(Merci les filles^^)
Chapitre 1 : première journée, jour de rentrée
Voilà, nous y étions. Aujourd’hui, Chiyo Hideaki, quinze ans, beau jeune homme aux longs cheveux d’ébènes allait commencer son année à Shokuboo Inochi. Il avait réussit sans surprise le concours d’entrée et pourrait faire sa rentrée avec seulement quelques jours de retard. Le jeune homme jeta encore une fois un regard sur la lettre qu’on lui avait envoyé. Classe 2C. Le professeur principal, Teru Momiji-sensei, le guiderait jusqu’à la classe qui serait dorénavant la sienne.
Avec un nom pareil, le lycéen s’attendait à faire face à une femme. Pourtant, quand il parvint devant la salle des professeurs, ce fut un homme qui semblait à peine plus vieux que lui qui patientait. Le brun ne lui donnait guère plus de 20 ans, et pourtant, il était sans doute plus âgé.
« Ohayo ! Tu dois être Chiyo Hideaki-kun n’est-ce pas ? Oui, question idiote puisque j’ai ta photo sous les yeux. Bon eh bien allons-y, qu’en dis-tu ?
- Allons-y professeur. »
Le trajet jusqu’à la salle 2C fut ponctué d’interventions enthousiastes du jeune professeur. Celui-ci ne cessait d’indiquer tels ou tels endroits à l’adolescent. Ce dernier avait décroché au bout d’une minute de cet incessant brouhaha. Il se contentait donc d’afficher un intérêt poli par rapport à ce qui lui était dit, hochant parfois la tête ou répondant un « Oui » un peu distant lorsque le professeur s’inquiétait d’être bien clair. Finalement, ils s’arrêtèrent devant une porte entrouverte que le professeur fit coulisser pour entrer, après avoir demander à Hideaki d’attendre dans le couloir. Ce dernier se posta sagement près du mur, peu avant l’entrée et écouta le professeur d’informatique présenter le nouvel élève, avant d’appeler celui-ci. Le lycéen entra alors sans se presser et jeta un regard circulaire à la pièce. Il repéra la seule table libre, sans doute sa place.
« Bien, je te laisse te présenter. »
Le brun tourna doucement la tête vers le professeur, puis vers les élèves et monta sur l’estrade. Il ne comptait pas s’y attarder mais s’il n’avait pas le choix, autant se dépêcher.
« Je me nomme Chiyo Hideaki. Je viens de Kyoto. »
Il ne précisa pas comme il était de coutume qu’il souhaitait bien s’intégrer parmi eux et passer une bonne année. Etant introverti et taciturne, peu de gens arrivaient à voir au-delà et ils étaient encore moins nombreux à chercher à se lier à lui après cela. De fait, il s’était habitué à être seul et se mettait généralement à l’écart de lui-même. La seule compagnie qu’il appréciait était celle d’un bon livre, un roman de préférence.
« Bienvenue !!! »
Les élèves répondirent en chœur. Certains avec un sourire, d’autres avec un vague air d’ennuis et pour la plupart de ces dames avec une lueur de désir au fond des pupilles. Pathétique à ses yeux, mais il n’en laissa rien paraître et se contenta de gagner sa place, puis de s’installer en snobant allègrement les curieux qui tentaient de converser avec lui.
***
« Hideaki-kun ! »
Le concerné leva les yeux de son livre. L’heure de la récréation avait sonné mais dans l’immédiat, ses camarades de classe étaient tous rassemblés autour de lui. Le meneur, ou celui qu’il identifia comme tel, était son interlocuteur du moment. A dire vrai, le nouveau venu avait bien envie de lui faire ravaler son Hideaki-kun. D’où se permettait-il tant de familiarités ? Cependant, se battre ne l’intéressait pas, aussi se contenta-t-il de reprendre sa lecture où il l’avait stoppée.
« Chiyo, on te cause ! »
Une autre voix retentit. Une voix de jeune fille, un peu aiguë et contenant mal la colère de sa propriétaire. Il l’ignora aussi. Leur présence l’agaçait. Il n’avait jamais aimé être entouré de tant de gens.
« Bon, puisque tu ne sembles pas vouloir répondre, je vais prendre comme acquis que tu es un grand timide. Je fais donc les présentations ! » reprit le meneur.
Un peu plus intéressé par un futur discours qui pourrait servir, le lecteur leva la tête et attendit patiemment. Il se crispa un peu en voyant le sourire victorieux de l’autre adolescent. Lui, il le cherchait vraiment et allait finir par le trouver. Pour le moment néanmoins, Hideaki se contenta de garder le silence.
« Voici Minoko Ai, ta voisine de derrière, Takura Aki, le grand timide de la classe (le concerné rougit furieusement et baissa le regard), Akimoto Tatsuya, notre chroniqueur préféré du collège... »
Les présentations continuèrent ainsi durant quelques minutes. Il s’efforça de mettre un visage sur chaque nom pour en mémoriser le plus possible.
« Maintenant, tu n’as plus d’excuses pour ne pas savoir à qui tu as affaire ! »
Facile à dire pour eux. Ils avaient déjà eu quelques jours pour apprendre à se connaître quand ils ne venaient pas de la même classe. En effet, la plupart d’entre eux étaient issus de la 1C, et les quelques autres ne semblaient pas avoir trop de difficultés à s’intégrer.
« Jun-kuuun !
- Oui amour ?
- Non, moi c’est Saori*, mais ce n’est pas grave. Tu as oublié quelqu’un dans les présentations ! »
L’adolescente qui avait parlé était une bien belle jeune fille, proportionné dans les règles de l’art avec des cheveux auburn qui lui tombaient sur les épaules avec grâce. Magnifique était sans doute le terme le plus adapté pour la décrire, et le fameux Jun était visiblement l’élu de son cœur. Cela n’empêchait pourtant pas la jeune fille d’avoir un sourire moqueur aux lèvres, et elle n’était pas la seule.
« Ah ? Qui donc ? »
Quelques rires s’élevèrent, et pourtant personne ne répondit. Hideaki garda les yeux rivés sur le garçon, l’observant compter sur ses doigts et secouer la tête quand de toute évidence, il se mélangeait les pinceaux.
« Non, vraiment, je vois pas. De qui parlez-vous ?
- De toi. »
Un silence s’installa dans la salle, contrastant étrangement avec le bruit provenant de l’extérieur. Il fut malheureusement brisé par la dénommée Minoko Ai avant que Hideaki puisse en apprécier toute la saveur.
« Il sait parler ! »
Il lui lança un regard furibond et en retourna du même coup à son livre, comme si le nom exact du susnommé Jun ne comptait pas.
« Ai, ma chérie, tu vois bien que tu le vexes voyons.
- Oups, pardon ! Mille excuses à sa Majesté alors ! »
Elle observa fixement le nouveau venu qui ne broncha pas.
« Yamazaki-san, tu vas finir par rendre Saori-chan jalouse ! »
Yamazaki Jun. Il avait le nom complet de celui qui voulait à tout prix le dérider. Satisfait, le brun esquissa l’ombre d’un sourire avant de regarder son bracelet-montre. Dans quelques secondes seulement, la sonnerie retentirait. Il n’avait pas pu réellement avancer dans son roman, et tout cela pour une bande d’énergumènes qu’il devrait supporter deux (trop) longues années. Quel gâchis ! Il soupira, mais le bruit de l’air expiré fut couvert par un bruit strident. Les cours pouvaient reprendre.
***
Hideaki referma son sac sans un bruit et sortit de la pièce. Son pas mesuré résonnait un peu dans les couloirs désormais vides. Il avait préféré travailler ici plutôt que chez lui, où ses parents ne manqueraient pas de s’affronter quand il ne s’agissait pas de son petit frère qui faisait des siennes. Le lycéen aimait sa famille, mais parfois il les aurait bien enchaînés et bâillonnés ! L’instant d’après, il ajouta deux autres personnes à la liste de ceux qu’il voulait mettre hors d’état de nuire : Yamazaki Jun et Minekura Shuuhei. A peine avait-il mis un pied hors du bâtiment qu’un bras s’abattit sur ses épaules. Le temps qu’il tourne la tête vers son « agresseur », Minekura était planté devant lui et lui récupérait son sac.
« T’en as mis du temps à sortir ! Allez viens, on va te décoincer ! Direction Shibuya !! », s’écria le meneur de sa classe.
« N...
- Pas de non ! Let’s go ! »
Minekura étant parti devant, il n’eut d’autres choix que de les suivre pour récupérer son bien. A dire vrai, il fallait aussi reconnaître que l’autre avait une sacrée force et le bras de Yamazaki passé autour de ses épaules l’obligeait à avancer s’il ne voulait pas trop avoir mal. Non qu’il soit douillet, et il aurait pu se débattre plus sans doute, il n’était pas empoté, mais pour un premier jour, ça ne le ferait sans doute pas !
Il les laissa donc faire, les écoutant distraitement parler tandis qu’il suivait la petite troupe quelques pas derrière. On avait finit par le lâcher à l’entrée du métro, il pouvait donc avancer à son rythme et ne s’en privait pas. Ses pensées étaient concentrées sur les deux jeunes gens devant lui, jusqu’à ce qu’il se rappelle de l’heure à laquelle il devait rentrer normalement. Il devait au moins prévenir ses parents de son absence. Ils seraient sans doute ravis qu’il se soit fait des « amis » en si peu de temps, lui qui était tellement « mis à part » et « réservé ». S’ils savaient...
« Hep, t’appelle pas des secours hein ! »
Il soupira un peu. Heureusement, le sourire du décoloré (Jun) lui indiquait qu’il plaisantait. Il préféra donc ne rien répondre et composa le numéro de portable de son père. Une fois l’appel terminé, il rangea son téléphone et regarda autour de lui. Une partie de la classe était attablée sur la terrasse d’un établissement de restauration rapide, regardant dans sa direction avec que Minekura leur racontait leur périple. A l’écouter, on pouvait aisément penser qu’ils avaient franchi une ou deux rivières en crue à la nage, affronté un dragon, un requin et une dizaine d’alligators et tout ça rien que sur le chemin menant de l’école à ici. Il ne fit néanmoins aucun commentaire là-dessus et se contenta de prendre un siège et s’asseoir.
« Il n’a pas l’air vraiment dérider. Vous êtes sûrs de ne pas l’avoir brutalisé ? Le pauvre chou ! »
Une fille coiffée à la garçonne lui sauta littéralement au cou. Il n’avait pas réussi à retenir son nom durant les présentations. Néanmoins, il n’oublierait pas son visage de sitôt, des jeunes filles moitié congolaises, moitié japonaises, il n’y en avait pas beaucoup. Ca la rendait donc assez « atypique » pour qu’il se souvienne d’elle.
« Kawara-chan, si tu ne le lâches pas, il va étouffer !
- Quoi ? Mais non ! Hein Hideaki-kun ! »
D’accord. Il semblait évident que son agacement quand on l’appelait ainsi était visible, et il paraissait également très clair que cela amusait énormément ses camarades de classe.
« Soma-sama est arrivé ! Kawara-chan, il va être jaloux s’il te voit pendu au cou d’un autre garçon...
- Où ? Où il est ? Ah il est là ! Kyo-koi !!! »
Soma-sama ? Il se demanda brièvement d’où lui venait un tel respect puisqu’il n’avait jamais entendu parler de lui mais après les éclats de rires de la classe quand la furie brune sauta au cou du susnommé, il apparut évident que ce n’était qu’une plaisanterie. Il n’en comprenait pas vraiment tous les aboutissants. Cependant, cela lui était égal, il n’avait plus de jeune fille accrochée à lui et c’était la seule chose qui comptait vraiment.
« Quel est le programme chef ?
- On laisse les filles faire les magasins et on se retrouve tous au restaurant au coin de la rue pour manger ce soir ! Tu as de l’argent Hideaki-kun ?
- Non. Et je rentre chez moi pour manger.
- Oh non ! On te paiera le repas, c’est pas grave.
- J’ai dis non. »
Un court silence s’installa.
« Ah tu es pénible ! J’ai dit qu’on te paierait le repas, alors tu fais un effort ! Même Takura-kun y est passé ! »
Ce dernier approuva d’un signe de tête et se tassa un peu plus sur lui-même en rougissant, mal à l’aise.
« Allez, le programme va à tout le monde ? »
Non, pas à lui. Tant pis, il récupèrerait son sac et s’en irait quand ils regarderaient ailleurs. Il en avait franchement assez d’être forcé à agir comme ils le désiraient et non comme il le voulait, lui !
----- Petites notes -----
* Amour se dit Ai en japonais, et c’est le prénom de l’une des filles de la classe, d’où la plaisanterie de Saori.