Enfin le week end qui arrivait alors que la dernière journée de cours s'achevait. Une journée pour le moins épuisante si on prends en compte le fait que Yahei avait passé la plupart de ses soirées a l'exterieur a boire n'importe quoi avec n'importe qui, se réveillant parfois dans des endroits bizarres .. avec des gens tout aussi bizarres d'ailleurs. C'était un vrai miracle qu'il soit encore en vie aujourd'hui. A croire qu'il jouait a un jeu dangereux, en équilibre au bord du vide, les yeux bandés et qu'il avançait le long d'un muret en équilibre précaire. A un moment ou a un autre il finirait bien par tomber. C'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour occuper son temps ces derniers jours, entre l'envie de s'autodétruire et celle de profiter au maximum de sa liberté et de sa jeunesse. La fatigue y jouant beaucoup, Yahei n'était pas des plus agréables compagnons en ce moment, la plupart de ses amis s'étaient un peu éloignés de lui pour éviter ses sauts d'humeurs et il avait même emballer plusieurs de ses conquêtes pour avoir un peu de sollitude.

D'ailleurs la solitude il la retrouvait ici, dans la salle de musique. Les étudiants ne s'attardaient guère le vendredi après les cours. Ils s'empressaient de rentrer dans leur chambre pour préparer leur valise dans le cas où ils rentreraient chez eux le week end, ceu qui sont des résidents permanents se dépèchent de quitter les lieux pour aller trainer en ville. Yahei avait donc tout le calme dont il avait besoin pour le moment. La salle de musique était vide, on devinait que plus tot dans la journée il y avait eu de l'activité, notamment a cause du club de musique qui était très actif. De ci de là un violon trainait dans son étui posé sur une chaise, des flûtes étaient encore éparpillées sur une table et le clapet du clavier du piano n'avait pas été fermé, laissant les touches a l'air libre. Le jeune homme posa son sac dans un coin de la pièce avant de venir s'installer en silence sur le petit banc devant le piano, effleurant les touches blanches et noires du bout de ses doigts. Ca faisait longtemps qu'il n'avait plus jouer, manque de temps, manque de motivation ou d'inspiration. Il n'avait jamais vraiment aimé jouer pour les autres, il n'avait apprit le piano que parce que ses parents le lui avait demandé... et il n'avait pas refusé. Au fur et a mesure il s'est avéré qu'il avait une grande facilité d'apprentissage pour cet instrument, même s'il n'était pas spécialement passionné... alors il avait continué. Jusqu'a ce qu'il en ai assez qu'on lui dise sans cesse quoi jouer et comment le jouer. Il avait envoyer chier tout ce petit monde, leur disant qu'il ne jouerait plus pour personne.

Maintenant il jouait pour lui quand il en avait envie, sans se forcer et sans qu'on le lui demande. Il poussa un léger soupire et ses doigts enfoncèrent une série de touches faisant jaillir une mélodie qu'il poursuivit doucement, lentement, suivant un rythme qu'il était le seul a connaitre, a suivre, a dicter. Il continua donc sur sa lancée, la mélodie devenant une véritable musique a part entière que Yahei connaissait par coeur et faisait naitre sous ses doigts en expert. Le son devint plus assuré, plus fort aussi. Il risquait de ne plus passer inaperçu mais peu importe, il ne devait pas rester grand monde dans les environs. Petit a petit il s'apaisait, la magie de la musique comme dirait certains. Sa longue chevelure d'ébène ramené en queue de cheval parfaite, dégageait son visage fermé et serein. Il était bien rare de voir le Prince dans un tel état de quiétude... et qui donc pourrait profité de ce spectacle.. si ce n'est cette silhouette devant la porte, que Yahei n'avait toujours pas remarqué.

« Et alors, il a dit à Sayaka qu’il préférait arrêter le Kyudo plutôt que de la voir moins souvent, c’est chou non ?
- Ouaih ! C’est pas Kosuke qui ferait ça pour moi ! Enfin bref ! Je dois filer !
- Ok, bon entrainement Miyuki-chan !
- Merci ! Bye Maki ! »

Les deux jeunes filles s’étaient levées en même temps mais tandis que celle aux cheveux longs disparaissait dans l’escalier, celle aux cheveux courts s’accoudait à la barrière qui bordait le toit de l’établissement. Elle posa son menton dans la paume de sa main et laissa son regard se perdre dans le lointain. Peut-être qu’elle aussi , un jour, serait plus importante que tout le reste pour quelqu’un…

Un vif coup de vent fit s’envoler les mèches autour de son visage et le bas de sa jupe, qu’elle plaqua sur ses fesses avec un « iii » inutile puisqu’il n’y avait personne sur le toit avec elle. Souriant toute seule, elle gagna à son tour l’escalier et redescendit vers les étages inférieurs. Elle était de corvée de nettoyage et ce n’était pas le moment de rêvasser.

Les deux volées d’escaliers défilèrent sous ses pas avant qu’elle ne gagne le premier étage dans lequel elle s’engagea en chantonnant. Chant qu’elle cessa bien vite, tout autant qu’elle ralentit le pas en entendant une mélodie s’élever de la salle de musique un peu plus loin. Entendre de la musique dans ce couloir était habituel mais ce qui ne l’était pas, c’était d’entendre un seul instrument. D’habitude, les musiciens du club jouaient ensemble ou papotait et c’était la première fois que le son du piano lui semblait aussi clair, aussi limpide, aussi tristement solitaire.

Ne luttant pas une seule minute contre sa curiosité, Makoto s’approcha de la porte à pas de loup et écouta encore un instant pour vérifier qu’elle n’était pas repérée avant de se risquer à se pencher et à jeter un coup d’œil. Ce qu’elle vit alors la figea sur place : Sadamori ! Vivement, elle disparut de l’encadrement de la porte et se plaqua contre le mur du couloir, essayant de se fondre dedans, les mains serrées sur son cœur affolé.
Yahei… C’était Yahei qui jouait !! C’était Yahei et il était tout seul ! L’infini des possibilités s’ouvrit devant Togawa, la faisant vaciller sur ses pieds. Rapidement, elle sortit son téléphone et pianota un sms :

Citation :

« Yahei est seul dans la salle de musique ! Je fais quoi ? JE FAIS QUOI ? »

Un autre clic et il fut envoyé à son amie Miyuki. Comme la réponse tardait à venir, au bout de cinq secondes, Makoto se décida. Il ne serait pas dit que les Togawa étaient des lâches ! Elle allait entrer là-dedans, s’approcher et féliciter Yahei Sadamori pour sa maîtrise du piano ! Oui c’est ce qu’il fallait faire ! Même si ses pieds semblaient soudain soudés au sol. Même si ce serait la première fois qu’elle oserait lui parler. Même si il lui en voudrait à vie de l’avoir dérangé. Même si ça devait être la dernière fois de sa vie qu’elle lui parlerait.

Lentement, elle passa la porte de la salle, les yeux fixés sur le si beau visage concentré du jeune homme dont les doigts couraient avec légèreté sur les touches d’ébène et de nacre. Arrivée à quelques pas de lui, la jeune fille s'arrêta, admirant le profil et la longue chevelure qu'un cordon de cuir domestiquait si bien. Elle n'avait jamais eu l'occasion de le voir comme ça, sans faux semblant, sans mise en scène, sans ce sourire si éblouissant mais aussi tellement travaillé. A ce moment, il lui sembla apercevoir la vraie essence de Yahei et elle en fut terriblement troublée.

Sa bouche s’était asséchée et Makoto fut soudain certaine qu’elle ne pourrait prononcer un mot. Elle était complètement folle d’avoir eu une idée aussi saugrenue. Il ne l’avait pas remarquée, tant mieux. Un pas en arrière… deux… quelque chose qui touche l’arrière de son genou… Elle ne fut pas assez rapide pour retenir la flûte traversière qui roula sur l’assise de la chaise où elle était posée avant de tomber par terre dans un vacarme métallique.

Les yeux solidement fermés, les poings et les genoux serrés, Makoto eut l’impression que l’écho ne cesserait jamais. Puis ce fut le silence. Les notes avaient cessé. Doucement, la jeune fille ouvrit les yeux. Yahei Sadamori la regardait. Il LA regardait. Virant au rouge vif, les joues en feu, Makoto Togawa s’inclina :

« Pardon ! .. Je ne voulais pas déranger… Je suis désolée Sadamori-san ! »

Voila qu'il en perdait la notion du temps, qu'il en perdait la notion du lieu. Où était-il, que faisait-il, quelle heure était-il? Aucune idée... il flottait, il se laissait aller. La mélodie naissait dans sa tête comme une fleur délicate qui éclot en douceur, les notes comme la sève d'un chêne, se diffusait dans ses veines et envahissait son être jusqu'a prendre possession de ses doigts qui bougeaient comme muent d'une vie qui leur était propre. Il ne les contrôlait pas, il ne cherchait pas a contrôler quoi que se soit. Il n'y avait bien que dans de telles situations que Yahei acceptait de perdre le contrôle de sa vie et de son existence. Il n'y avait que devant un piano, quand il jouait pour lui, qu'il acceptait de lacher prise et de devenir celui qu'il était, sans les paraitres. Ses doigts caressaient les touches noires et blanches dans un ballet étrange et compliqué, comme une danse connue d'eux seuls. Ses mains allaient et venaient sur le clavier avec la douceur d'une brise mais la volonté de fer d'un coup de marteau, a la fois doux et décidé, tendre et dur. La mélodie s'échappait dans l'air telle le parfum d'une rose sauvage, se libérant d'une captivité imaginaire, s'éloignant de son créateur comme un esclave fuirait son maitre. Et le voila donc, lui, Yahei Sadamori, qui se laisse bercer par sa propre musique.

Rare étaient ceux qui avaient eu la chance de le voir dans un tel état et dans une telle situation.. et pour ceux qui en ont eu la chance ils se sont concentrés sur le faiut de ne pas briser ce moment! Pas comme la demoiselle venait de le faire a cet instant précis! Le bruit métallique de la flûte qui tombe dans un terrible fracas fit reprendre ses esprit au jeune homme qui releva la tête de son clavier. Ses doigts cessèrent de s'agiter et la mélodie mourru, comme si elle avait été trop vite achevée, trop vite abattue. Il fallu quelques minutes a Yahei pour se rendre compte de la situation. Une jeune fille était là, a lui présenter ses excuses. Il jeta un oeil a ses pieds où il vit la flûte. Hum... de toute évidence elle était là depuis un petit moment déjà et elle avait juste été un peu maladroite. Yahei se levant lentement de son banc et afficha un sourire a ses lèvres, s'approchant de la jeune fille. Plus il avançait et plus il semblait la reconnaitre... jusqu'a être devant elle. Makoto Togawa.. une fille de sa classe. Il sourit de plus belle et passa un doigt sous le menton de la jeune fille pour la faire se relever, l'observant un moment, un fin sourire aux lèvres.

"Togawa-san... Espèce de petite espionne."

Fit-il en souriant de plus belle, relachant finalement la jeune fille pour faire un pas en arrière, respectant les distances de circonstance pour ne pas la gêner d'avantage. Il inclina légèrement la tête sur le côté.

"Ce n'est pas grave... Tu ne t'es pas fait mal au moins?"

Fit-il en jetant un coup d'oeil a son genoux avant de la regarder de nouveau.

"Est ce que je peux savoir ce que tu fais encore ici? ... Les autres sont partis depuis longtemps..."

Finit-il par dire. C'était plutot rare de voir des élèves trainer encore après la fin des cours. Surtout un vendredi!

Et voilà maintenant qu’il s’était levé !

Et voilà maintenant qu’il s’approchait !

Luttant contre une terrible envie de fuir en hurlant les bras en l’air qui la ferait passer pour une demeurée, Makoto resta plantée là. Plus Yahei s’approchait, plus il lui semblait grand. Avait-il jamais été aussi grand que ça ? Et il la fixait. Il la dévisageait avec effronterie et cela la mettait affreusement mal à l’aise. Makoto, qui n’avait pourtant jamais été du genre à se laisser impressionner, finit par baisser le regard qui atterrit sur le torse large du jeune homme – elle rougit – puis sur son entrejambe – elle vira au rouge-fusion – et finalement sur ses pieds qui firent encore quelques pas avant de s’arrêter à quelques centimètres des siens. Le doigt sous son menton la fit agréablement frissonner et la pensée qu’elle vénérerait son menton toute sa vie explosa dans sa tête juste avant que ses sourcils ne se froncent.

« Je ne suis pas une espionne è_é » Fit-elle d’une grosse voix de souris presque aphone. Après tout, c’ était peut être le Prince Sadamori mais ça ne lui donnait pas le droit de l’insulter.

Enfin avec ses yeux là et surtout ce sourire là, il avait certainement le droit de tout lui dire… Et voilà qu’il s’inquiétait pour elle maintenant ! Alors qu’elle avait commis un crime de lèse majesté en interrompant sa solitude musicale, voilà qu’il s’inquiétait pour elle. Makoto retomba amoureuse du beau jeune homme aussi vite que le doigt avait quitté son menton. Il était magnifique, sa voix était magnifique, sa façon de jouer du piano était magnifique, ses mains étaient magnifiques, la manière dont il attendait sa réponse était magnifique… Une minute ! ... Il attendait sa réponse… Mais sa réponse à quoi ? Il lui avait posé une question ? Elle n’avait rien écouté !

« Euh… et bien… Oh là là mais quel cirque ! C’est incroyable ce que les gens peuvent être désordonnés ! Non mais regarde moi tous ces instruments et ces feuilles avec des notes abandonnées comme ça ! C’est l’étui de la flute ça ? On dirait ! Je vais la ranger ! Et puis ce... machin là… »

Prise d’une soudaine folie du rangement, la maniaque Makoto avait saisi un tout petit violon pour essayer de retrouver son étui et ce faisant, elle commença de tout ranger : instruments, livres, chaises… Et elle réalisa qu’elle venait d’aligner plusieurs phrases pour parler avec Yahei *_* … Son rangement devint frénétique >.<

Il y avait de quoi se poser des questions. Au vu de la réaction pour le moins surprenante de la jeune fille, Yahei commençait a se demander s'il n'était pas devenu hypnotiseur en quelques secondes. La jeune demoiselle semblait complètement déconnectée de la réalité et le fixait en rougissant. Yahei ne connaissait pas beaucoup Makoto. Depuis le temps qu'il l'avait avec lui en classe, il n'avait jamais vraiment prit le temps de lui parler si ce n'est pour des choses sans intérêts sur les révisions ou les devoirs a faire pour le lendemain quand il avait loupé un cours. Pendant un moment il avait cru que la jeune fille avait eu le béguin pour lui mais comme elle n'avait rien tenté, il s'était dit qu'il avait du se faire des idées. Avec ses problèmes et ses obligations en dehors de l'école, Yahei n'avait jamais eu le temps de s’intéresser vraiment a ses camarades de classe, a part quelques uns. Il faut dire que depuis quelques temps déjà Yahei faisait des efforts pour se rapprocher de ses camarades autrement qu'en passant parle lit. Il s'était fait un ami en la personne de Ryuku, avait fait l'effort de s'intéresser un peu a quelques autres personnes et maintenant il avait là l'occasion de parler un peu avec Makoto.

Enfin parler... c'était plus facile a dire qu'a faire parce que Makoto venait de se mettre... a ranger? Oo Allons bon, voila qu'il se retrouvait en face d'une acharnée du ménage. Le Prince haussa un sourcil et se passa rapidement la main dans les cheveux pour remettre en arrière une mèche rebelle. Il finit par sourire de la voir aussi stressée en sa présence. C'était... mignon. Il fit un pas en avant et attrapa la jeune fille par la main quand elle passa a proximité de lui, l'autre main venant se poser sur sa taille.

"Calmes-toi... je vais pas te bouffer t'en fais pas. Je suis juste un peu surpris de te voir là, en général il n'y a plus personne dans la salle de musique après les cours."

Il garda un moment la jeune fille contre lui, la fixant intensément avant de sourire et de la relacher en douceur une fois sur qu'elle c'était calmé. Il jeta un coup d'oeil au genou de la demoiselle.

"Cava ton genou? ... Rien de casser?"

Le moins qu'on puisse dire c'est que le Prince était loin de se douter de ce qui allait lui arriver... Lui qui se souciait davantage de la santé de la jeune fille, il n'aurait même pas pensé que la timide Makoto se serait permis ce genre de gestes a son égard. Il aurait pu la repousser ou tout au moins se reculer mais le temps qu'il comprenne ce qu'il se passait, c'était trop tard. Il eut beau voir lentement le visage de Makoto se rapprocher de lui, il ne fit rien pour éviter la chose et avant même de pouvoir réaliser, il pu sentir les lèvres de la demoiselle sur les siennes. Après un moment de surprise, l'instinct du Prince reprit bien vite le dessus et son regard s'adoucit quelque peu. Il remit sa main sur la hanche de la demoiselle, prolongeant le baiser en douceur. Après il n'était pas le genre d'hommes a repousser une jeune fille et surtout pas dans un moment pareil. Lentement son pouce effleura la peau de Makoto, caressant sa hanche avec douceur alors qu'il la ramenait un peu plus contre lui. Il s'apprêtait a prolonger un peu plus l'échange mais il fut ramener a la réalité d'une manière pour le moins brutale...

Il se fit repousser sans comprendre et avant même d'avoir pu dire quoi que se soit il fut stoppé dans son élan en se recevant une gifle magistrale en plein face. Portant rapidement sa main a sa joue endolorie en se frottant un peu, se doutant que sa peau avait du prendre une jolie couleur rouge a l'instant présent. Makoto avait des réactions imprévisibles. D'ailleurs elles semblaient aussi imprévisibles pour elle car la demoiselle ne semblait pas avoir comprit ses gestes elle aussi. Assise sur la chaise, la tête entre les mains en s'excusant. L'observant un moment en silence et en se massant la joue, Yahei finit par sourire légèrement en soupirant. Il porta sa main vers le visage de Makoto, glissant son son menton pour lui faire relever les yeux vers lui.

"Hey... c'est pas bien grave, ca va pas me tuer... Désolé si j'ai fait quelque chose de déplacé. Je garderais mes mains a distance, promis."

Fit-il avant de retirer sa main de son visage mais gardant tout de même le contact visuel.

"Hum... tout va bien? Ou est-ce que je dois m'attendre a recevoir encore une baffe en pleine tronche?"

Fit-il en riant un peu, mettant les mains dans les poches.

"Parce que si j'ai le choix je préfère de loin la première partie de l'échange en fait...la seconde étant un peu douloureuse a mon gout."

La jeune fille sembla par aller un peu mieux au bout d'un moment. Heureusement parce que le Prince commençait a désespéré de pouvoir la réconforter un jour. Il eut tout de même un peu de peine en la voyant s'essuyer les yeux. Yahei n'avait jamais supporter de voir une fille pleurer, c'est peut être ca qui avait constitué a sa réputation aujourd'hui. Toujours est-il qu'il ne supportait pas de voir des larmes couler sur les joues de la jeune fille.. mais il fit en sorte de se retenir. Il venait de lui dire qu'il garderait ses mains a distance, ce n'était pas pour la toucher de nouveau même si ca partait d'une bonne intention. Il fut tout de même rassuré de voir qu'elle avait reprit un semblant d'entrain. La Prince esquissa un léger sourire pour lui faire comprendre qu'il ne lui en voulait pas du tout. Ce n'était pas la première fois qu'on lui volait un baiser, ce n'était pas non plus la première fois qu'il se recevait une baffe.. et ca ne serait surement pas la dernière.

La jeune se releva avant de retomber, comme si elle venait de se rendre compte que le Prince n'avait rien fait pour la repousser pendant l'échange. Et effectivement Yahei n'avait rien fait... il l'avait même peut être un peu encourager sans vraiment s'en rendre compte en répondant légèrement a son baiser. Et finalement elle bondit de sa chaise. Yahei fit un pas en arrière, un peu surprit par l'entrain de la demoiselle mais reprit bien vite le sourire en la voyant s'incliner devant lui. Il haussa un sourcil, un peu surprit par sa demande mais après ca pouvait se comprendre. Aucuns père ne voudraient entendre que sa fille court les garçons... Surtout pas les garçons comme Yahei Sadamori. Il avait mauvaise réputation auprès des bonnes familles de la haute société. Coureur de jupons, adolescent fêtard, aucun sérieux, la honte de sa famille...Certains allaient même jusqu'a dire que son père aurait eu plus de chance en faisant un deuxième enfant plutôt qu'en essayant d'améliorer celui ci. Les parents ayant sans doutes données des recommandations a leurs rejetons, il n'était pas difficile de deviner ce que la moitié des élèves présents dans cette école pensait de lui. Le Prince s'en fichait éperdument, il profitait de sa dernière année de liberté.

Il secoua légèrement la tête pour répondre a Makoto.

"Pas besoin de me payer pour mon silence... Si tu veux que je gardes ça secret, alors personne n'en saura rien, je te le promet."

Fit-il avant de sourire un peu plus en venant pointer ses propres lèvres, faisant un clin d'oeil a la jeune fille.

"Et puis on peut considérer que j'ai déjà été suffisamment corrompu comme ça non?"

Fit-il avant de rire légèrement pour finalement se pencher un peu vers Makoto, gardant ses mains dans ses poches.

"Mais ne te gènes surtout pas pour recommencer si tu le souhaite.. Ca m'encouragera peut être a avoir une soudaine crise d'amnésie pour tout ce qui s'est passé."