Hideto déposa avec satisfaction ses quelques bagages sur le pas de la porte, s'apprêtant à découvrir ce qui allait être sa future chambre pour bon nombres de jours à venir. Il sortit de sa poche les clés qui lui avaient été remises, mais attendit avant de rentrer. Il s'assura que personne ne traînait dans le couloir et apposa son oreille contre le bois de la porte.
" Ca devrait aller..." murmura t'il pour lui même, ne décelant aucun bruit provenant de l'intérieur pouvant indiquer que cette chambre était déjà occupée. Ne traînant pas une seconde de plus dans ce couloir il pénétra à l'intérieur tirant une dernière fois ses bagages de ses bras usés par le long et harassant voyage du jour. C'est avec joie qu'il constata que la chambre était bel et bien vide, et qu'il disposait de cet espace pour lui tout seul. Il avait eu peur en arrivant dans un pensionnat de devoir partager son intimité avec quelqu'un d'autre, et cette angoisse ne l'avait pas lâché de la journée. Avec lassitude il se laissa tomber sur un lit... Le plus proche et le plus bas de préférence, et traîna simplement ses bagages jusqu'à lui. Dans la solitude, il se permit de défaire sa veste et sa chemise pour enfiler un simple t-shirt blanc, et s'allongea sur les draps qu'il avait précautionneusement inspectés sous toutes les coutures.
Se faisant il porta sa main à son front, et prit d'un coup de fatigue, le massa des doigts en soupirant. La chambre, ni grande, ni très petite était composée de deux lits, et d'une table disposée plus ou moins aléatoirement, selon les activités des anciens occupants sans doute. Il y avait également une fenêtre qui ne donnait ni sur la cour, ni sur le parc, sur un angle entre les deux. Le soleil déclinait marquant la fin de cette fatigante journée, passée à subir la morale parentale couvrant les prétextes et excuses trouvées à son insertion dans ce pensionnat de Tokyo, et à transporter des bagages pour au moins un mois dans le train et le bus.
Il étira ses bras, et son dos courbaturés, et s'amusa à triturer machinalement une de ses mèches de cheveux tandis qu'il réfléchissait. Il traçait dans son esprit le schéma récapitulatifs des derniers jours, mois, ou encore années qui l'avaient amené jusqu'ici, puis un spasme d'angoisse le secoua quand il repensa qu'il avait du s'inscrire au club d'écriture... Rien que l'idée de devoir écrire en présence d'autres personnes le stressait.
* J'espère qu'il n'y aura vraiment personne dans ce truc… * songea t’il alors que ses yeux et sa bouche esquissaient inconsciemment une grimace mêlée d'agacement et d'un soupçon de dégoût.
* Il faudra que j'aille me renseigner...demain...ou... je sais pas. *
Il se leva brusquement sans plus y réfléchir et se dirigea vers la petite porte qui sans doute cachait les toilettes. Au passage il remarqua une penderie qui lui avait échappée, car elle était cachée dans l'angle du mur adjacent aux lits. Il pourrait y installer toutes ses affaires, mais étant méfiant de nature, l'idée de partager cette penderie ne lui plaisait guère... De toute façon il était trop fatigué pour penser à ranger ce soir, il s'engagea donc dans les toilettes, une petite pièce exiguë avec un petit lavabo, mais pas de salle de bain à son plus grand étonnement... Des douches communes, des chambres mixtes... Dans quel établissement était-il tombé...?
Sûrement pas un établissement digne de lui... Mais le seul pensionnat qui fût dans les moyens de ses parents, et sur cette affaire il n'avait pas vraiment eut le choix. De plus, se plaindre devant eux est contre ses principes de fierté, ce serait synonyme de rabaissement. Il était donc parti sans rechigner, sans même gratifier sa famille d'un mot à vrai dire, mais avec un profond mépris dans le regard... Un art dans lequel il était passé maître. Depuis les toilettes il entendait des voix dans la chambre voisine, rien de très précis, mais suffisamment pour comprendre:
1- Que c'étaient majoritairement des filles.
2- Qu'elles avaient l'air de bien s'amuser.
Ce genre de rire l'insupportait naturellement. Il trouvait ces éclats d'émotion vulgaires, et cela ne lui donnait que l'envie d'aller leur passer, à elles, l'envie de s'esclaffer pour un rien. Cependant malgré son irritation apparente, il s'immobilisa pour percevoir davantage les bruits provenant de l'autre côté. Il ne resta pas longtemps finalement, ne pouvant comprendre qu'un mot sur trois, et s'en revint à son lit tout en soupirant. S'asseyant sur les draps, il ôta ses chaussures, et se laissa glisser sur le dos, ses mains retombant sur sa poitrine et triturant ses doigts comme quelqu’un qui s’ennuie simplement, en pleine contemplation méditative du plafond dont le blanc s'assombrissait à vue d’œil.
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