Cela faisait des heures qu’Electra retraçait mentalement tout ses déplacements, essayant de se souvenir de chaque endroit où elle avait mis les pieds, de chaque geste, de chaque pièce où elle s’était posée et où ce fichu cahier de mathématiques avait bien pu être oublié. Un cahier avec une couverture rouge ne pouvait pas passer inaperçu. Ses sourcils se froncèrent, faisait plisser son nez et naitre sur son visage une moue pensive. Elle maugréait contre son étourderie. En d’autres circonstances, elle aurait sûrement mis moins d’ardeur à le retrouver- son côté français qui ressurgissait- mais avec cette période d’examens, elle n’avait pas le choix. Et pour couronner le tout, c’était la matière dans laquelle elle avait des difficultés.

La semaine était terminée et le cours de japonais avait été « le coup de grâce », lui vrillant la tête par une atroce céphalée. Lundi, elle avait cours de maths, l’un des derniers avant les examens. Il fallait absolument qu’elle mette la main sur ce maudit cahier.
Agrippant sa besace d’une main, elle se dirigeait vers le hall d’entrée, bien décidée à trouver une solution. Mais avant ça, il lui fallait sortir de ces bâtiments, aller s’aérer l’esprit et avaler du paracétamol. Une fois que son mal de tête l’aurait quitté, elle pourrait reporter son attention sur son problème, mais pas avant.

Allongeant le pas, elle fut bientôt dans le hall d’entrée. Les classes semblaient s’être déversées directement ici, semant un gigantesque embouteillage devant les rangées de casiers. Tandis qu’elle se faufilait entre les élèves, elle l’aperçut.

Il se tenait à côté de son casier, le précieux cahier rouge entre ses mains. Les yeux d’Electra se mirent à briller puis à pétiller. En quelques secondes, elle avait fendu cette marée humaine et se retrouvait plantée devant « son sauveur ». Sans réfléchir plus que ça, elle ouvrit les bras, ce qui eut comme conséquence de faire glisser sa besace le long de son bras et de la faire légèrement ployée sous le poids, puis d’un geste qui se voulait rempli de reconnaissance, elle prit le jeune homme dans ses bras et le serra contre elle. Juste assez pour que la besace vienne frapper dans leurs jambes et le cahier s’incruster dans leurs côtes. Une accolade brève et très « française ».

Avec un sourire ravi et nullement gênée par ce comportement expansif, Electra fini par se reculer et se présenta.

« Je m’appelle Electra et tu viens de me sauver la vie »

Elle réajusta la besace qui avait repris sa place sur son épaule, et en profita pour glisser derrière son oreille, une mèche qui venait lui barrer le visage avant de pointer son index vers ledit objet, un sourire espiègle sur les lèvres.

« Si c’est bien mon cahier que tu tiens. »

Ses prunelles noires fixées sur le jeune homme, le dévisageaient.