Bavardages et onigri [PV Jordan]

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L’heure était aux repas. Certains élèves avaient amenés leur bentô au lieu d’aller se servir au self-service, mais Miyu, comme les autres internes, se dirigeait vers le réfectoire. La différence avec les autres étudiants se situait dans le fait qu’elle sautillait. Le sourire aux lèvres, l’esprit à mille lieux de là où elle se trouvait, elle s’inséra dans la file où elle glissa comme une anguille entre les différentes personnes.

Aujourd’hui, il y avait des onigris. Pour rien au monde elle ne raterait ça ! Alors elle se dépêchait de passer devant pour qu’il en reste lorsque ce serait son tour. Et ce fut vite le cas. Toute guillerette, en s’empara d’un plateau et disposa dessus tous les plats qui l’intéressait, demandant même du rab au cuisinier. Onigri posé bien en vue, elle se déplaça entre les tables, cherchant quelqu’un qu’elle connaitrait et avec qui elle pourrait manger.

Une main et un cri dans sa direction la firent lever la tête et elle trottina jusqu’à une camarade de son club de kendo. Elle déposa son fardeau un moment, malgré le manque de place et discuta un peu avec sa camarade et ses amies avant d’apercevoir Jordan du coin de l’œil. La jeune fille ne l’avait visiblement pas vue et mangeait seule, comme à son habitude semblait-il. Décidée à dérider un peu la demoiselle, la 1A quitta la kendoka avec un grand sourire et alla s’installer devant la rouquine.

« T’es toute seule ? J’m’installe si ça te gène pas. Tu vas bien ? Ça fait un moment que je t’avais pas vu en-dehors des cours. L’autre con de la kermesse ne t’embête plus au moins ? Parce que je peux lui mettre une raclée si tu veux hein ! C’pas un problème ! Ce sera un plaisir même ! »

Elle avait débité ça d’une traite comme d’autres s’avalent un verre cul sec (ce qu’elle fit avec son verre d’eau dans l’instant suivant). La japonaise était bavarde. Atrocement bavarde. D’aucun disait que son enthousiasme faisait parti de son charme, mais elle savait que tout le monde n’appréciait pas ça. Pour autant, elle était trop décidée à coacher Jordan sur la voie de la Joie pour s’en soucier réellement sur le moment. Son inquiétude se situait plutôt au niveau de sa camarade de classe.

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L'heure du repas. En temps normal, Jordan serait montée sur le toit pour déguster son bentô bien tranquillement à l'écart des autres mais il y avait une limite à son attitude antisociale. Et cette limite s'appelait : le climat! En cas de trop grand froid ou en cas d'averse, Jordan n'était pas folle au point de risquer la grippe pour éviter la populace. C'est donc ainsi qu'elle avait trouvé une petite table dans le fond de la salle où elle s'était installée, sur la chaise qui faisait face au coin du mur. Entendre les autres jacasser était bien suffisant pour que la rouquine décide de ne pas ajouter l'image au son... et c'est donc en supportant le vacarme de cette heure de pointe que la rouquine entama son repas. Le seul point commun entre le repas du self et le sien résidait dans les onigiri, Jordan s'en faisait presque tous les jours. C'était très certainement son petit péché mignon. Péché qu'elle dégusterait en dernier, comme chaque jour. Et comme chaque jour, elle comptait passer ce moment seule. Mais c'était sans compter une invitée surprise. Alors que Jordan enfournait un petit poulpe frit, elle faillit s'étouffer en voyant arriver la petite rouquine qu'elle n'avait plus vu depuis un bail.

Et ce fut donc en toussotant, le poing devant la bouche, qu'elle écouta cette dernière poser un tas de questions et limite faire la conversation à elle toute seule. Jordan de son coté devait ressembler à une chouette constipée vu qu'elle la regardait avec de grand yeux tout en grimaçant à cause du morceau de fruit de mer coincé dans sa gorge. Elle avait oublié à quel point la petite Miyu était bavarde. Il faut dire que depuis la kermesse, les deux rouquines ne s'étaient pratiquement plus vue. Jordan l'a croyait même transférée dans un autre établissement, c'est pour dire! Et l'allusion à la raclée envisageable lui rappela également que cette dernière avait pris sa défense vis-à-vis de Jin, un sale type qui n'était pas en reste quand il s'agissait de l'ennuyer. Néanmoins, Jordan secoua la tête vivement quand Miyu proposa de le lui faire payer. Et une fois remise de son étranglement, Jordan profita du silence de la petite pour répondre ne serait ce qu'à une question restée sans réponse.

« Je... je vais... bien merci. »

Et allons bon, les bégaiements revenaient... Jordan se souvenait pourtant avoir réussi à parler plus ou moins convenablement avec son interlocutrice. Pour cela il suffisait... il suffisait... *je ne dois pas la regarder, je suis toute seule, ça va aller, c'est Miyu... * Jordan prit une profonde inspiration et posa son regard sur une crevette qui d'un seul coup semblait la regarder d'un sale genre.

« Ça... ça faisait vraiment longtemps. Je pensais que... que tu avais changé d'école pour être honnête... »

La rouquine marqua une courte pose avant de tourner légèrement la tête vers le reste de la salle. À une table, des jeunes les regardaient, sans doute des amis de Miyu. Et en replongeant son regard vers sa petite boite, baissant la tête comme si elle était coupable, poursuivit :

« Tes... tes amis ne vont pas être fa... fâchés que tu sois ici? Avec moi? »

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Miyu ne savait pas vraiment pourquoi elle s'était attachée à Jordan, mais depuis le départ, elle avait envie de a protéger. La protéger des autres, l'aider à se faire respecter. Elle qui n'avait jamais eu de problèmes pour s'intégrer avait un peu de mal à comprendre comment on pouvait se laisser ainsi marcher sur les pieds et se tenir autant à l'écart. Alors elle avait décidé - d'abord parce que l'autre imbécile l'agressait - qu'elle lui apprendrait à se défendre. Vaste programme quand on voyait que sa simple présence, pourtant non menaçante faisait bégayer le demoiselle. La jolie kendoka secoua la tête, faisant virevolter ses longues couettes alors qu'elle séparait ses baguettes.

"Itadakimasu !"

Elle regarda le repas de sa camarade de classe. L'onigri, soigneusement mis de côté, semblait également faire fureur du côté de l'australienne. Miyu sourit franchement en voyant ça et se dit qu'elle avait drôlement bien fait de se dépêcher. Sur tous ceux qu'elle apercevait, il lui semblait que tous les élèves s'en étaient servi !

"Bah non, j'ai pas été transféré. On est dans la même classe ! Enfin c'est pas grave. Le principal, c'est que tu ailles bien. Tu aimes les boulettes de riz ? Je vois que tu en as pris. J'ai du me dépêcher pour en avoir. Ça part comme des petits pains, c'est affolant ! C'est une vraie bataille de nos jours de pouvoir manger ce qu'on veut ! J'te jure, c'est pas une vie !"

Et sur ces paroles pleines de sagesse, elle adressa un clin d'œil à Jordan et commença à entamer son repas gargantuesque. Pour une fille aussi fine qu'elle, il était étonnant de voir la quantité de nourriture qu'elle ingérait chaque jour. Noburo-san (le cuisinier) avait d'ailleurs été très surpris lors de sa première année à Shokuboo Inochi. Maintenant, il lui doublait presque sa ration quand il la voyait arriver. De là était née une certaine complicité entre eux et il n'était pas rare qu'elle s'arrête quelques instants pour parler avec le jeune homme.

"T'as fait tes exercices de maths ? J'ai essayé tout à l'heure, mais vraiment, c'est du charabia ! Comment y en a qui peuvent aimer ça ? Ça me dépasse totalement ! Les maths, c'est le mal. Y a des chiffres, des lettres, des plus et des moins qui deviennent des moins ou des plus, des "égal" qui ne sont pas égaux, des machins qui n'existent pas mais sur lesquels on travaille quand même. C'est pas humain comme matière !"

Le plus déconcertant, en fait, n'était pas qu'elle mange comme dix. Non, ce qui surprenait la plupart des gens qui la côtoyaient ne serait-ce qu'un peu était le fait qu'elle réussisse l'exploit de parler pour tous, de manger comme un ogre et le tout dans un temps record sans faire les deux en même temps. Jordan avait donc là l'occasion d'admirer toute sa virtuosité dans ce domaine. Miyu mangeait, avalait, parlait et se remettait à manger. A elle seule, elle était presque l'incarnation de l'image de la femme capable de faire tout un tas de choses en même temps. Il fallait dire aussi que survoltée comme elle était, jamais elle n'aurait pu se contenter de faire un acte après l'autre en prenant son temps.

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Et paf! Ça lui apprendra d'avoir plus souvent le nez plongé dans ses bouquins plutôt que sur le reste du monde. Jordan ne pensait pas toujours à tourner la tête en direction de la classe et donc, de ce fait, ne prêtait pas attention à qui venait ou non dans la classe. Ce pour quoi elle s'en voulait un peu, baissant la tête d'avantage vers sa boite à repas, car malgré tout Miyu s'était toujours montrée gentille à son encontre. Et elle le prouvait encore en lui adressant un clin d'œil amical. Mais le sourire qui naquit sur les lèvres de Jordan n'était en rien lié à ce geste mais plutôt à ce qui avait été dit. Jordan avait bien remarqué la lutte que les onigiris avaient provoqués et en voyant son propre pain de riz, la rouquine était fière de savoir que pour celui là, elle n'avait eu qu'une chose à faire : venir en classe de cuisine avant les heures de cours et de préparer son propre repas.

Mais quand bien même eu t elle eu envie de le lui dire, voir même de lui proposer de lui préparer un jour un petit quelque chose à manger, que Miyu ne lui en laissa pas l'occasion, abordant un tout autre sujet qui passa bien au dessus de l'épaule de Jordan qui avait eu le malheur de regarder Miyu. C'était impressionnant : sa façon de manger tout en parlant était ahurissant! Tout simplement prodigieux... Jordan en restait les baguettes pendantes vers son bentô et la bouche ouverte de stupéfaction.

« Les... les maths? Oui, euh non... enfin oui. »

À force de voir sa camarade de classe engloutir une montagne de nourriture à la vitesse de la lumière avait eu le mérite de la perturber plus encore que son malaise d'être entourée d'une foule de monde. Plus Miyu mangeait plus Jordan avait l'impression que c'était elle même qui enfournait chaque bouchée à tel point qu'elle se senti repu et bu une gorgée de son eau pour faire passer ce qu'elle n'avait pas mangé. Une eau purificatrice qui remit un semblant d'ordre dans son esprit.

« Si tu veux... »

*Non, non, pas bon ça ma fille, pas bon... elle est peut-être gentille mais tu risques de finir par faire ses devoirs à sa place si tu lui proposes de l'aide*

« C'est pas si... si difficile quand on comprend le principe. »

De peur d'avoir été cernée quant à son niveau d'étude, Jordan porta à nouveau sa bouteille d'eau à ses lèvres. N'osant plus regarder la rouquine de peur de lire une étincelle dans son regard, de peur de voir sa bouche s'entrouvrir pour dire la phrase maudite, cette affreuse ''tu ne pourrais pas m'aider''. Jordan avait eu trop de confiance envers Miyu qu'elle craignait véritablement que cela se produise, que cette petite si attachante sans raison apparente ne soit en fin de compte que comme les autre. Et une fois sa gorgée d'eau bue, elle préféra cette fois ci être celle qui empêche l'autre de parler, lui tendant son Onigiri qui ressemblait fortement à celui que Miyu avait elle même sur son plateau si ce n'est qu'il était un rien plus gros (l'avantage du fait maison peut-être)

« Tiens... tu veux goûter? C'est... moi qui l'ai fait, ça ne vient pas d'ici. Je... je me prépare tous les mat... matin mon repas. De... d'habitude je ne mange pas au... réfectoire.»

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Miyu haussa les épaules, but une gorgée d'eau et riva ses yeux dans ceux de sa camarade. Enfin essaya, puisque comme d'habitude, Jordan semblait fuir le contact. La nippone se retint de faire claque sa langue contre son palais de désapprobation et se contenta de lever les yeux au ciel avant d'essayer de reprendre la parole. L'Autralienne, pourtant, avait l'air décidé à ne pas la laisser faire. Contente de la voir s'exprimer un peu, la fausse rousse alla même jusqu'à ne rien engloutir de plus et ne pas essayer de parler pour l'écouter. La proposition l'avait surprise d'ailleurs.

"T'es sûre ? J'veux dire, c'est très gentil mais t'as l'air d'aimer ça aussi. J'veux pas te priver ! Ceci dit, ça m'a l'air drôlement bon. Tu cuisines aussi bien que tu fais des poupées ? Bon, j'vais me laisser tenter, mais un petit bout hein ! Comme ça, il t'en restera. Si tu veux, je t'en donne aussi du mien, mais ça va être moins bon, c'est sûr !"

Et elle prit délicatement l'onigri pour en couper un bout avec ses baguettes et rendre le reste à la jeune fille. Souriante comme d'habitude, sinon plus vu l'offre conséquente qui lui avait été faite, elle attrapa le bout et le posa délicatement sur sa langue, jouant avec les saveurs qui s'emparaient de sa bouche. Ses papilles gustatives était aux anges, par conséquent, la jeune fille aussi. Jordan Smith, fille timide et renfermée, trop peu sociable mais bonne élève, future cuisinière attitré de Miyu Chibawa. Quand elles sortiraient de l'école, la japonaise l'embauchait !

"Humm humm ! Hmm !!"

Sauf que même comme ça, même ravie, non, enchantée plutôt, la première année ne savait pas se taire. Les yeux fermés de bonheur (elle en rajoutait un peu mais après tout, rien n'interdisait de faire l'andouille en appréciant quelque chose à sa juste valeur), la joyeuse demoiselle avala son met.

"Vraiment très, très bon ! T'es super douée ! Tu veux faire quoi plus tard ? Cuisinière ? Tu pourrais tu sais ! Et si tu deviens chef cuistot et que tu as ton propre restaurant, je deviens critique gastronomique juste pour venir manger ! Je me demande pourquoi tu sembles tellement avoir peur des autres avec un talent pareil. Le prochain qui t'embête, tu l'étouffes avec des onigri fait maison. S'il se tait pas parce qu'il étouffe, il se taira parce que ce sera trop bon pour parler. Quoique je suis pas le meilleure exemple là, mais tout le monde n'est pas moi !"

Elle laissa échapper un petit rire amusé.

"Heureusement d'ailleurs !"

Elle s'arrêta un instant de parler, engloutissant sans un pensée un peu de riz.

"Tu crois qu'avec le kendo et les cours, j'aurais le temps pour apprendre à cuisiner ?"

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*Allez dis oui, dis oui... * Jordan se sentit soulagée de ne plus entendre parler de maths. Et quand Miyu hésita, l'autre rouquine se contenta d'acquiescer de façon assez sec, toujours un peu apeurée que ses manières soient mal perçues ou critiquées. Et comme si ça ne suffisait pas, après que la petite eu accepté, Jordan se sentit envahie d'une nouvelle frayeur : *Et si c'était mauvais? Et si elle s'étranglait avec? Oh non, non, non!!* Ne restait dès lors qu'attendre le verdict. Après avoir rougit face au compliment fait à ses poupées, Jordan releva le nez pour contempler les traits fins de sa camarade de table. Sa bouche se faisait de plus en plus pâteuse alors que son dos était en sueur. Et comme si cela ne suffisait pas, les secondes semblaient s'éterniser pour devenir des heures. Des heures interminables où la rouquine s'inquiétait de savoir quoi faire : appeler les pompiers, police secours, une ambulance...? Une agence de voyage pour un billet d'avion last minute pour le bout du monde? C'était une torture sans nom, autant pour l'adolescente que pour ses baguettes qu'elle tentait de tordre comme on tord un torchon imbibé.

*Oh mon dieu* un profond soupire de soulagement s'échappa de ses lèvres dès l'instant où elle perçu le premier son de contentement. Et toutes les mini Jordan dans son esprit raccrochèrent leurs téléphones respectifs. L'alerte avait été levée et tout était rentré dans l'ordre, ou presque. La rouquine était toujours mal à l'aise face à ce petit bout de femme si dynamique et attachant. Ce petit bout de femme qui parvenait à lui faire un florilège de compliments alors que Jordan avait tout à envier à la petite. Et de ce fait, elle ne méritait pas les compliments qu'elle recevait. Ce pourquoi elle secoua la tête quand l'idée de devenir chef cuistot fut dite. Jordan ne savait pas quoi faire de sa vie, elle avait bien le temps d'y penser mais elle se sentait bien trop incapable et idiote pour un jour parvenir à faire quelque chose. Elle n'était personne comparé aux autres, personne comparé à Miyu, elle qui était si douce, drôle, gentille, mince... Jordan elle-même n'aurait su dire si son second soupire était de détente ou de dépit.

Son regard quitta ses baguettes qu'elle tenait sur ses genoux pour parcourir l'adolescente en face d'elle, la détaillant comme on admire un miroir illusoire, lui montrant un reflet qui ne serait jamais réalité, celui d'une rouquine qui attire la sympathie de tout le monde et qui affiche toujours un sourire. Et c'est lors de cette observation assez triste en fin de compte que les paroles de sa camarade défilèrent. *Pourquoi te montres tu si gentille avec moi? Il y a tellement de personnes plus intéressante que moi? Tu ferais vraiment mieux de me laisser dans mon coin, j'ai l'habitude tu sais...* Mais apparemment Miyu n'était pas doté du don de télépathie, elle n'entendait donc pas les pensées de la rouquine qui avait une nouvelle fois baisser la tête pour cacher son regard triste. Et encore un nouveau soupire. Jordan tentait de trouver la force de relever la tête et d'affronter la situation assez compliquée pour son petit cerveau embrouillé.

« Je... je ne connais pas tes... tes heures de kendo mais si ... si tu veux, tu peux venir le matin avant les cours. Je... je suis toujours en salle de cuisine pour faire mes repas... je... je pourrais t'apprendre... mais... mais si tu refuses, je... je comprendrais »

*Et oui, qui voudrait être avec toi tous les matins franchement! T'es bête ou quoi, elle va t'envoyer bouler, gentiment Ok mais elle t'enverra bouler.*

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Un grand sourire illumina son visage. L’offre de sa camarade de classe la ravissait au plus haut point ! Quel meilleur moyen d‘apprendre que d’avoir comme professeur une fille douée ? Cela, toutefois, elle ne le dit pas . Miyu, quoique survoltée et généralement peu observatrice, avait tout de même bien remarqué que ça gênait l’Australienne. Son but n’étant pas de la mettre mal à l'aise, elle préférait ne pas aborder le sujet. Ou pas de cette façon si directe qui était sienne. Alors elle hocha juste vigoureusement la tête, soulevant et baissant sa masse de cheveux attachés en deux couettes. Elle avait l'air d'une gamine. Elle s'en fichait.

"Nan nan nan. Loin de moi l'idée de refuser ! Au contraire, je suis contente que tu me proposes ça, j'osais pas te le demander ! Il faut être levée à quelle heure ? Bon, d'habitude j'fais la grasse mat', mais je ferais un effort. Tu vas voir, je suis une élève dissipée mais appliquée - enfin, c'est pas ce que te diront les profs mais bon, on sait comment ils sont. Des rabats-joie sans fantaisie moi j'dis !"

Ugh ! Miyu avait parlé. Elle ponctua d'un nouveau sourire sa tirade et replongea dans son repas désormais presque fini. Elle avait donc déjà tout mangé ? Flûte ! Nobuo-san n'avait pas du assez lui en donner. Ou alors, Jordan lui donnait faim. La fausse rousse secoua la tête à nouveau devant le double-sens potentiel de sa phrase. N'importe quoi ! Non qu'elle ait quelque chose contre l'autre première année. Non, non, pas du tout. Simplement, il s'avérait que les femmes, aux dernières nouvelles, c'était pas son credo. Elle, elle aimait les mecs. Les purs, les durs, les tatoués. Ou pas. Ses pensées dérivèrent davantage, avant qu'elle ne s'exclame bruyament (mais savait-elle seulement être silencieuse ?) :

"Oh j'y pense ! T'as été au bal ?! C'était flippant franchement ! Je me demande ce qui s'est passé vers la fin. Sérieusement, j'ai rien compris. Certains disent qu'il y a eu un mort, ça fait froid dans le dos. Mais j'pense pas que ce soit vrai. Le directeur en aurait parlé, non ? Enfin, c'est peut-être pour ne pas créer la panique."

Elle sembla pensive pendant une demi-seconde.

"Et les LP après ! J'aime bien leurs blagues en général - je sais je suis bizarre, tout le monde me le dit - mais sur le coup de la mafia ! La mafia ! Si c'est vrai, c'est super excitant ! Mais c'est dangereux quand même. J'ose pas en parler à mes parents, je veux pas qu'ils me fassent quitter l'école."

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Mais son courage s'évapora tout aussi vite au fur et à mesure qu'elle avait fait sa proposition. Jordan restait convaincue qu'elle ne recevrait, en toute réponse, qu'un non ferme et catégorique. Et de ce fait, elle baissa la tête tout en fermant les yeux, attendant le verdict. *Allez, achèves moi, dis moi non que je me retrouve plus bas que terre... et voilà, merci. Je le savais que c'était perdu d'avance. C'était inévitable, quelle conne je suis franchement, quelle... hop hop hop trente secondes* Jordan ouvrit de grands yeux, fixant une nouvelle fois les dégâts que ses mains crispées assénaient à ses baguettes sur ses genoux. *Elle... elle a dit oui? J'ai bien entendu?*

Apparemment oui, Miyu avait accepté la proposition, mieux, elle n'osait pas le demander – ce qui était un comble connaissant la petite. Jordan n'en revenait absolument pas et le temps que son cerveau rembobine et re passe le passage de la réponse, elle zappait complètement le long blabla de l'élève dissipée selon les points de vue. Et donc, quand le mot « fantaisie » jaillissait des lèvres d'une rouquine, la question « quelle heure? » concluait le replay de l'autre. Et en bonne jeune fille surprise et complètement perdue, elle répondit en bafouillant plus que d'habitude, dans un murmure chevrotant.

« De... de... deux heu... heures... a... avant... avant le... les cou... cours »

*C'est pas vrai, j'en reviens pas... y a truc, c'est obligé y a un truc. Je verrais bien... oui c'est ça, je verrais bien. Elle ne viendra peut-être pas et je n'aurais plus besoin de me tracasser. Ouais c'est ça, ça doit être ça. C'est de quoi? Le bal?* Il fallait vraiment qu'elle soit plus attentive. Ses émotions l'avaient emportée à ''Perpet. les oies'' et il fallait bien que ses neurones reviennent au galop pour reprendre le train en marche, soit au moment où sa camarade lui parlait de qu'est ce qui s'est passé à la fin?! Jordan n'ont plus n'avait rien suivit, ou du moins, qu'à moitié. Elle se trouvait assez près de la porte d'entrée pour cerner quelques mots échangés entre adultes après que le concert aie reprit mais entre le brouhaha des élèves suspicieux et la porte qui s'ouvraient et se refermait, Jordan n'avait pas compris grand chose excepter qu'il fallait rester vigilant.

Rien que de songer à cette histoire, suivie de l'intrigue des LP peu de temps après, Jordan prit un air songeur également. Que penser en effet? Cette réflexion eu le mérite de la détendre un peu, laissant ses épaules tomber un peu et ses doigts se desserrer de sur les baguettes qu'elle observait à présent sans les voir. Elle vaguait ainsi dans ses pensées, réfléchissant, elle aussi, à la situation. La rouquine était tellement submerger par ses études qu'elle oubliait de temps en temps, voir tout le temps, de s'inquiéter du monde extérieur. Généralement, ses pensées se résumaient à « comment éviter tel ou tel groupe et comme survivre un jour de plus » Mais Miyu avait trouvé là un sujet fort intéressant et qui permit à Jordan, l'espace d'un temps, d'oublier qu'elle n'était pas seule, laissant ses pensées filtrer ses lèvres machinalement.

« C'est vrai que c'est étrange. Mais si c'est vrai, si la mafia est ici, alors il est possible qu'il y ai eu un mort au bal. Mais pourquoi la mafia serait elle là? Quel est l'intérêt de se retrouver dans une école? Déjà les LP c'est quelque chose mais la maf... » son visage, se relevant, laissa au regard de Jordan le loisir de croiser la silhouette et les traits fins de sa camarade de classe, ce qui lui rappela en une fraction de seconde qu'elle n'était ni seule, ni dans un lieu sécurisé pour penser à autre voix. Ses yeux s'écarquillèrent donc à nouveau tout comme sa voix chancelante qui refit son entrée « Je... par... pardon, je... je parle tout... toute seule. »

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Deux heures avant les cours. Reprenant son monologue sur la mafia, la jeune fille tentait de prévoir son nouvel emploi du temps. Elle ne pourrait guère se permettre de se coucher aussi tard qu'elle le faisait en temps ordinaire si elle devait se lever plus tôt? Cependant, elle ne put y réfléchir plus. Exceptionnellement, Jordan avait pris de l'assurance et s'était mise à parler sans bafouiller. Miyu eut un sourire en coin alors que son regard s'ancra à nouveau à la réalité, laissant ses airs songeurs pour plus tard. Mais déjà, l'Australienne reprenait contact avec ce qui l'entourait et n'osait plus parler. Dommage.

"Non non, continue, n'hésite pas. J'aime bien ne pas parler toute seule. Et puis, pour en revenir à ce que tu disais, si la mafia est vraiment là, il y a peut-être eu un mort oui. Mais j'en doute. On en aurait entendu parler, non ? Enfin ça me semblerait bizarre qu'on nous le cache, à moins qu'on ne veuille pas nous effrayer. Cela dit, je pense que ça se saura forcément. Y a qu'à voir ce que disent les LP... D'ailleurs..."

Elle se mordilla la lèvre, déposant doucement ses baguettes sur la table, puis s'appuya sur ses coudes, menton sur ses mains entrelacées.

"Comment peuvent-ils être au courant ? Je veux dire, si c'est vrai. On n'a jamais su qui sont ses gars, mais même s'ils font des blagues foireuses, moi j'ai l'impression que ce n'est pas ce qu'on pense. Tout le monde dit que c'est une mauvaise plaisanterie, mais ça n'a rien de drôle, même pour eux. Ils s'en sont pris aux élèves, pourquoi changer maintenant ? Pourquoi faire peur ?"

La rousse se tut quelques instants, en pleine réflexion. Personne n'avait jamais connu l'identité du groupe de "Maraudeurs". Il n'y avait que la Voix dont on connaissait... la voix. Le reste était un mystère. Étaient-ils des élèves ? Certains avaient parfois soupçonné le directeur, mais ça semblait curieux. Il aimait les farces, d'accord. Cependant, il devait bien avoir des obligations. Rien n'empêchait tout de même que lui sache qui se jouait des élèves de son école. Ça expliquait qu'Ils aient pu être au courant si Takamura-san savait quelque chose... Miyu secoua la tête.

"Y a un truc qui cloche. Même si c'était vrai, même s'ils avaient raison, même si pour une fois ils étaient sérieux... Comment sauraient-ils ? Ça parait bizarre. Et puis la mafia n'a rien à faire dans une école. Shokuboo Inochi n'est qu'un pensionnat et un établissement scolaire, rien de particulièrement intéressant. Je comprends pas... Les LP n'ont aucun intérêt à faire ça et pourtant, ils nous laissent ce message. Ça n'a aucun sens !"

Elle fronça les sourcils, récupéra une de ses baguettes dont elle mâchonna le bout.

"T'en dis quoi toi ? Sincèrement ? J'veux dire, sans te poser de questions à ce que je peux penser de toi, sur ceux que les autres peuvent penser de toi. Personne nous entend, alors dis-moi franchement. Qu'est-ce que tu en penses ?" demanda-t-elle, exceptionnellement sérieuse, les yeux rivés dans ceux de sa camarade. "Tu crois que notre lycée cache quelque chose ?"

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Pas de moquerie, pas de sourire en coin... au contraire, Miyu suivait sa théorie, réfléchissait à cette affaire qui rendait les élèves suspicieux et parfois même, inquiets. La paranoïa n'était d'ailleurs pas loin à force de voir des choses étranges arriver. Il fallait donc que Jordan se résonne. Non seulement elle n'était pas seule à se soucier des histoires de mafieux et de loups phoques mais en plus, c'était ce qui se rapprochait le plus à une amie qui se tenait devant elle. Et pas un de ces garçons aux paroles venimeuses ni une de ces filles superficielles qui arpentaient si souvent les couloirs de l'école en piaillant. Ainsi donc, la rouquine tenta de se détendre après ce nouvel accès de frayeur et de sueur froide. Miyu n'allait ni la manger, ni la blâmer, ni... rien du tout. Juste avoir une conversation d'égale à égale, ce qui était une chose assez rare dans le monde de l'australienne.

Comme sa camarade, Jordan joignit ses baguettes, avec délicatesse et une extrême lenteur, pour ensuite les poser sur sa boite où résidaient encore quelques miettes de son repas. Des restes qui attirèrent son attention pendant qu'elle écoutait son amie. Plus la petite étoffait sa théorie, ou plutôt sa pléthore de questions, plus Jordan s'interrogeait à son tour, pinçant ses lèvres l'une contre l'autre au point de stopper la circulation sanguine dans ces dernières. Même le brouhaha alentour ne parvint plus à la perturber. Ses grands yeux clairs continuaient de regarder les petites miettes dans la boite en bois vernie, les regroupant du bout de l'index tout en restant silencieuse. Calme et étrangement détendue bien que son esprit soit assez perplexe. Et alors que son amie se taisait, Jordan ne trouva pas utile de reprendre la parole. À moins que les questions de Miyu n'était en fait que l'écho de sa propre réflexion et qu'elle avait, à un moment ou un autre, fait une nouvelle fois abstraction de sa présence à ses côtés.

Et puis – y a un truc qui cloche – Jordan sursauta, perdant le fil de ses idées. Il lui fallu quelques secondes pour que tout reprenne sa place dans son esprit : la présence des autres élèves dans la pièce, les paroles sans aucun rapport de leurs conversations, les vas et viens des gens, autant adultes qu'adolescents puis Miyu. Celle ci n'avait rien perdu de sa verve ni de ses doutes. Elle était fascinante dans sa façon de parler des LP, on aurait dit qu'elle les... aimait bien. C'était vraiment une chouette fille. Un sourire en coin naquit sur les lèvres de la rouquine sans qu'elle s'en rende vraiment compte. Pendant une minute, regardant sa camarade, elle oublia les soucis de l'école pour penser à cette fille en face d'elle, qui se montrait si gentille, étrange mais gentille, à son encontre. Pour une fois, elle pouvait la regarder sans peur car Miyu semblait de toute façon en train de regarder et de penser à autre chose. Autant elle avait été invisible aux yeux de Jordan un peu plus tôt, autant l'australienne se sentait transparente à cet instant. Assez translucide pour se permettre de détailler son... amie. Ce mot jaillissant presque naturellement dans son esprit sonna de façon étrange lui aussi. C'était encore trop vite dit – penser dans ce cas ci – il fallait encore qu'elle fasse ses preuves en quelques sortes, bien qu'elle en avait déjà fait beaucoup par le passé.

Puis le don de transparence s'évapora, Miyu revint sur terre, tétanisant Jordan qui ne quitta pas les prunelles de son amie des yeux. Elle venait d'être prise au dépourvu et pire encore, elle sentit son corps se pétrifier quand Miyu insista pour qu'elle prenne la parole, *faire comme si... * Elle en avait de bonne dis donc. Jordan déglutit difficilement avant de sortir de sa torpeur et de reposer son attention sur autre chose. Le mur en face, ça c'était bien. Il était blanc, ne bougeait pas, ne réagissait pas... c'était la vision idéale pour prendre la parole tant bien que mal. Ce qui annonça une nouvelle crise pour les baguettes que Jordan avait repris machinalement entre ses doigts crispés.

« Je... je trouve ça bizarre. »

Le mot était juste, elle acquiesça en se le répétant, les yeux toujours braqués sur le mur

« Je... je ne vois pas l'intérêt de lancer cette blague de... de mauvais goût. De... d'habitude, ça fait rire au moins un... une personne là, c'est... c'est pas drôle du tout... pour personne. »

Bien que encore bafouilleuse, Jordan parvenait à maîtriser sa crainte de parler devant un auditoire, aussi infime soit il, et sa voix au préalable assez basse, commença a s'éclaircir au fil des mots.

« Ce n'est pas dans leurs habitudes. Ce n'est pas leur genre je veux dire. Il faudrait savoir ce que les profs en pensent. Le directeur doit s'expliquer... je pense, non? »

Une question, rien qu'une mais elle était la source d'une nouvelle frayeur. Elle devait à présent abandonné son mur pour regarder à nouveau son interlocutrice. Ce qu'elle fit telle un automate, tournant la tête lentement, comme un robot mal huilé. Une perle de sueur vint même naître sur sa tempe en imaginant que son pire cauchemar, être attentivement observée, soit une réalité dans le regard de Miyu. Mais advienne que pourra, la question était posée, il fallait donc une réponse.

Invité

Le directeur ! Jordan avait raison ! Il fallait aller voir le directeur ! Lui saurait répondre. Il n'était pas arrivé depuis très longtemps, mais peut-être savait-il si le lycée cachait quelque chose. Miyu était persuadée que le pensionnat avait un secret. Peut-être y avait-il une vieille toile cachée quelque part, avec un vieux bout de manuscrit qui était la dernière preuve de l'existence du tableau ! Et alors, la mafia aurait trouvé le manuscrit, mais comme elle n'avait pas librement accès à l'école, elle avait essayé d'infiltrer les professeurs ! Et l'espion avait échoué, parce que leur établissement était plein de passages secrets. Ça expliquait les corps. Les yakusas avaient essayé de soudoyer le directeur mais Takamura-sama, loué soit son nom et ses blagues idiotes, avait tenu bon ! Pour la peine, les méchants avaient voulu lui donner un avertissement au bal ! Il ne restait qu'à trouver la toile, la donner à la police et hop là ! C'était réglé ! Et tout le monde dirait que Chibawa Miyu était un génie !

Toute à son délire, la rouquine arborait un visage triomphant et - en toute honnêteté - légèrement psychopathique. Jordan face à elle devait trembler comme une feuille. Ça c'est ce que la première année aurait pensé, si elle y avait fait attention. Pour le moment, bras levé, doigt pointé devant elle, sourire XXL, la fausse rousse se retenait juste de se laisser à rire diaboliquement. Puis elle reprit son sérieux tout aussi soudainement. Imagination mise à part, l'affaire était sérieuse. On était loin des mangas où le héros accompagné de son idiote de copine sauvait le monde sans comprendre comment, juste parce que c'était le gentil. Là, il y avait potentiellement des morts.

Elle se mordilla l'intérieur de la joue et joua un peu avec ses baguettes.

"On pourrait aller voir le directeur, mais j'ai peur qu'il ne nous dise rien. Avec un peu de malchance, lui-même ne sait rien. Au pire, on peut attendre que la police interrogent les élèves sur ce qui s'est passé. Si on est attentives, on saura peut-être quelque chose. T'en dis quoi ? l'idée te parait bonne ? Enfin, ils seront sans doute discret, mais on connait l'école, nous. On devrait bien arriver à un quelconque résultat. Sinon..."

Elle releva la tête et fixa un point invisible derrière Jordan, les sourcils froncés.

"Ça te tente de parcourir l'école ?"

Sinon elles pouvaient chercher elles-mêmes ce qui se cachaient dans les murs du pensionnat. Normalement, on ne leur ferait rien. Après tout, si des élèves cherchaient pour eux, les mafieux laisseraient sans doute faire. Ils n'avaient qu'à les piéger après. Quand à elles-deux, si elles jouaient assez finalement, elles pourraient s'en sortir sans heurt... Oui... Il fallait y croire. L'idée était bonne ! Non ?

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Bavardages et onigri [PV Jordan]

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