J'écarte mon pinceau de la toile et reste plongé dans un état pensif. Portant machinalement ma main à mon menton pour le caresser, je fronce légèrement les sourcils d'un air concentré. Mon regard sombre ne quitte pas l'objet de mon attention, j'apparais tout à mon œuvre, mais...

" Une tension pèse sur mon esprit et retient mon trait. Pourquoi ne puis-je peindre sereinement dans ma chambre? "

Laissant cette question en suspens, je quitte la toile du regard pour laisser ce dernier parcourir cette petite pièce. Je me rends compte alors que la nuit tombe et que la pénombre commence à l'envahir. Portant mes mains à mes écouteurs, je les retire pour les déposer près de mon ordinateur portable pour me lever de mon tabouret et allumer l'une de mes lampes.

Je reviens pour me rassoir quand je m'arrête. Mes yeux restent un instant sur le PC.

" Pourquoi mets-je mes écouteurs au juste ? "

Ma main se porte sur le câble que je retire du port. Dès cet instant, une douce musique instrumentale rappelant les airs des pays arabes s'élèvent dans la pièce. Mes oreilles goutent à ses sonorités mélangeant habilement sons électroniques et instruments classiques.


" Serait-il possible que je craigne encore inconsciemment ma mère alors qu'elle est désormais si loin de moi?"

Mon regard se tourne vers la fenêtre ou je m'attarde sur les teintes sombres que le ciel commence à emprunter.

" Qu'est-ce que je fais cloitré dans ma chambre?"

Je fais face à la porte me séparant de l'escalier menant à la partie commune.

" Je suis là depuis déjà quelques temps et je n'ai encore jamais rencontré mes colocataires. "

Je cligne des paupières comme si je venais enfin de prendre compte de cela. Un sourire moqueur nait sur mes lèvres alors que je porte ma main à ma nuque.

" Quel asocial je dois paraître à leurs yeux de n'avoir jamais fait acte de présence?"

Puis, je secoue la tête négativement.

" L'important n'est pas là. Je ne dois pas laisser de vieilles angoisses mener mon existence. Allez, descendons prendre un café. "

Je repose mon pinceau et jette un dernier regard à ma toile avant de me décider à quitter la pièce, repoussant par la force de ma volonté, l'angoisse qui enserre ma gorge et étreint mon cœur. Au pied de l'escalier, je trouve une salle commune plongée dans la pénombre alors que le soleil finit de disparaître totalement de l'horizon. Je porte alors ma main à l'interrupteur et laisse la lumière me révéler la pièce.

HRP: la douce musique écouté par Yuu