Tout était parti d’une discussion entre filles à la sortie des cours, durant le ménage des classes, quelques jours auparavant. A savoir, de tous leurs profs, lequel était le plus sexy. Une discussion de filles quoi ! Sumiko n’avait d’yeux que pour Moe sensei et son look de voyou, tandis que Kazuma vantait le calme et le sourire d’Egawa sensei. Hoshino Sensei quant à lui recevait les louanges d’Harada chan et tout le monde avait beau crier aux grands dieux qu’il était homosexuel, harada n’en démordait pas. Les sœurs Fukimo se mirent à deux pour clamer les mérites et le corps sûrement divin d’Hasegawa sensei et tout cela aurait pu partir en débat furieux si Konata n’avait émit sa préférence pour les formes harmonieuses de Takada sensei, faisant surgir un silence pesant dans la salle. Silence qui fut rompu par le bruit de la fenêtre que Makoto Togawa avait fermée après y avoir donné un dernier coup de chiffon. La lanceuse descendit de sa chaise d’un bond.
« Vous oubliez O’Leary sensei. C’est lui le plus attirant ! »
Affirmation qui fut appuyée de toutes parts. Cathan O’Leary était le plus beau, le plus fort, il sentait bon le sable chaud, ses cheveux roux était les plus soyeux et le fait qu’il soit un gaijin en rajoutait à son charme par un peu d’exotisme. S’en était suivi une discussion sur qui aurait le cran de lui parler pour autre chose que les cours, qui ferait une meilleure petite amie pour lui, qui oserait l’inviter à danser au bal du festival du printemps et enfin qui oserait prendre des photos de lui.
Et voilà comment et pourquoi Makoto se retrouvait ce matin là, assise sur une branche d’arbre. Pas n’importe quel arbre, celui dont une branche donnait sur le côté du bâtiment Edo, et dont la dite branche venait toucher le mur juste au dessus de la fenêtre de la salle des professeurs. Elle avait d’abord essayé de se poster près de la fenêtre mais celle-ci était ouverte pour profiter d’un des derniers matins ensoleillés avant l’hiver et c’était bien trop risqué. Elle avait ensuite repéré l’arbre et sa branche et s’y était juchée, à plat ventre, son téléphone portable au bout de son bras tendu, essayant d’assurer un minimum son appui pour que sa main ne tremble pas et que la photo ne soit pas floue.
Cathan O’Leary était là, seul, buvant un thé, un journal déplié sur ses jambes dont l’extrémité était posé sur la table quand il releva soudain la tête, remettant pied à terre, les sourcils froncés. Intriguée Makoto recula son appareil et soudain sa branche se mit à trembler.
« Un tremblement de terre… »
La jeune fille s’accrocha à la branche pour ne pas glisser. Dans la salle, O’Leary sensei s’était levé. Des piles de feuilles et de bouquins tombaient un peu partout des meubles, son café gisait, renversé sur le sol. L’œil de Makoto fut attiré par un mouvement à hauteur de ses yeux. Le globe de plâtre posé sur l’armoire devant laquelle était le professeur de maths, tressautait et glissait vers le bord juste au dessus de la tête rousse. Ni une ni deux, Makoto bondit de sa branche avec un hurlement.
« ATTENTION SENSEI ! »
Et traversant la fenêtre ouverte, elle percuta le professeur et l’entraina rouler plus loin tandis que le globe s’éclatait au sol dans un gros nuage de poussière et un geyser d’éclats de plâtre.