Mélancolie et Illusion. [PV Momichoute]

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Minuit. L'heure à laquelle le diable vint hanter les maisonnées, il paraît. L'heure à laquelle il empêche les petits enfants de faire de jolis rêves. L'heure à laquelle dormir est presque impossible. Surtout quand on refoule des lourds secrets de famille, ou un passé douloureux. C'était le cas du brun prostré sur sa couchette, cette nuit là. Son quatrième jour dans l'école avait été une catastrophe. Il n'arrivait pas à se retirer du crâne l'image de cette fille qu'il avait bousculée dans le couloir. Cette jeune femme qui l'avait agrippé par le col en sortant de ses gonds. Qui lui avait crié toutes les injures possibles et imaginables. Et lui, qui l'avait repoussée d'un geste sec de sa main contre le plexus féminin. Il avait senti l'air s'expulser de force des poumons de la femme, cette dernière amenant ses mains à sa poitrine en tremblant. Lorsqu'enfin, elle put inspirer de grandes goulées d'air, elle était rouge de honte et de peur, et de petites larmes se laissaient entrevoir au coin de ses yeux. Il avait lu la peur dans le regard de la jeune fille. Et là, l'homme qui s'était senti agressé, et avait seulement réagi en conséquence, s'était senti mal. La détresse dans les yeux de la gamine l'avait frappé. Pourquoi avait il agi sans tact et patience ? Par instinct animal, celui qui le guidait depuis des années maintenant ? Pourquoi depuis que Maman était partie au ciel, se comportait il comme un loup blessé, acculé, qui, dos au mur, mordait n'importe qui et n'importe quoi pour échapper aux pièges qu'on lui tendait ?

Un soupir s'échappa de sa gorge. Il se sentait honteux. Toujours cette flamme de méchanceté dans le cœur, de rancœur, qui le rendait agressif envers ceux qui ne le méritaient pas. Après tout, il l'avait bousculée. Pourquoi ne pas s'être tout simplement excusé ? Les yeux bordés de larmes de la fillettes s'insinuèrent dans son esprit. Il se demanda ce qu'aurait pensé Elena de tout cela. A la seule pensée du visage de sa soeur, son coeur se gonfla. Fébrile, il ralluma sa lampe de chevet, seul propriétaire de cette chambre pour le moment, et attrappa d'un geste vif le pendentif argenté qui trônait entre ses deux pectoraux, brillant d'une lumière mystique. Il l'ouvrit avec une grande délicatesse, ce coeur argenté, et expira fort, de soulagement, à la vue du visage espiègle et rieur d'Elena. Un sourire triste tordit son visage durci par les tristes années qu'il avait vu défiler en prison. Les larmes, pourtant, ne franchirent pas le barrage de ses paupières. Elles restèrent là, hésitantes, à faire briller ses iris d'un bleu si clair qu'elles en étaient presque blanches. Deux icebergs magnifiques qui ne demandent qu'à fondre. Fondre pour un être dont il aurait donné la vie pour qu'elle puisse revenir dans ce monde. Elena ..

C'en fut trop. Cette chambre trop étroite et oppressante, et le grincement de l'étage du dessous, ainsi que les branches qui claquaient contre sa vitre, lui qui avait le sommeil léger, n'en put plus. Quatrième nuit ici, quatrième nuit d'insomnie. Il se dégagea en vitesse de ses draps, et ouvrit sa porte avec délicatesse. Pas un bruit dans le couloir. Les pions dormaient. Il sortit sans problème. Habillé seulement d'une chemise d'un noir de jais, très légère, et d'un jean délavé de couleur similaire, il tressaillit en arrivant dans la cour. Pourtant, il continua. Fallait qu'il prenne l'air. Il inspirait de grandes goulées de l'air glacé du dehors, son regard se perdant dans la contemplation des étoiles. Le ciel était clair cette nuit. Parfait.

A peine eut il franchi le portail de l'école, habilement, qu'il se mit à courir comme un fou. Sans trop savoir où il allait, conscient de le gémellité des rues, conscient également qu'il se perdait sans doute à chaque pas qu'il effectuait. Hors d'haleine, il vit les réverbères du parc allumés. Essoufflé, il décida de s'y réfugier. S'y engouffrant, il se frictionna les bras pour se réchauffer.

Flânant, reprenant son souffle, il fixait la buée qui s'échappait de ses lèvres entrouvertes. Son regard glacial brillait, mais il était loin de pleurer. Les larmes semblaient avoir gelé dans ses yeux. Le vent froid d'Est vint balayer sa tignasse brune qui mangeait à demi son regard et l'arête de son nez. Fourrant ses mains dans ses poches, il se calmait enfin, se sentait mieux.

Une forme au loin, attira son attention. Il plissa des yeux, longuement, fronça des sourcils, puis s'arrêta. Elle marchait lentement, flânait, avec grâce. Un petit être aux longs cheveux. Un corps menu aux membres fins et détachés. Il n'en crut pas ses yeux. Sans même prendre conscience de son manque de sommeil le rendait complètement fou, et jouait des tours à son cerveau, il se mit à courir de nouveau, laissant à chaque foulée un gémissement d'espoir s'échapper de sa gorge. Arrivé enfin à la hauteur de la petite, il lui posa la main sur l'épaule, et ensserra fort de ses doigts la clavicule de la jeune fille. Il tremblait de tout son être, complètement obnubilé par l'espoir d'avoir retrouvé sa petite soeur. Sa voix fut un murmure, qu'il prononça d'une voix rauque, saccadée, entrecoupée de respirations haletantes.

"Elena .."

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Le ciel était magnifique cette fois encore. Ce fameux être à la carrure fine avait dans les ténèbres les yeux plongeait dans ce ciel obscure que même les étoiles semblaient fuir. La fuyait-elle elle, elle qui ne savait plus ni comment avancer ou reculer. Et comme une vague sur les roches écorchés par le temps, la confusion vint à la frapper de plein fouet. Une douleur vive et intense à son épaule. Instinctivement la carrure fine que tenait l'homme fléchie et s'extirpa par le bas de l'emprise de celui-ci. Elle ne se massa pas l'épaule, tout venait vite. Puis les questions, que faisait-elle ici ? Aux derniers souvenirs, elle était dans sa chambre à se coiffer. Non, les derniers n'étaient pas eux, elle était dans son lit et s'endormait. Les informations se bousculaient et tambourinés sauvagement les tempes de la petite. Derrière elle, d'autres halètement que les siens, qui ?

Les secondes n'étaient pas aussi lentes qu’à la normale, la tête dans ses mains et les mèches épaisse sur son visage. Tombé, le masque sembla flotter doucement avant de se poser dans le gravier de ce chemin. Le parc ? Misaki, c'était elle. La migraine s'effaça rapidement, elle n'avait pas duré, remplacé par un rire qu'elle connaissait bien. Pourquoi ?!

De nouvelles secondes passèrent, une fois calmer, son chœur semblait s'être arrêté. La différence était flagrante. Les informations aussi s'étaient calmées, et ce tambourinement aussi. Elle recula d'un pas, prenant un appuie plus sur le sol. Tout s'était éclairci, Misaki s'était baladé et l'avait abandonné ici. Le but n'était donc plus à chercher, il n'y en avait certainement aucuns. L'esprit plus calme, son regard hésita, tremblant il eu d'abord du mal à se fixer sur quelque chose, mais Momiji fini par enfin pouvoir fixer l'homme en face d'elle. Lui aussi, était vraiment grand, et être courbé en avant n'arrangeait pas son cas. La silhouette élancée se redressa donc, son visage absent de toute expression et son kimono balancé par la brise qui battait le parc.

... Kimi ni sachi are ... [Tous mes vœux de bonheur]

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Dallveig fut surpris lorsque la femme échappa à sa poigne. Sa soeur n'aurait jamais bronché. Il inspira profondément, voulut parler, mais rien ne sortit. Il ne voyait le visage de la femme, qui, cheveux longs et tête baissée, semblait réfléchir. Il fronça des sourcils, reprenant lentement son souffle. Il avait encore dans son crâne l'écho de sa propre voix qui prononçait pour la première fois depuis qu'elle était morte, le nom de sa petite soeur. Il fixa sa main, toujours tendue vers la petite. Ses doigts tremblaient tant qu'ils s'entrechoquaient entre eux. Lorsque la fillette se mit à bouger, il ramena sa main vers lui, craignant de l'avoir fait peur. Son regard se posa lentement sur le masque de renard non loin d'eux deux. Elle l'avait lâché en s'extirpant de sa main. Un soupir s'échappa de sa gorge. Il savait. Il savait maintenant, que ce n'était pas elle.
Lentement, son regard croisa celui de la fillette. Il la fixa avec un regard dépité, celui d'un homme dont la déception était telle qu'il était à deux doigts d'en finir avec la vie. Il n'avait plus ni l'envie, ni la force, de vivre pour elle. Même s'il avait promis. C'était trop difficile. C'était si dur ..

Elle parla, d'une voix douce, mais neutre. Il la regardait toujours avec cet air de vouloir se jeter d'une falaise. Machinalement, il passa une main dans ses cheveux, les rabattant un peu en arrière, avant de soupirer, et de se forcer à sourire un peu. Sa voix rauque et profonde, grave et vibrante, résonna dans l'air glacé de la nuit.

"J'suis désolé. J'vous ai pris pour quelqu'un d'autre."

Son coeur bouillonnait de rage. Alors, il recula d'un pas, contenant ses émotions. D'un pas vif, il tourna les talons, et disparut entre deux arbres. Le bruit sourd d'un arbre que l'on frappe se fit entendre. Un grognement masculin, bref, et quelques phalanges ensanglantées. Ouh, ça faisait du bien.

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Momiji n'eut pas le temps de choisir une des boîtes du niveau bonus, leurs grands points d'interrogation n'avait servit à rien, la nuit ne lui appartenait pas. L'autre reprit donc ce qui lui était dut, ce genre d'incident n'était pas censé arriver. C'était une erreur dont elle était consciente et s'en voulait déjà, cela ne devait plus arriver. Chez Misaki, l'étourdissement fut plus bref, l'espace d'une seconde à peine elle faillit perdre pieds le regard vide. Momiji allait en ressortir blessé, cette erreur était stupide que de l'abandonné désorienter dans le parc. L'homme en tout cas s'en était allé. Misaki ne perdit pas le temps de scruter les environs, les ténèbres entouraient l'endroit et les rares réverbèrent ne suffisaient pas à dissiper l'aura sombre de cette nuit sans étoiles et à la lune dissimulée.

Un bruit sourd interrompit ce silence pesant, puis des gémissements, un coup, un bruit mât, le bruissement des feuilles d'un arbre secoué dont l'écho produit fut rapidement rejoint par celui du vent dans ces mêmes arbres. Ce jeune-homme était lui aussi, intéressant. Peut-être autant que sa colocataire. Elle se dirigea donc vers le petit bosquet d'ou c'était envolé le son du choc, ramassant dans son mouvement le masque au sol. Le pas était rapide, et c'est avec son masque dissimulant déjà la moitié de son visage que Misaki s'arrêta devant la présumée victime. L'écorce y était entaillé, de jour, ont aurait peut-être même pus y voir des traces de sang au vue de la puissance de l'impact.

Je les hais à mourir, ceux qui rient et feignent aisément la tristesse.

Comme à son habitude, ses paroles ne signifiaient certainement rien. Des paroles dites d'une fois sombre, vide, enrouée et grave. Ceux qui ne la comprenait pas n'étaient pas rare, tous certainement. Certains supposés même qu'elle même ne comprenait pas ses propres mots. Mais ils étaient là, à crever ce silence avidement à coup de multiples poignards en un seul et même coup. Le clocher du village retenti, au loin...

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Il frappait sans ménagement, pour la première fois depuis qu'il était à Shokuboo. Son cœur s'allégeait à chaque coup, mais ses phalanges se teintaient d'un violacé plutôt pas joli. Une ombre passa furtivement à sa gauche, il la sentit à peine. Ce fut la voix de la gamine qui arrêta son idiot massacre. Lentement, il amena son poing fermé sous son nez, et l'observa d'un oeil vide. Inspirant profondément, il posa son regard sur elle, l'Ombre, et son regard glacial se ficha dans celui de la gamine. La phrase de la petite résonnait dans son esprit comme un coup d'estoc. Mais il se redressa de toute sa hauteur, et se pencha vers elle, une lueur sauvage dans le regard. Lorsque son visage fut à quelques centimètres de celui de Momiji, alors que l'homme se courbait en avant, elle put sentir le souffle rauque de Dallveig contre son menton. Le vent ébouriffa leurs chevelures, et le moment se figea un instant. Puis, la voix du brun perça la nuit noire

"Alors déteste moi, petite. Déteste moi."

Il se redressa brusquement, ayant parlé avec froideur et dédain. Lui tournant vivement le dos, il sentit la fraîcheur du vent s'insinuer dans sa chemise. Il en reboutonna un bouton, passa un index protecteur sur le pendentif étincelant, le coeur vibrant d'amour, avant de se remettre face à Elle. Son regard se posa sur la silhouette menue, et il se refusa à parler méchamment. Elle semblait plus fragile qu'un épi de blé, facilement brisée, et froissable. Machinalement, une de ses mains alla rejoindre sa tignasse. Il murmura alors sombrement

"Comment détester un parfait inconnu, pour une action que certes, il commet et te déplait, mais dont tu ne connais aucun idéal. Si seulement tu savais pourquoi j'suis comme ça .."

Un sourire triste et jaune vint tordre son visage, alors qu'il détournait le regard au loin, sa pupille se perdant dans la contemplation d'un réverbère. Ils allaient bientôt s'éteindre.

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Ses propres paroles avaient eu leur impact, ce pauvre arbre venait d'être sauvé. Et maintenant, qu'allait-il faire? Plusieurs hypothèses traversèrent l'esprit déformé de l'enfant, la faisant doucement sourire dans les ténèbres, mais elle n'avait même pas eu le temps de toute les analyser que le grand brun s'était à moitié jeté sur elle. Misaki en profita pour enfin pouvoir plongé son regard dans celui de son interlocuteur, il y avait là un bien beau regard parfaitement accordé à la voix du jeune-homme. Peut-être pas si jeune que ca finalement. Mais l'âge ne changea pas grand chose à l'effet que le souffle produit, un long frissonnement dans cette nuit glaciale. L'instant fut bref, et l'inconnu c'était déjà relevé, toujours face à une gnome au sourire déchiré. De nouvelles paroles s'envolèrent dans la brise de cette nouvelle matinée. Les habituels "tu ne peux pas me comprendre», les "En quoi doit on croire ?..." ou encore les "Pourquoi on vit!?" .Peu importe qu'on ne se raccroche à rien, on meurt une fois et tout es fini, voilà le genre de réponse qu'elle aurait aimé lui donner. Non, des paroles futiles, elle non plus ne savait pas vraiment pourquoi elle vivait. Pour protéger Momiji, voilà pourquoi. Les secondes s'écoulèrent, Misaki reprit son attitude froide avant de se retourner et de, à son tour, se perdre dans l'immensité du ciel puis de la beauté de ce réverbère. Sa lumière était faible, bientôt le jour serait levé et il s'éteindrait. Sa journée se terminerait lorsque d'autre débutent, pour reprendre lorsque d'autres s'éteignent à leur tour.

Au loin, les premiers rayons orangers pointèrent le bout de leur nez sur la ligne de l'horizon. Les magasins ne tarderaient pas à ouvrir, les villageois se réveilleraient, et le pensionnat à son tour. Cette nouvelle journée semblait être à la fois aussi barbante que les précédentes, mais bien plus intéressantes que celle qu'elle avait connue. De toute façon, depuis son arrivée à Shokiboo inochi, toutes les journées étaient accompagnées de surprises. Et chez l'inconnu, quand était-il ? Et puis au final, qui était-il ? Il avait un air d'étudiant, mais si c'était le cas, il ne semblait lui non plus pas réellement tracassé par la reprise des cours le matin même. Misaki le fixa donc, attendant la suite avidement.

Et maintenant ?