Mais que faisait-il là ? [PV Mwajolie]

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Mais que faisait-il là ? En voilà une question qu'elle est bonne ! En tout cas, elle passait et repassait en boucle dans sa tête. Il avait voulu faire un tour à l'école, espérant plus ou moins revoir sa sœurette. Il avait donc parcouru les couloirs mais, en théorie, il se dirigeait vers les dortoirs. Son sens de l'orientation était pourtant bon, normalement, et il connaissait assez les bâtiments pour ne pas s'y perdre. Pourtant, force était de reconnaître qu'il ne s'était pas pointé à l'infirmerie intentionnellement... Le brun haussa les épaules et alla jeter un œil au placard de l'infirmière. Il trouverait peut-être quelque chose qui rentabiliserait sa venue ici... et soignerait son mal de crâne naissant.

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Malchance de chez malchance. Sa plaie, celle qui barrait la moitié de sa cuisse, oui celle là, celle qu'elle s'était faite tout bêtement en observant son seul ami qui s'enrhumait sous la pluie, assise sur un gros bout de verre. Oui, celle là, elle s'était rouverte. Comment ? Bah pratiquement pour la même raison, a croire que les bouts de verre étaient ses amis. Alors là, aucun problème, où serait le gêne, si elle retournait dans sa planque, elle se soignerait à nouveau, et le tout était réglé. Mais non ! Fallait pas, sinon ce serait bien trop simple voyons ! Il fallait que le nécessaire à sois soit complètement vide. Oui, vide comme le néant, comme un trou, comme le grand canyon lui même. Là, c'est carrément de la poisse. Alors comment, faire ? Tout simplement comme elle avait fait pour remplir sa boite à miracles : voler à l'infirmerie. A quoi servait tous ses soins pour des adolescents qui ne viennent que pour sécher les cours. C'était en courant qu'elle était arrivée. Il était dangereux pour elle de sortir pendant cette période. Elle était entrée, porte ouverte, personne dans l'infirmerie, qui plus est. Quelqu'un était devant l'armoire. Pensant trop fort, elle ne put s'empêcher de s'exclamer, doucement tout de même, et avec ironie.

- Eh ben, faites la queue à la caisse, promotions moins 50 % ...

Totalement débile, elle aurait pu s'abstenir, mais à quoi bon ? Elle n'avait pas besoin de faire attention aux autres.

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Il avait entendu des pas dans le couloir et s'était arrêté net, le bras levé vers l'armoire, les muscles tendus. Sans se retourner néanmoins, il sut que la personne qui empruntait le couloir avec si peu de délicatesse venait d'entrer dans l'infirmerie. Le brun laissa retomber son bras le long du corps et se retourna au moment même où la jeune fille s'exclamait quelque chose d'aussi insolite que drôle. Un pétillement amusé apparut dans ses yeux bleus, et disparut tout aussi vite. C'est alors qu'il aperçut sa plaie. Sanglante était le mot juste. Il se décala d'un pas, ouvrit une des portes de l'armoire, choppa du désinfectant et de quoi faire un bandage et lui lança le tout. Pas qu'il s'inquiète pour elle, mais plus vite elle aurait ce qu'elle voulait, plus vite il serait seul.

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Étonnamment, la personne qui faisait face à la japonaise ne lui inspirait pas pitié, comme n'importe qui qu'elle aurait pu voir ici, en fait. Elle se serait bien marrée, en voyant une fille qui se plaint de maux de ventre, alors qu'en fait, c'est la panache de n'importe quelle femme. Non, elle ne pensait pas cela de cette personne qui, il fallait le dire, avait l'air d'en imposer. Bien évidemment, elle s'en fichait, comme de sa première blessure (haha). Mais lorsqu'elle attrapa au vol le nécessaire pour se soigner, elle se rendit compte que, même si il n'avait pas l'air particulièrement sociable, gentil, attentionné, bref, ennuyeux, il n'était certainement pas clairvoyant, ni magicien. Logique, me direz vous. Il ne pouvait pas deviner que la jeune fille ne venait pas uniquement pour se soigner et repartir. Aussi, l'ignorant comme elle ignorait le mur et comme elle aurait ignoré n'importe qui, elle s'avança de l'armoire, et sortit un peu tous les pots, les tubes, et autres produits. Il y avait généralement plusieurs exemplaires du même produit, si un de chaque disparaissait, sans doute l'infirmière ne le remarquerait pas, du moins, l'image que Majoren se faisait de l'infirmière n'était pas celle d'une personne qui compte les cachets dans l'armoire. Aussi, elle commença à prendre un peu de tout, car les réserves se faisaient un peu trop basses. Des cachets par-ci, des crèmes par là, son marché se fit quand même en plus de trois ou quatre minutes. Elle s'avança vers le bureau, posa sa jambe dessus, et commença à soigner sa plaie. Elle attirait trop l'attention, avec.

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Il avait espéré. Il n'aurait pas du. Non contente d'avoir de quoi régler son problème de blessure, la jeune fille fit son marché dans la petite armoire de l'infirmière. Espérait-elle que cela ne se remarque pas ? Enfin... C'était son problème après tout. Et, à dire vrai, tant qu'il restait du paracétamol, elle pouvait tout emporter, tout ! Ce n'était pas lui qui irait lui faire la morale, lui dire que voler c'est pas bien. C'était quand même son occupation principale à lui alors...

"Tu devrais aller à l'hosto."

Une plaie comme ça ne se soignait pas à la va-vite, à moins de vouloir des cicatrices comme il en avait sur tout le corps. Bon, il y avait fort à parier que la miss s'en moque, mais au moins, il avait fait sa BA du jour.

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Quel humour ! La joie emplissait son coeur. Non, je rigole. Mais il était plutôt drôle de s'entendre dire qu'elle devrait aller à l'hosto. Bien sûr, et heureusement, l'homme ne savait rien de sa situation. Et surtout, il ne savait rien de sa vie, et s'en fichait, ça se voyait à sa tête. C'était le genre de gars dont Majoren aimait bien "l'aura". Ce genre de personne qu'elle ne détestait pas au premier abord, et qu'elle ne trouvait pas pathétique. Et dieu sait qu'ils étaient rares, ceux là. Elle sourit, faussement, bien sûr, feignant la joie, l'envie de rire, et ne s'exclama qu'un petit.

- Oh !

Et puis plus rien, le retour de l'indifférence, de la froideur, et surtout par dessus tout, l'ironie. Sa voix se fit plus grave, toujours féminine, mais moins gamine. Elle aimait jouer avec ça.

- Nan, trop risqué. Pas besoin de ça.

N'importe qui aurait pu croire quelque chose d'absolument faux : qu'elle avait peur des médecins. Malheureusement, ou heureusement, c'était vraiment complètement à côté. Elle se soignait toujours seule, même ce genre de blessures. Miraculeusement, car bizarrement, elle avait toujours de la chance avec ça, elles ne laissaient aucune trace, ou du moins, très peu. Elle était étrange comme fille. En plus elle se fichait totalement d'avoir un grain de peau parfait et un épiderme lisse et uniforme. Manque de chance pour les autres, elle l'avait. Et toc.

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Il haussa un sourcil, puis plus rien. Trop risqué ? Peut-être avait-elle autant d'affinités avec la police que lui, ou alors elle ne voulait pas expliqué à ses parents pourquoi ils devaient de l'argent à l'hôpital. Ma foi, elle ne lui paraissait pas être le genre de fille inquiète des dires de ses parents, mais il ne la connaissait pas -et ne tenait pas à la connaître. Qui qu'elle soit, elle n'était qu'une inconnue parmi tant d'autres, une avec qui il faisait un bout de route avant d'emprunter un croisement différent.

Il haussa les épaules et se retourna, faisant voltiger légèrement ses cheveux dans son dos. Une fois la boite d'aspirine repérée, il la saisit, en sortit un comprimé et prit un verre d'eau pour l'avaler. C'était toujours ça de fait, ça le soulageait.

Un coup d'œil à la demoiselle lui indiqua qu'elle n'avait toujours pas fini son œuvre. Il laissa ses yeux bleus s'attarder sur sa cuisse blessée, l'esprit pourtant à mille lieues de là.

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La japonaise avait pensé tout de même que courir avec l'uniforme, histoire de passer inaperçu, évidemment, pas pour le plaisir de le mettre, permettrait de ne pas mettre de sang dessus, et donc de ne pas attirer l'attention. Perdu, évidemment. Du sang avait atterri dessus. Tant pis, de toutes façons, quelle était la probabilité pour qu'elle le remette un jour ? Elle n'entrait que rarement dans l'école, ce n'était qu'un laisser passer pour elle. Son bandage fut rapidement fait, et un instant, elle tourna la tête par simple curiosité afin de voir ce que faisait l'autre. Ca ne l'intéressait pas tellement, c'était tout simplement histoire de faire faire quelque chose à sa tête qui se crispait, étant donné que la position dans laquelle elle était n'était pas franchement confortable. Plus vite elle aurait terminé son bandage, au mieux elle s'en porterait.

Ensuite, elle s'avança vers le sac vide, dans lequel elle s'apprêtait à mettre ses réserves volées. Quelle méchante fille elle était. La jeune fille observa un instant, faisant l'inventaire. Certains tubes de crème étaient inutiles, puisqu'elle n'en manquait pas. Et puis ce serait moins suspect si elle les reposait. Aussi, elle en prit deux ou trois et les remit dans l'armoire. Ensuite, plus par envie de "sonder" l'autre personne que par véritable intérêt, elle demanda.

- C'est entrer dans cette école qui te donne mal à la tête ? C'est la panache de pas mal de monde, enfin au moins une personne.

Et pour cause, elle fit la même chose que lui, le paracétamol, c'était très bon, d'après elle. Et sa tête faisait des siennes. Non contente d'avoir mal à la jambe, il fallait qu'elle aie l'impression que son cerveau dansait le para para dans son crâne.

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Sans doute aurait-il sourit s'il avait été du genre "normal". Mais il n'était pas comme ça, pas expressif et ne tenait pas à l'être. Les souvenirs qu'il gardait des rares moments où il se permettait de montrer ce qu'il ressentait était tous teintés de tristesse, voire de sang. Il se contenta donc de son éternel visage impassible, sondant juste la demoiselle du regard.

Elle lui plaisait bien cette fille. Pas sexuellement, mais psychologiquement. Pas inintéressante, pas niaise, pas faussement forte. Juste elle, et c'est ce qu'il préférait.

"Je suppose qu'à nous deux nous formons le "pas mal de monde"..." se contenta-t-il de répondre en la voyant piquer un comprimé d'aspirine. Dans le fond, il savait qu'elle se moquait pas mal de savoir pourquoi il avait réellement mal au crâne, de même qu'il se contrefichait de ce qui avait pu causer sa blessure à sa jambe. C'était surtout à se demander pourquoi ils n'étaient pas repartis dans leur coin tous les deux.

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Pas mal de monde, c'était un bien grand mot, enfin une expression, il fallait l'avouer. A vrai dire, elle avait pensé à elle, cet homme, et peut être Tenver, puisqu'elle lui avait dit sur le toit qu'elle n'était jamais entrée dans le bâtiment. Majoren, elle avait réussi cet exploit, encore une fois, elle pourrait lui prouver qu'elle était une gamine, la prochaine fois qu'elle verrait la fille aux cheveux rouges. Ceci dit, parler de tout et de rien n'était pas leur activité favorite.

La brune entendit un bruit, et se retourna immédiatement vers la deuxième porte ouverte de l'infirmerie. Un porte avait claqué dans la salle d'à côté. Complètement bête, de laisser tout ouvert avec le vent. Heureusement, les cours avaient lieux, si elle croisait une niaise qui venait voir Mme l'Infirmière, elle l'aurait envoyée sur les roses.

- Ca fait deux élèves niais potentiels en moins, c'est déjà ça.

L'esprit ailleurs, elle répondait ce qui lui passait par la tête, ne sachant pas pourquoi elle n'était pas partie, comme elle l'aurait fait normalement. Son regard cherchait quelque chose, mais elle ne savait plus exactement quoi.

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Un claquement lui fit lever les yeux. Il chercha durant quelques secondes l'origine du bruit qui l'avait extrait si violemment de ses pensées et la trouva enfin. Une porte. Une simple porte qui s'était refermée à cause d'un courant d'air. Cela lui fit penser que l'infirmière ne tarderait certainement pas à revenir, où qu'elle soit allée.

"Hn."

Que pouvait-il dire d'autre ? Il n'avait rien d'intéressant à lui répondre, et lui dire qu'il n'était même pas de Shokuboo Inochi ne servait pas à grand chose. Le jeune homme observa un peu autour de lui. Les lieux avaient un peu changé depuis l'unique fois où il avait mis les pieds ici, quand Miyu était enceinte. Ca commençait à faire un certain temps maintenant.

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A présent, que faisait-elle encore là ? Rien ne servait de rester, à part peut être de se mettre encore plus en danger, mais l'adrénaline, elle n'en avait pas besoin ce jour là. En une soirée, elle avait eu sa dose pour un bon bout de temps et même si elle pouvait devenir dépendante de ça, ça n'était pas encore le cas. Ca faisait deux fois qu'elle sortait, deux fois de trop, et ça avait été nécessaire pour elle, maintenant, il lui fallait retourner se cacher, elle ne voulait pas courir de risque elle même, et surtout ne pas faire courir de risque à son seul ami du moment. Il était tellement rare qu'elle s'attache à quelqu'un de la sorte, alors autant en profiter, après tout. Elle rangea vite fait les boites et tubes qui n'étaient pas dans son sac, puis le ferma. Elle jeta un regard circulaire pour vérifier qu'elle n'avait pas laissé de trace de son passage, autre qu'un mélange d'odeur de shampooing et de tabac qui, étonnemment n'était pas une odeur immonde, puis jeta un regard à cet étrange personnage qui ne lui accordait aucun regard à présent. Curieuse personne, mais intéressante tout de même. Si elle le croisait, elle ne l'ignorerait peut être pas. Elle lui adressa un grognement significatif, et se dirigea vers la porte de sortie de l'infirmerie. Bientôt, les cours termineraient, aussi, dès qu'elle fut dans le couloir, elle jeta un dernier regard rapide dans l'infirmerie et partit en courant, afin de disparaître à nouveau dans le dédale des ruelles.

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