Cette silhouette était reconnaissable entre mille. Grande, élancé, allant d’une démarche souple, cheveux châtains clairs. Aucun doute, il ne pouvait que s’agir du sale gosse de le Hamura. Mais, qu’est-ce qu’il foutait ICI, lui ? Dean avait surement du faire quelque chose de très, très mauvais dans une vie antérieure pour se retrouver transférer dans le même lycée que lui. C’était à en pleurer. Il y avait tellement de lycée au Japon ou dans les alentours de Tokyo, pourquoi devaient-ils se retrouver tous les deux dans le même établissement. Mais revenons, ne serait-ce que quelques minutes en arrières.

On état jeudi, il était 15h30, donc fin des cours pour tous les élèves, toutes classe confondu. Fin des cours, signifiait, comme son nom l’indiquait, plus de cours à sécher donc plus d’occasion d’aller squatter l’infirmerie et profiter de l’extrême gentillesse de l’infirmier pour se cacher pour une heure ou deux sans qu’il ne dénonce quelqu’un. A vrai dire, il pourrait limite quitter son antre, mais il ne le fera pas, étant donné que 90% des élèves étaient en internat et on ne pouvait jamais savoir ce qui passait par la tête d’un adolescent. Beaucoup des étudiants étaient encore dans l’âge bête –ou en était tout juste sortis …- et testaient encore souvent leurs limites. Il fallait donc toujours quelqu’un de présent, au cas où quelque chose de grave –comme un genou éraflé ou un doigt en moins …- venait à arriver.

Mais pour l’instant, il avait bien droit à une petite pause, non ? De toute manière, il avait son portable allumé et chargé sur lui, son numéro était affiché sur le panneau et il ne sortira pas de l’enceinte du lycée. Se levant de sa chaise, Dean mit son ordinateur en veille puis sortie de l’infirmerie et ferma la porte à clef avant de glisser celle-ci dans une poche de son pantalon y plongeant sa main. Il se dirigea ensuite tranquillement vers la passerelle qui donnait sur le bâtiment Edo. Ce fut en tournant pour s’introduire dans le sorte de tunnel, que Dean vit Eiji. Celui-ci marchait vers lui et ne semblait pas l’avoir aperçut, ou du moins en donnait l’air.

Après s’être immobilisé quelques instants, histoire de bien vérifier que sa vision ne lui joue pas un mauvais tour, Dean soupira discrètement et reprit son chemin. Alors qu’il s’approchait d’Eiji, il réfléchit rapidement. Devait-il le saluer ? Mais s’il le saluait, cela voudrait signifier qu’il veuille bien engager la conversation avec lui. Or ils étaient en froid depuis leur première rencontre – bien qu’ils s’eussent quitté en de plutôt bon termes …- et engager la conversation avec lui signifiait automatiquement se prendre la tête pour des choses aussi futiles qu’inutiles.

« Bonjour Kimihiro. »

Alors qu’ils étaient passé l’un à côté de l’autre et que leur regard s’étaient furtivement croisés, Dean n’avait pas franchement réfléchit et avait parlé machinalement. Et maintenant ? Ah le voilà dans de beau drap. Devait-il continuer son chemin et faire comme si de rien n’était ? Mais s’il ignorait la réponse du sale gosse, il se pourrait bien que ce dernier le prenne encore plus en grippe et qu’il perde toute estime, ne fusse-t-elle que minime, qu’il avait pour lui. Aah ! Trop de question, trop de stresse. Dans le doute, Dean marqua un temps d’arrêt et tourna le regard vers Kimihiro se demandant s’il allait lui répondre ou non …

15h30
Après les deux dernières heures d'espagnol, Eiji n'avait pas eu le courage de rentrer dans sa chambre ou d'aller s'entrainer au dojo. Une fois son bentô englouti dans la salle de classe, il était resté travaillé plusieurs heures dans la même salle, reprenant les cours de maths et d'espagnol du matin même. Certes, il passerait suffisamment de temps à les travailler pendant les cours de rattrapage, mais prendre un peu d'avance ne ferait pas de mal. Hugh et Kantaro, l'un pressé de dessiner, l'autre occupé à quelques devoirs de président du conseil, avaient eu vite fait de l'abandonné à son sort non sans un regard curieux, voir approbateur, de la part du premier de la classe. Qu'en auraient-ils pensé s'ils avaient su que c'était tout simplement parce qu'il n'avait pas la tête à faire du sport après avoir senti sur lui pendant deux heures le regard de Jiro ? Ou plus exactement, deux heures à se faire précisément éviter par le regard de Jiro alors que les heures de cours s'écoulaient avec une morne lenteur.
Si le professeur d'espagnol n'avait pas changé de comportement, l'adolescent aurait surement abandonné tout espoir et remisé au placard ses chimères amoureuses pour reprendre une vie normale. Mais cette insistance à l'éviter... il y voyait peut-être ce qu'il voulait y voir, mais il y avait quelque chose auquel se raccrocher.

Après 3 heures de travail en tout genre, le kendoka ne tenait plus en place sur son siège. Ses affaires retrouvèrent vite fait le chemin de son sac et il se leva en trombe, quittant la salle sous le regard étonné des quelques uns qui étaient restés y travailler ou pour la ranger. Il avait besoin de parler à quelqu'un, et il avait une petite idée de la personne avec qui il pourrait en discuter sans trop être gêné.
La porte glissa sur son rail derrière lui, se refermant en silence, tandis qu'il traversait le couloir pour pénétrer sur la passerelle, le plus court chemin pour se rendre jusqu'au bâtiment Edo et le plus agréable quand la température extérieure au milieu d'après-midi lui donnait l'impression d'avancer dans une moiteur tropicale. Les vacances – enfin les cours imposés des vacances – aurait ça de bien qu'il pourrait se permettre de virer son uniforme et sa cravate pour quelque chose de moins chaud.

La tête ailleurs, Eiji n'identifia pas le grand brun qui le fixait – ne perçut même pas sa présence en fait – et ne tourna la tête vers lui qu'en entendant son nom. Onwara ? Il savait l'infirmier présent – toujours au courant, Kantaro lui avait indiqué quels membres du personnel avaient fini au même endroit qu'eux – mais n'avait encore jamais eu à le croiser, évitant scrupuleusement l'infirmerie depuis qu'il était là, bagarre ou non. Le croiser au détour d'un couloir lui donnait l'impression de reculer dans le temps de 3 mois.
L'absence du "kun" collé à son nom dut dûment notée elle aussi, même si le jeune homme ne sut pas trop quoi en faire. Pour une fois que la voix de l'autre n'était pas trop moqueuse... Il ne pouvait pas non plus dire que la confiance régnait envers l'infirmier à la moquerie facile. Néanmoins, inspiré par l'ambiance respectueuse et sereine des locaux, l'étudiant s'inclina légèrement, comme il se devait face à un supérieur.

" Onwara-san. Vous vous êtes échappé de votre infirmerie ? "

La prise de parole du jeune homme avait quelque chose de rassurant. Le timbre de sa voix était plutôt neutre exempté de toute impression de moquerie et quoique ce soit d’autre. Se tournant maintenant complètement vers lui il le regarda, plissant presque imperceptiblement les yeux, il tenta de savoir si le jeune homme avait l’aire ironique ou pas. Finalement, à quoi bon ? Déjà qu’il daignait lui adresser a parole, autant tenter de ne pas douter de ses actes. Affichant, un sourire, montrant bien son amusement face aux paroles du jeune homme, Dean haussa légèrement les épaules

« Faut bien fuir notre quotidien de temps en temps, non ? » demanda-t-il avec une once d’engouement dans la voix. « Plus sérieusement, ça fait depuis ce matin 8h que je suis enfermé, je ressent le besoin d’aller me dégourdir un peu les jambes et respirer autre chose que l’odeur de désinfectants »

Certes, Kimihiro s’en foutait certainement du pourquoi du comment Dean se retrouvait à marcher ici dans les passerelles afin de regagner son appartement. Ce qu’il fera ensuite ? Surement qu’il prendra une rapide douche puis passera par l’extérieur pour s’installer à nouveau pour une heure ou deux dans l’infirmerie, histoire de mettre les fiches des élèves à jours.

« Et toi alors ? Qu’est-ce que tu fais là ? » Demanda-t-il quelque peu curieux, histoire de s’intéresser un peu à son cas « Et puis, tu t’y fais bien à la vie dans cette nouvelle école ? »

La curiosité est un vilain défaut, disait-on souvent. Il est évident que Kimihiro pouvait –et le ferais sans aucun doute …- mentir à son sujet. Il est vrai que la confiance n’était pas ce qui les unissait, bien au contraire et loin de là. Mais, avec un peu de chance, il ne le remballerait pas. Du moins c’est ce que Dean espérait alors qu’il l’observait tranquillement.

Eiji resta silencieux un instant, considérant l'infirmier. Considérant aussi le fait de lui dire que lui aussi était enfermé depuis 8h dans la salle de classe, à bosser sagement comme la plupart des élèves du lycée, mais résista sagement à cette envie puérile de lancer les hostilités alors que rien ne le demandait. Il s'était promis de se calmer et d'éviter autant que possible les conflits depuis sa dernière bagarre, et jusqu'à présent il s'y était tenu, même si ce n'était pas toujours évident. Nul doute que la chaleur étouffante avait aidé à son calme : qui donc aurait envie de se battre quand la simple idée de traverser le parc en plein soleil mettait en nage ?

Le jeune homme haussa délicatement les épaules à la question légitime. Enfin, la première était légitime, la seconde par contre, il n'était pas si sur d'en voir les motivations. L'infirmier était-il surpris de ne pas l'avoir déjà vu se présenter à l'infirmerie ? L'adolescent esquissa un sourire ironique, supposant qu'il était difficile d'effacer ce genre d'étiquette qui lui collait à la peau. D'autant plus que ladite étiquette était écrite en noir sur blanc dans son dossier scolaire d'ailleurs.

" Je voulais parler à Moe-sensei, j'étais parti voir si par hasard il était dans la salle des profs maintenant que les cours sont finis."

Il ne voyait pas de raison de mentir ou de dissimuler la personne qu'il cherchait. Tant que personne ne lui demandait pas précisément la raison pour laquelle il voulait le voir – raison pour laquelle il aurait préférer crever plutôt que de l'expliquer à n'importe qui – il n'y avait rien de tellement surprenant à ce qu'un élève cherche à voir un de ses profs. En plus, ce n'était même pas en anglais qu'il avait eu ses pires notes – au contraire, elles étaient même raisonnablement bonnes – qu'on ne lui parle plus des maths par contre...
Le jeune homme se tut un instant avant de répondre à l'autre question, ne sachant pas vraiment comment ou pourquoi parler à quelqu'un avec qui il ne s'entendait pas plus que ça. D'un autre côté, l'infirmier faisait l'effort de parler... dans son idée de se calmer et de refaire une virginité à son dossier scolaire, mieux valait jouer le jeu de l'étudiant docile et pas contrariant pour deux sous. A force d'y croire, cela deviendrait peut-être vrai.

" Et ça va, je me plais bien ici. A part la différence de niveau scolaire : je me suis fait rétamer en beauté aux examens."

C'était bien la seule chose qu'il regrettait à Gingko, ce niveau plus élevé qui en faisait une excellente école mais qui était difficile à assimiler pour un élève moyen comme lui. S'il avait été ailleurs...
S'il avait été ailleurs, il aurait été séparé de ses amis - certes, ces derniers temps, la différence n'aurait pas été si grande – de Shizuka et de Jiro. Pour ce dernier, il ne savait si cela aurait été une bonne ou une mauvaise chose.

" Vous avez trouvé d'autres élèves à torturer ici ? "

Eiji voulait à Akutsu ? Pourquoi ? A quel sujet ? Pourquoi à Akutsu ? Ne pouvait-il pas parler à quelqu’un d’autre ? Et puis, était-ce tellement important qu’il aille lui parler maintenant ? Pas mal de questions en tout genre traversèrent l’esprit de notre infirmier, alors que Kimihiro reprit la parole en se plaignant du niveau scolaire bien plus élever qu’à Hamura. Effectivement, Dean avait aussi crut comprendre ça. Bien qu’étant dans l’infirmerie la plupart du temps, il avait eu vent des résultats à l’examen du premier trimestre et avait put savoir que beaucoup de jeunes s’étaient rétamé, dont deux des trois qu’ils connaissaient plus ou moins personnellement. Mais bon, d’un côté c’était plutôt normal. Changer de lycée en cours d’année scolaire, se retrouver dans un nouvel environnement, devoir s’intégrer de force et apprendre à connaître les autres … tout cela pouvait en déstabiliser plus d’un.

Mais ce fut surtout la dernière question d’Eiji qui le fit réagir. Amusé, il esquissa un sourire et secoua légèrement la tête. Décidément, Kimihiro qui ne faisait pas d’allusion à son métier n’était pas Kimihiro. D’autant qu’il utilisait le verbe « torturer » et pas « soigner ». Faut croire que le fait que Dean lui avait recousu l’arcade lui était vraiment resté à travers la gorge. Soit. Se redressant légèrement, notre jeune homme prit la parole

« Eh non, je n’ai toujours pas trouvé ton remplaçant digne de ce nom … » dit-il amusé. Autant continuer un peu sur cette lancé « En ce qui concerne Akut … Moe, je ne l’ai pas vu dans la salle des profs. Je ne sais même pas s’il est à l’appartement. »

Haussant les épaules, il lança un coup d’œil en arrière et s’immobilisa. Il pourrait éventuellement aller courir à l’appartement, voir si son coloc était présent puis, si s’était le cas, l’envoyer à la rencontre d’Eiji. Mais cela voudrait dire abandonner le sale gosse et mettre en péril un semblant de conversation détendue. Hm, pour l’instant, Dean restera, jusqu’à ce que Kimihiro parte. A ce moment là, il pourra toujours faire cette proposition. Reportant donc son attention sur le jeune homme, il reprit la parole

« Pour ce qu’il en du niveau scolaire … oui, j’avais cru comprendre qu’il était plus élevé qu’à Hamura. Bon, tu me diras, ce n’est pas bien difficile quand on voit le genre de professeurs qui trainaient là-bas … » Il repensa furtivement à un certain professeur de philosophie qui était plutôt bizarre dans son genre « Et puis, c’est un peu normal étant donné tous les changements que vous avez du prendre sur vous » Haussant les épaules, il inclina légèrement la tête la sur le côté « Y a pas aussi un autre de Hamura qui a rater de très peu l’examen ? Un ami à toi, non ? »

S’il devenait trop curieux, tant pis, Kimihiro le lui fera rapidement savoir.

Pas en salle des profs ? Tant pis, s'il ne le voyait pas, il pourrait tout de même lui laisser un mot dans son casier pour lui demander un rendez-vous avant la fin de la semaine et le début des vacances. Ce serait plus simple que lui courir derrière ou chercher avec qui il pouvait déjà être en entretien. Loin de l'idée que l'infirmier puisse aller le chercher – il n'avait pas encore assez confiance en lui pour s'imaginer qu'il était de son côté – le jeune homme secoua la tête légèrement.
Ainsi donc, il avait été assez curieux pour regarder de plus près le tableau d'affichage ? A y réfléchir de plus près, il supposait qu'il devait avoir pas mal de curiosité et qu'il était plus simple de se souvenir des élèves dont il avait déjà vu passer le nom.

" Vous vérifiez si vos patients seront à vos disposition pendant les vacances ? Mais oui, Hugh – Brown – s'est raté d'un point et restera ici. Ne cherchez pas Fugiwara, il a cartonné et est premier par contre. " Sans surprise pour personne il était sur. " Il n'a pas été tellement dérangé par les changements lui."

Il n'y avait aucune amertume dans sa voix. La différence de travail fourni entre les deux élèves justifiaient à elle seule la différence de niveaux et de résultats entre eux deux, à quoi bon en être rancunier ? D'autant plus que Kanta, bon sire, l'aiderait s'il prenait le temps de lui demander. Ce qu'il ne ferait bien sur pas, trop têtu pour faire les choses intelligemment.
Les cours de rattrapage étaient là pour ça de toute façon, et Kantaro n'avait pas spécialement de patience. Vu son propre caractère, le résultat risquait d'être haut en couleur, mais peu probant niveau scolaire.

" Vous êtes le coloc de Moe-sensei ? Vous aimez tellement le lycée que vous ressentez le besoin de ne pas le quitter ? "

La question était venue de nulle part, inspirée surement en partie par la décontraction avec laquelle l'infirmier lui parlait et par l'envie de ne pas parler des cours pour le moment. Il prenait les choses plutôt bien d'un point de vue extérieur, mais ressasser sans arret le couteau dans la plaie... il ne fallait tout de même pas pousser. De même, se chercher d'innombrables excuses... il l'avait déjà fait, y avait déjà réfléchi, mais cela revenait toujours au même : l'échec était le même.
Et quoi de mieux pour détourner la conversation de soit que de s'en prendre aux autres ? Non, le terme était faux. Même si c'était ce qu'il faisait habituellement, il ne s'agissait pas de s'en prendre à son interlocuteur, mais de dévier la conversation sur lui. Et dans ses souvenirs, parler de lui, c'était quelque chose qui plaisait pas mal à l'infirmier.
Certes, Eiji ne faisait pas ça de manière subtile, ou même discrète – on ne pouvait pas en demander trop à un jeune homme plus habitué à se servir de ses poings que d'autre chose et qui commençait tout juste dans l'art délicat de la parlote. Mais on ne pouvait pas lui reprocher une certaine volonté de bien faire.

Eiji semblait plus détendu et cela s’entendait quant au ton et aux mots qu’il choisissait. Il n’hésita pas à prendre un ton un peu plus léger pour répondre à notre infirmier tout en restant poli et en montrant le minimum de respect qu’il devait à un adulte. Ça s’approchait plutôt bien de ce que Dean avait espérer en lui adressant la parole. Mais soit, revenons-en à notre histoire. Alors qu’Eiji avait avoué le nom de son ami et es étudiant à Hamura, il lui demanda quelques précisions sur Akutsu.

Mais ses questions furent très mal formulées et on pouvait, sans problème, y voir un double sens. Dans une première partie Kimihiro lui demanda s’il était effectivement colocataire avec Akutsu. La deuxième portait sur le fait de tellement aimer le lycée qu’il ne pouvait pas « le » quitter. Mais ce dernier « le » se rapportait-il à au Lycée ou Akutsu? Cette dernière solution était très peu probable –Dean et Kimihiro n’était pas assez proche au point qu’ils se dévoilent leur sentiments personnels- mais en même temps il serait possible que l’étudiant veuille mettre l’infirmier mal à l’aise. Quoiqu’il en soit, dans tous les cas Dean devrait faire attention à bien choisir ses mots.

« Drôle de question » déclara-t-il finalement après plusieurs instants de réflexions « J’imagine que ça ne t’intéresse pas de savoir quelle genre de relation nous entretenons, Akutsu et moi, bien que celle-ci ne soit qu’amicale » Dean s’était senti obligé de faire cette précision pour pas que Kimihiro ne s’imagine des choses « Et le lycée me plait tellement, sans doute parce qu’il est plus plaisant de torturer les adolescents que les plus vieux qui peuplent un hôpital »

Dean ponctua ses paroles d’un clin d’œil et d’un sourire amusé, histoire de bien signifier à Eiji que ce n’était que pure ironie et qu’il n’était pas réellement sérieux. Puis, se redressant, il mit ses mains dans ses poches et prit une posture plus décontracté

« Sinon, toujours actif au club de Kendo ? »

Dean avait prit grand soin de choisir le sport –qui était le domaine de prédilection du sale gosse, qui, avouons le, l’était de moins en moins …- pour détourner la conversation sur autre chose, susceptible de l’intéresser.

Les yeux ronds, Eiji observait Dean avec la même stupeur qu'il avait observé son assiette la dernière fois que le self avait voulu faire dans l'exotisme et avait servi de la langue de boeuf sauce piquante au repas du soir. Jamais une telle idée n'avait effleuré son esprit. Les profs – ou infirmiers – restaient ce qu'ils étaient, des figures d'autorités ou de connaissance, parfois des conseillers voir des sempais appréciés dans le cas d'Akutsu, mais certainement pas des personnes dont la vie sexuelle l'intéressait. Non, mieux valait rayer cette mention. Il ne voulait même pas commencer à concevoir le début d'une vie sexuelle ou même d'une vie au-delà des cours pour la majorité de ses profs. Alors que l'infirmier parle, même en riant, d'une quelconque possibilité entre le prof d'anglais et lui...
Car du déni, Eiji n'avait retenu qu'une seule chose : la notion de relation entre eux. Et ça, il n'était pas sur de pouvoir l'oublier. Même si ça n'existait pas, ça voulait dire que c'était possible ? Que le prof d'anglais et l'infirmier étaient...

" Euh... si vous le dites..."

Petite pause dans le courant de ses pensées, retour en arrière sur sa longue discussion avec Moe-sensei. Ah... ça expliquait peut-être bien des choses, pourquoi le jeune professeur avait été aussi facile d'accès sur ce sujet, calme et posé par rapport à quelque chose qui en aurait dérangé plus d'un.
Il n'était pas sur de vouloir assumer ce genre de détails sur la vie de son professeur. Ou même d'avoir envie de se sentir aidé pour ce genre de point commun. Il verrait plus tard, quand il lui parlerait à lui.
Mal à l'aise, l'adolescent passa sa main dans ses cheveux, se raccrochant machinalement à la dernière question posée par l'infirmier. Le sport était bien le seul sujet sur lequel il pouvait discourir sans avoir besoin de réfléchir.

" Oui, toujours actif... j'en suis même devenu le président, donc difficile de le laisser tomber, même avec les examens... Konata m'a dit qu'elle vous avait même croisé dans le dojo. "

Un demi-sourire effleura ses traits tandis que le souvenir de la conversation l'éloignait de ses pensées tourmentées. L'avis de son ex sur l'infirmier n'avait pas été délicat. Non seulement c'était une brute qui ne l'avait pas traitée avec les égards qui lui étaient dus – ce qui, de son point de vue, n'était pas vraiment une garantie, la petite jeune fille étant surement assez forte pour résister à un shinai cassé sur sa tête – mais c'était aussi un irrespectueux incapable de se comporter comme il fallait dans un dojo.
Sur le coup, le japonais avait haussé les épaules, imaginant une fois de plus un gaijin se promener dans un dojo comme en terrain conquis, sans rien comprendre pourtant à ce qu'était réellement ce lieu. Il n'en était plus aussi agacé qu'il pouvait l'être, juste un peu désabusé. Certes, comme Konata, il ne faisait guère preuve de complaisance si d'aventure lui-même se trouvait confronter à pareille scène.

" Encore quelques efforts et j'ai bon espoir que l'équipe obtienne un bon classement aux prochains championnats inter-lycées. "

Haha. La réaction du jeune homme n’avait pas de prix. A le voir comme ça, c’était comme si Dean avait dit une connerie. Pourtant, il n’avait rien dit de mal, non ? Il avait simplement fait une très courte allusion sur le fait qu’Akutsu et lui pourrait éventuellement être ensemble, mais il n’en était rien, d’autant qu’il avait tout de suite précisé qu’ils étaient amis. M’enfin que dire de plus ? Espérons seulement que Kimihiro n’ira pas répéter à son coloc ce que Dean venait de lui dire. D’un côté, ce n’était pas grave et puis notre infirmier n’était pas sensé savoir que ce jeune homme avait du mal avec l’homosexualité. M’enfin, le mal était fait.

Tout en espérant secrètement que, si Kimihiro venait à en parler à Akutsu celui-ci ne le prenne pas mal, Dean continua d’écouter ce qu’il avait à lui dire. A en juger ses paroles, le kendoka connaissait Konata, la sale gosse numéro deux qui lui avait fait la leçon dans le dojo. Pourquoi ça ne l’étonnait pas plus que ça qu’ils se connaissent, eux deux ? Sale gosse I rencontre sale gosse II, c’était bien connu. Mais soit. Alors que le jeune homme eu fini de parler, Dean hocha doucement la tête et haussa les épaules, affichant un petit sourire

« Ça ne m’étonne que très peu que vous vous connaissez et effectivement j’ai eu deux petits accrochage avec elle. Elle cache bien son jeu la petite » son sourire s’agrandit, alors qu’il lia ses mains dans son dos « Il ne me reste donc plus qu’à vous croiser les doigts pour que l’équipe de Ginkgo obtienne un meilleur résultat. D’un côté, avec quelqu’un comme toi à leur tête, ça ne va pas être bien difficile »

Oui, Dean était on ne peut plus sérieux. Bien qu’il doute très souvent de la sincérité de son interlocuteur, il ne pouvait pas douter de ses capacités et de son talent de Kendoka. Aussi, vu son caractère plutôt impulsif et dominant, il devait sans doute trouver les mots juste afin de motiver les troupes et les encourager. Soit. Il lança un coup d’œil à sa montre et remarqua que le temps était pas mal avancé depuis qu’il avait quitté l’infirmerie. S’il voulait encore passer à l’appartement avant d’aller s’acheter quelque chose à se mettre sous la dent, il devrait se dépêcher un peu.

« Bon, ce n’est pas tout ça, mais va falloir que je me dépêche un peu si je veux encore réussir ce que j’ai à faire » Enlevant les mains de ses poches, il commença à marcher à reculons et offrit un sourire à Kimihiro « bonne fin de journée et à une prochaine, éventuellement …. »

Si tu arrêtes de fuir, ajouta-t-il dans ses pensées alors qu’il se détournait et parti d’un pas rapide, sans perdre son sourire. Il faut dire ce qu’il en était, cette discutions avait été franchement sympathique, dommage juste qu’il avait fait cette boulette. Il ne lui suffisait maintenant plus qu’à espérer que ça ne lui retomberait pas dessus, chose qui n’était pas très sûre …