Hiroki sortait tout juste de la douche. Oui, quoi de meilleur qu’être propre sur soi après avoir tapé la balle. Le tennis était un sport qu’il aimait pratiquer. D’ailleurs, ses entraînements se faisaient souvent avec son acolyte Kantaro-kun. Même s’ils ne parlaient pas beaucoup, sur le terrain c’était différent. Une fois dans la chambre, il découvre sur son bureau un paquet accompagné d’une lettre. C’était son père qui lui avait envoyé. Il ouvrit le courrier et rien que de lire les premières lignes lui donnait envie de l’envoyer à la corbeille. Le contenu concernait le train-train quotidien de son père, mais aussi une bonne nouvelle. Une nouvelle qu’Hiroki n’appréciait guère. Il s’agissait d’une « seconde mère » comme le citait son cher papa dans la lettre. Tandis que le garçon n’avait nullement envie de la connaître. Il se contenta donc d’écraser ce pauvre bout de papier entre ses dix doigts, puis envoya la boule de papier dans la corbeille tel un basketteur qui lance le ballon dans le panier.

Hiroki tâta le paquet pour essayer de deviner ce qu’il y avait à l’intérieur. Au premier touché, ça avait l’air mou. De la gelée peut-être ? Non, ça dégoulinerait de partout. Donc la seule façon de le savoir, c’est de l’ouvrir. Il posa sa raquette de tennis sur l’un des lits de ses camarades et déchiqueta le paquet. La chose molle n’était autre qu’une chemise en soie noire. Il se mit à soupirer et retira son habit pour l’essayer. Il entendit des pas entrer dans la pièce et alla chercher sa raquette pour le mettre dans son coin.

« Désolé de m’être un peu trop étalé… »

Shikkan leva son regard vers la personne qui parlait. Il resta comme un con dans l’entrebâillement de la porte à regarder le nouveau venu. Il avait sa guitare électrique dans son étui en bandoulière et ses yeux noirs vu qu'il était à Gingko. Il regarda le numéro de la chambre et vu qu'il ne s'était pas trompé, il comprit que les chambres avaient encore subit un effet de yoyo. Cela arrivait souvent ici. Il s'en foutait totalement de toute façon. Il se contenta donc d'hausser les épaules et de fermer la porte derrière lui pour rentrer dans cette chambre qui était aussi la sienne. Il regarda en coin la chemise et le corps dénudé du gars, comme n'importe qu'elle autre gars le ferait. Une chemise en soie, un peu efféminé non ? Surtout gosse de riche. Il continua à avancer pour aller dans son coin, son lit, par chance, était à côté d'un mur. Il en avait fait exprès pour qu'on lui foute la paix. Cette école accueillait vraiment une élite. Cela se voyait avec tous les clubs mais aussi les différents instruments de chacun. Lui, c'était la guitare, le gars, ici, cela semblait être le tennis. Il posa son étui avec précaution et il la mit à un endroit où elle ne subirait aucun coup par inadvertance. Il avait deux heures devant lui avant d'aller bosser et il devait rendre des devoirs. Oui, lui aussi devait bosser, deux fois plus que les autres souvent. Il alla tout de même vers le nouveau venu. Peut être qu'il s'était déjà vu, mais de toute façon, il retenait rarement une tête, sauf si elle ne lui revenait pas. Il lui tendit la main.

"Yokuatsu. Shikkan Yokuatsu."

Il remarqua le paquet et il comprend que la chemise devait être un présent, alors il se violenta pour paraître aimable.

"Un cadeau de ta petite amie ?"

Pourquoi petite amie ? Car franchement, à cet âge là, recevoir à cause de ses parents, cela le faisait pas trop. De toute façon, il se foutait complètement de la réponse. C'était pour paraître poli et cela lui coûtait beaucoup. Il se dirigea vers son petit coin bureau et il sortit deux livres plus un cahier pour finalement s'asseoir à ce bureau et sortir de quoi noter.

"T'es en quel année ? Je me souviens pas t'avoir croisé."

Toujours de la politesse, mais dit avec flegme apparent. Il n'était pas méchant, mais il se foutait de tout. C'état dans sa nature d'être ainsi.

« Hiroki Kawashima… »

Un regard échangé entre les deux garçons, puis sa main rencontra la sienne. Une sensation étrange l’envahissait à ce contact. Il était loin d’imaginer que Shikkan lui adresserait la parole. Il se présenta par politesse. Cela permettait d’associer un nom sur un visage. Sauf peut-être pour le junior de la bande qui était...encombrant. Une vraie pile électrique. Ryuu avait le chic de le mettre en rogne et ça pour son propre plaisir. Quand au deux autres, il ne les avait jamais croisé auparavant ou alors juste dans les couloirs sans vraiment porter attention. Devant sa glace, il boutonna sa chemise.

« Non…Juste un père gâteux. »

Hiroki poursuivait son essayage en cherchant dans ses affaires une cravate qui pourrait être assortit à sa chemise. La dernière personne qui venait de rejoindre la chambre ne pouvait être que Nowaki. Un jeune homme plutôt timide et réservé qu’il ne voyait pas souvent non plus. Même son entré était si silencieux qu’on aurait pu entendre une mouche voler. Un petit hochement de la tête en guise de salut vers le second et il repartit à la recherche de la cravate.

« Je suis en classe préparatoire et vous ? »

Elevé dans la tradition japonaise, comme la majorité des japonais, le jeune brun respectait ses aînés. Mais ne comptait pas garder sa langue dans sa poche. Il finit par trouver sa cravate et s’assit sur sa chaise en poussa un soupir. C’était étrange de voir que la chambre était remplie. Les quatre garçons réunis, Hiroki avait eu une vision qui l’effraya. L’image du dessin animé de Blanche-Neige défilait dans ses pensées. Ryuu était Simplet (il avait remarqué une bosse bizarre sur le lit), Nowaki c’était Timide (logique), Hiroki était le Grincheux du groupe et Shikkan…la Sorcière maléfique ? Bref, juste pour dire qu’il était tombé dans une chambre avec des personnes plus ou moins normal.

Les présentations étaient faites et il n'y avait rien à rajouter de plus. Shikkan se désintéressa de son compagnon de chambre pour ouvrir son livre. Cela permettait souvent de faire taire les personnes bavardes, heureusement le petit gosse n'était pas là. Il ne savait pas son nom, vu qu'il s'en foutait, mais il l'agaçait plus qu'autre chose. Un sourire à la con toujours sur son visage, toujours des trucs à dire dont tout le monde s'en fou et une manière d'envahir la pièce qui était horripilante. Autant dire que Shikkan se barrait dès qu'il le voyait, c'était plus fort que lui. Surtout qu'en prime, quand il se mettait sur son pieu, il l'avait quasiment en face de lui et rien que sa tête le faisait chier; Il ressemblait à ce con d'Aedan. Manquerait plus qu'il soit homo. Cela ne l'étonnerait guère ! En ce moment, il avait tendance à les attirer plus qu'autres choses et cela ne lui plaisait pas du tout. Il releva le nez de son bouquin quand Kawashima lui parla du cadeau de son père. Son regard dériva vers le nouveau venu dans la pièce et il ne le salua pas. Pourquoi faire ? Ca le faisait chier et puis de toute façon, les rares fois où il l'avait vu, il se contentait de fermer sa bouche. Ce qui était parfait pour Shikkan ! Sans doute l'un de ceux qu'il préférait dans sa chambre. Pas chiant, silencieux, et pas curieux. Le mec en coloc parfait. N'empêche qu'à Ginkgo on payait assez cher pour être moins de quatre tout de même dans les piaules ! C'était une sacré organisation et un sacré envahissement de l'espace vital !

Il revint vers Kawashima quand il parla de sa classe. Il tourna sa chaise vers lui. Il le surplombait mais Shikkan s'en foutait. Peu importait où l'on se trouvait dans une pièce, c'était comment on l'envahissait cette pièce. Il ne se rendait pas compte que pour deux de ses colocataires, il était dans le "haut du tableau". En gros, dans les mecs a pas trop faire chier. Ce qui était en fait le cas. Mais Kawashima ne l'impressionnait pas plus que cela. Oui il gueulait souvent pour un rien, mais Shikkan restait rarement dans ces cas là, de toute façon, il était quasiment jamais là. Mais ce faire vous voyez par lui, c'était plutôt amusant. Dans le sens où Shikkan aimait pas trop le vous.

"Laisse tombez le vous. Je ne suis pas un père. Réserve ça pour eux. Je prends les cours du soir. De nos jours, il faut un diplôme pour avoir un job. Comme si un bout de papier te permettait de mieux réfléchir sur comment nettoyer un sol ou comment trier les légumes. Va comprendre. Bientôt il faudra un diplôme pour les mères au foyer ! Bref, je m’emballe, je m’emballe, mais on s'en fou. Tu veux faire quoi plus tard ?"

Il se leva et il regarda les cravates de Kawashima, il en sortit une violette foncée et il l'a mis sur le rebord de sa chaise.

"Je te conseille celle ci."

Il alla sa rasseoir. La mode ça le connaissait. Après tout, il passait parfois pas mal de temps à s'habiller. Mais Kawashima faisait ce qu'il voulait. Il s'en foutait. C'était n conseil comme un autre. Quand au petit gosse, alias Ryuu, Shikkan ne l'avait pas remarqué. A quoi bon regarder du côté de son lit de toute façon ? Et Saito ? Bah il était invisible pour Shikkan. Quand il voudrait parler, il le ferait. Sinon, il n'existait tout bêtement pas pour le rônin.

Hiroki ne pouvait s’empêcher de grommeler intérieurement contre son sempai. Alors qu’ils y en avaient qui préfère le vouvoiement, monsieur Yokuatsu voulait qu’il le tutoie. Il regarda la cravate que ce dernier lui conseillait, avant de répondre à sa question concernant son avenir. En effet, à quoi cela servait-il d’avoir un bout de papier si certains s’avaient à l’avance qu’ils auraient quelque chose à la fin de leur scolarité ? C’était le cas du jeune Kawashima… il attrapa la cravate posé sur la chaise et l’essaya par-dessus sa nouvelle chemise. Tout en l’essayant, il ne quitta pas son regard du miroir.

« Hum…devenir Directeur à la place du Directeur ou avoir ma propre société…et toi ? »

Hiroki avait un objectif bien particulier : rivaliser avec père. Il voulait être au dessus de son père et en quelque sorte venger sa mère. Le torse bombé devant la glace, il s’admira une dernière fois et pour se dit que son colocataire avait bon goût. Qui sait, peut-être qu’il lui redemandera conseil en cas de besoin. Il quitta le miroir pour se diriger vers le lit de Ryuu et lui donner une tape. C’était le plus espiègle du groupe et ce jeune garçon aimait jouer des tours avec lui.

« Ce serait bien que tu me rendes ce qui m’appartient. »

Il retourna s’asseoir à son bureau en poussant un long soupir. Tant qu’à faire, autant poursuivre la discussion avec le plus timide du groupe. Cela lui permettrait d’être moins réservé et un peu plus ouvert. Le brun avait l’impression d’être dans centre pour les alcooliques anonymes où chacun parlait des raisons de sa venue. Il demanda donc à Nowaki la même chose.

« Et toi Saito-san ? TU veux faire quoi après Ginkgo Gakuen ? »