Cela faisait un petit moment qu'elle en avait entendu parler, et pas toujours de la meilleure manière qui soit. Même si elle restait toujours solitaire dans sa salle de classe, hormis les fois ou Aiko-chan venait lui faire une petite visite surprise (provoquant par la même occasion des regards admiratifs envers celle qui avait réussit à dompter Nagisa Fujioka l'antisociale), elle écoutait toujours les ragots ou rumeurs qui pouvaient se répandre sur telle ou telle personne... Elle ne vérifiait pas qu'elle en était victime, elle savait très bien qu'un tas de rumeurs étranges planaient sur elle... dont certaines franchement hilarantes, mais, comme toute les jeunes filles, elle était friande de ragot en tout genres.

Ces derniers temps, la plus en vogue (principalement prononcée par des élèves à l'allure louche qui avait l'air de se ficher comme d'une guigne du règlement vestimentaire de l'école) concernait Tera Kishiro qu'ils surnommaient plus ou moins tous « sourire de démon. » (Même si elle avait d'autres surnoms comme « l'insensible » ou « l'implacable. ») Elle avait déjà entendu parler de cette figure montante de l'école qui faisait régner la loi dans l'enceinte de l'école à coups d'arts martiaux, selon d'autres rumeurs encore, et avait décidé de vérifier si ces dernières étaient fondés ou n'étaient qu'un gros ramassis d'imbécilité.

Elle avait longuement pesé le pour et le contre, quels étaient les risques (qui étaient malgré tout assez grand, on disait de Kishiro-san qu'elle avait des yeux partout) et décida finalement que sa curiosité l'emporterait même si ce qu'elle comptait faire provoquait la destruction de la planète, de la galaxie et de tout être vivant au travers de cette dernière par la même occasion.

Néanmoins, il fallait la comprendre. Elle, petite fille fragile et froussarde, et Tera, femme forte avec une main de fer dans un gant de velours. Il était logique qu'elle veuille voir à quoi pouvait ressembler son opposée, et c'était d'ailleurs pour ça qu'elle suivait la présidente du comité de discipline depuis pas loin d'une demi-heure déjà.

Elle était quelque-peu... déçue. Tera, fidèle à elle-même, patrouillait dans les couloirs de l'école lors de la pause-déjeuner, moment ou Nagisa avait entreprit de la suivre, et l'avait vu réprimander de manière soft deux ou trois élèves pour des petits détails et ordonner à ses collègues du comité de disciplines de patrouiller en divers endroit.

Rien de particulier donc hormis le fait que Tera s'était retournée plus d'une fois, probablement avec l'impression d'être suivie. Heureusement, Nagisa s'était toujours cachée juste à temps. Derrière un coin de mur ou elle dépassait à moitié, derrière des élèves ou ses mains étaient visibles ou simplement derrière un angle en laissant clairement apparaître le sommet de sa tête. Oui bon, elle n'était pas douée je l'admet, et la présidente du comité de discipline devait l'avoir remarquée depuis au moins 25 minutes.

Pour l'instant, Nagisa suivait toujours, se cachant dans les endroits les plus improbables (et surtout qui n'aurait pas été fichu de cacher un hamster, alors une gamine de 16 ans...) dès que la jeune femme se retournait, ou faisait mine de vouloir le faire. Il allait forcément se passer quelque-chose, non ?

Ce dont elle ne se doutait pas, c'était que l'on murmurait sur son passage vis à vis de son comportement. N'importe qui de censé dans le couloir aurait pu voir très clairement qu'elle suivait Tera Kishiro et son comportement était très proche de celui d'une stalkeuse. En somme, Nagisa n'avait pas du tout l'air nette en ce moment et les autres étudiants trainassant dans le couloir avaient tendance à s'écarter sur son passage en se demandant ce qu'il pouvait bien prendre à l'antisociale froussarde de service de filer une des filles considérée comme la plus dangereuse de toute l'école...

Même entre les cours, Tera était sur le pied de guerre. Sa réputation ne mentait pas sur ce point : elle prenait son travail très au sérieux. Pour elle, maintenir l'ordre dans l'école était un devoir qu’elle accomplissait de son mieux, ou du moins de la façon qu'elle pensait être son mieux. De fait, même durant la pause déjeuner, dés qu'elle avait terminé, elle organisait ses troupes et patrouillait un peu dans le bâtiment. Son mot d'ordre, pour l'efficacité, était de bien répartir les membres du comité de discipline.
Beaucoup de personnes la voyait comme un despote se servant d'eux à ses fins, mais le fait était qu'elle se montrait toujours agréable avec ceux qui travaillaient à ses côtés. Jamais elle n'ordonnait, d'ailleurs, elle préférait demander gentiment, aiguiller. Et jusque là, cela avait plutôt réussit.

Elle croisa quelques élèves poussant un peu le bouchon et leur fit remarquer. Tous réagir promptement, probablement plus effrayés par sa réputation que vraiment désireux de se corriger en réalité, mais cela ne la dérangeait pas outre mesure. Tant que l'ordre était maintenant, cela lui convenait. Pourtant, la jeune fille savait que c'était ce masque inflexible qui faisait la majeure partie du travail. A moins qu'elle eut été particulièrement attirante, elle doutait qu'elle aurait eut le même impact en demandant gentiment. Vraiment dommage, mais les choses étaient ainsi, et elle avait apprit à s'en accommoder.

Plus d'une fois, cependant, pendant sa petite patrouille, elle se sentie épiée. Elle se retourna à de nombreuses reprises et finit par repérer le détail commun. Elle était suivie. Bien entendu, elle se mit à réfléchir sur les raisons. Elle savait que plusieurs personnes ne l'appréciait pas, ne la trouvait de loin pas assez permissive, et il y en avait sans doute plusieurs qui auraient voulu mettre la main sur elle pour allez savoir quoi. Rien de très honorable en tout cas. Il y avait également une personne dont elle entendait de plus en plus parler, ce fameux trafiquant d'informations et maître-chanteur. Cependant, la personne qui la suivait n'était pas assez grande, à moins qu'il ait « engagé » un espion.

Pendant un bon moment, Tera se laissa suivre, continuant son travail de surveillance et de prévention. Elle continuait de jeter régulièrement des coups d’œil en arrière, mais sans parvenir précisément à savoir qui la filait de cette façon. En tout cas, qui que soit cette personne, elle n'était pas très douée, mais très obstinée. Et plus les minutes passait, plus le fait d'être ainsi observée lui tapait sur les nerfs. Si les gens s'écartaient de sa poursuivante, ils ne faisaient aussi avec elle petit à petit, à mesure que son expression trahissait une certaine irritation, même si elle s'efforçait d'en cacher la majeure partie.
Accélérer, changer soudainement de trajectoire, rien n'y faisait, elle était toujours suivie.

Puis, au final, elle craqua. Elle tourna soudainement à un embranchement et se cacha derrière le premier obstacle qu’elle vit, fort heureusement assez grand pour la dissimuler. Et comme elle s'y attendait, son poursuivant se précipita derrière elle, lui permettant de l'attraper et de la coller dans le coin ou elle se cachait. Sans violence, mais avec assez d'énergie pour la prendre de court. Et là, surprise.
Si on lui avait dit que la personne la suivant était elle, elle s'en serait fortement étonnée, et l'était, en fait. Fujioka Nagisa, kohai et camarade de chambre de la Leader du Comité de Discipline. Elle qui s'était attendue à une personne à problèmes se retrouvait avec une antisociale qui la pistait sans savoir pourquoi. Un long soupire lui échappa.

« Alors c'était toi... »

Secouant la tête, l'air dépité, Tera chercha rapidement une raison à un tel comportement. Et malgré ce qu'elle savait de sa cadette, elle n'avait aucune idée de la raison pour laquelle elle s'était mise à la suivre de cette façon. Elle doutait également qu'elle soit utilisée par qui que se soit : elle était beaucoup trop trouillarde pour servir à qui que se soit.
Pendant quelques longues secondes, la Leader du Comité de Discipline se contenta de la fixer, consciente qu'elle allait plus l'effrayer qu'autre chose. Et encore, elle n'avait pas sortir son effrayant sourire qu'elle servait aux personnes dépassant les bornes.

« Je peux savoir pourquoi tu me suis de cette façon depuis le début de la pause déjeuner, Fujioka-san ? »

Elle avait volontairement appuyé sur la façon de l'appeler, peut habituelle pour un sempai envers un kohai. Pourtant, pour elle, c'était plus régulier : elle se servait de tels petits détails pour intimider et faire parler les gens. De plus, dans le cas présent, elle avait coincée Nagisa dans un coin, ce qui l'empêcherait de fuir si elle ne se décidait pas à parler. Et quand bien même elle tenterait, Tera était une très bonne athlète, et ne doutait pas de sa capacité à la rattraper pour exiger une réponse...

Elle l'avait suivit longuement sans rien déceler d'anormal. Elle ne voyait pas en quoi Tera Kishiro était surnommée « le démon souriant » par certains des élèves... ça devait juste être une mode en fait puisque, c'était vrai, elle n'avait jamais vu la jeune fille se départir de son sourire. A tel point qu'elle ne pouvait que s'imaginer ce que ça donnait lorsque cette dernière le perdait. Et d'ailleurs, allez savoir pourquoi, elle n'avait absolument pas envie de voir ce sourire s'effacer en sa présence, ayant le pressentiment que, si cela arrivait, elle aurait plus de chance de survivre à une explosion nucléaire...

D'ailleurs, concernant ce sourire, puisqu'elle la voyait de dos, elle ne pouvait pas savoir si elle le portait en ce moment... Et puis d'ailleurs elle s'en fichait hein. Suivre quelqu'un, ça se faisait de dos. Si elle s'était trouvée devant, c'était elle qui était suivit. CQFD.

Ne restait finalement qu'un sentiment désagréable de s'être fait roulé dans la farine. Elle s'était attendue à du grand spectacle vu ce que tout le monde en disait, mais il semblait pourtant que Tera était une leader du comité de discipline tout ce qu'il y avait de plus exemplaire. Elle parlait gentiment et remettait les gens dans le droit chemin. Décidément, les créateurs de rumeurs n'avaient rien d'autres à se mettre sous la dent ?

Elle aurait pu s'arrêter là, rebrousser chemin et repartir vivre sa petite vie... Mais sa curiosité fut la plus forte. Il était TOUJOURS possible qu'il se passe quelque-chose, n'importe quoi qui confirmerait ou, au contraire, infirmerait les dires des gens qu'elle avait entendu. Plongée dans ses réflexions, ce fut au dernier moment qu'elle vit sa cible prendre brusquement un embranchement sans crier gare et qu'elle couru à sa suite pour la rattraper. Tellement fixée sur ledit embranchement, elle ne vit pas un pourtant très grand étudiant aux cheveux noirs et courts et au visage orné de lunettes. Elle lui rentra de plein fouet dedans mais, trop excitée par sa filature, elle se contenta de s'excuser brièvement en s'inclinant, ce à quoi l'autre répondit qu'il n'y avait pas de mal. Elle tourna à l'embranchement sans remarquer que ledit grand étudiant l'observait d'un oeil... avide.

Enfin passons, elle tourna donc et, surprise, remarqua qu'il n'y avait plus la moindre Tera en vue. Elle continua à courir sur quelques-mètres jusqu'au moment ou elle fut attrapée et collée dans un coin à l'abri des regards...

Elle se prépara à hurler mais se retint juste à temps au moment ou elle vit qui était son « agresseur ». Elle crut se liquéfier sur place en remarquant qu'il s'agissait de Kishiro-san. Si elle avait pu se cacher dans un trou de sourire pour ne pas avoir à faire face à la honte de s'être faite avoir comme une bleue (ce qu'elle était en matière de filature), elle l'aurait fait.

Elle ne se liquéfia pas, ce qui pourtant l'aurait bien arrangée, et ne pu pas non plus rentrer dans un trou de souris malheureusement. Tout ce qu'elle pouvait faire était de fixer la leader du comité de discipline avec des yeux de petite souris effrayée, ce dont elle se sentait le plus proche en ce moment.

Elle ne fit pas un geste au moment ou la jeune femme parla la première fois, bien trop impressionnée et effrayée pour répondre quoi que ce soit. Mais lorsqu'elle lui demanda pourquoi elle la suivait depuis tout à l'heure en insistant beaucoup sur son nom de famille suivit du suffixe « san », elle sentit que le peu de défenses qu'elle s'était construite à la hâte pour pallier à l'événement était en train de s'écrouler les unes après les autres. Elle baissa le regard et s'expliqua d'une toute petite voix à peine audible.

« J... J'ai entendue d...d.d..d.d..des rumeurs c..c.c.c..comme quoi tu...vous... tu étais un d...d.d.d.d....d.d.d... »

Elle n'arrivait pas à le dire. C'était trop dur, surtout lorsque l'on était coincée dans un coin par la principale concernée par les rumeurs... Enfin, après quelques secondes de réflexions, elle décida qu'il n'y avait rien à se reprocher et la regarda droit dans les yeux avant de dire.

« Démon ! »

Elle l'avait peut-être dit un peu fort cela dit. Elle se concentra pour ne plus bégayer afin de reprendre, de nouveau avec sa petite voix à peine audible.

« Je voulais juste voir si c'était vrai... »

Elle releva à nouveau les yeux d'un coup, mettant les poings devant sa poitrine pour bien appuyer ses propos.

« M... Mais j'ai vu que c'était pas le cas ! Tu as l'air... gentille ! Je voulais juste faire ma curieuse... Je ne te suivais pas pour faire un coup fourré je le jure... »

Sa voix était devenue de plus en plus basse et voilà qu'elle s'était mise à pleurer... Oui, en ce moment Tera Kishiro l'effrayait et la seule raison qui faisait qu'elle n'avait pas encore fui à toute jambes était qu'elle était bloqué.

La réaction de la Leader du Comité de Discipline fut simple, et probablement inattendue. Elle ferma les yeux et soupira longuement, de lassitude majoritairement. Elle s'était faite suivre, de façon peu discrète et efficace, à cause de rumeurs. Ces mêmes rumeurs qui lui servait, au final, puisqu'elles permettaient de faire hésiter certains avant de faire n'importe quoi. Et c'était précisément ça qui avait conduit l'antisociale à la prendre en filature. L'absurdité de la chose demanda un instant à Tera pour qu'elle l'intègre.

« C'était juste pour ça... »

Elle secoua la tête, un brin dépitée. Elles se croisaient tout les jours dans la chambre, et elle avait ressentit le besoin de la suivre ? C'était tellement bête que ça ne l'étonnait pas vraiment de sa part, en fait. La jeune fille croisa les bras et rouvrit les yeux, regarda un instant sa kohai. En larmes. Rien que l'image arracha un nouveau soupire à Tera.

* Et merde... *

La Leader du Comité de Discipline jeta un regard de chaque côté du couloir, ne remarqua personne, et fouilla ses poches pour tendre un mouchoir à la demoiselle qu'elle avait sous les yeux en train de pleurer. C'était bien une des rares fois où elle provoquait une telle réaction, et même si son masque de dureté implacable ne laissait pas paraitre grand chose, elle était forcée de s'avouer que ce n'était pas vraiment le genre de réaction qu’elle voulait susciter. Mais faire correctement son devoir, assumer correctement le rôle qu'on lui avait donné – correction, qu'elle avait choisit – était à ce prix. D'autres auraient déprimé à cette pensé, elle non.

Elle baissa un peu la voix, histoire de ne pas risquer qu'on la surprenne à trop de compassion, ne voulant pas non plus tuer sa réputation.

« Je le suis parce que je le dois, mais ça ne veut pas dire que je suis constamment en train de m'en prendre à tout le monde. Le suis à la tête du Comité de Discipline, pas d'un club de harcèlement moral. Je ne m'en prends qu'à ceux qui dépassent les bornes volontairement et ne corrigent pas leur comportement. Donc oui, je fais peur, à ceux-là. »

Tera attendit un moment, espérant qu'elle se calme. Elle avait volontairement prit une voix nettement plus douce que ce que d'autres avaient pu entendre, mais reprit son rôle dés que Nagisa se fut calmée. Un air plus neutre, une voix un peu plus dure, sans pour autant passer pour méchante.

« Je ne compterais pas ça comme une attitude répréhensible, mais tu devrais faire attention quand tu piste les gens comme ça. Tu vas passer pour une folle et finir harcelée pour ça. Sans compter que certaines personnes pourraient se montrer beaucoup moins compréhensives que ça. »

La jeune fille croisa les bras, laissa échapper un petit soupire de plus, et la regarda. Elle se demandait vaguement pourquoi elle avait choisit une méthode aussi bancale que la suivre de cette façon pour vérifier les rumeurs, alors qu'elle aurait pu simplement demander aux gens...

Se calmer... Il fallait juste se calmer. Les rumeurs étaient des rumeurs, et se retrouver bloqué dans un coin comme ça avait une explication logique et toute simple : Elle l'avait suivie et la leader du comité de discipline s'était sentie menacé. C'était tout ce qu'il y avait à se dire...

Même si elle était en larmes, Nagisa était tout de même contente d'avoir pu expliquer le pourquoi du comment de la chose (logique oui...). Dans d'autres circonstances qui ne dépendaient que de l'état de sa petite caboche, elle aurait sans doute murmuré un tas de borborygmes incompréhensibles qui avaient une nette tendance à énerver les rares interlocuteurs qu'elle cotoyait.

Lorsque Tera lui dit que c'était juste pour ça, plus pour se le dire à elle même que pour poser la question à Nagisa en fait, cette dernière hocha tout de même vigoureusement la tête pour montrer que oui, ce n'était que ça, rien d'autres ! Il fallait absolument qu'elle soit sûre que cette donnée avait été insérée dans le cerveau de l'implacable Tera Kishiro et qu'elle y soit gravée pour le restant de ses jours... Sans ça, Nagisa ne pouvait résolument pas se calmer efficacement.

Et c'est là que l'impensable se produisit... et prouva à Nagisa que les rumeurs n'étaient que des rumeurs. Tera lui tendit un mouchoir. Un geste si simple de compassion et que pourtant elle n'aurait jamais cru pouvoir voir un jour de la part de celle qui était considérée comme impitoyable, implacable et, parfois même, possédant un cœur de pierre. A vrai dire, elle n'aurait même pas eu besoin de l'explication de la jeune femme concernant son attitude démoniaque...

Non, le simple fait de se faire tendre ce mouchoir était une preuve bien plus que flagrante qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Si Tera avait-été telle que les rumeurs la décrivaient, elle l'aurait sans doute laissée pleurer et rudoyer un peu plus histoire de lui faire cracher un morceau qui n'existait pas. Elle la laissa finir sa phrase puis se saisit du mouchoir avec un petit.

« Merci... »

Juste avant d'essuyer les sillons humides qui s'étaient tracé sur ses joues. Oui, elle s'était calmée, plus ou moins. Elle n'aimait pas du tout la situation dans laquelle elle se trouvait à présent mais était tout de même en état de discerner le vrai du faux. Croire que Tera disait la vérité quand à ses agissements au comité de discipline relevait du bon sens... On ne pouvait résolument pas mentir en paraissant aussi sincère, non ?

Puis, elle se fit sermonner. Bon, elle s'y attendait beaucoup. Elle aurait été bien plus surprise si Tera ne l'avait pas fait. Mais le fait de s'y attendre n'empêcha pas qu'elle dû se concentrer de toutes ses forces pour ne pas fondre en larmes à nouveaux. Et puis... Il y avait cette proximité. Elle détestait ça ! Elle se demandait encore comment elle avait fait pour ne pas s'évanouir en réalisant que Tera l'avait bloquée dans un coin en se tenant à bien moins d'un mètre d'elle... Le mètre étant la distance limite de sécurité qu'elle imposait à tout le monde.

Il ne fallait surtout pas essayer un contact peau contre peau... car dans ce genres de cas, soit Nagisa s'évanouissait directement, soit elle entrait dans une crise de panique qui la faisait frapper à peu près tout ce qui bougeait, puis s'évanouissait. Dans un cas comme dans l'autre, elle ne se rappelait généralement de rien lorsqu'elle se réveillait.

Heureusement, pour elle comme pour Nagisa, Tera cessa plus ou moins de la coincer au moment ou elle croisa les bras. Elle était toujours dans un coin, et ne pouvait toujours pas bouger... et en fait elle était toujours totalement bloquée et s'en rendait absolument compte. Le fait que Tera ait l'air finalement sympa, que les rumeurs soient infondées... ça n'y changeait absolument rien. Tera était trop proche, Nagisa était bloquée et cette dernière ouvrait des yeux de plus en plus grands tandis que sa respiration devenait de plus en plus rapide et que quelques gouttes de sueurs perlaient sur son front.

« Je... veux... b..b.b..bouger de là ! »

C'était bien la première fois que Nagisa parlait aussi fort depuis le début de la conversation, et elle se recroquevillait de plus en plus sur elle même. Même si elle savait très bien que c'était une crise de panique en train de débuter, elle ne pouvait absolument rien faire pour la désamorcer même si elle essayait de toutes ses forces en tentant de se rassurer en se disant que Tera ne lui ferait rien.

Mais bon, ça ne changeait pas grand-chose. Il lui fallait de l'air, il ne lui fallait plus être bloquée, et il fallait qu'elle réussisse à mettre au moins 2 mètres de distances entre elle et Tera.