Manger en silence était impossible surtout quand on vivait dans un internat. Yun le savait qu’il finirait par s’y habituer. Depuis qu’il s’était installé à cette table, les deux étudiants ne s’étaient pas adressés la parole. Dans son ancienne école, il avait l’habitude, la seule personne de son âge avec qui il parlait c’était sa sœur. Ici, ça ne sera pas le cas. Il essaya de manger tranquillement, mais c’était presque impossible car un groupe de filles faisaient des remarques peu agréables envers sa voisine qui jetait des regards assassins. De plus, celle qui parlait ne se gênait pas de hausser la voix. Certaines filles aimaient bien chercher les ennuis, d’autres supportaient mal les critiques. C’était le cas de la jeune brune qui avait occupée la table avant son arrivé.

Pendant qu’il mangeait, il sentit de faibles vibrations qui émanaient de la table. Quelques minutes plus tard, il la vit se lever pour aller prendre un pain. La première chose qu’il pensait c’était qu’elle avait oublier pour accompagner son plat, or, il ne s’y attendait pas à ce qu’elle l’envoie en pleine figure sur la « chipie » qui continuait son discours à l’égard de la brune : sur la tenue, le physique etc…Après tout qui aimait ce genre de paroles, alors qu’on avait rien fait. Yunnosuke fit semblant de n’avoir pas entendu ce qu’elle venait de dire. La fille qui avait reçu le pain, se leva de sa chaise. Elle portait une mini jupe et un large décolleté dont on pouvait voir les bouts de son soutien-gorge en dentelle. Elle était brune aussi mais avait de fines mèches rouges. Apparemment, elle s’était mit une bonne couche de rouge à lèvre. Furibonde, elle fixa la table des deux étudiants avant de les rejoindre et de poser son pied sur la table. Yunnosuke regarda la botte en cuir bien moulant de la jeune fille. Manger quand une personne mettait sa chaussure sur le meuble, lui déplaisait. Puis il se mit à écouter la jeune fille parler :

« C’est toi qui m’a envoyé ce pain ? »

Elle montra le morceau qu’elle avait reçu sur le nez au « couple » mais elle fixa l'étudiante aux cheveux noirs. Le japonais prit son verre, versa de l’eau et bu à petite gorgée avant de la regarder et de lui dire :

« Non, c’est moi. A vrai dire, je voulais voir ce que ça faisait de te voir avec le nez plat. Parce que le nez à la belette ça te va pas du tout. T’as pensée à la chirurgie ? »

Il l’avait dit de manière amusante et méchante, mais cela lui était égal. Le jeune homme aux cheveux blancs ne voulait pas aider sa voisine, loin de là, il avait juste envie que l’inconnue enlève son pied et qu’elle puisse se taire afin qu’il les laisse tranquille. Si manger dans le brouhaha était insuffisant et si voir débarquer une pimbêche qui n’avait rien d’autre d’intéressant à dire sauf les remarques inutiles. La fille se tourna vers lui :

« T’es qui toi ? Son petit copain ? »

Yun l’observa faire son petit manège pour épater ses copines. C’était le genre de « gamine » qu’il ne supportait pas. Qu’avait-elle de plus pour qu’elle se montre supérieure à eux ? Il ne savait pas trop où elle voulait en venir. Il faisait preuve d’une patience irrévocable, lui qui n’aimait s’énerver, d’autant plus qu’il lui en fallait beaucoup pour qu’il soit hors de lui.

« Et alors ? En quoi ça te dérange si c’est ma petite amie ? Je ne vois pas trop le rapport. »

Elle quitta son pied de la table et s’éloigna tout en leur surveillant du regard. Il pouvait enfin tranquillement finir son assiette et attaquer son dessert. Du moins, il espérait.

[ Désolée du retard. En plus, ce post n'est pas terrible. Honte à moi.]

Contrairement aux apparences, Majoren était hors d'elle. Elle paraissait vraiment calme, totalement indifférente, et pourtant, en elle, il y avait une véritable tempête que se déchainait. Elle aurait pu hurler, insulter la jeune fille, la frapper jusqu'à ce que mort s'en suive. Pourtant, elle préférait donner l'impression qu'elle ne pensait rien, que cela lui importait peu ce qui, en fait, était vrai. Si elle était tellement en colère, c'était sans doute parce qu'elle se forçait à avoir quelques sentiments humains dont la pénurie se faisait ressentir en elle. C'est sans grande conviction quelle lança un regard haineux vers le groupe de filles. Elle savait à quel point cela pouvait être énervant d'insulter un bloc de glace. Non pas qu'elle l'ait déjà fait, mais elle avait observé plusieurs fois les réactions de ceux qui l'insultaient, elle, tandis qu'elle faisait la sourde oreille. Qu'on l'insulte elle, uniquement, cela pouvait passer mais, malgré sa haine des gens qui l'entourent et son indifférence envers le sort d'autrui, la japonaise ne supportait pas que l'on insulte les gens avec qui elle avait un quelconque lien, que ce soit une seule paroles sympathique, ou même un regard échangé. Pour peu que cette personne ne soit pas mauvaise, bien sûr. Malgré le silence qui planait entre le jeune homme et Majoren, elle était plus qu'énervée. Une inspiration, une expiration, puis expiration, et elle fut stoppée dans son élan, par une simple question de celui qui jusqu'à présent était plutôt calme en apparence, lui aussi. Il voulait ses biscuits. Sans ouvrir la bouche, à part pour émettre un grognement approbateur, la brune prit son paquet de biscuits qu'elle posa d'un geste rapide sur le plateau du jeune homme. Elle pensait que tout serait calme, mais une remarque fusa à côté d'elle, ce qui la fit craquer.

- Ha ! Une anorexique avec son copain, elle lui donne ses biscuits pour pas les manger, c'est nul !

Remarque débile dénuée de sens. La phrase elle même n'avait aucun sens. Majoren se leva, s'approcha de la jeune fille qui la regardait d'un air moqueur, ne s'attendant pas à ce qui allait se passer. La japonaise prit la jeune fille par les cheveux et, avec une force que l'on ne soupçonnait pas en la voyant, fit plonger sa tête dans l'assiette. La folle, vexée comme un pou, et surtout honteuse de se voir ainsi décoiffée et remaquillée à l'aide d'une sauce marron bizarre, partit en courant et en pleurant. Aussitôt, ses copines cessèrent de rire et se retournèrent vers le contenu de leurs assiettes. Non sans un petit sourire en coin, la jeune fille indifférente aux pleurs déchirants de la demoiselle qui partait revint d'un pas lent vers sa place. Dans un murmure à peine audible par le jeune homme attablé, elle fit comme une excuse.

- Désolée. Je suis pas comme ça, d'habitude, mais celle là, elle m'a vraiment gonflée.

{Meuh, ils sont terrible tes posts, je les kiff moi *.* et tant que tu m'oublies pas moi ça me va é.è alors t'excuse pas.}

Idiot...C'était le sentiment qu'il ressentait en sortant cette phrase. Il aurait pu trouver mieux, mais non, il a fallu que ce soit sur les biscuits. Yunno (à prononcer à la façon Sheik, c'est-à-dire "you know") ne pouvait point imaginer la colère qui bouillonnait à l'intérieur de la brune, qui ne semblait guère apprécier les gamineries de ces demoiselles. Malgré la gentillesse qu'elle eut pour offrir ses biscuits, qu'elle failli écraser de toute ses forces d'ailleurs, le garçon remarqua tout le mal qu'elle se donnait pour contenir sa haine. Sans la remercier de son "goûter", une voix se faisait entendre, qui aurait mieux fait de se taire...

La preuve qu'il ne fallait réveiller l'ours qui dort ! Devant une scène quelque peu agréable pour les yeux de Yun, qui commençait cruellement à s'ennuyer, il vit la jeune brune se lever et envoyer « la langue de vipère » explorer les fonds de son assiette. Comme on dit qui s’y frotte s’y pique, il ne fallait pas trop chercher les ennuis avec cette sulfureuse, selon lui, camarade qu’il avait comme voisine. D’après ce qu’il avait pu observer, elle était prête à montrer qu’elle n’était la fille qui court se cacher derrière un mur lors d’une remarque peu aimable. Il aimait bien les filles, non pas à forte poitrine, mais celle qu’il avait devant lui. Une fille qui n’aimait pas qu’on lui marche sur ses plates bandes avait aussi sa fierté. Pendant, que les autres élèves étaient en mode pause, Yunno frappa dans ses mains pour applaudir et congratuler sa nouvelle amie ? Pas pour l’instant, mais il était fière de sa voisine.

La jeune fille qui en profitait pour se moquait avait pris ses jambes à son cou pour aller pleurnicher dans le fin fond d’une planète inconnue…qui sait ? Ca aurait été amusant. D’une voix à peine audible, il pu en distinguer les paroles de la jeune étudiante. Il ne s’y attendait pas à ce qu’elle s’excuse. De plus, qu’elle n’avait pas besoin de le faire, son comportement était tout à fait compréhensible. Les autres élèves finissaient leur plat, tandis que les amies de miss qui venait de s’enfuir portaient toujours leur regard sur les deux couples. Il s’approcha alors de l’oreille de la brune pour lui chuchoter quelques mots :

« Ce n’est pas grave ma puce, tu as bien fait… »

Sur ces paroles, les lèvres du garçon se posèrent sur la joue de la jeune ado rebelle avant de jeter un regard malicieux vers les autres camarades en face. D’habitude il n’était pas comme ça, mais il voulait un peu soutenir la jeune fille pour qu’elle ne se sente pas trop seule, même si elle semblait n’avoir nullement besoin de son aide. Elle n’avait pas l’air si méchante comme ça, de plus la bande se disait qu’il sortait ensemble, alors autant prendre des nouvelles de l’autre. Sans se gêner et tout en ouvrant son sachet de biscuits, il demanda :

« Comment s’est passé ta matinée ? »