Tenver regarda autour d’elle. Elle inspira profondément et ferma les yeux. Debout, seule sur un des nombreux toits de l’école, elle mettait de l’ordre dans ses idées. Voila, aujourd’hui était son anniversaire. 18 ans qu’elle avait vu le jour. Elle était née au Japon, dans un hôpital minable, y était resté jusqu’à ses quatre ans et ensuite, elle et sa mère s’étaient envolées pour l’Angleterre. Le Japon détenait top de souvenirs douloureux pour Tomiko, la mère de Tenver. Elle n’avait jamais voulut y retourner. Elle était restée en pays anglophone jusqu’à sa mort. Sa vie n’avait été qu’un ramassis d’immondices et elle avait espérée de tout son cœur que sa fille ne vive pas la même chose. Et voila que sa propre fille se trouvait au Japon, pays tant haït. La jeune femme soupira et s’assit, sa robe à volant repliée sous elle, les jambes sous relevées sous son menton. Ses cheveux rouges sang voletaient doucement autour de son crâne. Ses magnifiques yeux bleus foncés renvoyait l’éclat du soleil, bien que pâle, avec une pointe de mélancolie qui perçait dans son regard froid. Elle était au Japon, inscrite dans une école où elle avait une vie complètement inconnue pour les professeurs et les autres élèves et venait d’avoir 18 ans.

En 5 ans, elle n’avait pas beaucoup changée, son sens de l’orientation ne s’était absolument pas amélioré, elle ne portait toujours pas ses lunettes et son caractère ne s’était pas refroidie, au contraire. Anniversaire oblige, elle avait mit des lentilles et refait sa couleur rouge. Tenver baissa la tête et fixa ses chaussures. Elle pensait à ce que son année de plus lui apportait… La majorité ? Peu importe, pour tout le monde elle n’était qu’une ombre éclairée de rouge… Le permis ? Elle sourit elle-même à cette pensée. Elle, sans aucun sens de l’orientation, pire que maladroite, lâchée dans la nature avec une voiture ? Cherchez l’erreur. Pour tout dire, elle s’ennuyait, cette école était privée de toute activité intéressante, elle se demandait comment les élèves pouvaient faire pour rester assis à longueur de journée pour écouter un prof idiot qui ne vous rabâche que vos erreurs. La jeune fille n’avait jamais posé un seul pied dans une salle de classe depuis 5 longues années, et elle ne s’en plaignait pas. Cela ne faisait pourtant pas d’elle une idiote. Elle repoussa ses cheveux en arrière et regarda le ciel. Le temps n’était pas propice aux sorties, et pour tout dire, l’habit qu’elle portait ne devait pas lui porter bien chaud en apparence. Enfaite, elle ne sentait presque pas le froid, avec l’habitude, elle avait fini par ne plus mettre de manteaux ou de vestes, se contentant de sa seule robe noire.

Ses cheveux courts couraient sur son visage sans qu’elle esquisse le moindre geste. Elle s’en fichait, ils étaient indomptables mais malgré tout, très beaux. Elle n’en prenait absolument pas soin, elle les laissait vivre leur vie. Ses yeux se dirigèrent rapidement vers deux jeunes filles qui sortaient du bâtiment. Elles ne pouvaient pas voir Tenver à moins de se tordre le cou en arrière, mais elle, elle les observa attentivement. Elle ressemblait à toutes les filles de leur âge. En gros, elles ne ressemblaient en aucun point à Tenver. De toute façon, la jeune femme n’avait jamais rencontré quelqu’un qui lui aurait ressemblé, c’était impossible. Les deux filles s’échangeaient leurs portables en rigolant alors que Tenver s’avança du bord du toit pour mieux les voir. Elle n’en avait pas, ni portable, ni mp3 ou choses du genre, pas d’ordinateur etc.… Elle ne voyait pas à quoi ça pourrait lui servir. Appeler qui ? écouter quoi ? Peu importe, elle vivait très bien sans. Elle se redressa en arrivant tout au bord et se rassit. Tenver releva la tête et se souhaita à elle-même un joyeux anniversaire.

[Désolé de la courteur du truc x) mais j'avais plus d'inspiration ]

Tenver se retourna d’un seul coup, les sourcils froncés, le regard pire que froid, choquant avec de si beaux yeux bleus. La jeune fille qui se tenait derrière elle la regardait avec des yeux indescriptibles, elle aussi ne ressemblait en rien aux deux filles en bas apparemment. Cela n’empêchait qu’elle détestait être dérangée alors qu’elle était dans ses pensées. Elle la regarda en haussant un sourcil, cherchant dans sa mémoire si elle ne la connaissait pas. Elle resta quelques secondes à la regarder alors qu’elle réfléchissait. Non, encore une inconnue au bataillon. Elle se détourna d’elle et dirigea ses yeux vers le sol, le vrai sol. Les deux jeunes filles avaient disparues. Dommage, elle aurait bien continué à les observer pour essayer de comprendre la gente féminine, dont elle faisait partie, et dont elle se fichait inlassablement. Sa tête se tourna ensuite très lentement vers l’inconnue. Que faisait-elle là ? Pour qui se prenait-elle pour s’immiscer comme cela ? Et qui était-elle ? Tenver se posait une tonne de question, mais elle aurait préférée tomber du toit plutôt que de les prononcer. Elle tenait à sa fierté tout de même. Toujours à quatre pattes près de la grille, elle posa ses fesses sur ses talons sans quitter des yeux la jeune fille. Ses cheveux rouges vinrent lui barrer le visage, mais elle n’y toucha pas, continuant de dévisager l’autre. Ses yeux passèrent d’un côté à l’autre du visage de la jeune fille, la détaillant presque impoliment. Peut importe, elle était venu, l’avait dérangée, elle n’avait pas envie d’être polie et de toute façon, ça n’avait jamais été dans ses habitudes.

Son regard, bien que Tenver ne voulut pas l’avouer, était intriguant, pas aussi froid et insultant que le sien, mais ironique, et sarcastique. Pas besoin d’avoir une attitude aussi distante, peut-être que cette fille venait ici pour la même raison. Et alors ? Tenver à toujours eu cette attitude avec tout le monde, même sa mère y avait droit, alors pourquoi pas elle. Grace à cette attitude, elle n’avait jamais eu d’amis, chose qui ne la dérangeait pour ainsi dire, pas du tout. Elle n’était pas du genre à confier tout ses secrets pour qu’ils soient dévoilés la minute suivante. Et les sorties shopping ou cinéma, elle détestait ça, encore plus quand elle était avec quelqu’un. Enfin bref, elle secoua la tête, elle était encore partit loin dans ses pensées, et s’accrocha fixement aux yeux de la jeune fille. Un coup de vent fit secouer ses cheveux elle le remercia intérieurement alors que son regard descendait le long du corps de la fille. Arrivée aux jambes, elle haussa une énième fois un sourcil, et aborda un rictus. L’inconnue était fine, on ne pouvait pas le rater ça. Tenver s’assit en tailleur, les mains entre les genoux, et regarda directement la fille en souriant. Chez elle, sourire signifiait regarder l’autre avec provocation tout en étirant la bouche. Ce qui donnait un résultat de dédain et d’expression sadique.

« T’es qui ? »

Elle avait parlé d’une voix lente, en japonais. Japonais à la Tenver bien sur, complètement démolit. Son accent frisait le ridicule, mais lorsqu’on la regardait, on n’avait aucune envie de rire ou même de montrer un simple signe d’amusement. Elle la regardait franchement, sans ciller, ses yeux bleus insolents levés vers le visage de l’autre. Elle passa sa main dans ses cheveux histoire de bien les remettre comme ils étaient, mêlés et partant de tout les côtés.

[Désolé Majo', je sais pas ce qu'il m'arrive en ce moment, mais j'ai plus du tout d'inspiration... Peut-être que ta réponse m'en redonnera T_T ]

Cette fille, enfin Majoren, puisqu’elle disait s’appeler comme ça, la connaissait. Bravo à elle. C’était presque voir carrément impossible que quelqu’un avoue la connaître. Elle la détailla encore plus intensément, tentant vraiment d’essayer de se rappeler son visage. Non, elle avait beau fouiller dans tout les recoins de sa tête, Tenver ne voyait pas. Elle ne la connaissait pas, ou ne s’en souvenait pas. Vu la tête de la jeune fille, elle s’en serait souvenue, un regard semblable, ça se croise pas tout les jours. 3A ? Elle ne savait même pas qu’elle était assignée à une classe. Etonnant que les personnes gérants les élèves ne l’ai oubliée ou cru morte. Pour une fois qu’elle pouvait voir parfaitement quelqu’un, ça n’arrivait pas souvent. Son anniversaire devrait être tout les jours, comme ça elle n’oublierait pas de porter des lentilles ou même ses lunettes, qu’elle trouvait affreuses. Voir clair lui faisait du bien, elle n’était plus obligée de se rapprocher à 2 centimètres de la personne en question pour l’apercevoir, et pas forcément parfaitement. Et elle ne plissait plus les yeux au point de ne plus savoir si elle les avait fermés ou s’ils étaient encore ouverts. Elle leva la tête vers le ciel alors que Majoren lui posait une question et la descendit d’un seul coup, les yeux rivés sur sa jeune interlocutrice, un sourire amusé aux lèvres. Elle voulait savoir qui elle était… Pour quoi faire ? Elles venaient à peine d’entrer dans la vie de l’une et de l’autre et voila qu’il fallait absolument qu’elles se connaissent. Tenver s’amusa elle-même à cette pensée, la sociabilité, voila une chose qu’elle ne détenait pas et qu’elle ne pouvait pas voir. Mais si on analysait bien la jeune fille, on se disait qu’elle en serait peut-être venue aux mains si Tenver l’envoyait paitre.

« Tenver, Tenver Tatsumi… Sûrement de 3A si tu le dis, mais je ne suis jamais rentrée dans un seul de ces bâtiments… »

Du menton elle désigna les immeubles à la façade blanche impeccable qui s’élevait à quelques mètres d’elles. La sonnerie de l’école retentit alors fortement. Tenver se retourna vers la cour de l’école pour regarder les élèves sortirent. Effectivement, elle avait raison, personne ne lui ressemblait. Avouez que c’était ridicule de venir sur le toit de l’école pour observer les étudiants et pour en trouver un qui vous ressemble. Pourtant, c’est ce qu’elle avait fait. Ses yeux passèrent de personnes en personnes. Aucun avec des cheveux rouges, personne en robe noires à volants, même pas un avec la peau plus blanche que de la porcelaine. C’est alors qu’elle se rappela qu’elle était née à 17h piles. Le 14 février 1990 à 17h à Tokyo. *Joyeux anniversaire…* Elle plongea sa main dans sa poche et en retira une bague en Fayence noire, exactement la même que celle que lui avait cassée Green Eyes à l’époque. Elle s’en souvenait encore très bien et se souriait à elle-même en se rappelant les détails. Tenver leva sa main gauche et enfila la bague. Elle la regarda longuement. L’anneau était une rose noire, tout en relief, apparemment très fragile. Elle s’en était rachetée une puisqu’il l’avait gardée et lui avait dit qu’il l’avait cassé. Pas de chance pour l’anglaise, c’était elle qui l’avait lancée, il n’avait fait que la rattraper. Tenver se retourna vers la jeune fille avec un sourire froid et des yeux indéchiffrables. Au moins elle n’était pas seule pour son anniversaire. De toute façon, qu’est-ce que ça aurait changée, qu’elle soit seule ou pas. Elle regarda Majoren et lui lança un regard noir et plein de sous-entendus.

« Pourquoi tu es là ? »

Même pas de « je peux savoir ? » Non, pas besoin. Elle n’avait presque pas envie de savoir pourquoi elle était là et la dévisageait avec noirceur. Simple curiosité, pourquoi cette jeune fille était venue sur le toit et l’avait dérangée avec ses questions de deuxième ordre. Et si ça avait été le contraire, si c’était cette fille qui avait été sur le toit et Tenver qui serait venue après, qu’aurait-elle fait ? En tout cas, elle ne lui aurait même pas adressé la parole. L’existence d’une pauvre fille aux yeux gris importait peu à Tenver. Elle l’aurait surement regardé en rigolant avec un regard noir et serait partit. Il était rare que Tenver vienne à l’école et encore plus rare qu’elle arrive à trouver le chemin jusqu’au toit sans se perdre. Aujourd’hui était un jour exceptionnel ? Bien sûr, c’était son anniversaire.

Ce silence était plutôt pesant, et même carrément gonflait ... Pour qui n'aimait pas le silence, bien évidemment. Mais Majoren préférait encore le silence à une quelconque discussion. Elle n'aimait d'ailleurs pas parler avec cette jeune fille plutôt futile et inintéressante qu'elle était bien forcée d'avoir en face d'elle. Et puis elle fit un peu plus attention à elle, ou plutôt son regard. Elle était insupportable, tout simplement. La japonaise se demandait pourquoi elle lui parlait, à elle, alors qu'elle n'arrivait pas à aligner deux mots de japonais sans l'écorcher, et surtout, si elle avait l'air plutôt agacée par sa présence, et peu intéressée par les réponses que Majoren acceptait de lâcher du bout des lèvres. Pour la brune, cette Tenver lui apparaissait plus comme une enfant pourrie gâtée qui tentait de se la jouer rebelle qu'autre chose. C'était sans doute pour la raison pure et simple qu'elle ne supportait pas les enfants. Aussi, croiser une jeune fille qui ressemblait à une enfant et qui, en plus, avait son âge, c'était vraiment le comble. Surtout qu'elle avait un comportement des plus haineux. A vrai dire, Majoren se retrouvait, mais quelques temps plus tôt. Cette période où elle ne philosophait pas encore, où elle envoyait balader tout simplement les gens qu'elle voyait. La japonaise regretta presque instantanément sa question, où du moins la réciprocité de l'interrogation. Elle ne souhaitait pas connaitre la personne qui lui faisait face, et ne pas savoir son nom lui était égal. Et ne pas le lui demander aurait été un moyen efficace de lui montrer qu'elle se fichait totalement de sa présence, si ce n'était de son existence même. Malgré elle, Majoren dut tout de même reconnaitre qu'elles avaient un point commun, elles supportaient aussi mal l'une que l'autre d'entrer dans une salle de classe, où même les bâtiments communs aux autres personnes. A vrai dire, Majoren se demandait souvent si elle n'était pas dans un état second au moment où elle allait en cours, et où elle tenait assise sur une chaise. A vrai dire, en général, elle partait en plein milieu des cours, attirant parfois l'attention des professeurs, et de quelques élèves, pour peu qu'ils aient remarqué sa présence. Aussi ne put elle s'empêcher de laisser échapper un mot un seul, dans un murmure que la jeune fille n'avait sans doute pas entendu.

- Logique.

Aucune intonation dans la voix, rien. Seulement des lettres formant un mot, mais pas une phrase. Pas besoin. Si ça se trouve, elle n'avait même pas compris ce mot simple, tant elle semblait ne pas savoir parler japonais correctement. Mais pour ce détail, elle ne lui en voulait pas tellement, en définitive. Majoren n'aimait pas cette langue, et aurait donné n'importe quoi pour ne pas le parler, afin de n'avoir de lien avec personne ici, ni même ailleurs, en fait.

- Tu t'en fous, et franchement, quelle importance ?

La précédente phrase était sortie toute seule, et elle venait du fond du coeur, si coeur il y avait dans le corps fin de Majoren. Sans doute cette phrase ferait-elle réagir la demoiselle Tenver, mais quelle importance ? Elle ferait une crise de nerfs ? Tant pis. L'état d'esprit présent de Majoren ne lui permettait même pas de penser à la possibilité qu'elle aie droit à ce genre de crise, voire même un coup de poing sans force qu'elle arrêterait, comme d'habitude lorsqu'elle agaçait quelqu'un d'impulsif. Majoren ne faisait pas partie d'un club de garderie, ou de quelque chose du style. Son regard gris vide de tout, que ce soit de tristesse, de colère ou de haine se posa à nouveau sur la jeune fille. Elle faillit sourire, car vexer les gens était parfois amusant, surtout pour voir les réactions, mais étrangement, elle avait l'impression que Tenver s'en ficherait royalement, et, étrangement aussi, cela ajoutait un peu à son indifférence. Elle en deviendrait presque joyeuse, ceci dit, il est bien beau, le rêve.

[ C'est court, mais là, vraiment pas d'inspiration, en fait =(]

Tenver haussa un sourcil. Elle fixa la jeune fille sans ciller, son regard haineux plongé dans les yeux gris de Majoren. Un rictus lui effleura les lèvres, lui donnant l’air encore plus détestable qu’elle ne l’était déjà. Et elle se mit à rire, franchement, sans se cacher, sans baisser la tête. Son rire était frais, presque joyeux, mais trahissait une certaine provocation à l’intention de la jeune fille sans doute, comme un défi. L’anglaise se calma, presque immédiatement, rouvrant des yeux moqueurs sur la brune. Elle ne doutait pas que si elle se sentait visée, elle n’attendrait pas un geste de plus pour lui sauter dessus et en passer aux mains sans plus attendre. Mais Tenver s’en fichait comme de sa première robe, cela lui importait peu. Elle avait rit parce que, pour la première fois de puis longtemps, quelqu’un arrivait à penser comme elle et bien plus vite. Voila que cette personne devait être une fille qui faisait partit de sa classe, qu’elle ne connaissait son existence depuis 10 minutes, sinon, elle n’aurait sûrement jamais su qu’elle existait, et qu’elle avait détestée dès le premier regard posé sur elle. La vie était décidemment pleine de surprise. Tenver replaça ses cheveux en arrière, sa chevelure que son rire soudain avait fait voyager, et dévoila ses yeux bleus. Le soleil était au couchant, et une faible lumière se reflétait dans ses pupilles, mais cela suffisait pour faire ressortir ses magnifiques iris bleutés. Elle baissa le bras et ses mèches vinrent se replacer comme si elle n’y avait pas touché, devant ses yeux, qui s’assombrirent. Elle ouvrit la bouche, et d’une voix suave, lente, et parlant en anglais sans s’en rendre compte, elle s’adressa à Majoren.

« De l’importance ? Effectivement, pour moi, rien n’en a, et toi moins encore que les autres choses. Tu m’importe peu, mais qui ne me dis pas que derrière tout ça, on ne veut pas savoir qui nous sommes ? Je ne te connais pas, tu ne me connais pas, on ne s’est jamais vu, encore moins parlées, mais si on se foutait réellement l’une de l’autre, ne serait-on pas partit chacune de notre côté sans même nous adresser la parole ? »

Sa voix s’éteignit, elle pencha la tête sans cesser de fixer les yeux de Majoren. Lorsqu’elle se rendit compte de la langue utilisée, elle ne répéta pas sa phrase, ne bougeant même pas un doigt. Cette fille semblait avoir assez de culture et d’intelligence pour comprendre la langue anglophone lorsqu’elle en entendait. Si ce n’était pas le cas, dommage pour elle. Tenver ne savait même pas si elle comprenait ou pas. Mais si elle comprenait son japonais horrible, elle devait bien comprendre cette langue qui était la langue d’origine de la jeune fille. Le crépuscule faisait ressortir l’extrême pâleur de Tenver, on se demandait vraiment si elle était jamais sortit de chez elle. Pas une seule trace de bronzage, une blancheur immaculée, sans le moindre défaut apparent. Elle se redressa tranquillement, sans se presser, si la terre devait exploser ou si il y avait une quelque conque catastrophe, elle ne se dépêcherait pas pour autant. Elle n’était pas flemmarde, juste très lente, vraiment très lente. Sa voix se fit alors entendre, sans aucune intonation, encore une fois, elle parla en anglais, toujours doucement, comme si elle voulait que Majoren la comprenne parfaitement.

« Pourquoi chercher une logique…rien n’a de logique, c’est juste toi qui veut trouver un sens à ce que tu dis… »

Nan mais vraiment, cette fille se prenait vraiment pour quelqu’un, c’en était affligeant. Tenver l’observa en haussant un sourcil. Elle n’avait jamais vu une fille aussi détestable qu’elle-même. Au début, ça aurait pu être drôle, mais là, les limites étaient dépassées. Majoren la jugeait sans même la connaître, et quand bien même elles se connaitraient, elle ne lui aurait pas permit d’avoir une appréciation aussi dénigrante. L’anglaise la trouvait puérile et enfantine avec son regard qu’elle voulait distant et son attitude à part. En fin de compte, les deux jeunes filles se ressemblaient beaucoup, mais leurs attitudes et leurs caractères s’affrontaient dans un combat silencieux. Tenver se redressa, bien droite, toujours assise, fixant les yeux de Majoren sans vraiment les voir. Cette rencontre imprévue devenait vraiment pesante, toute autre personne présente n’aurait pas supporté cette atmosphère hostile qui séparait les deux filles. Que dire de cette fille si ce n’est autre qu’elle était pire qu’agaçante ? L’anglaise ne préférait pas s’énerver, exceptionnellement, elle gardait son calme, son regard défiant éternellement celui de son interlocutrice. Elle ne craignait pas cette fille hautaine, nan, elle n’avait en aucun cas peur d’elle. C’est juste qu’elle l’intriguait, elle, a vouloir résister, toujours et encore, sans partir pour autant, comme si elle la provoquait inconsciemment. Elle savait très bien que si Majoren pensait vraiment ce qu’elle lui disait, elle serait partit sans même lui jeter un seul regard. Tenver passa ses deux mains dans ses cheveux rouges, essayant de tout son possible de garder son calme. Elle soupira et sa voix se fit entendre.

« C’est plutôt à toi de t’en vouloir. Si TOI tu n’étais pas venu sur ce toit ou même si TU étais descendu après m’avoir vu et avoir cogité dans TA tête qu’il y avait déjà quelqu’un et que TU ne pourrais pas être seule…et bien tout se serait déroulé comme un jour normal… »

Primo, c’était elle qui étai venue sur le toit la première avec la ferme attention de ne pas être dérangée. Elle était venue parce que c’était son anniversaire, qu’elle voulait passer une après-midi tranquille à reluquer les jeunes normaux sortants de l’établissement. Et l’autre, elle l’avait dérangée, bien sur, à sa tête, de toute façon, on pouvait se dire qu’elle n’était que là pour emmerder les autres, un peu comme Tenver, mais elle, elle ne se l’avouerait jamais. Deuzio, elle lui avait demandé qui elle était parce qu’elle n’allait pas la regarder fixement pendant 3 plombes sans que l’autres ne dise un mot. Elle aurait très bien put se retourner et vaquer à ses occupations, mais l’autre se serait surement assise près d’elle ou aurait fait un commentaire désagréable et bien sur, elle ne l’aurait supportée plus de dix minutes comme maintenant. L’anglaise ne tenait plus, soit elle s’énervait contre Majoren et l’affrontement durerait longtemps et les deux jeunes filles ne s’en sortiraient pas intacte. Soit elle partait et ne disait plus un seul mot. Elle en avait déjà dit trop, cette fille lui avait gâché sa journée, et elle serait de mauvaise humeur pendant au moins quatre jours puisqu’elle n’avait pas eu de raison de ne plus lui en vouloir ou de vider tout un sac d’insultes pour se calmer sur elle. Mais elle savait que Majoren ne resterait pas impassible, elle aussi y mettrait du sien, ça se voyait, elle ne laisserait pas passer une occasion comme cela.

D’un mouvement souple et rapide, la jeune anglaise se leva. Son visage crispé trahissait un dégoût profond, elle n’en pouvait plus, si elle ne partait pas, elle lâcherait et elles allaient en venir aux mains. Tenver ne supportait plus de se battre, sa vie en Angleterre lui avait suffit. Et de toute façon, avec sa toute petite carrure, elle n’avait aucune chance. Elle avait trop maigri depuis la mort de sa mère… peu importe, la nourriture n’est pas aussi nécessaire qu’on le pense. Elle « mélangea » ses cheveux, le visage toujours dans une expression profonde d’énervement retenu. La jeune fille épousseta sa robe noire, regarda ses longues bottes noires à lacets sans talons, bien sur, pas folle non plus. Et sans un mot pour Majoren, elle s’avança vers la porte, plus précisément vers l’escalier qui menait à l’étage du dessous. Elle sortirait aussi vite qu’elle le pourrait, détestant et évitant de rester une minute de plus dans cet établissement pourri et encore plus avec cette fille stupide.