, sourire aux lèvres.

Alors qu'elle tirait un peu sur sa cigarette, le brun finit par lâcher le mégot de la sienne et l'écraser d'un geste habile – signe d'expérience – en mettant fin à sa pause. Sage garçon. Elle aurait du faire pareil probablement, mais si elle aimait assez son travail, elle ne rechignait pas à faire une vraie pause de temps en temps – ça rattrapait bien toutes celles qu'elle ne prenait pas, trop occupée à une chose ou une autre.

« Moi d'même Sweety. Passe une bonne journée. »

Qu'il était mignon ce grand gamin. Un hochement de tête fit écho à la salutation profonde du rônin et elle se fit violence pour ne pas laisser échapper plus qu'un sourire en coin amusé, son regard traduisant tout aussi bien le profond amusement qu'il lui causait. Non qu'elle se moque vraiment de lui pourtant, mais il avait vraiment quelque chose d'adorable une fois qu'on passait à travers des défenses qu'il mettait en lui et les autres. Combien avaient le cran d'être assez frontal pour cela, cependant ? Sans doute assez peu.

Livrée à elle-même alors, elle tira encore un peu sur le bâton de nicotine entre ses doigts et finit par faire subit au reste de sa cigarette le même sort aux précédentes. Un dernier nuage de fumée expiré, elle finit demi-tour pour retourner bosser, bien plus détendue.

[HRP : Juste pour finir le topic en bonne et due forme ^^]